Toute une vie - Patrice Dubeaurepaire - E-Book

Toute une vie E-Book

Patrice Dubeaurepaire

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Beschreibung

Patrice Dubeaurepaire retranscrit avec simplicité les petits bonheurs et les difficultés de chaque étape de la vie

L’auteur, né en 1948, retrace ici sa vie, de son enfance à celle de ses petits-enfants. À travers ses récits du quotidien sur l’école, l’apprentissage, son service militaire et sa famille ainsi que sur ses multiples expériences du monde de l’entreprise, il nous livre un témoignage saisissant de la France, des années 50 à maintenant.

Une autobiographie pleine de douceur et d’humour

EXTRAIT

Je me souviens de mes premiers pas dans cette maison qui me paraissait bien grande parmi toutes ces choses qui restaient immobiles autour de moi, mais auxquelles je pouvais m’agripper.
Mes parents qui s’occupaient de moi en me tenant pour que je ne tombe pas, je les vois encore me tendre leurs bras chacun leur tour, en m’appelant :
– Allez viens voir maman.
Ou bien.
– Allez viens voir papa.
Je me souviens quand je commençais à marcher à quatre pattes, sans pouvoir me tenir debout tout seul, j’avais encore du chemin à parcourir avant d’en arriver là mais ça me permettait de pouvoir faire le tour de la maison.
Puis la curiosité arrive bien vite, toutes ces choses autour de vous qui vous attirent, des portes que l’on peut ouvrir, ces tiroirs à portée de vos petites mains qui ne demandent qu’à toucher, puis cette grosse voix qui vous dit :
– On ne touche pas.

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Patrice Dubeaurepaire

Toute une vie

Préface

Les semaines ont passé

Les semaines ont passé.

Les mois, les années même, bousculés par le tourbillon du temps, les souvenirs de ce petit garçon sont demeurés intacts, lui qui a vu le jour en juin de l’année 1948 par un bel après-midi ensoleillé.

Pour lui, la vie commençait sans savoir toutes les difficultés qui l’attendaient durant les semaines, les mois, et les années, tous ces problèmes de la vie que l’on ignore et qui arrivent malheureusement bien trop vite, cette vie parfois longue mais bien trop courte à la fois.

Cette vie que l’on commençait à découvrir quand on était un peu plus âgé, et par le fil du temps, toutes ces embrouilles que l’on n’avait pas demandées lors de notre venue sur cette terre.

Puis vint le moment de nos premiers pas, l’entrée à l’école les premiers abandons des parents du moins c’est ce que l’on évoquait à ce moment-là, les cris et les pleurs d’autres enfants qui comme moi se sentaient abandonnés, puis les jours passent, les semaines.

Ces premiers pas vers l’école ont passé bien vite, en route vers la grande école, une autre étape de notre vie, un autre moment difficile cette rentrée, nous étions parmi les grands, à apprendre à lire, à écrire, ne pas oublier en rentrant à la maison le début des devoirs que l’on avait à faire c’était nouveau pour nous.

À la petite école on passait son temps à jouer ou à dormir.

Les années passèrent, vint le moment de quitter cette école pour commencer à rentrer dans cet autre monde, le travail, tout différent de ce que l’on venait de connaître.

Les années couraient, ce travail qui est devenu une routine dans notre vie, comme une locomotive qui ne veut pas s’arrêter.

Puis c’était la rencontre de votre premier flirt, ce flirt qui vous faisait oublier les difficultés de la vie.

Vint le moment de prendre ses responsabilités, le mariage puis les enfants, le train-train quotidien, les embûches de la vie, le chômage qui vous guettait et qui arrivait sans vous prévenir, toutes ces difficultés que l’on rencontrait et auxquelles on devait faire face durant toute une vie.

Les enfants ont grandi parmi toutes ces embûches, aujourd’hui ils passent par le même chemin, et bien sûr nous leur souhaitons de ne pas vivre tous ces problèmes que nous avons rencontrés.

Toute une vie

Je me souviens de mes premiers pas dans cette maison qui me paraissait bien grande parmi toutes ces choses qui restaient immobiles autour de moi, mais auxquelles je pouvais m’agripper.

Mes parents qui s’occupaient de moi en me tenant pour que je ne tombe pas, je les vois encore me tendre leurs bras chacun leur tour, en m’appelant :

– Allez viens voir maman.

Ou bien.

– Allez viens voir papa.

Je me souviens quand je commençais à marcher à quatre pattes, sans pouvoir me tenir debout tout seul, j’avais encore du chemin à parcourir avant d’en arriver là mais ça me permettait de pouvoir faire le tour de la maison.

Puis la curiosité arrive bien vite, toutes ces choses autour de vous qui vous attirent, des portes que l’on peut ouvrir, ces tiroirs à portée de vos petites mains qui ne demandent qu’à toucher, puis cette grosse voix qui vous dit :

– On ne touche pas.

Durant quelque temps cette petite phrase vous reste en mémoire, cette phrase à laquelle on s’habitue, ce jeu qui s’installe comme une sorte de balle de tennis, si je touche cette voix me dira :

– On ne touche pas.

Puis après toutes ces cabrioles je me retrouvais dans cette petite prison en bois qui m’était destinée avec ces quelques jouets autour de moi.

Là je ne pouvais pas toucher à toutes ces choses qui pouvaient m’attirer, mais comme une sorte de vengeance je pouvais me tenir debout dans ce petit carré et pour attirer l’attention de mes parents, avec un malin plaisir avec ces quelques jouets que je possédais, je pouvais les passer par-dessus.

Maman qui passait, ou papa voyant mes jouets en dehors de ma petite prison, me les ramassait, et me les remettait, cela devenait un jeu, mais malheureusement qui ne durait pas bien longtemps, au bout de quelques minutes je ne revoyais plus mes jouets revenir autour de moi, j’entendais cette voix qui me disait :

– Maintenant c’est terminé je range tous les jouets.

Arrivait l’heure pour moi de passer à table, un nouveau jouet m’était destiné, jusqu’à présent pendant le repas je me retrouvais soit sur les genoux de maman ou ceux de papa, et bien aujourd’hui une espèce de table en bois se dressait devant moi.

Mon papa m’installait dedans avec délicatesse, puis il commençait à m’attacher pour que je ne puisse pas bouger, je voyais ma petite assiette arriver sur cette petite table et maman commençait à me donner à manger.

Parfois cela ne me plaisait pas trop et j’entendais papa ou maman me dire :

– Ça s’est une cuillère pour papa ou pour maman.

Puis comme elle insistait un peu trop, je commençais à en mettre un peu partout. Ce que j’aimais bien manger c’étaient surtout ces petits pots auxquels maman rajoutait un peu de sucre, ou les petits plats qu’elle me préparait, sauf les épinards ; ce drôle de goût qui m’arrivait dans la bouche, alors là pas question d’une cuillère pour papa ou maman. Et papa qui commençait à élever la voix en me disant :

– Si tu ne manges pas tout, tu vas aller faire dodo.

Sans être impressionné par cette voix, je me mettais à faire mon petit sourire, qui je peux l’avouer marchait presque à chaque fois, ou alors je me mettais à faire quelques petites colères comme pour montrer que je n’étais pas content.

Et quand maman me prenait dans ses bras, j’étais content ; mon petit numéro avait encore fonctionné, mais cela ne marchait pas à chaque fois.

Venait le moment pour moi d’aller dormir, je passais sur la table et là je vois encore maman m’emmaillotant dans ces grosses couches où je ne pouvais pas bouger mes jambes tellement j’étais serré dedans.

Puis ce gros câlin auquel j’avais droit le soir par mon papa et ma maman avant d’être mis au lit.

C’était un moment que j’appréciais beaucoup, puis j’entendais cette voix qui me disait :

– Maintenant il est l’heure de dormir.

Cette petite phrase à laquelle j’avais le droit tous les soirs, après cette journée passée. Puis comme toutes les autres journées, je m’endormais.

Parfois la nuit je me réveillais et j’entendais papa qui me disait d’une voix douce :

– Fais dodo.

Et je me rendormais.

Certaines nuits quand je n’arrivais pas à me rendormir, dû parfois à des petites poussées de fièvre ou quelques coliques ou même un peu de comédie, maman me prenait et me mettait entre eux dans ce grand lit où je prenais un peu de place.

Et là peut-être en jouant parfois un peu la comédie, j’arrivais dans ce grand lit où je me sentais en sécurité.

Puis la nuit passait et une autre journée recommençait.

Un peu plus tard un beau matin je me souviens de cette journée où avec joie j’ai entendu maman s’exclamer d’une jolie voix :

– Pa, viens voir le petit nous a fait sa première dent.

Cette première dent que tout le monde attendait avec impatience et qui finalement arrivait sans que personne n’y ait prêté attention.

Maintenant avec cette petite dent qui venait d’arriver et qui allait bien me gêner, comment j’allais faire pour manger ? et mon biberon ? moi qui jusqu’à présent avais l’habitude de le boire sans cette dent qui venait de voir le jour.

Bien vite j’allais comprendre que cette petite dent allait m’être utile, mais pour le moment il fallait bien que je fasse avec, voilà encore une journée qui avait bien commencé avec cette nouvelle (ma première dent).

Ce que je n’arrivais pas à comprendre c’était que parfois mon papa s’occupait de moi dans la journée, et à certains moments je ne le voyais pas, mais trop petit je ne pouvais pas comprendre que durant la journée, papa se rendait à son travail.

Ce travail qui m’attendait quand je serais beaucoup plus grand, mais je n’en étais pas encore à ce stade, pas mal de choses m’attendaient bien avant.

Quand il faisait bon, maman me mettait une petite couverture puis elle m’installait sur la petite pelouse avec mes quelques jouets autour de moi.

Il y avait toutes ces fleurs avec chacune leur parfum, et de temps en temps maman venait s’asseoir auprès de moi avec ses pelotes de laine et ses aiguilles puis elle se mettait à faire du tricot, j’en profitais pour subtiliser quand je pouvais une pelote de laine.

Il arrivait aussi que je m’endorme sur la couverture, et au moment où je commençais à ouvrir mes yeux, mon papa était revenu, et il me prenait dans ses bras et là j’avais un gros bisou.

Certains jours, maman me mettait dans le gros landau puis me promenait, on pouvait ainsi aller chercher mon papa sur son lieu de travail.

Les semaines et les mois passèrent, une deuxième puis une troisième dent poussèrent, maintenant je

marche seul et quand maman a le dos tourné, j’ouvre ces tiroirs qui m’attirent et touche à tous ces bibelots qui sont à ma portée.

Mais j’ai toujours le droit à cette petite phrase qui revient souvent :

– On ne touche pas.

Mes premières bosses sont apparues également, à cet âge je pouvais aller seul sur la pelouse et aller cueillir ces belles fleurs qui étaient là juste devant moi et qui m’attiraient, bien sûr maman ou papa m’empêchait de les cueillir.

J’étais déjà un peu plus grand et par beau temps j’allais me promener à vélo derrière ma maman assis dans ce beau panier, bien attaché, je faisais de belles balades.

Je me souviens parfois on s’arrêtait au bord de l’étang puis on s’installait au bord de l’eau, je revois encore maman avec ce grand chapeau qui lui allait très bien et qui la rendait bien jolie.

Puis après ce pique-nique que l’on faisait assez souvent, nous reprenions le chemin de la maison. En arrivant je me retrouvais dans ma chaise en bois pour prendre mon repas du soir, puis après mon gros câlin comme chaque fois, je me retrouvais dans mon lit.

Puis un beau matin, maman me leva de bonne heure, m’habilla comme pour aller se promener, m’installa dans mon panier d’osier puis m’emmena chez ma grand-mère qui habitait le village d’à côté, puis elle repartit bien vite.

Là je ne comprenais pas trop ce qui était en train de m’arriver, et tous les jours maman recommençait et m’emmenait chez ma grand-mère de bonne heure le matin et revenait me chercher le soir, parfois c’était papa qui venait me chercher.

Trop petit pour comprendre, je ne pouvais imaginer que maman travaillait aussi, et qu’elle ne pouvait me laisser seul à la maison, alors tous les jours de la semaine je me retrouvais chez ma grand-mère.

Les mois ont passé, entre-temps j’avais eu de nouvelles dents.

Un peu plus grand, je me souviens de ces hivers très rudes ou parfois il y avait jusqu’à vingt centimètres de neige. Bien emmitouflé dans de grosses couvertures, mon père m’installait sur ce traîneau qu’il avait fabriqué pour m’emmener tous les jours chez ma grand-mère.

Je revois encore l’intérieur de la maison de grand-mère, ce gros poêle à charbon qui ronronnait avec lequel elle préparait ces petits plats, mais auquel elle me disait souvent de ne pas trop m’approcher pour que je ne me brûle pas, car c’était très chaud.

Et le goût du café qu’elle préparait sur ce poêle, avec le sifflement de la bouilloire qui prévenait que l’eau était chaude, ce café avec ce parfum que l’on retrouvait dans toute la maison, ce café qui restait pratiquement toute la journée sur le coin du feu, cette odeur de café grillé qu’elle préparait avec soin puis qu’elle passait dans ce vieux moulin à moudre.

Le matin j’allais avec ma grand-mère à la ferme chercher le lait bien frais et ce bon beurre, une fois rentré j’avais le droit à mon bol de chocolat avec une bonne tartine grillée sur le feu et bien beurrée, après je pouvais jouer.

Le jouet qui me passionnait le plus, c’était cette magnifique machine à coudre avec laquelle ma grand- mère pouvait fabriquer des rideaux et tant d’autres choses.

Je passais pas mal de temps autour de cette machine, et de temps en temps j’entendais grand-mère me dire :

– Ne touche pas tu vas te faire du mal.

Mais je continuais à jouer avec.

Puis un beau jour, grand-mère avait mis une espèce de ficelle autour de cette machine, et je ne pouvais plus jouer avec.

J’avais d’autres occupations que de jouer avec cette machine, quand il faisait bon elle m’emmenait dans son jardin derrière la maison.

Et là je me souviens de ces beaux parterres de fleurs dans lesquels ma grand-mère me permettait de cueillir les belles fleurs qui s’y trouvaient, je pouvais lui faire un petit bouquet qui lui faisait plaisir, et en même temps elle me disait :

– Tu peux en faire un pour ta maman.

Trop content de pouvoir cueillir toutes ces belles fleurs je m’empressais de refaire un autre bouquet.

J’allais bientôt avoir 3 ans, j’étais toujours en pension chez ma grand-mère, je pouvais lui donner un petit coup de main quand elle allait dans son jardin, avec mon petit arrosoir je parcourais les quelques allées dans lesquelles elle venait d’y déposer les graines.

Puis au fil des semaines on commençait à voir toutes ces petites graines qui avaient été déposées, montrer le bout de leur nez, c’était l’expression de ma grand-mère, je continuais à leur verser chaque jour un peu d’eau sauf quand il se mettait à pleuvoir, plusieurs semaines sont passées les graines ont bien grandi.

Au moment de cueillir les légumes de ce beau jardin qu’elle avait si bien entretenu et auquel j’avais participé à ma façon, je lui donnais un petit coup de main, puis on rentrait à la maison pour laver tous ces beaux légumes fraîchement cueillis.

Pendant que grand-mère s’occupait de tous ces légumes, je devais faire ma petite sieste alors parfois je m’installais sur une couverture aux abords de la cuisine, car même pendant l’été ce gros poêle à charbon fonctionnait toujours.

Il le fallait bien car c’était le seul moyen pour faire à manger.

À cette époque ma grand-mère n’avait pas encore le gaz, et même s’il faisait très chaud, cela ne l’empêchait pas de préparer avec ces légumes un bon pot-au-feu, avec cette odeur qui envahissait toute la maison, et toutes ces bonnes tartes qu’elle fabriquait de ses mains, et toujours ce goût de café au coin du feu, ou ce bon gratin qui se faisait dorer dans le four.

Venait le moment de déguster ce bon plat, maman et papa participaient au repas. J’avais le droit à mon petit plat assis sur une chaise, bien attaché avec une écharpe pour que je ne tombe pas, mais j’étais comme les grandes personnes à table.

Je passais d’agréables moments, grand-mère m’avait acheté un petit vélo à trois roues et quand il faisait beau je pouvais m’amuser devant la maison, il n’y avait pas de voiture puis elle me surveillait pour que je ne puisse aller trop loin.

Puis un beau jour je ne suis plus allé en semaine chez ma grand-mère, je restais à la maison, et je me suis aperçu que maman ne partait plus pour son travail, qu’elle restait auprès de moi, je lui ai demandé pourquoi je n’allais plus chez ma grand-mère, là-bas je pouvais faire à peu près ce que je voulais, maman me répondit :

– Maman va avoir un bébé. Tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur.

Je m’empressais de lui demander comment venaient les bébés, elle me répondit :

– Tu sais les bébés viennent dans les choux.

C’était la réponse que l’on nous disait.

Cette phrase je l’ai gardée en mémoire.

Le samedi ou le dimanche, on retournait chez ma grand-mère et là je retrouvais mes petites habitudes que j’avais quand j’étais en pension, je me retrouvais dans ce beau jardin parmi toutes ces fleurs que je pouvais cueillir, et j’entendais papa qui disait :

– Ne touche pas aux fleurs de grand-mère.

Aussitôt j’entendais la voix de ma grand-mère lui dire :

– Laisse-le cueillir les fleurs, il aime bien me faire un bouquet.

J’étais content de pouvoir faire ce petit bouquet de fleurs, et je pouvais lui demander si j’avais le droit d’en faire un second pour ma maman, je me doutais qu’elle ne me dirait pas non.

Puis après être passé à table, je pouvais aller jouer avec mon petit vélo à trois roues pas bien longtemps puisque venait le moment de rentrer à la maison.

Je me retrouvais dans mon panier derrière le vélo bien attaché sur celui-ci, et nous étions sur le chemin du retour.

En arrivant maman me faisait prendre un bain dans ce gros baquet qui lui servait quand elle faisait la lessive, après je me retrouvais sur ma chaise pour prendre mon repas du soir avant d’aller au lit.

Quelques semaines sont passées, j’entendais mes parents parler d’école, c’était tout nouveau pour moi, mais je n’y prêtais pas attention jusqu’au moment où ils me dirent que pour la rentrée après les vacances d’été ils me mettraient à la petite école.

Mais bon il y avait les vacances avec mon papa et ma maman, là derrière le vélo, dans ce panier d’osier durant les quelques jours où mon papa ne travaillait pas puisqu’il était en congé.

Mais cette année-là je n’ai pas été en promenade comme je les aimais, car un beau jour du mois d’août je me suis retrouvé quelques jours chez ma grand-mère, mais ça ne me déplaisait pas, je retrouvais mes petites habitudes ; je ne pensais pas à cette petite école évoquée par mes parents. Là je pouvais aller dans le jardin voir toutes ces belles fleurs qui me tendaient les bras, j’étais content de retourner chez ma grand-mère car elle me manquait.

Et puis papa est venu me rechercher pour me ramener à la maison, là une surprise m’y attendait ; maman m’avait parlé d’un petit frère ou une petite sœur, et bien elle était arrivée.

Je n’étais plus seul à pouvoir profiter de ces belles balades et de toutes ces choses que j’avais, maintenant un autre bébé était là et une petite sœur qui n’arrêtait pas de pleurer.

Maman me la montra, elle était petite et elle me dit « tu sais tu étais petit comme ça aussi », elle était belle et j’étais content, j’espérais qu’elle grandisse vite pour qu’elle puisse jouer avec moi.

Mais il fallait que maman puisse s’en occuper aussi comme elle l’avait fait pour moi, il fallait qu’elle en prenne soin, je voyais que mon papa et ma maman étaient très contents.

Vint le moment de faire mes premiers pas vers l’école, je revois encore maman me préparer avec cette espèce de pantalon qui arrivait juste en dessous de mes genoux, et préparer ma petite sœur pour me conduire à l’école, et l’installer dans ce grand landau avec de petites roues dans lequel j’avais été, puis me dire :

– Allez mon grand en route pour l’école.

En arrivant devant cette petite école, je revois cette barrière en fer qu’il fallait franchir pour arriver dans une grande cour où là je n’étais pas seul, d’autres enfants étaient là également en se demandant ce qui nous attendait, les cris et les pleurs de tous ces enfants qui comme moi se retrouvaient à l’école pour la première fois.

Puis le départ des parents nous laissant là avec d’autres enfants qui apparemment avaient l’habitude de l’école.

Je me sentais abandonné une nouvelle fois, cette rentrée en classe en pleurs, avec des personnes que l’on ne connaît pas qui essayent de nous calmer en nous donnant quelques jouets, et en essayant de nous faire oublier quelques instants nos petits soucis.

L’attente de voir revenir les parents, cette attente qui n’en finit pas, puis arrive le moment tant attendu de midi, les parents qui reviennent, un réconfort qui arrive au bon moment, ce retour à la maison.

Au début je n’allais à l’école que le matin, l’après-midi maman me gardait et après le repas du midi, j’allais faire ma petite sieste, mais je ne dormais pas longtemps car ma petite sœur se faisait entendre.

Quelques semaines ont passé, maman a commencé à me laisser toute la journée à l’école, je commençais à m’y habituer, je jouais avec d’autres enfants qui comme moi s’étaient habitués.

Après quelques semaines de cette rentrée, l’après-midi on devait faire notre petite sieste ce qui n’était pas désagréable.

Dans cette petite école nous n’étions pas beaucoup d’enfants, il n’y avait que deux maîtresses pour nous garder elles étaient fort gentilles quand l’un de nous avait quelques larmes elles s’empressaient de nous cajoler.

Je me souviens très bien de ces deux maîtresses, il y avait Mme Derly et Mme Vermerelle, elles étaient très gentilles avec tous les enfants. Quand il faisait bon, on se retrouvait dans la cour mais personne ne devait y courir pour ne pas se blesser ou blesser d’autres enfants.

Parfois il se mettait à pleuvoir et là on se retrouvait en dessous de ce petit préau où étaient installés quelques bancs en bois.

Au moment où arrivaient les beaux jours, je me souviens de ces belles promenades avec ma petite sœur, maman me mettait dans ce grand landau auprès d’elle, là j’étais content, et l’on faisait de grandes balades avec mes parents.

Les semaines ont passé, les mois ont passé, ma petite sœur a grandi à son tour, c’était le moment de ses premiers pas, de sa première dent, de ses premières bosses et de ses premiers pas vers la petite école, comme moi elle avait été aussi dans ce grand espace en bois, elle faisait le même parcours que j’avais fait.

Mais là j’étais content car j’avais ma petite sœur avec moi ; parfois quand elle pleurait, la maîtresse venait me chercher pour la consoler.

Puis, je pris l’habitude de cette petite école où l’on retrouvait chaque jour tous ses copains, ou les copines, qui durant quelques années ont partagé les mêmes plaisirs dans ces classes.

Je me souviens encore de cette dernière année : on nous avait tous réunis dans la cour où l’on avait l’habitude de jouer, pour prendre une photo de tous les enfants.

Cette photo je l’ai retrouvée dans un débarras de papiers que mes parents avaient conservé, et je l’ai toujours gardée. Parfois je la regarde, et je revois d’anciens élèves que j’ai l’occasion de rencontrer pour parler de ces bons moments passés ensemble.

Chaque année, venait la période des grandes vacances. Là je sentais que les bons moments allaient arriver. Les promenades avec mes parents, soit au bord de l’eau ou dans le bois, ou des balades à vélo derrière papa, installé confortablement dans ce beau panier d’osier, et maman avec ma petite sœur qui était aussi installée dans un beau panier d’osier, pour faire de belles balades.

Là je pouvais jouer avec ma petite sœur en faisant attention de ne pas lui faire mal car elle était petite, mais cette année-là c’était la fin de la petite école où je me sentais bien avec tous mes copains, je sentais déjà l’angoisse de rentrer à la grande école.

Mais pour l’instant c’était la période des grandes vacances, les promenades, les meilleurs moments à passer avec maman et papa quand il serait en vacances, retrouver les bons moments chez ma grand-mère avec ma petite sœur et aller cueillir ses belles fleurs dans le jardin, sans oublier cette odeur de café qui ne quittait pas la maison.

Les semaines ont passé et le moment tant attendu est arrivé, cette rentrée à la grande école. Et oui je venais d’avoir 6 ans.

Là j’allais affronter autre chose que cette petite école où je me sentais bien, je voyais bien que quelque chose allait changer.

Mes parents m’avaient acheté mon premier cartable dans lequel ils avaient déposé une petite trousse avec des crayons et des cahiers, que j’avais l’habitude de voir puisque pendant les vacances je pouvais faire de beaux dessins.

Mais là je posais la question à mes parents de savoir si j’allais encore faire des dessins, et j’entendis maman me dire :

– Tu sais à la grande école tu vas apprendre à bien écrire et à lire correctement, et le soir tu auras certainement quelques devoirs à faire.

Je me préparai pour cette rentrée à l’école, papa me conduisit, je me souviens que c’était plus loin que la petite école, mais là j’étais quand même fier avec mon petit cartable.

Je n’étais pas le seul à aller à la grande école, je retrouvai d’autres copains qui étaient avec moi et ça me rassurait.

Puis le moment de rentrer dans cette grande école arriva, avec cette grande cour où je me sentais perdu car il y avait beaucoup d’enfants, et ce coup de sifflet qui retentit sans que l’on puisse s’y attendre dans la cour ; un son que je n’avais jamais entendu et qui me semblait bizarre, mais j’allais m’y habituer.

Après un second coup de sifflet je vis tous les élèves se mettre en rang.

Un peu perdu mais rassuré, car j’avais mon papa avec moi ainsi que mes copains qui comme moi, étaient perdus. Eux non plus n’étaient pas seuls.

Puis après que certains élèves furent déjà entrés en classe, on entendit une voix qui disait : « Je vais faire l’appel de nos nouveaux élèves. »

Et là un silence est arrivé, nous étions comme figés et nous n’étions pas les seuls car je voyais que tous les parents qui avaient accompagné leurs enfants étaient tout aussi émus de savoir que nous étions à la grande école.

Attentifs, nous écoutions l’appel de chacun, puis vint mon tour, et là la grande aventure débuta, j’étais là, à la grande école, et cette entrée dans cette classe avec des bureaux bien rangés ou l’on devait prendre place.

Une fois que tout le monde avait trouvé sa place, le maître se présenta en inscrivant son nom au tableau, ce grand tableau noir.

M. Trichau, c’était le nom de notre maître d’école, ce nom que je n’ai jamais oublié avec sa grande blouse grise et sa jambe de bois. Puis une fois présenté, il commença la distribution de cahiers, livres, crayons pour commencer à faire ses premières lignes d’écriture.

Nous avions déjà commencé à écrire à la petite école et à compter, mais là, il fallait être sérieux. Cependant, ce jour-là, le temps de nous donner tous ces crayons, livres et cahiers, la matinée était passée si vite que le moment de rentrer à la maison était arrivé.

Mon papa m’attendait à la sortie de l’école, et en rentrant, les premières questions arrivèrent, à savoir si cette rentrée s’était bien passée.

Mais rien ne sortit de ma bouche, j’étais encore sous l’émotion de cette rentrée à la grande école avec tous ces élèves, dans cette grande cour, ce nouveau maître avec sa grande blouse grise, je me mis à table et commençai à manger.

Mes parents me demandèrent si ça allait, je les voyais inquiets et ils auraient bien aimé que je leur dise au moins quelque chose pour les rassurer, mais rien.

Après avoir bien mangé, ma maman est venue auprès de moi pour, je pense, me mettre en confiance pour cette rentrée à la grande école, je la voyais quand même inquiète, et peut-être pour la rassurer je lui dis :

– Tu sais maman je crois que ça va aller à la grande école je vais apprendre à bien écrire et à bien lire et ce soir je vais te montrer mes cahiers et les livres que j’ai eus.

Là, j’ai vu maman faire comme un petit soupir, je crois que je l’avais rassurée.

Le moment de retourner à l’école était venu, j’allais retrouver tous les autres élèves dans cette grande cour, ce coup de sifflet, et cette grande classe dans laquelle j’allais commencer à bien apprendre.

Quelques semaines passèrent, je commençais à avoir l’habitude de cette école, le soir maman me donnait un petit coup de main pour faire mes premiers devoirs car il fallait apprendre l’écriture et la lecture, ce n’était pas facile, mais il fallait le faire.

Ce n’était plus la petite école où l’on n’avait pas besoin de faire tout ça, là on apprenait pour mon avenir.

Après plusieurs mois je commençais à bien écrire et à bien lire mais il y avait encore beaucoup de progrès à faire, j’étais content de moi, je faisais des efforts car certains qui étaient dans la même classe que moi avaient des difficultés à suivre.

Mes parents me donnaient un bon coup de main et quand ils voyaient mon cahier du jour avec de bonnes notes, pas souvent de dix sur dix, mais au moins six ou sept sur dix, ça pouvait aller ; mais quand ils voyaient de mauvaises notes ils me privaient de jeux.

Le jeudi, jour de repos, au lieu de jouer avec mes copains, je restais à la maison pour faire des pages d’écriture.

Il faut dire que je n’étais pas un grand passionné d’école, et cette première année ne m’avait pas encouragé à poursuivre des études plus tard.

À la fin de cette année, scolaire les notes que j’avais eues n’étaient pas bien brillantes, mais je savais lire et écrire, ce qui n’était déjà pas trop mal. On avait appris aussi quelques récitations, alors là je ne vous dis pas, il fallait l’apprendre à la maison pour la réciter le lendemain.

Parfois j’avais de la chance, je n’étais pas interrogé mais quand je devais aller au tableau, là ce n’était plus la même chose j’étais sûr d’avoir une mauvaise note, mais avec un peu de chance, le temps que d’autres élèves passent, j’apprenais quelques phrases et avec encore un peu plus de chance, en passant au tableau, je pouvais avoir une bonne note.

Cette première année à l’école était passée assez vite, bien que les résultats ne fussent pas bien bons. J’arrivais aux grandes vacances, je venais d’avoir 7 ans et je me disais que j’allais pouvoir jouer avec mes copains.

Mes parents étaient très gentils avec moi et avec ma petite sœur, mais avec cette première année d’école, passée avec juste la moyenne, ils avaient acheté un cahier de devoirs à faire pendant les vacances et je devais faire des exercices à la maison, mais ce n’était pas bien méchant, je comprenais leur réaction étant donné les résultats que j’avais obtenus.

Avec l’aide de maman, je les faisais. Pas toute la journée, pendant une heure, et après, s’il faisait bon, je pouvais jouer.

Et je pense que ce n’était pas une punition mais qu’ils voulaient que je puisse arriver à bien apprendre pour que plus tard, ça puisse me servir dans la vie, et ils n’avaient pas tort.

Tiens, une petite dent tomba et maman me dit ce jour-là qu’il fallait la mettre en dessous de l’oreiller pour que la petite souris puisse passer. Sans me poser de questions, je suis allé mettre ma petite dent sous l’oreiller.

Entre-temps ma grand-mère nous avait quittés, je ne pouvais plus aller dans ce grand jardin y cueillir toutes ses belles fleurs.

Ma petite sœur ayant grandi, je pouvais jouer avec elle, je me souviens que mon papa faisait un beau jardin avec de belles fleurs et quand il faisait bon ma sœur et moi pouvions aller cueillir un bouquet de fleurs pour notre maman.

Quand il faisait mauvais temps, on pouvait jouer dans le grenier où la pluie claquait sur le toit mais cela ne nous empêchait pas de jouer avec un beau train électrique que j’avais eu pour mon Noël et toutes les poupées que ma petite sœur avait, et cette petite voiture à pédales que j’ai gardée longtemps, sans compter tous ces souvenirs qui sont restés dans ce grand grenier.

Puis un autre bébé arriva, encore une petite sœur, nous étions contents et surtout ma sœur, toute heureuse d’avoir une cadette. Moi j’aurais bien voulu avoir un petit frère pour jouer avec mes petites voitures mais une autre sœur c’était bien aussi.