Trop de faveur tue - Stendhal - E-Book

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Beschreibung

Trop de faveur tue décrit les intrigues, les rivalités, et les amours coupables, qui se nouent dans un couvent de Florence à l'époque de Ferdinand de Médicis. Par cette Chronique Italienne, Stendhal nous fait pénétrer dans la violence et les passions de l'Italie renaissante. Si le thème est éminemment romantique, l'analyse précise des sentiments et des mobiles de chacun est d'une grande modernité.
Admirable exemple du récit de Stendhal, Trop de faveur tue fait partie des Chroniques Italiennes.

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Veröffentlichungsjahr: 2019

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Stendhal

TROP DE FAVEUR TUE

Chroniques italiennes

© 2019 Éditions Synapses

Par le même auteur dans le catalogue Synapses :

Croniques italiennes

Armance

Les Cenci

La duchesse de Palliano

Le coffre et le revenant

Le rouge et le noir

La Chartreuse de Parme

Lucien Leuwen

San Francesco a Ripa

Suora scolastica

L’abbesse de Castro

Vanina Vanini

Vittoria Accoramboni

TROP DE FAVEUR TUE

C'est le titre qu'un poète espagnol a donné à cette histoire dont il a fait une tragédie. Je me garde bien d'emprunter aucun des ornements à l'aide desquels l'imagination de cet Espagnol a cherché à embellir cette peinture triste de l'intérieur d'un couvent ; plusieurs de ces inventions augmentent en effet l'intérêt, mais, fidèle à mon désir qui est de faire connaître les hommes simples et passionnés du XVe siècle (sic) desquels provient la civilisation actuelle, je donne cette histoire sans ornement et telle qu'avec un peu de faveur, on peut la lire dans les archives de l'Évêché de …, où se trouvaient toutes les pièces originales et le curieux récit du comte Buondelmonte.

Dans une ville de Toscane que je ne nommerai pas existait en 1589 et existe encore aujourd'hui un couvent sombre et magnifique. Ses murs noirs, hauts de cinquante pieds au moins, attristent tout un quartier ; trois rues sont bordées par ces murs, du quatrième côté s'étend le jardin du couvent, qui va jusqu'aux remparts de la ville. Ce jardin est entouré d'un mur moins haut. Cette abbaye, à laquelle nous donnons le nom de Sainte Riparata, ne reçoit que des filles appartenant à la plus haute noblesse. Le 20 octobre 1587, toutes les cloches de l'Abbaye étaient en mouvement ; l'église ouverte aux fidèles était tendue de magnifiques tapisseries de damas rouge, garnies de riches franges d'or. La sainte sœur Virgilia, maîtresse du nouveau grand-duc de Toscane, Ferdinand Ier, avait été nommée abbesse de Sainte Riparata la veille au soir, et l'évêque de la ville, suivi de tout son clergé, allait l'introniser. Toute la ville était en émoi et la foule telle dans les rues voisines de Sainte Riparata qu'il était impossible d'y passer.

Le cardinal Ferdinand de Médicis, qui venait de succéder à son frère François, sans pour cela renoncer au chapeau, avait trente-six ans et était cardinal depuis vingt-cinq ans, ayant été élu à cette haute dignité à l'âge de onze ans. Le règne de François, célèbre encore de nos jours par son amour pour Bianca Capello, avait été marqué par toutes les folies que l'amour des plaisirs peut inspirer à un prince peu remarquable par la force de caractère. Ferdinand, de son côté, avait eu à se reprocher quelques faiblesses du même genre que celles de son frère ; ses amours avec la sœur oblate Virgilia étaient célèbres en Toscane, mais il faut le dire, surtout par leur innocence. Tandis que le grand-duc François, sombre, violent, entraîné par ses passions, ne songeait pas assez au scandale produit par ses amours, il n'était question dans le pays que de la haute vertu de la sœur Virgilia. L'ordre des Oblates, auquel elle appartenait, permettant à ses religieuses de passer environ les deux tiers de l'année dans la maison de leurs parents, elle voyait tous les jours le cardinal de Médicis, quand il était à Florence. Deux choses faisaient l'étonnement de cette ville adonnée aux voluptés, dans ces amours d'un prince jeune, riche et autorisé à tout par l'exemple de son frère : la sœur Virgilia, douce, timide, et d'un esprit plus qu'ordinaire, n'était point jolie, et le jeune cardinal ne l'avait jamais vue qu'en présence de deux ou trois femmes dévouées à la noble famille Respuccio, à laquelle appartenait cette singulière maîtresse d'un jeune prince du sang.

Le grand-duc François était mort le 19 octobre 1587 sur le soir. Le 20 octobre avant midi, les plus grands seigneurs de sa cour, et les négociants les plus riches (car il faut se rappeler que les Médicis n'avaient été dans l'origine que des négociants ; leurs parents et les personnages les plus influents de la Cour étaient encore engagés dans le commerce, ce qui empêchaient ces courtisans d'être tout à fait aussi absurdes que leurs collègues des cours contemporaines) – les premiers courtisans, les négociants les plus riches se rendirent, le 20 octobre au matin, dans la modeste maison de la sœur oblate Virgilia, laquelle fut bien étonnée de ce concours.