True Crime Allemagne 2 - Adrian Langenscheid - E-Book

True Crime Allemagne 2 E-Book

Adrian Langenscheid

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Beschreibung

« Rien n'est plus cruel que l’humain lui-même. Un regard captivant et sans concessions sur les abîmes de l'âme » - No Mercy (Keine Gnade)- The True Crime Podcast. En 2019, le premier livre d'Adrian Langenscheid, True Crime Deutschland (True crime Allemagne), s'est hissé à partir de rien à la première place du podium dans les catégories correspondantes au genre. Près de 4 ans et quelques livres plus tard, Langenscheid est l'un des auteurs du genre True crime les plus connus en Allemagne. Pour le septième ouvrage de sa série à succès, l'auteur a effectué des recherches sur certaines des affaires criminelles allemandes les plus spectaculaires de ces dernières décennies. Le résultat est un portrait à couper le souffle et profondément troublant des abîmes de l’âme humaine qui suscite des émotions fortes, précisément en raison des descriptions froides et neutres sur le plan factuel. Ce recueil captivant de récits de meurtres, d'homicides involontaires, d'enlèvements, d'abus, de vols et de fraudes vous conduira aux limites du supportable. Ces récits mettent en scène des « gens comme vous et moi », dont la vie n'est pas ce qu’elle aurait pu être en raison de circonstances tragiques. Avec son savoir-faire et son agilité mentale et en collaboration avec l'auteur de thrillers Benjamin Rickert, l'expert en vrais crimes, résume dans ses récits mouvementés les principales conclusions des audiences, des dossiers, des rapports psychologiques, des interrogatoires et des protocoles d'enquête. Vous serez captivé, choqué, étonné et même ému, et remettrez en question tout ce que vous pensiez savoir sur la nature humaine. Dans ces dix histoires qui racontent de vrais affaires criminelles, la réalité vous frappera de toutes ses forces ! Cliquez sur « ACHETEZ MAINTENANT » pour découvrir le côté obscur de l'Allemagne. "Un ouvrage incontournable pour tous les amateurs de crimes réels " - True Crime Podcast

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Adrian Langenscheid

Benjamin Rickert

TRUE

CRIME

ALLEMAGNE 2

De vraies affaires criminelleschoquantes ou insolites venues d’Europe

Impression

Les auteurs : Adrian Langenscheid, Benjamin Rickert, Harmke Horst

ISBN:

“ 978-3-98661-064-7” True Crime Allemagne 2 eBook

Edition : Hannah Thier, B.A. MSc.

Première édition juin 2023

© 2021 Stefan Waidelich, Zeisigweg 6, 72212 Altensteig, Allemagne

Image de couverture : © Canva (canva.com)

Conception de la couverture : Pixa Heros, Stuttgart

L’œuvre, y compris ses parties, est protégée par les droits d’auteur. Toute utilisation en dehors des limites strictes de la loi sur le droit d’auteur sans le consentement du détenteur du droit d’auteur et de l’auteur est interdite. Cela s’applique en particulier à la reproduction électronique ou autre, à la traduction, à la distribution et à la mise à disposition du public.

Certains dialogues et déclarations des personnes apparaissant dans ce livre ne sont pas repris textuellement, mais reproduits en fonction du sens et du contenu.

Adrian Langenscheid

Benjamin Rickert

TRUE CRIME ALLEMAGNE 2

De vraies affaires criminelleschoquantes ou insolites venues d’Europe

A propos de ce livre :

Tueurs en série glaçants, drames familiaux tragiques, enlèvements dramatiques, tortures ignobles et sévices impitoyables : vous allez découvrir dans les dix nouvelles qui suivent des crimes et délits réels qui se sont déroulés en Allemagne.

Vous serez captivé, abasourdi, sidéré, bouleversé, et remettrez en question tout ce que vous pensiez savoir sur la nature humaine. La vie écrit des histoires horribles et ce livre vous les raconte. Plongez dans le monde époustouflant de vrais crimes bien réels !

A propos des auteurs :

Adrian Langenscheid est l’auteur de la série de livres à succès True Crime International. Tous ses livres sont devenus des best-sellers au-delà des frontières de l’Allemagne. Ecrit avec l’auteur de thrillers Benjamin Rickert, ce septième volume de la série poursuit le remarquable succès des ouvrages précédents.

Inhalt

Préface

Chapitre 1: L’imposteur est au téléphone

Chapitre 2: Une vie déchirée

Chapitre 3: Super gentil

Chapitre 4: Le jeu du chat et de la souris

Chapitre 5: Fermier cherche femme

Chapitre 6: Le semi-remorque

Chapitre 7: L’habit fait le moine

Chapitre 8: Une tombe sans nom

Chapitre 9: TUE. LA. MAINTENANT

Chapitre 10: Un coup de fil de trop

Quelques mots de l’auteur

True Crime International

« J’ai presque oublié le goût de la peur ; fut un temps, mes sens auraient eu froid à entendre un cri nocturne, et ma chevelure pour un récit funèbre se serait dressée comme animée de vie ; je suis gorgé d’horreurs ; l’atroce, familier de mes pensées sanglantes ne peut plus me surprendre. »

Macbeth - William Shakespeare (1564-1616),Dramaturge, poète et acteur anglais

Préface

Je le croyais capable de beaucoup de choses, mais de ça ? Jamais. J’avais confiance en lui et je pouvais lui parler de tout. Mais ensuite, il s’est avéré qu’il était vraiment un criminel. Je ne pouvais pas y croire. Toutes ces années, j’avais cru savoir comment il pensait et agissait. Cette nouvelle m’a frappé avec la violence d’un coup de poing en pleine poitrine.

La policière derrière le bureau me regarde intensément à travers ses lunettes carrées. Mon ami est accusé d›avoir agressé sexuellement des mineurs et cela sur une longue période. Grâce à mon témoignage, ils essaient de se faire une idée de sa personnalité. J’entends les mots et je ne sais pas quoi faire de mes sentiments. Je suis choqué, déçu, confus. J’aurais fait confiance à cette personne pour n’importe quoi, mais une chose pareille ? Impossible ! Je le dis sincèrement à la policière.

Seuls, lui et la victime savent si mon ami a réellement commis les actes dont il est accusé. Bien qu’il ait été condamné, il affirme être innocent jusqu’à ce jour.

Après la prononciation du verdict, je m’assieds à l’arrêt de tramway et j’enfouis mon visage dans mes mains. Je me demande si derrière la façade bourgeoise de nos relations, le comportement cordial de nos amis chers ou l’amabilité des voisins sympathiques, ne s’ouvrent pas, souvent, des abîmes d’une profondeur indescriptible ?

Benjamin Rickert

« Si on ne peut pas être un grand artiste ou un grand soldat, la meilleure chose à faire est d’être un grand criminel. »

F. Scott Fitzgerald (1896-1940),Ecrivain américain

Chapitre 1

L’imposteur est au téléphone

L’homme est grand, maigre, bien habillé. Il fait les cent pas dans le petit salon de son appartement. Il est nerveux, prend son visage dans ses mains, signe d’une intense réflexion. « Qu’est-ce que je vais faire ? » murmure-t-il pour lui-même. Ses yeux se posent à nouveau sur la fenêtre à deux battants qui donne sur la rue. Une voiture de police vient de se garer devant son immeuble. Il est sûr que c’est pour lui. Sa plus grande peur est d’aller en prison. Cette pensée le paralyse. La panique le saisit. Une terrible panique. Il ne peut pas se rendre.

Soudain, sa bouche se tord en une espèce de sourire. Il vient d’avoir une idée. Il prend rapidement une feuille de papier et un stylo et griffonne quelques mots brefs. Ensuite, il découpe un bout de scotch et se précipite vers la porte de son appartement. Il entrouvre la porte, colle précipitamment le mot sous le judas, referme et recule de quelques pas. A partir de maintenant ce qui va se passer ne dépend plus de lui. Soit son stratagème fonctionne, soit c’est la fin de sa liberté. Il retient sa respiration et écoute les bruits du couloir. Quelqu’un a dû ouvrir la porte de l’immeuble aux policiers car il entend des pas lourds dans l’escalier. Les pas s’arrêtent devant sa porte. L’homme retient son souffle. Il entend les deux policiers murmurer. Ils lisent sa note. Il s’approche doucement du judas et regarde à l’extérieur... droit dans l’œil d’un des policiers. Il recule - par réflexe, et met une main sur sa bouche pour réprimer un cri.

« Non Klaus, le mot dit que Postel est absent pour deux semaines. On va le transmettre au centre de contrôle. Que veux-tu faire d’autre ? » demande une voix masculine. Puis il entend les pas lourds redescendre l’escalier.

L’homme lève les sourcils, incrédule. Il sait depuis toujours qu’il est plus intelligent que la plupart des gens, mais la bêtise des autres semble vraiment sans limite. Ces idiots n’ont même pas pris la peine de frapper. Ils ont juste cru son petit mot griffonné à la hâte. Le génie attrape une valise, y jette quelques vêtements et ce qui est nécessaire à sa fuite. Un coup d’œil par le judas confirme que la voie est libre. Après avoir claqué la porte derrière lui, il regarde sa petite note : « Pour Peter, je suis avec Susanne. Je reviens dans deux semaines. Gert. » Il secoue la tête et sourit victorieusement avant de quitter l’immeuble à vive allure. C’est un homme élégant et plein de charme qui prend la fuite. Il n’est plus en sécurité à Berlin.

Gert Postel est l’enfant unique d’un mécanicien et d’une couturière. Il est né à Brême le 18 juin 1958. Il grandit dans le paisible village de Stuhr et entretient avec son père une relation difficile et sans affection. En revanche, il est très proche de sa mère qu’il adore et admire car elle essaye de tout faire pour s’en sortir. Pourtant, elle n’y parviendra jamais avec le petit salaire d’ouvrier de son mari. Postel termine ses études secondaires, puis suit des cours du soir. Les mathématiques et les chiffres ne sont pas son fort mais il s’en sort malgré tout. Il obtient son certificat de fin d’études secondaires et envisage de devenir policier ou douanier. Malheureusement, son père s’y oppose. Il veut que Gert travaille à la Poste fédérale allemande. Le jeune homme obéit et, à la fin des années 1970, il termine une formation de facteur. Il devient un excellent facteur, mais il n’est pas heureux. Comme sa mère, il a des ambitions plus élevées dont il sait qu’il ne pourra jamais les atteindre avec son niveau d’éducation actuel. Les efforts et les échecs de sa mère bien-aimée semblent se répéter dans la vie de Gert.

En 1979, le père et le fils découvrent le corps de leur épouse et mère, au bout d’une corde. Elle s’est pendue au-dessus de la baignoire. Un choc terrible ! Une perte indicible que le jeune homme ne surmontera jamais jusqu’à la fin de sa vie. C’est à ce moment-là que naît sa haine pour les psychiatres et les médecins en général. Gert croit savoir pourquoi sa mère, qui souffrait de dépression, a choisi de se suicider : un médecin lui avait prescrit des médicaments pour augmenter sa vitalité, mais pas pour soulager sa dépression, lui donnant ainsi la force physique de se suicider. Une erreur d’appréciation impardonnable concernant la santé de madame Postel et un tournant dans la vie du jeune homme.

Gert Postel désire s’élever socialement, avoir un métier plus prestigieux. Alors le facteur malheureux commence à lire des quotidiens renommés et à nouer des contacts avec des universitaires, des médecins, des avocats. Il se rend dans un sauna fréquenté principalement par des personnes qui appartiennent au milieu auquel il veut accéder. Tous les gens sont égaux dans un sauna. C’est un endroit où l’on peut parler librement, se faire passer pour qui l’on n’est pas vraiment et se faire de nouveaux amis. Son plan fonctionne parfaitement.

Il finit par obtenir des emplois en utilisant des combines plus ou moins grosses. Les contacts qu’il a dans le sauna lui ouvrent des portes. Il n’a ni la formation adéquate, ni l’expérience dans les postes qu’il accepte. Il sait cependant que s’il est démasqué, il n’aura qu’une petite amende à payer pour usage non autorisé d’un diplôme universitaire. Rien ne peut l’empêcher d’essayer de prouver qu’il est largement supérieur aux autres, surtout à ceux qui se croient meilleurs que lui parce qu’ils ont reçu une formation supérieure. Selon Gert, il doit être clair pour tout le monde que les études de médecine ne sont pas sérieuses sur le plan de la formation générale. Certes, les médecins peuvent être instruits, mais c’est une exception, surtout en psychiatrie.

Fin 1982, Postel, âgé de 24 ans, pose sa candidature au poste de médecin adjoint à Flensburg. Dans le cadre de la procédure, il soumet calmement des documents falsifiés : l’ancien facteur se fait appeler docteur Clemens Bartholdy, fils d’une conseillère médicale et d’un directeur d’hôpital, âgé d’une trentaine d’années. Bartholdy possède un curriculum vitae sans faille, que Postel étaye avec des résultats d’examens et des certificats. C’est un délit mais c’est fait de manière remarquablement intelligente : Postel présente en effet un véritable diplôme de doctorat. Pour cela, le jeune homme a appelé la faculté de médecine de Hanovre en se faisant passer pour un employé du tribunal de Brême. Il a prétendu que le tribunal en question menait une procédure contre un prévenu accusé de faux et d’escroquerie. Dans le cadre de cette procédure, la copie d’un diplôme de doctorat tamponnée et scellée est demandée. Afin de s’assurer qu’aucun nouveau délit ne puisse être commis, le tribunal envoie un coursier pour prendre ce document. Postel monte alors dans sa voiture et se rend à Hanovre pour récupérer le diplôme en question.

Lors de l’entretien d’embauche au service de santé de Flensburg, on demande à Postel, alias Bartholdy, quel était le sujet de son doctorat en psychologie : « La distorsion cognitive dans la formation de jugements stéréotypés » répond-il. En réalité, une suite de mots creux, mais vu ses qualifications on ne lui demande pas de préciser.

La stratégie est payante et le jeune homme obtient le poste. Wolfgang Wodrag, le responsable du recrutement, néglige le fait qu’il ne dispose pas encore de tous les documents nécessaires concernant le nouveau médecin. Postel comprend vite pourquoi Wodrag était tout à fait prêt à lui confier le poste de médecin adjoint à Flensburg : désormais, le docteur Bartholdy est chargé de procéder aux examens de santé des prostituées et des strip-teaseuses, entre autres. Un tâche à laquelle la plupart des médecins se dérobent volontiers. Bartholdy n’aime pas forcément cette activité non plus, mais dans son cabinet, il voit la différence. Pendant qu’il est de service, seulement 10% des demandes de placement en psychiatrie sont approuvées au lieu de plus de 95%.

Bien qu’il paraisse souvent peu sûr de lui aux yeux de ses collègues du département de santé, il ne commet pas d’erreur grave car le faux médecin compense son ignorance par des enquêtes diligentes. Il appelle les médecins de famille et leur demande les résultats des patients en question. Il établit ainsi ses « propres » rapports médicaux. Wodrag, le responsable, ne se doute de rien car s’il y a bien une chose que le faux médecin Bartholdy sait faire, c’est noyer le poisson. De jour en jour, Postel est plus confiant et sûr de lui. Il postule donc pour un emploi à la clinique neurologique universitaire de Kiel… et il est choisi pour le poste parmi un grand nombre de candidats. Pourtant, même s’il pense le contraire, Gert Postel n’est pas infaillible. Un jour, il perd son portefeuille devant l’entrée du poste de police de Flensburg. Il y avait souvent travaillé avec les policiers en tant que médecin. Les policiers sont stupéfaits lorsqu’ils ouvrent le portefeuille et trouvent à l’intérieur une carte d’identité au nom de Gert Postel et une carte de médecin au nom du docteur Clemens Bartholdy, avec des photos d’identité identiques. L’histoire va en justice et un procès s’ensuit, mais la sanction pour le faux médecin est relativement légère. Il est condamné à payer une amende… probablement afin d’éviter que le procès ne prenne des proportions démesurées et ne nuise encore plus à la réputation de Flensburg.

Vers la fin des années 1980, Postel élabore un nouveau plan : il décide d’étudier la théologie à Münster et de devenir prêtre. Les documents et certificats requis pour l’inscription sont, bien sûr, tous falsifiés. Des règles claires et une hiérarchie bien établie, voilà ce que le jeune homme roublard apprécie dans l’Eglise, même si l’on n’imagine pas forcément un tel personnage aux valeurs douteuses comme porte-parole de Dieu. Bien sûr, il aurait pu s’engager dans l’armée, mais marcher dans la boue et nettoyer des fusils ne sont pas des tâches pour Gert Postel. Pendant ses études de théologie, il use de ses ambitions mondaines pour prouver qu’il vaut mieux que les autres. Il fait valoir qu’il souhaite une audience privée avec le pape Jean-Paul II et parvient à persuader l’évêque de Münster de lui délivrer une lettre de recommandation. Et, en effet, Postel se rend à Rome et rencontre le pape, comme en témoigne une photo souvenir. Mais de retour à Münster, une mauvaise surprise l’attend : pendant son séjour à Rome, le doyen de la faculté a eu vent des manœuvres frauduleuses et des documents de candidature falsifiés de l’ancien facteur. Il est exclu du collège catholique. L’ex-futur prêtre n’en subit aucune conséquence juridique.

En 1993, Postel s’installe dans la très cosmopolite ville de Berlin. A peine arrivé, il est surpris en train de voler un journal dans un supermarché. Il est ensuite accusé à plusieurs reprises de vol à l’étalage, mais Gert est rusé et sait toujours comment se tirer d’un mauvais pas. Pour cela, il a recours à son arme favorite : le téléphone. Une des caractéristiques de son modus operandi est qu’il essaie toujours d’entrer en contact par téléphone avec des personnes dont il exploite ensuite, sans vergogne, la bonne nature et la loyauté.

Postel prend la posture, bien droite, il se racle brièvement la gorge, ajuste ses lunettes et appuie rapidement sur quelques touches du téléphone. Il écoute attentivement la sonnerie jusqu’à ce que quelqu’un décroche le combiné : « Bonjour, dit-il, ici le Juge Blöddorn, président du tribunal des assesseurs non professionnels de Hambourg ». Gert Postel se présente avec assurance au procureur principal de son procès pour vol. « Je vous appelle au sujet de la procédure contre Gert Postel. Ici à Hambourg, il y a eu une audience principale contre le délinquant. Il a été condamné à deux ans de prison. » Il sait très bien en effet que la procédure sera abandonnée à Berlin, compte tenu de la peine de prison déjà infligée. Le procureur remercie le juge Blöddorn pour son appel et assure qu’il va proposer l’abandon de la procédure en cours à Berlin contre Postel. Mais le juge Blöddorn joue la prudence, il appelle d’autres employés du tribunal à Berlin et présente son histoire de procès qui a déjà eu lieu et de condamnation à deux ans de prison. Comme cela arrive si souvent, il obtient exactement ce qu’il veut. Personne ne vérifie si le numéro de dossier mentionné est correct ou s’il existe un juge Blöddorn à Hambourg. Le procès contre Postel est abandonné.

En 1995, Gert Postel décide de reprendre un travail régulier. Il postule à un poste de médecin-chef dans une clinique psychiatrique de Leipzig. Avant, il a pris la précaution de passer un coup de fil au professeur von Berg, médecin principal à la clinique neurologique universitaire de Münster. Le docteur von Berg appelle Leipzig et dit au directeur de l’établissement psychiatrique qu’il a pris connaissance de l’offre d’emploi et qu’il souhaite maintenant, de manière collégiale, recommander un médecin de sa clinique pour le poste. Il préférerait continuer à l’employer dans son institut, mais le personnel de la clinique doit être réduit de manière drastique pour raisons financières. Le docteur Gert Postel se rend aussitôt en Saxe, dans l’ancienne RDA, pour se présenter personnellement au directeur.

Postel est à n’en pas douter un acteur de talent. Le voilà revenu une fois de plus dans la peau d’un médecin, le rôle qu’il aime, décidemment, le plus jouer. Plus sûr de lui que jamais, il n’utilise plus de pseudonyme. Il est maintenant sûr de sa cause et, d’une certaine manière, il n’a pas tort car il obtient le poste sans avoir à faire d’effort particulier. Ses références falsifiées parlent d’elles-mêmes. Ses manières charmantes et engageantes font le reste. Le directeur et les autres médecins sont immédiatement séduits par ce nouveau collègue ouest-allemand qui est responsable des départements neurologique et psychiatrique de la clinique.

Mais bientôt, des frictions s’installent entre Postel et les autres employés. Il se chuchote que le Docteur Postel croit tout savoir, et mieux que quiconque. On le traite de monsieur « je sais tout ». Il semble également un peu fainéant car il laisse ses subordonnés faire les examens médicaux, les présentations de médicaments et toutes autres choses qui doivent être faites dans le quotidien d’une clinique. Il se contente de déléguer et se consacre principalement aux tâches administratives et à la rédaction des rapports sur ses patients. Gert Postel finit par pousser le bouchon encore plus loin, en agissant en tant qu’expert psychiatre dans de nombreuses affaires judiciaires. Sa tâche consiste à évaluer la culpabilité de l’accusé. Le faux docteur semble si sûr de lui que personne ne doute de ses conclusions ou n’ose remettre en question son autorité. Il est étonnant qu’au cours de son activité de médecin, personne n’ait pu trouver un cas où un patient aurait subi un préjudice de santé par sa faute. Finalement, il commence à se demander s’il n’est pas un imposteur au milieu d’autres imposteurs. Après tout, ses collègues médecins prétendent qu’ils sont capables de guérir les gens, mais si lui, un facteur, est également capable de le faire, alors peut-être les patients guérissent-ils tout seuls, avec ou sans psychiatre ? Postel voit dans cette hypothèse une légitimation suffisante pour poursuivre ses activités sans état d’âme.

Au cours de l’été 1996, le docteur Postel est au sommet de sa carrière. Il est satisfait de son travail et sur le point d’être promu à la tête d’une clinique médico-légale à Dresde. Il se sent flatté mais feint la modestie. Il dit être encore jeune et ne pas avoir l’expérience professionnelle nécessaire pour occuper un tel poste. De plus, il ne travaille à la clinique de Leipzig que depuis six mois. Intérieurement, il se réjouit du fait que des médecins de haut niveau le supplient littéralement, lui, un facteur, d’accepter le poste à Dresde en raison de ses compétences médicales. Pourtant il décline l’offre. Le docteur Postel se sent bien dans la clinique de Leipzig et l’offre d’un poste de médecin-chef ne le séduit pas.

Ce n’est plus qu’une question de temps avant que sa chance ne tourne.

La clinique psychiatrique de Leipzig envisage de créer une clinique de jour afin de proposer des thérapies ambulatoires. Le hasard fait que lors d’une visite à ses parents à Flensburg, une jeune assistante leur apprend que le docteur Gert Postel va diriger cette nouvelle structure. Le père de la jeune femme à un doute ! Postel ? A Flensburg, ce nom est resté dans les mémoires car en 1982 et 1983, quelqu’un s’était fait passer pour un médecin, le docteur Clemens Bartholdy. L’imposteur ne s’appelait-il pas Postel ?

Ainsi un matin, le docteur Gert Postel arrive sur son lieu de travail à la clinique de Leipzig. Il se dirige vers le bureau du directeur le plus naturellement du monde. Il est en effet le seul à pouvoir se présenter à l’improviste à son bureau à tout moment, et il est toujours le bienvenu. Mais ce matin, tout est différent. Lorsque Postel arrive à l’accueil, la secrétaire le fixe avec un mélange d’étonnement et d’incrédulité. Brusquement elle chuchote avec excitation : « Pour l’amour du ciel, n’entrez pas. Le patron est bizarre aujourd’hui. Je ne l’ai jamais vu comme ça ! » Postel la regarde pendant quelques secondes, puis son visage pâlit. La panique l’envahit et une sueur froide commence à dégouliner dans son dos. Il est fichu. Il le sent et son intuition ne le trompe jamais. Il n’a pas besoin d’autres précisions. Il travaille ici depuis un an et demi. Il s’y sent bien et est apprécié de ses collègues. Mais tout est fini. Il quitte précipitamment la clinique, monte dans sa voiture et s’en va. Dans ses bagages il emporte les 80 000 marks qu’il a économisés. Sa destination : Berlin. La ville est grande, il doit maintenant se cacher. Dans son esprit rôde la peur de la prison. Une peur paralysante, proche de la panique.

Mais que s’est-il passé ? En fait, le directeur de la clinique a reçu un appel de Flensburg et les mots de son interlocuteur ont fait s’écrouler le tissu de mensonges de son médecin chef : « Vous ne savez évidemment pas que votre médecin-chef est un facteur. »

À quelques pas du Kurfürstendamm, une grande avenue de Berlin, Postel loue un petit appartement sous un faux nom. Petit à petit, il retrouve la paix. Pendant un temps, l›anonymat de la grande ville agit comme un pansement sur une plaie infectée et douloureuse.

Mais ce calme retrouvé ne dure pas longtemps. Le soir du 24 novembre 1997, le portrait de Postel apparaît sur l’écran d’une émission de télévision « Fahndungsakte », consacrée à la quête de criminels et autres personnes recherchées. Quelques jours plus tard, la police se présente à la porte de Postel et lit la note indiquant que le fraudeur est absent pour deux semaines.

Pour savourer son triomphe sur les fonctionnaires « stupides », la première chose que fait le fugitif est de se rendre dans une cabine téléphonique. Il appelle le commissaire responsable de la venue des policiers le matin même.

– Ici Postel. Je voulais me plaindre. Ce n’était pas très gentil d’envoyer des policiers chez moi si tôt le matin et de me déranger. 

– Ah, monsieur Postel ! On vous a enfin attrapé ! répond le commissaire à l’autre bout de la ligne.

– Et vous appelez de la garde à vue maintenant ? s’enquiert l’avocat.

Postel éclate de rire et lui raconte l’histoire qui s’est déroulée quelques minutes plus tôt. Le commissaire, connu pour être un homme calme et posé, perd son sang-froid et se met en colère, pour le plus grand plaisir de Gert Postel. Il raccroche, quitte la cabine téléphonique et file à l’aéroport. Il va ainsi voyager à travers l’Allemagne au cours des semaines et des mois à venir. Lorsqu’il loue un logement, il utilise les noms des policiers qui, au même moment, le recherchent fébrilement.

Après onze mois, la cavale du faux médecin se termine dans une cabine téléphonique de Stuttgart. Une amie du fugitif l’attire dans un piège. Elle lui dit qu’elle n’est pas bien et lui demande de l’appeler à certaines heures. C’est ce qu’il fait jusqu’à ce que, lors de l’un de ces appels, il aperçoive soudain le canon d’un pistolet. Rapidement et comme dans un scénario de cinéma, un groupe d’intervention entoure la cabine téléphonique et arrache la porte. Postel est interloqué. Il ne s’attendait pas à être trahi par cette amie. Après tout, elle était déjà au courant de ses manigances avant sa fausse candidature à l’hôpital psychiatrique de Leipzig et lui a même rendu visite plusieurs fois sur son lieu de travail. L’imposteur laisse tomber le combiné du téléphone, qui se balance maintenant au bout du fil. Un silence inquiétant s’installe avant que Postel ne lève lentement les mains au-dessus de sa tête en signe de capitulation. La partie est terminée.

Le procès du faux médecin a lieu au tribunal de district de Leipzig ; il est accusé de soixante-cinq cas de fraude et de falsification de documents. Cela correspond à une longue carrière. L’affaire passionne les médias et l’ancien facteur se pavane sous les flashs des photographes. Il ne semble pas malheureux. Comment pourrait-il l’être alors qu’il est au centre de l’intérêt public ? A la fin du procès, le verdict est rendu au nom du peuple allemand: Postel est condamné à quatre ans d’emprisonnement.

Contrairement à ses craintes, Postel ne trouve pas son séjour en prison si difficile. Il utilise son temps libre pour étudier la philosophie de Schopenhauer. Depuis 2001, l’ancien facteur est en liberté surveillée. Il écrit des livres, donne des interviews et des conférences sur l’époque où il était « imposteur parmi les imposteurs ».

« On souffre autant des lois aujourd’hui, qu’autrefois on souffrait des crimes. »

Publius Cornelius Tacitus (58 AD - 120 AD)

Chapitre 2

Une vie déchirée

Anna T. se rend à l’Hôtel de ville de Berlin un peu avant 13 heures, le 29 janvier 2018, pour déjeuner à la cantine. La jeune femme de 33 ans travaille au bureau d’état civil dans le quartier de Berlin-Mitte, à quelques centaines de mètres de là. La Grunerstrasse, large avenue à plusieurs voies, passe entre les deux bâtiments. Au milieu, un terre-plein sert de zone de stationnement. A cette heure-là, la circulation est dense. Un flot de voitures sort du tunnel près de l’Alexanderplatz en direction de la Leipziger Strasse. La prudence est de rigueur.

Anna traverse donc l’avenue en faisant attention. Lorsqu’elle atteint le terre-plein central, elle regarde autour d’elle. Pas de voiture en vue, à part une Renault Clio blanche qui cherche une place de parking. Au loin, Anna entend une sirène.

Elle pose un pied sur la chaussée et a déjà fait trois pas lorsqu’une voiture de police fonce sur elle venant de droite. Le son de la sirène est assourdissant et vrille ses tympans. Choquée, Anna fait un bond en arrière et voit la voiture de police percuter la portière conducteur de la Renault Clio blanche. Les débris volent dans tous les sens, les pneus roulent sur la route. La voiture de police pousse la Renault quelques mètres plus loin, puis les deux véhicules s’immobilisent. Si Anna T. avait hésité une seconde de plus, elle serait probablement sous l’une des voitures.

Après s’être remise du choc, la jeune femme se précipite vers la portière complètement défoncée du conducteur de la Renault Clio. Une jeune femme est assise derrière le volant. Elle semble indemne mais elle est inconsciente. Anna T. tente de dégager la femme du véhicule, mais ne réussit pas à ouvrir la portière endommagée par la collision. Elle essaie alors d’ouvrir côté passager, sans succès. Un passant se précipite pour aider la jeune femme bouleversée par la scène. Pendant qu’il s’occupe de la conductrice blessée et alerte les secours, Anna T. tente en vain d’arrêter les voitures qui passent pour trouver de l’aide.

Lorsque les secours arrivent quelques minutes plus tard, le lieu de l’accident grouille déjà de monde. Quelqu’un a réussi à dégager la jeune conductrice et les passants lui administrent les premiers soins. La Grunerstrasse est bouclée et la police enregistre les témoignages. Les deux hommes dans la voiture de patrouille qui a failli renverser Anna sont l’inspecteur en chef Peter G. et un jeune policier stagiaire du quartier général de la police, situé non loin de l’Alexanderplatz. Vers 13 heures, ils ont été appelés pour un vol dans le « Mall of Berlin », un centre commercial situé sur la Leipziger Platz. Les deux policiers, qui viennent juste de prendre leur service, ont allumé le gyrophare bleu et la sirène et traversent à toute allure le tunnel qui mène à la Grunerstrasse. À quelques mètres de là, la jeune femme dans la Renault Clio blanche cherche une place pour se garer sur le terre-plein central. Elle roule lentement sur la voie extérieure, puis tourne soudainement à gauche, au moment où la voiture de patrouille sort du tunnel. Peter G. n’arrive pas à freiner l’Opel à temps et heurte de plein fouet la portière conducteur de la Renault Clio. L’issue de ce terrible accident est fatale pour la jeune conductrice qui meurt sur les lieux après que les secouristes ont tenté de la réanimer pendant de très longues minutes. Peter G. et son collègue sont indemnes, à l’exception d’un poignet cassé pour le jeune stagiaire. Ils sont transportés à la clinique Virchow de l’hôpital de la Charité vers 14 heures. Trois heures plus tard, aux environs de 17 heures, ils quittent l’hôpital.

À peu près à la même heure, vers 17h30, Britta M. se rend chez son kiné. Avant de refermer la porte de son appartement, elle tape rapidement un message WhatsApp sur son téléphone, adressé à sa fille, Fabien : « Il me tarde de savoir comment les choses se sont passées. » écrit-elle.

Ce jour-là, Fabien, 21 ans, s’est rendue à la Postbank sur Alexanderplatz pour ouvrir un compte en banque, car elle est sur le point de prendre en gérance un café renommé à Checkpoint Charlie. En fait, elle ne voulait pas reprendre le magasin avant le mois de mars, mais le locataire précédent ayant été licencié de manière inattendue, l’occasion s’est présentée de transformer son rêve en réalité plus tôt que prévu.

Ses parents, Britta et Christian, ne sont que modérément enthousiastes face à ce projet précipité, car Fabien voulait prendre quelques jours de vacances. « Refuse Fabi », lui a conseillé sa mère. Mais rien n’arrête la jeune femme qui veut travailler, économiser et faire ses preuves en tant que responsable, puis franchir la prochaine grande étape de sa vie en 2019 : entreprendre une formation dans la police de Berlin.

Le fait que Fabien ne réponde pas immédiatement à son message n’inquiète pas Britta ; elle sait que sa fille est très occupée en ce moment.

Sans se douter de rien, Britta dit au revoir à son mari, ferme la porte de l’appartement et se dirige vers l’ascenseur. Elle appuie sur le bouton d’appel et attend. Lorsque les portes s’ouvrent un instant plus tard, deux femmes policiers et deux femmes travaillant au service social en sortent. Elles marmonnent un rapide bonjour, et Britta rentre dans l’ascenseur. Du coin de l’œil, elle voit les femmes se diriger vers son appartement.

– Excusez-moi, dit-elle, vous me cherchez ?

– Vous êtes madame M. ?

– Oui !

– Pouvons-nous entrer un instant ?

– De quoi s’agit-il ?

– Nous préférons vous l’expliquer à l’intérieur.

L’estomac de Britta se noue instantanément. Elle ouvre la porte de l’appartement et invite les agents à entrer.

– Vous n’allez pas me dire qu’il est arrivé quelque chose à ma fille, n’est-ce pas ? demande Britta, qui craint déjà la réponse.

– Hélas, je suis désolée, répond l’une des policières, votre fille a eu un grave accident avec une voiture de patrouille. Elle n’a pas survécu.

Britta s’effondre.

– Ce n’est pas possible ! rugit Christian en renversant la table du salon.

---ENDE DER LESEPROBE---