Tu ne seras jamais libre - Andreas Müller - E-Book

Tu ne seras jamais libre E-Book

Andreas Müller

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Il n'y a rien à chercher, ni rien à trouver. Toute la recherche est une illusion.

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“Ne me suivez pas.

Je suis perdu.”

U. G. Krishnamurti

Ce livre est composé d’extraits de conversations avec Andreas qui se sont déroulées entre 2017 et 2019.

Ils ont fait l’objet d’un tri assez libre et ne suivent aucun ordre particulier.

Sommaire

Préface du traducteur

Quoi?

Unio mystica

Bien-être

Qu’est-ce que le « moi »?

Réalisation additionnelle

Le but ultime

Avantage–désavantage

Innocence

Ne rien voir

Sans expérience

Pour personne

Comment?

Le vrai soi

Présence

Je suis confus

Inutile

Au sujet des mots

La configuration séparée

C’est compliqué

Liberté

Réalité

Renoncement

Lâcher prise

Une plénitude non désirée

Ni présence – ni absence

La conscience

La conscience absolue

Joie

Pas d’illusion

La connaissance

Les écritures

Sommeil profond

Absence du mental

Sans les pensées

La peur

Illusion ou aveuglement

Clarté

Un non-enseignement

La bataille intérieure

Auteur-victime

Conscience versus conscience de soi

Maya

Soyez là!

Il n’y a pas de création

Pourquoi?

Devrais-je?

Tout est amour

Ramana disait

Koan

Gardez le silence – avant votre naissance

Neti Neti

Demeurer dans « Je suis »

Le film et l’écran

La quête du soi

Réincarnation

Embellir sa prison

L’innocence du nouveau-né

Le chien qui aboie

Vivre la libération

Autoguérison et trauma

Idées persistantes

Réverbération

Dissociation

Excursions dans les sciences

Les critiques

Remerciements

Au sujet d’Andreas

Préface du traducteur

Tout ce qui est cher au « chercheur spirituel », sans qu’il en soit toujours conscient, sera confronté dans cet ouvrage radical et s’évanouira peut-être même avec lui. Les mains vides, l’esprit vide, toutes choses apparaissent en plein jour. Ce livre ne promet rien. Ces paroles n’offrent rien au chercheur que vous croyez être, mais en ne vous donnant rien, tout est déjà offert, comme cela l’a toujours été. La « révélation » n’est pas vôtre. Vous ne pouvez ni chercher à l’atteindre, ni espérer la trouver. Vous ne pouvez, ni la voir, ni vous y tenir. Ce qui est révélé, c’est simplement « ceci », tel que cela apparaît, être assis sur le canapé à lire ces mots… Que vous croyiez comprendre ces paroles ou non est merveilleusement indifférent. C’est comme c’est, tout simplement, inatteignable, inévitable, libre de toute compréhension.

Avec amour et gratitude,

Bob Trocmé

Avant-propos

La vie la plus ordinaire n’est pas encombrée par les attentes et les préoccupations personnelles. Il n’y a pas de personne. L’idée que vous puissiez devenir quelque chose de mieux ou même que vous puissiez perdre quelque chose fait partie d’une illusion : l’illusion d’être « moi ». Dès le départ, il n’y a rien de tel. Souvenez-vous : je n’enseigne rien. Il n’y a personne.

Quoi?

Q: Quel est votre enseignement?

A: Je n’enseigne rien. Tout est déjà parfait. Il n’y a donc rien à transmettre.

Q: Comment puis-je voir cela?

A: Eh bien, vous ne pourrez jamais le voir. Quand vous dites « Comment puis-je voir cela? » vous vous référez à une vision qui viendrait s’ajouter à la vision ordinaire. Mais la perfection ne peut être vue, pas plus qu’elle n’a besoin d’être vue. Elle est, tout simplement. Le moi apparent n’est jamais intéressé par la perfection, ce qui l’intéresse c’est de la voir. C’est précisément ce « moi » qui cherche à voir qui est illusoire et sa vision est tout aussi illusoire.

Q: Voyez-vous cette perfection?

A: Non, je ne la vois pas. Il n’y a pas de « Je » qui pense que je devrais ou que je pourrais même le faire. Étonnamment, la perfection n’a pas besoin de se voir elle-même pour être. Elle est naturellement ce qui est, tout simplement.

Q: Mais quelle est sa valeur si je ne peux en faire l’expérience?

A: Oh, elle n’a aucune valeur. Elle n’est pas quelque chose que vous puissiez vous approprier, quelque chose que vous puissiez utiliser. Elle est tout simplement ce que vous êtes.

Q: Ce que je suis? Vous voulez dire présence consciente?

A: Oh, non, il n’y a pas d’expérience de ce que vous êtes ou de qui vous êtes. Tout ce qu’il y a, c’est ce que vous êtes, mais pas pour quelqu’un. Être conscient, c’est encore une expérience. Il n’y a personne qui puisse avoir une experience de « ce qui est ». « Ce qui est », c’est tout ce qu’il y a.

Unio mystica

Q: Pensez-vous que la libération soit « l’unio mystica »?

A: L’union mystique dont nous parlons n’est pas une expérience. Ce n’est ni une vision intérieure, ni une connaissance. C’est la dissolution de la réalité sujet-objet, ou plutôt la dissolution de la trinité du sujet qui a une expérience, de ce qui est vécu comme objet de l’expérience et du processus de l’expérience même dans l’inconnaissance, ce rien dont on ne peut dire qu’il soit quelque chose.

Q: Qu’est-ce que l’inconnaissance?

A: En réalité, ce n’est pas seulement ne rien connaître. L’inconnaissance vient de ce qui n’est l’objet d’aucune expérience. Quand je parle d’inconnaissance, je ne me réfère pas à un état intérieur où la personne ne serait pas attentive aux pensées, à cet état diffus du « Je suis sans pensées… ». Inconnaissance signifie être sans expérience. On ne peut rien connaître, parce qu’il n’y a aucune expérience de quoi que ce soit.

Q: Et c’est cela « l’unio mystica »?

A: On peut le dire ainsi. Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y a en réalité rien de tel. La séparation est une illusion et il n’y a donc pas de retour vers ou de fusion avec rien. Ce n’est pas quelque chose qui arrivera un jour. En fait, cela ne se produit pas.

Q: Cela ne se produira pas?

A: Non, cela n’arrive tout simplement pas. Toute cette idée de « l’union avec Dieu » est basée sur le présupposé qu’il y a une entité séparée. Pourtant, il n’y a rien de tel. Il y a déjà et seulement union. Vous savez, l’expérience de soi n’est pas réelle. Aussi, l’idée d’une expérience à venir n’est-elle rien de plus qu’une projection née de l’illusion de l’expérience présente. Il n’y a pas d’expérience maintenant et il n’y aura jamais aucune expérience. Le « moi » présume que la libération est une expérience continue dans laquelle il reconnaît et ressent que tout est bien, ou plutôt que tout va super bien! Cette expérience ininterrompue n’existe tout simplement pas.

Q: Mais il y a des expériences du « bien-être absolu ».

A: Oui, mais ce sont toujours et encore des expériences et en réalité elles ne nous satisfont pas. Jamais elles ne comblent la soif de l’union mystique. Rien n’est unifié dans ce type d’expérience. Ce n’est jamais qu’une expérience de plus.

Q: Hum. Mais peut-être qu’elle perdurera un jour.

A: Oui, c’est bien là ce que l’on espère…

Bien-être

Q: Que voulez-vous dire quand vous dîtes qu’il n’y a pas de servitude?

A: La servitude et la libération font toutes deux parties d’un rêve, le rêve d’être une chose séparée qui est aussi présence. Cette « chose » vit dans une apparente expérience de soi-même, qui est accompagnée d’un sentiment d’inassouvissement et d’un désir d’y remédier. C’est cela la servitude. La libération, c’est ou bien l’idée d’en finir avec cette servitude ou bien, comme dans l’usage que j’en fais parfois, l’apparente dissolution de cette configuration personnelle et, avec elle, des éléments qui la composent. Du point de vue de la personne, il est présumé que la libération advient lorsque la quête débouche sur quelque chose et que la personne fait l’expérience de la plénitude. La personne veut soit se libérer de sa quête, soit se débarrasser d’elle-même pour atteindre un état de libération dont elle présume qu’il existe, lui aussi, dans le temps et dans l’espace. Pourtant, comme je ne cesse de le dire, il n’y a pas de personne dès le départ. S’il n’y a personne, il n’y a pas non plus quelqu’un qui soit emprisonné par ce qui lui arrive, ni quelqu’un qui doive s’en libérer. Les concepts de libération et de servitude appartiennent au rêve. Vous n’avez ni à vous évader de « ce qui est », ni à le subir. C’est vraiment très simple.

Q: Je ne pense pas que ce soit simple. Pour moi, tout cela paraît très difficile. En fait, je me débats avec cette difficulté depuis de nombreuses années.

A: Oui, vous avez raison, le « Je » se débat avec cela. C’est simple parce qu’il en est déjà ainsi, et pourtant, c’est impossible à faire. Comprenez-moi bien, ce n’est pas difficile, c’est impossible! C’est impossible parce que c’est déjà complet en soi au sens où c’est pleinement soi-même. Toute expérience de plénitude surajoutée fait partie du rêve. Toute expérience est illusoire. « Ce qui est » est déjà naturellement complet, quel qu’en soit l’apparence ou le ressenti. Et quand je parle de « ce qui est », je ne me réfère pas à quelque chose d’abstrait. Je parle de ceci: cette pièce, vous, les sentiments, la respiration, l’atmosphère. Tout cela est naturellement complet et n’a aucunement besoin d’un état artificiel de paix ou de plénitude qui viendrait s’y ajouter. « Bien-être », pourrait-on dire, c’est la réalité naturelle. En étant tout simplement ce qu’elles sont, toutes choses sont totalement et absolument bien en elle-même.

Q: Même la douleur?

A: Même la douleur, bien sûr! Avez-vous déjà entendu la douleur se plaindre d’elle-même? Avez-vous déjà entendu un sentiment se plaindre de son existence? Avez-vous déjà entendu un sentiment de plénitude s’exalter lui-même? Non, c’est simplement ce qu’il arrive en apparence. La souffrance apparente advient quand quelqu’un fait l’expérience de la douleur ou de la souffrance. Cette personne vit dans l’illusion qu’elle souffre de la douleur, alors qu’il y a tout simplement douleur. Fort heureusement, il n’y a personne. Il n’y a personne qui soit en enfer et personne qui soit au paradis. C’est cela la liberté.

Q: La souffrance est une illusion alors?

A: Eh bien, la douleur c’est ce qui arrive en apparence, mais celui qui croit souffrir est illusoire. Personne ne souffre de rien. Pourtant des sentiments que le « moi » considère comme étant sa souffrance peuvent apparemment se produire.

Q: Et alors? Que faites-vous quand il y a douleur? Vous restez assis en silence ou quoi?

A: Non, je ne reste pas assis en silence, encore qu’il soit possible que cela arrive. Je ne sais pas. Quelque chose apparemment se produit. Prendre un médicament peut-être.

Q: Mais vous venez de dire que la douleur c’est « cela-même ». Pourquoi alors prendre un médicament?

A: « Je » ne prends pas un médicament, mais la prise de médicament peut apparemment se produire. Et comme je le disais, il n’y a personne qui doive supporter ou accepter la douleur. Vous présumez que ce message exprime un point de vue personnel. Je ne dis pas que la douleur soit « cela-même » d’un point de vue personnel et que je puisse y réagir en conscience en fonction de mon degré d’acceptation. La douleur, tout comme ma réaction à la douleur, c’est ce qui advient en apparence. Il n’y a personne qui vive dans l’illusion de faire quoi que ce soit.

Q: Mais cette illusion est-ce un mal?

A: Non, ce n’est pas mauvais en soi. C’est simplement ce qu’il se passe en apparence. Ce n’est ni bien, ni mal. C’est « cela-même » et à cela rien ne manque, au même titre que pour quoi que ce soit d’autre.

Q: Mais pourquoi travaillons-nous si dur pour nous en défaire?

A: Je ne sais pas. Il n’y a pas d’illusion de toute façon, alors travailler à se défaire de l’illusion fait partie de l’illusion. Ce qui est un dans l’indivis n’a que faire de l’illusion et ne sait rien de l’illusion.

Q: Mais ne parlons-nous pas en ce moment pour nous en débarrasser?

A: Non, ce n’est pas le cas. Ceci n’est pas un enseignement. Il n’y a aucune intention, du moins de mon côté. Cette conversation n’a pas pour objectif d’arriver quelque part. En ce sens, le « moi » travaille à résoudre un problème illusoire. Il n’y a ni « moi », ni illusion du « moi ». Il n’y a que ce qu’il se passe en apparence, « ceci », et en même temps ceci est inconnaissable. Pourtant, ceci est pleinement satisfait d’être « cela-même ». Toutes les plaintes proviennent du « moi » illusoire, mais cela aussi est pleinement satisfait d’être « cela-même ». Le « moi » ne nuit à personne et il n’y a personne qui soit même conscient de son existence.

Q: Hum. Mais alors toute ma quête était vraiment futile.

A: Oui, il n’y a vraiment rien à saisir. Toute cette configuration de l’expérience n’existe pas. Le premier élément de cette configuration – vous – recherchant quelque chose dans le deuxième élément – ce dont vous faites l’expérience – est une

« réalité rêvée ». Et tous les résultats de votre quête font également partie du rêve. Il n’y a aucun accomplissement de soi à trouver là-dedans.

Q: Mais où puis-je trouver la plénitude alors?

A: Nulle part! Vous ne pouvez trouver la plénitude. En fait, la plénitude, ça n’existe pas. Ce que vous cherchez c’est une expérience de plénitude. Ce que vous cherchez c’est la conscience de la plénitude, et c’est cela, précisément, qui n’existe pas. Le moi apparent croit que la libération provient du remplacement de l’expérience d’insatisfaction et de la quête par une expérience de plénitude dans le sentiment d’avoir enfin trouvé. Il pense que l’expérience de la présence sera remplacée par une expérience d’absence. Mais dans la libération, c’est toute cette configuration de l’expérience qui s’avère inexistante, et elle n’est remplacée par rien. Ce qui demeure est déjà naturellement complet sans pour autant qu’il soit besoin d’en avoir l’expérience. Dans la perspective du moi apparent, cela ne peut être compris bien sûr. Tout ce que le « moi » connaît – et tout ce en quoi il existe – c’est le sentiment de vivre l’expérience. Et tout ce vers quoi il tend, c’est cette substitution. Il n’y a pourtant rien à voir, rien à remplacer et rien dont le « moi » doive faire l’expérience. Ce sentiment intérieur, « Je dois trouver », n’est qu’une illusion qui signale l’irréalité du « moi ». Il n’y a rien qui puisse ou qui doive être trouvé.

Q: Je sais déjà tout cela, vous ne cessez de le répéter.

A: Oui, et en quoi cela vous aide-t-il?

Q: En rien, en fait.

A: Oui, exactement. C’est encore « vous » qui savez quelque chose. Et pourtant il n’y a pas de « vous » au départ.

Q: Hum.

A: Oui.

Q: Pouvez-vous tout de même dire quelque chose sur cet accomplissement de soi?

A: Comme je l’ai dit, ce qui est, ou ce qui arrive en apparence, est naturellement complet au sens où il ne lui manque rien. Cela est inconnaissable, mais en étant ainsi, c’est précisément ce que c’est. Nous ne nous référons pas à une super-réalité englobant ou pénétrant secrètement toutes choses. Ceci n’est caché nulle part, c’est « cela-même », sans réalité seconde, sans méta-réalité. C’est complètement offert et comme étalé au grand jour. Ce n’est pas un secret qu’il nous faudrait découvrir; c’est un secret ouvert.

Q: Ramana dit : le connaître c’est l’être. Cela correspond-il à ce que vous dîtes?

A: Eh bien, cela pourrait être la même chose. Vous ne pouvez pas le connaître ou plutôt en faire l’expérience car vous êtes cela naturellement. Et pourtant, le chercheur transformera probablement « être cela-même » en quelque chose qu’il devra faire consciemment. « Être cela-même », c’est la réalité naturelle, ou plutôt, tout est déjà « cela ». Pour le chercheur « être cela-même » signifie « devenir cela et en faire l’expérience ». « Être cela-même », c’est apparemment différent d’être seulement « ceci ». Vous êtes bien « ceci », mais sans en avoir l’expérience.

Qu’est-ce que le « moi »?

Q: Qu’est-ce que le « moi » en fait?

A: Il n’y a pas de réponse à cette question, tout simplement parce qu’il n’y de « moi » nulle part. Nous parlons donc d’une illusion. Il n’y a pas de « moi », pas d’âme, pas de présence, pas de conscience d’être conscient, pas de conscience de soi. N’est-ce pas intéressant?

Q: Mais pourquoi tant de « maîtres », de religions et de traditions mettent-elles l’accent sur la conscience?

A: Oh, simplement parce que ce sont des enseignements personnels. Tout ce que fait la personne, c’est exalter sa propre existence. Le « moi » n’a rien d’autre que cette existence – c’est en cela qu’il consiste. Et cette existence a précisément besoin d’être gonflée artificiellement avec sens et grandeur pour avoir une valeur. Tout ce que le « moi » connaît c’est le « moi », il doit donc être Dieu (rires). Quelle arrogance! Une arrogance apparente, bien sûr.

Q: Ouah, c’est incroyable!

A: Ce qui rend ces enseignements attirants, c’est qu’ils s’adressent directement et constamment à la personne. C’est ce que veut la personne au départ: être vue, être reconnue comme étant présente, comme existence, c’est cela qui lui plaît. Ce n’est donc jamais qu’une autre méthode pour confirmer sa propre existence. Toute cette focalisation sur la conscience se réfère d’ailleurs à un autre état qui peut apparemment être vérifié par investigation personnelle et expérience. Le « moi » se met en quête pour découvrir qu’il est pure conscience ou conscience d’être conscient, ou quelque chose comme ça – ou pour le moins qu’il est une chose qui est, quelque chose qui existe d’une manière ou d’une autre. « Être conscient d’être conscient » est un autre leitmotiv de ce genre, une autre approche, une autre promesse. Les enseignements personnels proposent un état qui porte en lui la promesse du salut et de la plénitude. Il faut apprendre à atteindre cet état pour le connaître. « Se connaître soi-même comme conscience » est un de ces états par exemple. Ce qui est étonnant et amusant au fond, c’est que tout cela est parfaitement illusoire. Tous ces états et toutes ces expériences n’ont aucune réalité. C’est une « réalité rêvée », rêvée par personne et sans aucune substance.

Q: N’a-t-elle pas au moins la réalité d’un rêve?

A: Eh bien, non. « Il n’y a pas de moi » signifie très exactement que le « moi » n’existe pas en réalité. S’il n’y a pas de « moi », il n’y a pas non plus de rêve du « moi ». Présumer qu’il y a un rêve qui pourrait prendre fin fait déjà partie du rêve. Il n’y a ni aveuglement, ni rêve dont on puisse se réveiller. Tout cela c’est du rêve, du blabla spirituel.

Q: Mais comment se fait-il que j’aie le sentiment bien réel d’être « moi »?

A: Si le sentiment d’être « moi » est ce qui est éprouvé là, alors c’est inévitable. C’est ce qu’il se passe apparemment, et c’est la réalité pourrait-on dire bien qu’il n’y ait personne.

Q: Mais comment puis-je comprendre cela? Comment puis-je voir que je ne suis pas réel?

A: Vous ne pouvez ni comprendre, ni voir cela, pour la bonne raison qu’il n’y a pas de « vous ». Qui pourrait le faire? Il n’y a personne.

Q: Oui, mais parfois il semble que je vois qu’il n’y a pas de « moi ».

A: Oui, mais à quoi cela vous sert-il? Il y a toujours quelqu’un qui voit quelque chose. C’est toujours la conscience qui est consciente de quelque circonstance. Pourtant il n’y a ni « moi », ni vision, ni circonstances réelles. C’est toujours et encore une tentative de voir, d’être conscient de quelque chose. Et cela, c’est le rêve, précisément.

Q: Hum… et moi qui croyais que je progressais.

A: Oui, exactement. Vous aviez le sentiment de progresser. Quelle blague… (rires). C’est pour cela que je réfère la libération à la mort. La libération, ce n’est ni progresser vers quelque chose, ni voir ou comprendre quelque chose. Ce n’est ni devenir, ni être conscient de quelque chose, quoique cela puisse être. C’est simplement la disparition soudaine de l’expérience illusoire d’être ce quelque chose qui fait l’expérience de la présence. Il n’y a ni vision préalable, ni quelqu’autre prérequis qui soit nécessaire. C’est simplement mourir sans raison, sans avoir atteint un état particulier et sans avoir obtenu de réponses à nos questions. La libération n’est jamais que la fin du sentiment de présence, sans raison.

Q: Ouf! C’est fort ce que vous dites!

A: Oui, c’est tellement différent de ce que le moi apparent imagine. Il y a toutes ces idées de buts élevés, de saintes aspirations et le rêve d’un état de béatitude et de grandeur. Et puis, tout à coup, tout ce qu’il reste c’est « ceci ». Ce qui demeure, c’est être assis dans cette pièce, être moi, être vous, ces pensées, ces sentiments. Et c’est cela la véritable surprise: dans la mort, il ne se passe rien. En mourant, rien ne meurt, rien ne change, rien ne devient autre chose. C’est « cela-même » tout simplement, mais pour personne. Il n’y a ni découverte, ni arrivée à destination, ni réalisation, ni mort. Il n’y a aucune expérience de quelque chose parvenant à son terme. Toute l’expérience de présence – moi, ma vie – s’avère illusoire. Jamais, cela n’a existé. Jamais, « je » ne suis advenu. Rien ne naît, ni ne meurt. Il n’y a rien même qui soit là. Et ce qu’il reste c’est « cela-même », ce qu’il arrive en apparence, pour personne.

Q: Mais qu’est-ce donc que « cela-même »? Y a-t-il une illusion en ce moment ou pas? Qui sait tout cela?