Un Dangereux Secret - Samantha Cole - E-Book

Un Dangereux Secret E-Book

Samantha Cole

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Beschreibung

Rester mettrait leurs vies en péril. Partir serait renoncer à leur amour…

Moriah, recherchée à la fois par un baron de la drogue sans pitié et par des flics véreux, passe de ville en ville et d’état en état, luttant pour rester en vie et garder son avance sur ses poursuivants.

KC compte bien profiter des quatre semaines de permission que lui a accordé la Navy en se reposant dans la maison de son oncle. Mais une fois sur place, il est accueilli par une jeune femme fascinante qui pointe une arme sur lui.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ils deviennent temporairement colocataires et KC propose à Moriah de lui apprendre à se défendre. Mais quand le passé de cette dernière les rattrape, KC sera-t-il capable d’accepter les mensonges de la jeune femme ? Et Moriah sera-t-elle capable de lui faire suffisamment confiance pour rester en vie ?

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Un Dangereux Secret

Les frères Malone

Tome 1

Samantha Cole

Traduction parSabine Ingrao

Titre original : Her Secret

Copyright ©2016 Samantha A. Cole

Tous droits réservés.

Cet ouvrage est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organisations, lieux, événements et incidents décrits dans ce livre sont soit issus de l’imagination de l’auteure, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des événements ou des personnes existantes ou ayant existé serait purement accidentelle.

Restriction concernant l’IA : l’auteure interdit expressément que toute partie de cet ouvrage, y compris les textes et les graphismes, soit utilisée par quelque entité que ce soit afin d’entraîner des programmes d’intelligence artificielle (IA) pour générer des textes ou des graphismes, y compris et sans limitation les technologies capables de générer des ouvrages dans le même style ou le même genre que celui-ci.

L’auteure se réserve le droit d’autoriser l’utilisation de cette œuvre afin d’entraîner l’IA générative et le développement de modèles d’écriture automatique.

Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit sans la permission de l’auteure. Merci de ne pas contribuer ni d’encourager le piratage d’œuvres protégées par un copyright car cela constitue une violation des droits des auteurs. Merci de n’acheter que des éditions autorisées.

Design de couverture : Samantha Cole

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Ingrao

Table des matières

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Du même auteur

À propos de Samantha A. Cole

ChapitreUn

Par la vitrine de la supérette, Moriah Jensen surveilla discrètement la Cadillac Escalade noire immatriculée dans l’Illinois qui descendait actuellement la rue principale de cette tranquille petite ville de province. Baissant la visière de sa casquette de base-ball sur son visage, elle se dissimula derrière le porte-journaux, à gauche de la porte d’entrée. Le conducteur et les deux passagers du véhicule roulaient avec les vitres baissées et tournaient la tête dans toutes les directions. Ils étaient visiblement à la recherche de quelqu’un… Enfin, pas de n’importe qui. C’était elle qu’ils cherchaient.

Bon sang ! Comment avaient-ils pu la retrouver ? Elle était au beau milieu de l’Ohio, dans une ville trop petite pour avoir son propre Walmart. On était loin d’une mégalopole comme Chicago ! Pourquoi avaient-ils choisi cet endroit entre tous pour l’y chercher ? Ce n’était pas possible ! Elle s’était pourtant montrée très prudente. Elle ne s’était pas servie de sa carte de crédit et avait utilisé un nom d’emprunt pour rester sous les radars. Elle avait choisi Maura Jennings comme pseudonyme, un nom semblable au sien, pour ne pas se tromper ni oublier par inadvertance de répondre à un nom fictif.

Son permis de conduire ! Merde ! Hier, en se rendant en ville, les étudiantes qui l’avaient prise en stop avaient eu un accrochage sans gravité et Moriah avait dû montrer son permis de conduire à l’officier de police. L’accident s’étant malheureusement produit devant une voiture de patrouille, Moriah n’avait pas pu s’éclipser. Le policier lui avait rendu son permis et elle avait été autorisée à partir. Elle avait cru que les choses en resteraient là. Mais c’était sûrement de cette façon que les hommes dans la Cadillac l’avaient retrouvée.

Bon sang ! Elle devrait se montrer plus attentive et, à la première occasion, se procurer un faux permis de conduire avec son pseudonyme… Quelque chose qui réussirait à tromper un policier. Évidemment, elle préférait ne pas se faire contrôler, mais la chance n’était pas toujours au rendez-vous. Et des erreurs comme celle d’hier pourraient mener à son arrestation ou, pire, à sa mort. Elle jeta un coup d’œil à l’intérieur de la supérette et fut ravie de voir que personne ne lui prêtait la moindre attention. Vêtue d’un jean et d’un t-shirt discret, elle ne portait rien qui la fasse sortir du lot. Avec un peu de chance, personne ne se rappellerait l’avoir vue si les hommes dans la Cadillac entraient pour poser des questions. Remontant sur son épaule la lanière de son grand sac de sport en toile, elle vit la voiture en question tourner à gauche au carrefour, deux pâtés de maisons plus bas. Quand le véhicule fut hors de vue, Moriah baissa encore un peu sa casquette, sortit de la supérette et se hâta de traverser le parking dans la direction opposée.

Le sac à dos et le sac de sport qu’elle portait semblaient peser plus lourd à chaque pas et l’empêchaient de courir aussi vite qu’elle le souhaitait. Mais elle ne pouvait abandonner aucun des deux – elle avait besoin de l’argent, de l’arme et des quelques vêtements qu’elle y avait fourrés avant de partir de Chicago.

Les étudiantes qui l’avaient prise en stop hier soir l’avaient déposée devant un vieux motel, à quelques pâtés de maisons. L’arrêt d’autobus était à proximité, ce qui en faisait un endroit parfait pour se reposer avant d’acheter un billet pour partir loin d’ici… et de Chicago. C’était à cet arrêt qu’elle se rendait à présent et, ne souhaitant pas être vue, elle marchait en se faufilant derrière les bâtiments et tout ce qui pouvait la dissimuler. Son cœur battait la chamade chaque fois qu’elle était à découvert et elle pria pour arriver à sortir en vie de ce bled paumé. Les hommes dans la Cadillac la tueraient sans problème pour obtenir ce qu’ils voulaient. Elle le savait.

Vingt minutes plus tard, Moriah était blottie à l’arrière d’un bus se rendant à Pittsburgh, en Pennsylvanie, d’où elle prendrait un autre billet pour Dieu sait où. Elle s’en fichait, du moment que c’était loin d’ici. Elle n’avait plus rien à perdre. Rien, excepté sa propre vie.

* * *

Le lieutenant de la Navy KC Malone se pencha silencieusement vers l’avant. Les couleurs beige et brun foncé qui maquillaient son visage, identiques à celles de sa tenue de camouflage, le rendaient presque invisible sur le terrain entourant ce petit village du sud de Mosul en Iraq. Il était allongé à environ quarante mètres d’un bâtiment délabré où deux pilotes de l’armée américaine étaient retenus en captivité. Ce bâtiment, à peine plus grand qu’une hutte, était l’un des huit derniers toujours debout dans ce village abandonné et en ruines, actuellement occupé par les forces de Daesh. Les deux pilotes avaient été capturés six semaines plus tôt, quand leur hélicoptère Apache AH-64 avait été abattu. Ils avaient ensuite été déplacés plusieurs fois par les rebelles et leur localisation actuelle était très éloignée du lieu du crash. Cependant, moins de trente-six heures auparavant, la CIA avait enfin réussi à déterminer leur position. Les membres de la sixième unité des Navy SEALs avaient été déployés pour récupérer les deux hommes avant qu’ils ne soient à nouveau déplacés, ou tués en représailles suite à l’élimination récente d’un haut dirigeant de Daesh.

Il était exactement trois heures cinquante-huit du matin et la totalité des vingt-trois terroristes du camp était endormie, à l’exception de trois gardes qui semblaient avoir désespérément envie de rejoindre leurs camarades. KC et son unité avaient été largués au-dessus d’une zone d’atterrissage à environ cinq kilomètres de là et ils s’étaient approchés furtivement du village. Ils étaient cachés depuis deux heures, attendant que les gardes succombent à la fatigue du petit matin et commencent à s’assoupir. Les quinze autres membres de l’unité étaient stratégiquement répartis autour du village et attendaient les ordres de KC. Son second, Tobias Anderson III, était à sa gauche, prêt à exfiltrer les otages avec lui. Le reste de l’équipe les couvrirait et ferait diversion. Une unité attendait en renfort à deux minutes en hélico si les choses tournaient mal. Le Blackhawk qui les avait amenés jusqu’ici restait à proximité, attendant de récupérer les hommes et les otages libérés.

KC scruta une dernière fois les alentours avec ses lunettes de vision nocturne, vérifia l’heure, puis tapota le micro de son appareil de communication.

— C’est parti.

Il se retint de rire en entendant dans son oreillette une voix chuchoter en réponse :

— On envoie la sauce !

Une demi-seconde plus tard, le bâtiment où étaient stockées les munitions explosa en un mur de flammes rugissant. Les terroristes, surnommés tangos en jargon militaire, jaillirent du campement en proie à la panique et se laissèrent tomber au sol lorsque des tirs d’armes automatiques résonnèrent dans toutes les directions. KC et son second atteignirent rapidement l’arrière du bâtiment abritant les otages et ils se faufilèrent discrètement vers la porte d’entrée.

Les rebelles de Daesh essayaient désespérément de tirer à leur tour sur cet ennemi invisible camouflé par l’obscurité nocturne. Les tangos encore en vie étaient trop occupés à se chercher un abri pour remarquer les deux SEALs qui pénétrèrent dans la cahute de bois et de pierres. KC se hâta vers l’otage le plus proche allongé sur le sol. Bien que le pilote soit couvert de poussière et de crasse, le lieutenant distingua tout de même les restes d’une combinaison de vol de l’armée des États-Unis. L’homme paraissait faible, mais éveillé.

— Capitaine Nichols ?

L’homme hocha la tête, les yeux écarquillés par l’incrédulité et l’espoir, et le SEAL continua avec un brin d’humour :

— U.S. Navy, nous sommes ici pour vous sauver les miches, Capitaine. Êtes-vous en état de courir ?

Le capitaine, très amaigri, hocha la tête et chancela pour se mettre debout, pieds nus, avec l’aide de son sauveur.

— Je crois que oui.

— Où est le lieutenant Fisher ?

— Par-là, répondit Nichols en montrant le coin sud-ouest du sol poussiéreux. Il a été violemment battu, hier. Il a perdu connaissance plusieurs fois au cours de la nuit.

KC se tourna et décrocha une paire de bottines et des chaussettes noires à l’arrière de sa ceinture, puis il les tendit à Nichols.

— Tenez. Enfilez-les rapidement. On s’est dit que vous en auriez besoin. J’en ai apporté une paire pour Fisher, mais je doute qu’il puisse courir.

KC se rendit ensuite rapidement auprès de l’homme inconscient qui gisait près du mur du fond et il évalua sommairement son état. Il remercia le ciel en constatant que le pilote respirait toujours, même si son pouls était faible. Incapable de réveiller le jeune lieutenant, KC le souleva et le jeta sur son épaule comme s’il s’agissait d’un vulgaire sac de pommes de terre. Il fit signe à Nichols de rejoindre le grand Anderson qui se tenait près de la porte, l’arme et le regard braqués vers l’extérieur pour les couvrir. Via leur système de communication, KC avertit le reste de l’équipe que les otages avaient été retrouvés et qu’il était temps de se magner le train vers le point d’extraction.

— Mettez la gomme, les gars, qu’on puisse filer d’ici et prendre de l’avance.

Dans l’obscurité qui entourait le camp, le bruit des coups de feu redoubla immédiatement d’intensité. Anderson, Nichols, puis KC portant Fisher sortirent de la hutte en file indienne et se réfugièrent aussi vite que possible et dans un silence absolu au sommet d’une colline toute proche. Malgré le terrain difficile, KC n’eut aucun problème à porter le pilote inconscient sur ses épaules. Fisher, après sa longue captivité, ne pesait probablement pas plus de soixante kilos. Les quatre hommes furent rejoints par deux autres SEALs embusqués à une cinquantaine de mètres. L’un prit la tête, menant le groupe, tandis que l’autre couvrit leurs arrières avec Anderson, s’assurant qu’ils n’étaient pas suivis. Il faisait toujours nuit, mais l’humidité pesait sur les hommes comme une chape de plomb. Les SEALs étaient habitués à des conditions aussi pénibles que celles-ci, mais ce n’était pas le cas des otages, affaiblis par la malnutrition et les coups. Anderson dut soutenir Nichols plusieurs fois quand celui-ci tituba.

Trois minutes après qu’ils aient franchi la première colline, le reste de l’unité de KC évacua le terrain et il confia la suite des opérations à l’équipe militaire de la base. Il compta mentalement trente secondes, puis le village et les tangos restants explosèrent sous les bombardements d’une attaque aérienne américaine. Au même instant, KC fut rejoint par les derniers membres de son équipe et quelques instants plus tard, l’hélicoptère qui les emmènerait loin de cet enfer atterrit à un demi-terrain de football de distance. KC et les membres de son unité se plièrent en deux pour approcher l’appareil, montèrent à bord avec les deux pilotes secourus, puis le grand transporteur militaire décolla. L’atterrissage et le décollage, maintes fois pratiqués, avaient pris moins de quatre-vingt-dix secondes.

KC regarda autour de lui et passa les membres de son unité en revue – ils étaient tous présents, sans la moindre égratignure. Les otages étaient en vie et en sécurité. Le lieutenant Fisher avait déjà été pris en charge par le médecin de l’unité et semblait reprendre lentement connaissance. Dieu merci ! La mission avait été couronnée de succès. KC aurait aimé qu’elles se passent toutes aussi facilement, mais il savait que c’était un vœu pieux. Il n’y avait aucune garantie, dans son métier. Plus il prenait de l’âge, plus ce triste fait s’avérait exact.

Le capitaine Nichols, qui était assis à côté de KC, lui tapota le haut du bras.

— N’y voyez pas un manque de reconnaissance de ma part pour nous avoir secourus, mais l’armée de terre bottera tout de même le cul de la Navy lors du prochain match de football.

— Oh, je ne crois pas, Capitaine. Hou yah !

Un chœur de hou yah jaillit de tous les coins de la cabine, suivi par des rires soulagés tandis que tout le monde se détendait et s’installait pour le long vol de retour vers la base. KC ferma les yeux, impatient de rentrer chez lui pour quatre semaines d’un congé bien mérité.

* * *

— Bordel de merde, comment ça, vous ne la trouvez pas ? C’est un putain de bled paumé sans même un putain de Walmart ! Quelle taille fait cette saloperie de ville ?

Leo Simmons grimaça face à l’engueulade qu’il recevait au téléphone. Il avait merdé dans les grandes largeurs et Hernandez lui donnait une chance de se rattraper. S’il ne retrouvait ni l’argent ni cette petite salope, il serait un homme mort quand le baron de la drogue mettrait la main sur lui. S’enfuir serait peine perdue, Hernandez avait des connexions partout aux États-Unis. Simmons parviendrait peut-être à atteindre la frontière canadienne ou à descendre jusqu’au Mexique avant de se faire rattraper. Mais il préférait retrouver la sœur de Susan et lui coller une balle dans la tête pour avoir pris ce qui lui appartenait… Enfin, ce qui appartenait à son boss.

Quand Hernandez interrompit sa tirade pour reprendre son souffle, Simmons essaya d’en placer une.

— Le type du motel a dit qu’elle était déjà partie. On a vérifié au dépôt des bus et ils desservent l’autoroute principale. Il n’y a aucun signe d’elle, mais on va continuer à chercher.

— Vous feriez bien, bordel de merde ! Ce sont vos putains de conneries. Réparez-les !

Hernandez raccrocha sèchement et Simmons eut envie de fracasser le téléphone sur le mur de brique de la supérette devant laquelle ils étaient garés. Cette petite salope devait bien être quelque part dans le coin. Un flic avait vérifié son permis de conduire hier soir dans les environs de ce bled pourri. Apparemment, elle avait eu un accident de voiture avec une bande de nénettes. Simmons et deux des larbins d’Hernandez avaient roulé toute la nuit pour venir ici, mais cette sale pétasse n’était nulle part. Ils n’avaient même pas réussi à retrouver la voiture des petites nénettes pour leur demander où elle était.

De frustration, il donna un coup de pied dans une bouteille qui traînait sur le parking, puis il retourna vers la Cadillac dans laquelle ses compagnons de voyage l’attendaient. Il grimpa sur le siège arrière et claqua la portière.

— Faisons un nouveau tour. Cette salope doit bien être quelque part.

ChapitreDeux

Avec un grand soupir, KC coupa le moteur de sa voiture dans l’allée menant à la maison de son oncle sur la plage. Le petit cottage bleu bordé de blanc et doté d’un charmant petit belvédère se nichait au bord des dunes, sur un littoral immaculé. La maison comptait trois chambres et était située dans les Outer Banks, face à l’Atlantique, en bordure de la petite ville endormie de Whisper, en Caroline du Nord. La ville n’était pas une zone touristique animée, mais plutôt une petite communauté très soudée où tout le monde connaissait tout le monde. Cela n’avait aucune importance pour KC. Il avait seulement besoin d’un endroit où atterrir quand il était en permission et ne « sauvait pas le monde », comme le répétait fièrement son Oncle Dan à qui voulait l’entendre.

Whisper était à environ une heure et demie de Little Creek, en Virginie, où était stationnée son unité de SEALs, et c’était l’endroit parfait pour se détendre et recharger ses batteries, tant physiques que mentales. KC était si épuisé qu’il n’était pas sûr d’avoir la force d’aller de son véhicule à la porte de derrière, puis à sa chambre, avant de tomber endormi. Il prit une grande inspiration et se força à ouvrir la portière de la voiture, à prendre son grand sac de toile et à se diriger à pas lents vers le porche. Il adorait l’odeur de l’eau salée – fraîche et iodée. C’était une des raisons pour lesquelles il avait rejoint la Navy plutôt qu’une autre branche de l’armée.

La deuxième raison était la profonde impression que lui avait laissée un Navy SEAL à la retraite, rencontré il y a des années, en terminale, durant une journée d’orientation. Il avait vu la fierté dans le regard d’acier de cet homme en leur décrivant l’intensité de l’entraînement et de l’engagement requis pour être un SEAL. KC avait su immédiatement que c’était le genre de chose qu’il aimerait faire. Avec la bénédiction de son oncle, il s’était enrôlé directement après avoir passé le bac et cinq ans plus tard, il survivait aux six mois éreintants du programme d’entraînement des SEALs. Il servait fièrement la Navy depuis lors.

Il introduisit sa clé dans la serrure de la porte de derrière, sentant les semaines de tension accumulée quitter lentement son corps. Cet endroit était sa zone de confort, son petit paradis. Le cottage et ses alentours le fortifiaient toujours et il ne lui faudrait pas longtemps pour redevenir à nouveau lui-même. Il serait momentanément débarrassé de l’impression de marcher sur une corde raide, sans savoir si la prochaine mission serait celle qui verrait l’un de ses camarades, ou lui-même, revenir entre quatre planches.

KC n’aurait pas pu dire à quel moment précis son métier, jusque-là très excitant, était devenu extrêmement stressant. Mais à trente-cinq ans, il se demandait si son temps chez les SEALs n’arrivait pas à son terme. Pour la quatrième fois depuis qu’il avait quitté la base, il envisagea d’accepter le poste d’instructeur responsable de la formation des SEALs qu’on lui avait proposé. Il avait déjà refusé deux fois, parce qu’il était dévoué à son unité et qu’il ne voulait pas abandonner ses hommes, mais à présent, il reconsidérait la question. Pas à cause de son équipe – en dehors de son oncle et de ses deux frères, les SEALs de la Team Six étaient sa famille – mais les missions qu’ils avaient accomplies récemment commençaient à lui peser, tant mentalement que physiquement. En tout état de cause, il n’avait pas encore pris sa décision et il aurait tout le temps d’y réfléchir pendant son mois de permission. Pour l’instant, sa seule envie était d’aller se coucher. Vu son état de fatigue, il lui faudrait probablement quarante-huit heures de sommeil d’affilée avant qu’il ne se sente suffisamment reposé.

Avec un bruit sourd, KC laissa tomber son sac militaire vert à l’intérieur de la pièce, referma le verrou, alluma l’interrupteur et se figea brusquement.

Merde alors !

La dernière chose à laquelle il s’attendait en arrivant chez son oncle, c’était de tomber nez à nez avec une mince jeune femme aux cheveux auburn. Elle ne portait qu’un air terrifié et un léger t-shirt blanc qui atteignait à peine le haut de ses cuisses galbées. Elle pointait également vers son torse un 9 mm noir semi-automatique particulièrement dangereux.

— Qui êtes-vous et comment êtes-vous entré ici ? demanda-t-elle.

La force de sa voix contrastait complètement avec la peur dans ses yeux et le léger tremblement des mains qui tenaient la lourde arme à feu.

Qu’est-ce que c’était que ce bordel ? Était-ce une vagabonde à la recherche d’un endroit pour passer la nuit et qui s’était introduite par effraction ? Eh bien, si c’était une vagabonde, elle était plutôt mignonne. Merde, il devait être vraiment crevé pour trouver jolie une intruse avec une arme.

Il leva les bras, paumes ouvertes, pour lui montrer qu’il n’était pas armé. Enfin, si, il était armé, mais il n’allait pas le faire savoir tout de suite à cette adorable cinglée.

— Je pourrais vous demander la même chose, répondit KC d’une voix calme et mesurée.

— Je vous ai posé la question la première.

Elle gardait l’arme pointée sur lui tout en se déplaçant lentement vers la gauche, mettant plusieurs pièces de mobilier entre eux.

KC ne bougea pas, les mains toujours calmement levées.

— Je suis KC Malone. Cette maison appartient à mon oncle et j’y séjourne quand je suis en ville. Maintenant, pourquoi ne pas baisser cette arme avant que quelqu’un ne soit blessé ?

La jeune femme tourna vers lui des yeux soupçonneux et incroyablement bleus. Même à cette distance, KC pouvait admirer leur couleur, aussi bleue que la mer des Caraïbes. Mais l’inconnue semblait vouloir camper sur ce qu’elle percevait comme une position de force.

— Ce quelqu’un, ce sera vous si vous bougez un seul muscle. J’ai loué ce cottage à Dan Malone et il n’a jamais parlé d’un neveu.

KC secoua lentement la tête avec incrédulité.

— C’est impossible. Oncle Dan ne louerait jamais cette maison.

Malgré un léger tremblement, elle releva le menton d’un air de défi.

— Eh bien, apparemment si, il l’a louée. À moi. Il y a cinq jours. Maintenant, partez.

Le poids de l’arme commençait à peser dans les mains de l’inconnue dont les bras tendus fléchirent et vacillèrent légèrement. KC poussa un soupir sonore.

— Que puis-je dire ou faire pour vous convaincre de baisser cette arme ou, mieux encore, de la ranger ?

— Vous pouvez partir, voilà ce que vous pouvez faire !

— Désolé, mon cœur, mais c’est hors de question. Quoi d’autre ?

Les yeux de la jeune femme lancèrent des éclairs de fureur contenue devant ce terme affectueux.

— Si vous êtes bien le neveu de Dan Malone, prouvez-le !

Au ton de sa voix, KC comprit que, quoi qu’il dise, cela ne ferait aucune différence.

Il passa la pièce en revue et constata que, si son oncle avait bien loué le cottage à cette jeune femme, il l’avait loué entièrement meublé. Rien n’avait changé, les affaires de son oncle garnissaient toujours la petite pièce confortable. Il n’y avait aucune trace d’effets personnels appartenant à l’inconnue. KC trouva cela étrange, mais il ne s’y arrêta pas et il pointa le doigt vers le manteau en brique rouge de la cheminée.

— Je suis sur la photo de gauche, avec mon oncle et mes frères. Elle a été prise lors d’une partie de pêche, l’an dernier. J’ai les cheveux un peu plus longs, maintenant, mais c’est bien moi, à droite sur la photo. Je suis sur la plupart des photos de cette pièce, mais celle-ci est la plus récente.

Il resta parfaitement immobile lorsque la jeune femme s’approcha de la cheminée pour voir la photo, tout en gardant assez de distance entre eux pour s’assurer qu’il ne puisse pas l’attaquer. KC aurait pu facilement la maîtriser, mais elle était visiblement effrayée et il était inutile que l’un d’eux soit blessé involontairement. Elle jeta un rapide coup d’œil à la photo, puis dans sa direction, mais ne dit rien. De toute évidence, elle se méfiait toujours.

— Et le trophée de football qui se trouve à côté date de ma terminale, quand nous avons gagné le championnat régional. Mon nom est écrit dessus. Si vous me laissez sortir mon portefeuille, je vous montrerai mon permis de conduire.

La jeune femme réfléchit un instant, puis elle hocha la tête.

— D’accord, mais en douceur.

KC retira son portefeuille de sa poche arrière et le lança sur le sol, aux pieds de l’inconnue. Elle se baissa prudemment pour le ramasser tout en gardant l’arme pointée vers lui. Elle ouvrit les rabats de cuir lisse et examina son permis de conduire, puis elle lui lança le portefeuille. Il le rattrapa de la main droite et le remit lentement dans sa poche arrière, gardant sa main gauche bien en vue.

Le visage et les épaules de la jeune femme semblèrent se détendre un peu, mais elle pointait toujours l’arme sur lui.

— D’accord, je suis convaincue que vous êtes bien un parent de monsieur Malone, mais ça n’explique pas pourquoi vous vous êtes introduit ici furtivement au beau milieu de la nuit en me fichant une trouille bleue. Il faut que vous partiez. Tout de suite !

KC poussa un nouveau soupir de frustration. La situation commençait à devenir pénible.

— Écoutez, je vous ai prouvé que j’étais bien le neveu de Dan. Vous pourriez baisser ce fichu révolver avant de me tirer dessus par accident ?

Les mains de la jeune femme tremblèrent.

— Comment êtes-vous sûr que je ne tirerai pas exprès ?

Oh, par pitié ! Il baissa les bras et se pencha pour ramasser son sac de toile à une allure à peine plus rapide que celle d’un escargot afin de ne pas alarmer l’inconnue.

— Écoutez, ma jolie, je ne me suis pas introduit ici furtivement. Je ne sais toujours pas qui vous êtes et, pour l’instant, je suis trop crevé pour en avoir quelque chose à foutre. Tirez-moi dessus ou laissez-moi aller me coucher. Il est deux heures du matin et je n’ai pas dormi plus de deux heures durant ces trois derniers jours.

Il se dirigea vers le couloir menant aux deux chambres à coucher du rez-de-chaussée. La jeune femme en resta bouche bée.

— Mais… vous ne pouvez pas rester ici !

Il s’arrêta et la regarda par-dessus son épaule.

— Et pourquoi pas, bon Dieu ? On est au milieu de la nuit et je suis à deux doigts de tomber d’épuisement. Je ne remonterai pas dans ma voiture pour chercher un autre endroit où dormir alors qu’un lit très confortable m’attend au bout du couloir. Je ne vais pas non plus vous faire de mal. Croyez-moi, vous êtes plus en sécurité avec moi qu’avec n’importe qui d’autre. Nous tirerons tout ça au clair demain matin. Pour le moment, je vais me coucher.

Bouche ouverte, arme à la main, la jeune femme le regarda avec stupéfaction se diriger vers le couloir. Il entra dans la plus petite des deux chambres, referma la porte derrière lui avec un petit clic et mit le verrou. Il ne pensait pas qu’elle lui tirerait dessus, mais il valait mieux être prudent.

Qu’est-ce qu’Oncle Dan avait encore manigancé ? L’inconnue devait encore être un de ces vagabonds à qui le vieil homme avait décidé de donner un coup de main. Il venait toujours en aide à ceux que la chance avait abandonnés. Et d’après ce que KC avait vu, cette jeune femme correspondait exactement au genre de personne à qui Dan Malone apporterait son aide. KC l’avait peut-être trouvée très sexy dans son petit t-shirt, à jouer les Rambo, mais on voyait qu’elle était un peu trop maigre. Et les cernes sombres sous ses yeux ne provenaient pas d’une interruption momentanée de sommeil. Puisqu’il était trop tard pour réveiller son oncle, même si KC était tenté de le faire, il se déshabilla, ne gardant que son boxer, puis il tomba littéralement endormi sur le lit. La dernière image qu’il eut à l’esprit juste avant de sombrer dans le sommeil fut une paire de longues jambes et un t-shirt blanc.

ChapitreTrois

Merde, alors !

Moriah s’assit lentement sur le canapé en regardant avec étonnement la porte que l’inconnu avait refermée quelques instants auparavant. Elle ne comprenait toujours pas ce qui venait de se passer, ni pourquoi l’homme – KC, c’est ça ? – était toujours là, ni ce qu’elle devait faire à son sujet. Bon sang, elle n’était même pas sûre que KC soit son nom. Elle n’avait regardé que la photo de son permis de conduire, tant elle avait eu peur de le quitter des yeux trop longtemps.

Elle ne retournerait pas se coucher avec un parfait inconnu endormi dans la chambre en face de la sienne. Elle était incapable de l’obliger à partir, il le lui avait prouvé. Elle ne souhaitait pas non plus appeler monsieur Malone en pleine nuit pour lui demander de venir déloger son neveu du cottage. Et il était hors de question d’appeler la police pour le faire partir – elle devrait affronter un barrage de questions auxquelles elle ne souhaitait pas répondre. Moriah comprit à contrecœur que sa seule option était de se préparer une grande quantité de café, de rester debout et d’attendre le réveil de KC. Puis elle devrait le convaincre de s’en aller. S’il refusait, elle serait contrainte de faire ses bagages et de reprendre à nouveau la route.

Quatre longues heures plus tard, Moriah était toujours assise sur le canapé, l’arme posée sur le coussin à côté d’elle, à portée de main, et elle terminait sa troisième tasse de café. Elle n’aurait pas dû boire le breuvage corsé parce qu’il la rendait encore plus nerveuse qu’elle ne l’était déjà. Elle fit le tour de la pièce du regard, examinant les photos de famille éparpillées un peu partout. La plupart d’entre elles représentaient Dan Malone, KC et ses frères, tous plutôt séduisants. Certaines photos dataient visiblement de l’enfance des garçons et les montraient en compagnie de leur oncle ou d’un couple que Moriah supposa être leurs parents. Sur l’une des photos, les trois préadolescents étaient déguisés en cow-boys. Sur une autre, ils portaient des tenues militaires pour enfant.

Il y avait aussi des photos d’un Dan Malone beaucoup plus jeune en compagnie d’une très jolie jeune femme blonde et, à la façon dont ils se regardaient, il était évident qu’ils étaient très amoureux. Moriah se demanda qui était la jeune femme et où elle était, aujourd’hui. En passant en revue les nombreuses photos de la pièce et du couloir, elle prit conscience qu’il n’y en avait aucune récente de cette jeune femme ni des parents des garçons.

Les Malone étaient apparemment une famille unie et Moriah soupira. Elle aurait aimé que la sienne l’ait été aussi durant son enfance à Chicago. Après d’incessantes absences, son soi-disant père avait quitté sa mère pour de bon quand elle était adolescente. Mais à ce moment-là, ses rêves d’enfance idéale s’étaient déjà envolés depuis longtemps. Moriah savait que sa mère avait voulu, et avait essayé, d’être présente pour elle et sa sœur, mais elle avait dû travailler de longues heures et garder deux emplois pour leur assurer un toit au-dessus de la tête et de quoi manger. Tout son temps avait été pris par le travail et le peu de sommeil qu’elle s’accordait.

À quatorze ans, Moriah s’était débrouillée pour apprendre à cuisiner et elle aidait au ménage et à la lessive. Elle avait essayé de procurer à sa petite sœur un environnement sécurisant et tenté de la guider dans la bonne direction. Mais Susan, alors âgée de onze ans, s’était davantage intéressée aux garçons, puis aux drogues, qu’aux conseils de sa sœur. Tandis que Moriah restait à leur appartement pour faire le ménage et ses devoirs, Susan s’était acoquinée avec toutes sortes de gens infréquentables et s’était fourrée dans toutes sortes d’ennuis. Elle avait plusieurs fois échappé de peu à la prison pour délinquants juvéniles. Moriah se demandait parfois si la prison n’aurait pas aidé sa sœur à revenir sur le droit chemin, si elle serait encore en vie aujourd’hui ou si les choses se seraient déroulées de la même façon.

La vie tumultueuse et débridée de Susan avait eu pour conséquence une grossesse à dix-sept ans. Le père de l’enfant avait affirmé qu’il n’était pas de lui et avait quitté la ville avant la naissance du bébé. Mais le petit Nicolas était devenu un pilier de soutien pour Susan qui avait essayé de murir et de devenir une bonne mère pour lui. Elle avait accepté une aide psychologique pour gérer son addiction et trouvé un travail de serveuse, le soir, dans un restaurant local. Avec ce revenu supplémentaire, leur mère avait pu quitter son deuxième emploi et aider à l’éducation du bébé.

Le petit garçon était devenu le soleil de la vie de Moriah. Elle avait adoré rentrer chez elle pour jouer avec lui après son travail à mi-temps ou ses cours à la petite université locale. Les deux sœurs et leur mère l’avaient choyé autant que possible et Nicolas avait été un enfant heureux, presque trop gâté. Moriah s’était souvent rendue au bazar à un dollar – c’était tout ce qu’elle pouvait se permettre – pour lui acheter un nouveau jouet, et à la bibliothèque pour emprunter des livres pour enfants. Elle les lui avait lus chaque fois qu’elle pouvait et c’était rapidement devenu un de leurs rituels préférés quand ils étaient ensemble. Dès que Moriah terminait un livre, il lui en tendait un autre. Elle avait perdu le compte des fois où elle lui avait lu Winnie l’Ourson.

Pendant quelques années, les choses s’étaient très bien passées pour la petite famille. Nicolas était devenu un adorable petit garçon de cinq ans posant mille questions qui commençaient toutes par pourquoi. Sa grand-mère paraissait plus jeune et plus détendue qu’elle ne l’avait été depuis des années. Susan était clean et Moriah n’avait plus qu’un semestre à terminer avant d’obtenir son diplôme d’enseignante. Les choses avaient enfin semblé s’arranger pour tout le monde.

Mais, environ sept mois auparavant, Moriah avait remarqué les signes indiquant que Susan avait repris sa consommation de drogue. Elle avait soudain manqué d’argent et en avait emprunté à Moriah et à leur mère. Elle leur avait de plus en plus souvent demandé de garder Nicolas. Elle était rentrée de plus en plus tard de son service au restaurant mexicain local et Moriah s’était demandé si sa sœur y travaillait encore réellement. Le changement le plus notable avait été dans l’apparence de Susan, qui s’était lentement dégradée à mesure qu’elle négligeait de plus en plus son hygiène corporelle et ses vêtements. Elle avait perdu beaucoup de poids. Moriah savait parfaitement que tout indiquait une addiction au crack – leur quartier mal famé en regorgeait !

Des rumeurs s’étaient propagées dans le quartier, disant que Susan sortait avec un certain Leo Simmons, dealer à la petite semaine. Moriah ne connaissait ce salopard que de réputation. Il avait débuté en revendant sa came à ses camarades de classe au lycée avant d’être arrêté et renvoyé pour possession de stupéfiants. À l’époque, il avait été encore mineur, alors la justice ne lui avait donné qu’une petite tape sur les doigts en le condamnant à un court séjour en prison pour délinquants juvéniles. Après en être sorti, il avait repris son trafic et, si les rumeurs étaient exactes, il était maintenant protégé par certains flics véreux.