Un détective à New York - Charles Kalvan - E-Book

Un détective à New York E-Book

Charles Kalvan

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Beschreibung

Dans la ville de New York, en 1953, un détective, sans argent, reçoit enfin un client pour une enquête des plus banales. Au bout de quelques jours de filature, quelque chose ne tourne pas rond. Embarqué dans une histoire plus complexe que prévu, trouvera-t-il le commanditaire et les raisons qui ont motivé son acte ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Inspiré depuis sa jeunesse par les auteurs comme Robert Merle ou Alexandre Dumas, Charles Kalvan écrit depuis son adolescence. Ses récits sont dans la lignée de ces grands auteurs, inscrits dans l’action et l’aventure. L’écriture est, pour lui, un moyen de partager sa passion des mots.

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Seitenzahl: 151

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Ähnliche


Charles Kalvan

Un détective à New York

Pour tous les goûts

Roman

© Lys Bleu Éditions – Charles Kalvan

ISBN : 979-10-377-9265-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

Avant-propos

Ce livre est un hommage personnel aux bons vieux policiers des années cinquante et soixante Américains qui me divertissent encore.

J’utilise donc pour mes personnages tous les clichés stéréotypés de ce type de film. Je m’efforce dans cette histoire de reprendre l’ambiance de ceux-ci : le détective célibataire en attente de l’amour, la secrétaire, blonde pin-up…

Le décor est en noir et blanc et à lire comme tel. Si toutefois vous préférez la couleur, je vous autorise à le coloriser. Les téléphones sont noirs aux cadrans tournants. Les voitures sont des Cadillac Eldorado et les villes pleines de gens chics. Les bandits sont en costumes gris et noirs rayés pour certains, et portent le feutre. Pour les autres vestes élégantes et pantalons à pince. Les dames portent des robes longues, serrant la taille et moulant le buste.

Pourquoi « Pour tous les goûts » :

Le héros, tout au long de ce livre, lors des dialogues, fera plusieurs réponses notées : « choix 1 », « choix 2 » ou « choix 3 ». Chaque réponse correspondra à une personnalité différente : macho, normale ou autre.

Vous n’aurez qu’à faire le choix de votre réponse en fonction du choix de personnalité que vous aimerez pour le héros.

Une si banale enquête

Un soleil de plomb écrasait, ce jour-là, la ville de ses rayons brûlants. Dans ma vielle Chrysler, je me débattais avec la climatisation cassée. Toutes fenêtres ouvertes, je roulai le plus à l’ombre possible vers mon lieu de travail. Je me garai dans le parking du bas. L’été, les rues désertes me laissaient le choix du stationnement. Mon bureau se trouvait au quatrième étage d’un immeuble vieillot de la neuvième rue, qui en comptait quinze. Quatre niveaux, ce n’était pas trop quand l’ascenseur tombait en panne, ce qui lui arrivait souvent. Je le prenais avec philosophie en me répétant que ma gymnastique matinale dépendait de ce tas de ferraille. Je regardai ma montre en traversant la rue. 9 Heures 30. Zut ! Encore en retard ce matin. Je me demandais toujours comment je faisais pour être continuellement en retard sans avoir le temps de prendre mon café. J’appuyai sur le bouton de l’ascenseur. Il s’alluma. Je respirai, aujourd’hui, pas de sport. Il s’arrêta brutalement au quatrième. À cet étage, mon bureau s’y trouvait que je louais une misère pour le propriétaire. Il était le seul libre, parmi les trois autres, dans l’attente d’une société preneuse. La porte était ouverte. En entrant, j’aperçus miss Pringle qui s’occupait. Je la saluai :

— Salut poupée ! Choix 1.

— C’est pas l’heure de s’faire les ongles ! Choix 2.

— Bonjour miss Pringle. Choix 3.

— Bonjour monsieur Persival, répondit-elle de son sourire vermillon.

John Persival, tel était mon nom. Nom étrange que me donna un aïeul venu d’Europe dans je ne sais quelle condition. J’accrochai mon chapeau au clou et m’assis sans plus tarder à mon bureau qui faisait face à l’entrée et placé juste derrière la fenêtre. Je préférais me tenir face à la porte. Dans mon métier, il valait mieux. Comme d’habitude, je me renversai en arrière contre le mur en posant les pieds sur les dossiers. Je commençai à lire le journal du matin. Miss Pringle rangea ses outils de travail dans son tiroir, tels que : rouge à lèvres, vernis à ongles et autres onguents. Je la payais un salaire de misère en lui promettant des jours meilleurs. Le peu d’occupation que j’avais me permettait de me passer de secrétaire, mais j’avais toujours peur de rater une affaire pendant mon absence. Je ne sais pourquoi, miss Pringle désirait travailler avec moi. Peut-être, n’ayant pas de diplôme, elle pensait ne rien trouver d’autre. Pourtant, elle balançait bien avec ses jolis cheveux blonds et bouclés. Voulait-elle fuir un mari brutal au chômage ? Je n’avais vu son époux qu’une seule fois. Je lui trouvai une tête d’abruti. D’ailleurs, le ton de sa voix corroborait son air de brute et sans malice. Il était certain qu’avec moi, elle n’avait pas à le supporter. Ne restant pas toute la journée au bureau, préférant fouiner dans les rues, elle restait seule, sans personne pour lui presser le citron continuellement.

— Alors poupée, du nouveau ce matin ? Choix 1.

— J’aimerais un café ! Choix 2, dis-je sans lever les yeux de mon journal.

— Personne n’est venu et le téléphone n’a pas sonné. En attendant, je vous ai fait votre café, répondit-elle de sa voix suave.

Au fond, elle avait bon cœur et j’appréciais sa compagnie rien qu’à ces gestes attentionnés. Je jetai mon journal sur un coin de bureau et me redressai pour savourer mon café qu’elle venait de poser. Ce que j’aimais l’été quand il faisait chaud, c’était la tenue vestimentaire des femmes qui s’allégeait au fur et à mesure que la température montait. Quand elle se pencha pour ramasser une feuille tombée par inadvertance, je pus admirer un magnifique décolleté pigeonnant, mais hélas, encore protégé par un soutien-gorge. Parfois, ma vie de célibataire me pesait. Elle connaissait mes habitudes. Et le café, parfaitement dosé, me coulait délicieusement dans la gorge. Je le bus rapidement comme à l’accoutumée et repris ma lecture. Pendant que je sirotais mon petit noir, miss Pringle s’occupait de ses mots croisés que je lui achetais en même temps que mon journal. Cette occupation nous prenait, en général, une bonne partie de la matinée. À midi, nous mangions tous les deux au self de la quatorzième rue.

Ce matin pourtant, après ma lecture, on frappa à la porte. Phénomène assez rare qui nous surprit. En vitesse, chacun planqua sa tasse, journal ou mots croisés dans un tiroir.

Je claquai des doigts pour qu’elle ouvre. Choix 1.

Je la pressai doucement pour qu’elle se lève. Choix 2.

Je me levai pour ouvrir la porte. Choix 3.

— M. Persaillval ? demanda un inconnu en me voyant.

Je le corrigeai sur mon nom.

— Persival, c’est moi-même. C’est à quel sujet ?

— C’est au sujet de ma femme.

— Asseyez-vous, coupai-je, m’apercevant que dans l’habitude de l’inaction, j’oubliais tous les protocoles préliminaires. Je lui désignai une chaise. Miss Pringle, elle, feignit de remplir un tas de paperasseries d’un air affairé comme si de trop nombreuses affaires imposaient un travail accaparant. Je m’assis à ma place habituelle.

— Je vous écoute, dis-je.

— Voilà, je suis persuadé que ma femme me trompe et j’aimerais des preuves pour la confondre.

— Hum, hum ! Je vois, fis-je d’un air faussement soucieux. Je regrette, mais je ne m’occupe pas d’affaires mineures. Par contre mon collègue de la rue d’en face sera sûrement intéressé.

— Ah bien excusez-moi, répondit-il en se levant.

Il reprit son chapeau et se dirigea vers la porte. Je m’aperçus qu’il partait pour de bon sans même insister.

— Excusez-moi un instant ! criais-je presque. Miss Pringle, est-ce que le dernier client a payé son contrat ?!

Je la regardai en ouvrant de grands yeux effarés en suppliant qu’elle comprenne.

— Non, monsieur, répondit-elle sérieusement en dénichant une feuille d’un tiroir qu’elle feignit de scruter.

— Bien dans ce cas monsieur, repris-je. Ce défaut me redonne du temps libre. Je vais étudier la question.

Je lui indiquai à nouveau sa chaise. Il consentit à s’asseoir. Je respirai. Cette mise en scène à laquelle j’avais joué était parfaitement stupide. Je me jurai de ne jamais refaire une ânerie dans ce genre.

Combien prenez-vous pour résoudre ce cas ? me demanda-t-il.

— Hum ! Voyons, le tarif habituel est de…

Je me penchai pour fouiller un tiroir rempli de sucres, de tasses et autres cuillers, faisant semblant de chercher un papier inexistant. Je me laissai ainsi le temps de réfléchir afin savoir si je lui demandai le tarif simple ou double. Ce type-là avait un air sympathique et sûr de lui. Je décidai de couper la poire en deux. À l’annonce du prix, il ne broncha pas. Je regrettai aussitôt de n’avoir pas dit le double.

— Miss Pringle, un formulaire ! Choix 1.

— Miss Pringle, apportez-moi les formulaires, je vous prie. Choix 2.

Je me levai pour prendre un formulaire. Choix 3.

Je lui demandai les formalités d’usage : nom, prénom, adresse et son chèque. Il avait déjà prévu quelques éléments et m’avait fourni les renseignements dont j’avais besoin comme la photo de sa femme par exemple.

— Quand aurais-je les résultats ? me demanda mon client.

— Dans moins d’une semaine. Dois-je vous téléphoner ou préférez-vous venir ?

— Je préfère venir.

Il se leva. Il avait l’air plutôt riche et présentait bien. D’ailleurs, son adresse se situait dans la banlieue chic, au sud de la ville. Il reprit son feutre et miss Pringle le raccompagna à la porte. Dès que celle-ci fut fermée, elle sauta de joie et se précipita vers moi :

— Faites voir, faites voir !

Elle parlait du chèque.

— Je me charge de l’enregistrer, dit-elle.

— Pour fêter ça, je vous offre le champagne chez Kurl, dis-je.

Ce ne fut pas une affaire particulièrement excitante, mais même celles-ci se raréfiaient. Elle arriva à point. Quelques semaines de plus et je ne pouvais payer mon loyer ni le salaire de miss Pringle. L’idée de me débarrasser de ma secrétaire me dérangeait un petit peu.

Le lendemain, j’avais préparé mon matériel de filature : micro, appareil photo et autres bricoles utiles. Je pointai le bout de mon nez à l’heure chez mon client. Sa femme partait d’après lui tous les matins travailler en voiture. Je tins ma vieille Chrysler un peu à l’écart, planqué derrière une file d’autos en stationnement. Je n’ai pas eu à attendre longtemps. Ma cible apparut sur le perron de sa maison. Je vérifiai avec la photo que me donna mon client. Pas de problème. Je la reconnus aussitôt. Elle portait un simple chemisier et une jupe arrivant au-dessous du genou. Au pied, des chaussures à talons, lui remontant les fesses et faisant cambrer les reins qui du coup, soulevaient les seins vers l’avant.

Elle traversa le jardin avec beaucoup de manières et s’engouffra dans sa voiture. Voilà, ce fut le départ. Je la suivis en direction du nord, vers le centre-ville. Il n’y avait personne dans les rues et je ne pus que me mettre derrière elle au premier feu rouge.

— Zut ! pensais-je. Je devrais faire attention.

Je vérifiai qu’elle ne regardait pas dans ses rétros. Au vert, elle continua vers le centre-ville. Heureusement, la circulation augmentait et je laissai deux ou trois voitures entre nous. Tout allait bien pour l’instant. Elle se dirigeait vers le centre commercial où elle travaillait comme responsable de la gestion de je ne sais pas trop quoi. L’été ayant fait fuir les habitants vers des contrées moins hostiles, je la suivis sans peine parmi les rues de la ville. Elle pénétra dans un parking souterrain. Par malchance, celui-ci était privé et on ne rentrait pas sans carte. Je me garai en urgence sur le trottoir et m’engouffrai en courant, la poursuivant à pied. Je longeais le couloir sombre accédant au sous-sol. Le premier parking était déjà plein. Je le scrutai les lieux emplis de voitures en stationnement à la recherche de celle de ma cliente, mais en vain. Je décidai de descendre au deuxième niveau à grandes enjambées. Il n’y avait pas d’autres étages et je ne voyais toujours pas son auto. Je galopai à travers les allées de voitures rangées.

— Mer… credi, je l’ai loupée.

Je commençai à me décourager, mais, courant encore, dans l’espoir d’apercevoir ma « cliente ». Soudain, je glissai sur une flaque d’huile, qu’une vieille guimbarde avait dû déposer en souvenir. Les bras en avant, j’embrassai le sol, stylos et autres ustensiles continuant leurs courses sans moi. La douleur que je ressentis aux genoux ne fut rien à côté du ridicule que provoqua cette chute corrélant à un geste de soumission excessif. Le souffle de l’énorme ventilation couvrit le bruit de la chute. Mais avant de me relever, ayant le désir de laisser à terre mon humiliation, j’aperçus sous une voiture des pieds chaussés de mocassins et je reconnus l’objet de ma filature, passer devant moi sans qu’elle me vît. Je restais dans cette position le temps de son passage. Je ramassai ensuite mes affaires et la suivis. Au bout de la rangée, elle prit un ascenseur. Je montais l’escalier. Premier étage : l’ascenseur montait toujours. Je le suivais en grimpant les marches. Deuxième étage : il continuait son ascension et moi aussi. Dernier étage : les portes de l’engin ne semblaient pas vouloir s’ouvrir et j’étais fatigué.

— Mer… credi, je l’ai perdue. Choix 1.

— Bouse de vache et fiente de piaf ! Je l’ai perdue. Choix 2.

Je donnai un grand coup de pied sur le sol, histoire de passer mes nerfs. Le sol, furieux de ce geste impromptu, manifesta durement sa présence et le mal que je ressentis sous le pied, m’énerva davantage. Je décidai de me venger sur l’ascenseur, mais je m’abstins in extremis. Un bruit de clochette m’avertit que celui-ci arrivait. Je me cachais en vitesse derrière la porte entr’ouverte de l’escalier. C’était elle. Miracle ! Elle sortit. Je la suivis et pénétrai dans un large hall d’un centre commercial. Nous le parcourûmes jusqu’au bout. Là, elle disparut derrière une porte sur laquelle un panneau indiquant « privé » modéra un peu mon enthousiasme. Je trépignai avant d’ouvrir lentement le battant. Je lançai un œil. J’aperçus un couloir bordé de baies vitrées et de l’autre côté des vitres, des bureaux. Je vis ma poupée s’engouffrer dans l’un d’eux. Je reculais en un repli stratégique qui consistait à passer maintenant à la phase la plus exaltante du métier de détective : l’attente. Je repérai le café d’en face et m’y assis à une table. Je hélai le garçon et lui demandai un petit noir. J’en profitai pour lui parler :

— Y a-t-il une deuxième porte ? Choix 1.

— Y a-t-il un autre accès ? Choix 2.

— Y a-t-il un accès différent de la porte là ? Choix 3, lui demandais-je, en lui désignant la porte menant aux bureaux. Il jeta un très rapide coup d’œil et d’un air totalement indifférent, me répondit d’un air bougon :

— Ch’pas.

Devant tant d’amabilité et de sollicitude, je dis à mon tour :

— Merci beaucoup. Choix 1.

— ______ Choix 2

— Ah bon ? Choix 3.

Pendant ce temps, il posa mon café puis s’en retourna derrière son bar. Je bus ma tasse et attendis, attendis longtemps. Puis midi vint. La porte s’ouvrit. Quelques personnes sortirent, et parmi elles, ma poupée. Je la suivis à travers l’immense hall. Elle ne prit pas sa voiture. Elle descendit par l’escalier mécanique et s’acheta un hamburger au fast-food. Je l’observai manger son sandwich avec délicatesse. Je me demandai si elle allait retrouver son amant, quand une autre femme la rejoignit.

— Ah ! On fait dans le beau monde, pensais-je en voyant celle-ci élégamment apprêtée.

Aussitôt, elles se mirent à deviser, rigolant ensemble, les mains s’agitant en tous sens. Puis bras dessus, bras dessous, elles marchèrent dans la rue, s’arrêtant parfois dans une boutique. Je ne pris aucune photo, ce lèche-vitrine me paraissant indigne d’intérêt. Puis elles rentrèrent dans un magasin. J’attendis dehors. De la vitrine, je les vis déballer des étagères, pulls et chemisiers, jetant des coups d’œil désapprobateurs et rejeter le fruit de leur dédain négligemment dans les rayons. Elles vagabondèrent ainsi de rayon en rayon. Je commençai à trouver le temps long. Et en longeant le trottoir non loin de la boutique, je m’aperçus à la longue que d’autres hommes patientaient devant le magasin fumant nerveusement une cigarette.

— Tiens des messieurs attendant leur moitié. Choix 1.

— Une partie des joies du mariage, sans doute. Choix 2.

— Les femmes et leurs fringues, quand même. Choix 3.

— Les femmes sont de charmantes créatures qui font tout pour séduire leur mari. Choix 4.

Ce manège dura toute l’après-midi, passant de magasins en salons de thé et de salons de thé en magasins. Le soir, elles se séparèrent enfin et ma poupée retourna au centre commercial reprendre sa voiture. Je montais dans la mienne, un PV collé à la vitre.

— Les flics ne me connaissent pas dans le quartier. Choix 1.

— Mer… credi. Choix 2.

— Bouse de vache et fiente de piaf. Choix 3.

—  De toute façon, je porterai ce papier au commissaire. Il me le fera sauter. Choix 4.

J’attendis qu’elle sorte du parking et la suivis en direction du nord. Je me doutais qu’elle retournait chez elle. Comme je l’avais pressenti, elle se gara devant sa maison et sortit de sa voiture en se dandinant du derrière. Je rentrai chez moi, épuisé par cette journée stérile de shopping.

Le lendemain matin, je l’attendis devant chez elle, prêt à recommencer une sortie identique. Comme la veille, elle stationna dans le parking souterrain. Cette fois-ci je me parquais correctement un peu plus loin. Je la vis entrer dans le bureau et je patientais toute la matinée tout en bavardant joyeusement avec le serveur :

— Ça va aujourd’hui ? lui demandais-je.

— On fait aller. Choix 1.

— Comme un jeudi. Choix 2.

— _____ Choix 3.

Je n’insistai pas davantage. Je pris soin (l’habitude) d’apporter journal et magazine pour patienter jusqu’à l’heure de manger. À midi, la porte du bureau s’ouvrit. Je la vis remuer du popotin, se mirant dans chaque vitrine qu’elle croisa. Nous traversâmes ainsi le hall pour arriver au fast-food où, comme la veille, elle prit un sandwich en attendant sa copine. Celle-ci ne tarda pas à pointer le bout de son nez poudré. Embrassade, papotage, tripotage et les voilà parties, descendant la rue commerçante. Mais, alors que je patientais en faisant le pied de grue devant les boutiques, elles s’engouffrèrent dans une voiture. Et moi qui n’avais pas la mienne :

— Bouse de vache et fiente de piaf ! Choix 1.

— Mer… credi ! Choix 2.

— Je me suis fait avoir comme un bleu ! Choix 3.