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Extrait : "Quand, après un long travail, vous allez nous promener aux Tuileries, sur la terrasse des Feuillants, par un beau jour d'automne, dans ce doux état de nonchaloir, de presque absence de pensée, que l'on a comparé souvent au mouvement plein d'indolence d'un canot abandonné au flottement d'un petit lac, votre esprit fatigué qui veut de repos, comme l'œil ébloui veut de l'ombre, en a assez pour l'occuper de tourbillon de feuilles mortes qu'emporte un coup de vent,..."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.
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Seitenzahl: 24
Veröffentlichungsjahr: 2015
Paris, ou le Livre des Cent-et-Un publié en quinze volumes chez Ladvocat de 1831 à 1834, constitue une des premières initiatives éditoriales majeures de la « littérature panoramique », selon l’expression du philosophe Walter Benjamin, très en vogue au XIXe siècle. Cent un contributeurs, célèbres pour certains, moins connus pour d’autres, appartenant tous au paysage littéraire et mondain de l’époque, ont écrit ces textes pour venir en aide à leur éditeur qui faisait face à d'importantes difficultés financières… Ainsi ont-ils constitué une fresque unique qui offre un véritable « Paris kaléidoscopique ».
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Paris ou le Livre des Cent-et-Un. De nombreux titres de cette fresque sont disponibles auprès de la majorité des librairies en ligne.
AU TRÉSOR PUBLIC
Quand, après un long travail, vous allez vous promener aux Tuileries, sur la terrasse des Feuillants, par un beau jour d’automne, dans ce doux état de nonchaloir, de presque absence de pensée, que l’on a comparé souvent au mouvement plein d’indolence d’un canot abandonné au flottement d’un petit lac, votre esprit fatigué qui veut du repos, comme l’œil ébloui veut de l’ombre, en a assez pour l’occuper du tourbillon de feuilles mortes qu’emporte un coup de vent, du léger froissement des pas dans ces feuilles desséchées, du frôlement de la robe d’une jolie promeneuse, ou d’un coup d’œil vague jeté sur la longue façade du ministère des financés.
Ne vous êtes-vous pas alors rappelé l’illumination magique qu’aux jours de réjouissances forme cette rangée de pots à feu, de chacun desquels s’élève un jet de gaz resplendissant, qui inonde de tant de lumière cette ligne d’arcades, qu’elle semble transparente comme un château de fée ? De cette fantaisie des Mille et une Nuits passant à de plus graves méditations, à l’aspect du centre des mouvements financiers de toute la France, une image immense ne vous a-t-elle pas tout à coup apparu ? Quarante mille conseils municipaux épars sur notre vaste sol, pérorant, délibérant, votant, pour venir concentrer leurs opérations dans trois cent soixante-six arrondissements ; les arrondissements, dans quatre-vingt-cinq préfectures ; les préfectures, dans sept ministères ; les ministères, dans les trois pouvoirs qui font la loi ; puis la loi tombant de son haut dans cet océan de hiérarchies ; et le cercle qu’a produit sa chute s’étendant, s’étendant toujours, jusqu’à ce qu’il embrasse les quarante mille communes, et, en se rétrécissant, rapporte l’argent rue de Rivoli.
Ce mouvement perpétuel du centre à la circonférence, de la circonférence au centre, vous aura sans doute rappelé le dieu des brames, immense soleil qui épanche ses rayons toujours, et toujours ses rayons reviennent à lui ; type admirable de la centralisation !