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"Un nouveau complot contre les industriels" de Stendhal est un pamphlet politique et social qui aborde avec verve et ironie les tensions entre les classes industrielles et les forces conservatrices de son époque. Écrit au début du XIXe siècle, ce texte court mais incisif reflète les préoccupations de Stendhal face aux bouleversements économiques et sociaux qui accompagnent la révolution industrielle en Europe. Stendhal, de son vrai nom Henri Beyle, utilise ce pamphlet pour dénoncer les attaques et les conspirations dirigées contre les industriels, qu'il perçoit comme les moteurs du progrès et de la modernisation. À travers une prose vivante et satirique, il critique les groupes réactionnaires qui, par peur du changement et de la perte de leurs privilèges, tentent de freiner l'essor industriel. Le pamphlet met en lumière les conflits d'intérêts entre les différentes classes sociales et expose les manipulations politiques visant à maintenir le statu quo. L'auteur ne se contente pas de défendre les industriels, mais il pointe également les contradictions et les absurdités des arguments avancés par leurs adversaires. Stendhal souligne l'importance de l'innovation et de la liberté économique pour le développement de la société, tout en ridiculisant ceux qui s'opposent aveuglément au progrès. "Un nouveau complot contre les industriels" est un témoignage de l'engagement de Stendhal en faveur des idées libérales et progressistes. Il illustre sa capacité à mêler analyse sociale, critique politique et humour mordant, offrant ainsi une lecture à la fois divertissante et éclairante sur les dynamiques économiques et sociales de son temps.
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Seitenzahl: 23
Veröffentlichungsjahr: 2024
L’INDUSTRIEL.
Mon cher ami, j’ai fait un excellent dîner.
LE VOISIN.
Tant mieux pour vous, mon cher ami.
L’INDUSTRIEL.
Non pas seulement tant mieux pour moi. Je prétends que l’opinion publique me décerne une haute récompense pour m’être donné le plaisir de faire un bon dîner.
LE VOISIN.
Diable, c’est un peu fort !
L’INDUSTRIEL.
Seriez-vous un aristocrate, par hasard ?
Tel est l’extrait fort clair des Catéchismes de M. de Saint-Simon, et des six ou sept premiers numéros d’un journal écrit en style obscur, et qui a l’air de se battre pour l’industrie.
M. de Saint-Simon a dit : « La capacité industrielle est celle qui doit se trouver en première ligne ; elle est celle qui doit juger la valeur de toutes les autres capacités, et les faire travailler toutes pour son plus grand avantage. »
Si nous n’y prenons garde, l’on va nous donner un ridicule.
Moi aussi je suis un industriel, car la feuille de papier blanc qui m’a coûté deux sous, on la revend cent fois plus après qu’elle a été noircie. Nommer cette pauvre petite industrie, n’est-ce pas dire que je ne suis ni riche ni noble ? Je ne m’en trouve que mieux placé pour apercevoir le ridicule des deux camps opposés, l’industrialisme et le privilège.
Je veux croire que mille industriels qui, sans manquer à la probité, gagnent cent mille écus chacun, augmentent la force de la France ; mais ces messieurs ont fait le bien public à la suite de leur bien particulier. Ce sont de braves et honnêtes gens, que j’honore et verrais avec plaisir nommer maires ou députés ; car la crainte des banqueroutes leur a fait acquérir des habitudes de méfiance, et, de plus, ils savent compter. Mais je cherche en vain l'admirable dans leur conduite. Pourquoi les admirerais-je plus que le médecin, que l’avocat, que l’architecte ?
Certes, nous autres, petites gens, nous aimons mieux l’industrie qui nous propose de faire des échanges et qui veut commercer avec nous, que le privilège qui prétend de haute lutte nous enlever tous nos droits. La profession des industriels est fort estimable ; mais nous ne voyons pas en quoi elle mérite d’être plus honorée que toute autre profession utile à la société. L’on aura beau faire, la classe chargée en France de la fabrication de l’opinion, pour parler le langage industriel, sera toujours celle des gens à 6000 liv. de rente. Ces gens-là seuls ont le loisir de se former une opinion qui soit à eux, et non pas celle de leur journal. Penser est le moins cher des plaisirs. L’opulence le trouve insipide et monte en voiture pour courir à l’Opéra ; elle ne se donne pas le temps de penser. L’homme pauvre n’a pas ce temps ; il faut qu’il travaille huit heures par jour, et que son esprit soit toujours tendu à bien s’acquitter de sa besogne.