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Des contes qui proposent une palette de thèmes variés !
C’est dans un monde aux mille couleurs qu’apparaissent un roi plein de sagesse, un cupide cordonnier ou une charmeuse magicienne hors du temps. À travers ces personnages et bien d’autres, Boubaker Ayadi dresse un portrait à la fois caustique et plein de douceur de la société arabe, au confluent de la modernité et de la tradition.
Passant du rire aux larmes, ces contes du monde arabe proposent une palette de thèmes variés, livrés sans concession mais toujours avec humanité.
Plongez dans ce recueil de contes arabes illustrés par Saïna Cissé.
EXTRAIT DE
La leçon
On raconte qu’un homme, vivant dans une contrée fertile, avait un enfant unique. Il l’éduqua bien, lui apprit les bonnes manières et lui inculqua les vraies valeurs de la vie.
Lorsque le garçon atteignit l’âge de voyager seul, son père lui dit :
— Maintenant que tu es grand, mon fils, va ton chemin. Je voudrais que tu parcoures les pays pour t’affermir, apprendre davantage et faire fortune. Quand tu auras accompli ton périple et pris le chemin du retour, alors, tu seras un homme.
Le jeune homme se munit de provisions de route, fit ses adieux à son père, baisa le front de sa mère et s’en alla faire son chemin.
Son parcours ne fut pas sans embûches. Contraint de dévaler des pentes, de suivre des sentiers sinueux, de traverser des rivières, il sentit l’épuisement le gagner. Lorsqu’il s’arrêta au troisième jour de marche pour se reposer dans une vaste prairie à l’orée du bois, il était à bout de forces.
À PROPOS DES AUTEURS
Boubaker Ayadi, né en 1949 à Jendouba en Tunisie, vit en région parisienne depuis 1988. Écrivain bilingue, il s'est essayé au roman, à la nouvelle, à la traduction, au feuilleton radiophonique et à la littérature de jeunesse. Il a publié, en arabe, cinq recueils de nouvelles, cinq romans et dix contes pour enfants, et en français, six recueils de contes et un roman de jeunesse. Sa littérature, saluée par les critiques, est en cours de traduction, elle fait également l'objet de travaux universitaires.
Saïna Cissé est illustratrice.
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Seitenzahl: 80
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Contes d’Orient et d’Occident
1. Histoire d’Aladdin Roi de l’Yemen
William Beckford
2. Les Quatre Talismans
Charles Nodier
3. Contes de Fez
Anonyme
4. Contes de l’Alphabet I
E. & B. de Saint Chamas
5. Contes de l’Alphabet II
E. & B. de Saint Chamas
6. Contes de l’Alphabet III
E. & B. de Saint Chamas
7. Contes de Berbérie
José Féron Romano
8. Nouveaux contes de Fez
Anonyme
9. Le prince dont l’ombre était bleue
J. Féron Romano et E. Tabuteau
10. Contes des six trésors
E. & B. de Saint Chamas
11. Qamar az-Zaman et la princesse de la Chine
M.-C. Baillaud
12. Contes du Japon
Mayumi Watanabe
13. Le roi qui aimait les contes I
Boubaker Ayadi
14. Le roi qui aimait les contes II
Boubaker Ayadi
15. Le roi qui aimait les contes III
Boubaker Ayadi
16. Histoires de trolls et autres contes nordiques
Monique Ribis
17. Contes de Grèce
Gilles Decorvet
18. Tali Nohkati I
Koza Belleli
19. Tali Nohkati II
Koza Belleli
20. Une chanteuse à Médine et autres contes arabes
Boubaker Ayadi
L’AUTEUR
Né en 1949 à Jendouba en Tunisie, Boubaker Ayadi vit en région parisienne depuis 1988. Écrivain bilingue, il s’est essayé au roman, à la nouvelle, à la traduction, au feuilleton radiophonique et à la littérature pour la jeunesse. Il a publié, en arabe, cinq recueils de nouvelles, cinq romans et dix contes pour enfants, et en français, six recueils de contes et un roman pour la jeunesse. Sa littérature, saluée par les critiques, est en cours de traduction ; elle fait également l’objet de travaux universitaires.
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS DU JASMIN
Le roi qui aimait les contes (en 3 volumes), illustré par Julie Wendling, 2010
CHEZ D’AUTRES ÉDITEURS
Les aventures de Jeha, le malin aux mille ruses,Flies France, Paris 2010.
Asfour le devin (roman),Seuil Jeunesse, Paris 2010.
Contes et légendes de Tunisie,Flies France, Paris 2008.
La monture du roi Grenouille (contes arabes),L’Harmattan, Paris 2007.
Le présage (contes arabes),L’Harmattan, Paris 2007.
Le rêve du sultan (contes arabes),
Tous droits de reproduction, de traduction
et d’adaptation réservés pour tous pays.
© 2012 Éditions duJasmin
www.editions-du-jasmin.com
ISBN 978-2-352847-23-6 Avec le soutien du
Pour mon fils Mohamed-Akram
Un roi, connu pour sa droiture et sa loyauté, voulut s’imprégner davantage de la sagesse des anciens. Il fit venir le savant le plus éminent du royaume et le chargea de lui rédiger un livre résumant l’histoire universelle de l’humanité.
Il était persuadé que cela lui permettrait de mieux guider son peuple.
Le savant accepta la proposition et s’en fut parcourir le monde, collecter les sentences morales, les sagesses et les enseignements qui serviraient de matière à son livre.
Cette quête dura une vingtaine d’années, durant lesquelles le savant se consacra à la tâche avec sérieux et abnégation.
Un jour, alors que le roi vaquait à ses occupations, on vint lui annoncer le retour du savant. Celui-ci était arrivé à la tête d’une caravane de dromadaires transportant des dizaines de caisses remplies de livres.
— Quel savant ? s’enquit le roi.
— Celui que vous avez chargé de rédiger un livre, lui dit-on.
— Ah ! fit le roi. Je l’avais complètement oublié. Où est-il ?
— Il est là, dans le vestibule, attendant d’être reçu.
— Faites-le entrer.
On aida le savant à décharger les caisses. Avançant d’un pas assuré, il se présenta devant le roi avec un nombre impressionnant de volumes.
À la vue de ces innombrables recueils entassés devant lui, le souverain ouvrit de grands yeux.
— Que vois-je là ? demanda-t-il, surpris.
— Le résultat de mes recherches au sein des cultures des grandes civilisations de ce monde, Sire ! répondit le savant. J’ai l’honneur de vous présenter le fruit de vingt années de travail.
Le roi parcourut d’un regard ébahi les nombreux volumes reliés en maroquin rouge. Il hésita un instant et finit par dire :
— Occupé comme je le suis à veiller sur la bonne marche du royaume, je n’aurai jamais le temps de lire tout cela.
Il récompensa tout de même le savant de ses efforts et lui recommanda de faire la synthèse de tous ces volumes : les résumer, si possible, en un seul, pas plus.
Le savant acquiesça et repartit s’enfermer chez lui pour accomplir un travail aussi laborieux que le précédent.
Quelques années plus tard, il revint voir le roi. Il le trouva alité, souffrant d’un mal incurable, la sénilité.
Déçu, il allait repartir lorsque le souverain, informé par un serviteur, l’appela à son chevet.
— J’aurais bien voulu lire ce livre, murmura-t-il, mais ma vue a beaucoup baissé, mes forces m’abandonnent et je sens ma fin proche.
— Que Dieu vous garde pour votre peuple, ô Roi ! dit le savant.
— Approche, fit le roi.
Lorsque le savant fut tout près de lui, le vieux monarque lui lança un regard suppliant.
Avant d’expirer, il trouva la force de dire à mi-voix :
— Pourrais-tu me résumer le contenu de ce livre en quelques mots ?
— Si tel est votre désir, Altesse.
— Alors, dis-moi quel enseignement tu as tiré du cheminement des êtres humains à travers les âges.
— Ils sont nés. Ils ont souffert. Ils sont morts.
À peine le savant eut-il prononcé ces paroles que le roi rendit l’âme.
On raconte qu’un homme, vivant dans une contrée fertile, avait un enfant unique. Il l’éduqua bien, lui apprit les bonnes manières et lui inculqua les vraies valeurs de la vie.
Lorsque le garçon atteignit l’âge de voyager seul, son père lui dit :
— Maintenant que tu es grand, mon fils, va ton chemin. Je voudrais que tu parcoures les pays pour t’affermir, apprendre davantage et faire fortune. Quand tu auras accompli ton périple et pris le chemin du retour, alors, tu seras un homme.
Le jeune homme se munit de provisions de route, fit ses adieux à son père, baisa le front de sa mère et s’en alla faire son chemin.
Son parcours ne fut pas sans embûches. Contraint de dévaler des pentes, de suivre des sentiers sinueux, de traverser des rivières, il sentit l’épuisement le gagner. Lorsqu’il s’arrêta au troisième jour de marche pour se reposer dans une vaste prairie à l’orée du bois, il était à bout de forces.
À peine s’était-il assis, adossé à un tronc d’arbre, qu’il vit une gazelle courant à toute allure, pourchassée par un lion déchaîné.
Il grimpa rapidement sur l’arbre et resta caché au milieu du feuillage, suivant la scène, le souffle coupé, le cœur battant fort.
Malgré sa vélocité, la gazelle fut vite rattrapée par le fauve qui lui porta le coup de grâce et commença à la dévorer.
De sa cachette, le jeune homme le voyait déchiqueter sa proie avec férocité, en poussant des grognements sourds.
Non loin de là, il aperçut un loup, un chacal et un renard rôder autour du lieu du festin, sans oser s’en approcher.
Une fois repu, le lion s’éloigna lentement et disparut dans la forêt. C’est alors que les trois animaux aux aguets se lancèrent à qui mieux mieux sur ce qui restait de la gazelle. Pendant un bon moment, ils se disputèrent la dépouille écorchée du pauvre animal puis s’éloignèrent à leur tour.
Après leur départ, le jeune homme descendit et, au lieu de continuer son chemin, fit demi-tour.
Lorsque son père aperçut de loin la silhouette familière de son fils, déambuler dans les prés, il crut rêver. Inquiet de le voir rebrousser chemin aussi rapidement, il se précipita à sa rencontre.
— Pourquoi es-tu revenu mon fils ? lui demanda-t-il. Que s’est-il passé ?
Le jeune homme lui raconta la scène à laquelle il avait assisté.
— Et alors ? le pressa le père. Quel rapport y a-t-il entre ce que tu as vu et le but de ta mission ?
— Tout compte fait, expliqua le fils, je me suis demandé pourquoi se fatiguer quand il suffit de rester à l’affût, comme l’ont fait le loup, le chacal et le renard, pour s’assurer une vie tranquille.
— Tu me déçois énormément, mon fils, lâcha le père avec amertume. Lorsque je t’ai envoyé parcourir le monde, je voulais que tu deviennes le lion dont les animaux espèrent les faveurs, et non pas un méprisable loup, chacal ou autre, attendant avec servilité que le roi de la forêt daigne te jeter un morceau.
Le jeune homme rougit de honte.
Le lendemain, avant même le lever du jour, il était déjà sur la route qui le mènerait vers la réussite et la gloire.
Un jour, il y a bien longtemps, un homme marcha sur un objet pointu et se blessa le pied. Insouciant, il se contenta d’appliquer sur sa blessure un pansement de fortune. Mal soigné, son pied enfla puis fut atteint par la gangrène. Le médecin qui l’ausculta prescrivit l’amputation immédiate de la jambe atteinte.
Il donna au patient un somnifère et, à l’aide d’une scie chauffée, il coupa la jambe malade et mit un garrot.
Une fois rétabli, l’homme ne cessa de pleurer sa jambe perdue, de se lamenter sur son sort, d’évoquer les choses qu’il ne pourrait plus faire.