Une éternelle jeunesse - Pierluigi Panciroli - E-Book

Une éternelle jeunesse E-Book

Pierluigi Panciroli

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Beschreibung

Avec subtilité, l'auteur polyglotte dévoile les chemins qu’il a empruntés dans sa vie et partage ses ressentis face aux défis qu’il a rencontrés.

Une éternelle jeunesse esquisse la personnalité d’un «over 50» qui plutôt que de succomber à l’échec, à la vie qui a décidé de le tester, modifie la force négative en inversant son action. Il crée un blog pour pouvoir parler, comprendre, aider, mais surtout il invente un homme nouveau, capable d’utiliser le passé non pas avec regret mais comme une force de vie. Le protagoniste, observateur averti, connaisseur de différentes cultures, pas forcément écrites sur papier mais parfois captées au travers des yeux des amis et des connaissances de diverses nationalités, élabore un chemin de vie. Celui-ci est capable de montrer les égalités et les différences, les évolutions et les régressions d’une période historique récente mais caractérisée par d’énormes changements.

Ce récit plein de vérités vous touchera profondément et démontrera qu’avoir cinquante ans, ce n’est pas synonyme de vieillesse.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Pierluigi Panciroli est né à Reggio Emilia le 28 mai 1965. Après avoir obtenu son diplôme en comptabilité, avec une spécialisation en Commerce Extérieur, il a déménagé pour une courte période en Allemagne. De retour en Italie, il a effectué son service militaire et une fois démobilisé, il a commencé à travailler dans une entreprise en tant que correspondant commercial pour le marché étranger. Son aptitude et sa passion pour les langues le poussent à étudier en autodidacte et à passer des examens qui lui permettront d’atteindre les plus hauts niveaux de connaissances linguistiques en anglais, français, allemand et espagnol. Perpétuel insatisfait, il s’est également essayé au russe, au portugais et au néerlandais. En 1996, il devient export manager et commence à voyager à travers l’Europe. En 2019, une nouvelle aventure professionnelle commence.

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PIERLUIGI PANCIROLI

UNE ÉTERNELLEJEUNESSE

Biographie

Dédicace

À mes enfants Matteo et Annalisa.

À tous ceux que j’ai aimés et qui m’ont aimé, que j’aime et qui m’aiment, que j’aimerai et qui m’aimeront.

À tous ceux qui ne m’aiment pas et qui, peut-être, en lisant ce livre, changeront d’avis.

Préambule

Il y a des routes qui se croisent et vous savez déjà que dans la nuit des temps, c’était déjà écrit !

Il m’est donc arrivé d’avoir la chance de rencontrer des gens extraordinaires qui possédaient de grands rêves. Des rêves qui ne voyagent jamais seuls et que personne ne peut vous voler.

J’ai été un grand rêveur dès mon plus jeune âge et le serai pour toujours, car une vie sans rêves est une vie gâchée. Dans ces années de maturité, je me suis souvent demandé ce qu’un «jeune» de plus de 50 ans pouvait dire aux nouvelles générations, mais surtout ce que je pouvais laisser. Après mûre réflexion, j’ai réalisé que je pouvais donner mon expérience. Et voici comment un nouveau rêve est apparu :

Une Éternelle Jeunesse www.menover50mode.com

Introduction

J’ai toujours aimé la vie, profondément, viscéralement, je l’ai aimée dans son intégralité, mais surtout dans son immensité. J’ai aimé son enchevêtrement fait de gens de tous horizons, de culture, de racines, d’éducation reçue et acquise, de bonne santé et d’abus, mais surtout j’ai aimé la force vitale innée de chaque être humain. Je dirais que je suis né explorateur de lieux, de personnes, d’affections et d’esprits.

Je ne peux pas marcher sur les sentiers battus, je préfère les bas-côtés. J’adore les chemins inexplorés ou les chemins parcourus par peu de gens car en les empruntant, je trouve des empreintes au goût de vie, de souffrance et de tourment, mais aussi la capacité de m’illuminer à chaque nouvelle aube. Ce sont des empreintes de pas qui laissent une marque indélébile, qui vous font vous sentir moins seul et sous lesquelles vos pieds trouvent la fraicheur. J’aime observer mes semblables pour apprendre d’eux. Chaque être humain a beaucoup à donner aux autres, même s’il n’en est parfois pas conscient et qu’il se conforme à la masse, au lieu de faire prévaloir son individualité. Je ne suis pas un héros mais j’ai su affronter les difficultés survenues avec courage. Je suis tombé, mais je n’ai jamais plié. Je n’ai jamais eu honte de mes limites, de mes origines ou, simplement, de mes moments de faiblesse. Je suis un être humain, et non un prototype imaginé par je ne sais qui, qui décrit l’homme comme celui qui ne pleure pas, qui a le visage dur et à qui rien ne fait peur. J’ai eu peur à plusieurs reprises et, quand des événements catastrophiques se sont produits soudainement, je me suis senti submergé.

Beaucoup, à l’approche de la vieillesse, tirent des conclusions. Moi, en vieillissant, je soustrais l’ancien pour laisser de la place au nouveau. Beaucoup se plaignent : la route est tracée, l’essentiel est fait, tout ce qui arrive maintenant est presque comme une gratification, un bonus que la vie vous a réservé. C’est vrai pour beaucoup, mais pas pour moi. Je me sens plus jeune maintenant que lorsque j’avais vingt ans. À l’époque, j’étais plein d’incertitudes, de questions auxquelles je ne pouvais pas répondre et de réponses sans même avoir posé de questions. J’étais sur la terre inconnue de la vie, celle où tout est à construire, celle dont je ne savais pas où elle me porterait et quels fruits elle m’offrirait. Parfois, elle m’offrait des salades de fruits, un succulent mélange de nombreuses variétés, certaines à point, d’autres amères, d’autres insipides, parfois tellement mûres que ses saveurs mélangées créaient de la confusion.

Je regarde par-dessus mon épaule et je ne vois pas de vide ; ce que j’ai vécu me rend sage, stable, cela me permet de cicatriser les blessures mais aussi de comprendre leur signification. Le passé m’a nourri, je l’ai digéré et transformé ensève.

J’adore cette nouvelle phase de la vie, la nouvelle jeunesse. J’apprends à connaitre les facettes de cette vie de diamant, mes cinquante ans, ainsi que le mariage. À mon avis, ce sont les meilleures années, car j’ai l’expérience, le désir de saisir les moments les plus intenses, la sagesse qui apaise l’âme.

Je suis fier de ma vie et de ce que j’ai vécu jusqu’à présent.

Chaque vie a son enchevêtrement, et celui que je vais vous raconter est lemien.

Première partie

Les origines

Tout le monde a des origines lointaines, nous venons de Dieu sait où et nous sommes nés dans des endroits différents, qui sait pourquoi ! Je me suis toujours demandé ce qui détermine la localisation différente des âmes. La destination est-elle aléatoire ou raisonnée et souhaitée ? Avoir ces réponses serait intéressant, car cela détermine la qualité de vie, l’avenir, l’aisance ou la pauvreté, la possibilité d’atteindre des objectifs avec ou sans sacrifices, la chance ou la malchance. Naître en Orient est différent de naître en Occident, tout comme naître dans le Nord ou le Sud du monde. Ce sont des choses auxquelles on ne pense guère, peut-être parce que, si l’on entre dans les profondeurs de ces pensées, on risque de ne pas sortir du labyrinthe et de se retrouver dans une mer d’incertitude.

La personne en charge de cette tâche a décidé que ma demeure était en Émilie-Romagne, en Italie, une terre magnifique et agréable, où la vie coule avec une certaine gaieté. Je suis né de deux merveilleux parents, à Reggio Emilia, le vingt-huit mai 1965. J’ai vécu jusqu’à l’âge de dix-sept ans à San Donnino di Liguria ou Longora. Un village qui, jusqu’en 1817, appartenait à la municipalité de Scandiano. Puis, en 1860, elle fut rattachée à la municipalité de Casalgrande dans la province de Reggio Emilia. Son nom est le résultat de la fusion avec un village voisin : Longora, en latin le long du rivage, près de la rivière Secchia. Dans les années quatre-vingt, il comptait un millier d’habitants ; malgré le passage du temps, il a conservé la caractéristique d’un village agricole, grâce au fait qu’aucune spéculation immobilière impitoyable n’a été autorisée. J’ai toujours aimé mon village, même s’il était un peu petit quand j’étais enfant, et je suis heureux d’y revenir chaque fois que c’est possible.

La famille

La mienne était une sorte de famille élargie, même si cela avait une signification différente de ma famille actuelle. Nous étions six, vivant sous le même toit : mes parents, le frère de mon père, ma grand-mère paternelle, ma sœur etmoi.

Mon père

Il s’appelait Silvio et naquit à Bibbiano, une commune de la province de Reggio Emilia. À l’âge de dix ans, il commença à travailler comme maçon. Il apprit si bien le métier qu’il devint bientôt un artiste du bâtiment : il fabriquait des fontaines de jardin, des bancs en maçonnerie, des fours à bois. Peut-être ai-je hérité de lui l’inspiration créative et la méticulosité. Ils l’appelaient tous Cicci, le surnom que lui avait donné le curé de la paroisse quand il était enfant, et très peu connaissaient son vrai nom. Sa méthode de travail rigoureuse lui avait permis de participer à la restauration de l’église de San Faustino, un petit village près de Rubiera, à sept kilomètres de San Donnino. Le curé de la paroisse l’estimait beaucoup et voulait qu’il s’occupe des rénovations les plus importantes. On les appelait les Peppone et Don Camillo de San Faustino.

Papa était un homme à l’ancienne, mais en même temps moderne, très autoritaire et avec un cœur énorme. Quand il rentrait du travail, il voulait nous trouver tous à la maison. Il m’arrivait rarement d’être absent, la plupart du temps parce que je bavardais ou jouais avec mon ami Stefano, qui habitait non loin de chez nous. Papa m’appelait - à l’époque il n’y avait pas de téléphone portable, les appels se faisaient à l’extérieur – du perron de la porte de la maison, du balcon ou de la fenêtre, et la portée du message était confiée à la force de ses cordes vocales. Entendre sa voix m’intimidait : à ce moment-là, j’aurais déjà dû être à la maison. Il m’arrivait rarement de tarder, mais à chaque fois que cela arrivait, l’anxiété m’envahissait.

Mon père ne m’a jamais donné de gifle, mais il lui suffisait de me regarder. Son regard pesait plus que mille mots et faisait plus peur que les coups. Les hommes de sa génération avaient été éduqués de cette manière, ils devaient être sévères, rigides et craints par leurs enfants pour être considérés comme de bons pères. Parfois, j’avais l’impression qu’il avait peur de se montrer tel qu’il était vraiment, c’est-à-dire un homme sensible et compréhensif. C’était comme s’il craignait que cela lui fasse perdre son autorité. À la maison, il bavardait peu. Les seuls moments de légèreté dont je me souvienne étaient lorsqu’il se moquait gentiment de certaines attitudes de ma mère. Cela nous semblait irréel de le voir comme ça, et nous riions de surprise. Ma mère, au lieu de se fâcher, rétorquait à la plaisanterie sur le même ton et de belles petites scènes de comédie se déroulaient devant nous que nous regardions avec amusement. Son attitude changeait complètement au bar ou au… pigeonnier. Il parlait avec ses amis sans hésitation et en l’observant, il ressemblait à une autre personne ; il était beaucoup plus décontracté, espiègle et souriant. Sa grande passion, son hobby, c’était l’ornithologie. Il aimait particulièrement les canaris et les perroquets, il en avait environ cent cinquante. Il était également un grand admirateur des pigeons voyageurs, et en possédait un bon nombre. Ma sœur et moi étions heureux, car ils étaient une source de revenus pour nous : chaque fois que nous nettoyions les cages, mon père nous donnait cinq cents lires. Pour nous, cette somme était un petit trésor.

Comme on l’a vu, mon père était un homme au grand cœur. Il nous montrait son affection par de petits gestes et des surprises. Quand il n’était pas submergé par les problèmes du quotidien, il aimait beaucoup plaisanter.

Je savais que je ne pouvais pas attendre trop de mes parents. La famille ne roulait pas sur l’or, et à certaines périodes, c’était déjà beaucoup d’avoir l’essentiel. Une chose cependant qui, bien que je comprisse la situation, me faisait beaucoup souffrir : tous mes amis avaient un beau vélo à vitesses, j’étais le seul du groupe à avoir un vieux tacot. Chaque nuit, je rêvais d’avoir un vélo comme les autres, et de me balader avec dans les rues du village et sur la colline de la Villa Spalletti.

Un soir, profitant du fait que papa semblait assez joyeux, je décidais de le lui demander pour la énième fois, avec le secret espoir que ce serait celle où je réaliserais enfin mon rêve. Je me sentais un peu honteux de faire certaines demandes. Mes parents travaillaient tous les deux comme des bêtes de somme pour répondre aux besoins vitaux de la famille, et le nouveau vélo était quelque chose de superflu. J’étais conscient de cela, mais un vélo comme celui des autres était un moyen de me faire accepter par le groupe, de ne pas être discriminé.

J’avais des sueurs froides à l’idée d’avoir à lui demander, son air sévère me faisait peur. Je devais sûrement avoir quelque chose d’étrange sur mon visage, il devait y lire une certaine agitation, parce que de temps en temps, il me regardait subrepticement, puis détournait le regard et le fixait sur ma mère. Il me semblait même qu’un petit sourire bizarre s’échappait de ses lèvres. J’ai commencé à ouvrir la bouche, mais les mots ne sortaient pas. Je me concentrais sur la soupe dans l’assiette, comme si par cette action, je voulais prendre du courage. Je trempai la cuillère dans la soupe molle, la remplis et la portai à ma bouche, mais elle était maintenant froide. Comme cela arrivait souvent, je n’avais pas réalisé le temps passé.

Je me rendis compte alors que tous les convives me regardaient.

–Ça va, Pierluigi ? me demanda ma mère en me regardant profondément dans les yeux. Pourquoi tu ne mangespas ?

Je la regardai puis je regardai l’assiette.

–Je comprends, elle est froide et tu ne l’aimes pas commeça.

Elle se leva, prit l’assiette et changea ma soupe avec celle encore chaude dans la marmite.

–Voilà ! Et maintenant mange, au lieu de rester la tête dans les nuages !

Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais le sentiment qu’elle faisait semblant d’être en colère. J’avais presque l’impression que j’avais écrit le mot « vélo » sur mon front et que tout le monde pouvait lire et ressentir ma souffrance.

–Ok maman, je mange, merci de me l’avoir remplacée.

–Ce soir, tu es étrange Pierluigi, qu’est-ce que tuas ?

Mon père s’arrêta de manger et me regarda attentivement.

–Papa, j’aimerais un nouveau vélo ! dis-je en un souffle.

–Pour quoi faire, tu en possèdes déjàun !

–Papa, mais il est vieux. Mes amis ont celui à vitesses, je suis le seul avec cette épave, dis-je avec impatience et ressentiment.

Il ne semblait pas vraiment vouloir comprendre mes besoins.

–Tout d’abord, ton vélo n’est pas une épave et ensuite, ce n’est pas en imitant les autres que tu apprends à vivre.

Je baissai mon regard mortifié.

–Dans tous les cas, je suis déjà allé chez Neretto.

Neretto était le mécanicien des scooters et des vélos. Il avait un atelier dans lequel il y avait de tout : vélos d’occasion remis en état, vélos neufs, pièces détachées. Tout le monde allait le voir parce qu’on savait qu’on trouverait ce dont on avait besoin.

Mon visage s’éclaira d’uncoup.

–Demain après la fin de l’école, il y a une surprise pourtoi.

Je sautai de ma chaise et couru vers lui et le serrai dans mesbras.

–Mercipapa

Cette nuit-là, je n’ai pas fermé l’œil, j’étais impatient d’être au lendemain pour pouvoir courir chez Neretto. En classe, j’étais plus distrait que jamais, ma concentration, déjà faible, était inexistante ce matin-là. Je n’en pouvais plus, finalement j’allais aussi avoir un vélo à vitesses.

Au son de la cloche, j’ai quitté l’école le cœur battant, j’étais tellement excité, l’atelier n’était pas loin et en peu de temps, j’y étais.

–Bonjour M. Neretto, mon père m’a dit qu’il y avait une surprise pour moi.Monsieur Neretto me regarda, amusé. Bien sûr, ton père est venu me voir pour t’acheter unvélo.

–Je sais, je le veux depuis longtemps. Il a finalement décidé de l’acheter pourmoi.

Je transpirais le bonheur de tous mes pores.

–Viens avec moi.

Neretto se dirigea vers un vélo réparé. Il ne valait même pas un coup d’œil, ça ne pouvait pas être le vélo que papa m’avait acheté.

Mais contre toute attente, il le prit et medit :

–Voici ton nouveauvélo.

C’était un vieux «Bianchi» presque rouillé, mais avec des pneus, une dynamo pour la lumière, une selle et un guidon neufs. Il était vraiment moche. Je voulais pleurer, mais je me suis retenu.

Je me suis fait violence et j’ai essayé de ne pas montrer ma déception. J’ai remercié Monsieur Neretto, je suis monté en selle et j’ai couru à la maison. Une fois arrivé, j’ai été tenté de le jeter par terre et de lui donner un coup de pied. Ce vieux vélo allait me rendre encore plus ridicule auprès de mes amis. Comment mon père avait-il pu me faireça ?

Je me suis senti trompé, humilié et, pour la première fois de ma vie, j’ai maudit le fait de ne pas être né dans une famille aisée, comme celle du comte Spalletti.

Je suis entré dans la maison et étrangement, mon père était déjà de retour, il m’attendait. Avec un sourire légèrement esquissé, il me dit :

–Tu aimes le nouveau vélo ?

–Oui, ai-je répondu avec une boule dans la gorge, puis j’ai couru dans ma chambre et j’ai pleuré toutes mes larmes.

Au bout d’un moment, ma grand-mère m’a rejoint.

–Pierluigi, peux-tu aller à la cave chercher une bouteille de vin, s’il te plaît ?

J’ai essuyé mes larmes avant de me tourner vers elle, je ne voulais pas qu’elle remarque mes pleurs.

–Du vin à cette heure, mamie ?

–Oui, ton père en a besoin.

Cela me paraissait une demande bien étrange. Même si j’étais perplexe, j’obéis. Je me suis à nouveau essuyé les yeux et me dirigeais vers lacave.

Celui qui arriverait à comprendre mon père était perspicace : d’abord la moquerie du vélo, puis le vin l’après-midi. Qui sait ce qui se passait dans son esprit ?

J’étais tellement en colère, déçu, amer, que j’aurais donné des coups de pied à tout ce qui se présentait devant moi, y compris des bouteilles de vin. J’ouvris la porte, désabusé et poussais un cri qui se fit entendre dans tout le voisinage : un fantastique vélo «Bianchi» de couleur rouge métallique, avec cinq vitesses à l’arrière et deux pignons à l’avant, était là devant moi. J’ai recommencé à pleurer, mais cette fois, c’était des larmes dejoie.

À ce moment, ma mère et mon père sont arrivés.

–Tu pensais que je t’aurais laissé sortir avec tes amis sur un vieux vélo ? dit doucement monpère.

J’ai hoché la tête pour direoui.

–Le vieux vélo était pour moi, dit-il en me caressant latête.

–Maintenant, nous pourrons faire quelques balades ensemble ! continua-t-il en me faisant un clin d’œil.

J’étais au septième ciel, je l’ai serré dans mes bras. Ce fut l’un des meilleurs jours de ma vie. Je me sentais l’enfant le plus heureux du monde et je regrettais toutes mes mauvaises pensées.

Ce vélo nous a unis d’une manière particulière. Nous avons fait de nombreuses sorties ensemble qui nous ont rendus complices, une relation s’est établie entre «hommes»qui nous a permis de faire des choses que maman, mamie et ma sœur n’avaient pas à connaitre. Comme nos balades avec la Fiat 500 bleue. J’ai adoré cette voiture, papa à mes yeux est devenu pilote de Formule 1 : il est arrivé dans la cour de l’Arienta, la cour dans laquelle nous vivions, à toute vitesse, puis soudainement il a tiré le frein à main et a fait un dérapage. J’étais si fier delui !

Ma sœur, la petite femme de la maison pour qui mon père avait toujours eu une faiblesse, forte de ma réussite, se mit aussi à faire des demandes. Elle voulait la maison de Barbie. Pendant des mois, la publicité battait son plein et ma sœur en était amoureuse. Ma mère ne voyait pas son utilité, le prix était trop élevé. Mon père était songeur et ne parlaitpas.

Le jour de Noël, tôt le matin, ma sœur et moi nous nous sommes réveillés pour voir si le Père Noël était arrivé. À notre grande surprise, nous avons trouvé la maison de Barbie tant désirée sous le sapin et, pour moi, la première calculatrice électronique : les rêves semblent impossibles à réaliser mais, parfois, des choses inattendues se produisent.

J’ai voulu raconter ces deux épisodes car ce sont eux qui décrivent le mieux la magie que mon père savait créer.

Il était comme ça, il nous aimait presque en silence, il nous félicitait peu en famille, mais aimait beaucoup le faire avec ses amis. Chaque fois que ceux-ci nous l’ont répété, c’était une surprise inattendue et heureuse pournous.

Ma mère

Son prénom est Deanna et elle est née à San Donnino di Liguria. Quelques années avant son mariage, elle avait déménagé à Rubiera, où mon grand-père avait fait construire une belle maison. C’était au début des années soixante.