Une histoire peu ordinaire - Guy Caplat - E-Book

Une histoire peu ordinaire E-Book

Guy Caplat

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Beschreibung

Renaître est une chance et je vais faire en sorte de le mériter. 'Deviens ce que tu es' a murmuré ma voix intérieure. Je vais l'écouter. J'ai choisi ce que je vais devenir : romancière. ... Romancière, je vivrai plusieurs vies, la mienne, celles de mes personnages et celles de mes lecteurs. Je serai multiple. Je serai éternelle. Je ne sais pas ce que sera ce roman, mais j'en ai déjà le titre : 'Une histoire peu ordinaire'. J'en serai le personnage principal. Paule

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Seitenzahl: 136

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Ähnliche


“Some stories are extraordinary. Others are less so but nonetheless deserve our consideration” Edgar Allan Poe

“Certaines histoires sont extraordinaires. D'autres le sont moins mais méritent néanmoins notre attention“ (Trad. Charles Baudelaire)

Sommaire

Paule

UNE TAUPE DANS LES TOPINAMBOURS

CHAPITRE 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Reprise du Chapitre 6

Chapitre 7

Le sort s’acharne sur EDB (Electricité de Bordurie).

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

UNE HISTOIRE S’ACHEVE, UNE AUTRE COMMENCE

CHAPITRE 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Suite du Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 6 - Version 2

Chapitre 6 – Version 2bis

Chapitre 7

Paule

C’était hier.

Je disposais d’une paire d’heures et j’avais décidé de me balader dans Leu Nivo quartier formant avec Leu Quer le cœur du centre historique de Perd. Leu Nivo possédait le caractère oriental des anciennes colonies de l’Arabie Acétite et les traces de son passé étaient demeurées intactes malgré les cinq siècles écoulés depuis l’installation de ce comptoir commercial situé idéalement sur la Route de la Soie.

Je m’étais aventurée dans le dédale des ruelles de la vieille ville ce matin-là de février – sous ces latitudes, l’hiver ne se risquait jamais – et si ce n’était la fraicheur matinale qui embuait le souffle des quidams on aurait très bien pu se croire au milieu du printemps.

J’avais consciencieusement évité le quartier des tanneurs (l’odeur) et me trouvais maintenant dans le souk, rue Ibn Moussa (‘je me demande par quel miracle cette ruelle a pu recevoir la dénomination de rue’ me suis-je dit) et ses marchands d’articles de peausserie. Les rayons du soleil, obliques à cette heure-là, n’éclairaient que la moitié supérieure des façades d’un des côtés de la rue, le gauche pour être précis, et pénétraient par réflexion dans les échoppes en face, celles du côté droit.

Je déambulais tout en jetant un œil discret sur les étals qui se succédaient de part et d’autre de l’étroite voie que se partageaient les badauds et les chariots à bras tirés par des livreurs dépenaillés. Les boutiques déversaient jusque sur le trottoir leurs lots de marchandises. Amusée et curieuse je me suis approchée d’une échoppe où s’alignaient des centaines de sacs de marque, des Ralph Lauren, des Vuitton, des Armani, des Chanel, …

« Dix dromads, ce n’est pas cher. Touchez la qualité. Du pur veau » me dit un commerçant sortant de derrière un empilement de cartons et me fourrant entre les mains un magnifique sac Vuitton à rayures noires et blanches. Je me mis à tâter le sac et en effet son cuir était doux et soyeux. Je l’ouvris. Assez large pour tenir mon carnet de notes, une poche pour glisser plusieurs crayons, une autre pour le téléphone, ‘Ma foi’, me suis-je dit, ‘pour dix dromads, je vais m’offrir ce sac. Je vais quand même tenter de faire baisser le prix !’

« Je vois qu’il vous plait. Vous êtes ma première cliente de la journée et vous savez, la première cliente est sacrée. Je vous le fais à neuf dromads cinquante »

Avant de négocier j’avais déjà gagné un demi-dromad ! ‘Félicitations, ma vieille !’ Tout excitée je me suis entendu dire :

« Neuf dromads »

« Vous alors, vous êtes dure en affaires ! C’est d’accord ; neuf dromads » me dit-il dans un large sourire. J’ai donné un billet de dix dromads, il m’a rendu la monnaie et j’ai poursuivi ma balade dans les ruelles du vieux Perd satisfaite de ma nouvelle acquisition.

Quelques mètres plus loin croisait la rue Ali Gator. Je m’y suis engagée. Là, ce n’était qu’un cortège d’échoppes de marchands de tapis. Des tapis, il y en avait partout, pendus à des cintres, étalés sur des cartons et couvrant le sol. Je les contournais pour éviter de les piétiner, reliquat d’un réflexe inscrit en moi depuis que, jeune enfant, je quittais mes chaussures avant de pénétrer dans la maison où habitaient mes grands-parents dans les faubourgs de Perd. Les tomettes du hall d’entrée, les parquets des chambres et de la salle de séjour, toutes les pièces à l’exception de la cuisine en étaient couvertes. Se déchausser sous l’œil approbateur de Grandmère n’était pas une contrainte car c’était la promesse d’un plaisir, celui de marcher pieds nus sur un tapis et de sentir la souplesse et la chaleur de la laine sous mes orteils. Cette sensation, je l’avais encore en moi, et par un bizarre raccourci de pensée j’associais instinctivement la vue d’un tapis posé au sol à la douceur, à l’amour de mes grands-parents, au silence et à la sérénité qui régnaient dans leur maison.

La pièce que je préférais était la bibliothèque. J’y passais des moments délicieux en compagnie de Grand-père. ‘A y repenser, mon goût pour la lecture puis ma vocation d’écrivaine date de cette époque-là’ me dis-je. Jeune, trop jeune pour lire, je feuilletais les livres que mon grand-père me commentait ; je l’écoutais avidement me raconter les récits les plus fantastiques. Plus tard, quand je sus lire, c’est allongée à plat ventre sur le tapis que j’en tournais les pages.

C’est dans cette position qu’un jour – le dernier passé dans le maison de mes grands-parents, j’avais huit ans – j’avais entendu tinter la cloche du portail, Grand-mère aller ouvrir la porte, une bruit sourd, un verre se briser au sol, un long silence, puis le déplacement d’une chaise dans la cuisine, le pas de Grand-père se dirigeant vers l’entrée, un bruit de chute, la porte qui se referme et à nouveau le silence … J’avais descendu les escaliers sachant par avance ce que j’allais découvrir : mes grands-parents gisant au sol. A leur vue je me suis évanouie. C’est sur le tapis couvrant le sol du hall de l’entrée que les voisins m’avaient découverte tenant encore en mains un livre maculé de sang, du sang de mes grands-parents qui formait deux taches rouges et incongrues sur la laine.

L’évocation de ce passé fut brutalement interrompue : « Un beau tapis ». Un homme se tenait devant moi, un tapis de prière roulé sur son épaule. « Cent dromads pour ce magnifique tapis » Cette intrusion dans ma rêverie cauchemardesque me désempara un instant. J’étais à la fois dans cette ruelle et dans la maison de mes grands-parents.

« Vous allez bien Madame ? » me demanda-t-il sans se douter qu’il était à l’origine de mon trouble.

Quelques secondes se sont écoulées avant que je recouvre totalement la maitrise de mes sens, aidée en cela par le va-et-vient de colporteurs, les marchands interpellant le chaland, la foule bruyante des passants, la réalité de la rue.

« Quatre-vingts dromads »

« Désolée. Une autre fois peut-être » lui ai-je répondu.

Besoin de quitter ce lieu. Besoin de me retrouver seule. J’ai parcouru la rue Ali Gator d’un pas rapide sans un regard sur les tapis qui ornaient les échoppes et sans prêter une oreille aux invitations des commerçants. J’ai enfilé la rue Ibn Fal Zar – renommée pour ses boutiques de fringues – et j’ai débouché sur la place Shah Nouan Kir – connue pour la qualité des cocktails jus de topinambour / crème de cassis servis dans ses bars. J’ai traversé la place sans me soucier du flot de mobylettes jonglant entre les voitures klaxonnantes. Devant moi un taxi était immobilisé dans le trafic de la circulation. J’ai ouvert la portière et je suis montée.

« Où allons-nous ? » demanda le chauffeur.

« Hôtel Beau Rivage »

« Bien Madame » répliqua le chauffeur.

Durant le trajet j’ai eu le temps de retrouver mon calme. J’ai réglé la course, suis descendue du véhicule et je suis montée directement dans ma chambre.

C’était hier.

Ce matin le soleil pénètre par la vaste baie vitrée restée ouverte. Les senteurs d’eucalyptus se mêlent à l’air marin. Face à moi s’étale l’immensité de la mer Karpiskienne. Elle est très agitée. L’une après l’autre les vagues tentent de se suicider en se jetant sur les rochers bordant la plage, n’y parviennent pas et en ressortent blessées. Dans un dernier réflexe elles s’étirent lascivement sur le sable. C’est là que leurs suivantes, indifférentes à leur sort et sans aucun remord, viendront rouler sur leur dernier souffle de vie avant d’expirer à leur tour dans un léger bruissement.

Il est onze heures du matin en ce jour de février. Je suis assise à mon bureau. Sur ma table de travail est empilée une liasse de feuillets. C’est la version pour l’instant non achevée – en fait seuls les six premiers chapitres sont écrits – de mon prochain roman : « Une taupe dans les topinambours », celui qui sera envoyé aux éditions ‘Source Claire’ et qui reviendra, j’en suis persuadée, avec le tampon ‘Accepté’ accompagné d’un contrat à signer en double exemplaire. Ces pages deviendront un livre et, chers lecteurs, celui que vous tiendrez entre les mains et dont vous lirez cette préface.

« Une taupe dans les topinambours » ! Vous n’allez pas me croire, mais trouver un titre à cet ouvrage a été très facile. Je dirai même, une évidence ! Dès l’écriture de la première ligne il était présent. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un roman d’espionnage – mais cela, vous ne le savez pas encore – et parce que 1) ‘taupe’ est à la fois le nom d’un petit mammifère à la vie souterraine et la désignation d’un agent dormant, d’un espion infiltré au cœur d’un dispositif ennemi et que 2) le ‘topinambour’ est un tubercule dont est friande la taupe.

Si l’on rajoute que l’action se déroule en Karpiskie et que les pays de cette région – ainsi que la Corchine leur voisine – revendiquent la place de leader mondial dans la production de topinambours, vous comprendrez pourquoi ce titre s’est imposé de lui-même.

« Une taupe dans les topinambours » est mon deuxième roman. Il constitue un complément au premier intitulé « L’Affaire Topinambour ». Les deux forment un tout, un tout qui comme tous ‘tout’ est plus que la somme de ses parties car dans leurs interstices vont se glisser des compléments de sens, mais également un tout qui est moins que la somme de ses parties car dans tous ‘tout’ chaque partie perd dans sa liaison aux autres une part de sa liberté.

Bref. Pour ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de lire « L’Affaire Topinambour », je vais en faire ici une brève introduction. Brève et limitée car dans la mesure où « L’Affaire Topinambour » concourt dans la catégorie ‘roman policier’ il ne faudra pas s’étonner que je n’en dévoile pas la fin.

Mais avant, chers lecteurs, il faut que vous sachiez que tout ce qui est raconté dans « L’Affaite Topinambour » et dans « Une taupe dans les topinambours » est véridique. Les personnages de ces romans ont réellement existé, sous d’autres noms naturellement pour préserver leur véritable identité (certains sont encore en activité). Je suis d’ailleurs l’un d’eux, ce qui fait de moi à la fois autrice et personnage de ces ouvrages autobiographiques.

Revenons-en au résumé tronqué de mon premier roman : « L’Affaire Topinambour »

Nous sommes donc au cœur de la Karpiskie, région située à l’extrême Est du continent européen – plus à l’est c’est la Corchine (capitale Lim A Ongl) et le continent asiatique. La Karpiskie est bordée au sud et à l’est par la mer Karpiskienne, et du sud-ouest au nord-est par les Balkouilles, une haute chaîne de montagnes quasi-infranchissable – véritable frontière naturelle trouée par le seul col de Brajinsky – qui isole cette région du reste de l’Europe et de l’Asie. Entre la mer Karpiskienne et les Balkouilles une large plaine (le ‘grenier de la Karpiskie’) coulent les fleuves Prout et Dniepr et leurs affluents.

Trois pays composent la Karpiskie. Ce sont le Bordurie au Sud-Est (capitale Brnv), la Syldavie au Sud-Ouest (capitale Spetch) et la Transylvestrie au Nord (capitale Cluj). Notons que jusqu’à la Révolution du 18/02/1802 la Bordurie et la Syldavie formaient un seul pays, le Royaume de Bordavie dirigé par Piotr IX.

L’action de « L’Affaire Topinambour » se déroule dans la cité balnéaire de Perd (Bordurie) en bord de mer Karpiskienne à deux périodes différentes : en mai 2004 à l’Hôtel Beau Rivage, et en février 2021 dans le même lieu devenu entre-temps Domaine Beau Rivage. On peut ajouter que ce lieu deviendra quelques années plus tard. une clinique, la ‘Clinique Beau Rivage’.

Mai 2004. A cette époque la Bordurie et la Syldavie se chamaillent : elles briguent toutes deux la place de premier producteur mondial de topinambours (sous le regard amusé des Transylvestres et des Corchinois) et cette compétition est une source de conflits permanents entre ces deux nations qui s’accusent mutuellement de trafics de semence, espionnage industriels, vols de brevets, etc.

Pÿa Tagluc, Professeur de Versionologie à l’Université de Spetch (Syldavie) est invité à une Conférence Scientifique qui se tient à Perd (Bordurie). Il loge à l’Hôtel Beau Rivage. Membre des Services Secrets Syldaves il est chargé de s’emparer de la formule d’un agent chimique employé par les voisins bordures.

Il a obtenu ce qu’il voulait et s’apprêtait à en informer les Services Secrets Syldaves quand il trouve une lettre glissée sous la porte de sa chambre :

« Nous avons été trahis.

Fuyez mon ami, pendant qu’il est encore temps.

Vive la Syldavie, notre mère Patrie

Lucy »

Taga Plucy, en tant que chef de la sécurité de l’Hôtel Beau Rivage propose à Pÿa de rédiger une lettre où il annonce son suicide avant de s’échapper par un tunnel secret qui le conduirait hors du domaine. Ainsi il passerait pour mort et ne serait plus poursuivi. Pÿa rédige la lettre :

« Par ce message je vous annonce que je renonce à participer au 3ème Symposium de Versionologie, ainsi qu’à tous ceux qui suivront.

Métro, Labo, Dodo, je ne supporte plus cette vie trépidante. Je n’ai pas de famille à chérir. Les vertes forêts de ma Syldavie maternelle resteront dans mon cœur au moment où je me jetterai dans les eaux profondes de la mer Karpiskienne.

De grâce, gardez de moi le souvenir d’un homme intègre qui a consacré sa vie à la Science. Je ne doute pas un instant que la Versionologie connaîtra de beaux développements et laissera une trace indélébile dans l’épistémologie contemporaine.

Adieu !

Professeur Pÿa Tagluc»

mais au dernier moment il renonce à s’enfuir par le tunnel. Secrètement il rejoindra par lui-même la Transylvestrie voisine où il sera accueilli par une collègue, Agat Cyplu, Professeure de littérature à l’Université de Cluj. Ce qu’il ignore au moment de sa fuite, c’est qu’Agat Cyplu est également cheffe des Services Secrets Transylvestres.

Après une intervention de chirurgie plastique qui modifiera son apparence il vivra en Transylvestrie sous une nouvelle identité, celle de Paul Tagyc, et occupera un siège au sein de la prestigieuse Académie de Littérature Karpiskienne.

En février 2021 Agat Cyplu et Paul Tagyc (alias Pÿa Tagluc) se retrouvent au Domaine Beau Rivage pour participer à une Master-Class de Littérature d’une semaine en compagnie de quatre autres stagiaires, tous invités par le nouveau propriétaire du Domaine, Puyg Tacal, écrivain et directeur de la maison d’éditions ‘Rivière Grise’. Sont également présents au Domaine Taga Plucy, l’ancien chef de la Sécurité de l’Hôtel Beau Rivage devenu homme à tout faire au Domaine Beau Rivage ainsi que sa compagne Lucy. Un lieu clos, un crime (n’oublions pas que « L’Affaire Topinambour » est un roman policier), un enquêteur, naturellement plusieurs coupables potentiels, des rebondissements, mais … chut !

Mais, revenons à nos moutons. Je vous disais que le soleil pénétrait par la vaste baie vitrée de ma chambre d’hôtel, que les senteurs d’eucalyptus se mêlaient à l’air marin, que devant moi s’étalait l’immensité de la mer Karpiskienne, aujourd’hui agitée (vous vous souvenez : les vagues se jetant sur les rochers bordant la plage, etc), et que j’étais assise à ma table de travail sur laquelle sont posés les six premiers chapitres de « Une taupe dans les topinambours ».

Il est l’heure d’en poursuivre la rédaction. Mais avant, je dois me remettre dans l’ambiance. Je saisis les feuilles et commence à lire.

UNE TAUPE DANS LES TOPINAMBOURS

Chapitre 1