Une vieille affaire - Guylaine Menot - E-Book

Une vieille affaire E-Book

Guylaine Menot

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Beschreibung

Nathalie, 12 ans, en a assez de déménager sans cesse ! Elle ne reste jamais assez longtemps dans une école pour se faire des amis. Pourtant, dans cette nouvelle ville et nouvelle classe, elle décide de faire un effort. Une occasion ? Un devoir d'Histoire sur un résistant local va la rapprocher d'un de ses vieux voisins, passionné d'Histoire. Et si l'amitié n'avait pas d'âge ?

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Seitenzahl: 51

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Chez BoD :

Mardi, HP.,2021

Riff, 2020

L’Elfe sous mon oreiller, 2017

Chez Le Manuscrit :

Les Carnets cul de Gab, 2013 (épuisé)

Mortelle, 2009

La Main coupée, 2003

Illustrations (couverture et intérieur) : Elina Bureau

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

1

Je n'aime pas cette ville.

Je n'aime pas ma nouvelle école.

Je n'aime pas ma nouvelle chambre dans ma nouvelle maison.

Je n'aime pas nos nouveaux voisins.

Et j'en ai assez de devoir toujours rajouter "nouveaux" aux endroits où je vis.

C'est notre 3ème déménagement en deux ans. Pas vraiment le temps de s'habituer, de s’attacher, de se faire des amis... Alors cette fois j'ai décidé : je ne veux pas m'habituer ! Trop facile de compter sur le bon caractère placide de Nathalie Boulet.

Nathalie Boulet, c'est moi.

Quand je me regarde dans la glace, je vois une fille un peu grande pour son âge (bientôt 12 ans) avec des cheveux noirs bouclés genre mouton, des yeux marrons et quelques taches de rousseur sur une peau toute blanche... et puis surtout je vois une allure de garçon manqué. Si la glace allait jusqu'aux pieds elle réfléchirait des jeans, des pulls « informes » dit ma mère, ou des tee-shirts, des tennis usés, le tout bien assorti à un visage pas très "féminin" plutôt "revêche".

C'est grand-mère Yard qui emploie ce mot. La mère de mon père divorcé… Pas de quoi en faire tout un foin, rien que dans ma nouvelle classe nous sommes six enfants de séparés.

Je tourne à droite dans ma nouvelle rue : rue Jean Dubast : résistant fusillé par les allemands en 44. C'est marqué dessus, sinon je ne le saurais pas.

Ma nouvelle maison, c'est la troisième de la rue.

D'ici on voit déjà son pignon en bois blanc qui dépasse.

C'est vrai en tout cas qu'elle est plus grande que toutes celles qu'on a loué jusqu'à présent. La province c'est moins cher, surtout une ville de moins de 30000 habitants. Alors pour une fois on est dans le quartier chic.

Je ralentis. Je m’arrête devant la maison juste avant.

J'observe la fenêtre de ma chambre : grand vasistas moderne. J'ai tout une soupente lumineuse et aménagée ! Non ! Je ne dois pas me réjouir, puisque j'ai décidé de ne pas m'habituer.

-"Bonjour jeune fille."

Je sursaute. C'est le vieux, le voisin qui vient de me parler. Il récupère son courrier dans sa boite aux lettres.

Je marmonne un "bonjour" en le regardant repartir. Il trottine vers son perron avec cette drôle d'allure rapide et pourtant hésitante de beaucoup de personnes âgées.

Quand je pense que de l'autre côté, notre voisine est encore plus vieille que lui et qu'elle vit avec au moins cinq chats, genre anglaise comme dans les films ! Je n'aime vraiment pas nos voisins. J'aurais préféré une famille pleine de jeunes, de rires, de bruits.

Machinalement je regarde la boite aux lettres. C'est un modèle comme aux USA, longue pour bien mettre les revues. Est-ce qu'il l'a rapporté de là-bas ou trouvée dans une brocante par ici ? Maman dit que les brocanteurs du coin font des prix raisonnables, qu'on pourra se meubler bien pour pas cher... Je n'aime pas les meubles anciens, mais j'aime bien les réparer : ça m'occupe, alors du coup maman a toujours cru que j'aimais les vieilles choses.

Mon regard s'arrête alors sur le nom inscrit sur la boite.

Moi qui pensais avoir un nom dur à porter ! Boulet pour une fille de presque 12 ans toujours en CM2... Lui, le vieux voisin, il a dû en entendre des vertes et des pas mures toute sa vie avec un nom pareil : il s'appelle Charme ! J'espère pour lui qu'au moins il était mignon quand il était jeune !

A notre portail, maman a déjà accroché sa plaque :

Magalie Boulet, infirmière D.E. (pour diplômée d'état). C'est à cause de son métier, dit-elle, qu'on a tant déménagé. Depuis qu'elle s'est lancée en indépendante, après avoir longtemps travaillé en hôpital, elle n'a trouvé que des remplacements. Ici, elle reprend une collègue qui part à la retraite. Alors elle espère que ce sera la bonne installation... Elle l'espère à chaque fois.

2

-"Nathalie, descends déjeuner s'il te plaît."

-"Ouais, ouais..."

Ça tombe bien, je commençais à m'ennuyer. Depuis plus d'un quart d'heure je suis accoudée à la petite fenêtre de ma chambre - le vasistas est trop haut - et j'observe le voisinage... Les toits, les arbres... Les gens aussi. J'aime bien regarder sans être vue.

Je descends l'escalier quatre à quatre. Depuis qu'on est là avec maman on a pris l'habitude de manger à la cuisine... C'est vrai qu'elle fait le double de l'ancienne.

On garde le salon pour les desserts ou la télé. J'aime bien quand on déjeune comme ça, même si on ne se dit pas grand-chose. C'est un moment à part, comme sorti du monde, avec en plus toute la lumière du jour qui nous éclaire, puisque la cuisine a 2 fenêtres ! C'est vraiment une belle maison...

Moi qui avais dit que je refusais de m'y habituer.

-"Oh, mince !" Le regard de maman a croisé la pendule "Je vais être en retard pour la piqûre de madame Rebaud." Elle finit son café d'un trait. Elle est déjà debout.

-"Ah, tiens" Elle pose sur la table une revue. "Le facteur s'est trompé. C'est pour notre voisin de gauche. Tu veux bien lui rapporter s'il te plaît ?"

-"OK." Pas la peine de râler, ça ne servirait à rien, juste à me faire gronder. Je lui refourrerais sa revue dans sa boite américaine au vieux Charme, ce sera suffisant.

Maman sourit. Forcément, elle ne devine pas ce qui traîne dans ma tête.

-"A ce soir alors."