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La notion de vérité est ambiguë. On peut parler d'une proposition vraie ; mais on peut parler également de la vérité de son contenu, comme Platon a posé celle des objets hypostasiés en Idées, que vise d'après lui la connaissance …
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Seitenzahl: 54
Veröffentlichungsjahr: 2016
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La réflexion sur la vérité a suscité bien des spéculations philosophiques. D’abord sur sa nature. Deux positions, l’une réaliste, l’autre idéaliste, s’opposent sur ce problème : d’un côté, la vérité se définit par l’adéquation de l’esprit à la chose, avec souvent l’entendement divin comme intermédiaire entre l’entendement humain et les choses mêmes ; de l’autre, la vérité se définit soit par l’accord des esprits, soit même par un caractère plus franchement intrinsèque, chaque vérité n’étant telle que par son rapport systématique à l’ensemble des vérités. Il faut aussi mentionner la théorie pragmatiste qui a fleuri aux environs de 1900 et qui, transformant un critère de la vérité en une définition, définit la vérité par le succès dans l’action qu’elle commande. Une autre grave question est celle du rapport de la vérité aux autres valeurs : est-elle une simple valeur parmi les autres (éthiques, esthétiques, vitales, par exemple) ? Et, alors, quelle est sa place dans la hiérarchie des valeurs ? Ou bien plane-t-elle au-dessus des valeurs, les dominant toutes par l’exigence que soient vrais les jugements que nous portons sur elles ? S’étant borné à signaler ces problèmes d’ordre métaphysique ou axiologique, abordés en d’autres articles, on ne traitera ici le sujet que d’un point de vue logique et épistémologique.
Robert BLANCHÉ
La notion de vérité est ambiguë. On peut parler d’une proposition vraie ; mais on peut parler également de la vérité de son contenu, comme Platon a posé celle des objets hypostasiés en Idées, que vise d’après lui la connaissance.
Une première exigence à remplir pour que la vérité acquière un statut prédicatif a donc été de séparer les noms et les choses. Faute d’une telle séparation, la conception, devenue traditionnelle, de la logique comme science des conditions formelles du raisonnement vrai n’aurait jamais vu le jour.
On s’attachera ici au développement du rapport entre sens et vérité, et on montrera que l’évolution du concept de vérité, qui par sa normativité assure à la pensée son caractère rationnel, est inséparable d’une grammaire de la composition du sens.
Antonia SOULEZ
« Vérité » ainsi que son antonyme « fausseté » sont des adjectifs substantivés. Ces adjectifs, « vrai » et « faux », ne peuvent être employés proprement que comme prédicats. Quels sont les sujets possibles pour de tels prédicats ? Ils ne peuvent être attribués, en toute rigueur, à des choses, mais seulement à ce que nous pouvons dire ou penser sur les choses ; c’est par extension, et par manière abrégée de parler, que, dans le langage usuel, on leur fait aussi qualifier des choses. Dire « un vrai ami » ou « une vraie crapule » veut signifier que les mots d’ami ou de crapule doivent ici être entendus en leur sens fort, ou encore revient à affirmer que la proposition « c’est un ami » (ou bien « c’est une crapule ») est une proposition vraie. On voit mieux encore ce déplacement du sens avec le faux. Car enfin une fausse joie a bien été réellement une joie, une fausse alerte a tout de même été véritablement une alerte, une fausse note n’en est pas moins une note. Le vrai et le faux ne peuvent s’attribuer proprement qu’à des propositions, en caractérisant celles-ci, ainsi que faisait Aristote, comme « le discours dans lequel résident le vrai et le faux ».
Seulement, le mot même de proposition demande à être précisé. En français, il a le plus souvent un sens grammatical (propositions infinitive, incidente, subordonnée, par exemple), il est lié au langage. Mais il a pris de plus en plus, dans le vocabulaire des logiciens, le sens de « ce qui est proposé », et que le langage a seulement pour fonction d’exprimer. C’est, si l’on veut, la signification de la phrase, quelque chose qui subsiste par soi-même, indépendamment de la manière accidentelle dont elle peut être exprimée et même connue. En ce sens, Bolzano parlait de « propositions en soi » (Sätze an sich), à propos, par exemple, des théorèmes de l’arithmétique, auxquels rien n’est changé quand nous les découvrons ou les exprimons. Il semble assez clair que c’est aux propositions entendues en ce sens objectif, plutôt qu’à l’assemblage de mots qui les exprime, que peut convenir proprement la qualification de vraies ou de fausses, cette vérité ou cette fausseté rejaillissant alors, en quelque sorte, sur les phrases par lesquelles nous les signifions à autrui ou les formulons pour nous-mêmes. La différence entre la proposition ainsi entendue et la phrase apparaît clairement en ce que la même proposition peut être exprimée par des phrases très différentes, par exemple quand on passe d’une langue à une autre, tandis qu’inversement une même phrase peut, selon le contexte ou selon celui qui la prononce, renvoyer à des propositions différentes, par exemple quand, ayant pour sujet un pronom personnel, elle est prononcée par vous ou par moi. De plus, toutes les phrases douées de sens n’expriment pas des propositions, mais seulement celles qu’on appelle « déclaratives » : une phrase interrogative, impérative, optative ne saurait être dite « vraie » ou « fausse ».
Mais aussitôt apparaissent des difficultés. Invoquer des « propositions en soi », auxquelles manque l’existence spatio-temporelle, mais qui néanmoins ont une manière qui leur est propre de « subsister », comme dit Russell, n’est-ce pas s’engager dans une métaphysique aventureuse, dans un réalisme des essences, à la manière de celui des Idées platoniciennes ? Pour éviter de telles implications métaphysiques, nombre d’auteurs ont été amenés à s’en tenir à la phrase, qui est quelque chose de perceptible aux sens et, si l’on peut dire, de « palpable ». C’est ainsi qu’un