Ernest Renan
Vie de Jésus
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table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII
CHAPITRE XVIII.
CHAPITRE XIX.
CHAPITRE XX
CHAPITRE XXI.
CHAPITRE XXII.
CHAPITRE XXIII.
CHAPITRE XXIV.
CHAPITRE XXV.
CHAPITRE XXVI.
CHAPITRE XXVII.
CHAPITRE XXVIII.
INTRODUCTION
Une
histoire des «Origines du Christianisme» devrait embrasser toute la
période obscure, et, si j'ose le dire, souterraine, qui s'étend
depuis les premiers commencements de cette religion jusqu'au moment
où son existence devient un fait public, notoire, évident aux yeux
de tous. Une telle histoire se composerait de quatre livres. Le
premier, que je présente aujourd'hui au public, traite du fait même
qui a servi de point de départ au culte nouveau; il est rempli tout
entier par la personne sublime du fondateur. Le second traiterait des
apôtres et de leurs disciples immédiats, ou, pour mieux dire, des
révolutions que subit la pensée religieuse dans les deux premières
générations chrétiennes. Je l'arrêterais vers l'an 100, au moment
où les derniers amis de Jésus sont morts, et où tous les livres du
Nouveau Testament sont à peu près fixés dans la forme où nous les
lisons. Le troisième exposerait l'état du christianisme sous les
Antonins. On l'y verrait se développer lentement et soutenir une
guerre presque permanente contre l'empire, lequel, arrivé à ce
moment au plus haut degré de la perfection administrative et
gouverné par des philosophes, combat dans la secte naissante une
société secrète et théocratique, qui le nie obstinément et le
mine sans cesse. Ce livre contiendrait toute l'étendue du IIe
siècle. Le quatrième livre, enfin, montrerait les progrès décisifs
que fait le christianisme à partir des empereurs syriens. On y
verrait la savante construction des Antonins crouler, la décadence
de la civilisation antique devenir irrévocable, le christianisme
profiter de sa ruine, la Syrie conquérir tout l'Occident, et Jésus,
en compagnie des dieux et des sages divinisés de l'Asie, prendre
possession d'une société à laquelle la philosophie et l'État
purement civil ne suffisent plus. C'est alors que les idées
religieuses des races groupées autour de la Méditerranée se
modifient profondément; que les cultes orientaux prennent partout le
dessus; que le christianisme, devenu une église très-nombreuse,
oublie totalement ses rêves millénaires, brise ses dernières
attaches avec le judaïsme et passe tout entier dans le monde grec et
latin. Les luttes et le travail littéraire du IIIe
siècle, lesquels se passent déjà au grand jour, ne seraient
exposés qu'en traits généraux. Je raconterais encore plus
sommairement les persécutions du commencement du IVe
siècle, dernier effort de l'empire pour revenir à ses vieux
principes, lesquels déniaient à l'association religieuse toute
place dans l'État. Enfin, je me bornerais à pressentir le
changement de politique qui, sous Constantin, intervertit les rôles,
et fait du mouvement religieux le plus libre et le plus spontané un
culte officiel, assujetti à l'État et persécuteur à son tour.Je
ne sais si j'aurai assez de vie et de force pour remplir un plan
aussi vaste. Je serai satisfait si, après avoir écrit la vie de
Jésus, il m'est donné de raconter comme je l'entends l'histoire des
apôtres, l'état de la conscience chrétienne durant les semaines
qui suivirent la mort de Jésus, la formation du cycle légendaire de
la résurrection, les premiers actes de l'église de Jérusalem, la
vie de saint Paul, la crise du temps de Néron, l'apparition de
l'Apocalypse, la ruine de Jérusalem, la fondation des chrétientés
hébraïques de la Batanée, la rédaction des évangiles, l'origine
des grandes écoles de l'Asie-Mineure, issues de Jean. Tout pâlit à
côté de ce merveilleux premier siècle. Par une singularité rare
en l'histoire, nous voyons bien mieux ce qui s'est passé dans le
monde chrétien de l'an 50 à l'an 75, que de l'an 100 à l'an 150.Le
plan suivi pour cette histoire a empêché d'introduire dans le texte
de longues dissertations critiques sur les points controversés. Un
système continu de notes met le lecteur à même de vérifier
d'après les sources toutes les propositions du texte. Dans ces
notes, on s'est borné strictement aux citations de première main,
je veux dire à l'indication des passages originaux sur lesquels
chaque assertion ou chaque conjecture s'appuie. Je sais que pour les
personnes peu initiées à ces sortes d'études, bien d'autres
développements eussent été nécessaires. Mais je n'ai pas
l'habitude de refaire ce qui est fait et bien fait. Pour ne citer que
des livres écrits en français, les personnes qui voudront bien se
procurer les ouvrages suivants:Études
critiques sur l'Évangile de saint Matthieu,
par M. Albert Réville, pasteur de l'église wallonne de
Rotterdam[1].Histoire
de la théologie chrétienne au siècle apostolique,
par M. Reuss, professeur à la Faculté de théologie et au
séminaire protestant de Strasbourg[2].Des
doctrines religieuses des Juifs pendant les deux siècles antérieurs
à l'ère chrétienne,
par M. Michel Nicolas, professeur à la Faculté de théologie
protestante de Montauban[3].Vie
de Jésus, par le
Dr Strauss, traduite par M. Littré, membre de l'Institut[4].Revue
de théologie et de philosophie chrétienne,
publiée sous la direction de M. Colani, de 1850 à 1857.—Nouvelle
Revue de théologie,
faisant suite à la précédente, depuis 1858[5].les
personnes, dis-je, qui voudront bien consulter ces excellents
écrits[6],
y trouveront expliqués une foule de points sur lesquels j'ai dû
être très-succinct. La critique de détail des textes évangéliques,
en particulier, a été faite par M. Strauss d'une manière qui
laisse peu à désirer. Bien que M. Strauss se soit trompé dans sa
théorie sur la rédaction des évangiles[7],
et que son livre ait, selon moi, le tort de se tenir beaucoup trop
sur le terrain théologique et trop peu sur le terrain historique[8],
il est indispensable, pour se rendre compte des motifs qui m'ont
guidé dans une foule de minuties, de suivre la discussion toujours
judicieuse, quoique parfois un peu subtile, du livre si bien traduit
par mon savant confrère, M. Littré.
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
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