Ville et gouvernance urbaine - Jean-Paul Safou - E-Book

Ville et gouvernance urbaine E-Book

Jean-Paul Safou

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Beschreibung

Ville et gouvernance urbaine n’est pas seulement un titre, mais une problématique à prendre au sérieux lorsqu’on aborde la ville africaine. Du Paléolithique aux temps contemporains, l’Homme a su trouver des solutions face aux difficultés, aux allures parfois insurmontables grâce à son intuition vivante. Avec l’avoir, le pouvoir et le savoir dont elle dispose à ce jour, l’élite africaine n’a pas d’excuses à présenter quand il s’agit d’améliorer son cadre de vie, son espace urbain. La démarche de l'auteur vise à remettre sur la place publique la question des institutions urbaines en Afrique, qui ont montré leur défaillance, afin de trouver, dans un cadre démocratique, la manière de sortir d’une gouvernance chaotique.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Détenteur d’une maîtrise en Problèmes et pratiques d’Aménagement urbain dans les pays en voie de développement, d’un DESUP de Sociologie du développement option Sociologie urbaine, d’un DEA de Transport urbain et d’une formation pratique en Logistique Transport International, Jean-Paul Safou est le directeur de JSP CONSEIL, cabinet conseil en aménagement urbain. Avec cet ouvrage, l'auteur fait connaître sa volonté de voir émerger un profil urbain nouveau par rapport à celui qu’on voit aujourd'hui.

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Jean-Paul Safou

Ville et gouvernance urbaine

Essai

© Lys Bleu Éditions – Jean-Paul Safou

ISBN : 979-10-377-5312-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Je dédie ce livre aux amoureux de l’espace urbain ; une partie de la planète, espace de vie de la majorité des humains aujourd’hui, que personne ne peut réduire au silence, ni faire preuve d’indifférence face aux enjeux du moment et des moments à venir ;

À mon père Mavoungou Alexis et à ma mère

Bouanga Béatrice, bien que n’étant plus de ce monde, une éternelle reconnaissance. En vous je trouve fierté aussi raison de vivre et de transmettre aux autres l’amour reçu ;

À ma famille, au sens large du terme, toute ma gratitude car c’est grâce à vous que tout ceci est rendu réalisable.

Je ne saurais écarter la contribution des amis et connaissances, la démarche nécessite de l’encouragement et c’est ce que vous faites au quotidien. De tout cœur, merci.

Défini comme un devenir illimité, aux bords de plus en plus imprécis, le phénomène urbain est abordé comme un énorme puzzle dont toutes les pièces ne coïncident pas toujours forcément entre elles, ne serait-ce qu’à cause de l’écart entre les « pièces montées » de l’architecture et le bricolage de la ville en train de s’inventer et se réécrire sans fin.

Jean-Christophe Bailly

Introduction

La problématique « Ville et gouvernance urbaine » tout comme d’autres problématiques liées à l’espace urbain s’invite sur la table de la réflexion du fait de la dynamique de l’élément à dompter. Julien Damon reconnaît qu’ : « Il n’est probablement pas un jour dans le monde sans conférence internationale portant sur les villes et leur avenir. »

L’importance de la problématique amène à revisiter les mini révolutions qui ont conduit à l’éclosion de l’espace urbain tel que nous le connaissons aujourd’hui. En effet, bien que les peuples du monde entier aient vécu l’époque du

Paléolithique, du Néolithique avant d’atteindre celle dite moderne, force est de reconnaître que toutes les sociétés n’ont pas évolué de façon unilinéaire. Il reste que les pays qui, très tôt, ont pris à cœur la dynamique urbaine ont accompagné cette prise de conscience par la mobilisation des moyens à la fois humains, financiers, techniques et institutionnels.

La démarche comparative adoptée ne vise pas à « Européaniser » les villes africaines à la longue ou à imposer de manière aveugle tout ce qui se fait sous d’autres cieux, mais à trouver les éléments correctifs adaptables à la sociologie urbaine en Afrique. En d’autres mots, notre démarche consiste à faire des expériences menées ailleurs une source d’inspiration pour piocher les éléments correctifs au bénéfice de la société urbaine africaine. Nous parlons de « ville et gouvernance urbaine » car la gestion de l’espace doit être menée en utilisant les outils fiables propres à l’espace urbain, des institutions à la hauteur des enjeux. Car nous croyons qu’il est possible de vivre une « révolution urbaine » en Afrique pourvu que les autorités voient en la ville le principal point de décollage de l’économie du continent africain. L’illustration à travers les thèmes soulevés dans cet ouvrage vise à pousser l’élite aux commandes, ceux et celles qui veulent bien porter la pierre à l’édifice à sortir de sa zone de confort, à trouver des éléments de réponse pour que la ville africaine devienne un réel lieu de vie. Soucieux de l’intérêt commun, sereinement, nous abordons le sujet dans l’espoir de contribuer à la modernité de l’espace urbain africain.

Rien de grand ne se fait dans le monde sans passion.

Hegel

Chapitre I

La ville à travers l’histoire

Cette réflexion porte bien le titre : « Ville et gouvernance urbaine ». Plusieurs thèmes seront abordés d’où l’évident besoin, de prime abord, d’apporter quelques notes de précision sur les deux principaux thèmes à savoir : ville et gouvernance urbaine.

Qu’est-ce que la ville ? La ville répond à plusieurs définitions d’où la difficulté de trouver une qui mette tout le monde en accord. Néanmoins, le dictionnaire de la sociologie définit la ville en tant qu’« ensemble diversifié de populations, d’activités et d’institutions concentrées sur un même territoire. » Elle s’entend aussi comme une « concentration des Hommes, des institutions et des activités administratives, économiques, sociales, cultuelles et culturelles dans un même espace ». Cette concentration dans un espace se veut harmonieuse assurant en toute fluidité des échanges entre les différents territoires qui la composent. On admet aussi que « la ville est un concentré de toutes les composantes de la société partageant un espace dit urbain en opposition à l’espace dit rural ».

La Gouvernance fait sens au rapprochement entre le droit public et le droit privé, allusions aux relations entre dirigeants et dirigés, entre l’État et la société civile. C’est aussi l’ensemble des interactions entre l’État et les collectivités locales et le secteur privé.

Parlant particulièrement de la Gouvernance urbaine, d’après le dictionnaire français, celle-ci s’entend comme un « processus de mobilisation et de coordination d’acteurs, de groupes et d’institutions cherchant à réaliser des projets urbains afin d’aménager et de développer durablement les territoires urbains. » C’est la symbiose entre parties différentes partageant le même territoire ; la corrélation entre gouverneurs et gouvernés sur des thèmes ou projets communément élaborés par le moyen de la gestion urbaine de proximité. Elle désigne les modalités de prise de décision dans la gestion d’une ville.

« L’homme a rendu histoire tout ce qu’il a touché de sa main créatrice : la pierre comme le papier, les tissus comme les métaux, le bois comme les bijoux les plus précieux. » Nous faisons nôtre cette citation de J. K. Zerbo lisible dans son livre intitulé « l’histoire de l’Afrique noire » publié aux éditions Hatier, Paris 1978. En effet, du paléolithique jusqu’aux temps dits modernes, la formation de la ville est une œuvre qui résulte d’une succession de mutations dont l’intelligence humaine a fait preuve et continue d’en faire afin de consolider l’héritage. On aura donc tort de croire que les temps anciens sont innocents à l’éclosion de l’espace urbain contemporain. Il est plutôt le résultat d’une succession de « mini révolutions ». Les traces de ces « minirévolutions » successives nous sont révélées grâce aux vestiges mis en surface par les fouilles archéologiques. Grâce à ce métier exaltant, nous avons le bénéfice de nous plonger dans le passé. En l’exhumant, l’archéologie permet d’apprécier la portée de l’imagination créatrice de l’Homme ancien. Notre connaissance des origines de la cité est le fruit du travail mené avec l’aide de la science par des chercheurs soucieux de faire parler un sous-sol riche en information sur notre histoire, bien particulièrement celle de la cité, l’ancêtre de la ville dans le cas d’espèce. Autant de richesses qui permettent de connaître, même partiellement, ce passé afin de délinéer « sereinement » la civilisation urbaine. Grâce à ces vestiges, nous pouvons imaginer les différentes étapes qui ont conduit l’homme primitif d’abord nomade à se sédentarise par la suite. Qu’est-ce que la cité ? Pour des raisons de précision, il s’agit ici de la « cité antique ». Par ses origines dont les traces ont été effacées par le poids du temps mais remontées à la surface grâce à l’archéologie, L. Mumford reconnaît qu’ : « Elle, parlant de la cité, est apparue sous des formes multiples qui ne permettent pas une définition unique. On ne la décrit pas aisément parce qu’elle se transforme : à l’origine, c’est un noyau social infime, puis elle connaît les étapes complexes de la maturité, enfin elle vieillit, elle s’effrite. Ses origines sont obscures : trop souvent, les traces de son passé se sont effacées, et il est difficile de prévoir son avenir ». Cet aveu de faiblesse quant à la définition de la cité n’empêche pas de dire, en feuilletant les pages de l’Encyclopédie de la langue française, que la cité est « la fédération de tribus dotée d’institutions religieuses et politiques ». On peut donc se plaire à dire que la « cité antique » est « cet espace que l’homme s’est donné, et à partir duquel son intuition vivante a permis à son sens de l’organisation d’émerger séparant ainsi son lieu de vie de son espace d’approvisionnement ».

Section 1 : Du hameau à la cité

Il faut entendre par hameau les habitations précaires permettant aux nomades, avant la sédentarisation, de s’abriter temporairement.

L’histoire de la « cité », l’ancêtre de la ville contemporaine, remonte aux premières organisations sociales de l’humanité. L’obstination de la science et l’audace des Hommes ont été déterminantes pour qu’on arrive à une connaissance même partielle de son histoire. En remontant le temps, on découvre avec enthousiasme que tout commence au Paléolithique c’est-à-dire « l’âge de la pierre taillée ». Le Paléolithique ou « la pierre ancienne », pour la mémoire, est cette longue période de la préhistoire pendant laquelle, l’Homme est passé du stade de l’Australopithèque à celui de l’Homo sapiens. De cette longue période séparée de la nôtre par de millénaires nous ne connaissons pas grand-chose sur l’Homme ni sur sa structure sociale. Néanmoins, les recherches archéologiques laissent entendre que la société d’alors a connu une transformation accompagnée de mutations « technologiques, sociales et psychologiques ». À cette époque, à en croire les historiens, l’attention de l’Homme est plus portée sur sa survie. Avec l’aide d’un outil aussi rudimentaire que la pierre, une grande avancée sociale à cette époque, une révolution dirions-nous, l’Homme du Paléolithique a dû s’extérioriser pour pénétrer son environnement physique immédiat afin de trouver de quoi satisfaire son quotidien, organiser sa société. Il vit particulièrement de chasse et de cueillette. D’un emplacement à un autre, d’un campement à un autre, d’une hutte à une autre, le nomadisme est un des traits caractéristiques de l’Homme du Paléolithique. Au Néolithique, on observe un changement de mentalité matérialisé, entre autres, par un début de sédentarisation. Le Néolithique est l’âge de la pierre polie située juste après l’âge de la pierre taillée. C’est pendant la période Mésolithique, période située entre le Paléolithique et le Néolithique, qu’apparaît la première phase de sédentarisation grâce à la construction des hameaux. Le processus de la sédentarisation, lorsque les emplacements temporaires deviennent définitifs, n’a pu avoir lieu qu’après avoir rempli un certain nombre de conditions notamment un changement dans le mode de vie caractérisé par la manière de concevoir la vie en famille, de s’approvisionner en denrées alimentaires, de dompter la mentalité nomade. À côté de la chasse et de la cueillette, l’Homme du Néolithique s’attache à de nouvelles activités comme la domestication des animaux, l’agriculture, la poterie, la pêche. La pensée de produire et de conserver ses biens de consommation mène à dire que l’Homme du Néolithique cherche à vivre dans une société mieux structurée par rapport à celle du Paléolithique.

Fustel de COULANGES dans son livre intitulé « La cité » note qu’à cette époque, la famille est la seule forme de la société malgré le nombre significatif des humains qui la compose. Dans cette société, la première institution est spirituelle : La religion. Le père est le chef suprême de la religion domestique, le prêtre de la famille. La société antique réduite à la famille, est gouvernée par un dieu. Toute la croyance tourne autour de ce dieu. Aucun étranger n’est accepté dans ce cercle familial restreint. Avec le temps, cette restriction n’a pas empêché les familles de s’associer à d’autres pour former un ensemble tout en gardant chacune son dieu. De cette association ou alliance naît de ce que les Grecs appellent la « phratrie », les Latins la « curie ». Cette union a été rendue possible grâce au respect de la croyance en une divinité supérieure. Au sein de la « phratrie », on assiste à la célébration des cultes communs en dehors de ceux attachés à chaque famille. En effet, bien qu’attachée au sein de la « phratrie » par des liens désormais consolidés, chaque famille garde son dieu et son chef qui a pour mission principale de présider aux sacrifices. Progressivement, un nouvel élément voit le jour. Il s’agit de la « tribu », un groupement des « phratries ». Au sein de cette nouvelle classe, les composantes sont comme des électrons libres au sens où chaque « phratrie » garde ses croyances, ses célébrations, sa structure familiale : en un mot son mode de gouvernance. Les membres de la « Phratrie » ont au sein de la « tribu » des droits et des devoirs. Ce qui est déjà remarquable dans la sagesse d’alors c’est que la « tribu » est conçue pour être, un corps au sein duquel les organes qui la composent gardent leur indépendance c’est-à-dire leur propre articulation. Au départ, la cité s’entend comme une confédération dans la mesure où, et ce pendant de longues années, les corps constitués c’est-à-dire les curies, les tribus et les familles ont gardé leur indépendance religieuse. En d’autres mots, la cité antique ne sous-entend pas un assemblage d’individus, mais une confédération au sein de laquelle plusieurs groupes qui étaient constitués avant elle partagent l’espace en toute indépendance et dont elle laisse ce mode de fonctionnement subsister. Ce qui pousse à dire que l’homme de la cité antique appartient à quatre sociétés distinctes ; il est membre d’une famille, d’une phratrie, d’une tribu et d’une cité.

La « révolution agraire » d’alors est la cause principale de l’installation prolongée des nomades. En effet, le nécessaire besoin d’observer le cycle de croissance de certaines cultures pour assurer leur reproduction n’est pas étranger au choix de la sédentarisation. Il faut relever aussi que l’Homme du Néolithique a besoin de domestiquer ses propres instincts, de maîtriser ses fonctions naturelles de reproduction. Pour accompagner à bon escient tous ces efforts, la permanence résidentielle devient un impératif. L’évolution mentale aidant, le mâle chasseur, chef de la famille, doit désormais compter avec la femme non seulement entant que gardienne du foyer, mais aussi sur son appréhension des développements naturels par la culture et l’élevage. Ainsi, la place de la femme dans l’économie du Néolithique est prépondérante. La discipline dans les rapports avec la nature, de l’hygiène alimentaire, la notion de prévoyance ont permis un surcroît de vivres, et à la communauté d’accroître en nombre.

Du temporaire au définitif, des campements aux hameaux, tout naturellement le « village » prend naissance avec la croissance de la population et l’apparition de nouvelles activités économiques domestiques. La symbiose hommes, plantes et animaux, le surcroît de vivres et de la main-d’œuvre est à l’origine de la naissance de cette nouvelle forme d’organisation de l’espace, une forme « urbaine Primitive », c’est-à-dire le « village ». Reconnu comme espace où règne « l’ordre primitif », le « village » s’impose avec le temps par la diversité des activités, le partage du travail, la croyance en plusieurs dieux, l’institution du « Conseil des Anciens » pour sa gouvernance. En effet, avec cette nouvelle forme « urbaine Primitive » c’est-à-dire le « village » naît la hiérarchisation au sein de l’espace. Une forme nouvelle d’organisation soutenue par un cadre institutionnel nouveau s’installe. Le « Conseil des Anciens » animé par des hommes âgés et reconnus sages est à « l’origine de toutes les institutions de gouvernement, de droit, de justice et de moralité publique » d’après le témoigne Thorkild Jacobsen, historien danois, spécialiste en assyriologie, parlant de l’organisation de la société en Mésopotamie. On parle ici d’un corps « représentatif, gardien de la tradition et de la moralité, juge de ce qui est bien et de ce qui est mal ». Au « Conseil des Anciens » s’ajoute la classe du « conseil des dieux ». Unis par le respect de la tradition, des us et coutumes, les deux conseils impriment le consensus non seulement en créant de nouveaux règlements, mais en veillant particulièrement à la bonne application, « la bonne gouvernance », des décisions et règles prises de façon collégiale. En sa qualité de « gardien de la tradition », il incombe aux « anciens » la charge « d’assurer et de sauvegarder l’ordre » au vu des discordes ou affrontements susceptibles de menacer la communauté. La culture de l’époque marquée par le respect de la tradition et de la loi commune est essentielle pour s’opposer à toute velléité tyrannique. L’animation de la vie au sein de cette forme « urbaine primitive » se caractérise par ce qu’on peut appeler : la « démocratie villageoise » pour montrer le profond attachement à « l’idéal ancien ». Dans sa gouvernance, le « village » doit bien sûr compter sur l’ordre établi par les « anciens », mais aussi sur le « chasseur ». En effet, son habilité au maniement des armes fait de lui le protecteur des villageois et de leurs biens des prédateurs. Grâce à cette nouvelle forme d’autorité, progressivement, le « chasseur » s’impose comme « chef politique », gardien de la paix au « village ».

La naissance du « village » pousse le Néolithique à se dépasser, à inventer une économie plus adaptée aux métiers à sa disposition. À ce stade, quand bien même l’économie de subsistance n’a pas totalement disparu, on note néanmoins une certaine amélioration dans son mode d’organisation. Car avec la charrue, la croissance de la main-d’œuvre permet une croissance de la production donc la possibilité de fournir en vivres d’autres lieux de vie.

D’une révolution à l’autre, le « village » donne naissance à la « cité ». Cette nouvelledonne prend pleinement forme sur la base des éléments nouveaux bien que traînant dans un coin de son « être intérieur » une part influente de son passé. En termes de gouvernance, la « cité » ainsi née est gouvernée par un « chef local » devenu « roi » par une pirouette que seules les autorités de la société d’alors détiennent le secret. Il reste que le « roi » a à sa charge la défense des lieux sacrés, car le divin n’est pas toujours loin de la conscience humaine de cette époque jusqu’aux temps présents. Au service de ce pouvoir royal, on trouve des gouverneurs, des collecteurs d’impôts, des vizirs, des soldats, des fonctionnaires. Les villageois doivent désormais travailler dur dans un élan de sacrifice pour satisfaire les besoins de la royauté. Certaines intelligences ont qualifié les transformations relevées à cette période de « révolution urbaine » grâce à la qualité de son organisation tant sur le plan politique, social qu’économique. Même si le terme est quelque peu osé dans la mesure où une révolution sous-entend un bouleversement radical des pratiques, des habitudes, surtout que dans la « cité Antique » les habitants n’ont pas totalement abandonné les éléments qui ont fait le bonheur de la « culture primitive », il est néanmoins bon de reconnaître que la société d’alors vit une phase de mutation significative qu’on peut qualifier effectivement de révolutionnaire.

Dans la « cité », la royauté est l’institution dominante, le centre d’attraction qui concentre toutes les manettes du pouvoir. Au cœur de la « cité » comme d’un pouvoir absolu, le « roi », l’ancien chasseur, rassemble autour du palais et des temples les forces nouvelles de la « civilisation ». Doté d’une légitimation surnaturelle grâce à son alliance avec les castes de prêtres, le « roi » se place au rang de principal médiateur entre les hommes et les dieux. Il est à la fois chef politique, magistrat, juge et chef militaire. C’est l’homme par lequel prière et sacrifice sont agréés par les dieux.

Dans la cité, les lois ont une connotation religieuse. On ne peut être un bon « roi » que si on connaît le droit, et connaître le droit c’est connaître la religion. En clair, le droit antique est une religion, la loi un texte sacré, la justice un ensemble de rites. Au milieu de ses lois, de sa religion, de ses dieux, la cité est faite pour durer dans le temps. Et pourtant, malgré ce semblant d’organisation, l’influence des dieux, la cité connaît des fissures à cause de sa structure sociale qui présente des signaux discriminatoires. La religion n’a pas pu empêcher une gestion absolue de la cité par un « roi » dominant à la limite d’un tyran. Le climat malsain est à l’origine des luttes intestines entre ce dernier et ceux qui ne se retrouvent pas dans cette façon de gouverner. Le bouleversement qu’on note au niveau des institutions ne sonne pas la fin de la royauté, mais la naissance d’une autre classe de privilégiés qui prend en main la gestion de la cité laissant au « roi » le soin de la religion.

Section II : De la Cité à la ville antique

La connaissance libérée à ce stade laisse conclure que le Nomadisme a précédé le Campement et la sédentarisation avec la création de ce qu’on peut qualifier de forme urbaine primitive c’est-à-direle Village. La croissance de la population et des activités économiques est à l’origine de la naissance de la Citadelle qui se distingue du Village déjà par la construction des remparts. L’imaginaire de l’Homme aidant, de la Citadelle ou petite cité naît une nouvelle organisation spatiale plus structurée nommée Cité. À travers toutes ces animations, avec la découverte de nouveaux métiers, l’économie de la Cité se distingue de l’économie villageoise réduite à une économie de subsistance. Pour renforcer sa structure sociale et économique, l’organisation de la Cité est marquée par la volonté de rapprocher les éléments productifs longtemps dissociés les uns des autres. L’intention est de voir « l’expression de toutes les possibilités humaines » s’exprimer ensemble. Au sein de la Cité, les mutations structurelles s’organisent autour d’un pouvoir entendu le « pouvoir royal ». Le chasseur se distingue des autres et devient maître des lieux grâce à son habileté, son esprit aventureux, l’audace et le courage dont il fait preuve face à la dureté de son environnement immédiat. Toutes ces qualités le rendent apte à conduire les Hommes selon la vision des prêtres et des chefs locaux. C’est ainsi que la gouvernance de la Cité échappe aux « anciens » au profit du « chasseur-protecteur ». Avec l’appui de la religion et de la caste des prêtres, le « chasseur-protecteur » devient « roi ». Il est investi dans ses pouvoirs avec une autorité sans limites. Le pouvoir royal ainsi légitimé, le « roi » devient le seul médiateur entre le monde naturel et le monde surnaturel, entre la terre et les puissances célestes. Lui seul devant ces puissances représente la vie des peuples et du territoire.

La Cité se distingue de la Citadelle