Yvette Kouadja ou le bouchon à retirer - Brigith Gbadi - E-Book

Yvette Kouadja ou le bouchon à retirer E-Book

Brigith Gbadi

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Beschreibung

Selon une prophétie, les familles Kouaho et Kouadja unissent Jeanne et Jean-Philippe, mais l’amour de Béatrice pour ce dernier perturbe l’équilibre. Dans un tourbillon d’alcool, de dépression et de violence, comment Jean-Philippe retrouvera-t-il la paix ? Quelles seront les conséquences de ces tumultes sur les décisions d’Yvette, sa fille ?




À PROPOS DE L'AUTRICE

Diplômée en sociologie, Brigith Gbadi s’engage dans le développement social et la promotion de la femme. Elle utilise sa plume pour partager ses idées et ses expériences, tout en explorant différentes formes d’expression artistique.

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Seitenzahl: 130

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Couverture

Page de titre

Brigith Gbadi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Yvette Kouadja

ou le bouchon à retirer

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Brigith Gbadi

ISBN : 979-10-422-2890-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Préface

 

 

 

L’histoire de l’héroïne de ce roman, Jeanne, est semblable à celle de milliers de femmes dans le monde en général et en particulier en Côte d’Ivoire.

En effet, Jeanne est l’exemple type de la femme, qui, bien qu’instruite, intelligente, courageuse et déterminée, lie sa vie à celle d’un homme, SON homme en demeurant à ses côtés malgré toutes les violences qu’elle subit. Par la suite, elle transmettra ses valeurs à sa fille Yvette qui continuera le combat pour l’autonomisation des femmes et des filles.

Comme Jeanne et Yvette, j’ai décidé, depuis mon adolescence, non en tant que femme, mais en tant que personne ayant des droits, des devoirs et des rêves de mettre toutes les chances de mon côté pour poursuivre mon rêve ; celui d’être avocate.

En lisant ce roman, d’aucuns pourraient penser que l’auteure, qui est une activiste des droits des femmes et donc de leur autonomisation, excuse ou justifie la violence conjugale ; que nenni !

Au contraire, à travers cette œuvre rédigée dans un langage simple, l’auteure veut mettre en avant la capacité de résilience des femmes qui, depuis la création de l’humanité, soutiennent et portent les ambitions de leurs familles, hommes, enfants dans un véritable don de soi.

Être une femme, c’est aussi se soutenir entre elles, entre nous dans le respect de nos différences, afin de montrer au monde toutes les potentialités que nous, femmes appelées aussi « la moitié du ciel », pouvons apporter au monde.

Et bien que le monde actuel nous montre qu’être une femme moderne, instruite et stylée, rime avec la rupture avec certaines valeurs comme le respect de son corps, des aînés ; l’auteure nous invite à une autoréflexion sur les valeurs suivantes : la foi, l’amour du prochain, le respect de ses engagements et de la parole donnée, le sens véritable de la famille, la place de Dieu dans l’éducation de nos enfants…

Pour terminer, je vous invite, tout au long de ce voyage littéraire, à méditer ce proverbe populaire africain qui dit : « Si les femmes baissaient les bras, le monde s’écroulerait » ; puis de penser à témoigner votre gratitude à toutes ces femmes autour de vous et dans votre vie qui vous ont portés pour éviter que votre monde s’écroule.

 

Véronique Ossohou-Koné

Juriste/Consultante,

Experte en Violence basée sur le Genre

 

Yvette Kouadja ou le bouchon à retirer

 

 

 

 

 

La vie de tout être humain peut être comparable à un liquide ou un solide enfermé dans une bouteille. Seul le retrait du bouchon qui ferme la bouteille peut permettre à la personne d’éclore comme il en va pour un poussin dans un œuf.

Le retrait du bouchon peut se faire avec ou sans douleur. Et selon que le retrait est paisible ou douloureux, la personne apprend à se forger et à faire face aux situations de la vie.

Je vais vous raconter l’histoire de la petite Yvette qui a vécu diverses expériences tout au long de sa vie et a appris à développer une forme de résilience face aux différents évènements de sa vie. Mais avant, nous parlerons de la famille d’Yvette.

 

 

 

 

 

 

« Yvette, Yvette, Yvette, lève-toi vite sinon, tu vas être en retard. » C’était la voix de Yolande, la voisine de chambre d’Yvette. Elles partageaient la même chambre de cité universitaire à Cocody.

« Il est quelle heure ? » demanda Yvette à Yolande.

Cette dernière reprit de façon moqueuse : « Il est l’heure d’aller te laver. Tu as oublié que nous avons cours à 7 h ? »

« Mais pourquoi les gens mettent les cours à 7 h même, ils ne savent pas qu’actuellement le jour est plus long que la nuit ? »

« Toi, reste là à parler matin bonheur là, le prof t’attend là-bas », lui rétorqua Yolande.

Yvette se leva d’un bond et prit ses affaires pour la douche. En quelques minutes, elle revint et interrogea sa voisine : « Yoyo, où est ma brosse à cheveux ? »

Yolande, surprise, lui demanda : « Tu t’es lavée ou c’est ta figure que tu es allée laver ? »

Yvette, agacée, lui dit : « C’est mon “village” que je dois laver ou mon seul corps ? » Et les deux se mirent à rire. Yolande savait qu’Yvette avait seulement versé de l’eau sur son corps sans prendre un vrai bain.

Les deux jeunes filles se préparèrent rapidement et prirent la route pour l’amphithéâtre. Ce jour était très important, car elles devaient décider de l’orientation de leurs études. Elles étudiaient le droit et elles devaient choisir leur carrière. Yvette rêvait de devenir une grande magistrate pour punir les criminels et les personnes qui avaient recours à la magie noire. Yolande, quant à elle, voulait faire le droit international des affaires.

Mais pourquoi Yvette tenait-elle à punir les criminels ? Yvette, trois années durant, a été témoin de violence dans sa famille. Sa mère, Jeanne, était victime de violences conjugales. Yvette se cachait pour regarder son père battre sa mère et pleurait en silence. Quand elle entendait des éclats de voix, elle se mettait à pleurer, car elle était persuadée que son père allait encore battre sa mère. Yvette et sa mère ont vécu dans la peur pendant cette période d’adolescence de la petite fille. Personne ne comprenait les émotions de Jean-Philippe, le père d’Yvette. La petite fille ne comprenait pas pourquoi sa mère ne quittait pas son père.

Yvette appelait ses grands-parents paternels ou maternels dès que les problèmes commençaient dans la maison. Cela a un peu perturbé ses études. Sa grand-mère paternelle lui disait toujours : « Ne t’inquiète pas, tout va rentrer dans l’ordre. Je dois voir un prêtre exorciste et ton père sera délivré. » Cette phrase donnait des sueurs froides à Yvette. Qu’est-ce qui était arrivé à son père ? Est-ce qu’un démon dirigeait la vie de son père ? D’où venait ce démon subitement ? Tout mettait M. Koffi Kouadja Jean-Philippe sous pression. Il était devenu colérique et vulgaire. Jeanne ne reconnaissait pas l’homme qu’elle connaissait depuis son enfance.

Jeanne avait rejoint Jean-Philippe en Lettres Modernes en 1988. Ensemble, ils avaient demandé une bourse d’études et l’avaient obtenue. Le père de Jean-Philippe travaillait à la présidence. Il avait usé de tout son poids afin d’obtenir la bourse pour les deux amoureux.

 

Le père de Jean-Philippe connaissait bien la famille de Jeanne. M. Kouadja, le père de Jean-Philippe, avait fait le Cours Normal Supérieur avec M. Kouaho, le père de Jeanne. Ils sont restés longtemps amis en Côte d’Ivoire et faisaient partie de la même vague d’étudiants ivoiriens envoyés en France. La famille Kouadja est rentrée deux ans avant la famille Kouaho. Le père de M. Kouadja qui était proche du premier président ivoirien avait réussi à trouver une place à la présidence pour son fils. Ce dernier a fait appel à son ami Kouaho qui l’y a rejoint. Les deux familles se sont donc retrouvées à Abidjan. Les enfants se fréquentaient et la mère de Jean-Philippe disait toujours : « Ma sœur Elisa, il faut bien garder ma belle-fille Jeanne pour ton beau-fils Philippe. » Tout le monde riait chaque fois que Mme Kouadja Paulette faisait ce rappel à son amie Elisabeth.

Les deux dames étaient devenues amies à partir de la relation de leurs époux. Paulette avait fait ses études à Londres auprès de ses grands-parents maternels. La mère de Paulette était métissée. Son père était ivoiro-ghanéen et sa mère Anglaise. Elisabeth était fille de la région d’Aboisso et avait de la famille au Ghana, comme Paulette. Les deux amies se sentaient très proches en raison de leurs origines. Elisabeth a fait son cycle supérieur en France où elle avait suivi une formation en théâtre. Cela a motivé son époux à occuper un poste au ministère de la Culture quelques années après son passage comme agent de maîtrise au Cabinet du Président.

Toutes les jeunes filles du quartier aimaient Jean-Philippe pour son teint métis et les boucles de ses cheveux. Jeanne était timide, mais très belle. Contrairement à son grand frère et sa grande sœur qui faisaient leurs études en Europe, Jeanne a préféré s’inscrire à l’Université de Cocody après l’obtention de son Baccalauréat (BAC) au Collège Mermoz de Cocody. Elle avait choisi de vivre en Côte d’Ivoire et de passer une partie de ses vacances en France.

Chaque année, les enfants Kouaho et leurs amis venaient à Abidjan pour leurs vacances. Chaque année, les enfants Kouaho et leurs amis venaient à Abidjan pour leurs vacances. Jeanne faisait office de guide. Elle leur faisait visiter les quartiers, les restaurants et les boîtes de nuit à la mode. Mais, sa particularité est qu’elle n’appréciait pas trop les lieux bruyants. Elle aimait la littérature et trouvait toujours une excuse, à chaque sortie, pour rentrer avant ses frères et sœurs. Elle se précipitait sur ses livres comme s’ils lui manquaient.

Jeanne était très belle avec de grands yeux noirs et une peau noire d’ébène. Elle avait une taille autour de 1,70 m avec un tronc aminci et un bassin assez large pour porter les rondeurs des femmes N’zima. Sa taille lui donnait une allure de femme émancipée et son postérieur lui collait une image de femme prête à accompagner un homme. Jeanne était d’une beauté captive qui obligeait les hommes à se retourner et la regarder quand elle les dépassait. Même les femmes en faisaient autant pour admirer sa beauté. Les garçons de son âge aussi n’avaient d’yeux que pour elle. Mais, Jeanne savait que son cœur appartenait déjà à Jean-Philippe. En plus de la proximité des deux familles, les prénoms les réunissaient. Leurs prénoms n’étaient pas choisis au hasard.

Les parents s’étaient promis de marier leurs troisièmes enfants s’ils étaient de sexes opposés. Les deux femmes avaient eu dans la même période, une fille chacune, puis un garçon. Alors, elles se sont dit que si les troisièmes enfants arrivaient et étaient de sexes opposés alors cela signifiait qu’ils étaient faits pour être ensemble. La mère de Jean-Philippe tomba enceinte la première et elle mit au monde un garçon. La mère de Jeanne la suivit un an après la naissance de Jean-Philippe et elle accoucha d’une fille qu’elle prénomma Jeanne.

À la naissance de Jean-Philippe, les parents ont organisé une grande fête de présentation de bébé. L’enfant avait été présenté à l’Église Catholique Saint-Jean. Le Curé était un proche de la famille. Il disait toujours : « Présentez vos enfants à Dieu pour qu’Il en prenne soin. » Le Curé savait que beaucoup de familles restaient attachées à la tradition malgré leurs dons de libéralité. Les deux amies ont fait les préparatifs ensemble. Madame Kouadja n’arrêtait pas de demander à son amie de se dépêcher, car elle voulait que sa future belle fille grandisse en même temps que son fils. Toutes les femmes à la fête parlaient de la beauté du petit Jean-Philippe et certaines s’amusaient à faire des réservations pour leurs futures filles. Mais, madame Kouadja leur disait que son fils avait déjà sa Jeanne en route et tout le monde riait de l’annonce.

Madame Kouadja prenait vraiment à cœur l’idée de marier son fils à la fille de son amie. Elle lui confiait d’un air très sérieux : « Ma chère, il faut que tu accélères les choses, car il y a trop de demandes en mariage pour Jean-Philippe », et toutes les deux amies se mettaient à pouffer de rire. Alors, M. Kouaho commença à faire une longue liste pour la dot. La chose la plus drôle est qu’il demandait un chalet comme maison de retraite et sa femme insistait afin qu’il n’oublie pas les bretelles pour ses pantalons et les cigares pour faire comme les vieux blancs. Tous riaient à pleine gorge.

Madame Kouadja était en mission dans la sous-région quand son amie l’appela pour lui dire qu’elle irait accoucher en France. Madame Kouadja tenait à assister son amie pour cet évènement tant attendu. Elle a aussitôt faxé une demande de congé afin d’être à ses côtés. Elles ont, toutes les deux, réservé des billets d’avion. Chacune avait un domicile de vacances à Paris, mais elles ont décidé de vivre chez madame Kouaho pour la circonstance. Un mois avant la date prévue pour l’accouchement, elles ont effectué leur voyage. Les deux femmes avaient l’habitude de se soutenir à l’occasion de ce genre d’évènement.

Madame Kouaho avait un rendez-vous chaque semaine pour un contrôle régulier. À une semaine de l’accouchement, la petite sœur de madame Kouadja est venue de Londres pour faire les courses et la cuisine. Madame Kouadja était aux petits soins de son amie. Monsieur Kouaho est aussi arrivé à quelques jours de l’accouchement. Et un 31 mai, est née la petite Jeanne, d’un teint noir d’ébène comme sa mère. Quelle joie ce jour-là après des heures de stress ! Monsieur Kouaho a fait livrer plusieurs bouquets de différentes couleurs de roses. Il y avait beaucoup d’amour et de joie dans la chambre de madame Kouaho. L’hôpital ne pouvait garder longtemps les visiteurs, car la nourrice avait besoin de repos. Mais, avant de sortir de la chambre, madame Kouadja a fait promettre à son amie qu’elle mettrait tout en œuvre pour que la petite Jeanne soit l’épouse du petit Jean-Philippe.

En plus de la grande amitié des parents, la beauté de la petite Jeanne ne pouvait laisser personne indifférent. Monsieur Kouaho est rentré après un séjour d’une semaine à Paris. La mère et le bébé sont rentrés un mois plus tard. Madame Kouadja parla de la beauté de la petite Jeanne autour d’elle, si bien que tout le monde voulait faire la connaissance de ce bébé. Les amies de madame Kouaho lui ont offert de nombreux présents, mais c’était plus pour la beauté de la petite fille. Chacune plaisantait que Jeanne épouserait son fils. Cette plaisanterie mettait madame Kouadja hors d’elle-même et elle rappelait leur accord à son amie.

Les deux mères avaient commencé à conditionner leurs enfants à cette alliance. La mère de Jean-Philippe aimait faire de petits cadeaux à Jeanne. À son retour de voyage, dans les différents pays du monde, madame Kouadja avait toujours un paquet spécial pour Jeanne. Personne ne pouvait le toucher, y compris ses propres enfants. Jackie, la grande fille de madame Kouadja demandait toujours à sa mère si elle considérait Jeanne comme sa propre fille au détriment d’elle. Sa mère rentrait dans une si longue explication que les enfants, la connaissant par cœur, terminaient ses phrases en chœur et c’était des rires.

Personne ne comprenait le grand amour de madame Kouadja pour la petite Jeanne. Elle prenait toujours de ses nouvelles. Dans la causerie des deux femmes, les informations sur Jeanne et Jean-Philippe pouvaient occuper la moitié du temps.

Les deux enfants étaient inscrits dans les mêmes écoles. Leurs programmes de vacances étaient fusionnés. La proximité et la promiscuité avaient fini par les convaincre qu’ils étaient faits l’un pour l’autre.

Chaque fois qu’elles les rencontraient, les mères n’hésitaient pas à demander à Jean-Philippe ou à Jeanne s’ils étaient prêts pour leur mariage. Et Jean-Philippe répondait toujours quand je serai grand. Jeanne était assez timide, mais ses grands yeux s’ouvraient et brillaient quand on lui parlait de Jean-Philippe. Elle avait aussi accepté l’idée du mariage.