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Alexandre Vartanian et Mirella Conti, deux amants au passé trouble, se retrouvent en pleine aventure entre la France et les États-Unis durant l’été 1979. À sa sortie de prison, Alexandre est accueilli par Mirella, fille d’un parrain de la mafia sicilienne, dans une Cadillac Eldorado. De son côté, Mirella, devenue cambrioleuse redoutable avec l’aide d’Andrea, la sœur d’Alexandre, n’a pas perdu son temps. Un deal audacieux les conduit à Genève dans le but de voler Éros, le plus gros diamant du monde. Leur périple, de Paris à Miami, attire l’attention du FBI, déclenchant une traque implacable. Entre un parrain prêt à tout pour retrouver sa fille et un juge antimafia déterminé à les arrêter, leur amour survivra-t-il aux dangers qui les guettent ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Inspiré par une rencontre marquante,
Alain Sekerci se lance dans un projet littéraire ambitieux. Influencé par les romans policiers et les films américains des années 70, il explore les thèmes de la mafia italo-américaine, du combat entre le bien et le mal et du pouvoir de l’amour. À travers ses récits, il s’efforce de dévoiler une réalité méconnue tout en célébrant l’amour comme une force indéfectible et universelle.
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Seitenzahl: 863
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Alain Sekerci
À l’ombre des dollars
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alain Sekerci
ISBN : 979-10-422-5879-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Michel Sekerci,
À ce brave, vaillant et courageux père que j’ai eu,
parti rejoindre les cieux comme Dieu en a décidé,
n’oubliant pas que nous avions un rêve, celui de réussir.
Notre étoile brillera, et j’en suis sûr, pour étinceler
en ce vaste monde, sans aucune prétention de notre part.
Les derniers rayons de soleil frappaient âprement le cœur de Manhattan et la statue de la Liberté semblait fatiguée de brandir son flambeau éteint sous un soleil de plomb en cette journée de chaleur caniculaire, digne d’un petit village provençal accroché au flanc d’une colline verdoyante.
Lentement, les New-Yorkais terminaient leur journée de travail, épuisés par ce hammam.
New York suait le jour et respirait les gaz carboniques, la nuit dégageait une saveur cosmopolite émanant des restaurants, et pour rester en bonne santé dans cette ville faite que de forçats du travail, il fallait être bougrement résistant.
Après avoir répondu à l’orgasme journalier, à la finance américaine, à ce besoin pervers d’éjaculer la puissance du dollar à la face du monde, Wall Street vidait sa bourse au profit des quartiers culturels et humanisés. Mais c’est également à une heure plus tardive que les méchants, ceux qui s’enrichissent sur la corde sensible des gens en leur faisant peur, sortaient pour récolter le fruit du travail des idiots qui se lèvent tôt le matin pour travailler. Quel est l’abruti qui a dit que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ?
Le monde appartient à ceux qui obligent les autres à se lever aux aurores ! Dieu a dit :
Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front : pas facile pour certains individus qui ne veulent pas l’entendre de cette oreille.
Celui qui se lève le plus tard est le plus démoniaque d’entre eux et se prénomme Carmine Galante. Parrain de la mafia new-yorkaise, il était parfois appelé le boucher par les flics de cette ville au sang chaud et au meurtre froid.
Carmine faisait partie de ces nouveaux gangsters calculateurs qui ruinaient la réputation de la ville et effrayaient les nombreux touristes de passage à New York.
Ce fils de pêcheur immigré italien, né le 21 février 1910, dans un appartement d’un immeuble aux façades blanchies par la chaux vive, grandit dans les rues du ghetto noir de Harlem.
Ses parents avaient fui la disette. Originaires d’un petit village de Trapani dans la région Nord-Ouest de la Sicile, dénommé Castellamare del Golfo, ils avaient débarqué à New York en 1906. À grands coups de baston, le tout jeune Carmine est très vite remarqué par les mafieux pour ses bagarres d’une extrême violence.
Au fil des années, il intègre la mafia américaine avec brio : vol, racket, chantage, assassinat, jeu, drogue, prostitution…
Le jeune homme apprend le métier de mafieux avec un don inné pour le crime.
D’autres l’appelaient la « mort », parce que c’était un homme qui pouvait vous tuer en une fraction de seconde s’il le désirait, comme vous voir mourir à petit feu.
Une fois que vous avez commencé à tuer votre premier homme, cela vous donne une sensation de toute-puissance et de pouvoir, c’est totalement impossible d’arrêter. Cette envie irrépressible est trop forte pour ne pas recommencer à tuer, pour se débarrasser d’un témoin gênant, de la concurrence locale, d’une personne qui ne vous apprécie pas ou d’un autre qui vous fait de l’ombre.
Il affirme alors devenir l’homme le plus puissant des Cinq Familles et il se prenait pour un être supérieur, jouant avec la vie des autres. « Il vaut mieux tuer son ennemi que se laisser tuer », disaient les rares intimes encore vivants.
Aujourd’hui encore, on lui attribue la responsabilité d’une centaine de meurtres, essentiellement des règlements de comptes, destinés à asseoir son autorité et à assurer la mainmise sur le trafic d’héroïne sur le Nord du continent américain.
Carmine Galante était considéré comme le parrain le plus puissant de la mafia américaine, depuis l’époque de Lucky Luciano. Ce don de tuer sans perdre le sourire lui permit d’accéder enfin à ses ambitions en 1976, au titre envié de « Capo di tutti i capi », titre équivalent à celui de roi ou d’empereur dans le monde très fermé du crime industrialisé des mafiosi, régnant désormais sur les Cinq Familles qui prédominent la ville la plus riche du monde : New York.
Mais ce n’est qu’un début, l’Amérique est immense, se dit-il en rêvant à une montagne de fric. Le nouveau parrain de la mafia new-yorkaise, rebaptisé « Lilo » par ses confidents, ne se déplaçait jamais seul dans les rues de New York, Léonard Coppolo, son garde du corps, un homme irréprochable, lui était tout dévoué.
Il lui a sauvé la vie à plusieurs reprises. Il se mettait en rogne à l’encontre de tous ceux qui osaient comploter derrière le dos de son patron et était une sorte de cauchemar ambulant à l’égard de tous ceux qui s’approchaient d’un peu trop près du Big Boss. Curieusement, Carmine Galante était appelé le bienfaiteur dans le petit village natal de ses parents, après y avoir fait construire une école.
De quoi se payer l’espoir d’accéder au paradis et de sauver son âme du purgatoire. Dans la même année, le vieux Carlo Gambino, figure légendaire de la mafia italo-américaine, surnommé « The Godfather », décéda le vendredi 15 octobre 1976 d’une crise cardiaque dans son lit, à soixante-quatorze ans. Un fait plutôt rare chez un Boss ! Lequel se réjouissait de la mort de son rival.
Avant lui, Joe Bonanno lui avait jeté des sorts pour qu’il crève plus vite. Après la mort du vieux Carlo, Joe Bonanno devint le parrain le plus prédominant des Cinq Familles à New York. De quoi prendre sa revanche sur les autres Familles. Aujourd’hui, fini le bricolage !
Avec Carmine Galante à la tête de la Famille Bonanno, ce n’était que du travail d’orfèvre, dont le seul maître à bord était lui seul. Le chiffre d’affaires de la première année : deux cents millions de dollars. Depuis son accession au pouvoir, le chiffre d’affaires avait doublé, voire triplé.
Le nom de Lucky Luciano, surnommé « le chanceux », de son vrai nom Salvatore Lucania, était encore dans les mémoires et ce vieux loup comptait bien estomper son souvenir à son profit.
Les affaires sont florissantes et le clan lui renouvelle sa confiance.
Petit de taille, atteint de calvitie, robuste comme un animal difforme, fort comme un Turc, fumant le cigare avec énormément de plaisir à longueur de journée, Carmine a l’ambition démesurée. Ses idées sont neuves et il envisage une ère nouvelle pour son clan, un temps qu’il marquera de son empreinte. Son prédécesseur, Philip Rastelli, surnommé « Rusty », anciennement le Boss de la Famille Bonanno qui coule des jours heureux dans une prison dorée ultra-sécurisée où il séjourne depuis 1974, voyait d’un très mauvais œil cette ambition démesurée, la montée en puissance de son successeur ; il rêvait de revanche contre Carmine et ne s’interdit pas un jour de reprendre les rênes du pouvoir. Le signe annonciateur d’un gigantesque renouveau et d’une guerre des gangs. Et pendant ce temps-là, à New York, Carmine Galante se maintient au premier rang, faisant parler la poudre et faisant couler le sang partout dans les rues de New York.
L’avenir de la ville de New York est désormais dans le creux de sa main. L’Amérique était à prendre, à violer sauvagement et il s’en saisit comme un barbare en plein pillage.
Demain, le monde lui appartiendra !
Grâce à l’acharnement de la police, il est tout de même condamné, en 1962, à vingt ans de prison pour trafic de drogue, puis mis en liberté conditionnelle le 23 janvier 1974. Réincarcéré en 1977 pour s’être mêlé de trop près encore une fois au crime organisé, il fait appel de cette décision devant la Cour suprême des États-Unis. Le 23 mars 1979, on le libère contre une caution de cinquante mille dollars. Une fortune réglée par une association caritative sicilienne. La police crie au scandale et à la corruption.
Carmine le tueur sanglant est libre. Libre de se venger, libre de reprendre ses affaires qu’il dirigeait de main de maître de sa cellule cinq étoiles. La ville tremble à nouveau…
Le boucher est de retour !
***
Un hélicoptère Bell 206 Jet Ranger survolait la cime des gratte-ciel de New York, avec une vue aérienne sur l’Empire State Building, survolant les tours du World Trade Center.
La ville suffoquait sous une chaleur torride et sous un magnifique coucher de soleil.
Ce soir, Carmine, le parrain de la mafia new-yorkaise, avait rendez-vous avec ses hommes sur le toit d’un immeuble.
Un rendez-vous amoureux comme aime à le dire Carmine Galante, en se frottant les mains et salivant des babines, une histoire d’amour qui finit comme toutes les histoires d’amour… C’est-à-dire très mal ! Comme il était difficile de creuser dans le sous-sol de New York, de nombreux hauts immeubles s’étaient transformés en parking, rendant l’affaire plus lucrative.
Au dernier étage du parking, une poignée d’hommes habillés en noir de la tête aux pieds, armés jusqu’aux dents, attendent les ordres, en jouant aux cartes sur le capot d’une Cadillac Sedan Deville de couleur noire. Le Boss venait rencontrer une femme, une femme pas comme les autres ; quelqu’un d’exceptionnel à l’intelligence élevée et à la beauté fatale, que tous connaissaient pour avoir été sous ses ordres le temps d’un braquage. À vrai dire, ils avaient apprécié son courage, sa fermeté et son professionnalisme.
Deux mafiosi s’étaient déguisés en policiers et ils se tenaient en faction devant l’entrée du parking pour empêcher toute voiture d’entrer en prétextant un meurtre.
Un grand noir athlétique, la coupe afro, avait un visage peu rassurant, un peu anxieux et paranoïaque, parce qu’il avait vingt kilos de cocaïne dans le coffre de sa Ford Gran Torino de couleur rouge ; il fumait de l’herbe en attendant son acheteur.
Fatigué d’attendre, il démarre sa voiture, range une arme de poing à sa ceinture et commence sa descente des trente-neuf étages, avec son ticket dans sa bouche.
À la sortie du parking, il aperçoit les deux faux policiers qui interdisent l’accès au parking. D’abord ne pas s’affoler ! Il reste calme et continue de rouler, tout en sachant ce qu’il avait dans le coffre, les mafieux le regardaient d’un drôle d’air.
L’un des deux lui faisait signe de s’arrêter, en levant la main. Il commençait à avoir peur. Il était bon pour un très long séjour en cabane, et avec son passé judiciaire, le juge lui donnerait un avenir carcéral sans fin.
La vitre à peine baissée, un jeune homme souriant, le type italien s’approcha de lui et lui demanda du feu.
Un tatouage composé de trois petits points, situé sur la main était relativement visible et voulait dire « mort aux vaches », du coup il s’interrogeait un peu. Le faux policier lui fit un clin d’œil, jusqu’à ce qu’il comprenne et le laisse sortir du parking. Ce n’était pas de vrais policiers.
***
L’hôtel Waldorf-Astoria est l’un des hôtels les plus luxueux de la ville de New York, situé au 301 Park Avenue ; il est décoré avec un goût exquis et artistique dans le respect du passé, avec des meubles anciens. Des hommes et des femmes privilégiés, venus du monde entier, qui apprécient l’hôtel pour son cadre idyllique, se croisent sans même se regarder. Des automates malades de leur travail, et qui n’ont à offrir que des objectifs commerciaux et des impératifs financiers, des réunions de travail, des prospectives, des budgets impossibles à respecter, des collègues comme ennemis jurés, la hiérarchie perdue dans des organigrammes, et pour le plus chanceux d’entre eux, une famille et des enfants à élever…
Ces robots travaillent d’arrache-pied pour que le chiffre d’affaires de la sacro-sainte entreprise soit atteint, afin d’obtenir l’indispensable prime de fin d’année.
Le rêve américain était là, palpable dans toute sa supercherie.
Dans cet hôtel totalement équipé pour des séminaires, l’élite des affaires et de la finance américaine se réunissaient une fois par mois pour parler des prospects et orienter l’avenir, afin de rassurer les actionnaires de leur société américaine cotée en bourse.
Aucun poste-clé n’appartenait à une femme. Elles étaient belles, blondes et bien foutues, ravies par un mari très absorbé par ses affaires, elles n’avaient qu’un seul droit : celui de dépenser l’argent dans les boutiques les plus chères de New York ou de prendre un jeune amant rigoureux.
À l’autre bout de la chaîne, Ricky Junior était à son poste de travail. Voiturier depuis plus de trente ans, il poireautait à longueur de journée, trônant devant le très luxueux hôtel au drapeau américain planté sur la façade du Waldorf-Astoria.
Un vieil homme conduisait les voitures de luxe les plus prestigieuses de son temps. Les richissimes clients le saluaient avec respect et l’appelaient par son prénom. Et certains même insistaient pour que ce soit lui, en personne, qui s’occupe des bagages dans l’hôtel. Un gagne-pain généreux en pourboire, remis par des gentlemen des temps modernes. Habillé d’un costume comme un Monsieur Loyal sorti tout droit d’un cirque, il s’active neuf heures par jour devant les portes du grand hôtel, sans y entrer. Certains mois, il arrivait à gagner plus que le directeur de l’hôtel.
Un heureux destin pour quelqu’un qui n’avait pas eu la chance de faire des études. Mais pour bien se débrouiller et marchander ses petites magouilles entre amis, ce n’était pas nécessaire de savoir lire et écrire. Son talent c’était de pouvoir garer la voiture du client correctement et sans problèmes sur les places de stationnement les plus étroites et les plus recherchées situées à proximité de l’hôtel. Une existence qui ressemblait à une vie de chien qui reste sur un tapis rouge.
Toujours à l’affût, l’oreille tendue, l’œil aux aguets, pratiquement rien ne lui échappait, il ne perdait rien de vue.
Il savait tout sur tout le monde.
Il connaissait cette ville mieux que personne.
La plupart du temps, il était oisif et il passait ses journées à récolter les rumeurs et les ragots en tout genre, en écoutant quelques mauvaises blagues que lui racontaient les chauffeurs de taxi qui le draguaient à longueur de journée pour être recommandés à un bon client en partance pour l’aéroport.
Un grand charisme et le capital sympathie hors norme qu’on lui connaissait, un sourire ravageur et en même temps, il était adorable avec les clients : avec eux, il avait tissé un réseau précieux de relations intimes.
Puis, il secoue la tête d’un air navré.
Son interlocuteur avait l’air étonné en découvrant la somme qui avait été dérobée.
Par la suite, Ricky leva la tête et siffla un taxi stationné de l’autre côté de l’avenue. Deux minutes plus tard, arriva un jeune homme irlandais, élancé, maigre, cheveux roux dissimulés sous une casquette, sa frimousse était remplie de taches de rousseur. Le chauffeur de taxi le salua avec empressement et ouvrit la portière de son véhicule à son client. L’individu monta et le salua brièvement, il dit qu’il était très pressé et s’installa à l’arrière.
Ricky lui demanda d’attendre son passager et de le ramener à l’hôtel une fois le rendez-vous terminé. Monsieur Teller le salua en lui tenant la main et le chauffeur de taxi cligna de l’œil. Il y avait du pourboire dans l’air.
Lorsqu’il tourna la tête, il aperçut la brune volcanique qui avait débarqué de Paris la semaine dernière et qui très vite s’était fait remarquer par sa beauté captivante et hors normes, de celle qui faisait tourner la tête à beaucoup d’hommes.
Le premier soir où elle avait dîné seule dans la salle historique du restaurant de l’hôtel, ce n’était pas simple, elle avait été obligée de repousser les avances de plusieurs millionnaires attirés par le somptueux décolleté, inoubliable, et par l’élégance raffinée de la femme italienne.
Elle a dû même se prendre la tête avec le chef de rang pour régler son addition qui avait été payée par un de ses adorateurs.
La femme était trop jolie pour être une prostituée de luxe, trop charmante pour dîner toute seule, trop avantageuse pour ne pas avoir envie de tenter sa chance, trop désirable pour exister sans l’épaule forte d’un homme.
Un jeune homme français, écrivain à succès qui avait réservé à l’année la suite présidentielle, était tombé fou amoureux de la princesse parisienne, brune à la peau claire, aux yeux marrons et aux cheveux noirs. Quatre fois par jour, le meilleur fleuriste de la ville lui apportait un bouquet majestueux. Et quatre fois par jour, il rempaquetait son bouquet coloré. Elle refusait systématiquement, sans pour autant qu’il y ait eu la moindre explication. Elle est si belle et si cruelle !
Un soir, le français à la belle carrure, belle gueule, se présenta à sa porte ; il déclare sa flamme à la personne qu’il aime et commence à courtiser la princesse venue de France avec un écrin contenant une bague hors de prix, avant de se diriger vers l’autel. Il était tombé amoureux d’elle. Elle serait désormais sa muse littéraire. Son costume d’auteur, son sourire sont impeccables et ses intentions sont pures et nobles. Elle regarde son adorateur de travers de haut en bas et l’écrin qu’il lui tend. Elle attrape la bague et la tourne entre ses doigts, passe l’alliance à son annulaire, la regarde sans envie, lui rend la bague, hausse les épaules, lui assène une gifle magistrale, puis claque la porte au nez de l’écrivain romantique.
Tout était dit ! Sa peine, sa tristesse et son désespoir se lisaient dans ses yeux.
Une femme de chambre assista à la scène et les clients et collègues de travail s’arrêtaient pour l’écouter, et depuis tout le monde riait de cette histoire rigolote.
Le prénom de cette cliente mystérieuse et sa réputation de tigresse indomptable commencèrent à circuler parmi le petit personnel, comme pour féliciter son caractère, et ses coups de sang : Mademoiselle Mirella Conti.
C’est ce qui était inscrit sur sa réservation qui émanait d’une très chic et très sérieuse agence de voyages parisienne, qui avait insisté lourdement pour que tous les égards soient donnés à la cliente extrêmement importante.
Elle était surnommée aussi « la lionne », et elle était une des membres les plus influentes de la mafia sicilienne, une figure emblématique de la Cosa Nostra. Beaucoup trop amoureux de cette femme, le très beau et intelligent romancier ne désarma pas pour autant ; il cessa l’envoi de bouquets de fleurs, il essaya le chocolat pur cacao, le champagne millésimé…
Elle renvoyait le tout à l’expéditeur.
Elle était son plus grand amour ! Décidément, l’amour rend aveugle et obstiné !
La créature de rêve à la baffe facile s’approcha de Ricky. Elle était là tout près. Il était tout rouge. Elle est délicieuse, belle comme Cléopâtre, inatteignable, inabordable et bien foutue. Il frémit quand une voix douce à accent lui dit à l’oreille :
Sa voix était d’une douceur extrême, envoûtante et son regard hypnotique, pénétrant et magnétique, sa bouche pulpeuse, elle était divine. À rendre un homme fou amoureux, avec une beauté sans égal, l’énigmatique jeune femme de la suite royale ne devait pas fréquenter n’importe qui. Et encore moins, un minable portier d’hôtel et ridicule voiturier, qui demandait l’aumône, un vieux gars sans avenir. Comment pouvait-il se douter que cette merveille de beauté était la fille adorée du plus grand parrain de la mafia sicilienne ? Ce qui était impossible à croire !
Comment peut-on s’imaginer en la voyant qu’elle était à New York pour organiser un hold-up avec l’aide de Carmine Galante ? Ce qui est impossible à avaler ! Si le beau prince charmant avait su la parenté de cette femme volcanique, sensuelle et à la criminalité dans le sang, il aurait sûrement évité de faire la cour à cette ravissante Italienne de peur de se prendre, non pas une baffe, mais une balle en pleine tête. Dans le milieu mafieux, le père de Mirella était surnommé avec crainte et respect « l’ancestral » par ses adversaires, titre honorable, sur l’attachement au respect des valeurs fondamentales qui unissent la famille et son besoin de continuité par rapport aux anciennes traditions, issu des croyances religieuses, et de l’histoire de la terre de ses ancêtres mafieux. Cet homme dangereux qui avait le regard noir, et qui n’avait qu’une faiblesse, sa fille adorée, et depuis quelques mois elle s’était autorisée à prendre la poudre d’escampette.
Blessé dans son orgueil et la peur au ventre que quelque chose arrive à sa fille chérie, il tournait en rond, comme un animal sauvage en cage dans sa belle villa luxueuse, en calmant ses nerfs sur ses affaires internationales et sur son personnel, soumis corps et âme à toutes ses volontés.
Avant de débarquer dans un hôtel huppé du centre de New York fréquenté par des aristocrates, Mirella avait atterri à New York avec Andréa Vartanian, sa meilleure amie et complice.
Pour une sécurité maximale, elle s’était installée depuis une semaine dans un appartement de location avec une vue imprenable sur l’hôtel duquel elle surveillait toutes les allées et venues en se servant de son fusil à lunette comme d’une jumelle. Elle n’avait pour objectif que la protection de son amie.
Sa première visite fut pour Carmine Galante l’ami d’autrefois, devenu l’ennemi juré dans les affaires de son vieux père.
Un odieux personnage qu’elle connaissait bien par ailleurs, et qu’elle avait déjà eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises lors de ses allées et venues dans sa villa Tasca à Palerme, une grande et très jolie demeure aristocratique urbaine du XVIIIe siècle, bâtie sur un terrain de quatre hectares, entourée de très beaux palmiers aux feuilles d’un vert émeraude et d’une belle piscine.
Arrivée à Brooklyn, elle entra dans le restaurant préféré du parrain de la mafia new-yorkaise, le « Joe and Mary’s » situé au 203 Knickerbocker Avenue, et sans avoir au préalable obtenu un rendez-vous, effet de surprise oblige !
Mirella n’aimait pas ce bonhomme méchant au regard noir, et qui s’amusait à attraper les papillons du jardin pour leur arracher les ailes. À l’âge tendre selon ses souvenirs, on ne peut que très mal interpréter ce genre de geste. Mirella avait alors sept ans, et alors qu’elle était à l’époque constamment cachée dans les jambes de son père, elle se jura de venger chaque beau papillon sans défense torturé sadiquement. La fillette était sans pitié et se vengerait certainement un jour. Et le grand jour était arrivé, grâce à des confessions faites à Paris par un directeur de banque très malhonnête, trafiquant avec la mafia italo-américaine, qui était arrivé, il y a une semaine dans la capitale française.
Sous les conseils d’un ami véreux comme lui, il était descendu à l’hôtel Napoléon pour fêter les vingt ans de vie commune avec sa femme ; il cherchait un joli cadeau original pour offrir à son épouse.
Dès le lendemain de leur arrivée, en plein après-midi, le PDG s’était autorisé une petite escapade dans les rues pleines de charme de Paris, avec une idée derrière la tête : tromper sa femme pour la énième fois sans culpabiliser. Bien sûr, il avait entendu parler comme tout le monde du Moulin Rouge, du Lido, de Pigalle, des prostituées de la rue Saint-Denis, des putes du Bois de Boulogne, exerçant dans leur camionnette…
Sur l’avenue des Champs-Élysées, il est émerveillé en voyant défiler sous ses yeux la belle démarche de la jolie brune, élégante, avec sa jupe et ses talons aiguilles. Et il tombe amoureux quand il croise son regard, il souhaite l’inviter à boire un verre. Elle toise de la tête aux pieds l’audacieux, et elle se met à ricaner, en lui éclatant de rire au nez, surprise par ce grand homme, viril, bien foutu, aux cheveux blancs et aux yeux bleus.
Et après tout pourquoi pas ? se dit la belle Française à l’accent italien qui voit ici une opportunité de dépouiller un homme marié, sans aucun scrupule.
Et quand le soir fut venu, Mirella avait appris qu’un certain Carmine Galante, son complice, organisait l’attaque d’un fourgon blindé à New York, une grosse affaire de billets usagés et non répertoriés, destinés à la destruction. Pour se mettre en valeur, le PDG avait révélé chaque détail de l’opération, et il avait promis à la belle brune de divorcer, et de l’emmener vivre la grande vie, si le braquage réussissait.
Elle avait disparu, sans laisser d’adresse au fanfaron qui avait trop bu et dévoilé trop de confidences.
Cependant, pour réussir l’opération, un détail important : trouver du C-14, un explosif indispensable pour perforer un fourgon blindé. Mirella trouve du C-14 sans aucune difficulté, et elle envoie un colis qui contient un kilo de plastic à New York par poste restante.
Dans le restaurant italien, Mirella repère la table de Carmine Galante qui déjà s’empiffrait d’un plat de pâtes.
Sans hésiter, elle s’installe en face de lui. Son plus fidèle garde du corps, Léonard Coppolo était estomaqué par l’audace de la belle brune, il n’avait pas eu assez de temps pour l’empêcher de s’approcher du parrain. Léonard regarda son patron à la bouche pleine de spaghettis qui d’un geste de la main le rassura. Le parrain de la mafia américaine regarda la belle brune au beau visage, et surtout son décolleté plongeant. Encore une pute qui cherche ma protection, se dit-il.
Le parrain de New York faillit s’étouffer en reconnaissant la fille de Don Conti.
Les mêmes yeux noirs, la même arrogance.
Carmine ferma étroitement les yeux, montrant de l’animosité envers elle ; le parrain aspira une bouffée de cigare, en mettant ses affreuses lunettes noires et carrées sur son nez.
Tous les visages se retournèrent en même temps vers elle, et ils épiloguèrent sur la beauté de l’étrange visiteuse. Le propriétaire du restaurant Giuseppe Turano eut une lueur de panique dans les yeux, il fit un signe de croix plusieurs fois, commença à faire une prière et apporta un verre de jus d’orange à la jeune femme en guise de bienvenue. Il ne voulait surtout pas d’embrouilles avec le clan Conti.
Carmine cessa immédiatement son rire de hyène et s’essuya la bouche avec la serviette blanche qui étranglait son cou et la regarda :
Carmine étouffa de rire.
Carmine écarquilla les yeux. Comment avait-elle deviné ?
Tout au long du repas, Carmine, ce vieux filou, se laissa amadouer et lui révéla son plan d’attaque par pure politesse, et en espérant faire plaisir à Don Conti pour avoir mis sa fille sur le coup.
Carmine resta sans voix à son grand étonnement.
Les jours suivants, elle rencontra la fine équipe de braqueurs chevronnés au grand complet.
***
Cet après-midi, la bande de malfaiteurs avec Mirella à leur tête braquait le fourgon blindé avec succès.
Ni blessé ni tué.
Après l’attaque du fourgon blindé, le groupe se divise en deux. Les sacs contenant l’argent du braquage voyagent à présent à l’arrière d’une Ford Econoline Van.
Mirella s’était plutôt bien débrouillée pour que les garçons la laissent conduire, sachant qu’une voiture la suivait, sous une chaleur accablante.
Dans le ciel de New York, Carmine à bord de son hélicoptère, pense à son rendez-vous, avec Mirella et à son fric. De plus, il a de mauvaises intentions envers la très belle Mirella. Il sourit d’avance au plaisir qu’il va se donner.
En guise de remerciements pour son aide, Carmine avait eu l’affreuse idée de la pousser du haut de l’immeuble. Il trouvera toujours un prétexte pour annoncer cette mort affreuse à son papa.
D’ailleurs, il n’avait jamais aimé cette gamine trop sûre d’elle, prétentieuse, et qui aimait les papillons qu’il haïssait, parce qu’elle les protégeait de son amour.
Mirella fait comme si elle allait sur le lieu du rendez-vous. Elle freine au feu rouge, tourne la tête et aperçoit Andréa, sa meilleure amie. Elle était souriante à la lueur du soleil couchant qui frappait son visage. Elle avait l’air d’un ange. Comme quelque chose d’étrange était en train de se produire devant ses yeux, une ombre et quelques secondes après tout redevint normal. L’homme qui la suivait dans l’autre voiture, le pauvre gars, n’y voyait que du feu.
Quand tout à coup la porte de sa voiture s’ouvre brusquement, il voit une jeune femme faire irruption dans sa voiture le neutralisant avec un pistolet. Ni une ni deux, avec un large sourire, elle lui subtilise la clef de contact, le tout en moins de dix secondes. Le feu passe au vert, la camionnette démarre, sauf lui. Les voitures derrière klaxonnent et se mettent à le doubler, tout en l’insultant. Il lève les bras au ciel. Il s’est fait blouser par la pire des salopes. Le magot venait de se volatiliser sous ses yeux. Tel était le vrai programme de la belle femme brune, ne pas partager, arnaquer Carmine Galante.
***
À bord du taxi pris devant l’hôtel et qui l’emmène à l’aéroport, Mirella demande au chauffeur de s’arrêter devant une cabine téléphonique, et appelle la police.
Dix minutes après le coup de fil, toutes les forces de police de la ville cernaient l’immeuble.
Mirella les avait informés que tous les braqueurs du fourgon blindé s’étaient réunis au dernier étage du bâtiment ; un appel anonyme intéressant qui avait incité la police à tenter sa chance. Carmine s’envola avec l’hélicoptère et l’engin disparut dans le ciel. Fille de Don Silvano Conti ou pas « le Capo di tutti i capi » se jura de briser les ailes de papillon de Mirella.
***
Les jours suivants, Carmine prit contact avec le plus grand tueur de la mafia. Il est environ trois heures du matin lorsqu’une Cadillac Sedan Deville stationne à Red Hook, Brooklyn dock.
Sur un quai désert, un véhicule noir se trouve au bord de l’océan Atlantique, parmi les immenses porte-conteneurs endormis et plongés dans une nuit noire. Une montagne de muscles en costume-cravate, les bras croisés, qui ressemblait fort à Léonard Coppolo était posté devant la jolie calandre chromée de la Cadillac, et il refusait que le parrain sorte. Il devait patienter.
Une Lincoln Versailles de couleur grise roulant tous feux éteints arriva à faible allure, et freina brusquement.
La porte de la Lincoln Versailles s’ouvrit.
Un homme apparaît dans la pénombre, laissant entrevoir une silhouette, et vient à leur rencontre. Léonard sort son pistolet et attend, tenant l’arme le long de sa jambe. Les deux hommes se respectent et se connaissent depuis longtemps.
Le parrain pencha la tête par la vitre, il reconnut le tueur à gages qui ne se déplaçait que pour exécuter de gros contrats.
Carmine Galante se plaisait à dire qu’un seul homme lui inspirait de la crainte, c’était ce Gaetano Lanchello. Et qu’une saleté qui l’avait arnaqué méritait les bons soins d’un homme qui n’avait jamais raté un contrat.
La réputation du puissant tueur n’était plus à faire.
Sa discrétion, son sérieux et sa rapidité d’exécution parlaient pour lui.
Si Gaetano Lanchello acceptait un contrat sur votre tête, vous étiez déjà dans la tombe ! À la suite d’une discussion entre les deux hommes, l’affaire fut conclue, il n’y avait plus à y revenir.
Carmine ordonna à Léonard de lui apporter le fric, au tueur le plus craint de la pègre.
Une montagne de muscles criminels était désormais aux trousses de Mirella, et si elle n’était pas encore morte, c’était que la jolie brune avait la bougeotte et une chance incroyable.
Tout de même, il avait eu sans l’avouer un brin d’hésitation, et avait même presque ressenti de la frousse. Cette femme n’était pas une personne ordinaire : c’était la fille d’un chef de clan. Bon Dieu ! Dans quelle galère s’était-il embarqué ?
Un ciel bleu couvrait cet avant-dernier jour du mois de juin 1979.
Des couples de moineaux avaient trouvé refuge en haut du mur de la prison de la Santé, et par leurs sifflements joyeux ils animent comme chaque matin la rue de la Santé à l’unique urinoir malodorant du siècle dernier.
Ce quartier résidentiel aux majestueux marronniers centenaires était apaisant, voire rassurant pour les riverains.
À moins que ce ne soit les régulières rondes de véhicules de police, patrouillant autour de cette forteresse sombre et inhospitalière. Aucun nid d’oiseau n’existait près de l’immense porte d’entrée principale de la prison très surveillée. Et pour cause ! Dès que la grande porte s’ouvrait pour laisser entrer un fourgon de l’administration pénitentiaire, on comprenait tout de suite pourquoi les volatiles n’avaient pas souhaité élever leur progéniture près de la porte d’entrée en acier. Le grincement de la porte était insupportable.
Il faut croire que la dernière fois qu’on avait graissé le mécanisme des portes de l’enfer remontait à l’époque de Jérusalem, et à chaque fois que cette maudite porte s’ouvrait des cris d’oiseaux apeurés accompagnaient dans une envolée le bruit du mécanisme de torture.
Mais peut-être était-ce fait sciemment pour effrayer les oiseaux et les éloigner, afin de les empêcher de chanter leur chant mélodieux, et arrêter d’entendre les petits oiseaux gazouiller de bonheur, alors que derrière les barreaux on se devait d’offrir à nos locataires le recueillement obligatoire.
Le soleil venait lécher de ses rayons les barreaux solidement encastrés et régulièrement contrôlés à partir d’un mirador. Alexandre Vartanian s’était endormi à l’intérieur de sa cellule, allongé dans une position très inconfortable. Il avait dormi en espérant rompre avec la malchance.
À le voir endormi tout habillé, rasé de près, et son baluchon situé à proximité, on se doutait en le voyant qu’il avait purgé sa peine de prison, et qu’il était prévu qu’il quitte la prison de la Santé.
Après avoir passé une nuit blanche à essayer de s’imaginer comment allait se dérouler sa première journée de liberté, l’épuisement et le sommeil s’étaient emparés de son corps pour le traîner dans des rêves agités, parsemés de souvenirs d’enfance. Alexandre voyait dans son sommeil sa mère qu’il n’avait pas vue depuis longtemps. Elle l’attrapa pour se baigner dans cette mer chaude. Ensemble sans un mot, la mère et le fils se baignaient. Cette grande et belle jeune femme brune regardait son fils, elle sourit, et dit :
Un bruit de serrure se fit entendre et stoppa net son rêve.
Alexandre Vartanian admirait pour la dernière fois le ballet tournoyant et virevoltant d’un groupe d’hirondelles, les vols qui passaient et repassaient devant la petite fenêtre.
Un gentil moineau au torse blanc qu’il avait l’habitude de voir se posa sur le rebord, il réclamait à manger. Il égrena quelques miettes de pain rassis devant lui, et le moineau lui chanta son air préféré pour le remercier.
Il regarda le ciel, il avait envie de crier son énervement, une crispation désagréable au système nerveux, mais se retint. Il avait hâte de quitter ce mouroir où seuls comptaient le paquet de cigarettes, le rouleau de papier de toilette qui vous grattait le cul et le tube de dentifrice à commander à la cantine.
Un peu plus tard un gardien ouvre la cellule et le fait sortir. Il salue d’un hochement de tête respectueux son copain de cellule comme un simple au revoir et disparaît derrière la porte.
Un maton lui restitue les affaires qu’il avait remises le jour de son arrivée à la prison. Ce dernier lui énumère les affaires personnelles :
Alexandre met la montre à son poignet en se rappelant l’avoir gagnée lors d’une partie de poker, puis il introduit délicatement son portefeuille et ses clefs à l’intérieur de la poche de son veston.
Une Cadillac Eldorado cabriolet de couleur rouge était stationnée devant la porte principale de la prison, elle détonnait avec la tristesse de la rue.
À l’intérieur de la voiture américaine, deux magnifiques jeunes femmes se trémoussent sur des rythmes disco.
Le gardien de prison à l’entrée de la maison d’arrêt admire la belle carrosserie rutilante. Il ne se doutait pas un seul instant que le véhicule avait été emprunté sans l’autorisation de son propriétaire, un bandit texan, un certain, Sam Hamilton, riche américain venu pour passer quelques jours à Deauville pour s’amuser, passer du bon temps, gagner gros en jouant sur les tables de jeux du casino et en tapant le carton.
Les deux jeunes femmes étaient sexy à souhait, un brin provocantes.
Le gardien pervers, qui se rinçait bien l’œil planqué derrière les vitres teintées de la porte principale, s’imaginait partir en virée avec les deux bombes sexuelles pour se rouler dans l’herbe, avant de les sauter toutes les deux dans toutes les positions.
Le vieux dégueulasse n’avait pas honte le moins du monde de ce qu’il ressentait.
Mirella s’étira paresseusement comme un chat, elle tendit les bras, nonchalamment, ressentant des courbatures et beaucoup de fatigue due à une nuit courte et riche en émotions ; une pause agréable. Elle était sur le point de succomber à cette fatigue.
La nuit dernière elle avait réussi à cambrioler une chambre d’hôtel.
Comme une alpiniste chevronnée et à l’aide d’une corde de rappel, la jeune femme s’était hissée à la force des bras sur le toit presque inaccessible de l’hôtel Le Normandy.
Elle adorait cette sensation de danger, cette ivresse de se balancer dans le vide avec une corde solidement accrochée.
Ce moment restera gravé à jamais dans sa mémoire. Dans l’obscurité totale, en silence, à l’aide d’une lampe de poche, elle avait volé des dossiers secrets défense du Pentagone que son commanditaire désirait, et à la barbe du costaud qui montait la garde devant la porte de la suite. L’espionnage militaire était en plein essor, et elle avait compris que ces nouveaux généraux payaient bien, et sans jamais négocier. Ce qui n’était pas le cas des intermédiaires.
Lorsqu’elle entra dans le casino en tenue de soirée au super décolleté plongeant, elle aperçut Andréa sa complice en grande discussion avec Sam Hamilton à l’haleine chargée de whisky, mélangée aux odeurs de cacahuètes.
Mirella s’approcha en souriant de sa meilleure amie, elle se dirigea alors vers elle, l’attrapa par le bras, et lança discrètement qu’elle voulait rentrer à la maison, affirmant qu’elle n’avait plus assez de jetons pour miser. Mirella avait menti pour se débarrasser du Texan, habillé avec sa chemise de cow-boy, le chapeau, le jean et les bottes.
Andréa lui fit une bise sur la joue et glissa sa main dans la poche de celui-ci pour attraper les clefs de sa Cadillac en pensant que son rendez-vous de demain matin apprécierait un accueil prestigieux.
Sur l’autoroute A13, le cabriolet était lancé à vive allure, les cheveux au vent, face au soleil levant, elles chantaient à tue-tête comme deux adolescentes en fugue. Mirella explosait de joie, elle était la plus heureuse du monde : son mec sortait de prison à neuf heures.
Personne ne l’avait remplacé, ni dans son cœur ni dans son lit. Son regard se porta vers l’entrée principale de la maison d’arrêt parisienne.
La fatigue après une grosse soirée et ce Deauville-Paris en deux heures prenaient le dessus sur l’excitation de revoir son amoureux et de le prendre dans les bras.
Elle ferma les yeux en s’imaginant les ouvrir sur le visage de ce bel homme qui avait défié sa famille. Ce beau gosse brun, yeux noisette, taille mannequin, gueule d’ange qui avait affronté la colère de son père.
Le départ de la fille à son papa avec un inconnu avait été considéré comme un adieu définitif par la famille.
Et elle ne regrettait pas ce choix.
À l’entrée de la prison, le surveillant avait ameuté les collègues.
Ils purent apprécier une vue imprenable sur les jambes de déesse, fines et longues, qui donnaient une envie folle de les caresser, que la belle brune avait relevées et placées sur le tableau de bord. Une vision érotique qui donnait la trique !
Il est vrai que du haut de ses vingt-huit ans cette superbe créature de rêve, aux épais cheveux noir de jais, flânant sous le soleil parisien vous faisait tourner la tête comme sur un manège de foire.
Andréa remarque une dizaine de voyeurs qui les observe. Elle décide de les émoustiller un peu plus.
Andréa prend place aussitôt devant un miroir, sort son tube de rouge à lèvres et dessine sa bouche divinement charnue. Elle n’avait pas un visage de star ni la beauté naturelle de son amie, c’était une ravissante brune extrêmement piquante et sexy avec une jolie peau de prune. Une magnifique jeune femme brune aux yeux verts, aux cheveux mi-longs. Une superbe arménienne au regard d’un vert intense, ravageur et envoûtant. Son corps parfait, sa poitrine menue et son allure BCBG étaient prometteurs de moments intenses.
Mais en réalité, elle aimait allumer les hommes et les faisait marcher, réveillant le désir dans le cœur des hommes qu’elle cherchait à séduire pour mieux les plumer ensuite. C’était une manipulatrice et une séductrice hors pair. Et les hommes qui tombaient dans le panneau en étaient pour leurs frais. D’autant plus que sa nature agressive et impulsive ne permettait à personne d’espérer la moindre caresse sur son corps avant fort longtemps.
Un rayon de soleil vint éclairer son joli visage ; avec son chapeau de Cow-boy piqué au Texan, la belle brune était radieuse, elle paraissait s’être échappée d’un western spaghetti.
Tous les porte-clefs étaient éblouis par la pureté de cette nymphette qui ne ressemblait en rien aux épouses qu’ils tringlaient.
Il est neuf heures du matin. Cela fait déjà une bonne heure qu’elles sont arrivées en voiture, il leur faudra patienter encore un peu plus. Le soleil continuait son ascension au zénith.
Andréa étouffait de chaleur. Elle ne met pas longtemps à se débarrasser de son soutien-gorge. Le tee-shirt blanc lui collait à la peau, on devinait ses seins. Les surveillants de prison allaient pouvoir se rincer l’œil.
Un gardien de prison accompagne le détenu, il ouvre la lourde grille métallique, une autre porte devant eux s’ouvre automatiquement. Puis deux autres portes s’ouvrent avec fracas.
Deux surveillants le regardent faire, bras ballants. Ils se retrouvent dehors dans la cour d’entrée de la prison débordant de gardiens lubriques. Une grève ou une action syndicale se préparait. La vue de ces hommes, qui rouspétaient et se plaignaient, rappela à Alexandre le jour où il était entré dans cet enfer. Il s’en souvient comme si c’était hier.
Il participait à une tranquille partie de poker privée avec des joueurs confirmés. Cette nuit-là, il s’en sortait vainqueur et avait plumé en beauté les deux Américains et l’organisateur, un Libanais connu pour organiser des parties de poker clandestines chez lui, réservées à une petite aristocratie composée de joueurs aguerris. Au petit matin, la porte d’entrée vole en éclats dans un vacarme fracassant laissant apparaître une équipe de flics de choc, des hommes déguisés en commando et armés jusqu’aux dents se ruent à l’intérieur de la pièce. Alexandre retient son souffle, surpris. Une brute épaisse se rue sur lui. Les joueurs sont emmenés de force.
Les deux Américains furent expédiés hors de France, et lui fit de la prison ferme pour avoir participé à une partie de poker clandestine. Il s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il était juste venu participer à une partie de poker organisée par son ami et s’était retrouvé derrière les barreaux. En réalité, le libanais s’était retrouvé, il y a plusieurs mois de cela, dans la ligne de mire des Renseignements Généraux pour trafic d’armes et de trafic de stupéfiants.
Le directeur de la prison de la Santé fait une grimace, pousse une gueulante haineuse envers les matons et menace d’une sanction disciplinaire tous les récalcitrants.
Ils regagnent tous leurs postes en bougonnant. Le gardien éjecte Alexandre en dehors de la prison en claquant derrière lui la petite porte près de l’entrée principale.
Andréa sauta au cou de son frère et elle bondit dans tous les sens, en criant de joie :
Il prit un grand bol d’air et attrapa sa sœur par l’épaule :
Dieu ! Qu’il avait de la chance d’être accueilli par la plus belle femme du monde ! Alexandre dépose un doux baiser sur ses lèvres. Elle ouvre un œil paresseux, en l’observant de manière joyeuse, elle se redresse et lui roule un patin fougueux. La frangine leva les yeux au ciel en râlant :
Les deux amoureux s’installèrent à l’arrière de la Cadillac Eldorado. Ils se serrèrent avec amour et se bécotèrent durant de longues minutes pour essayer de rattraper le temps perdu, les mots étaient inutiles. Les corps frétillaient de désir et s’il n’y avait pas eu la frangine, ils auraient bien aimé faire l’amour dans la voiture.
Andréa était vendeuse à mi-temps dans une joaillerie de luxe, située sur la prestigieuse rue de la Paix, près de la Place Vendôme. Elle était en retard et se préparait à recevoir un savon de sa patronne très collet monté, et très à cheval sur les horaires.
Elle noua joliment ses cheveux en une queue de cheval et mit la gomme, sans non plus prendre de risques inutiles.
Mirella lui fait un rapide clin d’œil et lui donne rencard ce soir au Palace, la discothèque la plus courue du moment pour fêter l’événement comme il se doit.
Ils abandonnèrent sur place la belle carrosserie américaine aux pervenches qui lorgnaient au loin le duo qui s’éclipsait.
Sur l’avenue de l’Opéra, les jeunes amoureux marchent bras dessus, bras dessous. Ils se dirigent dans la rue Molière vers une Mercedes 450 SEL de couleur grise, immatriculée au nom de Mirella. Sa pulsion sexuelle était plus forte que sa raison. Elle se retourna vers Alexandre avec un grand sourire. Survoltée, elle lui grimpa dessus pour le chevaucher comme une furie. Elle savait qu’il adorait son tempérament de diablesse et en profita pour lui mordre la langue jusqu’au sang. Elle enleva sa culotte et enfila le membre bien raide de son étalon dans son sexe humide, le tout sous les yeux des passants. Tout le monde était estomaqué.
Alexandre dégrafa son soutien-gorge, libéra ses seins bien fermes, il les caressa, et lui mordit ensuite les mamelons, la faisant gémir.
Elle tournait le dos, et s’appuyant sur le pare-brise, lui offrait sa belle croupe, et il la pénétra violemment. De plus en plus de passants se mirent à regarder le couple en train de faire l’amour à la vue de tous. D’autres avaient été énervés de regarder cette scène obscène.
Mirella gémit de plaisir pendant qu’il la pénètre, pousse des cris jusqu’au plaisir ultime. Alexandre avait attendu ce moment de délivrance pour l’accompagner dans son orgasme. De longs mois d’incarcération furent effacés par leurs retrouvailles. L’amour avait sur lui quelque chose de régénérant. Dans le rétroviseur, il aperçut une gardienne d’immeuble complètement hystérique qui s’approchait du véhicule avec un balai à la main. La femme s’écria que les voitures n’étaient ni une chambre d’hôtel ni un bordel. Très énervé d’interrompre son plaisir tant attendu, Alexandre lui adressa un doigt d’honneur.
Mirella démarra en trombe comme si elle avait tous les policiers de France et de Navarre à ses trousses.
Par la suite, le visage d’Alexandre s’illumina d’une joie indescriptible.
Avec Mirella c’était tout sauf de la monotonie ! Il remerciait Dieu chaque jour de lui avoir donné ce cadeau. Il lui lança un regard complice, auquel elle répondit par un sourire en coin.
Devant le fronton de l’hôtel trônait fièrement un portier qui, dans son uniforme, attendait les hôtes pour s’occuper des bagages et pousser la porte dorée.
Mirella se penche et tire un curieux attaché-case dissimulé très tôt le matin sous le siège avant du chauffeur.
Le portier leur adresse un magnifique sourire et leur souhaite la bienvenue, un voiturier prend les clefs pour garer la voiture. Le concierge d’hôtel accueille le couple :
Les hommes avaient les yeux rivés sur elle. Alexandre avait perdu l’habitude de ces regards envieux des autres hommes.
Le concierge de l’hôtel consulte le registre et remet une clef de la suite.
Souhaitez-vous que nous vous réservions deux couverts dans un restaurant pour ce soir ?
Mirella paya et se dirigea vers l’ascenseur avec l’attaché-case serré contre elle.
La suite Bernstein était somptueuse et lumineuse à la fois.
Le décorateur avait mis le paquet. Mobilier Louis XV, moquette épaisse, avec des lustres extravagants… et dans la chambre à coucher au milieu un immense lit baldaquin trônait. La salle de bains contrastait par son modernisme, avec du marbre au sol et au mur, sa vasque aux robinets plaqués or, douche et baignoire impeccablement entretenues. Sur le guéridon, l’hôtel avait glissé sa carte de visite dans une corbeille de fruits exotiques.
Elle lut : Avec toutes nos félicitations, sincères et chaleureuses, et en vous souhaitant tout le bonheur du monde. Nous espérons de tout cœur que vous passerez un agréable week-end. Nous vous remercions d’avoir choisi notre hôtel.
Mirella décida d’aller prendre un bain et prendre soin d’elle pour être la plus belle. Elle se glissa dans l’épais peignoir de coton à l’emblème de l’hôtel, fit couler son bain et plongea avec délectation.
Alexandre tira les rideaux et admira la vue superbe depuis la terrasse.
La prison de la Santé lui paraissait loin. Combien de taulards étaient venus passer du bon temps à l’Hôtel de Crillon le jour de leur libération ? Mirella l’avait gâté. Alexandre avait bien de la chance ! Il a apprécié cette fidélité sans faille. L’obélisque de Louxor, l’Assemblée Nationale, le Jardin des Tuileries, la tour Eiffel… Paris est à ses pieds. Alexandre était au comble de l’émotion, il respira un grand coup pour mieux savourer l’instant de bonheur, les yeux fixés sur la tour Eiffel. Il était époustouflé, tant de beautés réunies dans un même endroit. Un beau sourire illuminait le visage d’Alexandre. Ses yeux brillaient de bonheur. Il dégaina une cigarette, qu’il portait sereinement à sa bouche.
Il alluma sa clope avec son briquet fétiche.
Aujourd’hui, la vie reprend ses droits. Il s’allongea sur le lit, observant le plafond avec intérêt. Dans ce cadre prestigieux, son costume lui parut ringard et ridicule. Alexandre avait vu Mirella planquer l’attaché-case sous le lit. Un peu trop curieux, il prit l’attaché-case et le posa sur ses genoux. Un code à quatre chiffres protégeait le contenu des indiscrets. Alexandre réfléchit un instant, puis composa son jour et sa date de naissance.
L’attaché-case s’ouvrit comme par miracle. Que les femmes sont prévisibles ! pensa-t-il tout bas. À l’intérieur, il y a plusieurs dossiers au cachet secret défense. Alexandre feuilletait les pages.
Des plans et des calculs incompréhensibles pour le profane. A priori et vu les croquis d’ingénieurs, il s’agissait de U.S. Missile Défense. Peut-être le futur avion de chasse américain. Comment deviner avec toute cette nouvelle technologie de guerre des États-Unis ?
Finalement, les hommes sont aussi prévisibles que les femmes. Mirella apparut comme un ange descendant tout droit du ciel.
Mirella fouille dans son sac à main et lui remet mille francs.
Mais Alexandre n’accepte pas l’argent.
On frappe à la porte c’est le « room-service » qui apporte le champagne et les petits fours. Mirella met la main dans son sac à main et en sort un billet. Le garçon d’étage empoche le billet puis se retire tout en disant au revoir. Et, ils trinquent tous les deux à l’amour.
Il promit de revenir très vite. Alexandre sortit comme un ouragan de la suite. Elle pensait passer une soirée en amoureux avec Alexandre. C’est raté ! Furieuse, elle cria sa colère et vociféra en italien :
Plusieurs mois loin de lui, sans faire l’amour, à titiller son clitoris du bout du doigt, cela l’avait rendue complètement folle.
Ce sagouin ne savait pas la chance qu’il avait et au lieu d’en profiter, il s’était éclipsé.
Alexandre entra dans une bouche de métro pour aller à la station Jaurès. Il n’aimait pas cette foule humaine qui se collait contre lui.