À travers les silences - Tome 1 - Laurence Koëss - E-Book

À travers les silences - Tome 1 E-Book

Laurence Koëss

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Beschreibung

Après avoir vécu l’enfer, parviendra-t-elle à aimer à nouveau ?

Victime de violences conjugales, Hissa vit un enfer au quotidien. Un soir, la situation dégénère et, à bout de nerfs, elle trouve le courage de quitter son compagnon. Elle trouve refuge auprès de Marc, son voisin du dessous, déterminé à tout mettre en œuvre pour protéger la jeune femme. Ni une, ni deux, ils partent se réfugier en Espagne, dans la maison de famille de Marc.
Mais leur soudaine disparition inquiète Rayan, le frère d’Hissa, et Anastasia, la fille de Marc. Ensemble, ils partent à leur recherche et en profitent, au passage, pour faire plus ample connaissance…

Laurence Koëss dénonce dans ce premier tome les ressorts pervers d’une relation d’emprise. Elle signe ainsi un roman qui ouvre la voie à la résilience, à l’amour et au bonheur.


CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"Laurence Koëss a une belle plume, parle de ce fléau avec douceur, et avec vérité."

Livres2Nana

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"Je me suis laissée porter par sa plume si légère, vivante et limpide malgré le sujet grave à l'origine de ce roman." -

Carole_in_besac

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EXTRAIT

— Si tu comptais prendre mon plat en photo, le publier sur ton mur et cliquer "j'aime" en dessous en indiquant que tu passes une soirée swag avec "Anastasia Morel" ta nouvelle amie, oublie, Bébé !

Rayan s'esclaffa en l'entendant se moquer de lui avec le surnom qu'il lui donnait affectueusement.

— Non ? Tu n'es pas connectée non plus ? demanda-t-il, pas si étonné que ça finalement, connaissant Anastasia.

— Si, je suis connectée ! se défendit-elle, la tête haute. Je parle en vis-à-vis, je sors et je mange avec les gens que j'apprécie vraiment, dit-elle avec un air charmant. C'est bien plus agréable et plus réel. Pendant tout le temps que les internautes perdent à publier leurs photos de ce qu'ils sont en train de faire, à se congratuler, à épier ce que font les autres, et à commenter hypocritement les posts d'amis qu'ils ne côtoient plus dans la vraie vie, moi je profite à fond de l'instant présent avec mes vrais amis.


À PROPOS DE L'AUTEURE

Après avoir travaillé comme infographiste et dans la jeunesse,

Laurence Koëss

se consacre actuellement à sa famille et à sa passion : la lecture. Depuis deux ans, elle se lance dans l’écriture de romances contemporaines et de comédies romantiques feel-good.

À travers les silences

est sa première trilogie publiée chez les éditions Feel So Good.

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Seitenzahl: 262

Veröffentlichungsjahr: 2020

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Chapitre 1

Tout le monde a trois vies :une vie publique, une vie privéeet une vie secrète.

Garcia Marquez

Il fallait se rendre à l’évidence, Rayan avait un mauvais pressentiment. Connaissant le code de l’entrée, il franchit les portes de la résidence de sa sœur Hissa. Il vérifia sur la liste des résidents qu’il y avait bien un certain Marc Morel parmi ses voisins. Après avoir reçu un message énigmatique d’Hissa lui demandant de venir la chercher chez son voisin du dessous, il se trouvait à présent devant la porte de cet homme qu’il ne connaissait pas, prêt à sonner. Mais son sang ne fit qu’un tour lorsqu’il s’aperçut que la serrure de la porte d’entrée était entrouverte et explosée, visiblement par une balle.

Son cœur s’emballa.

Depuis quelques heures, il se faisait du souci pour sa sœur dont il était très proche. Mais là, c’est l’angoisse qui le saisit. Dans le doute et comme dans les films, il poussa la porte du coude pour ne laisser aucune empreinte. Puis il pénétra dans le séjour où il n’y avait personne, mais dont le sol était taché de gouttes de sang. Il les enjamba et passa par toutes les pièces une par une de cet appartement un peu vieillot qu’il trouva inoccupées elles aussi. Deux chambres avec un lit deux places dont les draps étaient encore défaits et une troisième, probablement celle d’une adolescente puisqu’elle était impeccable, ainsi qu’une salle de bain qui n’avait rien de suspecte. Après l’inquiétude et l’angoisse, c’est la peur qui s’installa tandis qu’il regagnait le séjour-cuisine. Qu’était-il arrivé à Hissa et où était-elle ? Sans attendre une minute de plus, il saisit son téléphone portable pour l’appeler. En entendant la mélodie du générique de Star Wars derrière lui, il sursauta. Posé sur le plan de travail, il reconnut le smartphone de sa sœur et cette sonnerie qu’elle avait choisie pour les appels de son frère, grand fan de la série.

Et merde !

Les mains tremblantes, en essayant de ne pas céder à la panique, il appela immédiatement le petit ami d’Hissa, Antoine Rolz. Ce dernier était agent de police dans un des commissariats toulousains. Il décrocha dans la seconde.

— Allô, Anto ? C’est Rayan.

— Ah, Rayan ! s’écria Antoine comme s’il attendait son coup de fil.

— Ma sœur m’a envoyé un message pour me dire qu’elle était chez son voisin du dessous. La porte était déjà défoncée quand je suis arrivé. Du coup, je suis entré, mais il n’y a personne. Par contre, il y a du sang sur le sol ! C’est quoi cette histoire ? demanda-t-il, gagné par la panique.

Comme à l’aller, Rayan souleva ses pieds afin d’éviter de marcher sur les taches de sang et resta debout au milieu du salon.

— Morel l’a séquestrée, battue et kidnappée, lui annonça Antoine. J’ai prévenu mes confrères, ils vont venir poser des scellés.

— Quoi ? demanda Rayan, sidéré.

— Surtout, ne touche à rien ! Une alerte-enlèvement vient d’être lancée. Ne bouge pas, j’arrive !

Antoine raccrocha sans que Rayan ait le temps de le questionner davantage. Pourtant des questions, il s’en bousculait pas mal dans sa tête. Il se rappela avoir vaguement croisé leur voisin. Ce « Morel ». Un quadra poivre sel, un peu bourru. Mais de là à imaginer que… L’angoisse le saisit à nouveau. Les mots « séquestrée », « battue » et « kidnappée » résonnaient en écho dans ses oreilles et en cadence avec le rythme effréné de son cœur. Pourquoi ce type s’en était-il pris à sa sœur ? Et où l’avait-il emmenée ?

Sonné, il ferma les yeux afin de se ressaisir. Mais la panique ne le quittait plus. D’une main tremblante, il se frotta les paupières puis se pinça l’arête du nez. Il respira profondément pour essayer de se détendre. Lorsqu’il les rouvrit, une jolie blonde d’un mètre soixante avec un chapeau melon noir et un tee-shirt marin sur un jean clair l’observait sur sa droite.

— Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous êtes entré par effraction, en déduit-elle avec stupéfaction. J’appelle les flics ! le prévient-elle en saisissant son portable.

— Je viens de le faire. Ils arrivent, affirma Rayan.

Étonnée, elle le dévisagea.

— Où est mon père ? demanda l’adolescente.

— Si votre père c’est Marc Morel, apparemment il a battu, séquestré et enlevé ma sœur. Et à l’heure qu’il est, personne ne sait où ils sont.

La jeune fille haussa les épaules en pouffant.

— N’importe quoi ! balança-t-elle — elle aurait presque cru à une blague si la serrure de l’appartement de son père n’était pas explosée. Et puis d’abord c’est qui votre sœur ?

— Hissa Maillard. Elle habite juste au-dessus avec son petit ami qui est flic. C’est lui qui arrive d’une minute à l’autre.

— Ah oui, je vois qui c’est ! C’est la voisine du dessus très timide et introvertie. Elle m’évite toujours lorsque je la croise. Je la reconnais à peine sur cette photo. Elle a toujours un foulard sur la tête, habillée en noir de la tête aux pieds avec de grosses lunettes de soleil oversize par tout temps.

Étonné qu’on décrive sa sœur de la sorte alors que c’est plutôt une personne plein de vie, très sociale avec des vêtements très colorés justement, Rayan fronça les sourcils l’air pensif.

— Timide, introvertie et effacée ? répéta-t-il, très surpris.

Après un moment de silence, il reprit :

— Alors ? Savez-vous où est votre père ?

La jolie blonde secoua la tête et Rayan s’emporta :

— J’espère pour lui qu’il n’a…

La jeune fille le coupa sèchement :

— Si mon père est avec votre sœur, il ne lui fera aucun mal, assura-t-elle sur un ton ferme.

— Comment vous pouvez en être sûre ?

— C’est mon père ! Il n’a jamais levé la main sur moi. Jamais ! dit-elle avec un excès de colère.

Rayan n’osa pas lui répéter ce que lui avait affirmé son beau-frère au téléphone.

— Puis d’abord, elle vous a dit quoi votre sœur ? s’enquit la jeune fille.

Rayan rechercha dans sa messagerie le dernier texto d’Hissa et le lui montra.

« Je suis chez mon voisin du dessous Marc Morel. Viens me chercher STP. Je te raconterai. Bise. »

— Pas de « Au secours, viens me chercher » ? se moqua gentiment la jolie blonde. Pour quelqu’un de soi-disant « séquestré », son ravisseur lui a quand même laissé le temps de taper tranquillement son message pour son frère, releva-t-elle.

— Qui me dit que c’est elle qui l’a envoyé et pas votre père ?

— Pourquoi mon père qui, d’après vous, maintiendrait votre sœur captive, vous aurait-il demandé de venir la chercher ?

— Pour me réclamer une rançon ? supposa Rayan.

— En vous demandant de venir ici au lieu de le faire par téléphone ?

Rayan dut admettre que son raisonnement tenait quand même la route.

— Mais ils ne sont plus là ! lui fit-il remarquer. C’est peut-être une mise en scène.

La jolie blonde entra dans le couloir qui desservait la partie privée et constata que les autres pièces étaient vides, mais elle resta figée sur le seuil d’une porte.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Rayan.

— C’est la chambre d’amis et mon père vit seul. Je partage ma semaine entre ici et chez ma mère et cette semaine, j’étais chez elle.

— Donc, ma sœur était probablement séquestrée dans cette chambre.

— Mon père a des valeurs ! s’écria-t-elle en se retournant pour le défendre.

De sa petite taille face à ce grand jeune homme d’un mètre quatre-vingt-cinq, elle le défia du regard sans se laisser démonter :

— Il n’aurait jamais fait ce dont vous l’accusez. Et en plus, il n’est pas vénal et il gagne très bien sa vie. Il n’a pas besoin d’argent et il aime vivre dans la simplicité. Si votre sœur est avec mon père, je vous garantis qu’elle ne risque rien.

Elle avait l’air sincère et sûre d’elle, ce qui rassura un peu Rayan. Il la regarda appeler quelqu’un sur son smartphone. Au bout de quelques secondes à peine, ils se retournèrent en même temps vers la sonnerie d’un téléphone posé sur la table basse du salon. La jeune fille commença à trembler et à paniquer à son tour en voyant à ses pieds les taches de sang sur le carrelage qu’elle n’avait pas encore remarquées.

— Où est mon père ? redemanda-t-elle, les yeux embués en fixant Rayan.

— J’aimerais bien le savoir, lui répondit-il sur un ton compatissant.

Elle regarda partout comme si elle cherchait quelque chose.

— Vous avez touché à quoi ? se renseigna-t-elle.

— À rien. Mon beau-frère, le flic que j’ai appelé à l’instant, m’a recommandé de ne rien toucher. Votre père ne vous a rien dit sur l’endroit où il comptait partir ?

— Non. Je viens de vous expliquer que j’étais chez ma mère et je devais passer le week-end avec lui sur Toulouse, mais…

L’air pensif, elle laissa sa phrase en suspens.

Tout en réfléchissant, son regard fut attiré par une feuille blanche A4 posée en plein milieu de la table. Bien trop en évidence selon elle pour n’être qu’un simple papier. Elle décrocha un petit sourire malin qui étonna Rayan.

— … il ne serait jamais parti sans me laisser un mot.

D’un geste décidé, elle saisit la feuille A4 vierge puis elle s’avança dans la cuisine pour ouvrir un tiroir et prendre quelque chose.

— Qu’est-ce que vous faites ? Je viens de vous dire qu’il ne fallait rien toucher !

Sans l’écouter, elle gratta une allumette et promena la flamme qui lécha doucement le papier sans le brûler et rapidement des lettres apparurent.

— Vous êtes magicienne ? s’étonna Rayan en voyant des mots se dessiner.

— Ce n’est pas de la magie ! C’est un message caché avec du jus de citron sur un coton-tige qui sert de stylo. Mon père était louveteau, éclaireur puis chef de troupe. Ma mère aussi. Donc, on peut dire que je suis tombée dans le scoutisme dès ma naissance. Pour mon premier bivouac, je n’avais que quelques semaines.

Rayan la regarda en arquant un sourcil. Lorsque l’allumette se consuma entièrement, elle reposa la feuille et en gratta une deuxième. Rayan put découvrir le début du message : « Je pars chez Maminette. Surtout ne… ».

— Si mon père a utilisé ce code, c’est qu’il souhaitait que je sois la seule à le lire, expliqua-t-elle.

La seconde flamme dévoila la suite : « … dis rien à Antoine Rolz. Je t’aime. », signé : « Papa ». La jeune fille souffla sur le bout de l’allumette et regarda Rayan en reculant.

— C’est qui ce mec ? s’inquiéta-t-elle avec stupeur. Son cœur s’emballa et la feuille dans sa main se mit à trembler. Rayan la récupéra pour la lire en entier.

— C’est où chez Maminette ? demanda-t-il.

— Vous êtes qui ? le questionna-t-elle d’une voix blanche.

Rayan remarqua son changement de comportement et la peur dans ses yeux.

— Je ne suis pas Antoine Rolz. Et je suis bien le frère d’Hissa Maillard, la rassura-t-il aussitôt.

— Qu’est-ce qui me le prouve ? s’affola-t-elle. En plus, vous êtes blanc comme un cachet d’aspirine comparé à la voisine du dessus, releva-t-elle.

La jeune fille reculait toujours pendant que Rayan se rapprochait d’elle pour tenter de la tranquilliser. Elle ouvrit rapidement un autre tiroir et pointa un gros couteau de cuisine dans sa direction. Devant son regard effrayé, Rayan leva les mains en l’air, bien que de la façon dont elle tenait son arme de fortune, il pouvait facilement la désarmer. Il se retint de rire en se rendant compte qu’elle n’était pas si dangereuse que ça !

— Vous êtes rentré par effraction chez mon père qui a disparu. Il y a du sang sur le sol. Si la police soupçonne un enlèvement et une séquestration, pourquoi n’y a-t-il pas de scellés sur la porte d’entrée ni d’enquêteurs ? Où est mon père ? redemanda-t-elle en laissant échapper une larme dans un battement de paupière. Qui me prouve que ce que vous me dites est vrai au sujet de la disparition de votre sœur ?

— Laissez-moi sortir mes papiers d’identité. Mon portefeuille est dans ma poche.

Il pivota le bassin pour lui faire voir qu’il était bien dans la poche arrière de son jean.

La jeune fille lui fit signe de le prendre. Il lui montra sa carte d’identité sur laquelle elle put lire qu’il s’appelait « Rayan Maillard » et qu’il avait vingt-deux ans. C’était donc bien le même nom de famille que sa voisine du dessus. Rayan s’avança pour récupérer avec sa manche le couteau toujours tenu fermement dans cette petite main fine et tremblante, et le posa sur le plan de travail.

— Je m’appelle Rayan et ma sœur m’a demandé de venir la chercher ici, mais elle n’y est pas. Son smartphone est là, dit-il en le désignant, et je m’inquiète… sérieusement. Et vous ? Vous vous appelez comment ?

— Anastasia Morel. C’est qui Antoine Rolz ?

— Elle a le téléphone, cette Maminette ? On peut l’appeler ? la supplia-t-il, trop préoccupé pour répondre à sa question.

— Non. Depuis que ma grand-mère est morte, on a gardé la maison familiale pour y passer les vacances. Comme on a des portables, on a résilié la ligne. Tu connais Antoine Rolz ?

— C’est où chez Maminette ? demanda-t-il en posant une main sur son bras pour l’apaiser après sa frayeur.

Le contact de sa peau contre la sienne la rassura. Son regard clair tomba dans ses yeux bleus et s’y noya. Elle remarqua qu’ils avaient exactement la même couleur d’iris. Il était plutôt bel homme avec ses cheveux châtain clair dans son style coiffé décoiffé et sa barbe de quelques jours.

Liam Hemsworth, se dit-elle. Elle se rappela avoir vu son non moins séduisant sosie en couverture de Vanity Fair lors de son séjour à New York, où elle avait retrouvé sa mère musicienne qui s’y produisait quelques semaines avec son orchestre.

Son cœur s’emballa, mais pas pour la même raison que quelques minutes auparavant. Elle reprit ses esprits et négocia en récupérant son bras :

— Donnant donnant ! Dis-moi qui est Antoine Rolz et je te révèle où est la maison de ma grand-mère.

Rayan sourit. Il la trouvait rigolote avec son air candide.

— Antoine est le petit ami de ma sœur et il est flic, précisa-t-il à nouveau. C’est lui que j’ai appelé juste avant ton arrivée. Pourquoi ton père ne souhaite pas que nous informions la police ? Et pourquoi se planque-t-il avec ma sœur ?

Après les présentations, le tutoiement s’installa naturellement dans la conversation.

— Mon père n’a jamais dit de ne pas contacter la police, mais seulement de ne rien dire à Antoine Rolz, corrigea-t-elle. Et puis, il ne se planque pas avec ta sœur puisqu’il m’a laissé un message pour me dire où il se trouve, lui fit-elle remarquer.

Rayan l’observa un peu plus longuement. Sous ses airs d’adolescente, elle réfléchissait comme une grande ! Elle avait raison. Toute cette histoire n’était pas claire. Beaucoup de questions se bousculaient dans son esprit, dont une qui l’intriguait plus que les autres :

— À ton avis, pourquoi sont-ils partis sans moyen de les joindre ?

— Probablement parce qu’ils avaient une excellente raison de ne pas être retrouvés par ce fameux Rolz. S’il est flic comme tu le dis, il a la possibilité de les localiser. C’est très certainement pour ça qu’ils les ont laissés ici.

Rayan fut obligé de constater que son raisonnement était perspicace et tenait encore la route. Mais pour quelle raison ?

— Bon ! Il suffit d’aller chez cette fameuse Maminette pour savoir s’ils y sont. Alors c’est où ? J’ai tenu ma part du marché, je t’ai révélé qui était Antoine Rolz, lui rappela-t-il.

— Pour que tu dises à ton beau-frère où est mon père dès son arrivée ? dit-elle en secouant la tête.

Rayan se rendit compte qu’Anastasia était méfiante envers lui. Pour qu’elle coopère, il fallait qu’il gagne sa confiance.

— Il est flic, il peut nous aider ! lui dit-il en toute bonne foi.

— Je fais confiance à mon père et pas à un étranger, même si c’est un ministre ou je ne sais quoi. S’il me demande de ne rien dire à ce type, je ne lui dirai rien, affirma-t-elle sur un ton ferme.

— On n’est pas dans une série télé. Je t’en prie ! se moqua-t-il gentiment. J’ai besoin de savoir où ton père a emmené ma sœur.

— On n’est pas dans une série télé, mais tu fais tout pour ne laisser aucune empreinte dans l’appartement ! le moucha-t-elle.

Très observatrice ! releva-t-il en retenant un rire qui le détendit un peu plus. Dans ce suspense insoutenable, Anastasia l’amusait.

— Je te conduirai chez Maminette à condition que tu ne racontes rien à ton beau-frère, négocia-t-elle pour assurer ses arrières.

Rayan était exaspéré de l’entendre.

— Mais c’est un flic ! s’égosilla-t-il.

Ils se regardèrent longuement en se toisant d’un œil méfiant. Rayan trouvait Anastasia plutôt jolie et il se disait qu’en ayant une fille avec un visage aussi angélique, on ne pouvait pas être un père foncièrement méchant. Il décida de lui laisser le bénéfice du doute. Du moins pour le moment. Ce qui comptait pour lui, c’était de retrouver sa sœur le plus vite possible.

— OK ! Allez, viens ! On y va. J’ai ma voiture juste en bas, céda-t-il en prenant la direction de la sortie.

— Tu as fait le plein ?

Il pivota vers Anastasia et la dévisagea stupéfait :

— C’est si loin que ça ?

— Qu’est-il arrivé de si grave à ta sœur pour que mon père la planque à plus de trois cent cinquante kilomètres à l’étranger ? demanda-t-elle avec un petit ton énigmatique dans la voix.

Abasourdi, Rayan fixa Anastasia. Puis son regard s’attarda sur la photo de ce père de famille tout à fait ordinaire avec sa fille, sur l’étagère murale aux côtés de souvenirs de ses années de scoutisme. Une bague de foulard au cuir torsadé vieilli. Une boucle de ceinturon. Deux statuettes de scouts et un exemplaire d’Eclaireur de Baden Powell qui avait l’air d’avoir été lu et relu, vu l’état de fraîcheur de la couverture, ainsi qu’une vieille bible.

Soudain, la porte d’entrée s’ouvrit sur son beau-frère, Antoine Rolz, seul sans son co-équipier, ce qui intrigua Rayan.

— Salut, Rayan ! s’écria le grand brun ténébreux en faisant une accolade à Rayan. Je te jure qu’on retrouvera ce sale type et Hissa saine et sauve.

Anastasia fusilla du regard cet homme très antipathique de prime abord, puis vit Rayan plier discrètement dans son dos la feuille A4 contenant le message de son père et la glisser dans la poche de son blouson. Soulagée qu’il lui fasse confiance, elle soupira intérieurement. Rayan se dégagea de l’étreinte de son beau-frère pour faire les présentations :

— Antoine, voici Anastasia Morel. Anastasia, Antoine Rolz, le petit-ami de ma sœur.

Antoine lui tendit une main qu’Anastasia lui serra par politesse, mais à contrecœur. Un frisson de dégoût lui parcourut l’échine lorsque, d’un mouvement vertical des yeux, il la déshabilla du regard comme s’il la passait au scanner.

— Agent Rolz, précisa-t-il en arborant sa plaque de flic avec une pointe d’orgueil. Un mandat d’arrêt contre votre père, Marc Morel, vient d’être lancé. Il est recherché pour l’enlèvement et la séquestration d’Hissa Maillard. Savez-vous où votre père peut-il être ?

Anastasia secoua la tête.

— Excusez-moi ! Mais êtes-vous bien sûr que cette femme est avec mon père contre son gré ? Je ne le crois pas coupable des faits dont vous l’accusez.

— Vous ne savez vraiment pas où votre père peut-il être ? redemanda-t-il sans lui répondre.

Par loyauté envers son père et pour éviter de mentir à un agent de police, elle fit de même et préféra éluder sa question.

— Nous devions passer le week-end ensemble et j’ai trouvé monsieur Maillard dans l’appartement de mon père et la porte d’entrée fracturée.

— Un menuisier va arriver pour réparer la serrure, assura Antoine.

À cette réponse, Rayan s’intrigua :

— Vous ne relevez pas les empreintes ? Et vous ne faites pas d’analyse des taches de sang sur le sol pour savoir à qui elles appartiennent ? s’étonna Rayan en les lui montrant.

— Cela a été fait cet après-midi, se contredit-il. Je l’ignorais quand je t’ai eu au téléphone tout à l’heure, se justifia-t-il aussitôt. Ta sœur ne t’a laissé aucun autre message ?

— Hormis celui qu’elle m’a envoyé pour me demander de venir la chercher ici, non.

— C’est sûrement Morel qui l’a fait à la place d’Hissa, rétorqua Antoine avec un air mesquin.

Ayant prévu l’intervention musclée d’Anastasia, Rayan lui prit fermement le poignet pour lui faire comprendre de se taire. Ce qu’elle fit immédiatement. Encore ce contact de peau qui l’apaisa.

Juste à ce moment-là, un homme arriva en se présentant. C’était un menuisier qui venait réparer la serrure. Il se mit tout de suite au travail. Soudain, le biper d’Antoine sonna et il grimaça en lisant le message.

— Je suis désolé, Rayan. Je dois y aller, s’excusa-t-il en posant une main sur l’épaule de son beau-frère. Je te tiens au courant. Fais de même si tu as des nouvelles d’Hissa ! Et vous aussi, mademoiselle Morel, si vous en avez de votre père, demanda-t-il en s’adressant à Anastasia.

Une nouvelle fois, le regard d’Antoine lui glaça le dos. Décidément, elle ne le sentait pas ce type ! Elle attendit de voir sa voiture s’éloigner dans la rue à travers la fenêtre pour remercier Rayan de lui faire confiance.

— Bon, je n’ai rien divulgué à Antoine pour le moment alors maintenant tu vas me dire où c’est, chez Maminette. C’est où exactement « plus de trois cent cinquante kilomètres à l’étranger » ?

— Dans un petit hameau après San Sébastian.

Après l’effet de surprise, Rayan alluma son téléphone et tapa dans un moteur de recherche « via Michelin itinéraire ». Anastasia lui donna l’adresse qu’il entra et elle lui montra de l’index l’endroit sur la carte.

— Plus de trois heures et demie de route, dit-il en étudiant le trajet.

Sans attendre, il se leva et prit la direction de la sortie. Anastasia attrapa son sac au vol et le suivit.

— Où tu vas ? lui demanda-t-il en la stoppant par le bras.

— Ben, avec toi ! répondit-elle en haussant les épaules comme si c’était une évidence.

Rayan n’avait pas du tout envie de se coltiner cette adolescente avec lui. Il jeta un coup d’œil à sa montre qui lui indiquait vingt-deux heures puis il grimaça.

— Bon, vu l’heure tardive, on dort et on part aux aurores. Ça te va à cinq heures du mat’ ? proposa-t-il.

Anastasia le toisa avec un air méfiant.

— OK. Mais ce serait plus judicieux de laisser nos portables ici pour éviter que Rolz nous localise aussi.

Rayan acquiesça puis enleva sa veste, qu’il étendit sur le dossier d’une chaise, et déposa son téléphone sur la table.

— Je squatterai ton canapé cette nuit.

De plus en plus suspicieuse, Anastasia le regardait en plissant les yeux. Rayan lui demanda de lui indiquer les toilettes. Il la suivit dans le couloir et elle désigna la bonne porte.

— Je te réveille demain matin ? suggéra-t-il.

— Première porte à gauche.

Mais Rayan qui l’avait remarquée lors de sa petite visite s’en doutait.

— OK. À demain matin. Bonne nuit Anastasia, dit-il avec un sourire charmeur.

Bien trop charmeur pour Anastasia qui se méfiait toujours de lui.

— Bonne nuit, Rayan, répondit-elle avec le même sourire en passant le seuil de sa chambre.

Dès que Rayan sortit des toilettes, il retourna au salon. Il se déchaussa, s’allongea sur le vieux canapé démodé, mais confortable, en se calant un coussin sous la tête et regarda autour de lui. L’appartement était impeccable, mais suranné. Il attendit qu’Anastasia s’endorme avant de se relever. Puis il se leva en silence et jeta un coup d’œil à travers la porte entrouverte de sa chambre pour vérifier qu’elle dormait bien. Avec la lumière du couloir, il aperçut une petite silhouette qui se dessinait sur le lit.

Cool ! Dors bien, Bébé ! Tu es trop jeune pour que je t’emmène à l’étranger en pleine nuit avec moi.

Il revint au salon sans faire de bruit, enfila sa veste et regarda longuement son portable posé sur la table. Il décida de ne pas le prendre. Il ne savait pas pourquoi, mais il faisait confiance à Anastasia, même s’il la connaissait à peine. Il referma la porte de l’appartement le plus délicatement possible et descendit dans la rue. Sa voiture étant garée juste devant, il appuya sur le bip de son porte-clés et les phares avant et arrière clignotèrent. Il monta, brancha son GPS, où il entra l’adresse qu’Anastasia lui avait donnée un peu plus tôt, et démarra. Il quitta le centre-ville de Toulouse et emprunta l’A64, direction Bayonne. Les kilomètres avançant, ses bâillements se firent de plus en plus rapprochés. Une courte pause lui ferait du bien. Il s’arrêta donc sur une aire d’autoroute après Tarbes pour faire le plein.

Après avoir glissé sa carte bleue dans la fente, tapé son code et choisi son carburant, il dévissa le bouchon et le posa sur le toit de sa voiture puis il se retourna pour se servir à la pompe. Le pistolet enfoncé dans l’orifice, il appuya sur la poignée pour remplir le réservoir d’essence. Soudain, il entendit cogner. Il fronça les sourcils et se concentra sur le bruit qui se reproduisit plusieurs fois. Cela avait l’air de venir de son coffre. Il finit de faire de plein, récupéra sa carte bleue et son ticket, revissa le bouchon et se plaça à l’arrière du véhicule. Il attendit un moment et entendit à nouveau cogner. Il frappa trois coups, on lui en répondit trois. Il en donna deux autres, il en reçut deux. Il éclata de rire.

— Tu ne m’as pas fait ça ? cria-t-il à travers la carrosserie.

— Tu m’as bien fait ça, toi ! rétorqua la voix d’Anastasia vexée.

— C’n’est pas faux ! reconnut-il, amusé.

Comme si de rien n’était, il contourna la voiture et redémarra sans la libérer.

— Rayan ! Allez ! Ouvre-moi ! Rayaaaannn ! râlait en s’égosillant Anastasia sans cesser de taper contre les parois.

Le jeune homme roula quelques kilomètres avant de se garer sur une bande d’arrêts d’urgence où il descendit de son véhicule pour ouvrir enfin le coffre.

— Allez ! Descends, Bébé ! dit-il avant de reprendre sa place derrière le volant.

Anastasia leva une jambe et s’extirpa de sa cachette. Dehors, il faisait nuit noire. Impossible pour elle de savoir où ils étaient. Elle referma le coffre et s’avança côté passager, mais juste au moment de poser la main sur la poignée, Rayan démarra. Il fit quelques mètres et la laissa courir après la voiture. Puis il ralentit et baissa la vitre.

— Si tu grimpes, tu me devras un service pour être montée clandestinement dans ma caisse, annonça-t-il.

— Même pas en rêve ! Tu avais décidé de faire cavalier seul ! s’écria-t-elle, l’air boudeur.

— Comme tu veux ! dit-il en redémarrant.

Il referma la vitre et éclata de rire. En voyant la voiture repartir dans la nuit sans elle, elle le rappela en criant :

— Rayaaan !

Il s’arrêta et attendit qu’elle soit au niveau de la portière pour la rabaisser :

— Je ne voudrais pas qu’on m’accuse d’enlèvement de mineure. Tu me devras un service, sinon tu ne montes pas ! dit-il sérieusement.

Anastasia soupira.

— Bon, OK ! abdiqua-t-elle, essoufflée.

Elle entendit le clic et vit la portière s’ouvrir.

— Allez ! Monte, Bébé !

La jeune femme ne se fit pas prier, mais elle claqua la portière pour asseoir son désaccord. Rayan se retint de dire quoi que ce soit et leva les yeux au ciel. Puis, elle saisit la ceinture de sécurité et la croisa sur sa poitrine avant de l’enclencher.

— Puis d’abord je suis majeure ! J’ai dix-neuf ans, affirma-t-elle.

— Ah bon ? s’étonna-t-il en la lorgnant du coin de l’œil. Je t’en donnais quinze !

Elle tourna la tête vers son chauffeur en lui jetant un regard noir. Ce dernier lâcha un rire moqueur.

— Les femmes sont petites et menues dans ma famille, se défendit-elle. Et moi avec ta barbe, je t’en donnais dix de plus !

Rayan éclata d’un rire franc.

— Bon alors, madame la magicienne ? Après avoir fait apparaître des mots sur une page blanche, comment t’es-tu téléportée dans le coffre de ma voiture ?

Fière de son tour de passe-passe, Anastasia sourit en relevant le menton.

— Ce n’est pas de la magie ! J’ai senti que tu allais me faire un coup pareil ! C’est ta sœur, mais c’est mon père aussi ! lui rappela-t-elle, inquiète.

Rayan constata qu’elle n’avait pas entièrement tort.

— Alors pendant que tu étais aux toilettes, raconta-t-elle, j’ai simulé mon corps sous ma couette. Et comme tu m’as dit que tu étais juste en bas de l’immeuble, j’ai fouillé dans la poche de ta veste et j’ai regardé par la fenêtre quelle voiture s’allumait en appuyant sur ton bip. Puis je suis descendue rapidement m’enfermer dans ton coffre avant qu’elle ne se referme automatiquement.

— Alors comme ça, on est rusée ? releva-t-il amusé. On voit que tu as l’habitude de faire le mur, Bébé ! se moqua-t-il.

— Je n’ai jamais fait le mur ! Je n’ai jamais eu besoin de le faire. Ma mère est très cool et me laisse faire ce que je veux. Et entre mon père et moi, tout est une question d’honnêteté et de confiance. C’est un homme droit. Il déteste le mensonge et la trahison.

Anastasia vit le regard de Rayan s’assombrir.

— Je te promets que si ta sœur est avec mon père, elle est en sécurité, dit-elle avec compassion.

Sa main gauche quitta le dessus de sa cuisse pour prendre celle de Rayan posée sur le volant. Mais se rendant compte que ce geste était déplacé, elle la ramena sur elle juste au moment où Rayan fit le même geste. Les mains hésitantes qui étaient prêtes à s’agripper se retrouvèrent scellées par les auriculaires.

— Je te crois, avoua Rayan. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça.

Leurs bras étaient suspendus entre eux, au-dessus du frein à main. Ils n’avaient nullement envie de se lâcher. Ils se trouvaient tous les deux dans la même situation et dans cette histoire, ils avaient besoin l’un de l’autre malgré eux.

— Qu’est-ce qu’il fait ton père comme métier ?

— Tu veux dire en dehors de psychopathe ? demanda-t-elle, vexée qu’on l’accuse à tort.

— Je suis désolé. C’est ce que m’a dit Antoine au téléphone juste avant que tu arrives, se justifia-t-il.

— Je ne le sens pas ce type ! avoua-t-elle.

Elle repensa aussitôt au dégoût qu’elle avait ressenti en sentant son regard lubrique sur elle. Elle soupira et reprit :

— Mon père est psychiatre.

— Médecin ? répéta Rayan. C’est rassurant ! reconnut-il, un peu plus soulagé.

— Je te promets que c’est quelqu’un de bien.

Rayan quitta quelques secondes les yeux de la route pour observer Anastasia. Leurs regards entrèrent en connexion et le cœur d’Anastasia s’emballa. Les auriculaires toujours liés, ils échangèrent un sourire puis Rayan se reconcentra sur sa conduite.

— C’est quoi le service qu’il faut que je te rende ? demanda-t-elle en récupérant sa main pendant que Rayan reposait la sienne sur le volant.

— Je ne sais pas encore, mais… quand j’aurai besoin de toi, je viendrai te chercher, dit-il en bâillant. Bon, ça fait deux heures que je roule. Tu prends le relais, Bébé ?

Anastasia cacha sa gêne. Elle lui avait menti sur son âge, elle n’avait que dix-sept ans. Mais si elle voulait espérer qu’il la regarde en tant que femme, il fallait pour cela qu’elle triche un peu.

Deux ans, ce n’était qu’un petit bobard. Une légère déformation de la réalité, essayait-elle de se convaincre, puisqu’elle avait une sainte horreur du mensonge.

— Je n’ai pas encore le permis. Je suis en train de le passer, dit-elle.

Ça, ce n’était pas du pipeau, elle était bien en train de passer le code. Enfin… elle venait de prendre sa première leçon en début de semaine.

— Bon alors, on va faire une pause avant Orthez, répondit Rayan. Tu ne t’es pas ennuyée dans la malle ? Tu n’as pas flippé ?

— Flipper de quoi ? s’étonna-t-elle. Puis comme je ne savais pas combien de temps j’allais être coincée, je m’étais équipée, dit-elle en montrant sa liseuse et son baladeur MP3.

Rayan lui tendit le câble Jack pour qu’elle branche son MP3 sur l’autoradio et Christophe Willem se mit à chanter Entre nouset le sol, puis Cool et encore Double je. Anastasia connaissait toutes ses chansons par cœur et dansait en rythme sur son siège. En quelques coups d’œil, sans trop quitter la route des yeux, Rayan saisit le petit boîtier et regarda sa playlist. C’était uniquement des titres de cet artiste.

— Fan de La Tortue ? se moqua-t-il.

— Et alors ? Y’a un problème ? le défia-t-elle en soulevant le menton.

Il lâcha un rire. Vraie fan !

— Aucun, Bébé !

***