Abrégé des Vies des Anciens Philosophes - Fénelon - E-Book

Abrégé des Vies des Anciens Philosophes E-Book

Fenelon

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Beschreibung

*** Cet ebook est optimisé pour la lecture numérique. Il a également fait l’objet d’un travail de correction et de modernisation visant à faciliter sa compréhension ***  De Aristote à Thalès en passant par Pythagore, Socrate ou Platon, cet écrit pédagogique nous présente la vie des grands philosophes de l’Antiquité, tout en développant les principaux axes de réflexion de ces grands penseurs. Avec un style littéraire agréable à lire, relevé et souvent drôle, Fénelon, qui fut à la fois pédagogue et brillant écrivain, y fait preuve d’une perspicacité et d’une concision qui permettent de rendre accessible au plus grand nombre ce vaste champ de la connaissance.

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Veröffentlichungsjahr: 2019

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ABRÉGÉ DES VIES DES ANCIENS PHILOSOPHES

AVEC UN RECUEIL DE LEURS PLUS BELLES MAXIMES

Fénelon

FV Éditions

Table des matières

FÉNELON

THALÈS

SOLON

PITTACUS

BIAS

PÉRIANDRE

CHILON

CLÉOBULE

ÉPIMÉNIDES

ANACHARSIS

PYTHAGORE

HÉRACLITE

ANAXAGORAS

DÉMOCRITE

EMPEDOCLES

SOCRATE

PLATON

ANTISTHÈNE

ARISTIPPE

ARISTOTE

XÉNOCRATE

DIOGÈNE

CRATÈS

PYRRHON

BION

ÉPICURE

ZÉNON

FÉNELON

« Le philosophe ne fait que convaincre,

l’orateur, outre qu’il convainc, persuade »

Plus connu sous le nom de Fénelon, François Armand de Salignac de La Mothe Fénelon est né au château du même nom, en Dordogne, le 6 août 1651. Il fut théologien, pédagogue et écrivain français.

Il fut ordonné prêtre en 1667 après de brillantes études au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris. Il devint célèbre en 1687 après la publication de son Traité de l’éducation des filles, écrit pour les filles du ministre Colbert.

Sur la recommandation de Bossuet, il fut présenté à la cour de Versailles en 1689. Il est au début très admiré à la cour du Roi-Soleil pour son esprit brillant, son éloquence, son zèle et ses publications talentueuses, ce qui lui vaut l’attachement notamment de Madame de Maintenon. Cette dernière fut à l’origine de la décision de Louis XIV de lui confier le poste de précepteur de son petit-fils, le duc de Bourgogne. Ses écrits pédagogiques présentés sous la forme de fables, de dialogues et d’aventures constituent une véritable œuvre littéraire.

Reçu en 1693 à l’Académie française, il fut nommé deux ans plus tard par le roi, archevêque-duc de Cambrai pour ses vertus religieuses.

Opposé fermement à Bossuet lors de la querelle théologique dit du quiétisme, il s’en fit dés lors un redoutable adversaire à la cour.

Dés 1698, « les Aventures de Télémaque » circulèrent à Versailles (cet écrit fut rendu public par un domestique infidèle de Fenelon).Le percepteur y expose ses idées politiques, sa conception du bon gouvernement, des devoirs et des responsabilités du Roi. Ce roman mythologique qui dépeint une sorte d’idéal de monarchie tout en condamnant indirectement la royauté despotique et belliqueuse de Louis XIV, contribua fortement à sa disgrâce. Il fut banni de la cour.

Il consacra le reste de sa vie à œuvrer pour le bienfait de son diocèse de Cambrai qu’il parcourra inlassablement. Il mourrut le 7 janvier 1715, soit juste quelques mois avant Louis XIV.

Son idéalisme politique fait de lui un des précurseurs des philosophes des Lumières.

Fénelon a écrit de nombreux ouvrages à la portée inestimable dont malheureusement certains sont perdus à jamais, Louis XIV les ayant fait brûler.

THALÈS

Né la première année de la 35e olympiade, mort à la 58e, âgé de quatre-vingt-douze ans.

THALÈS, milésien originaire de Phénicie, descendit de Cadmus, fils d'Agénor. L'indignation que ses parents avaient contre les tyrans qui opprimaient les gens de bien, les obligea de quitter leur pays ; ils vinrent s'établir à Milet, ville d'Ionie, où Thalès naquit la première année de la trente-cinquième olympiade. C'est lui qui a mérité le premier le glorieux titre de Sage, et qui a été l'auteur de la philosophie qu'on a appelée ionique, du nom du pays où il avait pris naissance.

Il passa quelque temps dans la magistrature, et, après en avoir exercé avec éclat les principaux emplois, le désir de connaître les secrets de la nature lui fit quitter l'embarras des affaires publiques. Il s'en alla en Égypte, où les sciences florissaient pour lors ; il employa plusieurs années à converser avec les prêtres, qui étaient les docteurs du pays ; il s'instruisit des mystères de leur religion, et s'appliqua particulièrement à la géométrie et à l'astronomie. Il ne s'attacha jamais à aucun maître ; et, hors le commerce qu'il eut avec les prêtres égyptiens pendant ce voyage, il ne dut qu'à ses expériences et à ses profondes méditations les belles connaissances dont il a enrichi la philosophie.

Thalès avait l'esprit élevé, parlait peu et réfléchissait beaucoup ; il négligeait son intérêt particulier, et était fort zélé pour celui de la république.

Juvénal, parlant des gens qui croyaient que la vengeance était un bien plus désirable que la vie même, dit que ces sentiments-là sont fort éloignés de ceux de Chrysippe et de la douceur de Thalès.

At vindicta bonum vitâ jucundius ipsâ :

Chrysippus non dicet idem, nec mile Thaletis

Ingenium1

Quand Thalès fut de retour à Milet, il vécut dans une grande solitude, et ne songea plus qu'à contempler les choses célestes. L'amour de la sagesse lui fit préférer la douceur du célibat aux soins qui accompagnent le mariage. Il n'était encore âgé que de vingt-trois ans lorsque Cléobuline, sa mère, le pressa d'accepter un parti avantageux qui se présentait. Quand on est jeune, dit Thalès, il n'est pas temps de se marier ; quand on est vieux, il est trop tard ; et un homme entre ces deux âges ne doit pas avoir assez de loisir pour se choisir une femme. Quelques-uns disent qu'il épousa sur la fin de sa vie une égyptienne qui a fait plusieurs beaux ouvrages.

Un jour, des étrangers de Milet passant par l'ile de Cos, achetèrent de quelques pêcheurs ce qu'ils allaient tirer du coup de filet qu'ils venaient de jeter dans la mer. Ces pêcheurs tirèrent un trépied d'or massif qu'on dit qu'Hélène revenant de Troie avait jeté autrefois dans cet endroit, à cause d'un ancien oracle dont elle s'était souvenue. Cela fit d'abord de la contestation entre les pêcheurs et les étrangers, à qui aurait le trépied. Ensuite les villes s'y intéressèrent et prirent parti chacune pour ses gens. On était prêt à passer à une guerre ouverte, lorsqu'on s'accorda de part et d'autre de s'en tenir aux décisions de l'oracle. On envoya à Delphes ; l'oracle fit réponse qu'il fallait donner le trépied au premier des Sages.

On alla aussitôt le porter à Thalès, qui le renvoya à Bias. Bias par modestie le remit à un autre ; cet autre à quelque autre qui le renvoya à Solon. Solon dit qu'il n'y avait rien de plus sage qu'un dieu ; il fit porter le trépied à Delphes, et le consacra à Apollon.

Quelques jeunes gens de Milet reprochèrent un jour à Thalès que sa science était fort stérile, puisqu'elle le laissait dans l'indigence. Thalès voulut leur faire connaître que si les sages n'amassaient pas de grands biens, c'était par un pur mépris pour les richesses, et qu'il leur était facile d'acquérir les choses dont ils ne faisaient aucun cas.

Il prévit, à ce qu'on dit, par ses observations astronomiques, que l'année serait très fertile ; il acheta avant la saison tous les fruits des oliviers qui étaient autour de Milet. La récolte fut fort abondante ; Thalès en tira un profit considérable ; mais comme il était tout-à-fait désintéressé, il fit assembler les marchands de Milet, et leur distribua tout ce qu'il avait gagné.

Thalès avait coutume de remercier les dieux de trois choses : d'être né raisonnable plutôt que bête, homme plutôt que femme, grec plutôt que barbare.

Il croyait que le monde avait été disposé de la manière que nous le voyons, par une intelligence qui n'avait point de commencement et qui n'aurait jamais de fin.

C'est le premier des Grecs qui ait enseigné que les âmes étaient immortelles.

Un homme vint un jour lui demander si nous pouvions cacher nos actions aux dieux. Nos pensées mêmes les plus secrètes, répondit-il, ne sauraient jamais leur être inconnues.

Il disait que la chose du monde la plus grande était le lieu, parce qu'il renfermait tous les êtres ; que la plus forte était la nécessité, parce qu'elle venait à bout de tout ; que la plus prompte était l'esprit, puisqu'en un instant il parcourait tout l'univers ; que la plus sage était le temps, puisqu'il découvrait les choses les plus cachées mais que la plus douce et la plus aimable était de faire sa volonté.

Il répétait souvent, que de parler beaucoup n'était pas une marque d'esprit.

Qu'on devait se souvenir également de ses amis présents ou absents.

Qu'il fallait assister son père et sa mère, pour mériter d'être assisté de ses enfants.

Qu'il n'y avait rien de si rude que de voir vieillir un tyran.

Que ce qui nous peut consoler dans notre mauvaise fortune, c'est d'apprendre que ceux qui nous tourmentent sont aussi malheureux que nous.

Qu'il ne fallait point faire ce qu'on reprenait dans les autres.

Que le véritable bonheur consistait à jouir d'une santé parfaite, à avoir un bien raisonnable, et à ne pas passer sa vie dans la mollesse et dans l'ignorance.

Il croyait qu'il n'y avait rien de si difficile que de se connaître soi-même ; c'est ce qui lui fit inventer cette belle maxime, qui fut depuis gravée sur une lame d'or, et consacrée dans le temple d'Apollon : CONNAIS-TOI TOI-MÊME.

Il tenait que la vie et la mort ne différaient en rien ; et quand on lui demandait pourquoi il ne se faisait pas mourir, c'est, répondait-il, parce que vivre ou être mort étant la même chose, rien ne peut déterminer à prendre un parti plutôt que l'autre.

Il se divertissait quelquefois à la poésie. On dit que c'est lui qui a inventé la mesure des vers hexamètres.

Un homme justement accusé, d'adultère vint un jour lui demander s'il lui était permis de se justifier par serment. Thalès lui répondit en se moquant : Le parjure est-il un crime moins grand que l'adultère ?

Mandrète de Pryène, qui avait été son disciple, le vint voir à Milet, et lui dit : Quelle récompense voulez-vous que je vous donne, ô Thalès, pour vous témoigner combien j'ai de reconnaissance de tous les beaux préceptes dont je vous suis redevable ? Quand l'occasion vous donnera lieu d'enseigner les autres, répondit Thalès, faites-leur connaître que c'est moi qui suis l'auteur de cette doctrine. Ce sera pour vous une modestie louable, et pour moi une récompense très précieuse.

Thalès a été le premier de tous les Grecs qui se soit appliqué à la physique et à l'astronomie. Il croyait que l'eau était le premier principe de toutes choses ; que la terre n'était qu'une eau condensée, l'air une eau raréfiée ; que toutes choses se changeaient perpétuellement les unes dans les autres ; mais qu'en dernier lieu tout se résolvait en eau ; que l'univers était animé et rempli d'êtres invisibles qui voltigeaient sans cesse de côté et d'autre ; que la terre était au milieu du monde ; qu'elle se mouvait autour de son propre centre, qui était le même que celui de l'univers ; et que les eaux de la mer, sur quoi elle était posée, lui donnaient un certain branle qui était la cause de son mouvement.

Les effets merveilleux de l'aimant et de l'ambre, et la sympathie entre les choses de même nature, lui ont fait croire qu'il n'y avait rien dans le monde qui ne fût animé.

Il croyait que la cause de l'inondation du Nil venait de ce que les vents Etésiens, qui soufflaient du septentrion au midi, retardaient les eaux du fleuve qui coulent du midi vers le septentrion, et les contraignaient à se déborder dans la campagne.

C'est lui qui a prédit le premier les éclipses du soleil et de la lune, et qui a fait des observations sur les différents mouvements de ces deux astres. Il croyait que le soleil était un corps lumineux de lui-même, dont la masse était cent vingt fois plus considérable que celle de la lune ; que la lune était un corps opaque, qui n'était capable de réfléchir la lumière du soleil que par une seule moitié de sa surface ; et sur cette supposition il rendait raison des différentes figures sous lesquelles la lune nous paraît.

C'est lui qui a recherché le premier l'origine des vents, la matière des foudres, la cause des éclairs et du tonnerre.

Personne avant lui n'avait connu la manière de mesurer les hauteurs des tours et des pyramides par leur ombre méridionale, lorsque le soleil est dans l'équinoxe.

Il fixa l'année à trois cent soixante-cinq jours ; il régla l'ordre des saisons, et borna chaque mois à trente jours : à la fin de chaque douzaine de mois il ajouta cinq jours pour achever le cours de l'année ; c'était une méthode qu'il avait prise des Égyptiens.

C'est lui qui a donné la connaissance de la petite Ourse, dont les Phéniciens se servaient pour régler leur navigation.

Un jour, comme il sortait de son logis pour aller contempler les astres, il se laissa tomber dans un fossé ; une vieille servante de sa maison courut aussitôt à lui, et, après l'avoir retiré, lui dit en se moquant : Quoi, Thalès, vous croyez pouvoir découvrir ce qui se passe dans les cieux, et vous ne voyez pas seulement ce qui est à vos pieds !

Thalès fut pendant toute sa vie dans une considération très distinguée ; on le consultait sur les affaires les plus importantes. Crésus, après avoir entrepris la guerre contre les Perses, s'avança à la tête d'une grosse armée jusque sur les bords du fleuve Halys ; il se trouva fort embarrassé pour passer ; il n'avait ni ponts ni bateaux, et le fleuve n'était point guéable. Thalès, qui se rencontra pour lors dans son camp, lui assura qu'il lui donnerait le moyen de faire traverser ce fleuve à son armée sans pont et sans bateaux. Il fit aussitôt travailler à un grand fossé en forme de croissant, qui commençait à une des extrémités du camp et finissait à l'autre ; ce fleuve se divisa par ce moyen en deux bras qui étaient guéables l'un et l'autre, et toute l'armée passa sans difficulté. Thalès ne voulut jamais souffrir que, dans cette occasion, les Milésiens fissent alliance avec Crésus, qui les recherchait avec beaucoup d'empressement. Cette prudence fut cause de la conservation de sa patrie ; car Cyrus, victorieux des Lydiens, saccagea toutes les villes qui étaient entrées en confédération avec eux, et épargna ceux de Milet, qui n'avaient point voulu prendre de parti contre lui.

Thalès, étant fort vieux, se fit porter un jour sur une terrasse, pour y voir à son aise les combats de l'amphithéâtre. La chaleur excessive lui causa une altération si violente, qu'il mourut subitement dans le lieu même d'où il regardait les combats. C'était dans la cinquante-huitième olympiade, et la quatre-vingt-douzième année de son âge. Ceux de Milet lui firent de magnifiques funérailles.

1Juv, Sat XIII, v. 183 ct seq

SOLON

Il naquit la troisième année de la 35e olympiade ; fut préteur à Athènes la troisième année de la 45e, et mourut au commencement de la 55e, âgé de soixante-dix-huit ans.

SOLON, originaire d'Athènes, naquit à Salamine en la trente-cinquième olympiade. Excestide, son père, descendait du roi Codrus, et sa mère était cousine germaine de la mère de Pisistrate. Il employa une partie de sa jeunesse à voyager en Égypte, qui était pour lors le théâtre de tous les gens savants. Après s'être instruit de la forme du gouvernement, et de tout ce qui regardait les lois et les coutumes du pays, il s'en revint à Athènes, où son rare mérite et sa naissance distinguée lui firent obtenir les emplois les plus considérables.

Solon était un homme d'une grande sagesse, mêlée de beaucoup de vigueur, de fermeté et de sincérité. Il était excellent orateur, poète, législateur et bon homme de guerre. Il fut pendant toute sa vie fort zélé pour la liberté de sa patrie, grand ennemi des tyrans, et peu empressé pour l'agrandissement de sa famille. Il ne s'attacha jamais à aucun maître, non plus que Thalès. Il négligea la connaissance des causes de la nature, pour s'appliquer entièrement à la morale et à la politique. C'est lui qui est l'auteur de cette belle maxime : Il faut garder la médiocrité en toutes choses.

Un jour Solon était à Milet, où la grande réputation de Thalès l'avait obligé de faire un voyage. Après s'être entretenu quelque temps avec ce philosophe, il lui dit : Je m'étonne, ô Thalès, que vous n'ayez jamais voulu vous marier ; vous auriez des enfants que vous prendriez plaisir à élever. Thalès ne répondit rien sur-le-champ. Quelques jours après il aposta un certain homme qui feignit d'être étranger, et qui vint leur rendre visite ; cet homme dit qu'il arrivait d'Athènes tout nouvellement. Hé bien, lui dit Solon, qu'y a-t-il de nouveau ? Rien que je sache, répondit l'étranger, sinon qu'on portait en terre un jeune Athénien dont toute la ville accompagnait la pompe funèbre, parce qu'il était d'une condition distinguée, et fils d'un homme fort estimé de tout le peuple. Cet homme-là, ajouta l'étranger, est hors d'Athènes il y a quelque temps ; ses amis ont résolu de lui ménager cette nouvelle pour empêcher que le chagrin ne le fasse mourir. Ô pauvre père malheureux ! s'écria Solon ; et comment l'appelait-on ? Je l'ai bien entendu nommer, répondit l'étranger, mais il ne m'en souvient pas ; je sais bien que tout le monde disait que c'était un homme d'une grande sagesse. Solon, dont l'inquiétude augmentait à tous moments, parut tout troublé ; il ne put s'empêcher de demander si ce n'était point Solon. L'étranger répondit brusquement : Oui, c'est celui-là. Solon fut touché d'un ressentiment si vif et si cuisant, qu'il commença à déchirer ses habits, à s'arracher les cheveux et à se battre la tête ; enfin il ne s'abstint d'aucune des choses qu'ont accoutumé de faire et de dire tous ceux qui sont outrés de douleur. Pourquoi tant pleurer et se tourmenter, lui dit Thalès, pour une perte qui ne peut être réparée par toutes les larmes du monde ? Ah ! répondit Solon, c'est cela même qui me fait pleurer ; je plains un mal qui n'a point de remède. À la fin, Thalès se prit à rire de toutes les différentes postures que faisait Solon. Ô Solon, mon ami, lui dit-il, voilà ce qui m'a fait craindre le mariage ; j'en redoutais le joug, et je connais par la douleur du plus sage des hommes, que le coeur le plus ferme ne peut soutenir les afflictions qui naissent de l'amour et du soin des enfants ; ne t'inquiète pas davantage, tout ce que l'on vient de te dire n'est qu'une fable faite à plaisir.

Il y avait eu pendant longtemps une cruelle guerre entre les Athéniens et les Mégariens, au sujet de l'île de Salamine. Enfin, après plusieurs carnages de part et d'autre, les Athéniens, qui avaient eu du désavantage, las de répandre tant de sang, ordonnèrent une punition de mort contre le premier qui serait assez hardi de proposer la guerre pour le recouvrement de Salamine, dont ceux de Mégare étaient en possession. Solon craignit que s'il parlait, il ne se fit tort à lui-même, ou que s'il se taisait, son silence ne fût désavantageux à sa patrie. Il prit le parti de contrefaire le fou, afin que sous ce prétexte il lui fût permis de dire et de faire impunément tout, ce qu'il voudrait. Il fit courir le bruit par toute la ville qu'il avait perdu, l'esprit. Après avoir composé quelques vers élégiaques qu'il apprit par coeur, il sortit de sa maison avec un vilain habit tout déchiré, une corde à son cou, un vieux bonnet crasseux sur sa tête ; tout le peuple s'attroupa autour de lui. Solon monta sur la pierre d'où on avait coutume de faire les proclamations publiques, et récita des vers contre sa coutume : Plût aux dieux, s'écria-t-il, que jamais Athènes n'eût été ma patrie ; ah ! je voudrais être né à Pholegandes ou à Syène, ou dans quelque lieu encore plus affreux et plus barbare ; au moins je n'aurais pas le chagrin de me voir montrer au doigt et d'entendre dire : Voilà un Athénien qui s'est honteusement sauvé de Salamine. Vengeons promptement l'affront que nous avons reçu, et reprenons un séjour si agréable, que nos ennemis nous retiennent si injustement. Cela fit tant d'impression sur l'esprit des Athéniens, qu'ils révoquèrent aussitôt l'édit qu'ils a vaient fait ; ils prirent les armes, et résolurent de faire la guerre aux Mégariens. Solon fut choisi pour commander les troupes, il s'embarqua avec ses gens sur plusieurs bateaux de pêcheurs. Il était suivi d'une galère à trente-six rames, et il mouilla assez près de Salamine. Les Mégariens qui étaient dans la ville s'aperçurent de quelque chose, et coururent aux armes tout en désordre. Ils détachèrent un de leurs vaisseaux qu'ils envoyèrent pour découvrir ce que c'était. Ce vaisseau s'approcha de trop près ; il fut pris par Solon, qui fit aussitôt lier tous les Mégariens qui étaient dedans ; il fît embarquer à leur place les plus braves d'entre les Athéniens, et leur commanda de faire voile vers Salamine en se cachant le plus qu'ils pourraient. Solon prit avec lui le reste de ses gens et descendit à terre par un autre endroit ; il alla à la rencontre des Mégariens qui s'étaient mis en campagne, et pendant qu'il leur donna bataille, ceux qu'il avait envoyés dans le vaisseau arrivèrent et se rendirent maîtres de la ville. Solon, après avoir défait les Mégariens, renvoya sans rançon tous les prisonniers qui avaient été faits dans le combat, et érigea un temple à l'honneur du dieu Mars dans le propre lieu où il avait remporté la victoire. Quelques temps après, ceux de Mégare s'opiniâtrèrent inutilement à vouloir recouvrer Salamine ; enfin on convint de part et d'autre qu'on prendrait les Lacédémoniens pour arbitres. Solon prouva, devant les députés de Sparte, que Philus et Eurifacès, enfants d'Ajax, roi de Salamine, étaient venus demeurer à Athènes, et qu'ils donnèrent cette île aux Athéniens, à condition qu'on les ferait citoyens d'Athènes. Il fit ouvrir plusieurs tombeaux, et fit voir que ceux de Salamine tournaient la face de leurs morts du même côté que ceux d'Athènes ; au lieu que les Mégariens les tournaient du côté opposé ; qu'enfin ils faisaient graver sur le cercueil le nom de la famille du mort ; ce qui était particulier aux seuls Athéniens. Mais ceux de Mégare ne tardèrent pas longtemps à avoir leur revanche ; car les différends qui régnaient depuis longtemps entre les descendants de Cylon et ceux de Mégaclès s'augmentèrent jusqu'à un tel point, qu'ils pensèrent faire périr entièrement la ville. Cylon avait eu autrefois dessein de se rendre souverain d'Athènes ; sa conspiration fut découverte, il fut massacré avec plusieurs de ses complices. Tous ceux qui purent échapper se sauvèrent dans le temple de Minerve. Mégaclès, qui était pour lors magistrat, fit tant par ses belles paroles, qu'il leur persuada de venir se présenter devant les juges en tenant un filet attaché par un de ses bouts à la statue de la déesse, afin de ne point perdre leur franchise. Comme ils descendaient du temple le filet se rompit. Mégaclès dit que c'était une marque évidente que la déesse leur refusait sa protection ; il en arrêta plusieurs, qui furent aussitôt lapidés par le peuple ; ceux qui recoururent aux autels y furent presque tous massacrés sans aucun respect. Il ne s'en sauva que quelques-uns, pour qui les femmes des magistrats s'employèrent et les firent remettre en liberté. Une action si noire rendit odieux les magistrats et leurs descendants, qui furent depuis ce temps-là très haïs du peuple. Plusieurs années après, les descendants de Cylon devinrent très puissants ; la haine qui était entre les deux partis s'allumait tous les jours de plus en plus. Solon, pour lors magistrat, craignit que leurs divisions n'entraînassent la perte de toute la ville ; il les fit consentir les uns et les autres à prendre des juges pour terminer leurs différends ; les juges décidèrent en faveur des Cyloniens. Tous les descendants de Mégaclès furent bannis, et les os de ceux qui étaient morts furent déterrés et jetés hors du territoire d'Athènes. Les Mégariens profitèrent de cette occasion favorable pour eux ; ils prirent les armes pendant que les divisions étaient dans leur plus grande chaleur, et recouvrèrent Salamine.

À peine cette sédition était apaisée, qu'il en survint une autre dont les suites ne devaient pas être moins dangereuses. Les pauvres étaient si endettés, qu'on les adjugeait tous les jours comme esclaves à leurs créanciers, qui les faisaient travailler ou les vendaient à leur fantaisie. Quantité de gens du menu peuple s'attroupèrent, résolus de se choisir un chef pour empêcher qu'aucun d'eux ne fût fait esclave dans la suite, faute d'avoir payé ses dettes au jour nommé, et pour obliger les magistrats à partager tous les biens également, comme Lycurgue avait fait à Sparte. Les troubles étaient si grands, et les séditieux tellement animés, qu'on ne connaissait aucun remède pour les apaiser. Solon fut élu du consentement des deux partis pour terminer toutes choses à l'amiable. Il fit beaucoup de difficulté d'abord d'accepter un emploi si épineux ; il n'y eut que l'envie de servir sa patrie qui l'y fit résoudre. Tout le monde lui avait entendu dire autrefois que l'égalité empêchait toutes les contestations ; chacun interprétait cette sentence en sa faveur ; les pauvres croyaient qu'il voulait rendre tous les hommes égaux ; les riches au contraire s'imaginaient qu'il avait dessein de mesurer toutes choses selon la naissance et la dignité des personnes. Cela le rendit si agréable aux uns et aux autres, qu'ils le pressèrent d'accepter la souveraineté. Les gens mêmes qui n'étaient point intéressés dans ces brouilleries, ne connaissant point de meilleur remède pour apaiser les divisions, consentaient volontiers d'avoir pour maître celui qui passait pour le plus homme de bien elle plus sage de toute la terre. Solon s'en éloigna fort, et déclara hautement qu'il n'y consentirait jamais. Ses meilleurs amis ne pouvaient s'empêcher de le blâmer : Vous êtes bien simple, lui disaient-ils ; quoi, sous prétexte d'un vain nom de tyran, vous refusez une monarchie qui vous sera par la suite très légitimement acquise ! Timondas ne s'est-il pas fait autrefois déclarer roi d'Eubée ? et Pithaque ne règne-t-il pas aujourd'hui à Mytilène ? Solon fut inflexible à tous ces discours. La principauté légitime et la tyrannie, répondit-il, sont à la vérité de très belles places, un très bel endroit ; mais on est environné de précipices de tous côtés, et il n'y a point de chemin pour en sortir, lorsqu'on y est une fois entré. Jamais on ne le put résoudre à accepter ce parti avantageux qu'on lui présentait. Tous ses amis le traitaient de fou et d'insensé. Solon s'appliqua sérieusement à apaiser les troubles qui étaient à Athènes. Il commença par ordonner que toutes les dettes passées seraient entièrement abolies, sans que jamais personne en pût rien demander à ses débiteurs ; et pour donner exemple à tout le monde, il remit sept talents qui lui devaient revenir de la succession de son père. Il déclara nulles les dettes qui se feraient dans la suite sous obligation du corps, afin d'empêcher à l'avenir l'inconvénient qui avait été cause de tous les troubles. Les deux partis d'abord furent assez mécontents de ce jugement, les riches étaient fâchés de ce qu'on leur avait fait perdre ce qui leur appartenait ; et les pauvres ne l'étaient pas moins de ce qu'on n'avait pas partagé les biens également. Mais les uns et les autres furent tellement convaincus par la suite de l'utilité des règlements de Solon, qu'ils le choisirent tout de nouveau pour apaiser les troubles causés par trois différentes factions qui partageaient la ville d'Athènes, et lui donnèrent pouvoir de réformer les lois à sa fantaisie, et d'établir tel gouvernement qu'il lui plairait.

Les gens de la montagne voulaient que le peuple fût entièrement le maître des affaires ; ceux de la plaine prétendaient qu'il n'y eût qu'un certain nombre de citoyens des plus considérables ; et les gens de la marine voulaient que les magistrats fussent tirés de l'une et de l'autre condition. Solon, qu'on avait choisi pour souverain arbitre, commença par casser toutes les lois de Dracon son prédécesseur, à cause qu'elles étaient trop sévères. Les fautes les plus légères étaient punies de mort, comme les plus énormes crimes ; et il n'était pas moins dangereux d'être convaincu d'oisiveté, de voler des fruits ou des herbes, que de commettre des sacrilèges, des meurtres et tout ce qu'on peut imaginer de plus noir. C'est ce qui avait donné lieu de dire qu'elles étaient écrites avec du sang. On demanda un jour à Dracon pourquoi il avait ordonné des peines de mort pour toutes sortes de crimes indifféremment : C'est parce, répondit-il, que les moindres méritent ce châtiment, et que je n'en connais point de plus rigoureux pour les crimes plus énormes.

Solon divisa les citoyens en trois différents ordres, selon les biens dont chaque particulier se trouva alors en possession. Il donna entrée dans les affaires publiques à tout le peuple, excepté aux artisans qui ne vivaient que de leur travail. Ceux-là étaient exclus des charges, et ne jouissaient pas des mêmes privilèges que les autres. Il ordonna que les principaux magistrats seraient perpétuellement choisis entre les citoyens du premier ordre. Que dans une sédition celui qui n'aurait pris aucun parti serait noté d'infamie. Que si un homme qui avait épousé une riche héritière se trouvait impuissant, sa femme pourrait avoir commerce avec celui qu'elle voudrait des plus proches parents de son mari. Que les femmes n'apporteraient pour dot à leurs maris que trois robes et quelques meubles de peu de valeur. Qu'on pourrait tuer impunément un adultère lorsqu'on le surprendrait sur le fait.

Il modéra les dépenses des dames, et abolit plusieurs cérémonies qu'elles avaient coutume d'observer.

Il défendit de mal parler des morts, il permettait aux gens qui n'avaient point d'enfants, d'instituer héritiers tous ceux qu'ils voudraient, pourvu qu'ils fussent dans leur bon sens lors de leur testament.

Que celui qui aurait dissipé son bien serait noté d'infamie et déchu de tous ses privilèges, de même que celui qui ne nourrirait pas son père et sa mère dans leur vieillesse. Le fils n'était pas tenu de nourrir son père s'il ne lui avait fait apprendre un métier pendant sa jeunesse.

Que nul étranger ne pouvait être fait citoyen d'Athènes, s'il n'avait été banni à perpétuité de son pays, ou s'il ne venait s'y établir avec toute sa famille pour y exercer quelque vacation.

Il diminua fort les récompenses qu'on donnait autrefois aux athlètes.

Il ordonna que le public élèverait les enfants de ceux qui seraient morts en combattant pour la patrie.

Qu'un tuteur ne pourrait demeurer avec la mère de ses mineurs, et que le plus proche héritier ne pourrait jamais être élu tuteur.

Que tout vol serait puni de mort, et que celui qui aurait crevé un oeil à quelqu'un, serait condamné à perdre ses deux yeux.

Toutes les lois de Solon furent gravées sur des tables. Les gens du conseil assemblés firent serment qu'ils les observeraient et les feraient observer exactement. Ceux mêmes à qui on en avait confié le soin, jurèrent solennellement que si quelqu'un d'eux y manquait, il serait obligé de faire présent au temple d'Apollon d'une statue d'or aussi pesante que lui. Il y avait des juges établis pour interpréter les lois, lorsque quelques différends naissaient entre le peuple sur ce sujet.

Un jour, comme Solon composait ses lois, Anacharsis se moqua de son entreprise. Quoi, dit-il, vous prétendez avec quelques écritures réprimer l'injustice et les passions des hommes ! Telles ordonnances, ajouta-t-il, ressemblent proprement aux toiles d'araignées, qui n'arrêtent rien que des mouches.

Les hommes gardent bien les choses dont ils sont convenus ensemble, répondit Solon. Je ferai mes lois de telle manière, que tous les citoyens connaitront qu'il leur est plus utile d'y obéir que de les violer.

On lui demanda pourquoi il n'en avait fait aucune, contre les parricides : C'est parce, répondit-il, que je n'ai pas cru qu'il y eût jamais des gens assez malheureux pour tuer leur père ou leur mère.

Il disait ordinairement à ses amis, qu'un homme de soixante-dix ans ne devait plus craindre la mort, ni se plaindre des malheurs de la vie.

Que tous les gens de cour ressemblaient aux jetons dont on se sert pour compter, qu'ils représentaient plus ou moins, selon la fantaisie du prince.

Que ceux qui approchaient des princes ne devaient pas leur conseiller ce qui était de plus agréable, mais ce qui était de plus avantageux.

Que nous n'avions point de meilleur guide, pour nous conduire, que notre raison ; et qu'il ne fallait jamais rien dire ni rien faire sans l'avoir consultée.

Qu'on devait faire beaucoup plus de fond sur la probité d'un homme que sur son serment.

Qu'il ne fallait pas se faire des amis si légèrement ; mais qu'il était très dangereux de rompre lorsque l'amitié était une fois liée.

Que le moyen le plus sûr et prompt pour repousser l'injure, était de l'oublier.

Qu'il ne fallait jamais s'ingérer de commander sans avoir appris à obéir.

Que le mensonge devait être en horreur à tout le monde.

Qu'enfin il fallait honorer les dieux, respectait ses parents, et n'avoir jamais aucun commerce avec les méchants.

Solon s'aperçut que Pisistrate se faisait un gros parti à Athènes, et qu'il prenait les mesures nécessaires pour s'y rendre souverain ; il fit tout son possible pour s'opposer à ses desseins ; il assembla le peuple au milieu de la place publique, où il parut tout armé, et découvrit l'entreprise de Pisistrate. Ô Athéniens ! s'écria-t-il, je suis plus sage que ceux qui ne connaissent point les mauvais desseins de Pisistrate, et plus courageux que ceux qui les connaissent, et que la crainte ou le peu de courage empêchent de s'y opposer ; je suis prêt à me mettre à votre tête, et à combattre généreusement pour la défense de la liberté. Le peuple, qui favorisait Pisistrate, traita Solon de fou. Pisistrate, quelques jours après, se blessa lui-même, et se fit porter tout sanglant sur un char au milieu de la place publique, et dit que ses ennemis l'étaient venus prendre en trahison, et l'avaient mis dans l'état pitoyable où on le voyait. La populace s'émut aussitôt, et fut près de prendre les armes en faveur de Pisistrate. Ô fils d'Ipocrase ! lui dit Solon, tu joues mal le personnage d'Ulysse ; Ulysse s'égratigna pour tromper ses ennemis, et toi tu te blesses pour tromper tes propres citoyens. Le peuple s'assembla : Pisistrate fit demander cinquante gardes ; Solon remontra fortement devant tout le monde les dangereuses suites d'une telle innovation ; mais il ne put rien gagner sur la populace émue, qui permit à Pisistrate d'en prendre quatre cents, et de lever des troupes pour se rendre maître de la forteresse. Les principaux de la ville furent fort étonnés ; chacun songea à se retirer de côté et d'autre. Solon ne se rebuta point. Après avoir reproché aux citoyens leur bêtise et leur lâcheté : Auparavant, leur dit-il, il vous était plus facile d'empêcher que cette tyrannie ne se formât ; mais à présent qu'elle est établie, ce vous sera une plus grande gloire de l'abolir et de l'exterminer entièrement. Quand il vit que tous ses discours ne pouvaient faire revenir les citoyens de la grande consternation où ils étaient, il s'en alla à sa maison, et prit ses armes qu'il alla poser devant la porte du sénat, en s'écriant : Ô ma chère patrie ! je t'ai secourue autant que j'ai pu par mes paroles, et d'effet ; j'atteste les dieux que je n'ai rien oublié pour la défense des lois et la liberté de mon pays. Ô ma chère patrie ! je pars et te quitte pour jamais, puisque je suis le seul qui me déclare ennemi du tyran, et que tous les autres sont disposés à le recevoir pour maître.

Solon ne put jamais se résoudre d'obéir à Pisistrate ; et comme il craignait d'ailleurs que les Athéniens ne l'obligeassent à réformer ses lois, qu'ils avaient fait serment d'observer, il aima mieux s'exiler volontairement, et avoir le plaisir de voyager pour connaître le monde, que de vivre désagréablement à Athènes. Il passa en Égypte, où il demeura quelque temps à la cour d'Amasis. Pisistrate, qui estimait infiniment Solon, fut fort touché de sa retraite ; il lui écrivit cette lettre obligeante pour essayer de le faire revenir.