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Recueil de poèmes qui ont été publiés entre 1890 et 1900, deux pièces inachevées, ainsi qu'une page de prose qui se rapporte à l'art des vers.
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1. La Fileuse
2. Hélène
3. Naissance de Vénus
4. Féerie
5. Baignée
6. Au bois dormant
7. Le Bois amical
8. Un feu distinct...
9. Narcisse parle
10. Épisode
11. Vue
12. Valvins
13. Été
I. Poèmes inachevés :
14. Anne
15. Sémiramis
L’Amateur de poèmes
Lilia…, neque nent.
1
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline ;
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.
Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câlin
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s’incline.
Un arbuste et l’air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l’ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse...
Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir... Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.
1De La Bible, Matthieu 6:28 "Les lys ..., ni qu'ils filent."
Azur ! c’est moi… Je viens des grottes de la mort
Entendre l’onde se rompre aux degrés sonores,
Et je revois les galères dans les aurores
Ressusciter de l’ombre au fil des rames d’or.
Mes solitaires mains appellent les monarques
Dont la barbe de sel amusait mes doigts purs ;
Je pleurais. Ils chantaient leurs triomphes obscurs
Et les golfes enfuis aux poupes de leurs barques.
J’entends les conques profondes et les clairons
Militaires rythmer le vol des avirons ;
Le chant clair des rameurs enchaîne le tumulte,
Et les Dieux, à la proue héroïque exaltés
Dans leur sourire antique et que l’écume insulte,
Tendent vers moi leurs bras indulgents et sculptés.
De sa profonde mère, encor froide et fumante,
Voici qu’au seuil battu de tempêtes, la chair
Amèrement vomie au soleil par la mer,
Se délivre des diamants de la tourmente.
Vois son son sourire suivre au long de ses bras blancs
De l’humide Thétis périr la pierrerie,
Qu’éplore l’orient d’une épaule meurtrie,
Et sa tresse se fraye un frisson sur ses flancs.
Le frais gravier, qu’arrose et fuit sa course agile,
Croule, creuse rumeur de soif, et le facile
Sable a bu les baisers de ses bonds puérils ;
Mais de mille regards ou perfides ou vagues,
Son œil mobile mêle aux éclairs de périls
L’eau riante, et la danse infidèle des vagues.