Album de vers anciens - Paul Valéry - E-Book

Album de vers anciens E-Book

Paul Valéry

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Beschreibung

Recueil de poèmes qui ont été publiés entre 1890 et 1900,  deux pièces inachevées, ainsi qu'une page de prose qui se rapporte à l'art des vers.  

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Album de vers anciens

Paul Valéry

Table des matières

1. La Fileuse

2. Hélène

3. Naissance de Vénus

4. Féerie

5. Baignée

6. Au bois dormant

7. Le Bois amical

8. Un feu distinct...

9. Narcisse parle

10. Épisode

11. Vue

12. Valvins

13. Été

I. Poèmes inachevés :

14. Anne

15. Sémiramis

L’Amateur de poèmes

1

La Fileuse

Lilia…, neque nent.

1

Assise, la fileuse au bleu de la croisée

Où le jardin mélodieux se dodeline ;

Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.

Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câlin

Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,

Elle songe, et sa tête petite s’incline.

Un arbuste et l’air pur font une source vive

Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose

De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.

Une tige, où le vent vagabond se repose,

Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,

Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.

Mais la dormeuse file une laine isolée ;

Mystérieusement l’ombre frêle se tresse

Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.

Le songe se dévide avec une paresse

Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,

La chevelure ondule au gré de la caresse...

Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,

Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :

Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.

Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,

Parfume ton front vague au vent de son haleine

Innocente, et tu crois languir... Tu es éteinte

Au bleu de la croisée où tu filais la laine.

1De La Bible, Matthieu 6:28 "Les lys ..., ni qu'ils filent."

2

Hélène

Azur ! c’est moi… Je viens des grottes de la mort

Entendre l’onde se rompre aux degrés sonores,

Et je revois les galères dans les aurores

Ressusciter de l’ombre au fil des rames d’or.

Mes solitaires mains appellent les monarques

Dont la barbe de sel amusait mes doigts purs ;

Je pleurais. Ils chantaient leurs triomphes obscurs

Et les golfes enfuis aux poupes de leurs barques.

J’entends les conques profondes et les clairons

Militaires rythmer le vol des avirons ;

Le chant clair des rameurs enchaîne le tumulte,

Et les Dieux, à la proue héroïque exaltés

Dans leur sourire antique et que l’écume insulte,

Tendent vers moi leurs bras indulgents et sculptés.

3

Naissance de Vénus

De sa profonde mère, encor froide et fumante,

Voici qu’au seuil battu de tempêtes, la chair

Amèrement vomie au soleil par la mer,

Se délivre des diamants de la tourmente.

Vois son son sourire suivre au long de ses bras blancs

De l’humide Thétis périr la pierrerie,

Qu’éplore l’orient d’une épaule meurtrie,

Et sa tresse se fraye un frisson sur ses flancs.

Le frais gravier, qu’arrose et fuit sa course agile,

Croule, creuse rumeur de soif, et le facile

Sable a bu les baisers de ses bonds puérils ;

Mais de mille regards ou perfides ou vagues,

Son œil mobile mêle aux éclairs de périls

L’eau riante, et la danse infidèle des vagues.