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Paul Valéry, poète et philosophe, avec son style si particulier, nous offre avec l’
Album de Vers Anciens, ses plus beaux poèmes de jeunesse. Il publia ces vers sous le conseil d’André Gide, son ami et fidèle conseiller. Valéry en véritable magicien des mots, nous invite à réfléchir sur sa vision naturaliste de la vie, de la nature et de la mort. Chacune de ses magnifiques poésies, pleines d’allégories, reste interprétable par le lecteur de multiples manières.
Ce recueil de poèmes est suivi de
Propos sur la Poésie, texte d’un grand intérêt dans lequel l’auteur y dévoile sa vision de cet art si particulier. En nous livrant ainsi ses plus profondes réflexions, il nous aide à comprendre la portée de son oeuvre littéraire.
EXTRAIT :
«
Nous venons aujourd’hui vous entretenir de la poésie. Le sujet est à la mode. Il est admirable que, dans une époque qui sait être à la fois pratique et dissipée, et que l’on pourrait croire assez détachée de toutes choses spéculatives, tant d’intérêt soit accordé non seulement à la poésie même, mais encore à la théorie poétique.
Je me permettrai donc aujourd’hui d’être quelque peu abstrait ; mais, par là, il me sera possible d’être bref.
Je vous proposerai une certaine idée de la poésie, avec la ferme intention de ne rien dire qui ne soit de pure constatation, et que tout le monde ne puisse observer en soi-même ou par soi-même, ou, du moins, retrouver par un raisonnement facile. »
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La Fileuse
Hélène
Orphée
Naissance de Vénus
Féerie
Même Féerie
Baignée
Au Bois Dormant
César
Le Bois Amical
Les Vaines Danseuses
Un Feu Distinct…
Narcisse parle
Épisode
Vue
Valvins
Été
Profusion du Soir,
Anne
Air de Sémiramis
L’amateur de Poèmes
Propos sur la poésie
PAUL VALÉRY
1871-1945
Membre de l’Académie Française
Grand Officier de la Légion d’Honneur
Lilia…, neque nent.
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline ;
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.
Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s’incline.
Un arbuste et l’air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l’ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse…
Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir… Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.
Azur ! c’est moi… Je viens des grottes de la mort
Entendre l’onde se rompre aux degrés sonores,
Et je revois les galères dans les aurores
Ressusciter de l’ombre au fil des rames d’or.
Mes solitaires mains appellent les monarques
Dont la barbe de sel amusait mes doigts purs ;
Je pleurais. Ils chantaient leurs triomphes obscurs
Et les golfes enfuis aux poupes de leurs barques.
J’entends les conques profondes et les clairons
Militaires rythmer le vol des avirons ;
Le chant clair des rameurs enchaîne le tumulte,
Et les Dieux, à la proue héroïque exaltés
Dans leur sourire antique et que l’écume insulte,
Tendent vers moi leurs bras indulgents et sculptés.