Introduction à la méthode de Léonard de Vinci - Paul Valéry - E-Book

Introduction à la méthode de Léonard de Vinci E-Book

Paul Valéry

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Beschreibung

♦ Cet ebook bénéficie d’une mise en page esthétique optimisée pour la lecture numérique. ♦
Paul Valéry, poète et philosophe, avec son style si particulier, nous invite à penser le processus créatif de Léonard de Vinci. Il cherche à saisir le fonctionnement de l’esprit en train de créer ou plutôt de construire. Loin de nous proposer une vulgaire biographie de ce génie italien, Paul Valéry nous livre plutôt ici la vision naturaliste de ce grand homme sur la vie, la nature et la mort. Cet essai philosophique est passionnant par ses réflexions sur l’identité, la conscience de soi et l’universalité.

Le texte est précédé des « note et digressions » ajoutées par Paul Valéry lors de la seconde édition en 1919, le texte original datant de 1894.

EXTRAIT : « Si légèrement que je l’eusse étudié, ses dessins, ses manuscrits m’avaient comme ébloui. De ces milliers de notes et de croquis, je gardais l’impression extraordinaire d’un ensemble hallucinant d’étincelles arrachées par les coups les plus divers à quelque fantastique fabrication. Maximes, recettes, conseils à soi, essais d’un raisonnement qui se reprend ; parfois une description achevée ; parfois il se parle et se tutoie…
Mais je n’avais nulle envie de redire qu’il fut ceci et cela : et peintre, et géomètre, et…
Et, d’un mot, l’artiste du monde même. Nul ne l’ignore. »

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Veröffentlichungsjahr: 2019

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Introduction à la méthode de Léonard de Vinci

Paul Valéry

Alicia Editions

Table des matières

1. NOTE ET DISGRESSIONS

2. INTRODUCTION À LA MÉTHODE DE LÉONARD DE VINCI

Notes

PAUL VALÉRY

1871-1945

Membre de l’Académie Française

Grand Officier de la Légion d’Honneur

À MARCEL SCHWOB

1

NOTE ET DISGRESSIONS

Séconde édition 1919

Pourquoi l’auteur, dit-on, a-t-il fait aller son personnage en Hongrie ?

Parce qu’il avait envie de faire entendre un morceau de musique instrumentale dont le thème est hongrois. Il l’avoue sincèrement. Il l’eût mené partout ailleurs, s’il eût trouvé la moindre raison musicale de le faire.

H. Berlioz. Avant-propos de la Damnation de Faust.

Il me faut excuser d’un titre si ambitieux et si véritablement trompeur que celui-ci. Je n’avais pas le dessein d’en imposer quand je l’ai mis sur ce petit ouvrage. Mais il y a vingt-cinq ans que je l’y ai mis, et après ce long refroidissement, je le trouve un peu fort. Le titre avantageux serait donc adouci. Quant au texte… Mais le texte, on ne songerait même pas à l’écrire. Impossible ! dirait maintenant la raison. Arrivé à l’énième coup de la partie d’échecs que joue la connaissance avec l’être, on se flatte qu’on est instruit par l’adversaire ; on en prend le visage ; on devient dur pour le jeune homme qu’il faut bien souffrir d’avoir comme aïeul ; on lui trouve des faiblesses inexplicables, qui furent ses audaces ; on reconstitue sa naïveté. C’est là se faire plus sot qu’on ne l’a jamais été. Mais sot par nécessité, sot par raison d’État ! Il n’est pas de tentation plus cuisante, ni plus intime, ni de plus féconde, peut-être, que celle du reniement de soi-même : chaque jour est jaloux des jours, et c’est son devoir que de l’être ; la pensée se défend désespérément d’avoir été plus forte ; la clarté du moment ne veut pas illuminer au passé de moments plus clairs qu’elle-même ; et les premières paroles que le contact du soleil fait balbutier au cerveau qui se réveille, sonnent ainsi dans ce Memnon : Nihil reputare actum…

Relire, donc, relire après l’oubli, — se relire, sans ombre de tendresse, sans paternité ; avec froideur et acuité critique, et dans une attente terriblement créatrice de ridicule et de mépris, l’air étranger, l’œil destructeur, — c’est refaire, ou pressentir que l’on referait, bien différemment, son travail. L’objet en vaudrait la peine. Mais il n’a pas cessé d’être au-dessus de mes forces. Aussi bien je n’ai jamais rêvé de m’y attaquer : ce petit essai doit son existence à Madame Juliette Adam, qui, vers la fin de l’an 94, sur le gracieux avis de Monsieur Léon Daudet, voulut bien me demander de l’écrire pour sa Nouvelle Revue.

Quoique j’eusse vingt-trois ans, mon embarras fut immense. Je savais trop que je connaissais Léonard beaucoup moins que je ne l’admirais. Je voyais en lui le personnage principal de cette Comédie Intellectuelle qui n’a pas jusqu’ici rencontré son poète, et qui serait pour mon goût bien plus précieuse encore que la Comédie Humaine, et même que la Divine Comédie. Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calcul, avait trouvé l’attitude centrale à partir de laquelle les entreprises de la connaissance et les opérations de l’art sont également possibles ; les échanges heureux entre l’analyse et les actes, singulièrement probables : pensée merveilleusement excitante. Mais pensée trop immédiate, — pensée sans valeur, — pensée infiniment répandue, — et pensée bonne pour parler, non pour écrire.

Cet Apollon me ravissait au plus haut degré de moi-même. Quoi de plus séduisant qu’un dieu qui repousse le mystère, qui ne fonde pas sa puissance sur le trouble de notre sens ; qui n’adresse pas ses prestiges au plus obscur, au plus tendre, au plus sinistre de nous-mêmes ; qui nous force de convenir et non de ployer ; et de qui le miracle est de s’éclaircir ; la profondeur, une perspective bien déduite ? Est-il meilleure marque d’un pouvoir authentique et légitime que de ne pas s’exercer sous un voile ? — Jamais pour Dyonisos, ennemi plus délibéré, ni si pur, ni armé de tant de lumière, que ce héros moins occupé de plier et de rompre les monstres que d’en considérer les ressorts ; dédaigneux de les percer de flèches, tant il les pénétrait de ses questions ; leur supérieur, plus que leur vainqueur, il signifie n’être pas sur eux de triomphe plus achevé que de les comprendre, — presque au point de les reproduire ; et une fois saisi leur principe, il peut bien les abandonner, dérisoirement réduits à l’humble condition de cas très particuliers et de paradoxes explicables.

Si légèrement que je l’eusse étudié, ses dessins, ses manuscrits m’avaient comme ébloui. De ces milliers de notes et de croquis, je gardais l’impression extraordinaire d’un ensemble hallucinant d’étincelles arrachées par les coups les plus divers à quelque fantastique fabrication. Maximes, recettes, conseils à soi, essais d’un raisonnement qui se reprend ; parfois une description achevée ; parfois il se parle et se tutoie…

Mais je n’avais nulle envie de redire qu’il fut ceci et cela : et peintre, et géomètre, et…

Et, d’un mot, l’artiste du monde même. Nul ne l’ignore.