Alice - Patrick Foultier - E-Book

Alice E-Book

Patrick Foultier

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Beschreibung

Alain Delon – sans lien avec l’illustre acteur – est un chômeur en fin de droits, contraint à la ruse pour subsister. Son stratagème : cambrioler des banques sans jamais y pénétrer. De son côté, Alice, jeune mère de trois enfants abandonnée par un séducteur sans scrupules et vivant dans une banlieue sordide, se retrouve dans l’impossibilité de travailler. Le destin les réunit au sein d’une association humanitaire où Alain officie comme bénévole. Une complicité naît, sincère et spontanée. Touchée, Alice souhaite lui présenter son frère, ignorant que ce dernier est l’enquêteur chargé d’arrêter le mystérieux truand…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Patrick Foultier puise son inspiration aussi bien dans les grands classiques que dans les romans policiers, d’espionnage ou de science-fiction. Sa curiosité littéraire sans frontières nourrit une œuvre variée et profonde, où chaque ouvrage invite à la réflexion.

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Seitenzahl: 176

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Alice

La sœur du flic

Roman

© Lys Bleu Éditions – Patrick Foultier

ISBN : 979-10-422-6721-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Alain Delon

Chapitre 1

Je m’appelle Alain Delon, comme l’acteur, mais je n’ai pas son physique ni son talent. Mon père s’appelait Delon. Avec ma mère, ils étaient fans de l’artiste et donc, à ma naissance, le prénom d’Alain était, pour eux, une évidence. Ça n’a pas toujours été facile, à l’école j’avais droit aux moqueries de mes camarades. Plus tard, avec les filles, c’était difficile, avoir un tel patronyme sans la musculature ni le physique et surtout le talent, me valait des railleries. Je suis célibataire.

Pendant toute ma vie, le choix de mes parents a été difficile. Le seul moment où il présentait un avantage, c’est quand je devais faire signer un bulletin de notes douteux ou le mot d’un professeur. Je regardais le programme télé et j’attendais un film avec Alain Delon, le vrai, dans ce cas, le document était signé sans même avoir été lu. Mes parents étaient installés devant le téléviseur bien avant le début du film avec un plateau-repas sur les genoux. À cette époque, j’en voulais un peu à l’acteur de ne pas passer plus souvent, je rêvais qu’il présente le journal de vingt heures. Ma vie professionnelle n’a pas été simple non plus. Présentez-vous à un entretien avec ce nom et mon physique, et vous verrez que votre interlocuteur aura du mal à garder son sérieux.

7 heures, je me réveille. Cela fait trente ans que je n’ai plus besoin de réveil, je ne regarde même pas l’heure, je le sais. Depuis bientôt trois ans, ces levers de bonne heure n’ont plus de raison d’être. Je suis au chômage et ma situation devient intenable. Je me dirige vers les toilettes, puis la salle de bain. Je prends une douche à l’eau, il me restait un peu de liquide vaisselle, je l’ai terminé hier, plus le moindre morceau de savon. J’enfile un slip que j’ai rincé la veille, en utilisant de la mousse à raser, posé sur le radiateur, il est sec. Les chaussettes sont à côté, douteuses, mais sèches. Je m’habille avec des vêtements que je porte depuis plusieurs jours, inutile de faire une lessive. Je me dis à quoi bon, bientôt je serai à la rue, ce genre de détails n’aura plus aucune importance.

Je me dirige vers la cuisine, il me reste un peu de café, je le vide dans le filtre, y ajoute un peu d’eau. Et pendant que la cafetière fait son travail, je médite sur mon quotidien. Ma descente aux enfers a été très rapide. Il y a seulement trois ans, je partais au travail chaque matin, l’esprit serein. J’étais contremaître dans une petite usine spécialisée dans la fabrication de sondes utilisées dans l’aéronautique. Le marché est très étroit et notre produit, à part le fait d’utiliser une autre technologie plus chère et moins fiable, permettait à notre atelier de dégager des marges confortables et d’avoir de nombreux avantages sociaux.

Un matin, notre représentant syndical est venu nous voir dans le vestiaire. Notre patron a vendu l’usine à un investisseur américain. Nous n’avons rien à craindre, nous dégageons de bonnes marges sur un marché protégé par un brevet. Les Américains ne vont pas tuer la poule aux œufs d’or. Très rapidement, nous avons appris qu’avec l’usine, notre ancien patron a également cédé le brevet aux Américains. Nous étions tranquilles, il était logique que le brevet et l’usine soient vendus ensemble. Après quelques semaines, notre activité a commencé à diminuer. Nous avions de moins en moins de travail et souvent nous restions à l’atelier sans rien faire. Notre syndicaliste est arrivé un matin dans le vestiaire, les Américains ont installé une usine en Chine, la production est délocalisée. Notre acheteur va améliorer les marges grâce à un montant de main-d’œuvre moindre. Quelques jours plus tard, nous avons reçu les premières lettres de licenciement économique. Nous avons manifesté, occupé l’usine. Malgré tout, la production continuait en Chine et nos aboiements laissaient les investisseurs indifférents. L’usine a fermé et Pôle emploi est devenu mon nouveau patron.

Mon conseiller a été très clair, trouver un nouveau travail à 54 ans allait être très difficile, je n’aurai jamais les avantages et le salaire que j’avais. Surtout, je n’ai aucun diplôme, c’est avec mon expérience et mon ancienneté que je suis devenu contremaître. Il n’y a aucune chance pour que je retrouve un emploi dans mon domaine. Il me reste 8 ans à travailler pour arriver à 62 ans et espérer une retraite. J’ai fait plusieurs stages de formation : rédiger un CV, l’attitude à avoir lors d’un entretien, savoir lire une offre d’emploi et y répondre, tout ceci pour rien. Chaque candidature pour n’importe quel poste avait la même réponse, soyons honnête, rarement j’en avais une : votre candidature est très intéressante et nous ne manquerons pas de vous contacter dès qu’un poste correspondant à votre profil se libérera. J’ai tout essayé : vigile, préparateur de commandes, homme d’entretien, chauffeur-livreur, personne ne veut d’un vieux. J’ai postulé comme commercial, il m’a été répondu qu’il est impossible d’avoir Alain Delon comme vendeur, il en va du sérieux et de la réputation de l’entreprise.

Très rapidement, le montant de mes indemnités diminue. Je suis de plus en plus souvent à découvert. Mon premier poste de dépense c’est mon loyer. J’habite dans une petite résidence haut de gamme. Tous les mois, le pourcentage de cette dépense sur mes revenus augmente et le reste pour vivre devient de plus en plus faible. J’ai tenté de déménager, mais personne ne veut louer un logement à un chômeur, je suis coincé. D’ici peu, une fois mon découvert renfloué et mon loyer payé, il ne restera plus rien. Depuis trois mois, le prélèvement de mon hébergement a été rejeté par ma banque. Je ne me fais aucune illusion, je vais très rapidement être expulsé.

Je suis célibataire et sans enfants, la vie a fait que je n’ai jamais trouvé une compagne. Mes parents sont décédés depuis longtemps, je suis fils unique, je n’ai aucune famille pour m’aider à passer ce cap avant d’avoir une petite retraite. Je ne vois aucune solution pour me sortir de cette impasse. Je suis convaincu que très rapidement, je vais devenir un de ces SDF que je voyais dans la rue. Mon seul espoir c’est que j’étais très généreux avec eux, je pense qu’ils vont me le rendre. Je regarde mes placards et mon réfrigérateur, tout est vide, je vais devoir faire quelques courses pour pouvoir manger. Je vide mon porte-monnaie sur la table, il me reste dix-sept euros. Nous sommes le 26 et je touche mes indemnités le 5, la majorité de cette somme sera bloquée pour renflouer mon découvert. Mon café terminé, pensif et désespéré, je vais sortir pour essayer de trouver de quoi manger.

Ma sonnette retentit, j’ouvre la porte, mon gardien est devant moi, je le salue, nous avons de bonnes relations. Il me tend un courrier, c’est mon propriétaire, si je ne paye pas mes loyers en retard avant la fin du mois, je serai expulsé. Ce n’est pas une surprise, mais la confirmation d’une situation que je connais, je dirais presque un soulagement, je sais à quoi m’en tenir. Je vais commencer à faire mes cartons, par contre, je ne sais pas où je vais les poser.

En descendant, je croise mon facteur, il a un courrier recommandé pour moi, il me le donne. J’ai 10 jours pour recouvrer mon compte à la banque, sinon je suis interdit bancaire, en attendant, ma carte est bloquée et je ne peux plus faire de chèque. Il me reste 17 euros pour vivre pendant 10 jours. Je pars en direction de la supérette de mon quartier.

Dans la rue, je passe devant mon agence bancaire, je suis gêné, j’ai peur que quelqu’un n’en sorte pour me réclamer de l’argent. Je sais, c’est ridicule, mais dans ma situation on est parano. Un camion de transport de fonds est garé sur la zone qui lui est réservée. Je le regarde rêveur, une toute petite partie de ce qu’il transporte réglerait tous mes problèmes. Seulement, braquer une banque ou un camion de transport de fonds, c’est un métier. Je ne me vois pas débarquer dans mon agence avec un masque et un révolver. Surtout, où en trouver un pour exiger la caisse ? Soudain, j’ai une idée, je vais braquer ma banque sans y entrer. J’ai dix-sept euros à investir dans mon projet, si ça marche, je suis sauvé, si ça foire, je me retrouve en prison, je ne serai pas à la rue. Dans un cas comme dans l’autre, je suis gagnant.

Chapitre 2

Je continue vers la supérette en pensant à ma liste de courses. En entrant, je vais directement vers le rayon jouets. Je trouve un téléphone portable incroyablement bien imité, je suis surpris par la qualité de la réalisation. J’achète ensuite des bougies, puis du papier cuisson. Enfin, je prends une boîte de haricots pour midi et un paquet de café, j’en ai pour 12 euros cinquante. En sortant, je me dirige vers une chocolaterie artisanale, je passe derrière la boutique et je trouve une boîte de confiseries vide. En revenant à la maison, je passe devant un chantier, je regarde dans la benne et je trouve des chutes de fils électriques de différentes couleurs. Mentalement, je repasse ma liste, j’ai tout ce qu’il me faut.

Une fois chez moi, je déballe toutes mes trouvailles. J’enfile une paire de gants de vaisselle, je nettoie tout ce que j’ai touché, être un fan de séries policières a des avantages. Je déballe les bougies, je coupe l’extrémité pointue, je les roule dans le papier cuisson, je ferme chaque extrémité en rabattant le papier, et, avec un fond d’huile de cuisine, j’imprègne le tout. Je fais un fagot, je lie le tout avec du ruban adhésif de couleur. Je déballe le téléphone, il est très léger, mais personne ne va le soulever, j’enfonce deux fils électriques dans le téléphone et l’autre extrémité du câble est introduite dans le fagot de bougies. J’installe le tout dans la boîte de confiseries. Je regarde mon travail, je suis très satisfait, l’effet est bluffant. Je cale le tout avec du ruban adhésif et dans la moitié vide, je place un sac de course de grande surface. Je referme le tout, content de moi, j’ai fait du bon travail. J’ouvre et je mange ma boîte de haricots avec seulement un peu de sel, je n’ai pas de beurre. Je m’installe sur mon fauteuil face à la télévision en attendant l’ouverture de mon agence.

En début d’après-midi, je pars pour ma banque, ça passe ou ça casse. J’attends qu’il y ait du monde au guichet, je dépose ma boîte à côté de l’accueil. La fille me jette un regard distrait et continue de parler avec son client, il semble très en colère. Je m’installe en face de l’agence, j’ai vérifié, il n’y a pas de caméras dans la rue, j’attends que le client sorte. Depuis une cabine à proximité, je téléphone à l’agence, la fille à l’accueil décroche, je la vois depuis ma cabine.

« Bonjour, je suis un client de votre agence et votre directrice m’a fait faire un placement qui se révèle très avantageux. Pour vous remercier, j’ai fait déposer une boîte de confiseries pour le personnel de l’agence, vous pouvez l’ouvrir et me dire s’ils sont bons. »

J’entends un bruit de papier puis un cri de terreur. Mon interlocutrice a gardé son casque téléphonique sur la tête.

« Vous allez appeler votre directrice. Dans le sac, à l’intérieur de la boîte, elle va mettre la réserve d’argent liquide que vous avez dans l’agence. Je suis du métier, je connais le montant disponible. Ensuite, avec le sac, elle se dirigera vers la résidence à proximité, à gauche en sortant, et elle déposera le sac dans le local poubelle. Vous avez cinq minutes, si je vois le moindre uniforme ou si j’entends une sirène de police, toute l’agence va sauter avec de très gros dégâts et de nombreux blessés. Mon montage est rudimentaire, mais très efficace, il me suffit de faire sonner le téléphone. Dès que votre directrice sera de retour, vous pourrez téléphoner à la police, des démineurs sécuriseront très rapidement le colis. »

Trois minutes plus tard, la directrice sort de l’agence avec mon sac chargé. Elle marche très vite et regarde avec un air effrayé autour d’elle. Dans la résidence, elle abandonne le sac et repart. Je traverse la rue, j’entre dans le local par la deuxième entrée. Je retourne chez moi avec mon sac. En cours de route, je vois passer plusieurs voitures de police toutes sirènes hurlantes et un fourgon noir marqué « déminage ». Chez moi, je suis en nage, je ferme la porte à double tour, mon cœur bat très fort. Je me laisse tomber dans mon fauteuil, je me calme. Après de longues minutes, je me lève, je vide mon sac sur la table de la cuisine, il y a de nombreuses liasses marquées mille euros, j’en compte quinze. Je les aligne, je reste pensif.

J’entends un bruit de sirène dans la rue, je panique, je me précipite à la fenêtre et je vois passer un véhicule de pompiers. En regardant dehors, je me rends compte que j’ai très faim, la boîte de haricots de midi est loin. Je regarde le petit restaurant en face dans la rue. J’y allais durant ma première vie pour certaines occasions comme mon anniversaire, c’est bon, mais relativement cher. Je prélève quelques billets de vingt euros dans une liasse, un coup de peigne et je descends. Je prends une côte de bœuf, normalement, c’est pour deux personnes, mais je suis certain d’en venir à bout, une bouteille de vin rouge, je ramène le reste à la maison et un dessert. Je rentre repu et je vais me coucher. En pleine nuit, je sursaute et me réveille en nage, j’ai rêvé que je braquais ma banque. Je me lève, une fois dans la cuisine, je suis obligé de constater que je ne rêvais pas. Je me recouche, tout cela m’a semblé trop simple.

Le lendemain matin, après une douche sans savon et un café, je prélève des billets dans la liasse déjà entamée et je sors. Je sonne chez mon propriétaire, il habite deux étages au-dessus, je lui donne cinq cents euros. Je lui explique que c’est un premier acompte et que ma situation sera régularisée rapidement. Il me donne un reçu pendant que je lui explique que j’ai trouvé un travail au noir où je suis payé en liquide. Entre mon chômage et cet apport clandestin, je vais pouvoir retrouver une vie normale. Je vais ensuite à ma supérette pour remplir mon réfrigérateur et mes placards, au passage, j’achète le journal.

Après avoir rangé mes courses, j’ouvre le journal. En page intérieure, il y a un article sur un audacieux braquage de banque à l’explosif. Le journaliste ne mentionne pas que les explosifs sont factices, il conclut avec la formule classique : une enquête est en cours. Je vais attendre quelques jours pour passer à ma banque déposer du liquide pour renflouer mon compte. L’après-midi, je vais faire des courses dans une zone commerciale pour renouveler ma garde-robe. Tous mes vêtements ont trois ans et plus, alors je fais les boutiques pour prendre des chaussures, pantalons, pulls, blousons et sous-vêtements. Dans le bus, en rentrant, je me rends compte que je viens de dépenser l’équivalent d’un mois de salaire pour un ouvrier qualifié. J’ai toujours pensé qu’il ne sert à rien de dépenser cinquante euros pour une chemise alors que l’on peut en trouver à douze dans une grande surface, cependant, tous mes vêtements sont de marques connues.

L’arrêt de mon bus sur le chemin du retour est situé devant un vendeur de voitures d’occasion. Je suis surpris par le prix d’une Clio, elle a un faible kilométrage et paraît en bon état. Le vendeur m’explique que c’est une voiture de société avec deux places, le marché est étroit, un célibataire ou un professionnel. Je demande à l’essayer, elle marche très bien, je négocie une remise supplémentaire en précisant que je vais payer en liquide, je verse un acompte et signe le bon de commande. Je dois revenir le lendemain pour payer le solde et récupérer la voiture. Le lendemain au soir, le nombre de liasses sur ma table a fondu. J’ai une voiture, de quoi manger et m’habiller.

Chapitre 3

Au commissariat, le lieutenant Laurent est morose. Il vient de faire le point avec son commissaire, aucun indice, aucun témoin, même pas un début de piste. Visiblement, l’auteur du casse à la dynamite est un amateur, aucun spécialiste ne va attaquer une banque pour quinze mille euros. Il a eu de la veine et, soit c’est un coup unique et, sauf coup de chance, il ne sera jamais arrêté, soit il va récidiver après avoir dépensé son argent, et dans ce cas aussi, il sera très difficile de l’arrêter. Nous ne pouvons pas surveiller toutes les agences bancaires de France. Ce qu’il redoute le plus, en cas de récidive, c’est que les médias s’emparent de l’affaire et en fassent un héros, une sorte de Robin des bois. Pour le moment, personne ne sait que les explosifs sont factices. Les démineurs, en voyant le colis, ont tout d’abord pensé à un piège, c’était trop grossier, puis après de nombreuses précautions, ils ont confirmé que tout, même le téléphone, est factice et sans danger.

Le lendemain, je récupère ma voiture, je me suis assuré sur internet. Je n’ai jamais eu de voiture, je partais travailler à pied et je passais les vacances à la maison. Parfois, je prenais un bus pour aller me baigner dans une zone de loisirs proche. J’en profite pour me promener et visiter la région. Je me fais un petit restaurant gastronomique, puis je rentre en fin de journée après être passé à ma banque pour m’assurer que ma carte est débloquée. Pour passer le temps, je navigue sur internet, je tombe sur une publicité pour la location de bungalows dans un camping sur la Côte d’Azur. La dernière fois que j’ai vu la mer, j’avais dix ans, une journée organisée par la mairie. Je me renseigne et je décide de partir une semaine au bord de l’eau. Le matin, je retourne en voiture dans ma zone commerciale pour acheter une valise, des maillots de bain, des serviettes, tout le nécessaire et sans doute plus. En rentrant, le nombre de liasses sur ma table a bien diminué.

Au petit matin, je pars, mes bagages sont dans le coffre, je respecte scrupuleusement les limitations de vitesse. Après un repas rapide sur l’autoroute, j’arrive sur mon lieu de villégiature. J’ai une excellente impression, il y a peu de monde, mon bungalow est petit, mais pour une seule personne, c’est plus que suffisant. Je prends une douche et je vais au bar, près de la piscine, boire une bière sur la terrasse. Allongé sur un transat, je bois lentement en regardant autour de moi. Je vois la mer avec de nombreux voiliers.