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En faisant de "Anthropologie d’un poète" un art de la rencontre,
Frédéric Gramazio explore sa propre subjectivité comme un centre de gravité autour duquel tournent des identités remarquables.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Au fil du temps,
Frédéric Gramazio traverse des cycles de vie et de renaissance, situant sa créativité entre deux battements de cœur. Avant "Anthropologie d’un poète", il avait déjà exploré cette quête de la poésie dans ses ouvrages précédents, "Le chercheur de poèmes" et "Jusqu’à éteindre la nuit".
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Seitenzahl: 42
Veröffentlichungsjahr: 2024
Frédéric Gramazio
Anthropologie d’un poète
© Lys Bleu Éditions – Frédéric Gramazio
ISBN : 979-10-422-2212-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Aux ouvriers de l’impalpable
Aux charpentiers du vide
Tout vers devrait avoir deux devoirs : communiquer un fait précis et nous atteindre physiquement comme la proximité de la mer.
J. L. Borges
Un maximum d’énergie dans un minimum de mots.
Guillevic
La schizophrénie agite ses ciseaux à couper le cerveau.
Pas bien grave dit-on maladie de poète.
Christian Bachelin
Regarder celui que l’on ne regarde plus
Parler avec celui avec qui on ne parle plus
Écouter celui que l’on n’écoute plus
Tendre la main à celui à qui on ne tend plus la main
Voilà toute ma poésie
À deux ans et demi
Ma fille retenait
De ses mains
L’oiseau
Brodé
Sur son pull rouge
Pour qu’il ne s’envole pas
À l’arrière de mon costume
Au banc exquis où je me suis arrêté
Je devine comme une étoile de mer
Le tissu sauvage de tes yeux
À la lumière d’un sombre vitrail
Dans l’église de mon corps
À la naissance
De ma fille
Ma mère
M’a dit :
« Elle sera
Mon dernier
Amour »
À la première
Séance d’écriture
Il n’avait pu
Écrire un mot pourtant
Il était revenu et il écrivit :
« Dans la demeure
De mon âme
Il y a un enfant
Qui n’est pas né »
Pour un instant
Il était sorti
Des griffes
De sa paranoïa
À l’arrêt de bus
Il a mis
Ce qu’il lui restait
De vie
Dans un sac de nœuds
À présent
Ton souffle
Habite
Les vestiaires
Du temps
Adolescente
Dans Mercedes
Le père qui frappe
Ta tête
Contre la vitre
Avec sa voix
Avec sa main
Avec ses mots
Toi
Tu bouches
Tes oreilles
Parce que tes lèvres
Ont encore
Le goût de sa peau
Aimer
C’est dire
Je t’aime
Sans les mots
Aimer
C’est comme
Retourner au début
Du chemin
Allongé sur le divan
Pas un mot
J’ai commencé
À écrire avec une plume cassée
Et puis
J’ai rencontré ma voix
Au détour d’une ruelle
Un soir d’été
Allongé
À l’arrêt de bus
La vie passe
Et ne prend plus
De voyageurs
« Alors c’est ça le paradis ? »
Dis-je à l’ange
Une station-service désaffectée
Au bord d’une route de nulle part
Alors
J’ai répondu
Que je serai
Un bon ami
Pour moi-même
Anita
Mon arrière-grand-mère
Née sous X
Qui chantait l’Ave Maria
En lavant les escaliers de l’immeuble
Elle finit sa vie par tout oublier
Ne plus savoir manger
Ne plus savoir boire
Ne plus savoir parler
Juste un dernier mot
Prononcé
Sur ses lèvres sèches
« Maman »
Assis
Au bar
De l’hôpital
Psychiatrique
Il croisait
Et décroisait
Ses jambes
Frénétiquement
Tel
Un danseur
Du Tanztheater
De Pina Bausch
Assis
Sur un canapé
Au bord de la nuit
Il dort
Sans se souvenir
Qu’il est vivant
Au bar de l’hôpital psychiatrique
Les employés
Jouent à la dînette
François récite
Des formules mathématiques
Un ange africain danse
Francine mange des chips
En lisant une poétesse libanaise
J’offre du tabac
Je suis avec eux
Transformer
Les murs de l’hôpital psychiatrique
En pages de livre
Aux poètes
Qui n’ont
Jamais
Écrit
Une ligne
De leur vie
Aux quatre coins
Du triangle
J’ai déchiré
Toute ma philosophie
« Au-dessus de tout »
Dit ma mère
Avoir cinq enfants
Et vivre dans 30 M2
Le théorème humiliant
Est un cri dans le vide
Pour un cœur
Pour une mère
Dont les yeux
N’ont plus le courage
De pleurer
Café à Vichy