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Lorsque son fils lui apprend qu'il est homosexuel, une mère réalise qu'elle a passé plus de vingt ans à ses côtés sans voir qui il était vraiment. Cette histoire est peut-être aussi la vôtre. Ou celle de votre voisine. une histoire tellement banale, au fond. A un petit détail près. Quelques années plus tard, un petit garçon a poussé son premier cri. Un bébé né grâce à deux femmes américaines qui ont aidé les deux heureux papas à construire la famille dont ils rêvaient. L'homosexualité, l'homoparentalité, la GPA. De bien grands (gros) mots pour un petit être merveilleux. Vous avez le droit de ne pas aimer ou de ne pas être d'accord, mais vous n'avez pas le droit de ne pas savoir. Parce que c'est de l'ignorance que nait l'intolérance. Einstein a dit que les préjugés étaient plus difficiles à désintégrer que les atomes. Mais personne ne dit qu'il est interdit d'essayer.
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Seitenzahl: 172
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Que conclure à la fin de mes longs propos ?C’est que les préjugés sont la raison des sots.
Voltaire (1694 – 1778)
A Diego,
A Romain et Benjamin,
A tous les êtres extra-ordinaires qui ont le courage d’être eux-mêmes, envers et contre tous.
Dans mon histoire, lorsque son fils lui apprend qu’il est homosexuel, la mère, effondrée, s’aperçoit qu’elle a passé plus de vingt ans à ses côtés sans voir qui il était vraiment.
Elle ne pleure pas parce qu’il aime les hommes, mais parce qu’elle n’a pas su l’accompagner et le rassurer, comme n’importe quelle mère devrait le faire.
Une histoire classique qui est peut-être aussi la vôtre. Ou celle de votre voisine.
Aujourd’hui encore, dans de nombreux pays, l’homosexualité constitue un délit, parfois passible de peine de mort.
En France, elle est légalisée. Mais on ne change pas les mentalités avec les lois et on ne peut, hélas, toujours pas échapper aux regards en coin et aux réflexions narquoises, voire haineuses, de la part de ceux qui se sentent plus normaux que les autres.
La famille de mon histoire est donc atypique.
Unique aussi.
Comme la vôtre.
Ou celle de votre voisine.
C’est dans cette famille qu’un petit garçon a poussé son premier cri pour le plus grand bonheur de ses parents. Une naissance qui a demandé beaucoup de patience, de courage et de détermination.
Peut-être comme chez vous ?
Ou chez votre voisine ?
Vous avez parfaitement raison: mon histoire est l’histoire banale d’une famille remplie d’amour et de respect, comme l’est sans doute aussi la vôtre. (Ou celle de votre voisine, oui, je sais).
À un détail près: cet enfant est né aux États-Unis, grâce à deux femmes et surtout à deux papas qui se sont battus comme des lions pour transformer leur rêve en réalité.
Une mère et un fils ouvrent leurs coeurs en toute simplicité. Ils parlent de leur combat, mais aussi de leurs différences, de leurs joies et de leurs peurs.
Vous avez le droit de ne pas être d’accord.
Vous avez le droit de ne pas aimer.
Mais vous n’avez pas le droit de juger avant de savoir. Parce que c’est l’ignorance seule qui mène à l’intolérance.
Einstein a dit que les préjugés étaient plus difficiles à désintégrer que les atomes.
Mais personne ne dit qu’il est interdit d’essayer.
Chantal Cadoret
La Mère
Le Fils
La Mère
Le Fils
La Mère
Le Fils
La Mère
Le Fils
La Mère
Le Fils
La Mère
Le Fils
La Mère,
La Mère
Le Fils
La Mère
Le Fils
La Mère
Le Fils
La Mère
Le fils
Le Fils
Épilogue
Remerciements
Du même auteur
Cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas retrouvé tous les trois, Patrick, Raphaël et moi. C’était Raph qui avait lancé l’invitation. Il avait choisi un de ces petits restaurants à l’ambiance familiale, comme on les aimait, près de chez lui. Le diner battait son plein et la discussion était conviviale, chacun racontant les dernières nouvelles.
Après ses études, Raph s’était inscrit dans une école de théâtre.
Il s’était spécialisé dans l’improvisation et jouait dans plusieurs spectacles. J’étais très fière de lui et j’étais sa plus fidèle groupie. Ce que je préférais, c’était ce moment où la lumière revenait éclairer la salle. J’adorais voir le public applaudir à tout rompre des acteurs fatigués, mais satisfaits. Le coeur rempli d’étoiles, j’avais envie de leur crier:
« Regardez, c’est mon fils ! »
Certes, je n’étais pas très objective, mais j’étais sincère. Patrick, mon mari, avait une relation plus réservée avec son fils et ne partageait pas toujours mon enthousiasme. Il aurait préféré qu’il choisisse une voie plus conventionnelle. Un vrai travail, comme il disait. Alors, parfois, les conversations s’enflammaient et il fallait beaucoup de diplomatie pour rétablir le calme entre eux.
Ce soir-là, tout le monde était détendu. Raph parlait de ses projets avec excitation et tout se passait parfaitement bien jusqu’à ce qu’il s’éclaircisse discrètement la voix avant de lancer: – Au fait, il faut que je vous dise… Il marqua une légère pause et me fixa droit dans les yeux avant de finir sa phrase: – Je ne suis plus célibataire.
Je me détendis. Depuis le temps que j’avais envie d’entendre cela ! Après sa rupture avec Éléonore, quelques années plus tôt, on ne lui avait plus connu de « fiancée ». On m’interpellait souvent à ce sujet:
« Il serait grand temps qu’il se trouve une femme, ton fils ! C’est bizarre qu’il reste seul, à son âge ! »
Personnellement, je ne voyais pas ce qu’il y avait d’anormal dans sa situation. Il était encore jeune, rien ne pressait. Il semblait heureux et épanoui. Pour moi, c’était l’essentiel. Cependant, pour couper court aux commérages, je répondais qu’il était en couple avec le théâtre, et que c’était une maitresse très exigeante.
Évidemment, j’étais ravie de cette annonce, qui avait tout l’air d’être l’officialisation qui justifiait cette invitation. Patrick, qui pourtant adorait Éléonore, affichait un large sourire.
Il s’empressa de demander:
– Alors, comment s’appelle la nouvelle élue ?
Un silence plana sur la table. Raphaël, le regard toujours accroché au mien et d’un ton très assuré, répondit:
– En fait, ce n’est pas « elle », mais « il ». Il s’appelle Maxime.
Patrick marqua un temps, pendant lequel son visage se ferma, avant de remettre le nez dans son assiette. L’information me désarçonna, plus que je ne l’aurais souhaité. Je ne l’avais pas vue arriver. Pourtant, je devais réagir au plus vite, au moins pour masquer le mutisme de mon mari. Avec un sourire et un enthousiasme, un peu surjoués comme dans les mauvaises comédies, je lançai:
– Ah, mais c’est génial, ça !
Pourquoi était-ce la seule répartie qui me soit venue à l’esprit ? Plus pour meubler le silence qui s’était installé autour de la table que par curiosité, je posai les questions convenues:
« Qui est-il ? Que fait-il ? Depuis quand ? ».
Je m’efforçais de paraître naturelle, mais j’étais assommée par cette nouvelle et je sentais qu’il allait me falloir un peu de temps pour l’assimiler.
Heureusement, nous étions presque à la fin de notre diner. Nous nous séparâmes donc peu après, peut-être plus rapidement que prévu.
Nous fîmes le chemin du retour en silence. Mon esprit était embrouillé, mon coeur était lourd. Je n’avais qu’une seule envie: me réfugier seule dans ma chambre pour comprendre ce qui venait de se passer.
Mon fils, avec lequel j’avais toujours été complice, aimait un garçon et je ne m’étais aperçue de rien. Je n’avais capté aucun indice et pourtant, ce Maxime semblait être dans sa vie depuis quelques mois, voire quelques années. Je l’avais même déjà croisé, m’avait-il dit, puisqu’il était présent, à toutes ses représentations théâtrales, depuis plus d’un an. Comment avaisje fait pour ne JAMAIS le voir ?
Pourquoi m’avait-il caché son amour si longtemps ? Avait-il eu si peur que je ne le comprenne pas ? Quel message lui avais-je donc envoyé pour qu’il n’ose pas me dévoiler cette relation ?
J’aurais moqué quiconque racontant cette histoire. « L’éducation, aurais-je assuré, c’est une affaire de confiance absolue. Une mère digne de ce nom doit voir ces choses-là. »
Aujourd’hui, je me sentais bien honteuse de n’avoir rien perçu. Cependant, je pensais à lui, mon enfant, et au courage qu’il lui avait fallu pour organiser cette mise en scène, seul face à nous ! Il s’était montré calme et détendu, mais il était très bon comédien. Avec le recul, je l’imaginais terrorisé par cette annonce. Je ressentais son émotion jusque dans mon ventre qui se tordait.
« Je ne suis plus célibataire ». Il m’avait regardée avec détermination, sa voix n’avait pas faibli et il n’avait pas failli. J’admirais sa force de caractère autant que je méprisais ma pitoyable réaction.
Comme toutes les mères, je rêvais pour lui d’un avenir simple avec une femme et des enfants. Un chemin classique. À la maison, nous n’avions jamais parlé de sexualité et pas plus d’homosexualité. Ce n’était pas un sujet tabou, Raph devait bien le savoir. Cependant, il était un garçon plutôt pudique et je ne voulais pas m’immiscer dans son intimité. J’estimais que ce n’était pas mon rôle, mais plutôt celui de mon mari. En avaient-ils discuté ?
Et puis, très tôt, il était tombé amoureux. Avec Éléonore, ils formaient un joli petit couple qui avait traversé sereinement les sept années de leur vie commune. Lorsqu’il m’avait annoncé leur rupture, je lui en avais demandé la raison. Il était resté évasif. Je n’y avais rien vu d’anormal. C’était un premier amour, c’était dans l’ordre des choses.
Il avait passé les années suivantes, toujours très entouré et ne semblait pas souffrir de son célibat. Sans vraiment évoquer ce sujet, je lui lançais parfois des perches, pour le mettre à l’aise:
- Tu peux amener qui tu veux à la maison, peu importe sa religion ou sa couleur. Mon seul racisme, c’est envers les cons.
Cela nous faisait rire. Je lui faisais confiance, il était trop sensible et trop intelligent pour une telle mésalliance. Bien sûr, je n’avais jamais précisé:
« Peu importe le sexe ».
Comment aurais-je pu le deviner ? L’avait-il espéré ? Avait-il souffert que je ne l’évoque jamais ?
Je me rappelais ces témoignages de jeunes homosexuels terrorisés par la réaction de leurs parents. Tout au long de ma carrière, j’avais souvent épaulé des élèves dans leurs démarches, me révoltant de la violence qu’ils subissaient, pour une histoire de sexe. Et nous voilà, aujourd’hui, dans cette situation.
Je pensais à tout ce que je n’avais pas vu, pas entendu, pas compris. J’aurais dû le rassurer, lui donner confiance et l’accompagner au lieu de le laisser se débrouiller seul avec son secret. Me tournant et me retournant, sans pouvoir trouver le sommeil, je songeais également à toutes les manifestations qui se déroulaient dans les rues de la capitale. Nous étions en plein vote de la loi sur le mariage pour tous. Les opposants à la loi, les bien-pensants, battaient le pavé sans relâche, scandant des slogans insultants envers les homosexuels. Il y avait aussi ces agressions qui se multipliaient et sur tous les réseaux, on voyait s’afficher les visages tuméfiés de ces hommes pris à parti et frappés, sans aucune autre raison que celle d’être différents.
Les images se bousculaient dans ma tête jusqu’à la faire exploser. Aujourd’hui, il ne s’agissait plus seulement de personnes victimes d’intolérance. Il s’agissait de mon enfant et je ne supportais pas de le savoir dans le camp de ceux que l’on montre du doigt.
Je me recroquevillai dans mon lit. Je pleurais et hurlais en silence, non parce que mon fils aimait un homme, mais parce que j’avais peur qu’on lui fasse du mal. J’avais peur de la bêtise et de la méchanceté des gens. J’aurais voulu le protéger et éloigner ses peines, comme je l’avais toujours fait.
Mais ce soir-là, je me sentais exclue et impuissante.
Je suis fils unique, mais je ne me suis jamais senti seul. J’ai toujours été entouré de mes copains ou de mes cousines, que je considère comme mes soeurs. En tant que petit dernier de la famille, j’ai bénéficié d’un régime de faveur et je dois bien avouer qu’aujourd’hui encore, j’adore cela. Malgré tout, j’aurais bien aimé avoir un frère, au moins.
Ma mère était prof. Elle avait du temps à me consacrer. Je lui dois ma curiosité et, sans aucun doute, une partie de ma réussite. Quand il ne travaillait pas, mon père m’emmenait faire du sport ou passait des heures avec moi sur des jeux de société, notamment de stratégie. C’est probablement de là que viennent mon goût de la compétition et ma rage de gagner.
Je n’ai jamais eu à me plaindre de ma vie qui a été simple et agréable.
Pourtant, je peux dire que je l’ai vécue, en grande partie, dans la clandestinité.
Je me suis aperçu que j’étais différent des autres, très tôt, vers l’âge de quatre ans. Au début, je n’avais pas conscience de ce que cette différence pouvait entraîner, mais en grandissant je me suis senti totalement incapable de l’assumer. Avec ma mère, on pouvait parler de tout, mais, curieusement, jamais de sexualité. Avec mon père, encore moins. Alors, j’ai refoulé mes désirs et mes doutes de toutes mes forces, au plus profond de moi, espérant les oublier à jamais. Je n’avais qu’une seule envie: être comme les autres.
À peine entré au lycée, j’ai rencontré Éléonore.
Elle était un peu mon double féminin. Nous avions les mêmes goûts, les mêmes ambitions. J’avais quinze ans et j’avais une fiancée. J’étais heureux d’être enfin dans la norme. Je l’aimais bien sûr, mais je n’arrivais pas à ressentir ce désir fou dont tout le monde parlait. Je me disais que ça allait venir, avec le temps.
Après le bac, nous avons pris des décisions importantes pour nos études. Je suis parti en Chine, elle au Canada. Elle en était très affectée, cherchant même d’autres options pour éviter de trop longues séparations. Mais je réussissais à la remotiver. Les études devaient passer avant notre couple. Et puis, elle pouvait me faire confiance, je n’avais aucune intention de la tromper ! De mon côté, je n’étais pas inquiet non plus. Au contraire, je me disais que ce serait peut-être une chance pour elle de trouver son bonheur avec quelqu’un d’autre.
Je n’avais aucune envie de lui faire du mal et, à force de persuasion, j’avais fini par croire que mes sentiments pour elle étaient sincères. Cependant, je me sentais tellement mieux lorsque j’étais seul ! Comme si je redevenais moi-même, sans faux semblants.
Après ma prépa, j’ai intégré une grande école d’ingénieurs. Se voir en tête à tête devenait de plus en plus compliqué, ce qui m’arrangeait bien. Pour mon année de césure, j’avais monté un projet de théâtre itinérant en Afrique. Cette fois, elle voulait faire partie du voyage. Nous étions quatre et les conditions étaient claires pour tout le monde. Nous étions une troupe, pas question d’être un couple.
Ce fut une année hors norme, pleine d’aventures et de découvertes extraordinaires, mais qui a signé la fin de notre histoire.
À notre retour, elle me pressait de prendre des décisions pour l’avenir. Nous nous connaissions suffisamment pour nous marier, avoir des enfants. J’ai paniqué. C’était absolument inenvisageable. Même si je ne me sentais pas encore prêt à assumer ma différence, je ne voulais plus mentir. J’avais d’autres envies. Cette parenthèse africaine m’avait permis de comprendre que la vie pouvait aussi être exaltante. En tout cas, celle que je désirais avoir: je voulais être comédien et vivre de mes rêves.
Nous nous sommes donc séparés « d’un commun accord », comme on dit pour amoindrir la douleur de celui qui ne l’est pas. Mes chaines enfin brisées, j’étais libre pour la première fois.
Peu de temps après, j’ai rencontré Maxime. Je suis tout de suite tombé amoureux de lui, et ma vie a soudain pris son sens véritable.
Lorsque nos regards se sont croisés, j’ai senti un étrange picotement au fond de mon coeur. Pendant toutes ces années passées auprès d’Éléonore, j’avais tellement essayé de le faire apparaitre que j’avais fini par croire qu’il n’arriverait plus jamais. Mais, devant ses beaux yeux bleus et son sourire franc, toutes les barrières ont cédé et j’ai enfin découvert l’amour.
Max a eu, à peu près, le même parcours que moi, mais ses vrais désirs étaient encore plus verrouillés que les miens. Nos débuts ont donc été timides et toujours emplis de doutes et de craintes.
Personne ne devait savoir. Pour tous, nous n’étions que deux copains, surtout dans son entourage professionnel. L’homosexualité n’était pas dans la normalité et il redoutait qu’on puisse découvrir ses préférences pour les hommes. Dans le monde du spectacle dans lequel j’évolue, c’était plus courant. Cependant, nous devions d’abord intégrer l’idée d’être différents avant d’avoir le courage d’affronter le regard des autres. Max m’aimait, mais il avait beaucoup de mal à l’admettre. Il remettait régulièrement notre relation en question. Mais nous nous retrouvions toujours. Au lieu de nous séparer, chaque chute nous soudait. Jusqu’à ce que, nous trouvions, ensemble, la force de vivre cet amour au grand jour.
Nos coming out ont été progressifs. D’abord les amis proches, enfin les miens, puisqu’il restait encore sur sa réserve. Ce n’est pas si facile de sortir de soi à presque trente ans. Allaient-ils nous fuir ou, pire, nous mépriser ?
Il faut croire que nous avons choisi de nous entourer des bonnes personnes, car il n’y a jamais eu de paroles négatives de leur part. Au contraire, nos amis nous ont remerciés de leur faire confiance en leur révélant nos sentiments. Plus nous nous découvrions, plus nous étions forts et plus nous étions sûrs de notre amour. Nous devions maintenant l’annoncer à nos familles.
Celle de Max est plus grande que la mienne. Il a une soeur, Claudia, de deux ans son ainée, et un petit frère, Thibault, arrivé huit ans plus tard. Il est très proche des deux. Cette fois, c’est lui qui s’est lancé en premier.
Il a commencé par sa soeur. Une fois la surprise passée, Claudia l’a pris dans ses bras.
– Tu l’aimes ?
– Oui
– Alors, c’est ce qui compte.
Lorsqu’il est rentré, ses beaux yeux bleus étaient tout brillants, à la fois de joie et de larmes. Il était fier d’avoir eu le courage d’avouer son secret.
Ensuite, il est allé voir Thibault. Un peu à reculons, il faut bien le dire. Il a toujours été un modèle et un confident pour lui. Allait-il dégringoler de son piédestal avec son annonce ? Son frère allait-il avoir honte de lui et lui tourner le dos ?
Ce jour-là, Thibault était sur sa console, comme d’habitude. Il finissait sa partie.
– Je voudrais que tu m’écoutes, j’ai quelque chose d’important à te dire.
Thibault a mis son jeu sur pause et l'a regardé, inquiet.
– Tu es malade ? Qu’est-ce que tu as ?
– Non, ce n’est pas ça... Je… J’aime un homme. Il s’appelle Raphaël et on vit ensemble.
Thibault a éclaté de rire. Il a repris sa manette et lui en a tendu une seconde.
– Ah, tu m’as fait trop peur ! Tu es homo ? Cool. Tu l’as dit aux parents ?
– Non, pas encore
– Tu veux que je leur dise ? Tu as peur ?
– Oui, un peu, mais je préfère le faire moimême.
– OK… Bon, on joue ?
Max était définitivement rassuré. Thibault venait de confirmer, si besoin en était, que cette précision sur sa sexualité pouvait être perçue comme un non-événement.
Il ne lui restait plus qu’à prévenir ses parents. Mary et Jean vivent en province. Après avoir été restaurateurs, ils sont aujourd’hui à la retraite. Toujours très actifs, ils partagent leur temps entre la gestion de leur gîte et la garde de leurs petits-enfants.
Il a profité d’un weekend chez eux, pour faire son annonce. Il les a réunis à l’heure de l’apéritif et leur a révélé qu’il avait rencontré un garçon avec lequel il vivait. Il était si tremblant et si ému, qu’il avait fondu en larmes. Il était désolé de les décevoir, de leur causer des soucis, mais c’était comme cela, il aimait un homme et il n’y pouvait rien.
Quels parents supportent de voir leur enfant pleurer de désespoir ?
Ensemble, son père et sa mère se sont levés et l’ont pris dans leurs bras. Les décevoir ? Pour quelles raisons ? Des problèmes ? Qu’on vienne leur en chercher des problèmes, tiens ! Ils aimeraient bien voir cela !
Tout ce qu’ils désiraient, c’était qu’il soit heureux.
Il en pleurait encore, et moi avec lui, quand il me l’a raconté. Ils voulaient me rencontrer. Nous n’allions plus avoir à nous cacher.
C’était désormais à mon tour d’affronter mes parents et je n’en menais pas large. Pourtant, plus je me répétais la scène et plus j’étais convaincu que ça ne poserait aucun problème. Ma mère, je connaissais son ouverture d’esprit et je savais qu’elle me vouait un amour inconditionnel. J’étais sûr qu’elle réagirait comme la mère de Max, avec tendresse.
Mais je me doutais aussi qu’elle ne pourrait s’empêcher de penser à notre famille, plutôt conventionnelle, et aux réflexions ou aux reproches qui ne manqueraient pas de fuser. Surtout de la part de mon père.
Mon père… Lui, je pressentais qu’il allait avoir plus de mal à digérer cette nouvelle. Je connaissais son esprit très «