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Auriane est jeune et belle. Sam est plus âgé. Ils se rencontrent, s'aiment puis se séparent. C'est une histoire d'amour banale, brutale, tragique. Premier roman de l'auteur, "Auriane et Sam" livre un récit rapide, oppressant, dans un quotidien qui nous ressemble.
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Seitenzahl: 92
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Collection L’hippocampe
…plaisir à qui me frôle !
Jamais blanc !
Passionnément
Roman
Auriane et Sam
Sur le bas du fossé, la petite fleur gît,
Déracinée par le vent dont elle a tant joué,
Bousculée par la bourrasque, déjà flétrie,
Oubliée du soleil, minée de fausse liberté,
Les couleurs ne sont plus que du gris,
Nul subterfuge ne saura la ranimer,
Adieu papillons, envolés, échec et mat,
Bientôt, une lourde semelle maladroite,
La réduira en rêves inassouvis, crash trash,
Peut-être un enfant de passage t'a dessiné,
Vain souvenir, vite oublié, tiroir ténèbres,
Tombeau des charmes éphémères,
Souviens toi,
Tu étais lumineuse étoile solaire,
Coquelicot passion accroché à l'existence,
Rose entêtante au parfum de chance,
Tu étais arbre aux racines profondes,
Au fond de ce caniveau, la vie renonce,
Empoisonnée par la culture du mensonge,
Paraître et disparaître, destin de fleurs.
Sacha, Requiem pour un pétale
À Jeanne, Christelle, Angélique, Paola, Camille, Julien, Chloé, Auriane, Sam, Véra et tous les autres, s’ils avaient existé.
Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence.
Jeudi 25 janvier, 18 h, plage du Mourillon
Plage, 20 h
Angéline
21 h, sur le sable
La plage, 22 h
Plage du Mourillon, 23 h
Jeanne
Plage, minuit
Sur la plage, minuit…
Christelle
Plage, 1 h
Paola
Véra
Plage, 1 h du matin
Auriane
Plage, plus tard
Auriane
Plage, dans la nuit
Auriane
Sable humide, nuit glaciale
Camille
Chloé
Julien
Auriane
L’aurore
Sam vient s'échouer sur un banc, derrière le restaurant, tout au bout de la plage. La nuit descend, le froid aussi.
Il s’est remis à fumer après vingt ans d’abstinence heureuse. Séance rattrapage, deux paquets par jour. Quelques clopes pour attendre le départ des derniers promeneurs, familles à poussettes, joggeurs et le pire, les couples d’amoureux, main dans la main et qui parfois se collent des galoches dégoulinantes d’amour.
La plage est déserte, la mer se tait, elle s’en balance, même pas une vague pour détourner son esprit.
Le muret de béton accueille le corps lourd d’animal blessé. Le sable est trop froid pour son cul. Sam va se flinguer et ne veut pas avoir froid, dérision de l’être.
Dans la poche du blouson, le Laguiole, acheté sur le chemin de Compostelle, à Estaing. C’était chouette ce chemin à deux. Et puis cette semaine en solo. Complétement en tête à tête avec lui, la nature en témoin.
Il marche, erre plutôt quelques pas maladroits au ras de l’eau, là où le sable est dur, léché par les vaguelettes. Les godasses sont trempées, comme l’âme, mais impossible de déclencher les larmes que le cœur produit à gros bouillons. Brutalement, il se vautre dans le sable, le dos contre le mur. Sort le couteau. Le fil brille aux lueurs de la lune naissante. Un regard au téléphone. Un appel, un message. Rien.
Tout à l’heure, il a viré sa tronche de Facebook, pitoyable geste de détresse, appel au secours de vaincu. Vain surtout.
Le poids de l’étreinte de l'attente et de la solitude absolue sont devenues insupportable, insurmontable. Personne ne sait où Sam crèche à Toulon, aucun texte pour expliquer, rien à justifier, ses papiers suffiront à l’identifier.
Mal au cœur. Non, pas une envie de dégueuler. Un mal dans le cœur. A déraisonner. Non, pas à perdre la raison. A ne plus vouloir avoir mal. Non, il ne va pas mal, il souffre du cœur, de l'âme. Il crève comme une bête de son cœur déchiré. Ça saigne à coup de gros jets rougeâtres bien dégueulasses. Ça inonde l'esprit de douleurs noirâtres, tâche le corps, les bras, le paletot, ça asphyxie de traînées globulantes, épaisses et puantes. T'en veux de l'hémorragie palpitante, en voilà !
Il colle un garrot déjà souillé de flétrissures abjectes, ça pisse au travers à grands jets épuisés de silence. Accepte. Vomit de l'hémoglobine crasseuse d'ego rendu, avoué, ravalé. Ferme sa gueule, se rhabille d'un sourire, compte ses rides.
Un jour, Sam a eu le goût de dieu sur la langue.
Sam a toujours su que vieillir serait une erreur.
La sagesse, l’expérience, le vécu ne sont que des foutaises de décrépis qui tentent de justifier leurs avis de vieux cons, la lenteur obligée et la nostalgie de la jeunesse perdue.
Il sentait bien qu’il y avait beaucoup à perdre, les soirs d’ivresse, les nuits de musique, l’odeur des filles, le désir de l’amour.
A 25 ans, il s’est considéré en sursis, surnuméraire, un veinard oublié des listes. Sur le qui-vive, dans un refus et un rejet profond de l’âge de raison, de la maturité et de l’ordre établie, il a fait comme si. Pas de prévision, pas de plan de carrière ni de plan retraite, chaque jour comme le dernier, chaque verre, chaque clope pour préparer le corps à en recevoir d’autres. Chaque fille comme un cadeau, à déballer comme une boîte de chocolat, curieusement, passionnément, gourmand et changeant.
Il s’est arrêté là, à 25 ans, pas voulu poursuivre le décompte, les anniversaires qui rapprochent de l’arthrose et de la sortie, les obligations, les engagements sur 20 ans, les plans épargnes qui bouffe ton pognon pour te le restituer quand tu ne bandes plus.
Rien, nada, 25 ans et basta !
Devenir un vieux con, le lire dans le regard condescendant des moins vieux, l’entendre dans le respect poisseux des plus jeunes, « Monsieur », lui qui est resté un jeune con, ne manque que l’acné. Il adore avoir un bouton sur la figure. Rêve de se lever un matin avec une truffe de calculatrice, un front en clavier, le pif pustulé de confettis blancs, le menton cratérisé de croûtes rougeâtres. Vérolé mais jeune !
Il n’a pas vu le coup venir. Extirpé du lit un matin avec deux poteaux dans les guibolles, un cadre de vélo dans le dos.
Dans les couloirs, au boulot, Sam disait :
« Bonjour Sylvain, Bonjour Laure »,
Ils répondaient :
« Bonjour Monsieur ».
Salauds !
Dans les rides de ses proches, dans le corps de ses maîtresses, dans les désillusions de ses amis, dans leur renoncement à des combats, par lassitude, par fatigue, il s’est vu. Dans les photos que tu retrouves en rangeant, dans les images que les amis partagent sur les réseaux sociaux, lorsqu’ils affichent en profil des visages de 20 ans, il s’est vu. Dans les vedettes qui ont grossi, vieilli, devenues lourdes et alcoolos, celles qui faisaient fantasmer sur les affiches de cinéma collées dans la chambre, il s’est reconnu. Cette putain d’horloge n’épargne ni les belles ni les célèbres.
Ni lui.
Alors, il a voulu croire que les habitudes ralentissent le temps. Trucs de finissants. Pas réussi. Trop ennemi de la routine. Difficile de vivre avec un type comme lui. Jamais assis à la même place à table. Il a tenté le rôle du client habitué d’un bistrot. Le gars qui prend toujours la même chose, que le serveur appelle par son prénom et qui serre la main du patron. Il y en avait un sympa sur le quai. Un bistrot, pas un patron. Pas réussi. Au deuxième passage, l’ennui le gagnait. Le gonflaient sévère les accrochés du zinc, déjà morts.
Sam n’a jamais rien fait comme tout le monde, au contraire. Il voulait être lui, entièrement, que ça te plaise ou non, tu prends ou tu laisses. Et il essaie de te donner le plus de possibilité de prendre mais si tu laisses il t’oublie, tu n’auras été qu’une péripétie, même pas un souvenir.
Bon petit soldat pour qu’on lui foute la paix, pour ne recevoir ni reproches ni félicitations. Selon le dicton, un anarchiste c’est quelqu’un qui traverse dans les clous pour ne pas avoir à parler avec la police.
Il n’a été convaincu de rien, rien intégré, refusé, non sans étudier, tout ce qui se clamait institution, religion, politique, carrière, profession, patron, avenir, argent, diplôme, coutumes, traditions, des trucs pour ceux qui veulent faire perdurer des abominations comme la chasse et la corrida mais qui oublient la vieille tradition du respect de l’environnement, parce que tout ça n’avait qu’une ambition, suivre le chemin qu’ils traçaient pour lui. Niet. De la même manière, Sam n’a fait qu’effleurer la drogue, s’est éloigné de l’alcool, acoquiné à aucun mouvement qui enlève le libre arbitre, la pensée, le choix.
Chaque fois qu’il y a un ordre établi, tu peux être certain qu’il sert les intérêts de quelqu’un. C’est pour ça qu’il a renoncé au communisme, qui avait charmé ses jeunes années. Réfuté toute idée d’un engagement. Et son désamour de l’école, ce lieu d’apprentissage par des gens qui ne sont jamais sortis de l’école, cet endroit qui enseigne les mathématiques mais pas les valeurs de la vie sereine.
Et ça coûte en évolution, t’en sues des kilomètres de solitude et de rejet, des années de réflexion et d’envie de renoncement.
Au final, il peut rester droit, ne pas avouer un écart, un manquement, un accord pour de l’argent, de la gloire, de la servitude. Peut-être, momentanément, alors c’était par amour.
La liberté comme un credo.
Sam considère les hommes et les femmes parfaitement égaux, autant en termes de stupidité que dans la liberté de vivre. L’individu avant le sexe. Il ne regarde pas dans ta culotte avant d’écouter tes paroles et de voir tes actes.
Il se souvient de cette pétasse à poils longs qui l’a traité de macho parce qu’il s’est effacé à la porte d’une boulangerie. Le ridicule de la revendication dans toute sa splendeur. Bien qu’il admette et comprend bien des excès pour soutenir la cause féministe, le retard justifiant parfois l’outrance et l’exagération.
Sam adore les femmes.
La relation hommes femmes, un univers de concessions, de tolérance, de bienveillance, de pardons, d’obligations, de contraintes pour quelques minutes de plaisir et quelques orgasmes. L’amour dure trois ans disait l’autre, peut-être pas autant. L’offre tue la longévité, la facilité liquide la qualité.
S’élèvent alors les voix de celles et ceux qui hurlent, non, non, nous on s’aime depuis 10, 20, 30 ans. C’est parfait, tant mieux pour vous, continuez, regardez un peu autour de vous, écoutez aussi. Ça trompe, ça ment, ça baise à heures de bureaux rabattues, les hôtels des zones commerciales pourraient en raconter des tonnes de maris et femmes fidèles. On est toujours le dernier averti.