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Quatre comédiens s’agitent derrière un rideau rouge bon marché, prêts à jouer la plus grande quête de l’humanité : apprendre à dire maman sans que ça coince dans la gorge. Une âme en peine, que nous appellerons L’homme, doit retourner dans le grand bouillon de l’enfance entre une mère envahissante et un père dont la capacité verbale se résume à un beuglement approximatif. Un ange un peu trop enthousiaste mène la danse, ça gesticule, ça déraille sur le fil du burlesque, et dans ce joyeux chaos, l’amour mal peigné mais toujours volontaire s’accroche pour faire son numéro.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Thierry Lutz est metteur en scène, passionné par un théâtre visuel et onirique aux décors épurés. Pendant 25 ans, il a dirigé la compagnie subventionnée Tam Tam Théâtre à Pau, façonnant une écriture nourrie par la scène. Avec Boulevard des âmes ou le plus beau jour de ma vie, sa première pièce, il transpose cette expérience dans un texte vibrant et sensible.
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Seitenzahl: 55
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Thierry Lutz
Boulevard des âmes
ou
le plus beau jour de ma vie
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Thierry Lutz
ISBN : 979-10-422-7473-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4.). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
4 personnages et une voix off :
L’homme, âme en peine dont la naïveté est le véritable moteur ;
L’ange, impatient, matérialiste en diable comme tous les anges ou presque ;
La mère envahissante et plus encore ;
L’écolier
(et père.)
, dont la capacité verbale se limite à un beuglement approximatif ;
La maîtresse d’école en off
.
À l’entrée du public, sur le plateau, il y a 4 acteurs, chemises blanches et pantalon noir avec un maquillage blanc sur le visage. Il y a aussi une ampoule en guise de servante, qui brille vaillamment. À l’avant-scène pend un bout de rideau, suspendu à hauteur d’homme. Il représente la totalité du rideau et le lieu d’où l’acteur peut observer la salle et les spectateurs. De temps en temps, l’un ou l’autre se déplace lentement vers le bout de rideau, y glisse sa tête pour observer le public dans la salle puis retourne à sa place. Un mange-disque diffuse une mélodie sirupeuse qui grésille à fendre l’âme. L’acteur qui fait l’ange, une fois de plus, s’avance lentement vers le bout de rideau suspendu, passe la tête.
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : Alors ?
L’ACTEUR QUI FAIT L’ANGE : Ben, mon vieux.
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : Qu’est-ce que ça signifie ben mon vieux ?
L’ACTEUR QUI FAIT L’ANGE : ça veut dire pas terrible. Mais ça rentre encore un peu, mollement…
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : Y sont là ?
L’ACTEUR QUI FAIT L’ANGE : Pas encore.
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : Tu te goures pas de rangées au moins, fais voir.
L’acteur qui fait l’hommese lève, non sans mal, s’approche du bout de rideau, suivi par l’actrice qui fait la mère. L’acteur qui fait l’ange leur laisse la place. Ils regardent le public. L’acteur qui fait l’écolier s’approche, tente de regarder aussi. Mais sur un simple regard des autres, il reprend sa place au fond. L’acteur qui fait l’homme à son tour retourne s’asseoir, suivi par l’actrice qui fait la mère et qui se replace derrière lui, un sourire mi-figue mi-raisin sur le visage. Un temps. L’acteur qui fait l’ange retourne au rideau.
L’ACTEUR QUI FAIT L’ANGE : Hey, les v’là.
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME,se relevant : Waouh, on va y aller, fais voir… (Courant et passant sa tête dans le rideau.) Merde, c’est pas eux !
L’actrice qui fait la mère à son tour se précipite, passant sa tête dans le rideau.
L’ACTRICE QUI FAIT LA MÈRE,angoissée : Mais c’est qui ceux-là ?
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : On se calme (à l’acteur qui fait l’ange). Tu les as vus s’installer sur les places réservées.
L’ACTEUR QUI FAIT L’ANGE : Non, j’ai rien vu, je te jure.
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : Ils s’emmerdent pas ceux-là̀. À quoi ils ressemblent ? J’ai pas les lunettes.
L’ACTRICE QUI FAIT LA MÈRE : … (Elle se met à décrire précisément le profil des spectateurs du 3e rang.)
L’ACTEUR QUI FAIT L’ANGE : La soirée commence mal, très mal.
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : On se calme. On va y aller. On y va, on ouvre, vous avez compris. Merde à tous.
TOUS : Merde !
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : On ouvre.
L’ACTRICE QUI FAIT LA MÈRE : On ouvre.
L’ACTEUR QUI FAIT L’ANGE : On ouvre.
Seul l’acteur qui fait l’écolier est resté silencieux. Tous le regardent. Il s’empresse alors de décrocher le bout de rideau, créant ainsi l’illusion que le rideau tout entier s’ouvre, puis il court vers le mange-disque, éteint l’appareil, range la servante, puis rejoint les autres. À présent, tous affichent le même sourire, mi-figue mi-raisin, s’approchant du public, en ligne, doucement, religieusement.
Un temps
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : Mesdames et Messieurs, avec mes camarades de jeu et moi-même, nous allons vous conter l’histoire incroyable d’un homme dans l’antichambre de la mort. Oui, Mesdames et Messieurs, tenez-vous bien, dans l’antichambre de la mort, vous allez ouvrir les yeux sur une créature que nul n’est censé voir. Un séraphin, oui chers amis, un ange, une créature si délicate et si rare de nos jours. Ce chérubin, si j’ose dire, va accompagner l’homme dans une croisade peu commune. Une œuvre sensible, écrite de mes propres mains, une vision pourrait-on dire, un rêve éveille mais je n’en dirai pas plus…
L’ACTEUR QUI FAIT L’ANGE : C’est sûr qu’il faut pas en dire plus !
L’acteur qui fait l’homme se pince les lèvres et prend sur lui.
L’ACTEUR QUI FAIT L’HOMME : Sans plus attendre, mes camarades et moi-même, allons commencer à vous en faire le récit.
L’acteur qui fait l’homme s’apprête à lever le bras et aussitôt l’acteur qui fait l’écolier se met à courir vers les coulisses. Tous le regardent. Un temps. L’acteur qui fait l’écolier comprend qu’il est parti trop tôt, revient et reprend sa place. Un temps. L’acteur qui fait l’homme se pince les lèvres à nouveau et d’un geste ample lève le bras et donne le signal, personne ne bouge. Le noir tombe sur les acteurs immobiles.