Burning By My Flame (Francais Light Novel) – ep1. J’ai essayé de réduire en cendres la forteresse du Roi démon - Hiyoko Sumeragi - E-Book

Burning By My Flame (Francais Light Novel) – ep1. J’ai essayé de réduire en cendres la forteresse du Roi démon E-Book

Hiyoko Sumeragi

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Beschreibung

Une fille qui balance des flammes, une scientifique sadique, une jeune maître assassin, une an-droïde et une petite machine de guerre, ces 5 filles sont transportées, malgré elles, dans un monde fantastique.
Un Roi Démon menace de refaire surface dans ce monde. C’est pourquoi une déesse, prête à tout, a fait venir ce groupe de filles dans l’espoir de l’éliminer. Cinq étudiantes qui n’ont rien en com-mun, qui vont partager la même mission, cela promet une aventure explosive !

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Seitenzahl: 306

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Table des matières

Cover

Pages couleur

Prologue : La fin du voyage, l’origine du monde

Chapitre 1 : La déesse de l’Autre Monde a mal choisi ses employées

Chapitre 2 : Les affres d’un honnête homme

Chapitre 3 : Les intentions du groupe

Chapitre 4 :

Magical fire

(cocktail Molotov)

Chapitre 5 : Le pourfendeur de dragons

Chapitre 6 : Première mission ~ Bienvenue au village de Gadari ~

Chapitre 7 : Le puissant loup

Épilogue : Sur la terre brûlée

Mot de l’auteur

A propos de JNC Nina

Copyright

Points de repère

Pages couleur

Table des matières

Prologue : La fin du voyage, l’origine du monde

C’était à la fois la fin du voyage et le commencement du monde.

« Je me suis encore emportée hein… » grogna Homura, la jeune fille aux cheveux rouge feu, même si l’on ne percevait aucune once de remords dans ses paroles.

Devant elle, la forteresse du Roi Démon était noyée dans les flammes.

Cinq jeunes filles – ou plus précisément, quatre jeunes filles et un cyborg à l’apparence féminine – se tenaient, couvertes de blessures, devant cette scène irréelle, digne d’un film catastrophe.

En levant les yeux, elles pouvaient voir l’énorme forteresse qui se dressait, divisant le sol en deux, fendant les remparts, prête à écraser tous ceux qui la regardaient.

Ce château démoniaque semblait surgir de nulle part, comme si, par sa construction, son maître veuille intimider les envahisseurs de son royaume, en suggérant que ce dernier puisse en sortir à tout moment pour les vaincre.

« Fais pas comme si c'était pas de ta faute ! Je t’ai dit de battre le Roi Démon ! Qui t’a demandé de réduire son château en cendres ? »

Malgré la volonté d’intimidation du Roi Démon, cette forteresse, qui était pourtant l’image même d’un solide bâtiment impénétrable, en était réduite à fumer dans toutes les directions, maintenant que son maître était vaincu.

« Le précieux butin… Tout est réduit en cendres. Tout a cramé à cause de toi, abrutie ! » s’emporta Saiko, une jeune fille à l’allure de scientifique fou, envers Homura, la pyromane de la forteresse du Roi Démon.

« Mais j’y peux rien ! J’étais juste dans le feu de l’action !

— La prochaine fois que tu fais ça je te fais un trou dans le crâne, espèce de dégénérée !

— Dégénérée, Moi ? Quelle blague, venant d’une fille qui aime faire des expériences sur les humains !

— Oh c’est bon, fermez-la, toi et tes gros seins. »

Tout en poursuivant leur querelle, les deux filles se maintenaient à distance. Leur petite guéguerre de domination s’approchait dangereusement de la phase : « On va en venir aux mains ! ».

« Je suis déjà saoulée. Je vais saisir l’occasion de cramer ta sale gueule pour le bien des honnêtes gens ! »

La main de Homura, noircie comme un charbon brûlé, s'embrasa. Ses flammes illuminèrent les alentours, le paysage se déformant devant leur intensité.

« Vas-y je t’attends ! Je te transformerai en monstre de série B et tu décoreras ma salle de collection ! »

Tout en continuant à l’insulter, Saiko sortit une dague de forme étrange. Ce n’était pas une arme comme les autres.

Cette lame fendit l’air, créant une brèche venue de nulle part d’où surgissait une obscurité profonde.

L’instant d’après, on vit à l’intérieur une paire de mains horrifiques. Ces énormes appendices tordus, à peine humains, s'immiscèrent hors de la brèche, et s’agrippèrent aux côtés comme pour l’agrandir. Ce geste fut accompagné d’une étrange cacophonie.

Alors que la créature s'apprêtait à sortir de cette autre dimension, une troisième personne se mêla de la querelle.

« Alors, si c’est comme ça, moi aussi je vais me joindre au combat ! » Profitant de la situation explosive, Proto, la cyborg exaltée à l’apparence féminine, acta sa participation.

« Nous allons vite voir qui, de moi ou des formes de vie inférieures, aura le dessus. ». Levant les bras, le bout de métal incrusté dans son bracelet se mit à briller d’une lumière bleue pâle.

Dès lors, la petite dispute, entre personnes assez puissantes pour détruire un pays tout entier, cessa avant même de commencer.

« Ho… Si vous souhaitez mettre fin à ce débat, je veux bien me joindre à vous.

— Je veux bien te pardonner pour cette fois.

— La prochaine fois, je te tue.

— Eh bien, on l’a échappé belle, on dirait. »

Les trois rivales optèrent tout de suite pour un cessez-le-feu après avoir entendu les paroles de Jin, l’assassine assoiffée de sang, que toutes craignaient. Même l’autre dimension se referma avec hâte. L’étrange œil rouge, incrusté dans la lame brandie, détourna son regard, il n’en était pas moins effrayé au plus haut point.

« Ha, cette petite blague n’était vraiment pas nécessaire. Tsutsumi a faim, dépêchons-nous de finir ce travail.

— On s’est battu… J’ai faim… » Tandis que son ventre laissait entendre son mécontentement, Tsutsumi, la machine de guerre humaine, leur signifiait, malgré le ton calme de sa voix, qu’elle était déterminée à manger d’ici peu.

« Haa… Bon, allons-y alors. La déesse nous a demandé de “vaincre le Roi Démon” et de “sauver le monde”, c'est ça ?

— Oui, il ne nous reste plus qu’à “sauver le monde”. Maintenant qu’il n’est plus sous le joug du Roi Démon, le monde est donc prêt à être sauvé. »

Les jeunes filles ne purent s'empêcher de sourire.

Sauver le monde.

Il était facile de comprendre ce que ces mots sous-entendaient sans avoir à le dire. La marche à suivre était claire…

« Je peux brûler tout ce que je veux, sans aucune réserve.

— T’as vraiment que ça en tête…

— Bien sûr, c’est dans ma nature.

— Bon, je suppose que tu peux y aller gaiement, après tout… »

Cette pensée venant de Homura n'alimentait que son égo, elle lui convenait donc fort bien.

Ce groupe de filles comptait accomplir, à sa manière déviante, l’exploit de “sauver le monde”, comme s’il évoluait dans un roman fantastique.

« Au fait, on devrait d’abord prendre une photo souvenir, avec la forteresse qui brûle en fond ! »

Saiko sortit son téléphone portable d’une de ses poches.

Elles voyaient devant elles le chemin qu’elles allaient prendre, mais ne voyaient pas de mal à faire un petit détour.

« C’est quand même étrange de faire une photo souvenir devant une demeure en feu alors que ses occupants sont en train de brûler à l’intérieur, non ? »

En effet, c’était tout de même assez fou.

« Mais non ! Ça nous illumine comme il faut, c’est “photogénique”, comme on dit. »

Le château du Roi Démon était actuellement éclairé par le lever du soleil et les flammes infernales, dans un spectacle éblouissant.

« Je ne dirais pas que ce genre de barbarie peut vraiment être “photogénique”. » Cela dit, Homura se mit à ébouriffer ses cheveux en vue de prendre la photo.

Sa culpabilité, qu’on aurait pu estimer au contenu d’une cuillère à café, avait totalement disparue.

« Au fait, comment ça se fait que tu aies pu emmener ton portable ?

— Je voulais pas l’utiliser avant, mais si je le fais pas, à quoi il sert, alors ? J’ai économisé sa batterie rien que pour ce genre d’occasion. »

Elle s’en vantait comme si c’était logique.

Saiko pensait qu’il fallait se préparer à l’avance pour ce genre d’ignominies.

« Eh bien, c’en est fini de l’humanité avec des gens comme toi… » déclara Homura, avec un ton qui faisait penser qu’elle s’adressait à des déchets.

« Eh bien, je te montrerai pas les photos que j’ai prises de toi.

— Prendre des photos souvenir devant un château qui brûle, ça claque ! »

Homura agita sa main encore brûlante en signe d’abandon. Elle plongeait de plus en plus bas dans les tréfonds de l’humanité.

« Ce type d’action mènera le genre humain à sa perte. »

Homura et Saiko se considéraient chacune comme étant inférieure à l’autre, mais elles se situaient toutes les deux en bas de l’échelle. En réalité, il n’y avait pas de différence.

Elles se dressèrent, toutes les cinq, épaule contre épaule, sur fond de soleil levant et de flammes infernales, souriantes.

Dans l’autre monde, elles ne pouvaient développer des photos, et, si elles n’avaient plus de batterie, elles ne pouvaient pas les regarder non plus.

« Dites ; “cheese !” »

Le déclic de l’appareil photo retentit.

Malgré tout, les filles avaient conscience d’avoir réussi un grand exploit, qu’il était difficile de résumer en une image.

« Mine de rien, ça nous a pris longtemps pour en arriver là.

— À qui le dis-tu… »

Après avoir pris leur photo, elles se laissèrent aller à une soudaine nostalgie.

Leur voyage à travers cet autre monde, loin d’être de tout repos, avait été baigné de sang.

Malgré tout, dans la mémoire de Homura, ce périple restait une « bonne chose ». Elle avait fait ce qu’il fallait pour continuer de vivre la vie qu’elle souhaitait.

Les jeunes filles devant le château du Roi Démon qu’elles venaient d’incendier, se tournèrent vers le chemin qu’elles avaient parcouru.

Chapitre 1 : La déesse de l’Autre Monde a mal choisi ses employées

Un espace blanc s’étendait sans fin.

Homura Asahi s’y trouvait seule.

« Hm, hein ? Où est-ce que je suis ? »

Ses yeux regardaient alentour, la moitié de son champ de vision étant réduite par la mèche de cheveux teintés de rouge qui cachait son œil.

Elle ne savait pas si elle regardait le mur ou le plafond, tout était trop blanc. La sensation dure d’un sol sous ses pieds était la seule chose qu’elle avait réussi à distinguer. C’était étrange de se tenir parfaitement debout dans un endroit si déroutant, dans lequel on ne ressentait ni équilibre ni perspective.

Peut-être que c’était ça, le paradis.

La jeune fille se frotta la tête. Elle ne saignait pas et ne semblait pas blessée. Cependant, elle gardait gravé dans sa mémoire le souvenir de son école flottant à l’envers.

Si l’endroit où elle se trouvait à présent n’était pas un autre monde, elle était probablement dans le monde des morts.

En regardant vers le haut, peut-être qu’elle verrait Dieu la regarder. Tandis qu’elle se disait cela, elle leva les yeux et vit :

« Hein ? »

Là où, jusqu’alors, il n’y avait rien, se trouvait un œil géant, croisant son regard.

Comme s’il était lui aussi surpris, l'œil se mit à cligner.

Son iris, d’un or pâle, était semblable à la lune, bizarre et divin à la fois. Étrangement, Homura n’était pas effrayée pour autant.

La tension de leur rencontre silencieuse fut brusquement interrompue.

« Oh ? Cet endroit m’a l’air bien propre pour l’entrée des enfers. Ils sont en train de nettoyer ? »

Distrait par cette voix grossière, l'œil se retrancha dans la cavité d’où il était sorti.

Homura, s’aperçut qu’il y avait quatre autres jeunes filles dans la pièce.

Elles semblaient porter des uniformes et, à en juger par leur physique, elles avaient l’air d’être au collège, ou au lycée.

Mais aucune d’elles n’avait l’air tout à fait normale.

Cette voix appartenait à l’une des jeunes filles qui avait l’air la plus étrange et qui semblait avoir la conviction qu’elles étaient toutes en enfer. À vrai dire, il était tout à fait possible que ce soit le cas…

Ses cheveux courts ébouriffés étaient blonds, mais étant donné qu’elle n’avait pas l’air japonaise, c’était probablement sa couleur naturelle. Néanmoins, elle était vêtue de façon trop excentrique pour que sa blondeur soit choquante.

Elle portait des lunettes à bord noir classiques, mais les branches s'appuyaient sur ses oreilles qui arboraient de nombreux piercings en forme d’épines pouvant servir d’armes. On voyait aussi un tatouage noir dépasser du col de son uniforme. Enfin, elle avait les mains dans les poches d’une blouse blanche de chimiste qu’elle portait pour une raison inconnue.

On dit souvent qu’il ne faut pas juger les gens par leur apparence, mais avec elle c’était facile. Elle était dangereuse. Il n’y avait aucun doute là-dessus.

Alors que Homura tremblait légèrement en face d’elle, une voix lui parvint clairement aux oreilles.

« Vous n’êtes ni en enfer, ni au paradis. Cependant, il s’agit d’un lieu séparé du monde réel. En effet, vous êtes déjà mortes. »

Cette explication était le fait d’une sixième jeune fille, qui était rentrée sans que personne ne s’en rende compte. Avec ses long cheveux blonds ondulés et ses yeux beaux comme la lune, elle portait une large cape blanche. En parfaite contradiction avec son apparence, sa voix, comme ses manières, paraissaient très matures. Elle était très mignonne.

« Alors quoi, t’es le guide du monde des morts, toi ? » rétorqua la jeune fille aux piercings. Elle n’était pas du genre à être intimidée facilement, la jeune femme sortie de nulle part et son affirmation quant à leur mort ne l’avait pas profondément chamboulée.

Outre Homura, la seule personne perturbée par le développement soudain des événements était la fille la plus petite du groupe, au teint anormalement blême. Les autres restaient debout, dans le plus grand calme. Comment pouvaient-elles accepter une telle situation ?

« Non, c’est moi qui ai créé ce monde, je suis ce que vous appelleriez une “déesse”. Cela dit, je ne gouverne pas le même monde que le vôtre. »

Qu’est-ce qu’elle raconte… pensait Homura, se souvenant aussitôt de l'œil géant qui flottait au-dessus d’elle peu de temps avant.

Le surnaturel était donc réel. Elle en tenait la preuve juste en face d’elle, dans les yeux de lune de la jeune fille.

La véritable forme de cet être était peut-être celle d’un œil qui flottait dans une brèche.

La fille aux piercings, se sentant sans doute un peu bête à attendre sans rien faire, étira ses jambes et s'assit sur le sol.

Homura était un peu dépassée par les évènements, mais l’autre ne se laissait pas abattre et posa la question qui trottait dans leurs têtes :

« Alors, qu’est-ce que la déesse de cet autre monde veut faire de moi ? Enfin, de nous ? ».

La déesse reprit son souffle, puis s’adressa à chacune d’elles.

« Pourriez-vous libérer mon monde du Roi Démon ? »

Maintenant, toutes les filles étaient aussi confuses que Homura. La déesse continua à parler sans se laisser distraire :

« En ce moment même, mon monde court un grand danger, le Roi Démon a fait savoir qu’il était de retour. Je suis navrée de devoir demander cela à des jeunes filles ordinaires comme vous, néanmoins pourriez-vous vaincre ce démon et sauver mon monde ? »

On pouvait ressentir de l’anxiété dans la voix de la déesse. Homura ne comprenait pas tout ce qu’il venait de se passer, mais elle avait senti que la divinité était sincère. Cependant, tout le monde ne pensait pas comme elle.

« C’est quoi ce développement tout pourri ? On dirait un film de série B…

— On a été transportées dans un autre monde ? On est dans un “ Light Novel” ou quoi ? »

Cette histoire était tellement similaire aux histoires d’» Isekai » qu’elle n’avait pu s’empêcher de le dire.

« Je m’en fiche un peu, mais ça fait beaucoup pour une “jeune fille normale” comme moi. Trouvez quelqu’un d’autre. Ça me fait ni chaud ni froid ce qui peut arriver aux habitants d’un autre monde.

— Je… Je vois. »

La déesse baissa les yeux. Homura souhaitait vraiment l’aider, mais elle devait admettre que c’en était trop pour elles. Des lycéennes lambda, même avec toute la volonté du monde, ne pouvaient pas jouer le rôle du messie tant attendu ! Elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait y faire.

En même temps, elle se sentait obligée de répondre aux propos inconsidérés de la jeune fille aux piercings, mais quelqu’un d’autre la devança :

« Oh, vous croyez vraiment être une “jeune fille normale” ? Je le vois dans vos yeux. Ils me sont familiers. Vous pensez que les autres humains ne sont pas vos semblables. Vous semblez étudier les sciences, mais combien de ces humains avez-vous réduit en bouillie pour vos expériences ? »

Ces paroles venaient de la jeune femme qui se tenait les bras croisés : Plutôt grande, avec des yeux en amande et de longs cheveux attachés en arrière. Elle parlait comme un personnage de la vieille époque et portait ce qui semblait être une épée autour de la taille. Elle fusilla du regard la fille aux piercings.

Homura ressentit comme une soif de sang qui émanait d’elle.

L’atmosphère était devenue tendue.

« Qu’est-ce qu’elle veut, la samouraï ? Qu’est-ce que ça peut te faire que j’utilise des gens ? Toi aussi, tu penses que certaines personnes ne méritent pas d’être considérées comme des humains. Combien de personnes t’as tuées, toi ? »

En vacillant, elle se releva et lui rendit son regard perçant.

Homura ne saisissait pas ces histoires de gens en bouillie, de meurtres, entre autres… Tout ce qu’elle comprenait c’était qu’elle avait devant elle les tréfonds de la population japonaise.

« Je n’ai jamais pris le temps de les compter un par un, mais je sais que le nombre va augmenter et ce dès maintenant. »

Aussitôt sa tirade prononcée, elle brandit l’épée jusqu’alors attachée à sa taille. C’était une longue lame noire luisante. Malgré son apparence étrange, il s’agissait sans aucun doute d’un katana japonais.

La soif de sang et la haine qui se dégageaient de ces deux adolescentes rendirent l’atmosphère si pesante que Homura se sentait oppressée rien qu’en restant dans les parages.

La plus petite des cinq filles se cacha derrière elle, probablement tout aussi effrayée.

La dernière de ces demoiselles, qui semblait porter une sorte de casque sur les oreilles, n’avait pas bougé d’un pouce, et rien ne semblait perturber sa tranquillité.

Alors qu’un duel à mort semblait inévitable, la déesse se rendit compte qu’elle était à l’origine de cette dispute.

« Est-ce que vous allez vous battre à cause de moi ?

— Ça m'a l’air évident, non ? »

Parmi ce groupe d’adolescentes, malgré une apparence de normalité, deux d’entre elles venaient de démontrer qu’elles n’avaient rien d’innocentes. En réalité, elles incarnaient la représentation même du danger sous des allures d’ingénues. La déesse avait mal choisi ses héroïnes…

Un pas, puis un autre… La jeune fille brandissant son épée s’avança. Il fallait l’arrêter avant de la voir teindre le sol immaculé d’un rouge sang.

« Q-q-q-quoi qu’il en soit ! On devrait se présenter d’abord, non ? Ce n’est rien qu’un petit malentendu ! Passons à autre chose, d’accord ? »

Les deux jeunes filles s’arrêtèrent, reportant leur attention vers Homura, qui se voyait presque déjà morte.

Adieu, la vie. Bonjour, l’oubli…

Le silence, si obsédant, achevait de faire faire des loopings à son estomac. Si ça continuait comme ça, le sol irait bientôt se teinter d’un jaune vomi, plutôt…

Pour éviter le bain de sang, elle avait proposé que chacune se présente. Etonnamment, ce fut la jeune fille aux piercings qui accepta de jouer le jeu.

« Bon, si on n’a pas le choix… Saiko, dit-elle sur un ton désinvolte, tout en se grattant la tête.

— Hein ?

— C’est mon nom, je m’appelle Saiko.

— Saiko… Oui ça explique tout ! »

Saiko, prononcé comme l’anglais psycho. Ça lui va bien, se dit Homura.

« Comment ça, ça explique tout ? C’est un nom japonais ! Écrit avec le ‘sai’ de ‘talent’ et le ‘ko’ de ‘enfant’, j’suis à moitié japonaise, ok ?

— Ah, pardon ! »

Homura avait l’impression d’être obligée de s’excuser.

« Enfin, je reconnais que je n’ai pas toujours traité mes sujets de recherche comme des humains… Mais c’était tous des condamnés à mort, ça te rassure ?

— Hm, je vois. Je suppose qu’on n’y peut rien alors… »

Combattre le mal par mal, c’est une façon de naviguer dans les zones grises de la morale, ce qui rendait l’acte difficile à condamner. Même si Homura trouvait personnellement que cela restait une mauvaise façon d’agir.

« Quand je parle d’expériences, il s’agissait de punitions, en fait. Pour qu’ils puissent servir l’humanité avant de crever. J’me dis que c’est plutôt une bonne chose. »

Elle haussa les épaules comme si le simple fait de sous-entendre que ces actions pussent être malveillantes était blessant. Cependant ses propos n’étaient pas en phase avec son visage qui se fendait d’un sourire étrange.

« Je ne pense pas que ce soit une bonne action, mais je dois reconnaître que vos paroles ne sont pas sans fondement. Laissons cet accrochage derrière nous. J’ai été vexante tout à l’heure, j’en suis navrée.

— C’est rien, va. Désolée de t’avoir provoquée. »

La jeune samouraï rangea son épée dans son fourreau tandis que Saiko souriait à pleines dents.

« On en reste là alors ? Dites, cette histoire est en lien avec le Japon, non ? »

Cette conversation était incompréhensible pour ceux qui n’avaient pas le contexte de la situation. Homura nageait en plein malentendu, avec l’impression d’avoir découvert une facette inconnue, mais surtout sombre, du Japon. Qu’est-ce que c’était que cette histoire d’expérience sur des condamnés à mort ? Et, d’un autre côté, la jeune samouraï semblait cacher quelque chose.

« Mon nom est Jin. Cela s’écrit avec le caractère de la lame.

— C’est un nom dangereux, ça.

— C’est mon nom d'assassin. Je m’y suis habituée.

— Réponds-moi ; tout ça a un rapport avec le Japon, non ? »

Après les expériences morbides, les assassins. Homura devait non seulement gober les histoires fantastiques d’un autre monde avec son problème de Roi Démon, mais il fallait en plus qu’elle suive les intrigues meurtrières de la vie réelle.

« On est en train d’avoir une conversation typique de jeunes filles japonaises, hein ?

— Je ne suis pas sûre qu’on puisse dire cela du seul fait que nous soyons, en effet, des jeunes filles…

— Haha, je rigole. Au fait, la borgne aux gros seins, c’est quoi ton nom à toi ?

— Aux gros… »

Homura précipita ses bras devant sa poitrine sans finir sa phrase.

Hormis le fait qu’un de ses yeux restait dissimulé sous ses cheveux, elle n’avait pas d'autre caractéristique physique frappante. En tout cas, elle avait la plus grosse poitrine du groupe. Mais elle n’était pas non plus énorme !

« Je m’appelle Homura. Homura Asa-

— Homura, hein ? C’est plus cool que ce que j’imaginais. Et la crevette derrière, tu t’appelles comment ?

— Non ça c’est mon nom de famille, mon prénom c’est… Ah, elle ne m’écoute déjà plus… »

En effet, l’attention de Saiko avait été happée ailleurs. Homura n’avait jamais trop réfléchi à l’origine de son nom mais il lui suffisait de le trouver plutôt cool.

Bon, tant pis alors, Homura suffira.

« Ton nom c’est… Attends une minute, ton teint à l’air à peine humain…

Saiko s’approcha pour étudier de plus près, la gamine qui demeurait totalement cachée derrière Homura.

« Ne dis pas des trucs comme ça ! Qu’est-ce qu’on y peut, que sa peau soit un peu grise ? C’est peut-être une petite démone ! Ou une elfe noire !

— Bah justement ça voudrait dire qu’elle est pas humaine ! »

La petite se recroquevilla encore un peu plus sur elle-même, murmurant quelques mots:

« Deux cents…

— Deux cents ? Deux cents quoi ?

— Mon nom… Deux cent vingt-trois… »

Son nom est « Deux cent vingt-trois » ?

« C’est un numéro de série ou quoi ? s’interrogea Saiko, comme si elle avait compris quelque chose. La petite, son front toujours collé au dos de Homura, hocha la tête.

« Comment ça, un numéro de série ?

— Les chiffres qu’on donne aux prototypes de machines de guerre à forme humaine. Ce sont des êtres vivants génétiquement modifiés. Ça me fait plaisir d’en revoir un ! Même si ça veut dire qu’elle est morte elle aussi. »

Saiko inclina la tête en affectant la mélancolie.

« Ce fut un échec. Ils ont tous été détruits…

— Encore un des sombres penchants du Japon… »

Homura considérait comme une bonne chose d’apprendre ces affaires une fois morte. Si elle l’avait su de son vivant, elle aurait sûrement perdu confiance en l’humanité pour continuer de vivre normalement.

Mais elle se sentait mal de devoir appeler cette arme vivante par un numéro de série.

« Et si, à la place de ton numéro de série, je te donnais un vrai nom ? dit-elle en se retournant, avant de prendre la main de la jeune fille dans la sienne.

— Ça te dit ?

— Bien sûr ! »

En entendant qu’on la rebaptise, son expression faciale devint plus animée. Elle avait une vraie tête de chérubin. Derrière ses mèches ébouriffées, ses yeux d’une couleur étrange fixaient Homura.

« Voyons voir, ‘223’, si on mélange l’anglais et le japonais… Ça peut donner ‘Tsutsumi’, qu’est-ce que t’en dit ? C’est mignon non ?

— Tsutsumi comme ‘two two’ et ‘mi’, trois en japonais ? C’est un peu littéral non ? »

La blonde n'avait pas l’air de vouloir se taire.

« Tsutsumi… Tsutsumi… Oui, Tsutsumi. »

La petite machine de guerre répéta son nouveau nom plusieurs fois avant de s’égailler.

« Contente que ça te plaise, Tsutsumi ! »

Homura la prit dans ses bras, Tsutsumi lui accorda un câlin en retour. Son corps fin était frais mais elle se sentit malgré tout réconfortée par le geste.

« Oui bon, on a compris, c’est très émouvant. Il reste une personne, hein ? Attends, toi non plus t’es pas humaine, si ?

— Tu continues avec ce genre de propos… Je n’aime vraiment pas les gens impolis comme toi.

— Non mais, c’est pas le souci… Regarde seulement ! »

Homura sortit de l’étreinte de Tsutsumi pour se tourner vers la dernière fille.

Elle était à peine plus grande que Tsutsumi. Elle avait des cheveux courts argentés aux reflets bleus et une apparence de garçon manqué. À part ça, elle paraissait l’incarnation même du calme. Mais l’aura qui émanait d’elle était étrange.

« En tout cas, elle est mignonne cette fille… enfin… cette poupée ?

— Tu vois ce que je veux dire maintenant ? »

Plus elle la regardait, plus elle se rendait compte de son immobilité. Elle ne donnait même pas l’impression de respirer.

Homura la regardait avec insistance. Avec son visage si délicat, elle semblait parfaitement humaine de prime abord. Mais certaines parties de son corps ne reproduisaient pas parfaitement l’aspect de la peau humaine. Quand une portion de peau semblait soyeuse, d’autres avaient l’air faites d’un matériau plus dur. Même ses grands yeux, bordés de longs cils, rendaient un reflet artificiel alors qu’une lumière semblait vaciller dans ses pupilles.

« Qu’est-ce que ça peut être, ce truc ? »

Homura toucha le visage de la poupée du bout du doigt. Le devant était souple et doux mais les arrières étaient plus solides, en effet.

« C’est impoli de me toucher le visage pendant que je suis en pleine mise à jour. C’est pour ça que je n’aime pas traîner avec des formes de vie inférieures…

— Aaah ! »

La prise de parole soudaine de la poupée surprit Homura, qui bondit en arrière.

Une moue dépitée sur le visage, la créature s’anima enfin. Cependant, elle n’avait toujours pas l’air de respirer.

« J’ai à peu près tout entendu. On en est aux présentations, c’est ça ? Je suis un prototype de poupée mécanique de type servante. Je n’ai pas encore de nom.

— Mais que fait le Japon ?

— Alors on se retrouve avec une androïde maintenant. On fait un groupe très éclectique. »

Le robot servante semblait posséder beaucoup d’attributs. L’appareil sur le côté de sa tête n’était peut-être pas un casque après tout. En plus de ça, elle avait l’air assez effrontée… c’est ce qui faisait son charme.

« Je ne suis pas une androïde, mais ce n’est pas très grave. Si vous souhaitez me donner un nom, ne vous gênez pas.

— Eh bien, comme t’es un prototype, qu’est-ce que tu penses de “Proto” ?

— Ça m'a l’air un peu trop factuel…

— C’est facile à dire au moins.

— Si ça vous va, cela me convient également. »

Homura se serait bien opposée à cette proposition venant de Saiko. Elle voulait trouver quelque chose de plus mignon.

« Bien, notre jolie troupe de cinq doit donc défaire le Roi Démon ?

— Ou-oui ! Je serais heureuse de vous aider mais… »

La déesse, qui s’étaient retrouvée bien malgré elle écartée de la conversation, put enfin s'en mêler de nouveau. Cependant, son anxiété et sa confusion restaient perceptibles.

« La seule vraiment apte à se battre semble être Jin. Est-ce qu’on a une chance d’y arriver ?

— Je peux facilement détruire des humains. »

Homura s’avisa que cette androïde servante pouvait se montrer dangereuse, en effet…

« Oh, une machine à tuer s'ajoute à nos effectifs ? Pas mal. »

Cela suffirait-il pour défaire le Roi Démon ?

Homura se savait un peu anormale, elle aussi, mais doutait de l’aide qu’elle pouvait apporter…

« Je n’ai choisi que des êtres capables de vaincre le Roi Démon. Je sais ce que ma demande peut avoir d’égoïste. Mais quoi qu’il en soit, je souhaite sauver mon monde par-dessus tout !

— Oui… Après tout, on est déjà mortes, autant essayer d’exterminer cette vermine. Ça a l’air drôle. »

Homura était presque certaine que cela ne le serait pas. Mais, qui sait…

« Je ne peux pas me prévaloir d‘un tel enthousiasme mais… Puis-je vous faire confiance ?

— Mais oui, t’inquiète pas ! »

Saiko lui répondit avec son sourire le plus suspect et la déesse prit un air déconfit. Homura avait envie de la réconforter.

« Mais c’est pas le genre de choses qu’on formule sous forme de simple requête. Il va falloir t’agenouiller et me supplier. » ajouta Saiko.

Alors qu’elle livrait son exigence cruelle, le sourire douteux de la scientifique devint tout à fait mauvais.

« Je…je comprends. Les mots seuls ne peuvent pas vous suffire. »

La déesse commença de s’agenouiller, prenant au pied de la lettre la demie-plaisanterie de Saiko.

« A-a-a-attendez ! Ce n’est pas la peine de vous rabaisser de la sorte ! »

Homura courut auprès de la déesse pour l’aider à se relever.

« Il y a des blagues qu’il vaut mieux garder pour soi !

— Je sais, c’est bien pour ça que je les dis quand même !

Je vais avoir du mal à la supporter plus longtemps, celle-là…

Anticipant le conflit à venir, Homura raffermit sa voix :

« Il est rare que je ressente de la haine pour quelqu’un mais je sens que ça peut venir d’un moment à l’autre !

— C’est pas comme si je vivais pour être aimée ! Si c’est pour protéger mes valeurs, je me fiche bien d’être haïe ou non ! »

Elle appuyait ses propos de gesticulations théâtrales, signifiant à Homura qu’elle mentait.

« Arrête de faire semblant d’avoir des principes ! Tout ce que tu souhaites c’est ridiculiser les autres !

— Hé hé ! »

Saiko tira la langue en affichant un visage moqueur.

« Espèce de … »

Sans s’en rendre compte, elle avait failli donner dans la plus sinistre vulgarité. Mais, enfin, c’était quoi son problème à cette fille ?

« Ce n’est rien. Si c’est ce que vous souhaitez, en échange de votre aide, cela ne me dérange pas, plaida la déesse.

— Mais tout de même… »

Le choix était lourd de conséquence. Et surtout, il ne lui appartenait pas.

Homura ne se voyait pas répondre à la place de la déesse, même si elle ne voyait aucun intérêt de la laisser s’agenouiller.

Quoi qu’il en soit…

« Quoi qu’il en soit, j’accepte de vous aider. Je veux aider le plus de monde possible. »

Le visage de la déesse s’illumina soudain.

« C’est peut-être dû à mon ancienne vie mais le fait de “tuer le Roi Démon et sauver le monde” ça ressemble à un jeu vidéo, ça veut dire que ça pourrait être amusant, non ? »

L’expression de la déesse s’assombrit.

« Et qu’en est-il des autres ?

— Peu m’importe. Du moment que je vis sans aucun regret. »

Tsutsumi et Proto acquiescèrent également sans dire un mot.

« V-vraiment ? »

La déesse semblait en proie à une agitation grandissante, devant ces humaines dont elle ne savait rien et qui étaient totalement dérangées.

« Je prends acte de votre décision, déclara-t-elle enfin. Ouvrez ces portes, je vous prie. »

Au même instant, une lumière douce emplit la pièce. Depuis le centre de cette lueur, une porte blanche se révéla.

« Dis donc… c’était un peu court, comme introduction… Râla Saiko. J’espère qu’on va pas se retrouver dans un monde tiré d’un film de série B rempli de requins et de zombies.

— Je suis sûre qu’on trouvera bien des créatures du genre par ici, lui rétorqua Homura.

— Tu penses ? »

Saiko prit les devants et ouvrit la porte, noyant la pièce dans une intense lumière, qui les enveloppa toutes les cinq. Elles se sentaient entraînées, portées par elle sans connaitre la destination. Homura voyageait à présent avec un groupe de bonnes à rien, dans un monde voué à sa fin. Elle pressentait que de nombreuses péripéties inutiles allaient lui arriver, mais elle ne pouvait s’empêcher de se réjouir.

Elle était persuadée que ce voyage serait amusant.

Chapitre 2 : Les affres d’un honnête homme

Elles se retrouvèrent, à nouveau, déplacées sans s’en rendre compte. Et cette fois, c’était en plein milieu d’une forêt.

Les rayons du soleil qui s’infiltraient entre les feuilles des arbres étaient chauds et une brise rafraîchissante portait avec elle les odeurs des plantes. Cela ressemblait à des ruines, réunies sur une plateforme en pierre ronde, cette dernière était recouverte de mousse et entourée de nombreuses colonnes écroulées.

« On est vraiment arrivées dans un autre monde sans s’en apercevoir, hein… » Homura regarda l’état de son corps et de ses vêtements, avant de noter : « Tiens, on n’a pas changé d’apparence… »

Il semblait qu’une fois mortes dans cet autre monde, elles restaient les mêmes. Elles étaient incapables de dire comment elles étaient arrivées là, à travers la “transmigration”, une “transition” ou encore une “invocation” ? Quelle qu’en soit la nature, ce voyage était à présent devenu leur réalité fantastique.

« Quand on m’parle de ce genre d’expérience, j’imagine un truc impressionnant ! Là c’est décevant. On est vraiment dans un autre monde ? »

Homura regarda à l’entour. Il était vrai qu’elles ne paraissaient pas se trouver dans un endroit original, à l’image d’un monde étranger. Elles respiraient facilement, étaient entourées de végétation et le soleil se levait. Elle répondit :

« Tu vas voir, ça arrivera bien en temps voulu. Je suis sûre que des slimes ou des gobelins ne vont pas tarder à apparaître. » Homura s’attendait à ce que cela arrive pour de vrai.

« Non, d’abord il doit y avoir des ailerons de requins qui sortent de l’herbe. Ensuite y a des requins en 3D merdique qui débarquent.

— Qu’est-ce que tu racontes… Les requins ne se déplacent pas sur la terre ferme. »

Impossible de comprendre de quoi parlait l’idiote à lunettes. Sans chercher à épiloguer, Homura continua de surveiller les alentours tout en restant vigilante.

Elle ne s’en était pas aperçue plus tôt mais, à ce moment-là, elle eut une drôle d’impression. Elle ne comprenait pas d’où elle provenait, mais son corps lui semblait plus léger, comme si une certaine force était en train de monter en elle, lui causant une sensation assez indescriptible.

Tandis que son attention était captivée par Homura, Jin tourna tout d’un coup son regard vers un endroit lointain.

« J’entends un bruit de dispute. Elle vient de débuter car, jusqu’alors, je n’avais rien perçu. »

Homura tendit l’oreille, et confirma il y avait en effet un autre bruit que celui de la nature environnante.

« Eh ! Vas-y pas toute seule ! Wow, elle est rapide celle là… »

Sans prendre en compte les paroles de Saiko, Jin se lança à travers la forêt, disparaissant soudain du champ de vision des autres filles.

Elle allait à une vitesse inimaginable pour le commun des mortels. Était-ce une qualité habituelle des assassins ? Homura était un peu dépassée par les évènements, mais elle restait certaine que se séparer n’était pas une bonne idée.

« Hm, mon capteur a l’air endommagé. Je n’entends pas bien les bio-signaux dans ce périmètre, je ne comprends pas ce qu’il se passe », annonça Proto, en tapotant l’espèce de casque qui recouvrait ses oreilles.

Homura fut prise de court par l’utilisation soudaine d’un vocabulaire tiré d’un film futuriste mais, sur le moment, ce n’était pas le plus important.

« Bon, dans tous les cas on devrait y aller nous aussi !

— C’est pas comme si on allait être utiles, nous… »

Pourtant, Homura et les autres filles se mirent elles aussi à courir.

Cette sensation étrange, qui lui paraissait similaire à la foulée surhumaine de Jin, ne la quittait pas. Elle se demanda si leur arrivée dans cet autre monde avait augmenté leurs capacités physiques, mais n’y croyait guère. Comme elle avait forcé le rythme de sa course, elle commença à avoir mal aux côtes.

« J’ai un point de côté ! »

Elle aurait aimé savoir pourquoi cela arrivait à chaque fois qu’elle courait.

Elles se retrouvèrent sur un chemin à peine tracé. C’était comme si personne n’avait foulé ce sol auparavant. Cependant, les plantes et les mauvaises herbes ne gênaient pas leur avancée.

Tout en traversant la forêt, elles virent soudain une charrette à l’arrêt sur le bas-côté. Elles aperçurent aussi de nombreux cadavres…

« Oh… mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?

— Il y en a encore d’autres qui se cachent, prenez garde. »

Jin regardait de l’autre côté de la route, vers la forêt.

Elle trancha l’air de sa lame, éclaboussant le sol du sang qui était resté collé. La terre l’absorba rapidement. Cette flaque, comme les éclaboussures maculant le rideau en toile de la calèche, émettaient une odeur désagréable de fer, Homura se pinça le nez machinalement.

Parmi les victimes, les têtes coupées devaient être l'œuvre macabre de Jin. Ils avaient tous l’air de malfrats. Etaient-ils des ennemis, pour les jeunes filles ?