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Extrait : "MADAME : Et c'est tous les jours la même chose. Voilà comment se passent nos soirées. MADEMOISELLE : Papa se fatigue beaucoup à la Bourse ; il a bien le droit de se reposer un peu. MADAME : Tout ce que dit ton père, tout ce que fait ton père est irréprochable. C'est convenu. MADEMOISELLE : Il y a une demi-heure à peine que papa a fermé les yeux. MADAME : Une demi-heure ! Il y a des mois, il y a des années qu'il dort, Monsieur ton père."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.
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Seitenzahl: 26
Veröffentlichungsjahr: 2015
Saynètes et monologues, édité par Tresse de 1877 à 1882, regroupe six volumes de textes courts en vogue dans le Paris des cercles littéraires d’avant-garde comme dans les soirées mondaines. Un répertoire de dialogues, monologues, saynètes, comédies et opérettes portés à un art véritable, dont la modernité apparaît avec évidence, et dans lequel se côtoient Charles Cros, Paul Arène, Nina de Villard, Charles de Sivry, Théodore de Banville, Eugène Labiche, Charles Monselet ou encore Villiers de L’Isle Adam.
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Saynètes et monologues. De nombreux titres de cette fresque sont disponibles auprès de la majorité des librairies en ligne.
Comédie en un acte
de Quatrelles
Un salon. – Porte au fond. – Porte à droite conduisant chez Madame. – Porte à gauche conduisant chez Monsieur. – À gauche, une cheminée. – À droite, une table. – Sur la table, une lampe.
Personnages
MONSIEUR, agent de change : 50 ans.
MADAME : 38 ans.
MADEMOISELLE : 18 ans.
Monsieur, Madame, Mademoiselle.
Au lever du rideau, Madame et Mademoiselle brodent, assises auprès de la table. – Monsieur dort dans un fauteuil, au coin du feu. – Silence de quelques instants que Monsieur trouble seul par des ronflements discrets et intermittents. – À chaque reprise, Madame essaie en vain de cacher son indignation que trahissent des haussements d’épaules, des regards blancs tournés vers le plafond.
Et c’est tous les jours la même chose. Voilà comment se passent nos soirées.
Papa se fatigue beaucoup à la Bourse ; il a bien le droit de se reposer un peu.
Tout ce que dit ton père, tout ce que fait ton père est irréprochable. C’est convenu.
Il y a une demi-heure à peine que papa a fermé les yeux.
Une demi-heure ! Il y a des mois, il y a des années qu’il dort, Monsieur ton père. Il ne rentre pas pour autre chose. Il faut que cela finisse !
Il y a de l’orage dans l’air.
Allons, Mathilde, plie ton ouvrage et couche-toi.
Mais, bonne mère, il n’est que dix heures.
J’ai à causer avec ton père.
J’obéis, puisqu’il le faut. (Elle embrasse sa mère.) Bonne nuit, (À part.) Que peut-elle avoir à lui dire ?
Mademoiselle se dirige du côté de son père. – Madame la suit des yeux.
Où vas-tu ?
Embrasser papa.
À quoi bon… puisqu’il dort.
Il m’en voudrait si je lui volais son baiser du soir. Il m’aime tant !
Ne dirait-on pas qu’il n’y a que lui qui t’aime ici ?
Vous m’aimez bien, tous les deux.
Moi surtout.
Toi surtout.
Elle embrasse de nouveau sa mère, et s’approche doucement de son père qu’elle baise sur le front.
Qu’est-ce que c’est ?… La rente ?… Elle ferme à 63,65. – Tiens, c’est toi, chère enfant ? J’ai cru que c’était mon caissier.
Comment ! comment !… ton caissier ? Est-ce qu’il t’embrasse, comme je viens de le faire, lorsqu’il te rend ses comptes ?
Ah ! mais non !
Je t’y prends, toi qui soutiens que tu ne dors jamais après le dîner.