Ce qui nous sépare - Marie Roger - E-Book

Ce qui nous sépare E-Book

Marie Roger

0,0

Beschreibung

Iris et Léa se sont aimées profondément. Pourtant, les deux jeunes femmes vont devoir se battre pour vivre leur idylle au grand jour. Cependant, l’amour peut-il réellement vaincre toutes les difficultés ? Et si oui, reste-t-il intact ?

À PROPOS DE L'AUTEURE

Marie Roger s’inspire des différents problèmes et discriminations que connaît la société. Ce qui nous sépare est son deuxième roman.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 86

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Marie Roger

Ce qui nous sépare

Roman

© Lys Bleu Éditions – Marie Roger

ISBN : 979-10-377-2689-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Première partie

Le milieu social n’est qu’un monde d’apparences.

Marie-Claire Blais

I

Iris était une adolescente sacrément renfermée. Elle n’était pas timide, mais plutôt solitaire. Elle n’était pas non plus fragile, et avait même une personnalité assez forte. Beaucoup de principes, énormément de valeurs, une grande ouverture d’esprit et une loyauté à toute épreuve faisaient d’elle une fille dévouée, une amie extraordinaire et une auteure talentueuse. Elle était faite pour vivre de sa plume. Certes, la notoriété n’était pas encore au rendez-vous, mais elle en était sûre, c’était sa vocation.

Léa était tout le contraire. Elle avait beaucoup de copines, mais n’en aimait sincèrement aucune. Elle se servait d’elles seulement pour être une des filles les plus populaires du lycée. Elle avait également beaucoup de copains, qui rêvaient tous de devenir plus que ça, et beaucoup de petits amis qui auraient préféré rester de simples amis. Oui, elle rendait les garçons malheureux. Elle n’avait jamais aimé aucun d’entre eux. Elle les attirait, puis les jetait quand ils devenaient trop collants. Elle était très intelligente, mais jouait la niaise. Son rêve était d’ouvrir un ranch, mais une seule personne le savait. Léa jouait constamment le rôle de la fille superficielle.

***

Iris vivait dans un petit appartement avec son père. Sa mère était décédée d’un accident vasculaire cérébral quand elle avait dix ans. Depuis, Dan s’était complètement laissé aller en tant qu’homme, mais également en tant que père. Les journées chez la jeune fille se ressemblaient toutes : au réveil, papa était entouré de bouteilles de vin vides sur le canapé et quand elle revenait du lycée, papa buvait du vin sur le canapé. Le matin, elle lui préparait le repas du midi, lui lavait ses vêtements de la veille et faisait du ménage. Le soir, elle se servait dans le frigidaire puis ne sortait plus de sa chambre avant le lendemain, trop absorbée par les fictions qu’elle écrivait. Iris avait déjà tenté de parler de sa passion pour l’écriture à son père, mais il était comme mort. Plus rien ne circulait en lui, juste le sang coulant dans ses veines et qui le maintenait en vie. Rien ne l’intéressait, il était parti depuis longtemps, en même temps que Mona, sa femme.

Léa était issue d’une famille aisée. Fred, son père, était kinésithérapeute. Jeanne, sa mère, était dentiste. C’était une famille en apparence très heureuse. Le couple se montrait régulièrement dans diverses mondanités, envoyait à tous leurs proches des photos de familles à Noël et accompagnait leur fille à tous ses cours de piano, mais ce qui n’était pas visible était le plus important : Fred et Jeanne ne dormaient plus ensemble depuis trois ans. Léa détestait son père d’avoir trompé sa mère et surtout, elle détestait le piano. Elle haïssait également sa mère qui lui refusait le droit de remonter sur un cheval depuis sa chute lorsqu’elle avait onze ans.

***

Les deux jeunes filles se connaissaient depuis qu’elles avaient sept ans. Mona adorait les chevaux et avait inscrit Iris à des cours. Dans le même centre équestre, Léa y prenait les siens depuis qu’elle avait appris à marcher. Le premier jour où Iris s’était rendue à la leçon, elle était tombée et s’était mise à pleurer de peur. Tous les autres enfants du cours s’étaient mis à rigoler d’elle. Ils avaient vite arrêté lorsque Léa s’était énervée et avait menacé tout le monde.

« Si vous n’arrêtez pas de rigoler, je demande à mon père d’acheter le centre, comme ça, je pourrais toutes vous interdire de revenir ! »

C’était ici, de cette manière, que leur amitié était née.

Quand quelqu’un tombe amoureux de vous, vraiment amoureux, c’est une magie.

Simone de Beauvoir

II

Léa et Iris étaient meilleures amies, mais elles ne se fréquentaient pas en cours. Ça ne se voit jamais ; la reine du lycée et l’inconnue incomprise qui explosent de rire ensemble à la cantine. Alors, elles s’appelaient le matin pour se réveiller l’une avec l’autre et se retrouvaient, à quelques rues du lycée, pour rentrer chez elles ensemble. C’était un rituel, Iris allait dormir chez Léa tous les vendredis soir. Ce n’était pas Dan qui refuserait, il ne se rendait même sûrement pas compte que sa fille n’était pas chez lui.

Le vendredi était le jour de la semaine préféré des filles. Elles pouvaient être elles-mêmes, sans gêne, sans honte. Léa lisait ce qu’Iris avait écrit durant la semaine, Iris lui amenait des posters de chevaux qu’elle avait réussi à voler dans la maison de la presse à côté de chez elle. Ensuite, elles s’allongeaient l’une à côté de l’autre et rêvaient de leur avenir. Elles avaient hâte de quitter le nid familial et de s’envoler ailleurs, toutes les deux pour enfin vivre pleinement ce qu’elles étaient vraiment.

***

C’était lors d’une de leur soirée pyjama habituelle, un an auparavant, qu’Iris avait embrassé pour la première fois Léa. Elle avait senti l’attirance et l’amour naître en elle, et avait eu le courage d’agir en conséquence. Il faut avouer qu’elle n’aurait guère pensé que se puisse être réciproque, mais la seule façon de le savoir était de se lancer. Elle aimait Léa pour ce qu’elle était réellement, mais elle aimait également ce qu’elle était à ses côtés. Léa avait marqué une courte pause après ce baiser, comme un bug système. Ce laps de temps parut une éternité aux yeux d’Iris, mais Léa saisit en retour le visage de celle qu’elle aimait, sans n’avoir jamais osé se l’avouer, puis l’embrassa. Ce baiser eut un goût de soulagement et de bonheur. Leurs lèvres se frôlaient timidement. Elles pouvaient sentir le cœur de l’autre battre à toute vitesse. Leurs respirations étaient frêles. Ce baiser était aussi important pour l’une comme pour l’autre. C’était le premier baiser d’Iris. C’était le premier baiser avec des sentiments de Léa. Plus la chaleur les submergeait, plus l’instant devenait sensuel. Léa avait glissé sa main dans la nuque d’Iris, qui, quant à elle, avait déposé la sienne sur le haut de la cuisse de sa nouvelle petite amie. Ce geste provoqua une submersion de désir chez la jolie blonde, et elle ne manqua pas de le faire ressentir à Iris. Le baiser devenait de plus en plus intense, leurs langues s’entremêlaient. Plus le baiser durait, plus leur appétit mutuel était à leur paroxysme. Elle aurait pu mourir d’envie l’une de l’autre depuis des mois, mais ce langoureux baiser venait de tout révéler. C’était vrai, c’était fort, c’était naturel. Elle et elle, étaient faites l’une pour l’autre. Soudain, Léa eut un recul. Iris venait de passer la main sous son t-shirt. Elle s’apprêtait à la retirer, pensant avoir choqué sa jolie blonde, lorsqu’elle lui saisit la main et se la posa sur sa poitrine. Iris sentit qu’il se passait quelque chose en elle, quelque chose dont elle n’était pas maître. Elle saisit en retour la main de Léa pour la glisser dans son pantalon, sous son tanga. Elles se regardèrent puis se mirent à sourire, de façon plus que complice. Léa avait compris à quel point Iris la désirait. C’est alors qu’elle avait commencé à lui faire l’amour. C’était simple et légèrement maladroit, mais c’était bon, pour l’une comme pour l’autre. C’est après ce long moment de plaisir et de tendresse qu’elles s’endormirent, toutes deux heureuses de leur rapprochement, mais également stressées que les parents de Léa puissent les avoir entendues.

***

C’était censé être un vendredi soir normal, un vendredi soir comme tous les autres où nos deux amoureuses se retrouvaient après une semaine, éloignées l’une de l’autre, mais ce soir-là, rien ne se passa comme prévu. Tout bascula. La chambre de Léa était la seule pièce du troisième étage, alors quand son père montait les escaliers pour venir voir les filles, elles l’entendaient monter, mais ce soir-là, Iris était venue avec une déclaration d’amour écrite spécialement pour Léa. Ce texte l’avait particulièrement émue. Leur bonheur était si puissant qu’elles n’entendirent pas les bruits de pas. Fred ouvrit la porte, et trouva Léa allongée sur Iris, l’embrassant avec fougue. Elles n’avaient pas eu le temps de rabattre les couettes sur leurs corps dénudés et Fred avait pu remarquer deux des doigts d’Iris en Léa.

Je déteste le mot homophobie.

Ce n’est pas une phobie,

Vous n’avez pas peur,

Vous êtes seulement des connards.

Morgan Freeman

III