L’ostracisme - Marie Roger - E-Book

L’ostracisme E-Book

Marie Roger

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Beschreibung

Titania est amoureuse d’un gentil garçon. Le problème ? L’hétérosexualité est interdite dans cet univers post-apocalyptique. Cette jeune femme, courageuse et révoltée, va devoir se battre pour faire valoir ce qu’elle est. Mais, ce qu’elle ignore, c’est qu’elle va devenir le déclencheur de quelque chose de beaucoup plus grand, de beaucoup plus puissant.


À PROPOS DE L'AUTEURE


S’inspirant des problèmes sociaux et des discriminations qui en découlent, Marie Roger nous propose son troisième roman, une histoire d’amour au cœur de l’univers.

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Marie Roger

L’ostracisme

Roman

© Lys Bleu Éditions – Marie Roger

ISBN :979-10-377-4461-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

La Terre s’est éteinte en l’an 3 400, alors qu’elle abritait treize milliards d’hommes et de femmes. Elle a été absorbée par l’astre tout puissant qu’est le soleil. Cette extinction avait été anticipée. Les ingénieurs avaient créé un planétoïde pouvant accueillir deux mille individus maximum. Les places étant rares et chères, les humains avaient succombé à la panique et s’étaient entretués. Cette guerre avait décimé les trois quarts de la population mondiale. Les survivants, qui n’avaient pas obtenu leur place sur La Sphère, étaient destinés à attendre la mort. Ils devaient patienter jusqu’à ce que la chaleur devienne invivable puis qu’elle finisse par les tuer. Au total, quatre milliards d’êtres humains ont perdu la vie dans de terribles souffrances.

Ceux qui avaient gagné leur place sur La Sphère étaient surtout des hommes d’État et leur famille, puis les corps de métiers indispensables tels que les ingénieurs, les informaticiens, les physiciens, les astronautes et les chirurgiens. Dès le décollage du planétoïde, ils avaient procédé à un vote pour élire la personne qui se chargerait de diriger La Sphère. Orlando Jones, un politicien âgé de cinquante ans, fut élu et régna durant trente années, jusqu’à sa mort. Sa présidence, assimilée à une dictature, fut au cœur de nombreuses controverses. Les habitants réclamaient un vote quinquennal pour élire un nouveau dirigeant, des référendums pour donner leurs opinions sur la mise en place de la vie sur La Sphère, mais ils étaient entrés dans l’ère de la monocratie. Jones décidait seul de tout.

À la mort de Jones, ce fut Jones fils qui reprit la main. Comme un coup d’État, il n’avait demandé l’avis de personne avant de s’approprier le grade de dirigeant. Cette décision avait entraîné une révolte générale, menée par Nomi, qui avait tout juste dix-huit ans. C’était une jeune fille dynamique et pleine d’idées. Elle faisait partie de la génération des enfants nées sur La Sphère et, par conséquent, y remarquait tous les dysfonctionnements. Elle connaissait les revendications des habitants et avait les solutions. Jones fils, face à autant d’illégitimité, fut obligé de se destituer et Nomi n’eut guère de mal à prendre le pouvoir.

Nomi était parvenue à organiser la vie sur La Sphère. Elle avait ramené l’harmonie, avec un système social apprécié de tous et qui forçait le respect. C’était une personnalité idolâtrée. Tous les enfants devaient aller à l’école jusque dix-huit ans. Ils y apprenaient la langue française, les mathématiques et l’histoire de La Sphère. Dès leurs treize ans, ils devaient choisir une spécialité entre la médecine, la police, le tutorat, la culture et les plantations, l’informatique, l’ingénierie, tanner le cuir, la cuisine, l’administratif ou le pressing et la couture. En activité physique, ils avaient des cours de combat, pour se dépenser et apprendre à se défendre. Dès leurs dix-huit ans, les élèves débutaient directement leurs carrières dans la spécialité qu’ils avaient choisies. Nomi avait également pressenti les dangers du nihilisme et avait créé une religion propre à La Sphère, comportant cinq commandements :

1. Les rapports sexuels avec une personne du sexe opposé sont interdits pour ne pas engendrer de naissances. Il ne faut pas surpeupler.

2. Si vous êtes désignés pour une insémination, ou pour un don de sperme, tout refus sera interdit. Il faut anticiper les prochains décès.

3. Le manquement au respect des rations alimentaires et médicales sera puni. Il en faut pour tout le monde, à parts égales.

4. Le travail est obligatoire dès dix-huit ans et jusqu’à la mort. Tout manquement à son devoir est interdit.

5. Tout individu enfreignant ces règles se verra subir la pénitence de l’Ostracisme : ils seront jetés dans l’Espace.

Ces six commandements, surnommés le Nomisme, avaient été respectés par tous, excepté ceux qui ne parvenaient pas à assouvir leurs besoins sexuels avec une personne du même sexe. Ils succombaient donc à la tentation, enfreignaient la règle numéro un, et subissaient l’Ostracisme.

En l’an 5 200, Nomi est décédée depuis mille sept cents ans, mais son système sociétal et le Nomisme perdurent. La dirigeante, Razielle, veille à ce que tout reste en ordre. Les choses sont plus évidentes pour elle, car les règles sont parfaitement ancrées dans les mœurs de La Sphère. La vie a évolué, les habitudes aussi. L’homosexualité est devenue la norme. L’hétérophobie a fait son apparition.

I

Les enfants, jusqu’à leur majorité, dorment dans des dortoirs, seuls. Issus d’une procréation médicalement assistée, ils n’ont pas de réels parents. Les pères sont des géniteurs et les mères s’occupent d’eux jusqu’à leurs trois ans seulement. Après cela, ils appartiennent à La Sphère en tant que progénitures de celle-ci. Ils sont éduqués et formés pour faire perdurer l’héritage de Nomi. À l’issue de leur majorité, ils se voient attribuer un petit appartement, appelé box, pour y vivre avec le compagnon qu’ils ont choisi. S’ils n’ont pas encore trouvé l’élu de leur cœur, ils sont placés dans un box au hasard.

Ash et Théodon sont deux jeunes hommes de dix-sept ans. Ils sont en couple depuis leurs treize ans, mais sont amis depuis toujours. Ils ne sont pas voisins de dortoir, mais pratiquement. Ils vivent au même étage et ont vécu toutes leurs mésaventures ensemble. Au moins une fois par mois, ils manquaient le couvre-feu de vingt heures et étaient raccompagnés par les agents de police. Le plus souvent, c’était pour traîner avec leurs deux amies, Titania et Ozma, en couple elles aussi depuis quatre ans.

Ash est un grand brun, se destinant à une carrière de tanneur de cuir. Ce métier est très important sur La Sphère, car tous les vêtements sont en cuir. Les hommes portent des pantalons de cuir, sans t-shirt, car la température ne descend jamais en dessous des vingt degrés. Les femmes portent des combinaisons short, en cuir également. Théodon, futur informaticien, est aussi un grand jeune homme, blond cette fois-ci. Les cheveux sont synonymes de jeunesse, car lorsqu’ils franchissent le cap de la sexualité, les hommes se font raser la tête et tatouer le crâne. C’est une preuve de maturité et un gage de respect.

Titania a choisi le tutorat comme spécialisation. Idéalement, elle voudrait enseigner la matière dans laquelle elle excelle : le combat. Elle est fine et élancée, ce qui la rend rapide et flexible. Ses longs cheveux noirs, tressés de bas en haut lui donnent un air de guerrière. Le maquillage noir qui encercle ses yeux bleus la rend mystique. Ozma, quant à elle, est un petit bout de femme. Elle est l’incarnation de la douceur, tellement qu’elle en paraît fragile. Ses cheveux roux, épais, créent de larges tresses qui atterrissent au milieu de son dos. Elle se spécialise dans la culture et les plantations. Les femmes, quand elles vivent leur premier rapport sexuel, gardent leur chevelure. Elles se font seulement tatouer un bracelet autour du bras. C’est esthétique et gracieux.

Bien qu’en couple depuis des années, Ash et Théodon n’ont pas de tatouages, Titania et Ozma non plus. C’est la conséquence de leur secret. Un secret dangereux qui pourrait, à tout moment, leur coûter la vie.

II

Ce que tout le monde ignorait, c’était que les deux couples d’amis étaient une parfaite mascarade. Ash était avec Titania, Théodon était avec Ozma. Cette mise en scène et ce jeu de rôle avaient contribué à sceller leur amitié, à tout jamais.

Ash et Titania étaient tombés amoureux l’un de l’autre tout jeune. Ils n’avaient que douze ans lorsqu’ils ont échangé leur premier baiser à la sortie des douches communes. Depuis, ils se voyaient en coup de vent afin d’assouvir leur besoin fou de se sentir près de l’autre. Les amoureux savaient qu’ils risquaient la peine capitale, mais aucun d’entre eux n’était prêt à abandonner l’autre. L’amour était plus puissant que la peur. Ils avaient donc décidé de n’en parler à personne.

C’était Ozma qui avait craqué la première, quand elle apprit à Titania la relation interdite qu’elle entretenait avec Théodon. Elle s’attendait à être insultée. Elle était certaine que son amie allait la menacer de la dénoncer et que cela la forcerait à arrêter sa relation. Sa surprise fut immense lorsque Titania lui avoua en retour son amour pour Ash. C’était de ces aveux qu’était né le pacte qui allait les unir à vie. Ash et Théodon jouaient les amoureux, de même pour Titania et Ozma. De ce fait, personne ne les soupçonnerait et ils pourraient continuer à vivre leur idylle, cachés.

La seule problématique qu’ils avaient rencontrée dans l’élaboration de leur plan était l’obstacle du premier rapport sexuel. Le groupe savait qu’en grandissant, ils allaient devoir franchir le cap, faire l’amour avec quelqu’un, juste pour l’honneur et la dignité, pour prouver leur homosexualité. Leur solution était donc toute tracée : Théodon et Ash feraient croire qu’ils ont franchi le pas, Ozma et Titania suivraient le même chemin quelques jours plus tard. De cette façon, ils acquerraient leur tatouage respectif et ils pourraient reprendre pleinement leur vie sentimentale secrète.

*

Ils avaient dix-sept ans, et n’avaient pas encore mis en place leur plan établi plusieurs années auparavant. Ce n’était pas qu’ils regrettaient ce plan, mais ils ne ressentaient pas le besoin immédiat de devenir des adultes. Ils n’avaient pas l’impression d’être en retard ni que ce soit une honte d’être encore vierge. Même avec leurs réels partenaires, ils n’avaient pas encore franchi cette limite. Ash et Titania en mouraient d’envie. Ils essayaient constamment de se donner des points de rendez-vous pour pouvoir s’offrir l’un à l’autre en toute discrétion, mais ils ne parvenaient jamais à être totalement seuls. Ozma rêvait depuis plusieurs mois de partager ce moment avec Théodon, et lui aussi le voulait, mais il était beaucoup plus préoccupé par la hâte de recevoir son tatouage.