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Chasse, nature et poésie mêle art de la chasse à la beauté sauvage de la nature. Se reconnaissant tour à tour dans son gibier, dans son tracteur, ou encore dans les méandres de ses émotions, l’auteur exprime tour à tour la passion de la chasse, la mélancolie des hivers rudes et les angoisses des nuits tumultueuses, confondant parfois son amour pour la forêt avec une tendre passion féminine. Dans une langue à la fois musicale et fluide, il nous dévoile un bestiaire surprenant et des vers audacieux, fruit d’une quête incessante du rythme et de la rime. Un ouvrage rafraîchissant et engagé, qui se dresse contre l’ignorance ambiante sur notre planète et la vie.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après 40 ans de chasse, dont 25 ans de vénerie,
Philippe Rommel, également amoureux de poésie, réunit ses deux passions dans un ouvrage. Moitié urbain, moitié rural, il nous montre la nature sous un angle original, très différent de celui dont on nous lasse d’ordinaire et qui surprendra autant qu’il charmera.
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Seitenzahl: 64
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Philippe Rommel
Chasse, nature et poésie
suivi de Un laisser-courre en 2050
© Lys Bleu Éditions – Philippe Rommel
ISBN :979-10-422-6491-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Illustrations de Philippe Rommel
…Mais que s’envolent les faisans
Quand je serai dessous la pierre !
Et qu’ils rejoignent la lumière
Sans craindre le chasseur gisant…
Le faisan, pas à pas, s’en vient. Il picore.
Il hoche la tête ainsi qu’un marquis
Et traîne sa queue d’un air alangui ;
Il se pavane, le coquet, depuis l’aurore.
Il est rouge, il est beau, les poules l’adorent ;
Il suffit qu’il paraisse et qu’il dise : « Kiki ! »
Pour que soient aussitôt tous les cœurs conquis.
Il est le roi de la volaille et des pécores.
Mais l’automne l’inquiète ; il se cache en hiver ;
Tout d’un coup il se met prudemment à couvert :
C’est un gibier qu’on apprécie au temps des chasses…
Quand le cherchent, têtus, un homme et son chien
Il se rase dans l’herbe en prenant l’air de rien
Ou bien décolle dans un bruit qui tout fracasse !
Dans les bois mouillés par les pluies d’automne,
Venant des pays de neige et de froid,
Se posent chez nous des oiseaux de roi,
Couleur des arbres que les feuilles abandonnent.
La bécasse ! Invisible et rusée sauvageonne,
Surveillant les côtés de ses yeux étroits,
Et qui fouille aisément, de son bec long et droit,
La terre grasse où de bons vers toujours foisonnent.
Alertée soudain, elle fuit d’un trait
Et vole en zigzag à travers la forêt ;
Mais un seul plomb, dans sa chair tendre, au sol la cloue.
Quand s’approche alors l’habile chasseur,
La blessée tente en vain de lui faire très peur
Et, magnifique, elle se dresse et fait la roue.
Au-dessus des pays où s’étendent les eaux
Quand la lune se lève et dilate l’espace
Dans le ciel cotonneux et gris, des oiseaux
Volant tout droit, le cou tendu, lentement passent.
Ils découpent la nuit comme font des ciseaux
On entend le bruit sourd de leurs ailes qui brassent
L’air brumeux. Ils s’en vont, par-dessus les roseaux
Et leurs silhouettes diminuent et puis s’effacent.
Ils nous quittent hautains, sans nous voir, sans regrets,
Pour rejoindre une mer, un grand fleuve, un marais,
La belle Afrique, au loin, par là, d’autres rivages…
Ils forment un V pour briser le vent
Et nous fuient, obstinés, mystérieux, décevants
Comme des gens jamais lassés de leurs voyages.
L’écureuil, petit lutin roux, s’agite ;
De branche en branche, il saute, luron,
Ou descend à terre et remonte bien vite,
La tête en bas, la tête en haut, le long du tronc.
Son museau pointu s’inquiète et palpite,
Ses yeux sont perçants, tout noirs et bien ronds,
Sous ses griffes les feuilles roussies crépitent,
Car c’est l’automne, il est grand temps d’être un peu prompt.
Il court et sa queue ondule, il furète ;
Car l’hiver, il dort parmi les noisettes
Qu’il a trouvées dans la forêt ; sinon il meurt.
Il emporte des grains dans ses belles joues
Il se presse, il s’affaire, on dirait qu’il joue,
Cet acrobate aux mille tours, en fait a peur.
Au crépuscule, ils ont quitté
Tous les deux, prudemment leur gîte ;
En premier, le brocard indompté
Puis la chevrette qu’il abrite.
Et souplement, dans le hallier,
Ils suivent leur piste secrète ;
Mais avant d’arriver au sentier,
Un vague effluve les arrête.
Il interrompt son pas léger
Et reste caché dans l’épine
En cherchant d’où vient le danger…
Mais j’ai levé ma carabine.
Le coup le frappe en pleine tête !
Le brocard s’effondre à l’instant,
Et s’enfuit aussitôt la chevrette
Qui faonnera seule au printemps.
Dans la forêt, en grand secret,
Une biche a faonné cette aurore ;
Et le petit, frêle et joli,
Sa mamelle, ce soir, cherche encore.
Un buisson touffu le défend.
Je me promène, sous les chênes
Du pas lourd d’un méchant braconnier ;
Puis je m’en vais et laisse en paix
Les grands bois, les taillis, le gibier…
Le soleil va se réchauffant.
Le bel avion que nous prenions
S’est lancé par-dessus les nuages ;
Oui, cet été, je t’ai chantée,
Quand mon cœur s’en allait en voyage
Vers le pays des éléphants.
Mais je reviens, comme un vieux chien,
Au pays de mes rêves : chez moi.
Sur cette terre où, solitaire,
J’oublierai nos fougueux émois,
Nos amours et tes bras étouffants.
Et je m’étonne que l’automne
Soit venu juste après le printemps ;
Passent la plage et ton corsage
Si je vois des canards sur l’étang :
De grands chasseurs je suis l’enfant.
Je chercherai, sans un regret,
Sans penser à ton sein qui soupire,
Sur le sol des empreintes où lire
Le grand secret de la forêt :
Qu’est devenu le petit faon ?
Lorsque vivait encore mon grand-père
Chaque printemps passait sur notre terre
Un cerf, un beau dix-cors des alentours
Qui ne restait chez nous que quelques jours.
Son pied laissait sa marque sur le sable
En la suivant, jadis, j’étais capable
De découvrir par quels chemins secrets
Il traversait, dans la nuit, la forêt.
Un jour, chanceux, je le vis dans les herbes,
Il m’aperçut et s’en alla, superbe.
Et, bienheureux, je trouvais quelquefois
Comme jetés dans un buisson, ses bois.
Il ne vient plus. Les taillis ont poussé,
Tous ses chemins secrets sont effacés
Et mon père a coupé la sapinière
Qu’il traversait pour joindre les bruyères.
Peut-être passe-t-il plus loin, ailleurs…
S’il était mort ? tiré par un chasseur
Qui ne rêvait que de prendre un trophée.
À quelque mur sa tête est accrochée.
Ou même, grelottant dans un buisson,
Vieilli, malade, une froide saison
A-t-il fermé les yeux sous la souffrance
Et les renards ont dévoré sa panse.
Qu’est-il devenu ? Ce cerf est passé
Dans mes jours d’enfant ; il ne m’a laissé
Qu’un beau souvenir mêlé de tristesse ;
Il s’en est allé comme ma jeunesse
Sans marquer longtemps le sol de ses pas.
Le grand beau dix-cors ne reviendra pas.
C’est la nuit, enfin, la fureur a cessé.
Les hauts cris, les abois, les galops sont passés ;
La forêt, que semblait traverser la tempête
S’apaise. Au loin, les cavaliers ont fait retraite
Emmenant avec eux leur terreur et leurs chiens.
Ils sont partis, le bruit s’efface, tout est bien.
Oui, par là-bas, des hommes rient près des voitures
Mais d’ici leur tapage n’est plus qu’un murmure.
Que le vent traîne et qu’effilochent les buissons.
Maintenant tout est calme. Un vague frisson
Fait onduler quelques branchages qui frémissent
Et l’on voit que dans l’ombre des bêtes se glissent.
Ce sont des biches qui s’en vont dans le sous-bois.
Elles ont eu peur et n’ont plus que bien froid.
Une vieille les mène, elles suivent dociles,
Une à une, au pas, tête haute, graciles…
Quand soudain retentit un fracas familier :