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Marie vient d'apprendre le décès de son grand-père, c'est un terrible choc, il se serait suicidé. Elle refuse d'accepter cette version des faits et décide de mener son enquête avec l'aide de son amie Jeannine. Leur seul indice sera un étrange petit mot "CHIMÙ". Son grand-père semblait y accorder une très grande importance, que signifie-t-il ? Quel mystère cache-t-il ? Cette quête pour la vérité va les plonger au coeur de la pandémie, êtes-vous prêts pour une telle aventure ? Depuis le début de ce que je nomme "un cauchemar sans fin," nous entendons très souvent parler d'eux, "les complotistes", quelles sont donc ces fameuses théories dont tout le monde parle ? Pour en savoir, plus, j'ai fait de nombreuses recherches. On trouve de tout ! Des théories loufoques, mais aussi des découvertes surprenantes, étonnantes. J'en ai sélectionné quelques-unes basées sur des faits réels, des rapports émanant d'organismes officiels, des articles publiés dans des journaux prestigieux, des interviews et également des petites infos, que nous entendons, mais auxquelles nous n'accordons que très peu d'attention. J'ai décidé de les assembler un peu à la manière d'un puzzle et chose étonnante, chaque pièce a trouvé sa place. Découvrez ce roman FICTION, il vous surprendra, attention j'insiste sur le mot fiction ! Vous allez être entraîné dans une quête incroyable avec des personnages attachants. Alors si vous aimez le mystère, le suspense, l'intrigue, l'humour, si vous êtes aussi curieux que moi, n'hésitez plus. Commencez donc par découvrir le sens de ce petit mot "CHIMÙ" ? À vous de jouer.
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Seitenzahl: 273
Veröffentlichungsjahr: 2021
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C’est une œuvre de fiction inspirée d’évènements réels, mais toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement fortuite
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Épilogue
Un tintement à la porte indiqua à Marie qu’un client ou plutôt qu’un ami venait d’entrer dans sa librairie, car c’est ainsi qu’elle considérait tous ceux qui partageaient sa passion des livres. Un sourire sur les lèvres, elle releva la tête, mais ne put s’empêcher de froncer les sourcils en apercevant Ethan l’homme de sa vie, qui se tenait juste devant elle. Il semblait si sérieux, dans son costume bleu coupé à la perfection.
- Ethan ? Mais que fais-tu ici, je te croyais en déplacement pour quelques jours, tu es parti si précipitamment hier. Remarque, je suis super contente de te voir dans ce lieu dédié aux rêves, conclut-elle en faisant une pirouette sur elle-même, les bras grands ouverts, avant de se précipiter vers lui.
Elle s’arrêta brusquement, il avait la mine grave des mauvais jours. Il posa sur elle un long regard, avant de reculer vers la porte qu’il verrouilla, puis il retourna le petit écriteau indiquant que sa librairie était fermée.
- Mais enfin ! Ethan que se passe-t-il ? Je n’ai pas fini ma journée, il n’est que dix-sept heures, s’écria Marie le cœur battant, légèrement effrayée par son comportement, cela ne lui ressemblait pas.
Cet homme était toujours d’un calme olympien, il adorait tout maîtriser. Cela faisait partie de son métier, comme il tenait souvent à le préciser. Ethan dirigeait une société spécialisée dans la sécurité et la protection rapprochée, il intervenait dans des évènements de première importance, des réunions d’hommes d’état, des galas, des festivals, il assurait également la protection de stars mondialement connues. Son travail consistait à résoudre tous les problèmes de ses clients. Le nom de sa société XÉPHAS apparaissait rarement, mais c’était là tout le secret de son pouvoir, la discrétion.
Il s’approcha doucement d’elle, la fixant de son regard gris insondable et posa ses mains sur ses bras, les caressant légèrement.
- Il y a un problème ? C’est ton… travail ? Ton déplacement s’est mal passé ? L’interrogea-t-elle anxieusement.
Il eut un petit rictus qui ne laissait rien présager de bon.
- Non ! C’était juste une affaire à régler, un… fâcheux contretemps, mais tout va bien maintenant.
Pourtant il n’en n’avait pas l’air, pensa Marie, le cœur battant.
- Viens ! Tu devrais t’asseoir, dit-il en l’entraînant vers un canapé posé dans un coin, elle avait créé cet espace qui était réservé à la détente et à la lecture.
Marie l’air étonné se laissa faire, il s’installa à ses côtés, prenant ses mains dans les siennes.
- Je ne pouvais pas attendre que tu rentres pour te l’annoncer, j’avais peur que tu l’apprennes brusquement.
Le cœur de Marie s’emballa, elle prit une grande respiration pour chasser son angoisse. Qu’est-ce qui pouvait bien y avoir de si grave ?
Ethan secoua doucement la tête, une mèche blonde glissa sur son front, elle eut envie de la remettre en place, mais devant son air maussade, elle interrompit son geste.
- Je suis désolé Marie, mais il n’y a pas cinquante façons de te le dire… Pierre vient de mourir.
Pierre ! Son grand-père ! L’homme qui avait élevé Marie après le décès de ses parents, c’était impossible ! Elle l’avait eu au téléphone dernièrement, il allait parfaitement bien. Son papy était même venu passer une semaine chez eux il y a moins d’un mois, il avait l’air en pleine forme. Elle avait dû mal comprendre, c’était illogique, impensable. Marie était sous le choc, cela devait être une erreur, mais Ethan semblait si sérieux tout à coup.
Marie n’arrivait plus à penser, c’est fou ! Son monde venait de basculer en une fraction de secondes. Un sanglot obstrua sa gorge, des larmes coulèrent sur ses joues.
Ethan doucement lui retira ses lunettes qu’il posa sur la table basse, même dans un moment aussi tragique, il arrivait à conserver son calme. Marie n’arrivait plus à respirer, Ethan mit délicatement sa main sur sa joue, et tendrement se pencha pour l’embrasser. Il repoussa une longue mèche blonde, gris cendré, derrière son épaule.
- Ça va aller ma puce, tout ira bien, je suis à tes côtés.
Une colère froide s’empara d’elle, comment pouvait-il dire que tout irait bien ? L’homme qu’elle aimait tant, qui l’avait élevée, venait de mourir. Non ! Plus rien, n’irait bien.
Pour se ressaisir elle regarda autour d’elle, espérant trouver dans les livres qu’elle aimait tant, la force qui lui faisait défaut. Mistral son chat noir avait dû percevoir son trouble, car il apparut comme par magie et sauta sur ses genoux.
Ethan, se releva brusquement.
- Sale bête ! Il va encore me mettre des poils de partout, c’est mon nouveau costume Armani.
Marie n’en revenait pas de sa réaction. Elle serra contre son cœur Mistral, et furieuse se releva. Du haut de son mètre soixante-quatre, elle le toisa avec colère.
- Je viens de perdre l’homme qui était ma seule famille, et toi ton unique préoccupation c’est ton costume ?
- Mais non ! Je voulais juste te dire que… enfin Marie, bon ! D’accord excuse-moi, c’était peut-être maladroit. Tu le sais, je peux me montrer parfois un peu froid, mais je sais combien tu l’aimais.
Oui, Ethan était pragmatique, il affirmait toujours que chaque problème avait sa solution. Marie elle, avait juste le cœur brisé, et rien ne pourrait la consoler. Elle retomba lourdement sur le canapé, avec Mistral collé contre son cœur. C’était Pierre son grand-père qui lui avait offert ce chat, pour ne pas qu’elle oublie sa Provence, son village natal. Comment aurait-elle pu effacer de sa mémoire son petit coin de paradis ? Là-bas, niché entre deux collines, se trouvait la propriété de son grand-père. Il lui avait appris l’amour de la nature, la bienveillance. Cet homme si bon, aimait partager son savoir, et grâce à lui elle avait découvert la magie des livres. Pierre était tout pour elle.
Marie renifla doucement, elle devait savoir ce qui lui était arrivé, elle n’arrivait toujours pas à y croire, c’était juste un …cauchemar. Elle leva vers lui ses yeux d’un beau marron foncé, ils étaient empreints d’une tristesse infinie quand elle les posa sur Ethan. Ses larmes brouillèrent sa vision. Papy lui répétait souvent « qu’avec de si jolis yeux qui ressemblaient à de belles billes noires, elle ne devrait jamais laisser les larmes les ternir. Que la vie avait tant à offrir, qu’il fallait toujours aller de l’avant » Il détestait la voir triste, il avait toujours été son roc, l’homme qui apaisait tous ses chagrins.
- Mais je ne comprends pas, il allait bien, insista-t-elle incrédule. Il me l’aurait dit s’il était malade, c’est son cœur ? Demanda-t-elle tristement.
Ethan prit place de nouveau à ses côtés.
- Non ! C’est pour ça que je suis venu, les radios vont en parler. Tu sais ton grand-père était un animateur célèbre. Cela va faire la une des journaux.
Marie le regarda d’un air hébété. Pourquoi les journaux s’intéresseraient-ils à papy ? Il avait pris sa retraite depuis bien longtemps. Elle regarda avec attention Ethan, il avait un comportement étrange, cela ne lui ressemblait pas, et cette manie de l’appeler grand-père la hérissait, tout le monde le connaissait, c’était Pierre ! Tout simplement, un homme avenant.
- Pierre ! C’était Pierre ! Tu pourrais au moins faire un effort. Tu as toujours mis une distance entre vous. Pourquoi ? Serait- ce parce qu’il était simple, qu’il ne ressemblait en rien à tes méga-stars, tes hommes politiques policés à souhait.
- Marie calme toi je t’en prie, ce n’est pas le moment de faire une crise de nerfs. Ce que je m’apprête à te dire n’est pas facile.
- Qu’est-ce qui peut être pire ? S’écria Marie au comble de la rage et du désespoir.
- Il s’est suicidé !
- Quoi !
Un long silence régna. Marie était sous le choc, son cerveau semblait incapable d’assimiler ces mots.
- Papy suicidé ! Tu délires, tu es fou ! C’est impossible.
- Écoute ma puce, je sais que cela peut te paraître inconcevable, irréel, mais les faits sont-là. On l’a retrouvé ce matin au bord de la rivière, il s’est tiré une balle dans la tête.
Marie entendit un bourdonnement dans ses oreilles, sa vue se troubla et ce fut le trou noir.
Une main tendre lui caressant ses longs cheveux, des mots doucement prononcés à son oreille, la ramenèrent dans le monde réel, et un poids énorme écrasa son cœur. Non ! Ce n’était pas un cauchemar, elle devait accepter cette réalité, aussi triste soit-elle. Marie se redressa péniblement sur un coude. Ethan l’air inquiet l’observait avec attention.
- Tu m’as fait peur, comment te sens-tu ?
- Comme quelqu’un qui vient de voir son monde s’écrouler. Ce matin ? Répéta-t-elle tristement, mais pourquoi on ne me l’a pas dit avant ? Je suis sa seule famille. Oh mon Dieu ! Je dois appeler Jeannine, la pauvre, elle doit être dans tous ses états. Un suicide ! Je n’y crois pas un instant, c’est impossible, elle va me dire elle, ce qui a pu se passer. Je veux l’entendre de sa bouche.
- Tu parles de qui ? De cette vieille folle qui s’occupait de ton père ?
- Elle n’est pas folle, et arrête de la critiquer, elle a pris soin toute sa vie de la maison de papy, c’est plus qu’une gouvernante, c’est une amie précieuse, et une confidente pour moi. Et puis, cette histoire est stupide, papy ne possédait aucune arme.
Marie se releva brusquement, un vertige la saisit, Ethan se précipita pour la soutenir.
- Tu devrais te reposer, je m’occupe de tout, ne t’inquiète pas.
Elle lui sourit gentiment, oui c’était rassurant de le savoir à ses côtés. La gestion de crises faisait partie du travail d’Ethan, il pouvait parer à tous les imprévus, rien ne le déstabilisait. Marie trouvait parfois son attitude étrange, mais c’est aussi ce qui l’avait fascinée.
Elle l’avait rencontré dans un salon du livre, Marie venait de publier un conte pour enfants, et toute fière de son œuvre, elle avait participé à ce grand évènement. Une amie de papy avait une maison d’édition et lui avait offert la possibilité de présenter son petit recueil. L’épouse du premier ministre s’était attardée devant son stand, et lui avait fait l’honneur d’en acheter un exemplaire, Ethan se tenait à ses côtés, il l’avait accompagnée car il connaissait bien son mari, les deux hommes partageaient une forte amitié. Son air austère l’avait intimidée, mais quelque chose en lui, avait retenu son attention. Il avait tellement de charisme. Il avait dû percevoir son trouble, car il était revenu un peu plus tard, pour l’inviter à diner. Comment aurait-elle pu refuser une telle opportunité ? On ne rencontrait pas tous les jours un homme de cet acabit. Ethan était grand, musclé, une mâchoire carrée, un regard déterminé, d’un gris très pâle. Il était auréolait de mystère. C’était fascinant de savoir qu’il côtoyait des gens célèbres, des puissants de ce monde.
Marie soupira, tristement. Elle était alors si heureuse, c’est fou ! Comme tout peut basculer si vite.
- Non ! Dit-elle en se saisissant de son téléphone, je dois lui parler. Je ne comprends rien à ce que tu me racontes. Un suicide ! Et puis quoi encore, c’est impossible tu as dû mal comprendre, il a peut-être eu un malaise, c’est la seule explication plausible.
- Il a craqué c’est tout. Cela peut arriver à tout le monde.
Elle le regarda d’un air effaré.
- Pas papy, c’est inimaginable, il ne… il ne m’aurait jamais fait ça.
Ethan secoua la tête, les mâchoires serrées.
- Il vivait seul, il était âgé, ton départ de la maison lui avait fichu un sacré coup. Dans un moment de déprime il aura mis fin à ses jours.
- N’importe quoi ! Cela fait presque deux ans que je vis avec toi, il s’était habitué à mon absence. Marie repensa à son papy, non ce n’était pas logique, rien ne l’était dans cette histoire. Il était contrarié certes, car il trouvait qu’elle allait trop vite, qu’elle ne prenait pas le temps de connaître vraiment Ethan, qu’il y avait un trop grand écart entre eux, qu’il ne lui correspondait pas, mais de là à se suicider, non !
Marie s’empara de son téléphone, le cœur serré. Les larmes se mirent de nouveau à couler. Papy était un homme de la nature, il avait animé une émission sur le jardinage, l’écologie qui l’avait rendu très populaire.
Au bout de quelques sonneries, une voix fatiguée se fit entendre.
- Oh ! Marie, ils ne voulaient pas que je te téléphone pour te prévenir.
- Qui ne voulaient pas ? S’insurgea Marie.
- Ton Ethan a envoyé deux mastodontes ici dès l’annonce du décès de Pierre, j’ai voulu te prévenir moi-même, mais ces deux brutes refusaient que je t’appelle.
Marie était stupéfaite. Ethan n’avait pas perdu de temps, et pourquoi une telle attitude ? Elle reporta son attention sur lui, il la fixait avec gravité, quand elle entendit hurler Jeannine.
- Si vous mettez un pied dans ce bureau je vous arrache la tête, vous n’êtes pas chez vous ici. Oh ! Marie, reprit-elle d’une voix désespérée, dit à ton Ethan de faire partir ces gorilles.
Marie redressa les épaules en tendant son téléphone à Ethan.
- Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Pourquoi avoir envoyé tes hommes chez papy ? Fais les partir immédiatement.
- Je … voulais t’éviter de faire toi-même le nettoyage des affaires de ton grand-père, c’était juste pour t’aider.
Marie était effarée, elle venait à peine d’apprendre son décès et lui, voulait l’effacer totalement de ce monde, il n’était même pas encore enterré !
- De suite Ethan ! Je ne plaisante pas. Ordonne-leur de partir. Ses yeux prirent une teinte encore plus sombre, ils brillèrent de mille feux, la colère faisait rage en elle.
Ethan observa Marie, son air déterminé dut le convaincre, car il prit son propre téléphone appela un homme et donna un ordre bref.
- Jeannine, c’est bon ils partent ?
- Oui, oui, attends je regarde qu’ils montent bien en voiture, ils ne m’inspirent pas confiance, ils ont une tête de tueur et du sang de serpent dans les veines. Ils sont comme ton Ethan, je ne sais pas ce que tu peux lui trouver d’ailleurs, il est aussi glaçant qu’un mistral en plein hiver.
Marie ne put s’empêcher de sourire, Jeannine avait son franc-parler, comme papy. Elle se mordilla les lèvres, n’arrivant toujours pas à croire à la réalité des faits.
- Jeannine, je dois te le demander… est-ce vrai cette… histoire de suicide ? Papy était malade ? Tu me l’aurais dit s’il avait des soucis, s’il déprimait ?
- Pff ! Je n’y crois pas une minute, Pierre ne t’aurait jamais abandonnée, il t’aimait tant.
Le cœur de Marie fit une embardée.
- Tu savais que papy avait une arme ?
- Mais il n’en n’avait pas, c’est ce que je me tue à leur répéter.
Marie relâcha l’air qu’elle avait bloqué dans ses poumons, ses mains tremblaient. Au fond de son cœur elle le savait, papy n’avait pas pu se suicider. Elle s’éloigna légèrement d’Ethan. Se dirigeant vers une étagère, elle passa son doigt sur la couverture d’un livre, ce contact avait quelque chose d’apaisant, de rassurant. Mistral sauta sur le meuble quémandant une caresse réconfortante.
- Mais alors ? Reprit-elle d’une voix émue, tout en gratouillant la tête de ce petit coquin qui se mit à ronronner.
- Je… quand arrives-tu ?
Marie fut surprise par son interruption.
- Euh ! Je prends le premier vol pour Marseille, et de là je louerai une voiture.
- J’ai tout organisé, affirma derrière elle Ethan. Nous partirons demain matin à la première heure, le temps de prendre mes dispositions pour le travail.
Marie se crispa, son côté prévenant l’irritait parfois, et là plus que jamais.
- Je dois te parler, reprit en chuchotant Jeannine. Ce n’est pas normal, je n’y crois pas un instant, mais surtout ne dis rien à ton gorille, tu me le promets ? Sois prudente Marie, garde tout ça pour toi, ne parle à personne.
Marie hocha la tête avant de réaliser que Jeannine ne pouvait la voir.
- Bien sûr, puis constatant qu’Ethan l’étudiait avec attention, elle se ressaisit. Moi aussi j’ai hâte de te revoir, même si… enfin tu me comprends, revenir à la bastide et ne pas y trouver papy je… je n’arrive toujours pas à réaliser. Elle sanglota de nouveau à chaudes larmes.
Ethan mit son bras autour de ses épaules pour la réconforter.
Il prit la direction des opérations et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il était efficace. Il fit en sorte de tenir à distance les journalistes, les curieux. Il éteignait la radio et la télé dès qu’elle pénétrait dans une pièce.
Marie ne put dormir de la nuit, elle resta lovée sur le canapé de leur loft et pleura toutes les larmes de son corps, Mistral vint se coucher sur ses genoux, comme pour apaiser son chagrin. Son esprit ne trouvait pas le repos, il y avait tant de questions sans réponses. Elle devait accepter la mort de papy et cette sordide histoire de suicide ! Cela faisait beaucoup, et surtout cela ne cadrait pas avec la personnalité de son papy.
- Tu devrais prendre un calmant, cela te permettrait de te reposer, d’avoir un peu de recul, de te ressaisir.
Marie en reniflant releva la tête.
- Mais c’est normal de pleurer, d’être triste c’est humain Ethan, humain ! Je n’ai pas envie d’être dans les vapes, d’accompagner papy pour sa dernière demeure dans un état second. Cet homme mérite de me voir droite à ses côtés, et mes larmes expriment tout mon amour. Alors je suis désolée si cela te dérange de me voir ainsi.
- Je voulais juste t’épargner un chagrin inutile, tu prends les choses trop à cœur, insista Ethan en mettant les mains devant lui comme pour s’excuser.
Mistral vint alors se frotter contre ses jambes. Il pesta une fois de plus.
- Tu avais besoin de ramener ce sale chat ici ? Je croyais qu’il devait vivre à la librairie.
- Je ne vais quand même pas l’abandonner là-bas. Je ne sais pas combien de temps je vais résider à la bastide, Mistral reste avec moi, un point c’est tout, il va nous accompagner en Provence. Si cela te gêne, tu n’as qu’à prendre un autre vol.
- Comment ça ? De quoi parles-tu Marie ? Nous avons des obligations, la vie continue. Nous ne pourrons pas rester longtemps là-bas, et arrête de faire ton enfant. Une fois de plus, tu laisses tes sentiments te guider, tu dois te montrer raisonnable et adulte. Quand à ce chat, fais en sorte qu’il ne se trouve pas sur mon chemin.
Ethan, serra les mâchoires à s’en faire mal, en fusillant du regard ce pauvre Mistral.
Marie prit une grande respiration, parfois il pouvait être si irritant. Elle avait de plus en plus de mal à le supporter, la passion s’était émoussée au fil du temps, ou alors elle avait mûri. Elle prenait de plus en plus conscience qu’ils n’aspiraient pas aux mêmes choses. Is s’éloignaient doucement l’un de l’autre. Chaque fois qu’elle abordait le problème, il le repoussait. Pour lui c’était juste une phase normale de la vie d’un couple, quand la routine s’installe. Marie elle, savait qu’il s’agissait d’un mal plus profond, elle soupira longuement. Ce n’était pas le moment de s’appesantir sur sa relation, une question plus importante la taraudait, qu’était-il arrivé à son papy ?
C’est dans un état second que Marie fit le voyage à bord d’un jet affrété spécialement pour eux, tout lui semblait si irréel. Un véhicule tout terrain les attendait à leur descente d’avion. Elle ne prêtait même plus attention aux remarques désagréables d’Ethan qui ne supportait pas la présence de Mistral. Elle regarda ses mains posées sur le volant, se contentant de hocher distraitement la tête de temps en temps, cependant un mot la fit bondir.
- Quoi ? Mais pourquoi veux-tu que je vende la Bastide ? C’est la maison de papy, le lieu où j’ai grandi.
- Tu vis à Paris avec moi ma puce, et je n’ai pas le temps de venir dans ce trou perdu, on ne capte même pas internet, c’est le bout, du bout du monde.
- Et alors, je l’aime moi ce trou perdu, on se reconnecte avec la nature et tout ce qui est essentiel.
Ethan tourna brièvement la tête vers elle.
- Tu veux rire ! Tu veux faire quoi ? Des retraites spirituelles ? Tu es déjà bien trop souvent dans la lune avec tous tes bouquins.
- Ce ne sont pas des bouquins comme tu dis mais des portes ouvertes sur des univers imaginaires ou réels, ils offrent un monde d’évasion. Un livre c’est…magique.
- Écoute ma puce, il est temps de grandir, dit-il d’une voix douce, comme un parent qui voudrait convaincre un enfant récalcitrant. La mort de ton grand-père va te permettre de tourner la page de ton enfance, d’avancer, de devenir adulte.
Marie vexée, croisa les bras sur sa poitrine.
- Ah ! Je ne savais pas que je te paraissais si puérile, si dénuée d’intérêt.
- Ce n’est pas ce que je dis, reprit-il en soupirant d’exaspération. C’est juste qu’il y a déjà cette différence d’âge entre nous et…
- Oh ! Et depuis quand c’est un problème ? Tu as quarante-deux ans, j’en ai vingt-cinq, mais ça tu le savais dès notre rencontre. Que se passe-t-il Ethan ? Je te fais honte ? Je fais tache dans ton monde de parvenus ?
- Tu conclus n’importe quoi ! Je veux juste dire, que ma position nécessite plus de présence à mes côtés, tu dois être mon reflet. Ton image est donc capitale, et toi, tu t’habilles toujours comme une étudiante, avec des jeans, et des tee-shirts, tu ne t’apprêtes pas convenablement.
- Eh bien dis donc, c’est ma fête ou quoi ? Si mon allure te dérange autant, je ne te retiens pas, précisa-t-elle furieuse tout à coup.
Il freina brusquement, la faisant bondir en avant.
- Je t’aime tout simplement, et tu le sais. Ce n’était pas une critique, je voulais juste te faire comprendre que… prendre un peu soin de toi serait un plus.
- Un plus ! Qu’est-ce que je m’en fiche ! Et entre nous Ethan, tu crois que c’est le moment de critiquer mon apparence ?
Il soupira longuement.
- Je suis désolé, tu as raison c’est malvenu de ma part.
Marie se renfonça dans son siège, le maudissant. Depuis la mort de papy une tension croissante existait entre eux. Elle secoua la tête, c’était peut-être normal, après tout, il était la personne la plus proche avec Jeannine, et elle savait qu’il n’appréciait pas papy. Elle avait sûrement besoin de se défouler sur lui, de passer ses nerfs, pour bloquer son chagrin, il lui servait d’exutoire.
Elle pouffa de rire, dans le fond elle avait peut-être besoin de son fameux calmant. Elle reporta son attention sur le paysage et les larmes coulèrent de nouveau. La garrigue, les oliviers, le chant entêtant des cigales, tout ça lui rappelait cruellement papy. La Bastide apparut alors devant elle, émergeant au milieu des vignes. Une femme, se tenait sous le porche.
Dès que la voiture s’arrêta, Marie en jaillit et se précipita en pleurant dans les bras de Jeannine. Cette pétillante sexagénaire était l’employée, mais aussi la fidèle amie de papy. Dans ce décor champêtre, elle détonnait, Jeannine était le raffinement incarné, elle paraissait bien plus jeune que son âge. Des yeux verts pétillants d’intelligence, une coupe au carré très soignée, des cheveux châtains et des tenues très stylées, oui c’était bien sa Jeannine, celle qui la consolait quand elle était enfant, et le temps ne semblait pas avoir de prise sur elle.
- Eh bien ! Ma p’tite, tu n’es pas bien grosse, et ce teint pâlot ne te va pas. Je te l’ai dit que l’air de la grande ville n’était pas bon pour la santé. En plus avec cet immense chagrin, tes jolis yeux marron sont cernés de noir. Tu sais ce qu’aurait dit papy ?
Marie renifla doucement et essuya ses larmes.
- Oui qu’avec de si jolies billes noires à la place des yeux, on ne devrait jamais pleurer, que ce serait un beau gâchis. Oh ! Je n’arrive toujours pas à y croire. La Bastide sans lui… c’est terrible, cela m’arrache le cœur. Je le revois ici me faisant signe dès que j’arrivais, avec son doux sourire. Il me manque tant, mais que s’est-il passé ?
- La peur de vieillir, la solitude, que sais-je ? Reprit d’une voix déterminée Ethan, en s’approchant des deux femmes. Au fait, nous ne pourrons pas rester plus longtemps que prévu. Je dois retourner sur Paris juste après l’enterrement. En plus, c’est parfait ce sera bref, il va être incinéré, conclut-il en pénétrant dans la maison, après avoir salué d’un bref hochement de tête Jeannine.
Marie sentit un froid glacial s’emparer de tout son être, il pouvait se montrer si inhumain parfois.
- Pff ! Mais qu’est-ce que tu lui trouves ? Pierre ne l’appréciait pas, il disait qu’il avait le cœur sec. D’ailleurs je n’ai jamais aimé les blonds, on ne peut pas leur faire confiance, précisa Jeannine de son regard vert acéré.
Marie esquissa un petit sourire tremblant.
- Papy aurait dit la même chose de tout homme s’approchant trop près de moi. C’est normal, il m’aimait et voulait me protéger, affirma Marie en souriant tendrement. En ce qui concerne les blonds, tu ne les portes pas dans ton cœur, car ton ex-mari l’était.
- Ce n’est pas faux ! Et il ne m’a apporté rien de bon. Quand je regarde ton Ethan, il me fait penser à un serpent ! Ce gars, est de l’espèce des cobras à mon avis, insista son amie.
Marie pouffa de rire.
Elle suivit dans la maison Jeannine avec le cœur serré, tous les souvenirs affluaient comme un torrent déchaîné. C’était si douloureux, qu’une envie de faire demi-tour s’empara d’elle. Elle vit sa veste accrochée à une patère, et Marie ne put se retenir d’y enfouir son visage, y retrouvant le parfum familier de son papy, elle sanglota à s’en faire mal. Ethan avait peut-être raison, se séparer de cette demeure, lui permettrait de surmonter son chagrin, mais… Au même moment un aboiement se fit entendre et Mistral dans sa cage feula. C’était Fanfan l’épagneul de papy. En pleurant Marie tomba à genoux.
- Oh ! Mon tout beau, à toi aussi il doit terriblement manquer. C’est impossible, qu’il ait pu mettre fin à ses jours, il t’aimait tant, il ne nous aurait jamais fait ça, dit-elle en se tournant vers son amie, quêtant son approbation.
Jeannine hocha la tête avec détermination, en pinçant les lèvres.
- Au fait, tu voulais me parler ? Demanda Marie en se redressant tristement.
Jeannine regarda les escaliers menant à l’étage, qu’Ethan venait d’emprunter. Puis, elle se pencha pour ouvrir la boîte de transport de Mistral, qui sortit en faisant le gros dos, devant ce pauvre Fanfan qui se tassa sur lui-même.
Marie ne put s’empêcher de pouffer de rire.
- Décidément certaines choses ne changent pas, c’est toujours ce coquin de Mistral qui règne en maître, rien ne peut lui faire peur, il a une haute opinion de lui. Alors Jeannine que voulais-tu me dire ?
- Tout à l’heure, seule à seule. Monte dans ta chambre, je vous servirai le repas dans une heure et ensuite nous irons faire un tour toutes les deux, avec Fanfan, comme au bon vieux temps et sans ton… gorille parisien.
Marie s’esclaffa avant de se pencher vers sa vieille amie, pour déposer tendrement un baiser sur sa joue.
- Je te trouve bien mystérieuse, mais moi aussi je veux te parler, alors d’accord, nous jouerons les conspiratrices.
En entrant dans la chambre, elle trouva Ethan son téléphone à la main, en train de pester contre ce « trou perdu ».
- Quelle idée de vivre loin du monde, je n’arrive même pas à passer un appel. J’ai hâte de retourner à la civilisation.
Marie ne put s’empêcher d’être furieuse, il ne faisait aucun effort. C’était surprenant, mais depuis l’annonce du décès de papy, il montrait des signes d’exaspération, de nervosité. Il n’était pas dans son état normal, et ce n’était sûrement pas dû au chagrin, les deux hommes ne s’appréciaient pas. On aurait dit qu’il était pressé de se débarrasser de toutes les obligations liées au décès de papy.
Au cours du repas son humeur ne s’améliora pas.
- Je croyais vous avoir dit que je détestais les carottes et vous me faites un bœuf bourguignon, vous le faites exprès ou quoi ? S’écria-til furieux en se tournant vers Jeannine.
Celle-ci eut un petit sourire en coin.
- C’est probablement à cause de mon âge, vous savez on oublie beaucoup de choses. Je suis désolée, vous n’avez qu’à trier, précisa-telle en faisant un clin d’œil discret à Marie.
Oh ! Son amie avait bien toute sa tête, c’était juste sa façon d’exprimer son mécontentement face à Ethan. Après le repas, ce dernier décréta qu’il devait se rendre au village pour se reconnecter à la civilisation, il devait joindre son assistant au plus vite.
- À la bonne heure, bon vent ! s’écria joyeusement Jeannine, en mettant son bras sous celui de Marie tout en regardant la voiture s’éloigner. Viens je dois te parler. Elle siffla Fanfan qui rappliqua avec ce brave Mistral qui le suivait, ces deux-là formaient une jolie paire.
Marie se sentant fatiguée, Les deux femmes renoncèrent à leur petit tour et s’installèrent finalement dans la bibliothèque de papy, l’endroit favori de Marie. Elles prirent place sur le vieux canapé en velours gris.
- Alors ? Demanda timidement Marie le cœur battant.
- Pff ! Il ne s’est pas suicidé, c’est impossible.
- Mais il est mort d’une balle dans la tête. Si ce n’est pas un suicide, alors cela veut dire que… Non c’est impensable. Qui aurait pu vouloir faire du mal à papy ? C’était la gentillesse incarnée.
- Depuis quelques temps Pierre avait changé, il était devenu mystérieux, il restait de longues heures enfermé dans son bureau, et certains jours il ne voulait pas que je vienne à la Bastide. Vous avez droit à un RTT qu’il me disait en souriant. Je sais qu’il recevait un visiteur, je retrouvais deux verres dans l’évier, ou deux tasses. À chaque fois que je l’interrogeais, il évitait de répondre, tu sais comme il aimait plaisanter, il détournait toujours la discussion, oh ! C’était un malin ton papy.
- Oui ! Ça c’est bien vrai, reconnut avec tendresse Marie.
- Qu’est-ce qu’il voulait te cacher d’après toi ? Insista-t-elle.
Jeannine haussa les épaules.
- Oh ! Ne me prends pas pour une idiote, je te connais, tu es curieuse comme une pie, tu as bien dû fouiner un peu ?
Cette dernière prit un air coupable.
- C’est juste parce que je m’inquiétais, mais ton grand-père était devenu secret, méfiant. Tu sais depuis son accident il…
- Quel accident ? L’interrompit brusquement Marie.
- Quelqu’un lui a coupé brusquement la route alors qu’il revenait en vélo, il a chuté lourdement et s’est luxé l’épaule droite. Voilà aussi pourquoi je n’y crois pas à ce suicide. Pierre avait du mal à utiliser sa main, il devait justement faire des séances de kinésithérapie, comment aurait-il pu manier une arme ? D’ailleurs il n’en possédait aucune, mais ça ils s’en fichent.
- Tu en as parlé à la police ?
- Bien sûr ! Dès qu’on a retrouvé son corps hier matin. Ils m’ont dit qu’ils mèneraient l’enquête, que je devais retourner à mes affaires. L’officier m’a affirmé qu’un homme déterminé pouvait trouver la force d’actionner une arme. Je te jure ! Avec ceux-là l’enquête n’aboutira pas. Ils ne verraient pas un éléphant au milieu des vignes. Je suis persuadée qu’une personne l’a tué.
Marie se redressa brusquement, un meurtre ! C’est impossible ! Ethan avait peut-être raison, elle devait prendre du recul, le chagrin l’empêchait de réfléchir.
- Il y a toujours son vélo dans le garage ?
- Oui mais pourquoi ?
- Je vais me rendre au village, à la gendarmerie pour être précise, je veux comprendre cette affaire.
- Mais ils ne te diront rien.
- Les silences sont parfois plus éloquents qu’un long discours. Pourquoi la police refuserait-elle de mener l’enquête s’il s’agit d’un meurtre ? Je veux le savoir.
Jeannine hocha la tête avec gravité.
- Ne leur parle pas de ce visiteur inconnu, ton père m’avait un jour demandé de garder cela pour moi quoi qu’il arrive. Marie… ne te fie à personne même pas à ton…gorille parisien.
- Jeannine, où… où se trouve son corps ? J’aimerais me recueillir près de lui.
- Oh ! Je suis désolée, mais il a été emmené par la police. Ils n’ont pas voulu m’en dire plus, ils ont juste précisé qu’ils nous le rendront pour les funérailles.
Marie l’observa un long moment en silence, avant de s’en aller. Mon Dieu, avec tout ça elle avait oublié qu’elle devait organiser l’enterrement, puis elle se rappela qu’Ethan avait assuré vouloir s’en charger. Tout en pédalant vers le village Marie ne cessait de réfléchir, son esprit s’emballait. Une angoisse étreignait son cœur, que se passait-il ? Quels secrets auraient pu provoquer la mort de papy ? Et si tout cela n’était que des divagations ? Elle secoua la tête. Jeannine avait toujours eu un esprit lucide, pratique, pourquoi inventerait-elle un scénario aussi rocambolesque ?