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Sawyer est un homme blessé par la vie. Accusé à tort par la police il a été emprisonné. Cela l'a rendu aigri, il se tient à l'écart des gens, de peur d'être de nouveau trahi. Aussi quand sa tante lui demande de s'occuper d'un chien spécial il est surpris, et ne s'attendait pas à accueillir chez lui un chien policier, Sam. Le destin l'obligera même à se rapprocher de son ancien maître un... policier. Tout oppose ces deux hommes, leur seul lien Sam. Ils vont apprendre à se connaître et s'apprécier, ils devront mener une enquête pour aider un de leurs amis. Ce roman est réservé à tous les amoureux des animaux. Vous y découvrirez ce lien magique, unique qui existe entre un homme et son petit compagnon, et une belle histoire d'amitié. Quand la vie vous offre une seconde chance. Une aventure pleine d'espoir, un moment d'évasion et de bonheur.
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Seitenzahl: 229
Veröffentlichungsjahr: 2020
CHAPITRE I
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
CHAPITRE XI
CHAPITRE XII
CHAPITRE XIII
ÉPILOGUE
Une chaleur intense régnait dans l’habitacle de son vieux pick-up. Sawyer poussa un juron, mais pourquoi le gardait-il ? Il gagnait bien sa vie, il aurait pu se prendre un modèle dernier cri. Oui mais voilà, il était attaché à ce vieux tas de ferraille tout rouillé. C’était le véhicule de son mentor, le seul homme pour qui il avait éprouvé une affection sincère. Pour Sawyer le vieux Buddy avait été un père génial, en tout cas, plus que son propre bon à rien de géniteur.
Il freina brusquement devant un bâtiment tout aussi vétuste que sa voiture, un nuage de poussière s’éleva. Sawyer s’essuya le front avec sa manche. Jamais le Texas n’avait connu un mois d’avril aussi chaud. Il s’étira tout heureux, la matinée avait été fructueuse, il venait d’acheter deux maisons aux enchères, et donc beaucoup de travail en perspective pour son équipe. Sa société était florissante, il pouvait être fier de lui.
C’était Buddy qui lui avait tout appris, cette vieille tête de mule lui manquait, et comme à chaque fois qu’il pensait à lui, Sawyer sentit sa gorge se serrer. Ce vieux cow-boy avait monté cette société dans les années cinquante. N’ayant ni enfant ni famille, il l’avait considéré comme son propre fils, lui apprenant toutes les ficelles du métier et lui laissant tout en héritage.
Ce furent des aboiements bruyants qui tirèrent Sawyer de sa mélancolie, il n’aimait pas s’appesantir sur le passé, Buddy lui avait enseigné de toujours regarder vers l’avant. Il répétait sans cesse qu’un cow-boy ne pleure jamais, qu’il tombe et se relève pour mieux repartir, et Sawyer voulait que de là-haut son ami soit fier de lui. Il avança d’un pas nonchalant vers le bureau, il avait promis à sa tante Meg de venir la chercher à l’heure convenue au refuge « La seconde chance ». À chaque fois qu’il voyait ce panneau cela le faisait sourire, car après tout Buddy aussi avait été sa deuxième chance.
Il entendit la voix de sa tante et celle de Cassie la responsable du refuge. Celle-ci était arrivée à Woodway un an auparavant, laissant tomber sa carrière prometteuse à New-York pour s’occuper des animaux en détresse. C’était une jeune femme de vingt-huit ans, une jolie brune aux yeux bleus. Sa tante ne cessait de vanter ses qualités, mais Sawyer se sentait intimidé, inférieur, il n’aurait pu l’exprimer clairement mais elle l’impressionnait. En cow-boy bien éduqué, il toqua sur la porte et les salua en ôtant son chapeau, encore une chose que le vieux Buddy lui avait appris.
- Ah ! Te voilà, Alors cette vente s’est bien passée ? Demanda joyeusement sa tante Meg.
Sawyer sourit en la regardant. Meg était pétillante, on ne lui donnait pas cinquante-cinq ans, avec ses cheveux blonds et bouclés, toujours relevés en chignon sur le haut de sa tête, et ses yeux bleus malicieux. Elle était sa seule famille et il l’aimait de tout son cœur.
- Absolument M’dame, répondit Sawyer en posant son chapeau sur un meuble avant de s’asseoir sur une chaise. Il se frotta le menton et grimaça, il était temps qu’il se rase. Sa tante l’observa les yeux plissés, pendant que Cassie rangeait des dossiers dans une armoire.
- Sawyer s’il te plait, tu veux bien nous rendre un service ? Va au box vingt et donne la gamelle posée sur le meuble derrière toi, à ce pauvre Samson, pendant que nous terminons ici.
Sawyer tourna la tête vers la gamelle puis regarda sa tante avec attention, elle avait une drôle de tête comme si elle manigançait quelque chose. Il la connaissait bien mais l’adorait. Sa tante avait un cœur immense, toujours à vouloir aider ceux qui en avaient besoin.
- Mais pourquoi moi ? rétorqua-t-il grincheux comme un enfant récalcitrant. Je viens juste d’arriver Meg, en plus tu ne fais rien.
- Oh ! Toujours à râler. Voilà pourquoi tu resteras vieux garçon Sawyer, répliqua sa tante en croisant les bras sur sa poitrine. Nous sommes très occupées. Le doux regard chocolat de Sawyer posé sur elle, mit à mal sa détermination, elle dut se mordre les lèvres pour conserver une attitude déterminée.
Il entendit Cassie qui lui tournait le dos, pouffer de rire discrètement.
Sawyer pesta en se levant pour saisir la gamelle. Au même moment, il entendit sa tante pousser un soupir à fendre l’âme, il se retourna pour mieux l’observer.
- Prends ton temps, reste un peu avec lui, c’est… un de ses derniers repas.
À ces mots Cassie se retourna brusquement l’air étonné, fixant Meg avec attention.
- Comment ça, un de ses derniers repas ? Tu veux dire quoi par-là ? Il est mourant ? Interrogea-t-il abasourdi.
Sa tante prit un air triste, en baissant la tête.
- Ce… ce pauvre chien est trop malheureux au refuge, il ne se nourrit plus, il se laisse mourir, nous sommes obligées de le faire piquer.
Ce fut le bruit d’un dossier tombant au sol qui brisa le silence, Cassie se baissa promptement pour le ramasser, puis se redressa rouge de confusion, se mordillant les lèvres en l’observant.
Sawyer était stupéfait, c’était sa tante qui l’avait convaincu d’accueillir sur ses terres Cassie et son refuge. La banque avait racheté le terrain qu’elle louait, elle s’était retrouvée du jour au lendemain à la rue avec plus de soixante-dix chiens. Meg l’avait supplié de trouver une solution pour éviter l’euthanasie à tous ces malheureux et voilà qu’elle voulait piquer un chien ? Ce n’était pas logique. Qu’est-ce que cet animal avait donc de spécial ? Car il en était certain, sa tante manigançait quelque chose mais quoi ?
Il décida d’aller voir ce fameux Samson, ensuite il interrogerait Meg. Comment ce petit bout de femme d’un mètre soixante pouvait donc le manipuler aussi facilement. Il mesurait un mètre quatre-vingt-quinze, pesait plus de cent dix kilos, et elle arrivait toujours à le mener par le bout du nez.
D’un pas lourd, il se dirigea vers les box. Il avait dû avec son équipe, monter un refuge en un temps record, Sawyer secoua la tête, là encore sa tante avait réussi à le persuader de laisser tomber tous ses chantiers en cours pour venir en aide à Cassie.
Il n’aimait pas passer devant tous ces pauvres chiens, chaque regard le transperçait en plein cœur. Comment pouvait-on abandonner, ou faire du mal à une bête ? Cela le dépassait complètement, certains individus étaient si cruels.
Voilà, le numéro vingt, pensa-t-il en s’approchant doucement, Il l’observa un long moment, Samson était un magnifique berger malinois, avec le museau noir, et des yeux dorés d’une tristesse absolue. Il était allongé dans un coin du box, la tête posée entre ses pattes, il n’aboyait pas comme les autres, non ! Il restait là d’un air accablé, semblant indifférent à ce qui se passait autour de lui. Il avait renoncé ! Il ne se battait plus. Sawyer le comprit au premier regard, et cela lui brisa le cœur. Qu’avait-il donc subi pour en arriver là ?
Il s’accroupit devant les barreaux penchant la tête pour mieux l’étudier. Oui ce chien n’attendait plus rien de la vie, il connaissait bien ce sentiment. Avant de rencontrer Buddy et de retrouver Meg, Sawyer avait ressenti la même chose, la désillusion. Il s’était souvent demandé à quoi cela servait de vivre quand on n’a plus d’espoir, de rêves. Heureusement la vie lui avait offert une seconde chance. Il sentit une colère monter en lui, qui avait pu maltraiter ce chien ? L’abandonner ainsi, le brisant à jamais. Il mit la main sur la fermeture du box, puis regarda Samson attentivement.
- Attention mec, si tu me bouffes je serai vraiment ton dernier repas, tu m’as bien compris.
Samson ne bougea même pas, il semblait s’être isolé du monde qui l’entourait, comme dans une bulle. Sawyer sentit une crispation au plus profond de lui, mais qu’attendait Meg de sa part ? Il ne connaissait pas grand-chose aux chiens, c’était son truc à elle ça. C’était pour lui faire plaisir qu’il avait construit ce refuge. Il s’approcha doucement et décida de s’asseoir juste à côté du chien, allongeant ses grandes jambes, croisant les chevilles. Il posa la gamelle sur ses genoux espérant que Samson relèverait la tête, mais rien n’y fit, il ne semblait même pas avoir conscience de sa présence.
- Eh mec ! Tu files un mauvais coton, elles ont décidé d’abréger tes souffrances. Bien sûr, je ne sais pas ce que tu as vécu jusqu’à ce jour, mais… Sawyer s’arrêta brusquement, il venait de remarquer que Samson avait été amputé d’une patte arrière.
Il posa doucement sa main sur le flanc du chien, et il put sentir celui-ci prendre une grande respiration comme si cette pauvre bête avait le cœur trop lourd. Une peine si immense qu’il n’arrivait pas à surmonter son chagrin.
- Waouh ! J’ai l’impression que la vie ne t’a pas fait de cadeaux, mais tu sais crois en mon expérience, tout peut changer. Il faut juste ne jamais baisser les bras. On m’a dit un jour, qu’un cow-boy ne pleure jamais, il tombe et se relève pour mieux repartir.
Samson releva la tête et tourna doucement la tête vers lui, son regard empreint d’une tristesse infinie. Machinalement Sawyer prit un peu de nourriture avec la main qu’il lui tendit, celui-ci huma méfiant cette main, puis releva les babines pour se saisir du morceau de viande.
- C’est bien mon gars, écoute-moi bien, je parlerai à ma tante. Elle a du cœur, si tu fais un effort, elle ne te fera pas… Sawyer se racla la gorge, il n’osait pas prononcer ce mot devant lui.
Quel grand idiot, pensa-t-il en secouant la tête, voilà qu’il parlait à un chien et s’inquiétait de ses sentiments, sa tante maudite soit-elle le perturbait. Dire qu’il était arrivé tout heureux pour fêter sa matinée de travail, et voilà que ce chien dont il ne connaissait rien, le touchait au plus profond de lui. Pour un cow-boy, il avait plutôt le cœur Chamallow.
Samson avait des yeux magnifiques en amande, de la couleur de l’or, son museau noir semblant faire écrin à ce regard qui vous transperçait jusqu’à l’âme. Il mit sa main sur le dessus de sa tête et commença à le caresser.
- Mec, il ne faut jamais renoncer. Tu sais j’ai grandi seul avec mon paternel et crois-moi ce n’était pas un cadeau, Sawyer eut un petit rire sarcastique. Oh non ! Le pire bonhomme pour un enfant. Il m’a trahi, tu imagines, moi son propre fils, il m’a trahi !
Il posa sa main sur la patte du chien qu’il serra doucement. Celui-ci semblait l‘écouter avec attention.
- Mais au final cela m’a rendu plus fort, méfiant d’accord, mais plus fort, et toi aussi tu te remettras de cette trahison. Alors ne laisse pas ce pourri te briser le cœur.
Sawyer entendit du bruit il releva la tête et vit Meg qui l’observait avec dans son regard une gravité qui le déstabilisa. Il se sentit rougir, penaud de s’être montré fragile, sensible, il n’aimait pas s’apitoyer sur lui-même, il se racla la gorge pour chasser l’émotion qui l’étreignait. Prestement il se releva donna une dernière caresse à Samson avant de sortir.
- Je crois que tu devrais donner un peu plus de temps à ce chien il le mérite, et puis tu le regretteras Meg, c’est une brave bête. Accorde-lui un délai supplémentaire il en a besoin, c’est tout.
Meg secoua ses boucles et lui tourna le dos, se dirigeant vers le parking.
- Non ! Il souffre trop, il n’arrive pas à surmonter la situation, nous devons abréger ses souffrances. Cela fait des jours qu’il reste ainsi apathique dans un coin, il s’affaiblit, ne laisse personne s’approcher. C’est un miracle que tu sois encore entier, précisa-t-elle en le détaillant de haut en bas.
- Quoi ! Il aurait pu me bouffer et tu ne m’as rien dit ? S’insurgea Sawyer furieux tout à coup.
Meg mit ses mains sur ses hanches.
- De quoi tu te plains ? Tu as deux jambes, deux bras et une tête, donc tout va bien, répliqua-t-elle avec un petit sourire en coin. Bon ! De toute façon Cassie a appelé le véto, il ne va pas tarder à arriver.
Sawyer sentit son cœur s’emballer, que lui arrivait-il ? Il aperçut au loin un nuage de poussière, une voiture approchait. Sûrement ce maudit véto. Meg s’installa dans la voiture tout en détaillant attentivement Sawyer. Celui-ci pinçait les lèvres, mais pourquoi le sort de ce chien lui importait-il autant ? Peut-être parce qu’il n’avait pas eu sa seconde chance et qu’il trouvait cela injuste. Il eut subitement l’impression d’étouffer, sûrement cette maudite chaleur, mais non ! Il sentait très bien que c’était autre chose, il était hanté par le doux regard de Samson. Il savait qu’il allait regretter sa décision, mais il n’avait pas le choix, il devait le faire. Il jura entre ses lèvres, tapa violemment sa main sur le capot de sa voiture faisant sursauter Meg.
- Je l’adopte !
- Quoi ! Comment ça tu l’adoptes ? C’est trop tard Sawyer.
- Non pas question ! Il a droit à une seconde chance. Meg sort de cette voiture immédiatement, tu vas me remplir ce fichu contrat d’adoption maintenant, avant que ce vautour ne lui fasse du mal.
Sa tante se mordilla les lèvres, obéissant à cet ordre vociféré avec tant de rage. Elle se dirigea vers le bureau. Cassie surprise haussa les sourcils et Meg lui fit un clin d’œil. Sawyer marchait de long en large guettant l’arrivée de ce maudit véto. Tant qu’il n’aurait pas signé cette adoption il n’arriverait pas à se calmer, il tapota son stetson sur sa cuisse d’un air rageur.
Cassie le regarda attentivement, Sawyer était impressionnant. La première fois qu’elle l’avait rencontré, elle s’était sentie intimidée. D’une stature très imposante, il posait sur les gens un regard très sombre, glacial qui semblait vous jauger, avec sa barbe noire de trois jours on aurait dit un Bad boy. Grâce à Meg elle avait découvert un homme chaleureux sous cette carapace d’homme froid et dur, dont il semblait ne jamais se séparer.
Il prit une grande respiration et remarqua Cassie qui l’observait avec attention, elle devait sûrement le prendre pour un fou. Ce chien l’avait envouté, il ne voyait pas d’autre explication à son comportement.
- Tiens ! Voilà tu signes ici, tu t’acquittes de la somme due, et Samson sera à toi.
Sawyer d’un geste rageur lui prit le stylo des mains apposa sa signature, puis tendit sa carte bancaire à Cassie qui regardait Meg d’un air incrédule.
- Bon ! Je vais chercher Samson, dit-elle d’une voix tremblante en s’esquivant rapidement dans le couloir après lui avoir rendu son moyen de paiement.
Un homme jovial s’approcha d’eux, il tapota le dos de Sawyer.
- Alors quoi de neuf ? Interrogea-t-il en le regardant.
- Désolé Doc, rétorqua Sawyer en brandissant le document, tu arrives trop tard, Samson est à moi, tu peux repartir.
Le vétérinaire ouvrit la bouche en grand, le regard incrédule.
- Samson ? Mais je croyais, dit-il en se tournant vers Meg que je devais soigner les chatons que vous avez reçus hier au refuge. C’est quoi le problème avec Samson ?
Celle-ci se mit à rougir et tira par la manche un Sawyer stupéfait.
- Nous devons y aller Doc, je suis désolée. Cassie t’expliquera tout. Attends la dans son bureau, elle n’en a pas pour longtemps, merci encore d’être venu si vite, précisa-t-elle en entraînant Sawyer vers la sortie.
Cassie se tenait à côté du véhicule avec Samson assis sagement.
- Tu peux m’expliquer ? C’est quoi ce cinéma ? J’ai l’impression de m’être fait manipuler. Tu sais que je déteste cela Meg, marmonna Sawyer, furieux en fronçant les sourcils.
- Oh ! Toujours les grands mots. Merci Cassie, dit-elle en souriant à son amie. On se revoit demain. Allez Sawyer dépêche-toi, il fait trop chaud pour rester ici.
Il salua Cassie, puis claqua si fort sa portière, que Samson assis à l’arrière se redressa brusquement.
- Oh ! Sawyer s’il te plait, porte lui son dernier repas, reprit-il en imitant de façon exagérée sa tante. Tu sais ce que tu es Meg ? Une…une. Bon sang ! Je ne trouve même pas le mot pour exprimer ma colère.
- Alors ne dis rien c’est aussi bien, conclut-elle en lui jetant un regard furtif.
Il tapa violemment sur le volant.
- Tu savais que je ne voulais pas de chien.
Samson à l’arrière se mit à gémir, puis se coucha tristement sur la banquette.
- Regarde ce que tu fais, Sawyer, cette pauvre bête est malheureuse.
- Moi ! Je lui fais quoi ? C’est toi la responsable, rétorqua-t-il en chuchotant pour ne pas vexer l’animal.
Puis il se redressa, voilà à peine deux minutes qu’il avait un chien, et il se comportait comme un gros débile, évitant de peiner un animal. Il secoua la tête, furieux.
- De toute façon maintenant il est à toi, alors cesse de ronchonner. J’ai faim moi, qu’attends-tu pour démarrer ?
Il enclencha la marche arrière, le véhicule souleva un nuage de poussière. Sa tante regardait par la fenêtre, un silence pesant régnait dans le véhicule. Il n’aimait pas se disputer avec Meg mais, là, elle avait été trop loin. Qu’allait-il faire de ce chien ?
- Et si on le gardait jusqu’à ce que tu lui trouves une bonne maison ? Demanda-t-il la voix pleine d’espoir.
Sa tante poussa un long soupir. Puis le regarda d’un air suppliant.
- Écoute… je sais que je t’ai un peu forcé la main, mais…
- Un peu, non mais je rêve, tu m’as trompé Meg c’est différent.
Elle se mordilla les lèvres d’un air penaud, coupable. Elle baissa la tête tristement et Sawyer sentit une crispation au niveau du cœur. Il ne voulait pas faire de peine à Meg, il ne lui restait plus qu’elle. La seule personne avec le vieux Buddy à avoir toujours été là pour lui. Il se racla la gorge pour desserrer le nœud qui s’y trouvait. Bon ! Après tout ce n’était qu’un chien. Il y avait suffisamment de place chez eux pour lui. Il jeta un coup d’œil furtif dans le rétroviseur, Samson semblait toujours aussi miséreux. Il méritait lui aussi une seconde chance.
- Ce chien est… particulier, reprit sa tante en le regardant avec attention. Il était trop malheureux dans son box et ne méritait pas ça.
Il poussa un long soupir de capitulation.
- C’est quoi son histoire, quel est le pourri qui l’a abandonné ?
- Oh non ! Ce n’en est pas un, c’est… c’est compliqué. Une séparation forcée, son maître aurait voulu le garder, mais il n’a pas pu faire autrement. En fait, il doit être aussi malheureux que Samson.
- Sam !
- Quoi ? Comment ça Sam ? L’interrogea-t-elle le cœur battant d’espoir.
- Tu l’as dit, c’est mon chien maintenant. Alors Samson c’est bizarre, cela me fait penser à chaque fois à Samson et Dalila et, précisa-t-il en jetant de nouveau un œil dans le rétroviseur cela ne lui va pas. Je préfère Sam.
Meg eut un sourire éclatant et mit sa main sur le bras de Sawyer qui conduisait.
- J’adore aussi, merci Sawyer, je savais que tu comprendrais.
- Ouais ! Mais attention Meg, plus d’entourloupes, je te préviens. La prochaine fois tu me demanderas directement.
- Oh ! Tu serais d’accord pour prendre d’autres animaux ?
- Meeeeg non ! Grommela-t-il d’un regard noir incandescent.
Elle se tut en se mordillant les lèvres, Sawyer avait un cœur en or, mais il avait été si profondément trahi qu’il cachait ses émotions, ses sentiments sous une rudesse qui lui servait de carapace protectrice.
Il s’arrêta devant un long bâtiment entièrement rénové. C’était en fait un vieux ranch dans lequel Buddy avait installé son entreprise. Sawyer ressentait un immense bonheur, ce lieu était sa maison. Sa tante Meg vivait dans une petite maison située juste à côté, elle tenait à avoir son indépendance.
Un jeune homme se précipita vers eux, c’était Tyler, âgé de dix-sept ans, blond avec un regard vert empreint d’une tristesse qui ne le quittait jamais. Il était grand et se tenait toujours vouté comme si le poids de la misère du monde reposait sur ses frêles épaules. Mais en voyant le chien son visage se transforma, un grand sourire l’illumina.
- Waouh ! On a un chien maintenant ? S’exclama-t-il joyeusement. Tu as réussi à le convaincre Meg ?
- Pas maintenant Tyler, pas maintenant ! Bougonna Sawyer. Veux-tu bien lui trouver un endroit dans la maison et lui installer une couverture et tout le nécessaire ?
Tyler opina de la tête tout en caressant Sam qui semblait effrayé par tous ces changements, il l’entraîna vers le porche. Sawyer l’observa un long moment.
- J’ai l’impression que ce n’est plus une maison mais l’arche de Noé, soupira-t-il une nouvelle fois.
- Tu es un homme bon, Sawyer pas comme ton bon à rien de père. Ma sœur aurait été fière de l’adulte que tu es devenu. Regarde tu as une entreprise florissante, tu as su accueillir Tyler qui squattait dans une de tes maisons. Sans toi, Dieu seul sait ce qu’il serait devenu. Aujourd’hui il a un foyer, une famille, il apprend un métier, oui tu es quelqu’un de bien, et voilà que tu offres une seconde chance à Sam.
Sawyer rougit sous les compliments de sa tante. Il regarda ce duo étonnant que formait Tyler et Sam, deux exclus de la vie. Il avait trouvé le premier dans une vieille bâtisse qu’il venait d’acheter, maigre et miséreux. Il fuyait une famille d’accueil dans laquelle il avait été placé, une parmi tant d’autres.
Ce jeune n’avait pas eu beaucoup de chance, bien sûr il aurait dû le signaler au service de l’enfance. En agissant ainsi, Sawyer savait qu’il ferait fuir de nouveau cet adolescent. Il devait d’abord l’apprivoiser, lui redonner confiance, il connaissait bien ce sentiment. Il s’était retrouvé dans ce jeune en perte de repères, sûrement la raison pour laquelle il l’avait accueilli. Sawyer lui avait installé une maison jouxtant celle de Meg, un endroit bien à lui pour qu’il se sente en sécurité.
Sam restait prostré à l’entrée du salon sur la couverture que Tyler avait installée pour lui, observant les membres de sa nouvelle famille, il n’aboyait pas, ne manifestait aucune joie, non il se contentait d’observer d’un regard méfiant.
- Eh ! Tu as mis celle que j’utilise le soir quand il fait froid, bougonna Sawyer.
- Il fait une chaleur incroyable tu l’as dit toi-même, ce mois d’avril est caniculaire, tu ne risques pas de l’utiliser, se moqua gentiment Meg en lui faisant un clin d’œil.
- Ce n’est pas une raison, persista Sawyer en fronçant les sourcils, mais en regardant Sam il ressentit un pincement au cœur, après tout ce n’était qu’un plaid, il en avait d’autres et si Sam l’appréciait, eh bien ! Tant mieux.
Il soupira de nouveau et se dirigea vers la cuisine, il lui fallait une bonne bière fraîche avant le repas. Meg s’activait aux fourneaux, écoutant Tyler lui raconter sa matinée. Sawyer se surprit à sourire, oui ils formaient un groupe atypique, mais c’était bien une famille aimante. Meg avait le don d’apaiser, de réconforter, ses sourires charmaient. Appuyé négligemment d’une hanche sur le comptoir de la cuisine, il repensa à tout son chemin parcouru.
Élevé par son vaurien de père, il ne se souvenait même plus de sa mère décédée quand il n’avait que trois ans. Auprès de son paternel sa vie avait été chaotique. Il avait vu se succéder une ribambelle de petites amies qui s’occupaient plus ou moins de l’enfant perdu et malheureux qu’il était. Meg la sœur de sa mère avait bien essayé de le récupérer, mais pour fuir cette famille jugée envahissante, son père avait changé d’état. Sa tante ne l’avait retrouvé que bien des années plus tard, c’était alors un jeune homme blessé, trahi qui ne croyait plus en l’humain. Oh ! Il en avait fallu de la patience à Meg pour l’apprivoiser, lui faire comprendre que certaines personnes méritaient qu’on leur fasse confiance, qu’on les aime. Elle avait appliqué la même technique avec Tyler et celui-ci depuis un an qu’il partageait leur vie, semblait plus équilibré, plus serein. Meg les considérait comme ses fils cela le fit sourire.
- Bon ! Tyler mets la table s’il te plait, et toi Sawyer donne cette gamelle à ce pauvre Sa… Sam, il n’a pas eu le temps de manger au refuge.
- Quoi ! En plus je dois le nourrir ? S’insurgea Sawyer faussement outré.
- Tu as signé, tu t’es engagé, c’est ton chien, ta responsabilité, précisa Meg en haussant les sourcils.
- Ouais ! Disons surtout que je suis tombé dans un piège, rondement ficelé par la reine des manipulatrices.
Meg pouffa de rire, puis déposa un baiser sur sa joue.
- Il a besoin de nous. Si je te l’avais demandé tu aurais réfléchi pendant des siècles, comme tu fais toujours et au final tu aurais accepté. Alors, j’ai juste précipité ta décision c’est tout.
- Là, elle marque un point, affirma Tyler en regardant Sawyer.
- Comment ça ? On dirait que je suis incapable de prendre une décision.
- Disons que c’est dans l’urgence que tu es le meilleur. Tu agis, tu es prompt à décider, mais si on te laisse le choix, si tu sais que tu as le temps alors là, soupira-t-elle en secouant la tête il te faut une éternité.
- Ouais ! Ça c’est bien la vérité, confirma Tyler en hochant la tête.
- N’importe quoi, rétorqua, vexé Sawyer.
- Oui la preuve, tu hésites pour changer ta voiture alors qu’elle est naze, précisa Tyler en levant son pouce. Tu refuses de refaire la déco sous prétexte que c’était la maison de Buddy, dit-il en levant l’index. On te l’a demandé, mais on attend toujours ta réponse.
Sawyer se frotta le menton, ils n’avaient pas tort, il évitait à chaque fois le sujet. Tout simplement parce qu’il avait l’impression d’effacer son meilleur ami Buddy qui lui manquait tant. Il y avait l’âme de son mentor dans cette maison, il ne se sentait pas le cœur de jeter tous ses souvenirs, il aurait l’impression de le trahir, de le faire disparaître complètement.
Meg le regarda avec beaucoup de tendresse, elle savait pourquoi il hésitait autant. Cette femme diabolique lisait dans ses pensées, c’était déstabilisant.
- Un jour, je me déciderai c’est tout, mais pas maintenant. Pour l’instant nous avons du boulot, je viens d’acheter deux maisons à retaper.
Tyler poussa un cri de joie, ce qui le fit sourire.
Le repas se passa dans une ambiance chaleureuse, chacun racontant des anecdotes. Tout à coup ce fut le bruit des griffes de Sam sur le sol qui leur fit tourner la tête. Il se tenait devant l’entrée de la cuisine détaillant chacun d’entre eux. C’était un animal magnifique, impressionnant, d’un beau gabarit, mais très maigre. On apercevait ses côtes, il avait besoin de se remplumer, pensa Sawyer en le regardant à son tour.
Meg tendit la main, mais Sam recula et retourna sur son nouveau tapis.
- Hum ! En voilà un qui résiste à ton charme Meg, murmura moqueur Sawyer. Tout compte fait, ce chien me parait de plus en plus sympathique.
Meg en riant lui donna un coup sur le bras, il fit semblant de hurler de douleur, et Sam réapparut immédiatement dans la cuisine en grognant.
- Qu’est-ce qui lui prend ? S’étonna Sawyer.
- Oh ! Ce… ce n’est rien, précisa Meg en levant la main pour apaiser Sam. Tu le sais bien, il faut lui donner du temps pour s’adapter à notre famille déjantée.
Ils pouffèrent de rire, et Sam s’en retourna de nouveau dans le salon.