Clown - Jason Nkengsong - E-Book

Clown E-Book

Jason Nkengsong

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Beschreibung

"Clown" est un recueil poétique où des vers libres explorent des sujets aussi profonds que la peur, l’inceste, la guerre, la solitude, l’unité et la place du poète dans la société contemporaine. Né de nuits d’insomnie et d’ivresse, ainsi que de matins esseulés et de voyages intérieurs, cet ouvrage se fait l’écho des tourments de notre époque, tout en portant en lui des vers empreints d’espoir. Il incarne une poésie moderne, affranchie des contraintes, ouverte sur le monde et traversant les frontières avec audace.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Puisant dans son enfance et les rencontres marquantes de sa vie, Jason Nkengsong développe une pensée libre et indépendante. Ses écrits, libérés des conventions, offrent une vision personnelle qui invite à une réflexion profonde sur le monde qui l’entoure.

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Seitenzahl: 64

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Jason Nkengsong

Clown

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Jason Nkengsong

ISBN : 979-10-422-4928-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

On parle d’humanité et de changement, de vie et de mort, de progrès, de technologie et de sciences, de lumière et de ténèbres… Moi ma vie est un cirque où viennent se jeter tous les sourires les plus hideux et amers, où viennent les enfants, pour contempler soit un bonhomme de rêve, soit un cauchemar de rêve. Je ne suis pas le bonhomme de neige. Mais quoi de plus amusant qu’un homme qui sait épater la galerie ? Quoi de plus dangereux qu’un être qui sourit avec toi alors que le cœur n’y est pas ?

Qu’on ait besoin de lui ou non, dans tous les cas il distrait, fait rêver, effraie et c’est beau !

Première partie

Les douze nuits

Ombre

J’ai vécu une nuit d’enfer dans ces haillons, pourtant j’étais un homme bien jadis. Jadis ; encore j’ai piétiné le fruit de la paix et j’ai mangé le noyau de la haine. Je me suis comporté en jardinier !

Quand les fruits de mon jardin ont fleuri, j’ai tout détruit. Avec une haine sans pareille, revêtant un sourire maquillé et humble. Comme dans un cirque de Pékin, j’ai joué avec le crime. Je me suis maquillé avec le sang de ces pauvres innocents !

C’est magnifique la haine n’est-ce pas ? Surtout quand elle te consume jusqu’aux entrailles, faisant de toi : victime des ombres, risée de la vie, une bête farouche et désorientée. Voilà, me voici, homme méchant aux désirs squelettiques !

Je suis une victime ! Jetez-moi entre les mains de mes bourreaux. Ils ont dit : Créons un homme qui aura l’apparence des hommes de l’époque, le sourire moderne, la peau blanche et qui ne peut contenir ses appétits. Faisons de lui un monstre humain ! Un être à l’état sauvage, un clown !

Et me voici ! Tapis dans l’ombre de ces grandes personnalités. Je joue dans les rues à minuit, je danse sur le toit de mes victimes, je tourmente les rêves et les nuits blanches. Par la fenêtre des magasins, j’y suis, le bras levé, je salue les passants.

C’est affreux comme la honte peut détruire et le sourire aussi hypocrite que sale induire en erreur. Ma peine, je l’ai cachée au fond d’un sourire maquillé en sang. Mais malgré cela, les enfants m’adorent et c’est toute ma fierté !

Mon monde est empreint d’une contrariété cynique, je suis tout ce dont un État doit avoir peur : Anticonformiste, antisémite, violent, rebelle, animé d’une grande soif de pouvoir et de domination… Voilà mon monde à moi !

Seul je me réjouis du malheur des Hommes. Je souris quand il faut consoler et je console là où la joie règne en maître. Je suis l’opposé même de l’être sociable ! Et mon ego, je le nourris comme si je portais en moi une partie de la bête.

Ah, j’aime le parfum du crime et ses vertus : Ces soirées de chasse, ces nuits d’amour indescriptibles, ces femmes brunes et claires qui se baladent dans les bois au coucher du soleil, ces couples maudits qui s’embrassent passionnément… Tout cela ne fait que nourrir ma soif de vengeance et de dégoût.

Rien n’est inévitable à l’heure de la pure vengeance. Le ciel s’assombrit, le tonnerre chante des mélodies tristes, et sur le vert, couleur de la nature, se dessinent les étincelles de la pâleur. Ce monde n’a jamais cessé de creuser mon cœur !

Ensuite, comme des poètes et des hommes de bon sens, ils essaient de me traquer. Ah j’aime qu’on me pourchasse, dans tous les coins du monde et de mon esprit ! Je me laisse faire parfois. Pour le plaisir.

Mais néanmoins – je ne suis pas dupe ; si cette race impure de poètes et d’hommes me rattrape, elle me mettra les chaînes au cou. Je serais la risée de tous. En plein jour je serais baladé comme un chien sur l’agora. Mais quelle honte, quelle honte ? – vite qu’on me détache !

J’ai des rêves exotiques, mes nuits tièdes et sombres ne sommeillent jamais. Je suis devenu – moi qui jadis étais un homme fait – aujourd’hui, bétail de la nature. Une offrande aux démons. Vous savez : « Je suis une proie difficile, ils ne m’auront jamais ».

En même temps le poids de ma culpabilité se disculpe. Je ressens, sur mon âme, la pesanteur de mon sourire. Mes nuits languissent de terreur et mes journées ensoleillées où non ; sont des étincelles de malheurs.

Moi : Je suis entre la mort et la vie. Cette chose !

Mais je ne peux pas abandonner les délices de ce monde ! Amour, joie, harmonie spirituelle, euphorie, réjouissances, terreur… La terreur encore, ça revient ! Pourtant j’aime la spiritualité qui viole les valeurs de la condition humaine. Et…

L’amour, je le veux salé comme l’éperlan d’Amérique du Nord ; amer comme l’absinthe et taché de sang innocent. Rien de beau, que la fraîcheur de la mutinerie. Loin de la frontière de la caresse habituelle et de la tendresse quotidienne !

Un amour dans lequel je suis maître des constructions. Mes amours, je souris d’un souci de mort et je me parfume avec le charbon ardent. Défense de me toucher, même le soleil se préserve. Il s’en va !

Un soir j’ai rencontré la belle. Elle s’est jetée dans les bras d’un homme riche. Ce dernier a fini sur une civière. Le pauvre. Oui je suis jaloux, mais j’ai fini par comprendre que se battre pour un être qui ne se bat pas pour nous en retour est une perte de temps. Dès lors, je n’ai plus de belle !

Il ne reste plus que la bête. Et dans sa réjouissance, il veut briller dans le noir, être et vivre une vie de chauve-souris. C’est un être doux, atteint de névrose et de schizophrénie. Bipolaire et plein de phobies, il l’est.

Peut-être qu’il veut vivre une vie meilleure, celle de mon enfance. Rêver chaque matin et voir le monde d’un œil simple. Telle la mer, il souhaite repousser ses frontières. Devenir maître et possesseur de tous !

Certains soirs, il s’en va seul et revient accompagné d’une nuée de démons pour crier sa peine grandissante. Son cœur est noir et sa patience obscure, il n’y a pas de lumière dans ses entrailles !

Je suis une âme errante : comme Caïn, je suis condamné à vivre dans cette peau de crime. Mais je vis et c’est ma plus folle espérance.

Ainsi, j’ai vu naître dans mes rues : Les crimes, la haine, la vengeance, les revendications sociales sans sens, la drogue, le sexe, les grèves, les gangsters et les prostituées avec eux…

J’observe ce bas monde depuis ma tour. Et je suis peut-être fier de ce que j’ai accouché et vu naître.

Ce fut ainsi la première nuit !