Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Extrait : "ROBERT, arrivant : Personne au rendez-vous. Aurait-on donné contre-ordre... (Examinant les lieux.) Non, aucun avertissement... Les pierres sont en place... Pas une branche brisée... — De là haut on aperçoit notre forteresse... Voyons si le drapeau d'alarme n'y flotte pas. (Il grimpe dans l'arbre et regarde.) Non. (Il va pour descendre et s'arrête en entendant la voix de Gobéus.) Quelqu'un ! "
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 125
Veröffentlichungsjahr: 2015
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
GUILLERRY
GASTON DE JUSSAC
ROBERT
GUILLAUME
CHRISTOPHE
GOBÉUS
MARTIN
KEROUEC
UN MÉDECIN
EUSTACHE
PREMIER SOLDAT
DEUXIÈME SOLDAT
TROISIÈME SOLDAT
LE PASTEUR
UN ÉCUYER
UN PARTISAN
UN MUSICIEN
UNE SENTINELLE
UN ÉCUYER
BLANCHE
LA DUCHESSE
ANGELETTE
UNE GOUVERNANTE
Une forêt ; plusieurs routes. – La grotte de Saint-Méderic, à gauche.
Robert, puis Gobéus, Kérouec et un bourgeois.
Personne au rendez-vous. Aurait-on donné contre-ordre… Examinant les lieux. Non, aucun avertissement… Les pierres sont en place… Pas une branche brisée… – De là-haut on aperçoit notre forteresse… Voyons si le drapeau d’alarme n’y flotte pas. Il grimpe dans l’arbre et regarde. Non. Il va pour descendre et s’arrête en entendant la voix de Gobéus. Quelqu’un !
Il se cache derrière une branche. – Kérouec sort de la grotte suivi du Bourgeois, et de Gobéus.
Oui, madame la duchesse, oui, ce sera fait. Remontant. Elle ne m’entend pas. Une fois dans ce souterrain, on est comme à cent pieds sous terre, Aux Bourgeois. J’ai bien fait de m’être détourné de mon chemin et de vous avoir suivi. La merveilleuse chose que cette grotte de Saint-Médéric. Je comprends les pèlerinages qu’on y fait. Grâce aux porte-flambeaux de la duchesse…
Avez-vous vu les stalactites du coin ?
Ce sont des stalagmites.
Ah ! père Gobéus, vous voilà bien… toujours à cheval sur les mots… – et pourquoi des stalagmites ?
Parce que ne sont pas des stalactites, voilà tout.
Oh ! Aux Bourgeois, bas. Un écrivain public… un ancien fruit sec de la basoche de Rennes…
Il lui prend le bras et s’éloigne avec lui en grommelant.
Il ne fait pas trop chaud… Aux deux Bourgeois. Vous retournez à Rennes, moi aussi, attendez donc !… Les Bourgeois continuent leur chemin. Ah ! monseigneur Gaston de Jussac !
Gaston arrive ; Gobéus s’arrête en l’apercevant et le salue profondément.
Gobéus, Gaston, Robert, dans l’arbre.
Vous ici, monsieur Gobéus ?
Je viens de vendre un missel au curé du village voisin. En passant je n’ai pu me défendre de visiter la grotte de Saint-Médéric.
Vous avez dû y rencontrer la duchesse de Chaulnes ?
J’ai eu cet honneur, monsieur le comte. Elle vous attend avec impatience.
Il faut encore la ménager, À Gobéus, après avoir regardé autour de lui. Eh bien, est-ce fait ?
Ce sera prêt demain soir. L’écriture est difficile à imiter.
Hein !
Il écoute.
Demain ?
Nous ne sommes pas en retard, monsieur le comte : mademoiselle Blanche de Penhoël est née le 10 novembre 1384, nous sommes au 14 novembre 1604, vous avez donc quarante-huit heures, vous voyez, pour lui remettre la lettre que le comte de Penhoël, son père, vous a confiée en mourant, ou celle par laquelle nous la remplaçons ; car, si je vous ai bien compris, pour exécuter la volonté du mort, la chose ne peut même se faire que le jour où mademoiselle de Penhoël accomplirait sa vingtième année ?
C’est vrai. Mais qu’est-ce que ce bruit ?
Un cavalier qui met pied à terre.
Mon écuyer !…
L’Écuyer arrive.
Un message pressé venant de Paris.
De monsieur de Sully ! Lisant. « Je vous envoie votre brevet de lieutenant-colonel et l’ordre de lever de nouvelles recrues. Quant à la lieutenance de roi en Bretagne, vous l’obtiendrez en épousant mademoiselle de Penhoël. » À lui-même. Blanche !… ah ! comme je l’aimerai pour m’excuser à mes propres yeux de l’avoir un instant recherchée et désirée par ambition. Lisant. « Mais ne vaut-il pas mieux justifier cette faveur par un nouveau service rendu ou Roi ? » À lui-même. Voyons ! Lisant. « Les Guillery, de jour en jour, deviennent plus dangereux et plus menaçants. Ils ont douze cents hommes sur la frontière du Poitou ; cinq escadrons faisant sept cents hommes effectifs aux environs de Rennes ; plus, leur château fort des Guillery et la ferme du Ravin. Voyez à les soumettre. Je vous envoie par le courrier la somme nécessaire à la formation de nouvelles compagnies de troupes réglées. Ce étant, bonne chance, et Dieu vous garde ! » À l’Écuyer. C’est bien ! L’Écuyer s’éloigne. Vive Dieu ! messieurs les rebelles, si vous tenez à vos têtes, je tiens à ma lieutenance, moi, prenez garde ! À Gobéus. Mademoiselle de Penhoël sera ce soir à Rennes.
Bien. J’aurai donc l’honneur d’aller demain porter moi-même à monsieur le comte l’original et la copie ; c’est-à-dire la lettre que monsieur le comte m’a confiée pour modèle et celle que nous avons imaginée.
Non, j’irai vous les demander. Vous serez content de moi.
Je le crois sans peine, monsieur le comte ; à moi seul, j’aurai plus fait pour votre mariage que le curé et le père ensemble ; le père, par exemple, conseille simplement à sa fille de vous épouser…
Bien ! bien !
Tandis que moi, dans la lettre que je vais…
Oui, je comprends !
Je le lui ordonne, sous peine de malédiction.
Parbleu ! je le sais bien ! Il descend dans la grille ; – d’une des marches de l’escalier. À demain soir ! Il entre dans la grotte.
Mon échoppe est sur la petite place du faubourg de Rennes, à droite, adossée à l’église, À lui-même. Allons, en route ! Il s’éloigne.
Les coquins ! Il descend. Ont-ils de l’imagination ces drôles-là ! et dire que leur secret ne peut me servir à rien. Écoutant. Non ! ils se sont trompés d’heure, sans doute, un cri au loin. Ah ! ah ! du côté de l’occident, c’est Christophe !
Christophe arrive.
Robert, Christophe, puis Guillaume.
Salut, frère ! Pourquoi ce rendez-vous ici ?…
Par prudence… on nous prendra pour des curieux ou des pèlerins qui veulent visiter la grotte de Saint-Médéric. Écoutant. Guillaume, sans doute.
Arrive Guillaume.
Mort de ma vie ! j’ai failli me casser la jambe en sautant par-dessus une fondrière, À Christophe. Comment vous va ?… Où est le Compère ?
Bon, le Compère ?… Mais toujours en retard, vive Dieu ! S’il n’est pas à ferrailler dans un coin contre un mari ou un amant, il est sûrement à conter fleurette à la femme de l’un ou à la maîtresse de l’autre.
Combien d’hommes aurons-nous ?
Trente. Mais tu sembles être au fait. Le Compère t’a donc confié ?…
Oh ! rien du tout… il m’a seulement dit que tu avais conçu un plan à désespérer nos ennemis, et que tu nous conterais cela au moment de l’entreprise, à la grotte de Saint-Médéric ?
Je m’expliquerai devant lui… À Christophe, en lui désignant la rosette qu’il porte à son habit. Hein ! mais qu’est-ce que ça ?
Ça ? mais c’est le signe par lequel se reconnaîtront les protestants.
L’entends-tu ? À Christophe. Mais puisque nous tenons pour la Ligue, maintenant ?
Ah ! c’est vrai… J’avais oublié… Nous sommes avec Mayenne, j’aime mieux cela. On est né Guillery et gentilhomme, vrai Dieu ! et on ne tient pas à être excommunié. Pourvu que ce diable de Compère ne nous fausse pas compagnie !
Au moment d’une bataille ? Tu es fou, Christophe ; – et toi aussi, Robert. – Parce que nous sommes ses frères, vous vous croyez le droit de le calomnier. Pauvre cher Compère ! C’est un fou, je le veux bien ; mais un fou qui tient une épée comme un héros ! et quel entrain dans le danger ! Je l’ai vu monter à l’assaut son épée entre les dents, comme s’il grimpait à une échelle de soie au balcon de sa maîtresse… et cependant les balles pleuvaient comme grêle et les coups d’estocade tombaient dru !… Et ce fantassin qu’il a fendu d’un coup de sabre ! Mais, en revanche, il s’est jeté dans une tour en flammes pour sauver un enfant de la mort. Il est ainsi : du bon et du mauvais ; du lion et de l’agneau ; de l’aigle dans le regard et de la panthère dans les pieds ; il regarde comme l’un et bondit comme l’autre, gare dessous !
On entend chanter le biniou, et une noce bretonne débouche par l’allée par haute de la forêt, Guillery donne le bras à Angelette, la mariée ; il a un gros bouquet à son justaucorps.
Bon ! le voilà d’une noce, maintenant !
Les mêmes, Guillery, Angelette, Martin, la noce.
Oh ! il peut parler bas à ma femme… C’est un ami… c’est le capitaine Guillefort… Figurez-vous qu’il nous est tombé une nuit… il était blessé… par qui ?… C’est ce que nous ne savons pas encore… mais nous l’avons tout de même soigné et guéri, Angelette et moi… et le voilà plus fort et plus beau que jamais. Donnant la main à Guillery. Pas vrai, Capitaine ?
Parbleu ! Bas à Angelette. Mariée à ce butor ?
Dame, vous n’avez pas voulu m’épouser.
Es-tu toujours peureuse ?
Peureuse ! C’est le père Jean qui m’a fait cette réputation, parce qu’une nuit le vent se lamentait dans les herbes, tant et tant que j’ai fini par trembler et me trouver mal.
Second couplet !
Mais attends donc !
Te souviens-tu du moulin ?
Étais-je bête, hein, de prendre des sacs de farine pour des fantômes et de me jeter dans vos bras ?
Second couplet !
Est-il enrageant !
Tu t’en repens ?
Assez causé, je suis mariée maintenant.
Qu’est-ce que vous lui dites donc là ?
Oh ! je lui fais un petit sermon sur les devoirs du mariage.
C’est bien, l’ami, ça ne peut pas nuire.
Second couplet !
Tais-toi, drôle, Angelette va nous chanter la chanson que je lui ai apprise.
C’est cela ! Et nous danserons sur le refrain ! Allons, Angelette, chante !
Je le veux bien.
Elle chante.
Second couplet !
Sur la ritournelle, Guillery repousse Martin, qui dansait avec Angelette, et prend sa place.
Et voilà le capitaine des Guillery.
Plains-toi donc !… un vaillant dont les hommes ont peur, et dont les femmes raffolent.
Quatrième couplet.
Ah ! mais je ne m’en souviendrai peut-être plus ?
C’est vrai, elle ne s’en souviendra peut-être plus.
Je le lui soufflerai.
Oh ! il va souffler ma femme !
Hésitation d’Angelette ; Guillery l’ombrasse.
Maintenant, en route !
En route !
Eh bien ?
Quoi ? Qu’est-ce ?
Faut-il te crier tout haut ce que nous avons à te dire ?
Ah !… À part. Le diable les emporte ! À Angelette. Vous permettez, chère enfant… Ces cavaliers m’attendaient…
Alors, au revoir ! nous allons habiter Rennes ; nous entrons en service chez monsieur de Trailles, le tuteur de mademoiselle de Penhoël… Vous devez le connaître ? Enfin si vous passez par là… Fausse sortie. Eh bien capitaine, vous n’embrassez pas ma femme ?
Guillery embrasse Angelette.
Allons, viens !
La noce reprend sa marche et disparaît.
Cette Angelette !… C’est qu’elle est toujours jolie… – plus jolie !… Oh ! les femmes, c’est étonnant comme elles embellissent lorsqu’elles deviennent les femmes des autres !
Guillaume, Guillery, Christophe, Robert.
On te reconnaît là !… – mais embrasse-moi en attendant.
Mon bon Guillaume !
Mais ton rêve, ta passion ?…
Au fait, la jeune fille de la barque ?
Que tu n’as jamais revue et que tu adores ?…
Que tu adores comme une vision, et que tu oublies comme un rêve toutes les fois que tu tombes eu arrêt devant deux beaux yeux ?
Bien, bien, raillez !… À Guillaume. Méchant garnement, raille aussi, toi… À tout. Mais rassurez-vous, mon rêve ne me tuera pas. Pour me guérir, j’ai le fugitif et gai sourire des beautés faciles.
Belle philosophie, qui te permet d’aimer toutes les femmes !
Douce philosophie, qui me permet de les oublier !…
Çà, voyons, n’avons-nous pas autre chose de plus sérieux dans la vie ?… n’avons-nous pas…
Quoi ?… des arquebusades ? des coups d’épée ? des assauts gigantesques où l’on s’élance l’épée aux dents et le pistolet au poing ?… Mais c’est la poésie du danger, ça, comme l’amour est la poésie du bonheur… Nous sommes d’un temps où les vaillants mènent tout cela de front.
Oui ! le duc de Mercœur, par exemple ?