Conclaves du coeur - Jean Pierre Malrieu - E-Book

Conclaves du coeur E-Book

Jean Pierre Malrieu

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Beschreibung

Ce recueil d'une soixantaine de poèmes -d'amour- est un petit traité de la ringardise poétique. Des alexandrins (uniquement!), des rimes (presque toujours), de la musique (avant toute chose), des quatrains et des tercets (souvent agencés en sonnets). L'auteur, endossant la politesse du costume, porte les masques de son visage dans les temps et les lieux qui lui sont chers. La mémoire et la chair, réunies en conclave, y écrivent les fragments de la loi de son être.

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Seitenzahl: 37

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Pour RX

Table des matières

RUE DE PROVENCE

UNE ÉTOILE À L’APEX

LE GARDEUR DE TROUPEAUX

L’ÂGE DU FEU

UNE HALTE

ETNA

LA SFUMATA

DE GLAISE ET DE BRONZE

GAMBLER

MURS AJOURÉS

SAINT-FRANÇOIS

HECTOR (FOOTBALLEUR)

MYTHOLOGIE

TEMPO NEUROTOXIQUE

LA CAGE

PIGEON VOLE

DE CES RIENS

COULEUR DE SIL

IVRE D'AIR

COMME ON SOMBRE

YANOAMA

DEEP LEARNING

MUTAGÉNÈSE DIRIGÉE

AMOUR DE SWANN

LIVRE OUVERT

DANTE

PAR LE CUIR DE LA FRONDE

NIQUE NARCISSE !

GULLIVER

MES DEUX MAINS

LE SOMMEIL DE LA CHAIR

AU BRIAND PRÈS MINERVE

CHAQUE VAGUE

BRASSE COULÉE

QUARTIER MAÎTRE

PREMIER FLEURET

PARLER D’AILLEURS

STURM UND DRANG

REDANSER

PLACE DE GRÈVE

C’ÉTAIT VOUS

LA MASCHERINA

AUX ANTIPODES DE MON CŒUR

PLAIE DE SEL

VON CLAUSEWITZ

LES CAILLOUX ET LES PIERRES

CE BUIS BLOND

QU’IL RETOMBE

LA MANSARDE CÉLESTE

BIBELOTS

COL DE JAU

LA PLUIE

DÛ RÊVER

L’INCONNU

DÉNUEMENT

D’ÎLE EN ÎLE

LA CANNE BLANCHE DU RÊVE

SPLEEN DES REMPARTS

BRUSH PLAYING

Rue de Provence

Dimanche je rentrais par la rue de Provence

A l’heure où les ventaux qui s’allument en silence

Luttent moins contre l’ombre ou bien contre le noir

Que contre la pâleur persistante du soir

Je ne croisais personne on aurait dit l’espoir

Soumis au couvre-feu votre voix qui respire

Lointaine me disant que souvent la mémoire

Combat moins l’oubli que... ses propres souvenirs

Et comme j’étais prêt à renoncer à vous

Près du jardin des plantes je suis passé dessous

Des milliers d’étourneaux qui jouaient dans l’air froid

A dessiner ensemble des volutes vivantes

Chaque aile en son virage entraînant la suivante

Chaque élan de mon cœur que l’on aurait fait roi

Une étoile à l’apex

On dit que j’ai servi les Grandes Compagnies

Que j’étais écuyer de Regnaud de Cervole

J’ai rançonné des papes, volé ce qui se vole

Comme ces faits de gloire semblent loin aujourd’hui !

Je suis un vieux routier qui dort sur sa litière

Blotti contre ses armes, sa selle et son bréviaire

Le sol rentre en mes os méthodique accordeur

Et comme je la sens j’aime cette douleur

J’ai le temps d’écouter les rumeurs de la terre

Je ne comprends plus rien aux mots de mes prières

Je ne discerne plus ni le bien ni le mal

Je vais là où me mènent les pas de mon cheval

Je renifle l’odeur d’urine sur mon sexe

Un réflexe me prend comme un vieux chien d’arrière

Et j’aboie votre nom toute une nuit entière

Avec l’acharnement d’une étoile à l’apex

Le gardeur de troupeaux

Si tu me quittes un jour laisse-moi ton langage

Car j’en aurai besoin pour couper des roseaux

Pour lier des pirogues avec des chants d’oiseaux

Et me laisser glisser comme fait ton corsage

Sans tes mots je perdrais de mes mains tout usage

Je ne saurais plus rien effleurer comme il faut

Fernando Pessoa, le gardeur de troupeaux

Les loups du tras-o-monte, les affluents du Tage

Laisse-moi bebequinho, laisse-moi meu anjo

Les mouvements du cœur qui se jouent adagio

Laisse-moi les détails oubliés de ton corps

Si tu dois me quitter laisse-moi ton absence

Ta langue sur ma langue, son goût d’adolescence

Ses saveurs de tabac chaudes comme o amor

L’âge du feu

Je l’ai nourri de vent du Nord, de gris d’étoupe

D’écorces fines de bouleau, de flamenco

Nourri de manuscrits froissés, tristesse & co.

Je l’ai nourri de mes espoirs, mes entourloupes

Je l’ai mis à l’abri du vent, près de la poupe

A l’abri des pluies de printemps, des quiproquos

Je voulais l’exempter du temps, être ex aequo

On me dira qu’il s’est éteint. C’est pas un scoop

Je n’ai jamais tiré de rien une étincelle

J’ai reçu le feu de vos mains, cette parcelle

D’un horizon qui le retient, d’un abandon

Le feu est resté dans vos mains toujours sauvage

Et plus jamais je n’ai tenu d’autre brandon

Que celui qui me fut donné avant son âge

Une halte

Vous prononciez mon nom comme on pose bagage

A l’ombre d’un grand arbre sur le bord de la route

Comme on tourne le dos au vent nerveux du doute