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Ce recueil d'une soixantaine de poèmes -d'amour- est un petit traité de la ringardise poétique. Des alexandrins (uniquement!), des rimes (presque toujours), de la musique (avant toute chose), des quatrains et des tercets (souvent agencés en sonnets). L'auteur, endossant la politesse du costume, porte les masques de son visage dans les temps et les lieux qui lui sont chers. La mémoire et la chair, réunies en conclave, y écrivent les fragments de la loi de son être.
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Seitenzahl: 37
Veröffentlichungsjahr: 2023
Pour RX
RUE DE PROVENCE
UNE ÉTOILE À L’APEX
LE GARDEUR DE TROUPEAUX
L’ÂGE DU FEU
UNE HALTE
ETNA
LA SFUMATA
DE GLAISE ET DE BRONZE
GAMBLER
MURS AJOURÉS
SAINT-FRANÇOIS
HECTOR (FOOTBALLEUR)
MYTHOLOGIE
TEMPO NEUROTOXIQUE
LA CAGE
PIGEON VOLE
DE CES RIENS
COULEUR DE SIL
IVRE D'AIR
COMME ON SOMBRE
YANOAMA
DEEP LEARNING
MUTAGÉNÈSE DIRIGÉE
AMOUR DE SWANN
LIVRE OUVERT
DANTE
PAR LE CUIR DE LA FRONDE
NIQUE NARCISSE !
GULLIVER
MES DEUX MAINS
LE SOMMEIL DE LA CHAIR
AU BRIAND PRÈS MINERVE
CHAQUE VAGUE
BRASSE COULÉE
QUARTIER MAÎTRE
PREMIER FLEURET
PARLER D’AILLEURS
STURM UND DRANG
REDANSER
PLACE DE GRÈVE
C’ÉTAIT VOUS
LA MASCHERINA
AUX ANTIPODES DE MON CŒUR
PLAIE DE SEL
VON CLAUSEWITZ
LES CAILLOUX ET LES PIERRES
CE BUIS BLOND
QU’IL RETOMBE
LA MANSARDE CÉLESTE
BIBELOTS
COL DE JAU
LA PLUIE
DÛ RÊVER
L’INCONNU
DÉNUEMENT
D’ÎLE EN ÎLE
LA CANNE BLANCHE DU RÊVE
SPLEEN DES REMPARTS
BRUSH PLAYING
Dimanche je rentrais par la rue de Provence
A l’heure où les ventaux qui s’allument en silence
Luttent moins contre l’ombre ou bien contre le noir
Que contre la pâleur persistante du soir
Je ne croisais personne on aurait dit l’espoir
Soumis au couvre-feu votre voix qui respire
Lointaine me disant que souvent la mémoire
Combat moins l’oubli que... ses propres souvenirs
Et comme j’étais prêt à renoncer à vous
Près du jardin des plantes je suis passé dessous
Des milliers d’étourneaux qui jouaient dans l’air froid
A dessiner ensemble des volutes vivantes
Chaque aile en son virage entraînant la suivante
Chaque élan de mon cœur que l’on aurait fait roi
On dit que j’ai servi les Grandes Compagnies
Que j’étais écuyer de Regnaud de Cervole
J’ai rançonné des papes, volé ce qui se vole
Comme ces faits de gloire semblent loin aujourd’hui !
Je suis un vieux routier qui dort sur sa litière
Blotti contre ses armes, sa selle et son bréviaire
Le sol rentre en mes os méthodique accordeur
Et comme je la sens j’aime cette douleur
J’ai le temps d’écouter les rumeurs de la terre
Je ne comprends plus rien aux mots de mes prières
Je ne discerne plus ni le bien ni le mal
Je vais là où me mènent les pas de mon cheval
Je renifle l’odeur d’urine sur mon sexe
Un réflexe me prend comme un vieux chien d’arrière
Et j’aboie votre nom toute une nuit entière
Avec l’acharnement d’une étoile à l’apex
Si tu me quittes un jour laisse-moi ton langage
Car j’en aurai besoin pour couper des roseaux
Pour lier des pirogues avec des chants d’oiseaux
Et me laisser glisser comme fait ton corsage
Sans tes mots je perdrais de mes mains tout usage
Je ne saurais plus rien effleurer comme il faut
Fernando Pessoa, le gardeur de troupeaux
Les loups du tras-o-monte, les affluents du Tage
Laisse-moi bebequinho, laisse-moi meu anjo
Les mouvements du cœur qui se jouent adagio
Laisse-moi les détails oubliés de ton corps
Si tu dois me quitter laisse-moi ton absence
Ta langue sur ma langue, son goût d’adolescence
Ses saveurs de tabac chaudes comme o amor
Je l’ai nourri de vent du Nord, de gris d’étoupe
D’écorces fines de bouleau, de flamenco
Nourri de manuscrits froissés, tristesse & co.
Je l’ai nourri de mes espoirs, mes entourloupes
Je l’ai mis à l’abri du vent, près de la poupe
A l’abri des pluies de printemps, des quiproquos
Je voulais l’exempter du temps, être ex aequo
On me dira qu’il s’est éteint. C’est pas un scoop
Je n’ai jamais tiré de rien une étincelle
J’ai reçu le feu de vos mains, cette parcelle
D’un horizon qui le retient, d’un abandon
Le feu est resté dans vos mains toujours sauvage
Et plus jamais je n’ai tenu d’autre brandon
Que celui qui me fut donné avant son âge
Vous prononciez mon nom comme on pose bagage
A l’ombre d’un grand arbre sur le bord de la route
Comme on tourne le dos au vent nerveux du doute