Confidences courtoises - Georges Souleyrac - E-Book

Confidences courtoises E-Book

Georges Souleyrac

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Beschreibung

Au temps du Siècle des Lumières, la Marquise du Plessy et le Vicomte de Soulac échange une correspondance sulfureuse !

Nous sommes en 1780. Henriette de Brissac, Marquise du Plessy, est une aristocrate bordelaise veuve et libre-penseuse, qui mène avec le même allant ses affaires et sa vie sentimentale.
Pratiquant le culte de Sapho, mais amoureuse du plaisir sous toutes ses expressions, elle apprécie tout autant la suave fragrance d’une belle nature féminine que la roideur jouissive d’un beau membre de ses amis lui rendant hommage dans toutes ses intimités !
Elle partage avec son ami et amant Georges de Nairac, son goût pour le libertinage et pour celui d’un épicurisme raffiné. Vicomte de Soulac, célibataire, il est un indéfectible adorateur de la gent féminine, mais aussi un intriguant politique.
En cette fin du siècle des Lumières, adeptes du bel esprit et des sciences, ils sont épris de liberté et pratiquent tous les jeux de l’amour avec passion.
Hédonistes et complices, amoureux des beaux mots, ils se relatent toutes leurs aventures au travers d’une correspondance très intime, sensuelle, torride même et surtout sans limite dans le récit de leurs frasques libertines !

Découvrez ce roman de charme ou les jeux de l'amour et les frasques libertines s'associent à l'Histoire...

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SOMMAIRE

Préface

Occident Tome I Année 1780

Lettre I, à la Marquise du Plessy La grotte de Neptune

Lettre II, au Vicomte de Soulac La grotte de Cythère

Lettre III, à la Marquise du Plessy La Duchesse Alcinda de Castellane

Lettre IV, au Vicomte de Soulac Le Couvent

Lettre V, à la Marquise du Plessy L’Abbé Amblard et Blanche, sa servante

Lettre VI, au Vicomte de Soulac L’Italien

Lettre VII, au Vicomte de Soulac Le Grand Théâtre. Le spectacle

Lettre VIII, à la Marquise du Plessy Le Grand Théâtre, les coulisses

Lettre IX, au Vicomte de Soulac Le neveu

Lettre X, à la Marquise du Plessy L’éducation de Blanche

Lettre XI, au Vicomte de Soulac Le bal de Cypris

Lettre XII, à Henriette de Brissac Le sérail, ou l’éducation de Blanche

Lettre XIII, au Vicomte de Soulac Mes bains romains

Lettre XIV, à la Marquise du Plessy Mes affaires parisiennes

Lettre XV, au Vicomte de Soulac Les vendanges

Lettre XVI, à la Marquise. La retraite

Lettre XVII, au Vicomte L’anniversaire

Lettre XVIII, au Vicomte de Soulac Un esprit de Noël

PETIT GLOSSAIRE ÉROTIQUE

BIBLIOGRAPHIE

Remerciements

Dans la même collection

Georges Souleyrac

Confidences Courtoises

ou

Une correspondance intime entre

la Marquise du Plessy et le Vicomte de Soulac

Roman épistolaire de charme

ISBN :979-10-388-0063-2

Collection : Alcôve

ISSN : 2678-2553

Dépôt légal : janvier 2021

© couverture Ex Æquo

© 2020 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

Toute modification interdite

Éditions Ex Æquo

6 rue des Sybilles

88370 Plombières Les Bains

www.editions-exaequo.com

Préface

Livre de chevet (définition Académie française) : « un livre que l’on garde toujours à portée de la main pour le consulter ». Le roman épistolaire de Georges Souleyrac s’y prête à merveille.

Une fois en possession de cette œuvre, vous pourrez vous adonner à une belle séance de lecture, en solitaire ou accompagné, selon vos envies de l’instant. Vous vous lécherez les lèvres à l’idée de découvrir les échanges de la Marquise et du Vicomte, puis sans plus attendre, vous glisserez votre doigt entre les pages laissées en suspens ; vous vous emporterez vers les chaudes agitations de ces deux héros du Siècle des Lumières et vous voyagerez de Bordeaux à Paris, de la France vers l’Espagne, d’auberges en couvents, de vignobles en demeures princières.

Sans même pouvoir (vouloir) vous retenir, la plus agile de vos mains s’envolera là où elle aura envie d’aller, et vous tomberez à nouveau en amour pour les lettres de ces épicuriens qui ne se refusent rien, à commencer par les délices de la chair, qu’ils honorent de mille et une façons, olisbos ou verge de bouleau au poignet.

Georges Souleyrac remet au goût du jour l’art d’écrire ces « choses-là », tel le Divin Marquis, en des termes imagés, peints sans censure, foisonnants d’inventivité où luxure, stupre, jouissance ne sont pas de vilains mots. Et pour bien en comprendre le sens, il a aussi mis à votre disposition un glossaire afin de ne perdre aucun des plaisirs qu’il vous offre ici.

Un livre de chevet à savourer telle une gourmandise : en garder une pour la fin, la soif et le lendemain.

Belle lecture à vous.

Jeanne Malysa

Occident

L’AMOUR.

Amour, supplice heureux, rêverie enflammée,

Toi qui sous le soleil tiens la terre pâmée,

Dieu de la volupté, des sanglots et des pleurs,

Sur tes brûlants autels coule le sang des cœurs.

N’es-tu pas, dans les mains de l’homme et de la femme,

Un miroir où chacun vient regarder son âme ?

N’es-tu qu’un vaste abîme, où nous courons jeter

Notre moelle, nos jours, nos nuits, sans rien compter ?

Je fus longtemps, Amour, ta proie et ta victime ;

Un ver piqua les fruits de ma jeunesse intime,

Et mon cœur est blessé par sa maturité.

Rêvant les voluptés multiples d’un satrape,

J’orne le front cornu de l’antique Priape

Lettre I, à la Marquise du PlessyLa grotte de Neptune

Chère Marquise, ma Belle Amie.

Vous savoir heureuse et apaisée, vous apporter un peu de bonheur, telle est ma quête quotidienne et chaque jour, chaque nuit, du plus profond de mon âme jusqu’à la moindre parcelle de mon corps, je vous donne tout de ma personne afin de satisfaire vos désirs, mais aujourd’hui je ne vous trouve point au rendez-vous.

Vous m’êtes tellement proche et pourtant si lointaine parfois, inaccessible même, quand dans vos pensées, vous vous renfermez ; je me languis alors de vous, ma Douce Amie, de votre esprit brillant, si vif et piquant comme le dard d’un scorpion lorsque d’une vérité vous m’assenez, me laissant ainsi désarçonné et à votre merci, mais tout aussitôt par de tendres et doux mots, vous savez me réconforter.

Lors de votre dernier salon, si vos invités brillaient pour certains par leur bel esprit ma Chère, de par le vôtre vous en étiez comme à votre habitude la reine incontestée, tant la hauteur de vos propos et de vos pensées surpassait la noble assemblée par vos soins réunie.

Que n’ai-je apprécié si vous saviez, avec quelle délectation je vous ai vue jouer de la niaiserie de notre bon Abbé Amblard et comment vous l’avez renvoyé réviser ses saintes Écritures, cependant que je sentais sous la nappe votre pied furtif et adroit qui se jouait de moi ! Notre pauvre Prieur piquant un fard cramoisi, de vos délicieuses gâteries orientales s’en étouffa presque et faillit en faire son dernier repas !

Madame, je me languis de votre belle personne dont la présence seule réveille en moi la flamme vacillante de mon cœur.

Que ne pourrai-je prétendre à avoir plus belle amie que vous, Madame, tant par la grâce et la beauté vous illuminez ma vie.

Tel un phare me guidant à travers le brouillard, vous avez à jamais agrippé mon regard, que je ne saurais plus détourner, comme Ulysse attaché à son mât, attiré par le chant des sirènes. Mais si Ulysse par des artifices n’avait pas succombé à la tentation, en ce qui me concerne c’est avec empressement que j’ai détaché mes liens pour mieux me jeter dans vos bras et m’abandonner à votre charme.

Je me languis de votre corps, de ses courbes si graciles que j’aime tant admirer lorsque sur votre divan, telle l’Odalisque brune{1}, lascive et sensuelle, vous prenez du repos.

Je me languis d’explorer avec vous notre carte du Tendre {2}dont nous avons si souvent emprunté les chemins si délectables, mais aussi si sinueux, pour pouvoir en apprécier à l’arrivée la félicité des lieux. Que de chemins de traverse avons-nous parcourus ensemble, mais pour autant, de tous les lieux précisés, que de nombreux encore nous reste-t-il à explorer !

J’ai, ma Belle Amie dans une hâte exquise l’envie de voir arriver les beaux jours, afin de passer de bons et longs moments avec vous dans votre magnifique parc de Méricourt, que j’apprécie tant dans son bel ensemble si harmonieux et dont je connais les moindres recoins.

 Si je ne me lasse pas d’admirer l’agencement de votre jardin à la Française, avec ses terrasses et ses parterres plantés de magnifiques fleurs de saison, entourés de buis taillés, ses topiaires et ses statues antiques, mais aussi ses bassins et ses pièces d’eau, ses bosquets et ses allées, favorisant la rêverie et l’amour, il est un coin secret de votre jardin que j’apprécie plus particulièrement.

En effet, lorsque la chaleur venant et qu’en fin de journée le plus souvent nous profitons ensemble d’un peu d’ombre à l’abri de vos grandes ombrelles cependant que vos invités somnolent, repus des succulents mets et vins servis, il n’est point de jeu si plaisant que de vous accompagner prendre l’air en nous promenant pour aller nous rafraîchir au bord du bassin d’où Neptune triomphant surgit des flots, sur son char tiré par quatre chevaux au travers d’une cascade jaillissant d’un rocher.

Personne ne saurait deviner que derrière ce ruissellement d’eau enchanteresse, au plus profond de ce bosquet, par espièglerie et plus encore, vous y avez fait aménager une grotte petite et discrète, mais ô combien accueillante pour des amants qui vers Cythère{3}, veulent s’adonner au voyage initiatique.

Deux naïades émergeant de l’intérieur du bassin accueillent les voyageurs et leur indiquent le chemin vers le fond de la grotte, orné de longues guirlandes de fruits et de fleurs sculptées.

 D’un côté un satyre et de l’autre une jeune bacchante faisant des offrandes à la statue de Priape{4}, encadrent une alcôve dans laquelle un banc de pierre invite à tous les plaisirs.

Par-dessus ce long lit à l’aspect rocailleux, sur lequel vous aviez fait disposer des tissus soyeux et frais ainsi que de moelleux coussins de velours, c’est avec un plaisir sans cesse renouvelé, que de tous vos accoutrements, robe, paniers, et jupons, je peux enfin vous alléger, vous laissant comme seule étoffe, vos bas de soie blancs rehaussés d’un ruban de satin bleu.

Lorsque votre corps ainsi libéré de ses carcans ressent l’air qui de la cascade vient délicieusement rafraîchir l’atmosphère, alors ma Belle Amie, je vous sens frissonner délicieusement et vos tétons, tels de fringants soldats, se raidissent en dévoilant leur impudique ardeur.

En ce doux moment d’abandon, j’aime vous étreindre tendrement dans mes bras, car je vous sais soumise au désir amoureux et à tous ses caprices que vous appréciez tant, et pour lesquels votre amour et votre imagination sont sans bornes.

C’est alors avec un plaisir indéfinissable, et qui en moi fait s’exprimer un désir profond, que je vous soulève galamment et vous porte précieusement jusqu’à cette couche improvisée, sur laquelle vous vous abandonnez ; vous vous offrez, telle une divine corbeille de fruits exquis, me permettant ainsi d’admirer votre sublime corps, que j’idolâtre tant.

Dans cette coupe si merveilleuse à la vue, aux arômes si subtils, aux goûts mêlés de miel et de vanille, c’est de l’un parmi les autres dont je raffole, qu’aujourd’hui je vais me délecter, votre figue exquise, car vous avez, Madame, ce trésor que je sais convoité par des coquins, mais dont je suis le seul en cet instant, à en posséder la clé tant il est précieux pour moi.

Vous me savez grand amateur de délices goûteux et pour cela vous appréciez avec quelle manière je sais prendre soin du vôtre, lui faisant exhaler ses moindres fragrances, libérer tout son nectar ; vous aimez la façon dont amoureusement, de mes doigts habiles, un peu fébriles, je le caresse puis doucement j’en écarte la peau, pour en révéler sa chair délicate.

Je me délecte alors de jouer avec son grain pareil à celui de la grenade, que je roule entre mes doigts et que j’aime tout autant à croquer ; jusqu’au moment où le sentant grossir sous mes caresses, alors c’est insatiablement que je vais vouloir aller le goûter, le sucer, ainsi que la pulpe suave d’où il semble émerger, tel un îlot au milieu d’un océan de volupté, car ce fruit à la nature si douce, à la saveur sans pareil, à l’arôme si enivrant et par le nectar qu’il exprime, je ne peux me passer, me donne un émoi dont vous savez apprécier la roideur.

Adepte d’Épicure{5}, grande amatrice tout autant que moi de ces fruits exquis, vous avez vous aussi ma Chère Amie, une habileté à les câliner, à en jouer avec passion, à les déguster du bout de vos lèvres gourmandes et de votre langue experte.

Si parfois, Madame, votre généreux art du gamahuchage me fait rendre grâce alors même que je n’ai pu honorer votre personne tel qu’il est attendu d’un gentilhomme, c’est aussitôt d’un sourire satisfait et engageant, que vous savez me rassurer et m’encourager à poursuivre notre amoureuse entreprise !

Puis c’est en riant, que par vos mains si délicates, mais si adroites, telles les serres d’un rapace qui enserrent leur proie et par votre bouche si subtile, que vous savez alors donner une nouvelle vigueur à ces objets de plaisir si convoités, et dont vous aussi, avez le désir de les savourer à votre guise.

Votre désir, ma Douce Amie, je le ressens lorsque mes doigts effleurent votre peau telle une plume, vous faisant frémir à chaque mouvement.

J’aime à jouer ainsi de vos sensations, en me promenant doucement le long de vos jambes, à l’intérieur de vos cuisses douces comme la soie, sentir vos épaules et votre dos se donner à ma caresse, puis la continuer au creux de vos reins, descendre sur votre admirable fessier, dur comme un marbre, plus blanc que l’ivoire, pour finir par y dessiner de douces arabesques qui vous rendent si impatiente ; quand subtilement alors, par de sensuels baisers, venant vous effleurer la nuque, je vous invite à vous retourner sur le dos pour poursuivre nos pérégrinations, c’est un bouquet grandiose qui explose ainsi à ma vue.

Devant tant de merveilles ainsi offertes, je ne me lasse pas d’admirer la ligne de vos globes si parfaits, dont je ne peux m’empêcher de la forme vouloir m’en imprégner, en les emprisonnant délicatement dans mes mains exaltées.

De ces masses gracieuses et délicates, qui sous les caresses se dressent, vos boutons discrets pointent alors, fiers et chicaneurs, se durcissant dans la bataille qui les engagent avec mes doigts avec lesquels, j’aime à les faire bourlinguer ; puis je les entreprends avec ma bouche, dans laquelle je me délecte de les suçoter goulûment, de les mordiller, jusqu’à entendre vos gémissements qui sonnent la fin de ce combat.

Mais un autre commence aussitôt, car de ma main je reprends la promenade, en descendant le long de votre ventre, au rond parfait y faisant une pause pour m’abreuver à votre nombril, puis en frôlant votre mont de Vénus, avant de m’immiscer dans votre délicat jardin d’amour, dont je sens la chaude détermination à donner suite à notre engagement.

Votre motte ainsi offerte sur votre autel aux plaisirs, telle une offrande à Aphrodite est une invitation à laquelle je ne saurai me dérober, tant j’ai grand plaisir à la caresser, longuement, amoureusement même, à humer son arôme si subtil, à la fourailler de mes doigts impatients d’ouvrir votre tabernacle, pour mieux s’y glisser par un, deux, puis par trois, au fil que votre désir grandissant leur ouvre le chemin, cependant que votre généreux nectar facilite leur exploration ; puis lorsqu’à trois compères ils vous visitent, votre bouton toujours en ardent combattant réclame son dû et d’un quatrième larron les services, qui vient prestement le revigorer, le flatter, entraînant votre corps dans une douce sarabande d’abord qui bientôt s’affole cependant que votre respiration devient haletante, jusqu’au moment où je sens votre corps se raidir et se bander comme un arc, alors que vous me demandez grâce, dans un râle.

Cette trêve je vous l’accorde volontiers, juste le temps tendrement de vous retourner, pour que vous vous installiez à genoux sur les coussins de velours, laissant votre longue chevelure ondulante tomber sur le côté, en faisant reposer votre tête sur vos bras ; Madame, c’est toute la magnificence de votre merveilleux cul, que je puis admirer ainsi, avec ses fesses rondes, divines, tendues dans un globe parfait surmontant vos colonnes d’albâtre qui dévoilent cet entre-fessons rosé, s’ouvrant sur votre sublime œillet d’amour, prêt à éclore tel le bourgeon qui se gorge de sève, mais c’est vers votre toison, émergeant de votre entre-jambes, pareille à un mirifique buisson ardent, qu’irrésistiblement mon attention se détourne.

C’est ainsi que je lance mes doigts à l’assaut de vos beautés postérieures, pour en apprécier toute leur rondeur et en dessiner le contour pour vous faire frémir, puis je les laisse descendre délicatement le long de vos cuisses, de vos jambes jusqu’à vos pieds charmants, pour vous faire frissonner et enfin, lentement je les remonte par les mêmes chemins jusqu’à votre croupe, que vous l’abandonniez à mes caresses subtiles.

Avec fébrilité, j’insinue lentement mes doigts le long de votre raie, m’arrêtant sur votre rosette, qui m’invite à bien vouloir venir la saluer, pendant que je glisse mon autre main vers votre petit prisonnier qui, dans votre position ainsi mise, tel un roc, un promontoire, pointe dur comme l’acier et chaud comme la braise.

Cependant que de mon brigadier d’amour, je vous entreprends votre clitoris, mes autres compères prennent possession de votre bel abricot fendu et votre désir grandissant telle une vague profonde qui vous submerge, vous écartez alors toutes vos nymphes et cambrez vos reins pour mieux vous offrir.

Aussi, en continuant ardemment d’astiquer votre bouton, d’un doigt assuré je pénètre votre chapelle et vous l’enfonce jusqu’à la garde, alors qu’à sa rencontre vous lancez votre croupe altière à l’assaut ; profitant de cette frénésie amoureuse, par mon autre doigt, de votre œillet je force votre passage, et ainsi emplie de tous ces visiteurs très amicaux avec qui vous appréciez grandement la conversation, vous ne tardez pas à exiger que, par mon compagnon du milieu, j’y participe à mon tour.

Étant votre humble et dévoué serviteur, je ne puis alors que m’exécuter pour vous besogner à votre souhait, Madame. Mais avant d’en venir aux prières, comme il est d’usage, vous vous devez de vérifier l’état de mon cierge, pour vous assurer que dans votre chapelle, il puisse y faire bon office.

De votre dévotion à Cypris{6}, en prêtresse habile, vous en avez l’art et les manières pour me gamahucher le canal, en me faisant réciter mon bréviaire, cependant que d’un doigt impertinent vous me faites postillon en me faisant bander comme un Carme. Irrésistiblement alors, agrippant mes mains sur vos hanches amoureuses, c’est votre croupe sublime, aux éminences d’un marbre parfait, si magnifiquement offerte, que de mon goupillon impatient je viens Madame, vous embrocher délicatement ; puis tout en vous fourrageant longuement de mon membre gorgé de plaisir, je profite de la douceur, mais aussi de la braise ardente de votre corridor, vous sentant réagir intensément à chacun de mes mouvements jusqu’à ce qu’enfin, vous jouissiez, dans un orgasme profond et puissant.

Me retirant promptement pour moucher ma chandelle, vous vous en saisissez vivement, et après m’avoir amorcé généreusement le siphon, en votre bouche, je trouve l’absolution, sous la merveilleuse caresse de vos lèvres.

Cet engagement, merveilleuse rencontre de nos sens, sublime moment de passion, ma chère Marquise, ma Douce Amie, ma tendre complice, je ne peux vous en donner plus de sentiments aujourd’hui, car à ma porte l’on frappe et cette écritoire sur lequel j’aime tant ma plume laisser converser avec vous, je dois la ranger promptement.

Je vous salue, Madame, ma Tendre Amie.

Vicomte de Soulac, votre fidèle et dévoué serviteur.

Bordeaux, les quais, le 14 février 1780

Lettre II, au Vicomte de SoulacLa grotte de Cythère

Mon cher Vicomte, fidèle ami.

Mieux que quiconque, vous connaissez les tourments qui me hantent, ainsi que les difficultés que j’ai parfois à ne point vous délaisser, mais la charge qui m’incombe depuis la mort de mon époux, feu le Marquis du Plessy, m’occupe des jours durant ; les affaires du Marquis étaient florissantes, ses associés et son secrétaire particulier en assurent certes, une gestion sans failles, mais je suis toujours inquiète, par-delà leur mine d’honnêteté affichée qu’ils ne se jouent de moi et que de ma fortune essayent d’en faire la leur !

Avec le Marquis, nous avions pris d’habitude d’échanger souvent et longuement sur ses affaires en cours, sur les opportunités et l’habileté à en mener certaines, plutôt que d’autres et j’en suis devenue ainsi assez aguerrie pour continuer de mener à bien son entreprise.

Par ailleurs, comme vous le savez, j’ai la charge de dame de compagnie et de confidente de la Princesse de Dugny, ce qui m’assure une rente confortable, mais qui, au gré de ses humeurs m’oblige à être disponible à ses côtés quand je souhaiterais tant l’être pour vous, mon Très Cher, ou pour d’autres penchants ; vous en conviendrez Vicomte, qu’avec tous ces engagements j’ai moins de temps à consacrer alors à ma maisonnée et à vos intérêts, qui me sont pourtant d’une impérieuse nécessité !

Mon Cher Ami, vous m’avez toujours montré votre attention et encouragé quand dans des moments de doutes profonds, mon esprit s’embrouillait et que par votre présence et vos précieux conseils, vous me redonniez espoir et l’envie de vivre.

Je me languis aussi de vous, Monsieur mon Doux Ami, car au-delà du réconfort moral que vous savez m’apporter, ce sont vos manières que j’apprécie plus particulièrement, ainsi que vos indécences, quand nous pouvons nous retrouver pour assouvir nos désirs de libertinage et accomplir à notre guise, et au gré de nos inspirations, l’amoureuse entreprise.

Comme vous, j’aime ces moments de bagatelle où je vous appartiens corps et âme, et qu’en retour, vous me prodiguez mille et une caresses et attentions, qui me rendent tant et si pleinement satisfaite.

Vous avez tellement belle manière, de tous vos dons savoir bien vous servir et savoir les employer pour me donner du plaisir, quand dans vos bras, embrumée par l’odeur de votre corps, je cherche le chemin de Cythère et que dans ce voyage, je puis compter sur votre bourdon, toujours prêt à officier, tel le bon samaritain.

Il est vrai que je raffole m’adonner à nos jeux coquins et figurez-vous Monsieur, qu’au sujet de nos combats amoureux dans la grotte sous la cascade que vous évoquez si pittoresquement dans votre lettre, il faut que je vous avoue une vérité : il ne m’est pas donné plus de jouissance et vous m’en pardonnerez, que de vous avoir en bouche, tout en vous suçant et vous gamahuchant le canal, me délectant du goût musqué de votre vit, et d’apercevoir dans le même temps, derrière ce fin mur d’eau ruisselante, nos amis profiter de la fraîcheur du bassin en faisant mine de nous chercher, tout en pratiquant en catimini quelques coquines indécences !

J’ai alors tellement le désir, presque bestial, de vous posséder en moi après vous avoir fait bander d’une trique de jésuite, puis lorsque vous me baisez Monsieur, vous me faites aller au bonheur à inonder mon con d’un flot de volupté sans fin, tant et si bien qu’à l’issue de votre assaut, vous m’en voyez souvent prête à défaillir.

J’aime me voir offerte ainsi sur votre autel aux libations, tels myrtes, abricots, figues, pommes et grenades, exquises et goûteuses, pour lesquelles je vous sais tant amateur et surtout, dont j’apprécie vos singulières manières de les cueillir !

Dans cette grotte si fraîche, tel le temple de Cypris, nous y faisons nos dévotions à genoux, de la langue, du vit et du bréviaire dans une parfaite communion, et en fervente dévote que je suis, la fureur d’amour me démangeant toute mon académie amoureuse, c’est avec une impatience que je ne pourrai vous dissimuler plus avant, mon serviteur dévoué, que j’attends les beaux jours pour aller brûler un cierge avec vous et en rendre le vôtre cramoisi !

Mais je m’égare, l’heure du berger va bientôt sonner sur le cartel de l’église Saint-Bruno et c’est moi qui ne vous trouve point au rendez-vous de mon désir, cher Vicomte, alors que j’ai tant de bonnes dispositions à votre égard, vous n’avez point idée !

Légèrement vêtue d’un déshabillé de dentelle, fine comme de la gaze, rouge comme la passion, allongée sur mon lit à la polonaise, aux tentures d’un bleu roi profond, apaisant, mais aux décorations très suggestives, sculptées sur la couronne du ciel de lit, tels amours et cupidons s’enlaçant dans des positions très érotiques, m’inspirent plus à l’échauffement des sens qu’au repos de l’âme ; je ne sais plus alors à quel sein me vouer !

Dois-je faire porter un billet à l’un de mes galants afin qu’il vienne me satisfaire sur-le-champ ?

Dois-je me brandouiller avec mon brigadier de l’amour, puis m’amuser avec une de mes mignardises en ivoire jusqu’à l’extase, ou bien simplement et chastement espérer le sommeil, dans lequel sans doute je voguerai vers votre corps, pour m’enivrer de son odeur grisante ?

Vers quelle issue mon incertitude se portera ?

En cet instant, je ne saurai vous dire, mon Bel Ami, mais je vous en causerai, dès notre prochaine entrevue, soyez-en assuré !

Sensuellement vôtre !

Henriette de Brissac, votre désireuse Marquise du Plessy.

Bordeaux, place Royale, le 26 février 1780

Lettre III, à la Marquise du PlessyLa Duchesse Alcinda de Castellane

Ma chère Marquise, tendre complice.

Vous me pardonnerez mon impertinence, mais il faut que je vous conte une anecdote singulière, dont vous allez sans aucun doute raffoler !

Alors que l’on frappait chez moi et que prestement je faisais disparaître ma précieuse écritoire, supposant la venue d’un importun, qu’elle ne fut pas ma surprise de trouver un pli que l’on venait de glisser sous le pas de ma porte. Curieux, je me précipitai à ma fenêtre, mais je n’eus que le temps d’apercevoir un attelage aux armoiries du Duc de Castellane, qui s’éloignait.

Je décachetai avec hâte la cire de cette missive, dont l’effluve qui en émanait me fit penser aussitôt à un billet doux, et je ne vous cache pas mon étonnement en le lisant, d’y trouver une invitation à une conversation privée pour l’après-midi même, signée de la main de la Duchesse de Castellane, votre grande amie. Elle me mandait pour une affaire de la plus haute priorité qui ne pouvait souffrir d’être remise au lendemain et m’assurait de la plus grande discrétion en la matière.

Impatient, lorsque six heures sonnèrent à l’horloge, je me présentai donc en sa demeure, à l’hôtel particulier du Duc de Castellane, situé dans le quartier des Chartrons.

Une jolie soubrette, aux joues rosées, vint m’accueillir pour me conduire auprès de la Duchesse sa maîtresse, qui dans son boudoir se reposait, négligemment allongée sur un profond sofa, dans une pose indolente ; vêtue d’une simple robe de corps à peine dissimulée sous un peignoir en brocard de soie brodée, sa tenue pouvait surprendre pour une conversation, mais rapidement je me sentis à mon aise, car une ambiance sensuelle émanait du lieu.

Un doux parfum d’ambre flottait dans l’air et la pièce était éclairée par quelques chandelles qui, se reflétant dans les nombreux miroirs, dégageaient une lueur donnant une atmosphère tamisée, mais suffisante pour laisser entrevoir tableaux et sculptures galantes, admirables pour la suggestivité du lieu !

Après l’avoir saluée, je la priai de me dire instamment quelle était donc cette affaire si pressante qui me faisait se présenter à elle, à une heure peu habituelle pour un entretien particulier, même si j’en pressentais sur l’instant certains desseins !

Elle me fit asseoir auprès d’elle sur un cabriolet, prit une pause, puis saisissant avec délicatesse un éventail en nacre japonaise dont elle s’éventa, elle me raconta alors son histoire.

Elle était la fille d’un aristocrate espagnol, riche négociant qui avait fait fortune dans la route des Indes, mais toutes ses richesses avaient disparu un jour au fond de l’océan, lors d’une terrible tempête. Complètement ruiné et ne pouvant en affronter l’humiliation, son père provoqua en duel un courtisan de son épouse, Colonel de la Garde, qui dès le premier engagement le fit passer par le fil de l’épée et l’envoya ad patres ; sa veuve fut prise d’une profonde mélancolie, dont elle dépérit quelques mois plus tard.

Alcinda, votre Belle Andalouse, se retrouva ainsi orpheline et sans-le-sou, n’ayant comme seule alternative que d’entrer en religion, au couvent où elle avait été éduquée ; mais dans son malheur, la chance tourna en sa faveur, car son père avait un cousin d’une lignée éloignée, riche marchand ayant réussi en France dans le négoce du vin, mais vieux et célibataire, le Duc de Castellane.

Il lui proposa le mariage et il était stipulé dans le contrat nuptial, le paiement d’une rente qui lui permettrait d’assurer un train de vie de bon usage, avec en contrepartie l’obligation qu’elle n’aurait d’honorer son mariage que deux fois par mois.

La dame préféra le vieux mari au couvent et s’acquitta de sa dette comme il était convenu ; mais son époux bien qu’encore fringant n’arrivant pas à la satisfaire, sur votre recommandation, Madame, elle décida de prendre un amant.

Vous aviez sans doute vanté auprès d’elle certaines de mes qualités et assurément d’une belle manière, puisqu’elle me proposa d’être ainsi son nouveau caprice ! J’avoue que les charmes de cette belle Andalouse et sa lascivité ainsi affichée ne me laissèrent pas indifférent, aussi j’acceptai la transaction et lui proposai mes services.

Un empourprement léger de son visage et le battement accéléré de son éventail me confirmèrent que l’affaire était conclue, mais elle insista, avant de s’y engager, de pouvoir juger sur pièce.

Je n’eus pas le temps de répondre que déjà, sans plus de préliminaires sa main s’engouffra dans ma culotte pour prestement de son étui, en sortir ma flûte à un trou et commencer à en jouer.

Elle était fort bonne musicienne et ses doigts agiles couraient sur mon flûtiau, alors que de sa bouche elle en donnait le tempo ; cependant qu’elle s’amusait de mon instrument avec virtuosité, d’une main alerte elle fit tinter mes balloches dans un concerto à trois voies d’une belle envolée lyrique. Sentant monter en moi le crescendo de cette infernale mélopée, je lui relevai la tête de son ouvrage, l’attrapant délicatement par les épaules en la faisant pivoter sur elle-même, et sur la commode chinoise en bois d’ébène laqué incrusté de nacre, je lui fis poser les mains.

Anticipant la manœuvre, elle écarta alors ses jambes, hautes et habillées de bas blancs rehaussés par un ruban rose, puis bien campée sur de belles mules dorées, elle se tint prête à l’assaut. D’un geste rapide, je retroussai alors son peignoir en soie et sa chemise de tribade fendue qui dévoilèrent en dessous un beau cul, bien rond et aux fesses invitant à l’aumône le faible pêcheur que je suis.

Mais ce cul, Madame, si je vous en parle ainsi aisément, c’est que vous-même le connaissez fort bien et l’appréciez tout autant, lorsqu’au culte de Sapho vous adonnant, vous vous transformez en Adonis et qu’avec votre engin de cuir, vous la soumettez !

Ainsi mise, je pus entrevoir son noir toupet, brillant comme la plume d’un geai, qui dépassait de son gracieux entre-jambes et en gentilhomme avisé, j’y avançai la main. Au milieu de la foison de cette motte que je découvrais, j’entrepris le concierge de sa grotte d’amour, qui déjà saillait et se montrait ardent, pendant que son corps ondulait au rythme de ses gémissements et que son sublime fessier se tendait vers le ciel, dans l’attente d’une bénédiction.

 Tout en caressant son superbe gazon, je glissai un doigt savant vers sa délicate rosette, puis en la massant doucement, je l’y introduisis sans plus d’annonce ; elle releva alors de plus belle son séant pour devancer la manœuvre, car en cavalière émérite elle appréciait assurément qu’on la chevauche à l’antique ! De mon étendard d’amour dur comme un pieu, je lui fouraillai alors la boutonnière, puis d’un geste franc, précis, en remontant le long de son entre-fessons, j’appuyai mon bigarreau rouge sur sa rondelle, prête à l’assaut final, qui céda en douceur sous la charge et dans un profond soupir, elle l’invita tout entier.

Assurément, notre Belle Andalouse aime fort bien manier son homme et par nature doit se révéler être une sacrée fouteuse, car par les mouvements de sa croupe, elle m’emporta dans un fol carrousel et pour ma part je la besognai avec ardeur.

Alors que j’étais sur le point de décharger, j’aperçus dans le reflet d’un miroir, une ombre dissimulée derrière une lourde tenture, son mari certainement qui ne pouvant assurer lui-même la chose, voulait au moins profiter du spectacle ! « Eh bien, soit, mon cher cocu, vous en aurez pour votre argent ! », me disais-je, en redoublant de vigueur dans le petit sanctuaire de Madame la Duchesse, pour mieux la servir ; j’explosai en elle en même temps que dans un râle, elle se pâmait.

Je me retirai, prêt à entamer une deuxième charge vers sa chapelle ardente, mais elle se releva et redescendit sa chemise sur son cul comblé qu’elle fit disparaître sous les pans de son peignoir, reprit ses bonnes manières et m’assura qu’elle avait jugé l’affaire fort concluante !

Elle me remercia pour mes galantes prestations, mais alors que j’allais rengainer mon compliment et prendre congé, elle se retourna vers la tenture d’où l’ombre avait disparu ; aussitôt, de nouveau après avoir lorgné mon pantalon pour s’assurer que mon cas n’avait pas rendu les armes, elle reprit en main mon flûtiau et me gratifia alors d’une nouvelle mélopée improvisée, dont je me laissai bercer cette fois jusqu’en son point d’orgue.

Après avoir convenu d’une prochaine rencontre je pris congé de votre Belle Amie, pressentant la voir bientôt en d’autres belles situations de galante compagnie.

Je vous salue, Marquise.

Vicomte de Soulac, l’humble dévot à vos grâces.

Bordeaux, Taverne des Chartrons, le 3 mars 1780

Lettre IV, au Vicomte de SoulacLe Couvent

Mon très cher Vicomte.

Il y a quelques jours de cela, ma bonne amie Alcinda de Castellane, est venue me consulter sur un sujet important à ses yeux la concernant qui, je vous l’avoue m’a fort intriguée, car elle venait évoquer la rédemption de son âme ; au préalable elle m’avait raconté de façon truculente comment elle vous avait choisi pour être son nouveau caprice et donc, vous en conviendrez, que la démarche avait de quoi surprendre !

Comme je vous l’ai sans doute déjà détaillé, elle va sur ses vingt-cinq printemps, moment qu’elle célébrera au cours du mois de novembre, mais prise d’une crise mystique soudaine, elle souhaite ardemment, avant l’arrivée de cette période, partir faire un pèlerinage sur les lieux de son enfance en Espagne, pour y faire repentance.

Elle m’avait déjà instruite qu’elle avait reçu une éducation religieuse dans un couvent de la région de San Sébastien, mais depuis son mariage avec le Duc et leur installation dans la région, je ne lui connaissais pas une piété débordante et les seuls actes de grâce dont je partage parfois avec elle sa ferveur, ne sont actes de charité que pour les galants et galantes auxquels elle sait faire manier goupillons, burettes et autres calices, dans sa magnifique et ardente chapelle !

Je la questionnai donc sur cette poussée subite de mysticisme et, sans plus de détour, elle m’expliqua qu’elle voulait retourner à ses sources d’inspiration. Certes, les religieuses de son couvent l’avaient strictement éduquée selon les bons préceptes de la morale et de la religion, et enseigné les bonnes manières telles que celles attendues chez une fille de bonne famille, mais en ce lieu béni, elles lui avaient aussi fait découvrir d’autres matières que la rhétorique ou le catéchisme. Le culte de Sapho, le goût doux-amer de la caresse aux verges de bouleau et bien d’autres bonnes habitudes lui avaient entrouvert les portes de son paradis céleste, et pour lesquelles elle éprouvait une certaine nostalgie.

Elle était entrée au couvent dès l’âge de huit ans, pour n’en sortir qu’à dix-huit, au moment de la disparition de ses parents. Ces dix années d’enseignements religieux l’avaient surtout aguerrie aux plaisirs de la vie, aussi n’ayant pas la vocation à consacrer sa vie entière aux prières et aux dévotions, elle n’entra pas en religion.

Mon intérêt à l’évocation de son éducation religieuse grandit subitement, car d’imaginer notre Belle Andalouse en train de réciter avec abnégation un « Notre Père qui êtes aux cieux, que votre volonté soit faite… » les mains jointes et entravées par un chapelet, à genoux sur la pierre froide de l’autel, revêtue d’un simple voile sur la tête cependant qu’une sœur, magnant une badine de saule lui rougissait les fesses avec dextérité, déclenchant une onde de douleur, mêlée de plaisir à chaque coup porté, m’inspira au plus profond de mon âme une bouffée de désir que j’eus le plus grand mal à réprimer dans un premier temps.

L’éducation stricte des religieuses lui profita pleinement, puisqu’elle devint bien élevée, cultivée et maîtrisant le latin, la géographie, l’histoire, ainsi que la poésie et même la musique, car elle jouait de la harpe avec grâce, mais ayant aussi assimilé le sens de l’humilité, de l’obéissance et celui de la soumission.

Quand elle eut quinze ans, elle me raconta qu’un soir aux vêpres, sur les ordres de la mère supérieure, elle s’était allongée sur son lit dans le plus simple appareil vêtue, dans le dessein de se rapprocher de son créateur. Elle était en train de prier avec ferveur, éclairée par la faible lueur d’une chandelle, lorsque la porte de la cellule s’ouvrit et qu’elle vit apparaître deux ombres, dont la première s’approcha d’elle.

 Elle reconnut la sœur maîtresse des pensionnaires, sœur Marie-Thérèse, qui lui avait enseigné la façon de se gamahoter son tendre gland de chair afin, lui disait-elle, de mieux entrer en état de grâce, ce dont élève assidue elle appliquait la leçon chaque nuit, après complies.

Sans plus de préambule, la sœur glissa alors une main ferme et décidée entre ses cuisses serrées, qu’elle écarta souplement d’un geste, avançant un doigt vers sa forêt de Cythère, l’insinuant ensuite adroitement dans sa chapelle, qui déjà se montrait très réceptive à la sollicitation ; puis elle la branla longuement de son doigt précurseur, cependant qu’Alcinda égrenait toujours avec la même ferveur son chapelet et qu’un profond trouble l’envahissait, lui faisant hérisser tous les poils de la peau, en même temps qu’une sensation des plus agréables lui remontait dans le ventre et tout le long du dos.

Lui ayant fait pleurer des larmes de volupté dans son temple d’amour, la sœur se retourna, tendit son bras dans la pénombre en attirant à elle la deuxième ombre, qui d’une manière un peu gauche s’approcha.

Elle reconnut Francisco, un grand jeune homme à la peau basanée qui servait les sœurs en tant que jardinier, leur rendant par ailleurs de menus services au couvent, dont il assurait aussi le ravitaillement ; dans le mouvement, elle passa la main dans sa culotte et en sortit le soc de Francisco, en expliquant à la Belle Andalouse qu’il était temps pour elle que son sillon soit labouré. Devant la taille impressionnante de l’engin de chair, qu’adroitement la sœur faisait enfler par de petits mouvements, elle eut quelque crainte de ne pas pouvoir l’accueillir dans son tabernacle, tant celui-ci était étroit, mais la sœur la rassura alors en lui introduisant un, puis deux, puis trois doigts dans son corridor d’amour, lui déclenchant une onde de désir, qui lui fit monter du bas-ventre une boule de chaleur.

Le jardinier prit alors la place de la sœur, vint s’allonger sur son corps tremblant et de son fuseau pénétra le tendre sillon en s’arrêtant à l’orée du bois, la sœur expliquant Alcinda que pour atteindre l’état de grâce, il lui faudrait sans doute mourir un peu, mais la tranquillisa aussitôt en lui disant, ô combien était doué Francisco, combien il savait bien manier son engin, et que sa souffrance ferait vite place à une agréable sensation de béatitude.

Pour l’encourager, elle lui embrassa ensuite la touffe, lui glissant la langue entre ses tendres coquilles pour lui prodiguer une douce caresse, cependant qu’elle en profita pour en donner de petits coups sur la pine du jardinier, qui commençait à débander.

Le jeune homme reprit alors de la vigueur et sa besogne força la barricade qui céda dans un petit cri d’Alcinda, et lui insinua son engin jusqu’en son milieu, en faisant des allées et venues, cuisantes d’abord, mais qui par une sensation agréable remplacèrent rapidement en elle la douleur.

Continuant ainsi son chemin, il la pénétra jusqu’à la garde dans son bénitier, qu’elle sentit d’un coup dévoré par un feu intérieur intense, mais tellement jouissif, qu’elle prit à pleines mains les fesses du laboureur pour le faire enconner au plus profond d’elle, tant cette nouvelle sensation était exquise et qu’en ce moment divin, elle voulut qu’il restât ainsi en elle, indéfiniment !

Je ne vous l’avais pas encore précisé, mon Cher Vicomte, mais la Duchesse était venue me visiter à l’impromptu, pendant que je profitai avec volupté d’un bain, les narines emplies de senteurs de jasmin et de chèvrefeuille diffusées par de petites porcelaines, après avoir passé un moment dans l’étuve, le temps de m’y délasser. Je l’avais autorisée à s’y introduire en ma présence, car elle était très curieuse de voir ma nouvelle pièce d’eau. Avec pudeur, j’avais tiré sur moi un drap pour protéger ma nudité, tandis qu’elle s’installait confortablement sur un fauteuil crapaud bas, derrière mon petit paravent chinois. De la sorte, elle ne pouvait apercevoir que ma tête.

Elle resta admirative devant la somptueuse décoration de la pièce, de forme hexagonale, dont le plafond était peint d’un ciel bleu où voletaient des oiseaux aux longues plumes multicolores. En son centre trônait la baignoire en marbre de Carrare, encastrée dans le dallage blanc à cabochons noirs, qui se reflétait dans de grandes glaces descendant jusqu’au sol. Sur le mur opposé à ma cheminée en marbre rose veiné, surmontée d’un miroir vénitien, on pouvait apercevoir sur une fresque peinte en trompe l’œil, au travers d’un treillage de vignes entrelacées, une gracieuse Diane sortant du bain.

Dans cet environnement voluptueux, elle me raconta avec force de détails, comment elle avait perdu son pucelage !

La chaleur de l’eau délicatement parfumée à la rose me donnant quelques vapeurs, de façon irrésistible je glissai la main dans mon entre-jambes où je commençai à me brandouiller le bouton de mon doigt d’amour. Mais rapidement, mon désir de contenter ma fournaise devint si intense que je me levai, telle la Diane{7}, drapée dans le tissu mouillé qui me collait à la peau, révélant ainsi mes formes et mes tétons qui pointaient sous le frêle tissu.

Tout en continuant son histoire, Alcinda prit une serviette et m’aida à sortir de la baignoire. Elle m’essuya le dos puis tendrement les fesses, s’insinuant entre mes jambes tremblantes que j’écartai avec délectation, puis agrippa le linge qu’elle jeta au sol. Il fut vite remplacé par la douceur de ses longs doigts, qui remontèrent comme une brise légère effleurant ma peau, m’en faisant frissonner la moindre once, puis commencèrent à fouiller ma divine ouverture pour y débusquer leur butin ! Quand ils eurent trouvé leur bonheur, ce fut le mien qu’Alcinda combla alors par d’interminables caresses, cependant qu’elle couvrait mon corps de tendres baisers.

Je me retournai pour m’offrir et elle se mit à lécher de sa langue malicieuse mes avantages encore ruisselants, les essuyant adroitement tout en en faisant saillir leurs fraises purpurines ; elle les mordilla et les suça avec délice, jusqu’à ce qu’une nouvelle vague de plaisir m’emportât. Alors, je la pris par la main pour la conduire dans une pièce attenante où se trouvait un lit de repos judicieusement installé dans une alcôve ; la décoration était placée sous le signe d’Aphrodite, avec des représentations de la déesse ainsi que du dieu Éros, ou de Pan{8} que l’on voyait sous la forme d’un faune, abusant joyeusement d’une nymphe tout ouverte à son ardeur !

Je l’aidai à délacer son corsage, à enlever robe et jupons, pour en embrasser fiévreusement toutes les parcelles de son corps que je dévoilai avec émotion.

 Quand elle n’eut plus que ses bas, le spectacle de son cul ainsi offert me fit perdre la raison. Je lui fis courber le corps en avant, lui glissant une main entre les cuisses pour fourailler son gazon, en même temps que de ma langue j’appréciai la rondeur de ses fesses, avant de forcer l’entrée de son petit pertuis.

Avec la complicité de mon doigt de cour qui habilement lui chatouillait le clitoris d’une façon de plus en plus pressante, elle passa par tous les états de la félicité, puis sous l’ardeur de mes caresses, elle se mit à jouir et par une profusion de cyprine gratifia son doux interlocuteur.

Éprise de tendresse, je l’allongeai sur le lit, puis me couchai sur elle, tête-bêche, enfournant ma langue dans sa motte brûlante de plaisir ; je sentais la sienne chaude comme la braise explorer la mienne, me l’enfonçant jusqu’aux tréfonds de mon corridor, sensation ô combien divine, pour finir par me gamahucher le bourgeon.

Nous jouâmes à minon-minette, puis pressentant arriver le moment propice à notre jeu favori, du tiroir d’un petit guéridon en merisier, recouvert d’un dessus en marbre vert et placé juste à côté du lit, je sortis un godemiché.

Admirablement façonné en vélin, il avait la particularité d’avoir deux phallus de taille un peu différente, assemblés sur une longue ceinture faite de brins de cuir tressés ; Alcinda prit l’engin par son bout le plus court qu’elle se mit à sucer avec provocation, le sortant de sa bouche pour le lécher langoureusement de sa langue gourmande. Jugeant qu’il était fin prêt pour qu’elle en fasse un bon usage, elle titilla mes sommités avec, effleurant mes chicherons qui s’en cabrèrent d’aise.

Elle le descendit sensuellement sur mon ventre, palpitant sous la caresse, s’amusa quelques instants sur ma motte, où après avoir joué avec mon éminence gonflée par le désir, elle me l’introduisit avec une grande habileté, mais tout en douceur, en prenant dans ses mains les pans de la cordelière.

 Se glissant derrière moi, d’un geste rapide et précis, elle finit de l’enfourner dans mon con, cependant qu’elle nouait la tresse de cuir dans mon dos et ce faisant, elle m’embrassa amoureusement la nuque du bout de ses lèvres torrides.

Mon corridor d’amour était en feu, mais le sien réclamait son dû, aussi elle se mit à genou sur le lit, attrapant le godemiché pour le guider jusqu’en son catimini ; mais une fois l’engin bien dans la place, prise par une violente pulsion, je l’enconnai jusqu’à la garde d’un coup de rein.

Comme ce phallus avait dans cette partie une taille conséquente, mon ultime assaut lui soutira un grognement.

La prenant fermement par les hanches, je la besognai au rythme du plaisir que l’autre partie de l’olisbos, faisant son action au fond de ma chapelle me donnait, en même temps qu’elle gémissait sous mes coups de butoir ; lorsque le moment de l’extase fut proche, d’un dernier mouvement puissant j’enfonçais en chacune d’entre nous l’engin de cuir, jusqu’à sentir nos peaux moites, ne faire plus qu’une.

Nous poussâmes de concert un long cri et déchargeâmes dans le même temps, sous l’emprise d’un profond plaisir, tout en gardant en nous pendant de longues minutes le providentiel instrument, bien au chaud dans les tréfonds de nos intimités.

Nous profitâmes intensément de cette extase toute saphique puis à regret, nous nous séparâmes de cette union sensuelle, si bonne et si généreuse ; nous restâmes un moment à jouir tendrement l’une de l’autre, nous embrassant câlinement, savourant l’ivresse de cet instant de bonheur.

Ma Belle Andalouse s’étant assoupie, je me levai délicatement, puis j’allai m’installer devant ma coiffeuse, magnifique petit meuble façonné en bois de rose marqueté, incrusté de nacre et de cuivre dessinant de fines arabesques florales ; un plateau en argent y était posé sur lequel était présenté un service en verre coloré de Murano.

Une douce langueur m’avait envahie. Je bus avec délectation un trait d’une merveilleuse liqueur à la mandarine, puis ayant repris des forces je m’apprêtai.

Je revêtis ma robe, mes jupons et mon corsage de dentelle qui dégageait si gracieusement ma gorge blanche et ferme, dont j’admirai un instant l’aimable reflet dans le miroir ! Je jetai un murmure de poudre et une pointe de fard rouge sur mon visage, pour donner une bonne mine à mes traits défaits, mais ô combien ravis !

Ma Belle Alcinda s’était endormie ingénument dans mon peignoir de soie indienne. Lâchement noué, il laissait ainsi entrevoir un de ses seins, magnifique, et une de ses jambes qui avait glissé nonchalamment en dehors du lit, offrant à ma vue l’impudique, mais tout autant ravissant spectacle de son bosquet frisé et foisonnant.

Une intense émotion m’envahit, en même temps que je sentais renaître un profond désir de jouir encore de son corps, mais mes associés m’ayant demandé un entretien que je me devais d’honorer, c’est avec regret que je la laissai ainsi abandonnée aux bras de Morphée.

En ce jour de pèlerinage, il n’était plus temps d’en discuter, mais je restai persuadée que nous serions amenées à le faire dans un temps prochain.

Ce n’était que partie remise, si je puis dire tant cette partie, de l’évoquer même m’en rend toute chose !

À bientôt de vos nouvelles, mon cher Vicomte.

Henriette du Plessy, votre impatiente et dévouée Marquise.

Bordeaux, Royale, le 18 mars 1780

Lettre V, à la Marquise du PlessyL’Abbé Amblard et Blanche, sa servante

Ma Belle et très Chère Amie.

Il y a quelque temps de cela, notre cher Abbé Amblard m’avait instruit que Madame Louise sa servante, s’était blessée vilainement au cours d’une chute dans un escalier, lui avait envoyé pour la remplacer sa jeune nièce.