Contes d'Irlande - Françoise Rachmuhl - E-Book

Contes d'Irlande E-Book

Françoise Rachmuhl

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Beschreibung

Un recueil de contes aux origines celtiques joliment illustrés par Thomas Carretero

Qui de Tom, Deirdre, Cuchulain ou du célèbre Finn Mac Cool parviendra à déjouer les pièges des nombreuses créatures qui peuplent l'Irlande ? Entre amours, guerres de royaumes, lépréchauns et banshies, les peuples du Nord nous bercent de leur folklore.
Ces contes prennent racine dans l'univers celtique qui entraîne le lecteur vers une histoire, une culture, un ailleurs.

Laissez-vous emporter par ces contes irlandais qui vous feront découvrir de nouvelles contrées!

EXTRAIT DE Le taureau tacheté

En ce temps-là, le fils du roi d’Irlande était un beau jeune homme, en âge de se marier. Les demoiselles de la haute et de la petite noblesse étaient avec lui tout miel et tout sourires, mais il ne les regardait même pas. Il n’avait d’yeux que pour ses deux voisines, deux jolies filles de condition modeste. Chaque fois qu’il sortait du palais pour se promener ou aller à la chasse, il les saluait. Elles répondaient à son salut. Un jour, ils échangèrent quelques mots. Petit à petit ils tinrent de vraies conversations. Enfin ils devinrent amis et comme l’amitié conduit à l’amour, il s’éprit de l’une d’elles et l’épousa. Non pas l’aînée, comme le voulait l’usage, mais la plus jeune qui était davantage à son goût.
Ils vécurent heureux quelque temps dans leur palais. Naturellement, selon la coutume de cette époque, l’aînée avait suivi la cadette et vivait confortablement à ses côtés. Elle faisait bonne figure, mais elle était horriblement jalouse et décidée à faire à sa sœur le plus de mal possible. Elle n’attendait qu’une occasion.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

De jolis contes pour voyage sur les terres Irlandaises à la découvertes de son folklore et de ses légendes. Un très joli recueil de contes pour petits et plus grands ! - Cestpasfaux, Babelio

À PROPOS DES AUTEURS

Françoise Rachmuhl était professeur de lettres modernes en lycée et collège. Elle a également dirigé la collection des petits classiques aux éditions Hatier. Actuellement, elle se consacre à l'écriture. Elle a publié des nouvelles, deux romans pour adultes et une vingtaine de recueils de contes traditionnels pour la jeunesse.
Thomas Carretero est né à Bayonne et a grandi au pays basque.
Après un bac « Arts Appliqués » et des études d’illustration à Paris, il étudie maintenant le cinéma d’animation à Angoulême.

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Couverture

Collection

Contes d’Orient et d’Occident

1. Histoire d’Aladdin Roi de l’Yémen

William Beckford

2. Les Quatre Talismans

Charles Nodier

3. Contes de Fez

Anonyme

4. Contes de l’Alphabet I

E. & B. de Saint Chamas

5. Contes de l’Alphabet II

E. & B. de Saint Chamas

6. Contes de l’Alphabet III

E. & B. de Saint Chamas

7. Contes de Berbérie

José Féron Romano

8. Nouveaux contes de Fez

Anonyme

9. Le prince dont l’ombre était bleue

J. Féron Romano et E. Tabuteau

10. Contes des six trésors

E. & B. de Saint Chamas

11. Qamar az-Zaman et la princesse de la Chine

M.-C. Baillaud

12. Contes du Japon

Mayumi Watanabe

13. Le roi qui aimait les contes I

Boubaker Ayadi

14. Le roi qui aimait les contes II

Boubaker Ayadi

15. Le roi qui aimait les contes III

Boubaker Ayadi

16. Histoires de trolls et autres contes nordiques

Monique Ribis

17. Contes de Grèce

Gilles Decorvet

18. Tali Nohkati I

Koza Belleli

19. Tali Nohkati II

Koza Belleli

20. Une chanteuse à Médine et autres contes arabes

Boubaker Ayadi

21. Contes du grenier

E. & B. de Saint Chamas

22. Contes d’Irlande

Françoise Rachmuhl

23. Contes du Soudan

Viviane Amina Yagi

Titre

Copyright

L’AUTEUR

Originaire de Lorraine, Françoise Rachmuhl a fait ses études à Nancy. Elle vit actuellement dans la banlieue parisienne. Professeur de Lettres modernes, elle a enseigné en lycée et surtout en collège. Elle a dirigé aux éditions Hatier les petits classiques pour collège. A présent, elle anime régulièrement des ateliers d’écriture dans des classes de CM2 et de 6ème et se consacre à l’écriture. Elle a publié aux éditions Milan et Flammarion une vingtaine de recueils de contes traditionnels et des adaptations d’œuvres de l’Antiquité ou du Moyen Àge, et quelques ouvrages pour adultes, romans ou nouvelles.

Tous droits de reproduction, de traduction

et d’adaptation réservés pour tous pays.

© 2014 Éditions duJasmin

www.editions-du-jasmin.com

ISBN 978-2-35284-724-3

Avec le soutien du

Du même auteur

DU MÊME AUTEUR

(PUBLICATIONS RÉCENTES)

15 Contes d’Europe, 2001, 2013, Flammarion

15 Légendes extraordinaires de dragons, 2007, Flammarion

15 Contes et Légendes des fées, 2009, Flammarion

13 Histoires de vampires, 2011, Flammarion

15 Récits de sorcières et de revenants, 2012, Flammarion

Dieux et déesses de la mythologie grecque, album, 2013, Flammarion

Lancelot, le chevalier à la charrette, Chrétien de Troyes, 2014, Flammarion

CONTES MERVEILLEUX

Tom, le garçon à la peau de bique

La mère de Tom était si pauvre qu’elle n’avait pas de quoi habiller son fils. Pour qu’il n’ait pas froid, elle l’enfouissait dans un tas de cendres tièdes, ce qui lui était facile puisqu’elle habitait à côté d’une forge, près d’Enniscorthy. Au fur et à mesure qu’il grandissait, elle creusait de plus en plus profondément le tas jusqu’au jour où, on ne sait trop pourquoi ni comment, elle réussit à se procurer une peau de bique, une belle peau ma foi, encore couverte de longs poils blancs. Aussitôt Tom se l’attacha autour des reins et alla se promener dans l’unique rue du village.

« Hé Tom ! lui dit sa mère le lendemain matin, comme te voilà grand ! Tu mesures presque deux mètres, tu as dix-neuf ans passés et qu’as-tu fait de bon dans ta vie jusqu’à présent ? Rien du tout, espèce de vaurien ! Tiens, prends cette corde et va dans la forêt me chercher du petit bois. Tu m’en feras un fagot. Un beau fagot, c’est compris ?

— Entendu, mère ! Pas la peine de me le répéter, j’y cours ! »

Tom avait ramassé son bois et commencé à lier son fagot, quand il vit se dresser devant lui… devinez qui ? un géant, de trois mètres de haut, tenant à la main une massue qu’il brandissait d’un air féroce. Tom esquiva le coup et riposta, avec un simple bout de bois, si vaillamment que le géant tomba de tout son long par terre en se râpant le nez.

« Si tu connais tes prières, c’est le moment de t’en souvenir avant que je te réduise en miettes, l’avertit Tom.

— Je ne connais pas de prière, répondit le géant. Mais si tu me laisses la vie sauve, je te donnerai cette massue. Grâce à elle, tu sortiras vainqueur de n’importe quel combat. »

Tom laissa partir le géant, puis il s’assit sur le fagot, le frappa légèrement du bout de la massue en lui disant : « Fagot ! Tu m’as donné assez de mal, à présent c’est à toi de travailler. Ramène-moi à la maison ! » Et le fagot, en craquant, en gémissant, ramena Tom chez sa mère.

Mais bientôt ce fagot fut brûlé et Tom dut retourner dans la forêt pour en faire un autre. Cette fois il rencontra un géant à deux têtes, qu’il eut un peu plus de mal à abattre. Ce géant ne connaissait pas mieux ses prières que le précédent. Aussi fit-il cadeau à Tom d’un fifre. Quiconque l’entendait ne pouvait s’empêcher de danser. Et le fagot dut danser tout le long du chemin en ramenant à la maison Tom qui s’était perché dessus.

Le troisième géant, lui, avait trois têtes et Tom finit par en venir à bout. Ce géant non plus n’avait pas souvenir de ses prières. Il donna à Tom un pot rempli d’une pommade verte.

« Si tu t’en frottes le corps, lui dit-il, tu pourras te blesser, te brûler ou t’ébouillanter sans ressentir la moindre douleur. Et maintenant, adieu ! Ramasse tout le bois que tu veux, jusqu’au Jour du Jugement, tu ne verras plus de géants. »

Après quoi Tom était devenu aussi fier que dix coqs et, fièrement, se pavanait tous les soirs dans l’unique rue du village, à la grande joie des gamins qui le suivaient en lui tirant la langue, se moquant de sa peau de bique et de sa massue.

Tom leur en aurait volontiers donné un bon coup, mais quoi ! ce n’étaient que des enfants, aussi mal élevés que ceux de Dublin, ce qui n’est pas peu dire !

Or voici qu’un beau jour arriva justement de Dublin un sonneur de clairon. Après avoir fait longuement résonner son instrument, il annonça à la foule curieuse que le roi de Dublin donnerait sa fille en mariage à quiconque lui arracherait trois éclats de rire, la mélancolie de la princesse étant si grande qu’elle n’avait pas ri une seule fois en sept ans.

« Bon, j’en fais mon affaire ! » se dit Tom et, sans plus attendre, il embrassa sa mère, menaça une dernière fois de sa massue les petits garnements et s’en alla sur la grand-route qui mène à la bonne ville de Dublin.

Il finit pas arriver devant l’une des portes de la cité. Mais pas moyen d’entrer : les gardes l’en empêchaient, tout en s’esclaffant tant ils le trouvaient comique. Tom supporta patiemment leurs moqueries jusqu’au moment où l’un d’eux, en guise de plaisanterie, lui chatouilla les côtes du bout de son épée. Tom se pencha, d’une main l’attrapa par la nuque, de l’autre par la ceinture et le flanqua dans le fossé. Les autres gardes accoururent pour tirer de là le pauvre diable et, par la force des armes, apprendre la politesse au jeune étranger.

D’un seul coup de sa massue, Tom les expédia promptement au fond des douves ou contre la muraille : aussi ne tardèrent-ils pas à le supplier de bien vouloir rester tranquille et l’un d’eux s’empressa de le conduire jusqu’à la cour du château.

Là, du haut d’une galerie, le roi, la reine et leur fille assistaient à une démonstration de force, d’adresse et de grâce de la part de leurs sujets. Luttes, combats à l’épée, danses et toutes sortes de pitreries et de jeux se déroulaient devant les yeux de la princesse, sans que naisse sur son joli visage même l’ombre d’un sourire.

Là-dessus, Tom arrive : les voilà tous immobiles, oubliant de se battre, de danser, de faire les pitres ou de regarder le spectacle. Ils contemplent, bouche bée, sa haute taille, sa face enfantine, ses longs cheveux noirs, sa barbe bouclée – car sa pauvre mère n’a jamais pu lui acheter de rasoir. Ils contemplent aussi, ébahis, les muscles de ses grands bras, ses jambes nues et l’espèce de peau de bique qui le couvre des hanches aux genoux.

Alors s’avance vers lui un des nobles de la cour, tête rousse, peau ridée, un vieux tout ratatiné, ce qui ne l’empêche pas de prétendre à la main de la princesse. Il n’aime pas du tout la façon dont celle-ci écarquille les yeux pour mieux voir le jeune étranger.

« Qu’est-ce que tu fais là ? As-tu seulement un métier ? demande-t-il d’un ton hargneux à Tom.

— Mon métier ? C’est d’essayer de faire rire trois fois notre belle princesse, que Dieu la bénisse !

— Tu vois ces gens, comédiens, acrobates, lutteurs, manieurs d’épée… Ils en valent dix comme toi ! Eh bien ! En sept ans bien comptés, pas un seul n’a réussi à la faire rire. Hé là, vous autres, venez ici… »

Interpellés de la sorte, tous ceux qui se trouvaient dans la cour s’approchèrent et, comme Tête Rousse les y encourageait, ils se mirent à bousculer Tom, doucement pour commencer.

« N’ayez pas peur, allez-y donc ! leur dit Tom sans s’émouvoir. Et six à la fois, que je voie ce dont vous êtes capables ! »

Le roi se trouvait trop loin pour entendre ce qu’ils disaient. « Que se passe-t-il ? demanda-t-il. Que veut le jeune étranger ?

— Le jeune étranger ! s’écria Tête Rousse. Il veut transformer vos meilleurs hommes en chair à pâté !

— S’il en est ainsi, qu’il se batte… mais contre un seul à la fois. Nous mesurerons son courage. »

L’un des manieurs d’épée se présenta, à l’abri de son bouclier, et donna une tape à Tom.

Celui-ci, d’un léger coup de massue, lui heurta le coude, fit sauter son épée, bossela son casque et le laissa tomber sur le sol, où il se releva comme il put.

Un autre alors prit sa place, puis un autre… un autre… un autre encore… et ainsi de suite jusqu’à six à la fois. Et dame Massue tournoyait, les casques, les épées, les boucliers volaient, et les corps s’amoncelaient.

Comme Tom était bon garçon, il laissa la vie sauve à ses assaillants. Au bout d’un moment, ils se redressèrent en pleurnichant, se prétendirent blessés, estropiés, morts, et recommencèrent à marcher, boitant bas, se frottant les jambes, les bras, de si comique façon, que des lèvres de la princesse jaillit un beau grand doux éclat de rire. De la cour au fond du château, tout le monde l’entendit.

« Roi de Dublin ! J’ai gagné le premier tiers de votre fille ! » s’exclama Tom. Le roi ne savait pas s’il devait s’en féliciter, mais la princesse rougit.

Ce jour-là, il n’y eut plus de combats ni d’autre divertissement et Tom fut invité à dîner avec tous les courtisans à la table royale.

Le lendemain matin, au petit déjeuner, alors que Tom plongeait sa cuiller dans son bol de porridge, Tête Rousse l’interpella.

« Cher ami, avez-vous entendu parler du loup qui terrorise la population ? C’est un loup énorme, de la taille d’un veau, qui tourne en hurlant sous nos murailles et dévore tous ceux qu’il rencontre, bêtes ou gens. Quel soulagement pour le roi si un homme courageux venait à bout de ce monstre, s’il pouvait nous débarrasser de cet abominable…

— Inutile de me le dire deux fois, le coupa Tom. Si le roi m’y autorise, je trouverai cet animal. Nous verrons comment il réagira en présence d’un étranger ! »

Le roi l’y autorisa au grand mécontentement de la princesse. Depuis que Tom avait revêtu des habits de gentilhomme et coiffé ses boucles brunes d’un chapeau vert, elle lui trouvait beaucoup trop belle allure pour qu’il s’expose à la férocité d’un loup.

Mais elle se rassura quand, au bout d’une heure et demie, elle les vit revenir tous les deux. Tom, en bon berger, guidait de sa massue l’animal qui trottait devant lui, tel un agneau égaré.

Pourtant, dès qu’ils les aperçurent, officiers, courtisans, tous ceux qui dans la cour vaquaient à leurs affaires, se précipitèrent à l’intérieur du château en fermant derrière eux les portes. Le loup regarda Tom, l’air de dire : « Dommage ! J’en aurais bien fait mon petit déjeuner ! »

Le roi, réfugié sur la galerie avec sa famille, cria : « Tom ! Tom ! Débarrasse-nous au plus vite de cette terrible bête et je te donne ma fille… en entier ! »

Mais Tom ne l’entend pas. Il sort de sa poche son fifre – le fifre que le deuxième géant lui a donné – et il commence à jouer. Aussitôt se mettent à danser le loup et ceux qui se trouvent encore dans la cour, des galopins, quelques valets, quelques curieux, et Tête Rousse, espérant bien assister au massacre de son rival.

Ils dansent. Ils lèvent le bras, ils lèvent la jambe, ils tournent un tour, ils tournent deux tours, ils recommencent. Ils crient de surprise, puis de peine, les muscles raides, le corps en eau, la tête vide. Ils tourbillonnent sans pouvoir s’arrêter.

Le loup, au milieu d’eux, chancelant de fatigue, ne quitte pourtant pas Tête Rousse d’un seul pas et de temps en temps se retourne vers Tom comme pour lui demander la permission de l’avaler. Tom fait « non » de la tête et continue à jouer.

Ce que voyant, la princesse qui n’a plus peur du loup et que ce manège amuse se met à rire d’un bon grand rire.

« Roi de Dublin ! J’ai les deux tiers de votre fille ! crie Tom.

— Les deux tiers ou même la totalité, répond le roi. Renvoie ce loup au diable et nous aviserons. »