Curves Rock - Tome 2 - Amy Nightbird - E-Book

Curves Rock - Tome 2 E-Book

Amy Nightbird

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Beschreibung

Si elle apprenait à lâcher prise, jusqu'où oserait-elle aller ?

Après la trahison de Dan et de Jax, Stones pense ne jamais pouvoir les pardonner et fuit dans un pays lointain avec son meilleur ami Jake. Alors qu'elle ne veut plus y penser, Jake tente de la faire parler pour l'aider. Mais si en parler la faisait revenir en arrière et remettre en question tout ce qu'elle a toujours haï ?
De leur côté, Dan et Jax prennent conscience à quel point Stones est importante pour eux. Ils décident alors de tout faire pour la retrouver Toutefois, la retrouver est la partie facile, la reconquérir un peu moins. Qu'adviendra-t-il lorsqu'ils la reverront ? Leur pardonnera-t-elle ? Comment feront-ils lorsqu'elle sera face à un choix ?

Retrouvez Jax, Dan, Stones et Jake dans ce deuxième tome encore plus hot et addictif.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"OK j’ai adoré et je vais dévorer le tome 2. La plume de l’auteur est accessible et très addictive, je ne voyais absolument pas le temps passer en le lisant," - labookiste, Instagram
"J’ai aimé cet univers rock, la musique, le style vestimentaire des personnages, clairement j’étais dans mon monde." - sandy8000, Intagram
"Du rock, du peps et un triangle amoureux ! J'ai beaucoup aimé l'univers musical dans lequel nous plonge l'auteure. Les personnages sont touchants avec leurs caractères bien trempés." - lectureencours, Instagram

À PROPOS DE L'AUTEURE

Après avoir exploré une partie du monde, Amy Nightbird a décidé de se poser dans une petite ville de Belgique quand elle a trouvé quelqu’un d’aussi singulier et original qu’elle. Elle a fait de sa passion pour le voyage un métier. Habitante de la planète rock, elle aime passer des heures à écouter Biffy Clyro, Metallica, Fall out Boy et tant d’autres artistes, parfois avec son petit rockeur de presque trois ans. Amy prend plaisir à raconter l’histoire de personnages cultivant leurs différences et failles, toujours avec une part d’ombre et une touche d’humour.

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Playlist

Creep – Radiohead

Let it Go – James Bay

Opposites – Biffy Clyro

Hanging Over – Blur

Don’t Cry – Guns N’ Roses

Home – Foo Fighters

How you remind me – Nickelback

Born To Be Wild – Steppenwolf

Back to Black – Amy Winehouse

Thunderstruck – AC/DC

Damaged Goods – Gang of four

Rock the Casbah – The Clash

45 – The Gaslight Anthem

Livin’ on a Prayer – Bon Jovi

Bubbles – Biffy Clyro

There is Nothing Left to Lose – Foo Fighters

For Evigt – Volbeat

Instant history – Biffy Clyro

Chelsea Dagger – The Fratellis

You Can’t Always Get What You want – Rolling Stones

Sounds Like Balloons – Biffy Clyro

Still Counting – Volbeat

Light my fire – The Doors

Rocket Queen - Guns N’ Roses

In my Darkest Hour – Megadeth

Stairway to Heaven – Led Zeppelin

Voodoo – Godsmack

I Wanna Be your Dog – The Stooges

In the End – Linkin Park

Ghost - Badflower

Chapitre 1 « Creep », Radiohead

Jax

La fin de soirée n’est définitivement pas comme je l’avais imaginé. On se croirait à un concert de Radiohead sous Prozac. La scène serait presque risible si je n’étais pas à deux doigts d’appeler mon ultime refuge pour un trip qui effacerait toute émotion. Une seule dose de poudre, un seul cachet pour ne rien ressentir, et je serai à nouveau moi. Pourquoi je me suis lancé là-dedans déjà ? Comme le disait mon connard de parrain, remplacer une drogue par une autre, c’est foireux. Pas dans ces termes, mais bon, on ne va pas pinailler. Moi qui voulais la détruire… Si on m’avait dit qu’on serait là un jour, Dan, Pete, Koll et moi à boire un cocktail signature qui me donne envie de gerber tant il me rappelle une créature pulpeuse et démoniaque. Peut-être est-il est trop sucré ? Mon cerveau a dû cramer ! On est comme quatre cons à regarder notre verre comme s’il pouvait se transformer en machine à voyager dans le temps – ou dans le cas de Koll, comme s’il pouvait lui dire pourquoi il porte cet improbable perfecto turquoise. Le reste du monde est en train de fêter l’inauguration de notre Live Music Corner sur la musique rythmée du DJ. Notre joli petit groupe n’est pas tout à fait dans le même mood. Personne ne l’a ouvert, mais j’attends le début des hostilités avec autant d’impatience qu’un condamné à mort. Bien sûr, c’est cet enfoiré de Dan qui lance la première offensive :

— Je ne sais pas ce qui me retient de te faire un autre cocard, dit-il d’un air à la Hannibal Lecter.

— Peut-être parce que tu n’es plus en état mon vieux.

La provoc’ constitue une proportion de mon ADN. J’ai toujours raison même quand j’ai tort. Effectivement, Dan s’est déjà bien défoulé devant le K avant qu’un taxi nous ramène ici. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il a la forme. On se serait cru dans un fight club, l’odeur de la sueur et la riposte en moins. Eh ouais, je ne me suis même pas défendu. Ce n’est pas mon genre, mais les coups ne m’ont même pas causé le quart de la douleur que j’ai ressentie en voyant le visage bouleversé de ma furie. Ses pleurs ont bousillé quelque chose en moi. Je deviens sentimental maintenant. Il ne manquait plus que ça. Depuis que j’ai rencontré Stones, ça arrive un peu trop souvent et il va falloir que ça cesse.

C’est au tour de Pete :

— Qu’est-ce que tu as encore foutu, connard ? Pour une fois que tu avais l’air à peu près fréquentable. Les conséquences, tu n’en as rien à foutre, comme d’hab’ !

Pour que mon frère jure, il faut vraiment qu’il soit furax. Il a développé, au fil des années, une sorte de sixième sens pour savoir quand je fais des conneries. Je vais en prendre pour mon grade. Il ne sait pas encore ce que j’ai fait, mais quelque chose me dit que ça ne va pas tarder.

Et on continue sur notre lancée avec Dan, encore une fois. Youhou !

— Elle était à moi. J’allais la rendre heureuse. J’étais même prêt à renoncer à tout pour Stones. Tu vas me faire le plaisir de sortir de sa vie et pas plus tard que maintenant sinon je vais faire en sorte que tu ne puisses plus baiser qui que ce soit.

Dans tes rêves, Dan ! C’est qu’il me ferait presque peur, Danounet, quand il me lance son regard noir.

Mon sang est en train de bouillir quand Koll a une illumination :

— C’est qui Stones ? demande-t-il l’air complètement perdu.

Putain, fait chier ! Je lui envoie une tape derrière la tête qui manque de le faire tomber de son tabouret. Il doit bien y avoir un moyen de m’empêcher de prendre une dose pour me remettre les idées en place. La partie raisonnable de mon cerveau, qui au passage s’est fait la malle, appellerait son parrain, mais mes tripes et un peu ma queue, je dois l’avouer, veulent voir ma Stones. Ok, let’s go. Avec ce qui me reste d’énergie, j’essaie de traîner Dan avec moi car je sais que je vais encore tout foirer si j’y vais seul. Dan, c’est moi en gentleman, digne de confiance et sain d’esprit. Mais que les choses soient claires, je ne me sers pas de lui, pas du tout… Si j’étais quelqu’un de bien, je lui laisserais Stones car je sais parfaitement qu’il la traiterait bien mieux que je ne pourrais jamais le faire. Mais bon, c’est un mec bien, pas moi. Comme je surfe constamment sur les vagues du diable en compagnie de mes démons, je me fiche du mal que je peux faire aux gens.

Putain, D, on n’a pas la journée ! Il ne bouge pas d’un pouce et ma douleur à l’œil ne me permet pas d’y mettre plus de mordant :

— Qu’est-ce que tu fous ? C’est foutu. Elle ne voudra jamais nous voir à cause de toi qui ne penses qu’à ta petite gueule !

— Je viens avec vous, les gars, au cas où ça dégénère, ajoute saint Pete, subitement de retour.

— On y va ou on échange nos fringues ? Ok, je pense qu’à ma gueule et ma gueule veut Stones. Alors, on se bouge !

— Ok, l’enfoiré, mais si Stones ne veut plus rien avoir à faire avec toi, tu lâches l’affaire.

— D’accord, mais c’est Monsieur l’enfoiré pour toi.

Je soupire et pour gagner du temps :

— Ok, si tu y tiens, je lâcherai l’affaire !

C’est hors de question, mais ce n’est pas le moment de lui faire l’article. Dan, tu as de la merde dans les yeux si tu penses que je vais abandonner la partie.

Nous voilà partis tous les trois avec un pass au cas où ma furie aurait la surprenante idée de ne pas ouvrir la porte à ses deux enfoirés préférés et leur chaperon. Peut-être qu’on aurait dû se la jouer en Chippendales, ça aurait fait une bonne intro. Mais quelle idée merdique ! Mon taux de dinguerie doit péter les scores.

En ouvrant la porte, la réalité est pire que ce que nous imaginions. Le dressing est vide, le lit est défait. J’ai presque envie de m’y vautrer pour m’abreuver encore et encore de son odeur de plage. Ce n’est pas le moment, Jax. Plus de sacs, plus de bagages, plus une seule trace de son passage, mais ce n’est pas ça qui me frappe le plus. Les notes de Let it Go me qui emplissent la pièce me disent tout : ce qu’elle ressent, son mal-être et sa fuite. Il est clair qu’elle en a fini avec nous. Foutue chanson de merde, foutu chanteur à chapeau de merde qui sait faire ce que je n’ai jamais su faire : pondre une ballade digne de ce nom. Ce fond sonore nous met instantanément en état de choc. Elle n’est plus là et j’ai sans doute fini par atteindre l’objectif que je poursuivais quand je l’ai rencontrée : la détruire. Sauf que mon corps, la pierre qui me sert de cœur et ma bite ont changé d’avis. La victoire n’a jamais eu un goût si prononcé de défaite. Seules traces de son passage : le tee-shirt des Black Suits que je lui avais prêté, seul souvenir de notre moment de symbiose, une enveloppe adressée à Dan et à moi avec un extrait des paroles de la chanson de James Bay, signée Stones.

I used to recognize myself

It’s funny how reflections change

When we’re becoming something else

I think it’s time to walk away

So come on, let it go

Just let it be

Why don’t you be you

And I’ll be me

Everything that’s broke

Leave it to the breeze

Why don’t you be you

And I’ll be me…

Il faut admettre qu’elle a un certain sens de la mise en scène. J’ouvre avec rage l’enveloppe qui contient sa putain de lettre de démission. Motif invoqué : raison personnelle. Tu parles que c’est personnel ! Je donnerais n’importe quoi pour qu’elle se matérialise à nouveau là devant moi maintenant, qu’elle me fasse la gueule, qu’elle me toise ou même qu’elle m’ignore, n’importe quoi pourvu qu’on partage le même espace. Mais ça n’arrivera pas, j’ai le sentiment qu’elle est déjà loin. Je ne peux plus rien y faire, alors je commence à saccager tout ce qui est à ma portée. Je n’arrive pas à me calmer. J’en veux au monde entier. Je balance l’enceinte pour que cette satanée chanson se taise. Je veux ma dose pour anesthésier la douleur une fois pour toutes. Mon corps tremble. Mon cerveau est en surchauffe comme si tous mes neurones grillaient les uns après les autres. J’aimerais me téléporter dans une réalité alternative dans laquelle je n’aurais pas essayé de la faire entrer dans mon monde. Une réalité dans laquelle je n’aurais pas pensé qu’à ma gueule pour changer. Pour la première fois de ma vie, j’ai des remords et ça craint.

Chapitre 2 « Let it go », James Bay

Dan

J’essaie de maitriser Jax avec l’aide de Pete. Il se laisse tomber petit à petit au sol. Son visage est méconnaissable comme déformé par la fureur et le désespoir. Je n’ai même plus envie de lui casser la gueule, ce qui est vraiment surprenant. En revanche, j’ai bien envie de me cogner la tête contre le mur. Pourquoi je l’ai laissé faire ? C’est la question à un milliard. Peter Parker, alias Spiderman, aurait pu arrêter le voleur et son oncle ne serait pas mort. Eh bien, j’aurais pu arrêter Jax et Stones serait toujours là. Preuve en est que chaque action ou inaction entraîne des conséquences. C’est plus fort que moi, dès que je suis dans une situation critique, mon naturel de geek refait surface. Putain de merde ! Je savais bien que ça finirait mal. Jax a beau être l’un de mes meilleurs amis, il détruit tout ce qu’il touche juste pour se prouver qu’il le peut. Je pensais juste qu’elle me choisirait. Il fallait qu’elle me choisisse. J’ai besoin d’elle autant que d’air pour respirer. Je donnerais n’importe quoi pour qu’elle se blottisse à nouveau dans mes bras. Je voulais tout. Résultat : j’ai tout perdu. Le pire, c’est que je l’ai perdue avant même de l’avoir vraiment. Dès le premier regard, j’étais prêt à renoncer à ma nature libertine et dominatrice, à tout ce qui fait que je suis moi. Je savais bien que c’était louche cette histoire de rencart quand elle m’en a parlé plus tôt dans la soirée. Mais quand j’ai découvert qu’on allait au K, j’ai laissé faire égoïstement, en me disant que si le club éveillait du désir en elle, on pourrait juste explorer à son rythme sans faire le moindre sacrifice. Je me disais que Jax finirait par se lasser comme d’habitude et que j’aurais enfin ce que je voulais : elle. Avant que je ne m’en rende compte, des larmes coulent le long de mon visage. Je n’ai pas pleuré depuis des années, depuis cette garce. Je m’étais juré que je ne verserais plus de larmes et surtout que je ne me risquerais plus jamais à éprouver des sentiments de ce genre. Je savais parfaitement que j’étais foutu dès que les immenses pupilles de Stones se sont posées sur moi. Je ne sais pas comment je vais fonctionner sans elle. C’est vraiment le comble pour un dom. Je suis sous son emprise alors que je la connais à peine. Stones mi-ange mi-démon semble être arrivée sur terre pour me défier, dévaster mon monde et bouleverser mes certitudes. C’est comme si j’étais incomplet jusqu’à ce que l’aperçoive. J’achève l’enceinte à coups de pied. Cette satanée musique se tait enfin. Je me laisse tomber contre le mur à côté de Jax. J’ouvre le minibar et lui tends une mignonnette de whisky. Nous la buvons cul sec en disant :

— On a merdé.

Je déteste le goût du whisky, mais ce soir ça m’est égal. C’est clair qu’il a merdé, mais moi aussi. Je connais Jax presque mieux que je me connais moi-même et je ne l’ai même pas mise en garde. Comment une femme que je connais que depuis à peine une semaine peut-elle me faire autant de mal avec une seule chanson ? Je regarde Jax, qui est presque livide. Le moment est loin d’être idéal pour lui dire ses quatre vérités. C’est clair qu’il y aurait de quoi le rhabiller pour l’hiver, mais j’ai des principes. Je ne frappe jamais quelqu’un qui est déjà à terre. J’en suis là dans mes pensées quand Pete nous interrompt :

— On ne va pas la laisser partir juste parce que vous avez déconné. Je vais appeler Jake et essayer de la retrouver. Vous deux, vous restez là à vous bourrer la gueule. Au moins vous ne ferez pas de conneries pour une fois.

Il fait chier le père la morale. De toute façon tout fait chier ce soir, soirée de merde ! Kyle débarque dans la pièce par la porte restée ouverte en se demandant s’il est à une réunion de dépressifs anonymes. C’est clair que le tableau craint autant qu’une chanson d’un de ces chanteurs morts qu’écoute mon tyran de paternel !

— Ça va, les gars ? Je vois qu’on s’éclate ici. Tiens, Pete, un coursier a déposé ça pour toi tout à l’heure. C’est Dalia qui me l’a filé et je te rappelle que je ne suis pas ton boy.

Pete ouvre l’enveloppe, s’empare d’une autre mignonnette du minibar et se la fait. Il me tend la carte où il est inscrit « Sorry » avec un portrait criant de réalisme de lui by Jake. Il se laisse tomber à nos côtés, joueur différent, mais la partie reste inchangée. Reste à nous bourrer la gueule. Même moi qui suis toujours d’un optimisme à toute épreuve, je ne vois aucune échappatoire à ce désastre. Kyle nous regarde avec incompréhension, mais en bon ami, il ne fait aucun commentaire. Il nous annonce juste qu’il va chercher des minutions et trouver Koll s’il n’est pas déjà en train de pioncer je ne sais où. J’essaie de rire, mais le cœur n’y est pas. Je regarde mes deux acolytes et me dis que finalement ils ont bien fait de se barrer. On n’est pas des cadeaux, définitivement pas. On a plus de bagages qu’un Boeing 747 et personne n’a besoin de se trimballer tout ça. Stones ne mérite pas ça. Elle est solaire avec juste ce qu’il faut d’ombre pour être unique. Elle ignore complètement sa beauté, ce qui la rend encore plus irrésistible. Il est vrai que je suis un amateur de formes voluptueuses auxquelles on peut s’accrocher, mais c’est inédit pour moi d’être subjugué à ce point-là. Sans le moindre effort, elle m’a envoûté et je sais bien que je suis déjà sien, qu’elle veuille de moi ou non. C’est aussi la première fois que Jax montre un quelconque intérêt pour une femme pulpeuse. Mais quelle femme ! Une vraie déesse à la Botticelli !

Kyle apparaît avec Koll et trois bouteilles de notre poison préféré. Il dépose un plateau à même le sol et nous sert des shots de gin avec des zestes de citron. Notre Koll national prend un air tragique et annonce :

— Vous savez quoi, les gars ? Sun s’est fait la malle.

Kyle lui met un verre dans la main et lui dit de boire pour arrêter pour tuer sa tirade grotesque dans l’œuf. Je n’ai jamais vu un type aussi à l’ouest. Comme j’aimerais être à sa place, là maintenant…

— Quelqu’un pourrait me dire ce que vous avez encore fait comme conneries ? demande Kyle en comprenant soudain que l’heure est grave.

Un soupir et une gorgée de gin seront notre seule réponse. La nuit sera longue et demain je suis supposé prendre mon poste sans elle, enfin si j’arrive à mettre un pied devant l’autre. Action qui me paraît de plus en plus difficile à imaginer au vu la soirée qui s’annonce. Quand je pense que je ne connais même pas le goût de son trésor ni la sensation d’être en elle. Stop ! Ce n’est pas le moment. Après tout, c’est peut-être mieux comme ça. Dans le cas contraire, je me sentirais encore plus désespéré, si tant est que ce soit possible.

Chapitre 3 « Opposites », Biffy Clyro

Stones

Me voici en première classe parce que, selon Jake, il n’y aurait pas d’autre manière de voyager. Siège spacieux, menu qui n’a rien à voir avec la classe éco, coupe de champagne, on est comme isolés du commun des mortels. Heureusement qu’il a payé avec sa carte, la mienne aurait eu une crise de foie, d’autant que je viens de démissionner. Je me sens un peu coupable d’avoir orchestré cette petite mise en scène au Wonderwall, et surtout d’avoir demandé à Jake de tout mettre en place avant de me rejoindre à l’aéroport. D’ailleurs, il a suivi mon plan avec une rigueur chirurgicale sans croiser personne. Il fallait que je m’assure que le message soit clair et j’étais tellement bouleversée que je n’aurais pas réussi à faire mes bagages sans fondre en larmes. On est comme les Marines, on n’abandonne jamais un homme ou une femme dans le cas présent. Enfin, on serait plutôt du genre Marines débutants à qui on évite de confier une arme. Si l’un de nous a besoin de quelque chose, l’autre répond présent sans exiger la moindre explication. Pendant ce temps-là, à l’aéroport, c’était la fête des calories. J’ai renoué avec les muffins au chocolat du Starbucks et avec mon bien-aimé Frappuccino caramel supplément crème fouettée. C’était mélodramatique et très émouvant.

J’ai triste allure depuis que j’ai quitté ce club de merde. Je ressemble à une version plus size d’Harley Quinn, avec mes cheveux en bataille et mes yeux irrités à force de pleurer. J’espère que je ne vais pas devenir une psychopathe comme elle à cause du sale coup joué par le Joker. Sinon tous les hommes de la planète sont dans la merde. Je ne sais même pas comment ni quand je vais surmonter tout ça. Pourquoi faut-il tout le temps que les chemins me mènent à ce monde que j’ai toujours fui ?

D’abord mes parents, ensuite Jake qui est totalement pardonné en tant que meilleur ami et le bouquet final : Jax et Dan. Jax, ça ne me surprend pas mais Dan… Je pensais naïvement pouvoir construire quelque chose avec le beau blond. Je me sentais tellement désirable avec lui. Il faisait battre mon cœur plus vite et m’apprenait à m’aimer. Il n’était pas comme Lucifer, mais il rendait la vie douce et délicieuse. Dan me donnait l’impression qu’il me laissait aller mon rythme, être moi-même et qu’il serait mon roc. Tout ce dont j’ai toujours rêvé. Lucifer, c’était plus comme un tsunami qui vous tombe dessus sans que vous ne puissiez rien faire pour l’arrêter. C’est intense, mais ça fait mal au cœur. Ils ont essayé de me faire entrer de force dans ce monde de perversion. J’étais sous le choc, comme prise au piège. De toute façon, tout ça n’aurait jamais fonctionné et mieux vaut arrêter avant que quelqu’un n’ait le cœur brisé. C’est ça, la fille qui n’arrête pas de chialer ! ricane ma conscience.

Jake me regarde comme si j’étais un bébé qui menacerait de faire une crise parce qu’il n’a pas son biberon. Note à moi-même : acheter un babyphone pour le rassurer. Quand je repense à tout ce qui s’est passé, la seule solution qui s’offrait à moi était de partir loin pour recommencer une nouvelle vie – ou en reprendre une ancienne, au choix. Explorer ce monde obscur qui a changé ma vision de l’amour était au-dessus de mes forces. Est-ce trop demander de tomber amoureuse d’un seul homme et d’être heureuse simplement ?

Apparemment, oui, j’ai trop trippé sur Cendrillon quand j’étais petite. Jake se retourne vers moi et m’embrasse d’une façon qui attire l’attention de l’hôtesse qui passe avec son chariot de cosmétiques à vendre. Ce baiser est doux et me fait beaucoup de bien, je n’ai pas le cœur de l’arrêter. Sa langue me caresse dans un mouvement sensuel. Elle danse avec la mienne avec tant de tendresse et de chaleur que je ne sais plus où je suis. Et après, tu dis que tu n’es pas perverse, persifle ma conscience. Pas aujourd’hui, ma vieille… Puis il s’éloigne, il fronce les sourcils et sonde mon regard ; ça s’annonce mal.

— Ma chérie, tu ne veux toujours pas me dire ce qui s’est passé avec l’autre enfoiré ? demande-t-il, visiblement peiné. J’aurais dû frapper plus fort la dernière fois.

— Laisse-moi juste digérer, c’est trop tôt, avoué-je en baissant la tête

— Comme tu voudras, mais n’oublie pas que tu peux tout me dire.

Mon J, je sais que je peux tout te dire, mais comment t’expliquer ce que j’ai ressenti dans ce club libertin alors que tu as tes habitudes dans ce genre d’univers à mille lieues du mien ? Comment exprimer ce que j’éprouve alors que je ne suis pas certaine de le savoir moi-même ?

— Est-ce que tu penses que c’est raisonnable de continuer à s’embrasser de cette façon ?

— Si cela nous fait du bien, alors où est le mal ? Je t’ai toujours désirée, c’est comme si chaque chose était à sa place, que demander de plus ?

Si on oublie le fait qu’on n’a pas encore parlé de ce changement dans notre relation qui n’était déjà pas très nette, tout va bien… Mieux vaut changer de sujet.

— Tu m’en veux de t’avoir éloigné de Pete ?

— Ça n’aurait jamais marché de toute façon, il voulait quelque chose de conventionnel et je suis moi. Renier sa nature ne peut que nous faire souffrir.

— Tu as peut-être raison, confirmé-je en pensant à ma propre situation foireuse.

— J’ai toujours raison.

— Et tu es d’une modestie incomparable.

Il me sourit et je m’endors paisiblement contre son épaule. Je vais bientôt retrouver cette terre apaisante où j’ai vécu pendant un moment. Le rencontre entre ladite terre et Jake risque de valoir le détour. Il a compris dans quel pays on allait, mais pas dans quelle région, grâce au ciel ! Il va me tuer. Je suis réveillée par le commandant de bord qui nous annonce l’atterrissage. Jake est en extase devant le Bosphore qu’on aperçoit par le hublot. Il doit déjà imaginer des cocktails et de la bronzette sur un yacht. Je n’ai pas eu le cœur ou le courage de lui annoncer qu’on prenait un autre vol vers une région plus reculée/paumée de Turquie et en classe éco en plus ! Pauvre de moi. Ni courageuse ni téméraire ! J’ai choisi cette destination pour me donner le temps de réfléchir et me remettre de mes émotions. Je suis une égoïste d’avoir entraîné Jake là-dedans, mais je n’aurais jamais pu le faire sans sa force. Je vais me ressourcer et oublier ce cauchemar au plus vite. C’est ça. Si tu te le répètes, tu finiras par y croire, se gausse ma petite enfoirée de conscience. Une Drama Queen en la personne de Jake me regarde avec méfiance. Je crois qu’il vient de comprendre le coup du vol intérieur ou de perdre sa tétine au choix. Courage fuyons !

— Euh… Stones, pourquoi une mini hôtesse…

Il n’a pas tort, elle doit faire 1 min 50 s les bras levés.

— … nous amène à la zone des vols intérieurs ? demande-t-il, blanc comme un linge.

— Parce qu’on va en Cappadoce, bafouillé-je.

— Quoi ? Tu parles de cet endroit où tu as taquiné le rocher avec des fanatiques en chaussures de marche qui puent, cet endroit où tu t’es enterrée pour faire une retraite de timbrée loin de moi ?

Quand je disais qu’il allait faire sa Drama Queen.

— D’abord, je n’ai pas fait de retraite, je bossais là-bas. Et puis je t’ai proposé de venir plusieurs fois. Tu as fait le bébé en me disant que je n’aurais pas dû partir loin de toi et que tu ne survivrais jamais sur ce territoire hostile. Tu verras, c’est magnifique, tu seras émerveillé par les paysages lunaires…

— Tu travailles pour l’office du tourisme maintenant ? Je suis foutu. J’espère qu’il y aura un jacuzzi au moins… Pourquoi me suis-je laissé embarquer dans ce truc pas net ? J’ai besoin d’un bisou pour me réconforter, je vais risquer ma vie.

Risquer sa vie ? On ne va pas sur le champ de bataille non plus…

— Ça ne se fait pas trop de s’embrasser comme ça en public ici et je te rappelle que tu m’as suivie parce que tu es mon meilleur ami. Viens. Tu auras tous les bisous que tu veux. Allez, let’s go, pépé Jake.

— Au moins, tu n’as pas perdu ton sens de l’humour. Je préfère te voir comme ça. Tu sais que je râle tout le temps, mais j’irai où tu iras, mon pays sera toi.

Et là, il se met à chantonner du Céline Dion, la honte, à l’aide ! J’imagine une reprise de cette chanson par I Prevail. Ça serait vraiment plusieurs crans au-dessus de l’original. Je donne le change pour ne pas l’inquiéter, mais en réalité, tout ce dont j’ai envie, c’est de manger des cochonneries devant une série débile et de ne plus sortir de mon lit pendant plusieurs mois. Au lieu de ça, je m’enfuis dans une contrée lointaine. Peut-être que je fais fausse route. Je devrais peut-être me rediriger vers une carrière de bonne sœur. Comme ça, plus de problèmes. Si on n’oublie mon aversion pour la messe et ma gourmandise, ça pourrait le faire.

Encore que le costume me grossirait. Déjà que les cochonneries ingurgitées à l’aéroport vont me faire prendre 1000 kilos. En même temps, je n’en ai plus rien à faire. Je vais fuir tout ce qui porte un boxer, un caleçon ou un slip, sauf Jake. Comme quoi, je ne fais pas de discrimination, enfin presque pas.

D’un pas rapide, je le prends par le bras avant qu’il se rende compte qu’on est en classe éco. Il risque la crise de panique, le petit ! Autant vous dire qu’il va faire sensation avec son look en Cappadoce. Je suis certaine que son jean huilé, son gilet et son blazer aux revers cloutés vont surprendre les autochtones. À ses côtés, je fais vraiment pâle figure, serrée dans mon jean slim, avec un tee-shirt AC/DC qui a connu de meilleurs jours et des Converses élimées. Attention, cinq secondes avant impact. Jake va découvrir la classe éco : cinq, quatre, trois, deux, un. Sa grimace est à mi-chemin entre la constipation et la peur.

Il va être interminable, ce vol vers Kayseri !

Chapitre 4 « Hanging Over », Blur

Jax

J’entends une sonnerie stridente au loin. Enfin, je n’ai pas les yeux en face des trous. Loin pourrait être plus proche que je le pense. C’est pire qu’un concert de heavy métal dans ma tête. Putain de merde, j’ai mal. Dans l’espoir de continuer ma nuit, j’extirpe le téléphone de la poche de mon jean tant bien que mal pour congédier le con qui a décidé de m’emmerder ce matin.

— Ouais, grogné-je.

— Mais putain, vous êtes où ? Le téléphone n’arrête pas de sonner à la réception. Plein de guests attendaient devant le concierge desk. Il n’y avait personne. J’ai été obligée de rappeler Elia pour m’aider et, crois-moi, elle est de mauvais poil. Elle va tous les faire fuir. Qu’est-ce que t’as encore foutu ? Je te rappelle que c’est ton hôtel !

On se croirait chez les Amazones, tout ce qui porte un vagin m’en veut personnellement.

— Parle moins fort, j’ai un putain de mal de crâne, dis-je en me frottant les tempes.

— Je m’en tape de ton mal de crâne. Trouve-moi les abrutis qui te servent de potes et ramenez-vous !

Cette petite conne me raccroche au nez en plus. Je me frotte encore les tempes dans l’espoir de me soulager. C’est peine perdue. Je me redresse et je remarque trois bouteilles de gin pratiquement vides qui expliquent mon état et la scène apocalyptique que j’ai devant moi. Un Dan torse nu totalement débraillé est affalé sur le canapé. Koll dort la bouche ouverte avec un paquet de chips en guise de doudou et Pete a la tête sur le torse de Kyle. Putain, je devrais prendre des photos. J’aurais de quoi les faire chanter pour des décennies. Nous sommes dans la chambre de Stones qui a l’air d’avoir été saccagée par Keith Richards. Si tout s’était passé comme je le voulais, ma queue serait dans sa chatte et il y aurait moins de monde, c’est clair. Dans un tout autre style, je me réveille dans une scène de Magic Mike. Comme je tiens à mes couilles et que les menaces de Dalia sont à prendre au sérieux, il va falloir réveiller tout ce petit monde :

— Debout les gars, on se bouge ! annoncé-je.

Des grognements me répondent. Dan ouvre les yeux avec une tête aussi pourrie que doit l’être la mienne. Kyle a l’air furax que Pete ait dormi sur lui et le repousse sans ménagement. Koll prend peur et chute magistralement la tête la première dans une explosion de chips. Une putain d’équipe de vainqueurs, je vous le dis.

Venons-en au fait, on n’a pas toute la journée :

— Il faut qu’on descende, je viens de me prendre un savon par Dalia. Si vous tenez à vos couilles autant que moi, grouillez-vous.

Clair et concis, je suis fier de moi. De l’aspirine, par pitié !

Koll semble avoir une illumination qui lui dit qu’il ne bosse pas là et enfile son perfecto bizarre. Il se dirige vers la porte quand Kyle le retient en lui donnant son pantalon. Il allait se balader dans l’hôtel avec pour seul vêtement cette veste qui fait mal aux yeux, comme si on n’avait pas assez de trucs à gérer. J’ai toujours été un mec à problèmes, pas que je les cherche, mais, généralement, ils me trouvent sans GPS. Kyle se barre après un signe de la main, non sans m’adresser un regard de tueur, signe que nous parlerons de ce qui s’est passé que je le veuille ou non. Dan, Pete et moi tentons tant bien que mal de retrouver forme humaine et nous dirigeons vers notre peloton d’exécution, alias la réception.

Dan prend place derrière le comptoir. Avec son air de dépressif, il va faire fuir toute la clientèle. On se croirait à un set de Syd Barett dans ses mauvais jours. Les chanteurs de rock dépressifs, ce n’est pas vraiment le thème de l’hôtel. En tout cas, ce n’était pas l’idée à la base. Je n’essaie pas du tout d’occulter que j’ai la même tête que lui. Me voiler la face n’est pas mon genre, pas du tout.

Ma furie me manque. Je ne sais pas pourquoi, mais elle me faisait sourire même quand elle était furax. Surtout quand elle était furax. J’aurais dû en rester à mon plan initial Séduire, Baiser, Oublier, Détruire. En fait, le plan a été mis à exécution, mais d’une façon complètement bancale. Je l’ai séduite. Je l’ai baisée. J’ai détruit ce qu’il y avait entre nous et maintenant je vais devoir l’oublier. Mais ça s’avère plus hard que je le pensais au départ. Le message de la chambre était assez clair. Elle a décidé qu’elle en avait fini avec moi. Il faut donc que j’agisse à la Jax. Ce soir, je me trouverai un corps pour décharger mes frustrations et demain je redeviendrai l’enfoiré que j’ai toujours été. C’est ça, connard ! Et te voiler la face n’est pas ton genre, tu disais ?

Pete le dépressif en chef est en approche avec deux cafés, j’aimerais l’esquiver, mais mon envie de café m’en empêche :

— Suis-moi, on doit régler certaines choses.

C’est aussi tentant qu’une séance de torture médiévale, mais bon, autant en finir.

— Ok, puisqu’il le faut, marmonné-je.

On s’installe dans le lounge sur un des chesterfields avec nos cafés. J’étudie les possibilités de repli et diverses sorties de secours ; instinct de survie, toujours.

— Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

— Précise. C’est qui « on » ? Et qu’est-ce qu’on fait pour quoi ?

La meilleure des défenses est l’ignorance. Ce genre de tentative de diversion n’a jamais marché avec mon cher frère, mais il y a un début à tout. Il faut tenter le coup.

— Tu te fous de ma gueule. On n’a plus de designer pour les événements, plus de concierge pour les VIP et je ne préfère même pas parler du reste. Tu te souviens de notre hôtel, le bâtiment avec Wonderwall écrit dessus ?

Il s’énerve en tapant sur la table.

— C’est bon, je ne suis pas complètement con. Ce ne sont pas les designers qui manquent. Je peux t’en trouver des dizaines, enfin sauf pour assouvir tes fantasmes. Quoique ça aussi ça peut s’arranger…

Je prends une claque magistrale derrière la tête qui me fait instantanément taire. Putain, j’avais déjà mal au crâne, pas la peine d’en rajouter.

— Déjà, il aurait été important de garder une cohérence graphique et artistique tout au long des événements et tu le sais parfaitement. Pour le concierge desk, ça va être très dur de trouver une personne comme Stones qui puisse être sur les deux postes avec le même profil. Et ne fais pas comme si son départ t’était égal. De toute façon, tu fais comme tu veux, mais moi, je vais essayer de retrouver Jake. Je sais reconnaître quand j’ai merdé, moi.

Il ne sait pas encore de quoi il retourne, mais il pense déjà que je suis le fautif. Rien que la mention du prénom de ma furie m’est insupportable. C’est comme si on me filait des coups dans le bide. Même si mon égo ne veut pas reconnaître que j’ai merdé, je sais qu’il est possible, je dis bien possible, que je ne sois pas étranger à toute cette merde, mais je ne vais certainement pas lui donner des munitions pour me pourrir.

— Fais ce que tu veux. Moi, je ne fais pas dans les causes perdues. Si tu veux t’abaisser à ça, grand bien te fasse…

Il prend son café et se barre en levant les yeux au ciel. Pete est encore en train de perdre ses couilles. Et peut-être que moi aussi, finalement.

La fin du monde est annoncée. Je vois Elia et Dalia se diriger vers moi. La sauvegarde de mes bijoux de famille me pousse à partir en courant vers l’issue de secours la plus proche. En plus, respirer de l’air frais ne me fera pas de mal. Je devrais peut-être envoyer un message à mon cher parrain, alias Jiminy, parce que j’ai encore failli merder grave hier. Il s’en est fallu de peu avant que ce ne soit la ruée vers l’or blanc, enfin je me comprends. Ok, c’est bon, j’ai merdé grave, dis-je à ma conscience. Mode Jiminy activé. Je fais un bref compte-rendu de la situation par message car monsieur n’aime pas que je l’appelle parce que ma voix le fait chier. Par bref compte-rendu, entendez « j’ai failli replonger hier ». Ça y est, rendez-vous pris dans un resto russe. URSS, guerre froide, goulag et tout le toutim, il doit se dire que je me suis encore mis dans le pétrin. Avec ce type, c’est comme un tour du monde itinérant. Tu te prends tes quatre vérités en pleine face, mais dans des endroits qui te font voyager, histoire de te faire oublier qu’il est aimable comme un gardien de prison. J’appréhende le rendez-vous de tout à l’heure et pourtant ce n’est pas mon genre d’avoir la trouille.

Sauf quand il s’agit de ce cher Jiminy.

Chapitre 5 « Don’t Cry », Guns N’ Roses

Dan

Le mal de crâne avec lequel j’ai débuté aurait pu être le premier indice d’une mauvaise journée. Mais en fait, le visage baigné de larmes de Stones a hanté mes cauchemars la nuit dernière et je n’arrive pas à dépasser ça. Si je m’écoutais, je serais déjà parti à sa recherche en utilisant mon nom de famille et les moyens qu’il implique. Pour une fois qu’il servirait à quelque chose, celui-là. Cependant, son message était assez clair. Je me suis engagé à être ici, et sans elle c’est un vrai calvaire. Pete dépose un gobelet géant de café avec un antidouleur, je le remercie brièvement. J’ai du pain sur la planche. Une file de clients longue comme le bras attend pour des réservations de restaurants, des idées d’excursions pour visiter la ville en se demandant si le type qui est censé les renseigner prépare un rôle pour Walking Dead. J’essaie de faire bonne figure, mais le cœur n’y est pas. Petit à petit, j’arrive quand même à venir à bout de cette journée de merde en offrant un sourire commercial qui mériterait un oscar. En réalité, je ne ressens plus rien. Il faut voir le bon côté des choses : je n’ai plus mal à la tête. Je me prépare à quitter le travail pour retrouver mademoiselle Bombay, ma sublime bouteille bleue dans une suite. Heureusement, l’hôtel n’était pas complet parce que je ne me voyais pas rentrer dans mon loft vide. J’ai besoin d’être dans un endroit qui me rappelle Stones. Je suis arrêté dans mon élan par Pete et son air de dépressif sous calmant aussi hospitalier que le mien :

— Un verre au bar, dit-il et ça n’a pas l’air d’une question.

— OK.

Je ne suis pas vraiment d’humeur pour une conversation, mais soit.

— Tiens, ici on sera au calme. On doit parler, explique-t-il en désignant une table à l’écart dans le bar.

— Ça me va, qu’est-ce que tu veux ? répliqué-je en buvant cul sec un shot qu’on vient de me servir.

Quand le barman connaît tes habitudes, ce n’est jamais bon signe.

— D’après la rumeur, tu es un petit génie du web…