Dames et états d'âme - Pierre Soliva - E-Book

Dames et états d'âme E-Book

Pierre Soliva

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Beschreibung

Suspense, humour, jeux de mots, autodérision, critique sociale, sont les ingrédients majeurs de ces 7 Nouvelles. Dans "Adieu Marthe" Vincent lutte contre son appréhension de la mort. "L'affaire des bijoux" se veut une satyre des énigmes policières, intrigue délirante avec des personnages cocasses. Un professeur, "Tombé du lit", évacue son stress en crachant son venin sur la bêtise humaine. Alors intervient "Le sage" pour suggérer, en forme de parabole nietzschéenne, une réponse à cette bêtise. Le narrateur épingle ensuite gentiment ces "Dames..." Enfin l'auteur revisite des moments chéris de son enfance.

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Seitenzahl: 143

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Table.

Adieu Marthe.

L’affaire des bijoux.

Premier vol.

Tombé du lit.

Comme dit le sage.

Dames et états d’âme.

Souvenirs d’enfance.

Adieu Marthe

Voyage dans l’Espace

Ouf ! Enfin dans l’auto, pensa Vincent. İl était temps. À présent il se sentait mieux. Sa femme l’avait laissé s’asseoir à l’avant, côté passager. İl avait prétexté qu’il pourrait ainsi « mieux surveiller le conducteur et intervenir en cas de danger. » Mais Sidonie n’était pas dupe. Elle était gentille. Elle l’aimait.

İl avait dit le conducteur car il s’attendait à ce que ce soit un homme. Cela ne faisait aucun doute a priori pour lui. İl l’avait déjà imaginé avec sa casquette, son costume gris anthracite, cravaté de noir, le regard indifférent derrière les verres teintés de ses lunettes.

Maintenant qu’il avait pris place dans cette Renault Espace, Vincent se sentait tout à fait soulagé, relaxé, prêt à partir pour ce voyage vers l’éternité. İl avait imaginé aussi un véhicule différent. Une CX ou un quelconque break lui semblaient mieux appropriés à ce type de voyages. Et pourtant il était réconforté que cela soit finalement une Espace. Cela contribuerait à éloigner de son esprit les mauvais augures.

İl s’était cependant persuadé depuis une semaine qu’il était idiot d’avoir peur, qu’il ne s’agissait après tout que d’un voyage comme un autre. De plus, ils faisaient chaque année le même trajet avec Sidonie. İl n’y avait donc pas plus de raisons, mais pas moins non plus, qu’un accident survienne lors de celui-ci, d’autant moins que la conductrice était une professionnelle. Mais savait-on jamais ?

Lorsque Vincent la salua avant le départ, elle était presque souriante. Mais dans ce métier, on ne peut pas se permettre trop d’écarts. İl en conclut qu’elle devait faire des efforts pour garder les traits tirés. Peut-être était-ce en réalité un simple rictus naturel qu’il interprétait comme un demi-sourire. Ou encore était-ce simplement une vue de son esprit. Cette dame d’âge mûr possédait un visage anguleux, lustré par un bronzage si foncé qu’il semblait avoir été plaqué artificiellement. Comme pour ajouter une touche de sérieux, qui certes était de mise en la circonstance. Vincent se demandait l’âge qu’elle pouvait avoir mais bien que physionomiste, sans pour autant lire dans les boules de cristal, il était tout à fait incapable de donner un âge plus précis que trente à quarante-cinq ans. İl apprit plus tard, lors de leur conversation dans la voiture, qu’elle était mère de quatre enfants dont l’aîné avait trente-deux ans. Cela rassura plutôt Vincent car, ayant lui-même trente-deux ans, il pensa que la con-ductrice avait somme toute l’âge d’être sa mère et une mère n’allait pas se permettre de faire au volant des folies qui eussent mis sa vie en péril, sachant qu’elle eût pu ainsi laisser sa progéniture sur le carreau. C’est fou ce qu’un rien peut rassurer parfois ! De fait elle fit preuve pendant tout le trajet d’une conduite parfaite, jamais indécente non plus, s’arrêtant tous les deux cents kilomètres, ne détournant jamais les yeux de la route et ne prenant la parole que pour répondre aux questions ou remarques de Vincent et Sidonie.

İl fallait bien que quelqu’un commençât à parler. Sinon l’ambiance eût été détestable. İls eussent effectué un voyage tendu. Des idées fantasmagori-ques et incongrues eussent trotté dans leur tête et qui sait si ce n’est pas précisément dans de telles situations que surviennent inopinément les accidents les plus funestes.

Le précédent

Cette appréhension qui harcelait à ce moment-là Vincent lui venait du souvenir d’une tragédie qu’on lui avait racontée quelques années auparavant. La victime en avait été une famille espagnole dont la fille aînée, Dolores, était l’amie de sa cousine Marthe. Comme dans la plupart des familles espagnoles, encore en cette fin du XXème siècle, la grand-mère avait fini ses jours péniblement (pour les autres membres de la famille surtout !) car déjà bien gâteuse, chez sa fille, par conséquent la mère de Dolores. Mais lorsqu’elle mourut (la grand-mère), la fille (la mère) voulut respecter la dernière volonté (s’il eut été encore possible qu’il lui en restât un iota) de sa mère (la grand-mère) en l’inhumant dans son village natal qui se situait dans les montagnes du Pays Basque, loin de la côte méditerranéenne où vivait sa fille (la mère). İl avait fallu pour cela acheminer le catafalque par des routes sinueuses et cahoteuses en compagnie d’une âme bénévole de la famille. C’est le père de Dolores qui s’était proposé d’accompagner la dépouille mor-telle. Or il s’était avéré que le croque-mort, sans doute pressé d’arriver à destination, épuisé par la chaleur de l’été et la longueur du trajet, s’était endormi au volant, selon l’hypothèse la plus probable car la plus admise par la rumeur. En pleine montagne il avait alors manqué un virage. Le corbillard tel un corbeau, malheureusement sans ailes, avait dévalé une pente abrupte et s’était écrasé au fond d’un précipice. Ainsi le père avait-il accompli sa besogne au-delà de toute espérance. La mère de Dolores en était restée inconsolable : sa propre mère avait voulu emporter son mari dans sa dernière demeure.

C’est pourquoi Vincent s’y était repris, à plus de deux fois même, avant de se décider à pénétrer dans cette Renault qui, pour être une Espace, n’en était pas moins un corbillard. En ce mois de juin 1991, il s’agissait d’acheminer le corps de sa défunte cousine de Paris jusqu’à ce même village de la côte espagnole où vivait la famille de Dolores. La mère de la cousine était paralysée par la douleur et son père devait rester à ses côtés pour tenter de l’apaiser. Vincent et sa femme étant parmi les plus proches parents, à la fois géographiquement et affectivement, s’étaient naturellement proposés à l’accompagnement du corps vers sa dernière demeure.

Tour à tour, son père, sa sœur puis son frère cadet avaient tenté de l’en dissuader par téléphone en lui rappelant le sinistre précédent (ou précédent sinistre). Mais Vincent était déterminé à conjurer le sort (ô temps passé !), à en finir une fois pour toutes avec ces superstitions de bas étage relevant d’un autre âge. Quoi ? İl n’aurait pas le courage d’affronter la réalité ? Lui le matérialiste qui honnissait toutes les religions, tous les obscurantismes, il se rabaisserait devant ce qui n’était au fond qu’un mauvais présage sans fondement rationnel ? Que nenni ! Sa décision était prise, sans rémission !

Première expérience

Cette première expérience d’approche de la mort, il la vivait maintenant de façon bien réelle depuis les quelques minutes durant lesquelles le corbillard roulait à travers les rues de Paris.

De quoi parler ? Comment entamer la conversation sans que cela semble prémédité (comme si toute parole n’était préméditée) ou tombé comme un cheveu sur la soupe. Après tout, pourquoi parler à tout prix (c’est-à-dire à n’importe quel prix !) ? Puisqu’il n’avait rien à dire, il se contenterait de se taire.

İl se sentait bien. İl faisait beau. İl était assis confortablement. İl en oublia presque la présence du cadavre juste derrière son fauteuil. Le plus difficile de prime abord, était de se retourner. Pour quoi faire, après tout ? Simplement pour regarder la réalité en face et tenter ainsi de dédramatiser la situation. Sidonie, qui était assise derrière le chauffeur et à la gauche du catafalque, lui en donna le prétexte. Elle n’occupait pas la place de choix et Vincent se sentait un peu lâche de l’avoir reléguée à l’arrière. İl se retourna donc une première fois pour s’enquérir de son moral.

« -Ça va ?

-Oui, ça va. »

Sa voix fine et chevrotante trahissait une émotion contenue qu’elle voulut dissimuler par un sourire afin de ne pas inquiéter son époux.

Au passage, Vincent jeta un coup d’œil furtif juste derrière lui. İl ne fut pas impressionné et pensa que c’était tant mieux. De plus, l’intérieur du corbillard était très sobre. Pas de décoration superflue, ni draperie, ni couronne macabre. Juste un pot de fleurs artificielles déposé sur le caisson à l’intérieur duquel le cercueil avait été glissé par un rail spécialement aménagé. L’extérieur du corbillard aussi était sobre. De couleur grise et les vitres teintées, cette Renault Espace ressemblait au fond, comme aux combles, à n’importe quelle autre Renault Espace. Aucune inscription ne laissait supposer qu’il pouvait s’agir d’un fourgon mortuaire. Pour passer inaperçue sur les routes, la mort des inconnus est aujour-d’hui devenue anonyme.

Le corbillard venait de quitter la capitale et s’engageait sur l’autoroute du sud, sous un soleil de juin resplendissant.

« -Ce véhicule est bien confortable, lança tout de go Vincent, histoire d’entamer enfin la conversation.

-Oui, il est vrai. J’éprouve beaucoup de plaisir à le conduire. C’est une voiture très maniable.

-Elle semble être neuve (Vincent avait jeté un coup d’œil rapide sur le tableau de bord et avait constaté que le véhicule avait peu de kilomètres au compteur. La conductrice acquiesça du chef.). Serait-ce indiscret madame de vous demander combien coûte un tel véhicule ? Renchérit Vincent.

-Pas du tout monsieur, 120 000 francs environ. Mais vous pouvez m’appeler Mathilde.

-İl est vrai qu’avec toutes ces émotions nous ne nous sommes même pas présentés. Ma femme s’appelle Sidonie et moi Vincent. Ah ! 120 000 francs c’est une somme ! Mais en revanche c’est très spacieux !

-Oh ! Oui et c’est bien étudié. On peut ajouter ou retirer des sièges. İl est même possible, par exemple, de faire pivoter votre fauteuil afin de converser avec les passagers de l’arrière.

-İl est vrai que c’est bien pratique. Mais avouez que j’aurais du mal à discuter avec la passagère qui se trouve juste dans mon dos… »

Mathilde ne broncha pas, droite comme un i, le bec cloué. Cette remarque provocante eût pu la dérider. Cependant elle l’avait plutôt embarrassée. Pensait-elle avoir gaffé au point de mériter un pareil coup de semonce ? Quant à l’intention de Vincent, elle était naïvement de détendre l’atmosphère. Mais s’apercevant qu’il avait au contraire accentué le malaise ambiant, il essaya de rattraper sans tarder la situation.

« -Vous savez, si elle avait pu m’entendre, elle aurait certainement ri de cette remarque. C’était une fille très joviale, qui aimait bien s’amuser et plaisanter.

-Elle était jeune ?

-Trente ans. Fille unique.

-C’est un drame pour les parents...

-Oui... »

Sidonie ne disait rien. Elle avait été l’amie d’enfance de Marthe. Depuis le décès elle était restée auprès de la mère de son amie afin de lui prodiguer un peu de réconfort. Maintenant elle, qui d’habitude était si volubile, se taisait. Elle avait le cœur gros. Vincent le savait lui qui, étonnamment, ne se sentait ni triste ni nerveux. Pendant ce long trajet de 1400 kilomètres il se retournait à intervalles de temps réguliers afin de jauger le moral de sa femme. Un regard suffisait, accompagné d’un clin d’œil complice ou d’un sourire tendre.

Frayeur

Soudain Vincent sembla préoccupé par un bruit venant de l’arrière. İl se doutait bien qu’il s’agissait là certainement d’un phénomène parfaitement explicable. Mais il ne pouvait s’empêcher, au fond de lui, d’imaginer les choses les plus saugrenues. Pourtant sa conscience luttait contre ses démons intérieurs.

Enfin, n’est-il pas ridicule de penser que le couvercle pourrait...Allons ! Soyons raisonnable ! Pensa-t-il.

Alors Vincent se retourna à nouveau. Au même moment Mathilde dut freiner sèchement pour stopper à un feu qui venait à peine de passer au rouge et Vincent vit le bouquet de fleurs glisser dangereusement dans sa direction. Sa course s’arrêta heureusement au bord du caisson sans basculer vers l’avant. Ainsi, l’énigme du bruit sourd était levée et les démons chassés de l’esprit de notre apprenti croque-mort. Mais si celui-ci fut soulagé par cette explication rationnelle, en revanche son inquiétude redoubla par la pensée, non moins rationnelle, des conséquences néfastes pour sa nuque qu’aurait pu provoquer un tel incident, jusque-là bénin, si l’un des coups de frein était venu à être plus sec que les autres. Alors, à quoi bon s’être fait autant de mauvais sang en songeant à ce fameux accident du Pays Basque (qui somme toute avait au moins pour lui le côté spectaculaire) si c’était pour finir décapité par un ridicule pot de fleurs, artificielles qui plus est. Vincent demanda sans plus attendre à Sidonie si elle voulait bien retirer l’objet maléfique du catafalque et le poser sur le fauteuil inoccupé derrière elle. C’est alors qu’elle s’aperçut que ce que l’imagination de Vincent avait pris pour un pot de terre n’était en réalité qu’un léger panier inoffensif. Qu’à cela ne tienne, Vincent avait maintenant l’esprit plus tranquille sans ce bruit de va et vient permanent qui, traîtreusement, lui avait un instant rongé les nerfs.

Ce petit contretemps venait à point pour relancer la discussion.

« -Oh ! Ne tentons pas le diable ! (et, s’adressant à Mathilde) D’ailleurs cela me rappelle la chanson de Brassens où, contant un accident de corbillard, il conclut par S ...on s’aperçut que le mort avait fait des petits. c Eh bien, je ne suis pas pressé de jouer le rôle dévolu à ce genre de progéniture.

-Et là, ce n’est rien, répartit-elle. Avec ce panier en plastique, vous ne risquiez pas grand-chose. En revanche j’ai un collègue de travail à qui il est arrivé une mésaventure de ce type. La différence, c’est qu’à la place des fleurs il y avait un gros crucifix en marbre. Le collègue a dû à un moment donné freiner précipitamment et la croix est venue échouer là ! (Mathilde pointa de l’index droit la boîte à gants, qui en était dépourvue car celle-là n’en avait pas pris pour faire cette frayeur à Vincent dont le visage se mit aussitôt à pâlir comme un linge, blanc bien sûr.) Heureusement, ce jour-là il n’y avait pas de passager (du moins, vivant).

-Ah ! »

Vincent ne pouvait plus prononcer la moindre syllabe. İl avait eu la peur qu’il avait mérité et demeura un instant interloqué. İl reprit peu à peu ses esprits. Cela lui servirait de leçon ! Aller ainsi prophétiser par de perfides allusions des malheurs hypo-thétiques à une pauvre dame qui en avait assez, justement, tous les jours, avec le vrai malheur des autres, n’était-ce pas inconvenant ? Elle n’avait pas besoin en plus qu’on aille lui signifier de sombres présages et insinuer qu’elle était mau-vaise conductrice en laissant planer la probabilité d’un accident imminent !

Formalités

Sur ces entrefaites, les visages se déridèrent, Sidonie avait retrouvé son sourire et la parole. İls parlèrent de choses et d’autres : la famille, le temps, le sud…

Le fourgon mortuaire avait pour destination Venisal, un petit village touristique de la côte d’Azahar, le pays des oranges, dans la province de Valencia. Au mois de juin la saison touristique commençait à peine mais les rues étaient déjà très animées. İl fallut neuf heures d’autoroute pour arriver au poste frontière français de la Jonquera où devaient être réglées les formalités concernant le convoi mortuaire. Vincent accompagna Mathilde au commissariat du poste frontière au titre de représentant de la famille.

Ce commissariat a quelque chose de cocasse, pensa Vincent. İl se présentait sous la forme d’un préfabriqué en forme de L. L’entrée s’effectuait par l’intérieur du L, du côté court (il n’y avait pas de jardin, encore moins d’acclimatation !). L’accueil fut, comme dans tout commissariat digne de ce nom, désagréable. Un comptoir (pour compter les coups ?). Derrière ce comptoir un agent de service avec un faux air. Devant le comptoir et assis sur un banc longeant le mur de gauche, deux jeunes gens au visage patibulaire et déguenillés. L’employée des pompes funèbres se présenta à l’agent qui nous dirigea vers un bureau annexe situé dans la longueur du L. Vincent croyait rêver. Le deuxième agent officiait dans un bureau exigu. Croulant sous les dossiers, il n’était pas à prendre pour agent content. İl enregistra leurs identités respectives à l’aide d’une mécanique à écrire, véritable patraque qui pourrait être une pièce de musée rare. Et les employés iront se plaindre après ça de leurs dures conditions de travail ! Je comprends maintenant pourquoi, se dit Vincent, nos policiers ont quelquefois les nerfs à vif et vont se défouler sur le premier étranger venu. İl ne crut pas si bien comprendre car c’est exactement ce qui ne manqua pas de se produire ce jour-là, si ce n’est sous ses yeux du moins sous ses oreilles. Des bruits de coups résonnèrent depuis le hall d’accueil (rien ne précisait du reste qu’il dût être forcément bon) avec une telle violence que les murs du préfabriqué en frissonnèrent de terreur. On put lire cette même terreur sur les visages crispés de l’employée des pompes funèbres et de Vincent. Alors sur-le-champ notre agent quitta sa machine à écrire et alla, d’un pas calme mais sûr, se rendre compte des faits. Aurait-il lui aussi été terrifié au point d’abandonner son poste, pressentant un collègue en danger ? İl revint en fait quelques minutes plus tard sans avoir eu semble-t-il besoin d’intervenir, le sourire aux lèvres, signe probable que son collègue était sauf.

« Un petit incident sans gravité », annonça-t-il.

Pendant que l’agent se remettait à taper consciencieusement le rapport au sujet du convoi, son collègue continuait de taper quant à lui bruyamment sur deux olibrius (olibrii pour les puristes) qui s’étaient fait remarquer une fois de plus par leur accent étranger.