De la signature des choses ou De l'engendrement et de la définition de tous les êtres - Jacob Bœhme - E-Book

De la signature des choses ou De l'engendrement et de la définition de tous les êtres E-Book

Jacob Boehme

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Beschreibung

Extrait : "Toute parole, tout écrit et tout enseignement sur Dieu est sans valeur si la connaissance de la signature n'y est point renfermée : car cela ne vient alors que de l'histoire et de l'ouï-dire, en qui l'Esprit est muet ; mais si l'Esprit dévoile la signature, on entend alors et on comprend comment l'Esprit s'est manifesté hors de l'Essence, par le principe, dans le son et avec la voix."

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Avant-propos

La Divinité ne s’est servie que d’un seul caractère pour donner à chacune des créatures son signe, sa figure et sa forme, de manière qu’elles apparaissent comme autant de miracles du Mystère céleste ou terrestre. Ce caractère est la croix universelle qui s’étend à travers tous les trois principes dans les sphères et les tourbillons de la Nature. Telle est l’idée qui se trouve dans le frontispice dessiné par Gichtel pour le Signatura Rerum, et que développent les seize chapitres de ce livre.

Il a été une fois traduit en français, vers 1660, par un médecin, Jean Mandré, qui n’a réussi qu’à le rendre un peu plus inintelligible. Plus présomptueux que L.-C. de Saint-Martin, qui a mis un soin scrupuleux à rendre littéralement les idées de « son chérissime Boehme », j’ai cru qu’en supprimant les répétitions, en élaguant les périodes, en ajoutant des arguments, le lecteur moderne qui ne dispose pas de beaucoup de temps pourra mieux saisir le sens de ces textes profonds.

Boehme n’a d’ailleurs jamais prétendu consigner des choses nouvelles ; tout ce qu’il dit se trouve dans l’Écriture et à l’école de la Nature. Par conséquent, pour le comprendre, il faut réaliser la vraie religion : imiter et suivre Jésus dans ses souffrances et sa mort, afin de revivre avec lui. C’est justement ce processus de la régénération simultanée de l’âme et du minéral, que décrit le présent livre, en se servant de la terminologie alchimique. Je veux essayer d’en donner une traduction plus concise et débarrassée des répétitions qui abondent dans les œuvres de Boehme à cause de l’insuffisance de sa culture littéraire ; je me suis permis de placer quelques notes au bas des pages pour ceux qu’intéresse l’archéologie ésotérique.

SÉDIR.

Février 1894.

Préface de l’auteur au lecteur ami de la sagesse

1. – Les choses qu’il est utile à l’homme de connaître sont :

1° Ce qu’il est.

2° D’où lui viennent le bien et le mal.

3° Comment il se conduira dans ce bien et ce mal.

4° Comment il pourra connaître la CURE corporelle et spirituelle.

5° Comment il doit s’y prendre pour effectuer ce salut.

6° Ce qu’est son créateur.

7° Quels sont les mystères des grandes merveilles divines.

8° Alors s’éveillera en lui le désir de l’amour et de la grâce de Dieu.

9° Lequel désir manifestera en lui l’image de Dieu par la volonté de l’Esprit.

2-3. – On va donc exposer ces secrets des merveilles divines afin que le lecteur devienne curieux de la « petite perle ». De la sorte :

1° Les merveilles divines seront manifestées.

2° Le Nom de Dieu sera connu en nous.

3° Le royaume de Satan sera découvert et écrasé.

4° Tous les combats seront cessés et l’image de Dieu régnera.

4. – Tout ceci semble être des sons sans signification ; mais la lettre extérieure n’est rien si la lettre vivante de Dieune vient à l’animer ; cette lettre vivante, c’est le Verbe proféré de Dieu révélé dans l’homme ; et le lecteur c’est l’Esprit-Saint .

5. – Ce livre n’est pas écrit pour forcer tous les hommes à cultiver les pratiques de la régénération, mais pour aider seulement que Dieu pousse dans cette voie-là ; car le temps approche où tout ce qui a été caché sera découvert.

6. – Mais si quelqu’un s’égarait en voulant pratiquer avant d’avoir atteint la vraie compréhension, qu’il en rejette la faute sur lui-même. Que la lumière, la bénédiction et la protection divine soient avec nous, et que le lecteur me donne sa sympathie et son amour .

J.B.

Février 1622.

CHAPITRE PREMIERCe que l’on dit de Dieu sans la connaissance de la signature est muet et insignifiant ; dans le composé humain se trouve la signature selon l’être de tous les êtres

SOMMAIRE.– La signature. – Les trois formes de la Nature. – Les trois principes.

1. – Toute parole, tout écrit et tout enseignement sur Dieu est sans valeur si la connaissance de la signature n’y est point renfermée : car cela ne vient alors que de l’histoire et de l’ouï-dire, en qui l’Esprit est muet ; mais si l’Esprit dévoile la signature, on entend alors et on comprend comment l’Esprit s’est manifesté hors de l’Essence, par le PRINCIPE, dans le son et avec la voix .

2. – Car encore que j’entende parler, enseigner, prêcher, encore que je lise, je ne comprends complètement et ne m’assimile ces discours et ces lectures que si leur Esprit, sortant de leur signature formelle, entre en la mienne et s’y imprime ; j’ai alors une base solide, visuelle ou auditive : quand on a le battant, on peut sonner la cloche.

3. – Ainsi, l’on voit que toutes les facultés humaines viennent d’une seule, Racine et mère unique : si cela n’était, un homme ne saurait comprendre le verbe d’un autre.

4. – Car c’est par la parole qu’une forme en éveille une autre, selon leur principe particulier. On s’entend en donnant à l’esprit une forme au moyen de laquelle il peut entrer en d’autres hommes et réveiller chez eux les formes de SIGNATURE semblable ; les deux mouvements INQUALIFIENT alors l’un dans l’autre, et alors il n’y a plus qu’une compréhension, une Volonté, un Esprit et un Entendement.

5. – Secondement, nous disons que la SIGNATURE ou forme n’est point l’Esprit, mais le corps de l’Esprit : de même qu’une viole qui, si on ne la touche et ne la fait point vibrer, ne laissera entendre aucun son ; la Nature formelle ou signature n’est qu’une Essence muette, viole accordée avec justesse, qui, sous les doigts habiles de l’Esprit de la volonté, rendra des harmonies merveilleuses, selon la propriété des cordes émues.

6. – En l’âme humaine gît la SIGNATURE, selon l’Essence des Essences ; il ne manque à l’homme que l’Artiste industrieux qui doit lui faire rendre les mélodies exquises : le véritable Esprit de la très haute Puissance éternelle ; et quand Il se lève en l’homme, et qu’il l’émeut au CENTRE, alors il touche l’INSTRUMENT de la forme humaine : et la forme sort de la bouche avec la parole. L’homme interne se manifeste dans le ton de la parole, c’est ainsi que l’âme prend naturellement conscience de soi-même.

7. – L’homme a effectivement en lui toutes les formes des trois mondes, puisqu’il est une image entière de Dieu ou de l’Essence des essences ; c’est pendant sa gestation qu’il est ordonnancé ; il y a en lui trois architectes, qui sont le triple FIAT des trois mondes et qui luttent pour posséder sa forme ; l’un des trois obtient le Régime souverain, et le reçoit en l’ESSENCE, d’après cela l’instrument s’accorde dans sa triplicité.

8. – Aussitôt que l’homme est né, son Esprit fait vibrer cet instrument ; alors la forme spirituelle se verbalise, et agit au dehors en bien ou en mal, car de la même façon que résonne une viole, les sens sortent de l’ESSENCE de l’âme et avec eux la volonté avec ses gestes ; ainsi s’expliquent les différences des caractères entre enfants des mêmes parents.

9. – Il faut ensuite remarquer que bien qu’un FIAT ait le souverain Règne et modèle la forme d’après lui, les deux autres l’accompagnent pourvu que leur INSTRUMENT vibre ; c’est ainsi qu’un homme ou une bête, quoique naturellement enclins au bien ou au mal, se déterminent pour l’un ou pour l’autre contre leur tendance lorsqu’ils subissent une réaction extérieure assez forte ; et le méchant dégrade souvent plus encore sa complexion externe quand sa complexion interne est émue ; c’est ce qui arrive lorsqu’un Bon émeut cet INSTRUMENT interne par son désir de charité ; ou au contraire, lorsque le Méchant agit par sa force colérique sur la complexion interne du Bon, la colère en ce dernier se réveille.

10. – De même que les formes de vie sont FIGURÉES par le FIAT pendant la gestation, de même se dessine l’esprit naturel : car il émane de l’ESSENCE de tous les trois principes, et il exhale une volonté également semblable.

11. – Mais cette volonté peut être brisée par une plus forte qui évertue les formes intérieures et qui emporte le gouvernement ainsi que nous la voyons dans la force du ☉, convertir en une agréable douceur l’âcreté d’un fruit amer ; une bonne plante dans une mauvaise terre ne peut montrer sa vertu, et un bon se gâte au milieu des méchants. Et ces actions s’impriment dans la forme extérieure, proportionnellement à force de l’action interne : ce sont elles qui peuvent se lire dans l’homme, en son parler, en ses actions, en la forme de ses membres, en la forme de son visage. De même les animaux, les plantes et les arbres, toutes choses enfin, sont marquées extérieurement selon leur structure interne.

12. – Leurs changements même, du Bien au Mal, produisent leur CARACTÈRE extérieur ; et on peut les suivre au cours de leur développement dans les actes de chaque jour.

13. – C’est ainsi que les bêtes féroces, lorsqu’elles ont été domptées, ne montrent plus leur caractère primitif, lequel ne reparaît que s’il est fortement ému ; alors tout l’artificiel et l’acquis lui font place et disparaissent.

14. – C’est ainsi qu’une plante, transportée d’un sol mauvais en un bon, se développe et acquiert une odeur agréable et des vertus bénéfiques, montrant ainsi son ESSENCE interne.

15. – Nous voyons d’ailleurs dans ce monde de quelle façon l’essence unique interne s’est manifestée par sa similitude selon le désir de la génération, de quelle façon elle s’est diversifiée (par le travail de l’interne) dans les Étoiles, les Éléments, les plantes et toutes les créatures.

16. – C’est pourquoi la compréhension réside dans la SIGNATURE, qui permet à l’homme (l’image de la plus grande vertu) de se connaître lui-même et de connaître l’Essence des essences ; car à la forme extérieure de toutes les créatures, à leur désir, à leur voix on peut connaître l’esprit caché, – la Nature ayant à chaque chose donné son langage (selon l’ESSENCE et la forme). Le langage prend sa source hors de l’ESSENCE et se manifeste, pour les créatures animées, par leur voix, pour les autres, par leur odeur, vertu et figure.

17. – Tel est le langage de la Nature, par lequel chaque chose exprime ses propriétés et proclame la Mère qui l’a engendrée et lui a donné l’ESSENCE et la faculté de prendre une forme.

CHAPITRE IIDe l’opposition et du combat dans l’être de tous les êtres

SOMMAIRE.– La médecine des trois règnes. – Les trois premières formes en l’homme et dans le monde physique. – L’alchimie. – L’orage.

1. – Du nombre infini des formes, produisant chacune sa volonté différente, nous pouvons déduire que l’Adversité existe aussi en l’Essentialité première, que les péripéties de cette lutte où une ESSENCE attaque toujours l’autre, et lorsqu’elle la rompt et la vainc l’introduit dans une autre forme, engendrent les maladies et les douleurs.

2. – Là est le fondement de la médecine, c’est-à-dire l’art de tempérer les ESSENCES l’une par l’autre, et de les mener toutes vers une santé harmonieuse ; sans cette lutte il n’y aurait point de nature, ni de volonté mais un néant éternel ; car la volonté cause le mouvement, lequel tend au repos et s’excite lui-même en le cherchant.

3. – Le rôle du médecin consiste à égaliser les volontés : elles tendent d’ailleurs, comme à la plus souveraine joie, à s’unir à leur semblable : l’égalité de la Nature éternelle est ainsi reproduite, ainsi que sa Paix éternelle.

4. – Ces choses ne sont point alors manifestées au dehors, elles ne peuvent l’être que par le combat qu’elles se livrent entre elles, voulant sans cesse fuir ces heurts et retrouver la tranquillité perdue.

5. – Nous apercevons ainsi que le meilleur médecin de la Contrariété c’est la Liberté qui est une lumière et comme le désir de l’esprit ; et que la convoitise de l’ESSENCE c’est l’égalité : deux aliments par lesquels la faim de l’Adversité (du Combat) se peut calmer et cesser d’INQUALIFIER.

6. – Puisque donc la vie humaine consiste dans le jeu de trois PRINCIPES, en une triple ESSENCE et possède un triple esprit de chaque propriété de l’ESSENCE, lequel ternaire est : le Feu central, la Lumière éternelle et la propriété de l’être divin, la propriété du monde extérieur ; il nous faut considérer comment chaque esprit combat avec son ESSENCE et ce en quoi consiste la cure, c’est-à-dire le remède de l’harmonie.

7. – Au-delà de la Nature se trouve le Rien, comme silence et repos éternels. Dans ce Rien sourd, de toute éternité, une Volonté vers quelque chose ; et ce quelque chose qu’elle convoite c’est elle-même ; puisqu’il n’y a Rien qu’elle-même. Cette convoitise est la propriété de la faim qui s’assouvit en se trouvant elle-même ; et cet avalement produit l’obscurité.

8. – La Volonté est donc obligée de rester dans les ténèbres ; et comme elle veut en sortir, elle se crée une seconde volonté qui tend vers la liberté. Cette tension ne peut aboutir qu’au Rien ; plus elle désire avec force la manifestation, plus la volonté première la refrène en elle-même, et cette lutte produit trois formes.

9. – La convoitise est l’Astringence, qui donne la dureté, qui est une fermeture, d’où vient le froid ; puis l’Expansion, qui aiguillonne la dureté, qui cause le mouvement, qui lutte contre l’Astringence et qui la renforce d’autant. Cette lutte provoque un mélange dans la convoitise qui en est l’ESSENCE ; et de cette rupture, de ce déchirement perpétuel, vient la troisième forme, l’Angoisse douloureuse.

10. – Ces trois formes s’exaltent et s’activent de plus en plus en se provoquant les unes les autres, d’où la Nature, qui, étant quelque chose, est opposée au Rien libre, calme et immobile.

11. – De là naît l’Inimitié. – Tel est le CENTRE de la Nature. Au commencement, dans le premier PRINCIPE, c’est un Esprit ; dans le second, c’est un Amour ; dans le troisième, c’est une Séité. Et dans ce troisième PRINCIPE, les trois formes s’appellent : SOUFRE, MERCURE et SEL.

12. – Dans le premier Principe SUL est la volonté libre comme tendance du néant vers quelque chose, dans la liberté extranaturelle ; PHUR est la convoitise de cette tendance comprenant la genèse de la Nature éternelle et de la Nature extérieure, car la dureté, l’attrait sévère aiguise les essences et les perpétue. Par le SUL, l’angoisse ténébreuse devient une lumière et dans le troisième PRINCIPE, le SUL est l’huile de la Nature où brûle la vie et où croissent toutes choses.

13. – Le SUL en réalité n’est pas séparé du PHUR : c’est une seule Séité quia deux propriétés : joie et douleur, lumière et ténèbre ; – deux mondes : l’un de feu sombre dans la sévérité, l’autre de feu lumineux dans la liberté : ce dernier fait comprendre la Divinité, le premier fait comprendre la Nature, et ces deux sont la cause réciproque de leur existence.

14. – La douleur est le médecin du désir de liberté, par l’Angoisse qui fait que le Rien est devenu une vie et a pris conscience de lui-même, ce qu’il n’aurait pu en restant dans le calme.

15. – Et la lumière, ou le SUL, est le médecin de la convoitise de la nature ténébreuse, en arrêtant le tourbillon d’Angoisse, qui se convertit en une sonorité dans l’ESSENCE.

16. – Chacune des trois propriétés demeure elle-même et elles habitent cependant l’une dans l’autre ; elles sont le médecin l’une de l’autre, au moyen de l’IMAGINATION, car l’Éternel est MAGIQUE.

17. – La seconde forme de la Nature dans l’Éternité est le Rayonnement des ESSENCES aiguës et piquantes ; l’ESSENCE naît là où il y a trouble, car le Rien est paisible. Dans le troisième PRINCIPE, c’est le MERCURE ennemi et venimeux, cause de la vie, du mouvement et des sens. Il existe afin que de l’un sorte la multiplicité sans fin et sans fond.

18. – Cette forme cherche le repos par l’inquiétude, et est à soi-même sa propre ennemie. Sa médecine est double comme sa convoitise qui se dirige à la fois vers la liberté tranquille et vers l’inquiétude de la recherche d’elle-même. La volonté radicale cherche la joie ; elle sort pour cela du Rien, et va dans le mouvement douloureux, où cette volonté se retrouve.

19. – Cette volonté trouvée désire à nouveau la paix du Rien, afin qu’elle jouisse de la tranquillité et de la joie. Ainsi, il y a deux volontés au fond de tout : l’une tendue vers le feu irascible et la roue d’angoisse, pour générer la Nature ; l’autre vers la vie de lumière et la joie de la Nature.

20. – Le médecin de la première est le désir de la liberté ; et celui de la seconde est la fureur dans la convoitise affamée. Tels sont l’amour et la colère de Dieu, le bien et le mal au CENTRE de chaque vie, le plaisir et la douleur et leur mélange incessant.

21-22. – Il y a une troisième volonté qui naît comme d’une ESSENCE des deux premières ; elle est leur esprit et leur maître : car elle peut les provoquer l’une ou l’autre à son gré, car elle est la vie véritable.

23. – Le désir de la liberté est appelé Dieu ; le désir de la Nature est appelé la colère de Dieu ; c’est le monde obscur ; le premier PRINCIPE ; et le monde lumineux est le second PRINCIPE ; ils ne sont pas séparés l’un de l’autre ; ils vivent ensemble, ils sont la cause et la cure l’un de l’autre ; et celui des deux qui se meut, manifeste au dehors par son CARACTÈRE.

24. – La troisième forme est l’Angoisse ; elle est par elle-même le FIAT ; opérant avec les deux autres, elle produit le quatrième qui est le Feu. Dans le troisième PRINCIPE, elle est le SEL, selon sa matière, mais selon son esprit elle a beaucoup de figures ; c’est la force corporisante ; elle peut être sulfureuse, ou un éclair mercuriel ; en soi, c’est une agonie aiguë.

25. – Elle contient un feu froid et obscur, et un feu chaud. Le premier s’engendre de l’Astringence, ou attrait aigu ; le second vient de l’aiguillon du mouvement dans l’Angoisse ; c’est le désir de la liberté qui l’allume.

26. – Les trois formes que nous venons de décrire se développent l’une dans l’autre, elles n’ont qu’une seule mère qui est la volonté convoitant la manifestation.

27. – L’angoisse ou faim de l’esprit du Sel a deux volontés : la première est celle vers la Nature ; la seconde est la fille de la précédente ; elle retourne en elle-même de la manifestation à la liberté. Car la vie qui circule dans la Nature ne lui appartient pas essentiellement : elle a en elle-même le désir de manifester l’interne.

28. – La première volonté du Sel dans sa recherche de soi-même constitue le CENTRE de la Nature : c’est un éclair et une frayeur ; la seconde s’enfuit de la première, pour se déployer en un quelque chose.

29. – Ce CENTRE en soi, cette fureur, c’est le monde ténébreux ; la sortie vers la manifestation, c’est le monde extérieur, l’autre volonté qui sort de la première, est le monde de la lumière, ou royaume de la joie, la vraie divinité.

30. – Le monde ténébreux convoite le monde extérieur manifesté pour apaiser sa faim ; le monde extérieur convoite l’essence ou la vie qui résulte de l’Angoisse, sa convoitise en soi est le miracle de l’éternité, un MYSTÈRE, ou un miroir, ou l’objet de la recherche de la première volonté.

31. – C’est le SOUFRE, le MERCURE et le SEL ; car une telle convoitise est une faim de soi-même et son propre rassasiement. SUL désire le PHUR, le PHUR désire le MERCURE ; ces deux désirent le SEL, leur fils, leur demeure et leur aliment.

32. – L’image de l’inimitié produite par ses convoitises c’est l’orage et les éclairs. – Lorsque le Feu du soleil émeut la grande angoisse, et qu’elle atteint le Salniter, elle l’allume ; car il est l’éclair ou l’aiguillon du MERCURE. Cet éclair provoque l’acuité froide de l’esprit du sel, qui, devant l’éclair, se ramasse soudain en soi : de là l’éclair visible tombe à cause du froid, lourd ; et le son se propage à cause de la légèreté du Salniter.

33. – Puis le vent se lève, c’est-à-dire l’esprit des quatre Formes : la grêle provient du froid, et l’eau vient du désir de la lumière qui agit sur le froid esprit du sel, c’est-à-dire sur les nuages, que le dernier résout en pluie par après.

34. – Ainsi l’éclair (Salniter allumé) commence, amène le tonnerre qui provoque l’astringence ; de là le vent commence à tourbillonner.

CHAPITRE IIIDu grand mystère de tous les êtres

SOMMAIRE.– La manifestation divine ; les deux formes de la première volonté ; génération des essences par le Soufre, le Mercure et le Sel ; essences intérieures et extérieures ; lieu de Lucifer.

1. – Nous allons essayer de montrer la manifestation de Dieu par la Nature ; comme Dieu a un commencement éternel et une fin éternelle, la Nature du monde intérieur est aussi éternelle.

2. – En dehors de la Nature, Dieu est un MYSTÈRE, un Néant ; ce Rien est l’œil de l’Éternité, abîme sans fond ; il contient une volonté, qui est le désir de la manifestation pour se retrouver lui-même.

3. – Cette volonté avant laquelle il n’y a rien ne peut chercher qu’elle-même et ne trouver qu’elle-même par la Nature.

4. – Et dans ce mystère pré-naturel, il y a une volonté vers la manifestation, et une autre, née de la première, vers la puissance : c’est la fille de la première, désireuse du royaume de la joie.

5. – La convoitise sort ; et cette sortie est l’Esprit de la volonté, c’est un tissu, qui forme des images spirituelles dans l’infini du MYSTÈRE.

6. – Cette même forme est l’éternelle sagesse de la Divinité, la tri-unité dont nous ne pouvons connaître le fond, mais considérant l’acte de la création, nous séparons Dieu de la Nature.

7. – Ceci est l’ARCANE le plus occulte ; l’Abîme se manifeste ; la Nature éternelle est sa corporisation ; la nature extérieure, visible, est un engendrement de l’esprit intérieur en bien et en mal, une représentation des mondes igné et lumineux.

8. – L’âme conçoit la nature éternelle ; l’Esprit de l’âme ou la noble image de Dieu conçoit la genèse du monde de lumière angélique ; l’esprit SIDÉRIQUE et élémentaire, conçoit la genèse et les propriétés des étoiles et des éléments. Chaque œil contemple la mère de qui il est né.

9. – Nous allons décrire la genèse de tous les êtres, indiquer comment ces trois mères sont la cause les unes des autres et comment cela se produit depuis l’œil de chacune des trois mères.

10. – Personne ne niera que l’homme soit une semblance de Dieu, une image de l’Être des êtres ; restons donc en Dieu, puisque dans la lumière réside la vision.

11. – Nous avons expliqué plus haut comment l’engendrement de ce monde s’effectue par le Soufre, le Mercure et le Sel ; nous allons voir comment se déclarent les séparations intérieures, comment tout se forme du Centre.

12. – Dans le principe éternel, le Sulphur possède deux formes, de même que dans le principe temporel de ce monde. Le Sul est la tendance vers l’éternelle liberté, le désir sortant de l’abîme, et dans cette faim est le commencement de la Nature, comme attrait en soi.

13. – Sul est Dieu, Phur est la Nature, comme on le voit dans l’esprit sulfureux du corps matériel de ce nom. Son essence est une MATIÈRE desséchée et contrite, sa propriété est douloureuse et à exhalaisons ignées : la raison s’en trouve dans sa double origine : venant de la convoitise qui est attractive et de la liberté qui est rayonnante.

14. – La convoitise, étant une attraction, produit la dureté et le feu ; la liberté produit l’éclat du feu ou la lumière. Sul est la lumière ; Phur est le feu. Cependant la lumière et le feu se manifestent, non dans le Soufre mais par le Mercure et dans le Sel qui est le véritable corps de l’Essence.

15. – La première convoitise qui se déclare dans le désir de la liberté SUBSTANTIALISE tout. C’est la mère unique de toutes les choses créées.

16. – Le MERCURE né du SOUFRE est la séparation en lumière et en ténèbres, la roue brisante cause de la multiplicité ; il sépare les métaux où est la liberté, des terres grossières où agit la convoitise cupide.

17. – Au commencement de sa génération, il possède trois qualités : le tremblement de la sévérité, l’angoisse par L’IMPRESSION de la convoitise austère, et l’expansion de la multiplicité, sa vie ESSENTIELLE.

18. – Cette dernière qualité tend, de soi-même, à sortir des ténèbres ; elle s’est aiguisée par l’oppression de l’austérité ; elle est alors une vie active et sensible, elle devient une splendeur qui est le royaume de la joie.

19. – Comprenons ici que l’esprit se sépare de l’essence, l’essence reste dans l’IMPRESSION et devient MATÉRIELLE, soit tel ou tel métal, selon la qualité de la première compréhension dans le Soufre, – soit de la terre. Aucun métal ne peut être généré sans le SALNITER qui est l’effroi dans le MERCURE, lequel se MATÉRIALISE par l’IMPRESSION austère, et se sépare en un soufre, un salniter et un sel ; il n’y a point de corps en tout ceci ; il n’y a que l’esprit de l’être ; l’être sort de la mort par une agonie qui a lieu dans la grande angoisse de l’IMPRESSION, qui est la vie mercurielle ; dans cette douleur, l’effroi salnitrique fait comme un éclair ; puis la liberté rentre en elle-même ; et l’être demeure dans l’angoisse austère et ténébreuse.

20. – Dès que la colère déborde ainsi, provoquant l’effroi, elle conçoit la douceur et commence à s’éteindre. Cet effroi vient du MERCURE ou de l’angoisse de la mort.

21. – Avec lui s’allume le feu, qui sépare une partie de l’être vers la colère et l’autre vers l’amour.

22. – Cette seconde part de la MATIÈRE, qui veut être délivrée de la Colère, s’abaisse au-dessous d’elle-même : c’est une eau que la colère tient prisonnière. La colère produit les minéraux ; et la liberté, c’est l’eau générée avec le feu, par la mort, dans la douceur de la lumière.

23. – Comme cette eau se forme dans l’effroi du Salniter, elle est multiple ; car l’effroi mortel qui a lieu produit une vie ESSENTIELLE et un corps brut et insensible dont la MATIÈRE est morte. Chaque corps est semblable à son esprit ESSENTIEL.

24. – La première partie de la Matière est engendrée par le désir vers la Nature, vers la manifestation de l’abîme ; la seconde, par le désir de la liberté.

25. – Au moment de cet effroi, se produit, par l’angoisse d’abord, une eau sulfureuse.

26. – Puis, par l’attrait austère, une eau saline. Toutes les choses créées ont un sel qui contient et attire le CORPS et un soufre qui possède l’huile ou la lumière, c’est-à-dire le désir de la manifestation, d’où vient la croissance.

27. – Puis, par l’effroi du Salniter, venant de l’amertume, une eau terrestre, obscure, morte, contenant tout ce qui est devenu CORPOREL.

28. – Considérons maintenant le plus haut ARCANE : celui de l’essence céleste, des gemmes et des métaux dont elle est le principe.

29. – Nous avons vu comment le premier désir vers la Nature passe par toutes les formes jusqu’à la plus haute exaltation, et là, rentre en lui-même, comme une vie sortant du feu. Le feu éternel est MAGIQUE et spirituel. La liberté est son origine, la Nature éternelle est son acuité. Ce qui meurt par le feu est divin ; ainsi se déclarent dans la mort ignée, la lumière et le royaume de la douceur.

30. – Les propriétés de la première mère se partagent par l’effroi salnitrique : en une eau qui est une ESSENCE puissante, dont le Christ nous assure que celui qui en boit reçoit la vie éternelle ; – et en un feu, qui s’appelle le ciel, où se manifestent les miracles de la joie divine. L’eau est le verdoiement du paradis ; le feu produit l’élément éternel, la corporéité divine où se trouve tout ce qui peut être connu de Dieu.

Voyons maintenant le monde extérieur.

31. – En regardant les divers CORPS des Métaux, des pierres et des créatures vivantes, la raison se demande quelle est la naissance de chaque chose, puisqu’elles n’ont toutes qu’une Mère unique, et que l’éternité n’a pas de commencement. Nous observerons donc cette mère, la séparation du temps et de l’éternité, des deux PRINCIPES, le divin et celui de ce monde, qui est divin aussi.

32. – Comme Jésus appelle le Diable le prince de ce monde, nous dirons aussi comment ce prince est la plus misérable créature de ce monde. La Mère, qui a engendré toutes les créatures, contient dans sa propriété : le SOUFRE, le MERCURE et le SEL spirituels, tout ce qui est sorti de son IMPRESSION, et son Fiat donne des créatures différentes selon la qualité primitive de la séparation.

33. – En premier lieu sont les hauts esprits engendrés du CENTRE de tous les êtres, par le libre désir dans la propriété du feu ; ils avaient en eux les propriétés des deux mondes éternels. Après leur CORPORISATION, ceux qui demeurèrent dans la propriété du désir libre, et qui introduisirent leur volonté du feu dans la lumière, furent des anges ; ceux qui introduisirent leur convoitise à nouveau dans le CENTRE, devinrent des diables, expulsés de la liberté et de la lumière.

34. – Ainsi les diables ne possèdent ni le royaume de Dieu ni le royaume de ce monde ; car, à la création, ce dernier fut formé par les deux qualités ; et le diable ne possède que la Colère.

35. – Après les esprits élevés, Dieu a créé ce monde visible, avec les étoiles et les éléments, comme une génération de la mère éternelle ; tout cela est sorti de l’éternel commencement et a pris un point de départ temporel. Le mouvement de la mère a allumé ses formes, et elles ont produit des CORPORISATIONS. Ensuite Dieu a créé la terre :

36. – La première convoitise vers la Nature S’IMPRIME en trois formes : ς , ☿, ∅ ; tout se meut et s’agite par cette impression jusqu’à la plus haute angoisse, jusqu’à l’effroi SALNITRIQUE. Le feu naît ; la douleur bouillonne, comme de l’eau sur le feu, puis l’astringence resserre, et le feu dilate : ceci se passe dans le ς

37. – L’attrait austère est donc un aiguillon furieux, une rupture incessante ; c’est un esprit sans essence ; c’est la forme même de ☿ : il y a deux volontés dans cet état : l’une est l’angoisse venue de la convoitise, l’autre est le désir de la liberté ; elles ne peuvent se séparer l’une de l’autre, et la lutte se tend jusqu’à ce que le feu s’allume par le craquement du Salniter. L’ardeur du feu endort la douleur : telle est la mort (éternelle ou temporelle).

38. – Mais la liberté se ressaisit : elle surmonte la mort ; l’esprit de l’angoisse se matérialise et ne conserve plus qu’une action essentielle impuissante ; au milieu de cet incendie, dans le craquement salnitrique, chaque propriété s’individualise et se matérialise formant des métaux et des pierres.

39. – Le métal le plus parfait, l’or, vient de la Liberté saisie dans l’impression austère : c’est cette liberté, enveloppe du Sul, qui fait croître les Métaux ; tandis que les pierres, saisies trop durement, n’ont que très peu de Sul. Les pierres précieuses viennent de l’éclair qui sépare la vie et la mort, au moment de sa congélation par le craquement. C’est pourquoi elles ont de grandes vertus ; elles portent en elles le nom de la puissance divine. C’est pour la même raison que l’or est tout proche de la corporéité divine, de sorte que l’on pourrait en délier le corps mort et le rendre esprit ailé, par la permission de Dieu, bien que cela paraisse impossible.

40. – Les autres métaux viennent des différentes impressions du feu et de la lumière au sortir du chaos divin ; chaque matière est un être analogue à l’esprit dont elle a été engendrée, et le feu la transforme en une lumière également analogue.

41. – De même que l’âme se répand dans toutes les facultés de l’homme, ainsi l’Âme éternelle se retrouve de la plus haute lumière à la plus profonde ténèbre ; ce monde entier n’est qu’une image du monde éternel.

42. – Les chœurs des Esprits, les étoiles, les plantes, tout ce qui existe jusqu’aux armées éternelles a la même constitution.

CHAPITRE IVDe la naissance des quatre éléments et des étoiles à la propriété métallique et créaturelle

SOMMAIRE.– Les deux Mères ; les sept Formes, les sept Propriétés planétaires ; l’action du Soufre, du Mercure et du Sel dans leur engendrement ; leur action réciproque.

1. – Tout provient d’une seule et unique Mère, comme on l’a montré ci-dessus ; et tout se sépare en deux essences, selon la Loi de l’Éternité : essence mortelle et essence immortelle, esprit et corps. L’esprit est la vie et le corps est la mort, comme une maison de l’Esprit, et la sainte Trinité s’affirme par la naissance et par la Génération. Au ciel sont aussi l’Essence et l’Esprit dont nous voyons la figure dans ce monde extérieur, où il y a 4 Éléments provenant d’un seul.

2. – Lors de la création de ce monde, toute l’essence de l’Éternité s’émut et sa forme s’alluma du désir de la manifestation ; et à la génération, elle se sépara en quatre parties dans le bouillonnement igné : ce furent le Feu, l’Eau, la Terre et l’Air, son esprit mouvant. On peut considérer ceci dans le Soufre qui comprend ces quatre choses.

3. – Les astres sont aussi engendrés par la première Mère : ils forment ensemble comme un corps, et sortent de l’Esprit intérieur comme un pied ou une main croissent du tronc selon la forme qu’ils ont déjà dès le premier instant de la vie du centre.

4. – La Mère primitive, qui est le désir ou convoitise, s’introduit en sept formes en lesquelles elle se manifeste, bien qu’elle demeure seulement en trois.

5. – La première forme est austère, c’est une attraction sévère, cause de la froideur, du sel et de toute la corporéité.

6. – La seconde forme est un aiguillon de mouvement, elle cause la sensibilité de l’amertume, de la haine, des joies et des souffrances.

7. – La troisième forme est la grande Angoisse de la réalisation, source de deux volontés : l’une tendant à la plus haute exaltation du Feu, l’autre à la mort dans le Feu de la Joie, qui se plonge dans la Colère et revient en soi pour fournir un élément de splendeur à l’exaltation du Feu.

8. – La quatrième Forme est le Feu même, premier principe de la Vie, par lequel se sépare le monde ténébreux du monde lumineux ; et toutes les séparations matérielles se font en ce bouillonnement ; la corporisation y commence ainsi que la multiplication selon la propriété du premier Esprit éternel : selon l’Essence, un corps mortel, selon l’effervescence du Feu, un vivant.

9. – La cinquième forme est le second désir qui s’exerce après la séparation, selon le désir de la Liberté, plus haut idéal de l’amour, – et selon le désir du Feu, source de la Joie et de toute vie véritable. L’Amour donne l’Essence, car il est actif et expansif comme elle. Dieu est inclus en toute essence, et Il donne au Feu la faim de l’Essence sans laquelle ce dernier ne pourrait subsister non plus que la splendeur de la Lumière ni le désir de l’Amour ; car c’est par le Feu que la lumière est joyeuse, et sans lui elle s’éteint, et l’amour s’angoisse, comme on le voit dans les diables.

10. – La sixième Forme sort de la Roue ignée qui produit la multiplicité des Essences par le Mercure dans le bouillonnement nitreux : c’est par le Feu qu’une forme s’introduisit dans l’autre ; lorsque donc, le désir amoureux pénètre les formes, elles deviennent désireuses, car l’Enfant amoureux (♀) réside en toutes choses.

11. – C’est ici que résident, que naissent le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue, le tact et la parole : là, un autre principe, une nouvelle effervescence contenue dans la Lumière, remplit tout ; là, verdoient la Vie dans la Mort, l’Amour dans la Colère, la Lumière dans les Ténèbres ; là, l’époux embrasse son épouse, et Dieu même fait taire Sa colère, la fureur de la nature. De cette forme, proviennent le langage, l’entendement, les sens, et la vie de toute créature qui circule dans les végétaux, les arbres et les Herbes, selon leurs propriétés particulières.

12. – La septième forme sourd de toutes les autres, et leur sert de corps et de résidence ; et cela arrive lorsque ces autres par leur action mutuelle goûtent le désir de l’amour ; alors en chacune s’élève une faim de lumière ; un désir pénétrant et une puissante attraction ; de ces deux choses : la faim et l’objet de la faim, provient une essence qui agit en dehors de la mort.

Lorsque l’imagination de la Faim est trop véhémente, si elle ne peut se satisfaire, elle s’éteint au ventre de sa Mère et l’enfant meurt.

13. – La première faim du Centre devant le Feu est une faim spirituelle qui produit le monde ténébreux, tandis que la faim du libre plaisir produit le monde lumineux : ces deux mondes restent spirituels jusqu’à ce qu’ils passent par le Feu : ils meurent alors à l’Esprit, et restent son image et la manifestation de cet Esprit incompréhensible qui s’appelle Dieu dans l’Amour et la Colère.

14. – Ainsi chacun reste en soi ; la faim temporelle produit un corps temporel, la faim éternelle produit un corps éternel, et ces deux ne font qu’un, mais ne se confondent pas.

15. – La septième forme corporise donc ces esprits selon leur faim même ; en la création de ce monde s’est fait une séparation que l’on aperçoit en toutes les créatures : Soleil, Étoiles, métaux et pierres.

16. – Au Firmament sont sept planètes, en la Terre sept métaux : les planètes sont fixes en leurs propriétés ainsi que les métaux ; les autres minéraux et les autres Étoiles sont mineurs et la naissance des choses est soumise à la roue planétaire.

17. – La Divinité, en tant que lumière, est le centre de toute vie, comme dans le monde manifesté, le Soleil est le centre de toute vie. Dès la plus haute vie, les plus hautes créatures sont tombées dans l’angoisse, jusqu’à la plus basse. En toutes choses extérieures il y a deux propriétés : temporelle et éternelle ; la propriété du temps est manifeste, l’autre est cachée bien qu’elle imprime son image en chaque chose.

18. – Ce qui provient du désir de la Liberté réside par sa racine en une propriété céleste et par son corps, dans une propriété terrestre : l’éternel gît dans le temps et se manifeste par lui. Sulphur est, dans l’intérieur, céleste, et selon le corps, terrestre : il produit néanmoins une ressemblance céleste hors de l’éternel, comme on peut le voir dans l’or et encore mieux dans le corps de l’homme si celui-ci n’eût point été corrompu par la cupidité du Mercure. Car l’homme spirituel céleste est dans le Soufre et le corporel dans le Mercure ; la propriété métallique est également la plus noble dans le Soufre.