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Il faisait chaud ce dimanche-là. Le moment ou jamais de faire miens le monde et ses faubourgs. Longtemps muet. Le temps d’absorber fables et racontars de grands.
À trois ans pétants, je suis entré avec fracas dans le jacassage et le plaisir de semer mes histoires à dormir en plein midi.
À sept, je me suis cru apte à bien des prodiges. À onze, j’ai déchanté mais sans plus.
À seize, je me suis mis en ménage avec une muse botticellienne.
Puis je me suis appris à penser tantôt en noir et blanc, tantôt du rouge au violet. Et j’ai fait de mon cœur un fleuve jamais rassasié.
Bien des fois, je me suis laissé devenir père, tisseur de prodiges et semeur de tendresse.
J’ai perdu l’équilibre pour mieux marcher à même le vide après avoir troqué statut et renommée pour un bol de bonheur et un collier de roses.
D’une éternité l’autre, je me suis essayé à grandir jusqu’à toucher la voûte des cieux un matin de mai.
Il faisait chaud ce dimanche-là. Le moment ou jamais de déchiffrer tout l’alphabet de la volupté. Longtemps scribe en secret pour mieux prendre le temps de moissonner toutes les facettes du dicible.
Aujourd’hui, sans guère d’âge, le regard pareil à un parterre de pivoines, je vide mes malles et mon âme pour votre plus grand plaisir.
Sachez m’en gré comme je vous sais gré de pérégriner le temps qu’il vous siéra à mes côtés.
À PROPOS DE L'AUTEUR,
Reynald Devanlay est un auteur français dont l’écriture explore avec sensibilité les chemins intérieurs de l’être humain. À travers De rêves et d’envols, il interroge les notions d’espoir, de résilience et de transformation personnelle, en mettant en lumière les élans qui poussent chacun à dépasser ses limites. Son style, à la fois introspectif et accessible, invite le lecteur à une réflexion profonde sur les rêves, les choix de vie et la quête de sens.
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Seitenzahl: 94
Veröffentlichungsjahr: 2025
Reynald Devanlay
De rêves et d’envols
Vert sur vert à perte de souffle
De longues nappes de silence
Une tenace odeur d’herbe coupée
Des grappes de lumière au suc bienfaisant
À nos pieds, entre orties et fougères
Une Loire espiègle et bondissante
Chemins-merveilles
De quoi tomber en amour à chaque pas
Chemins-prodiges
Pour accéder le cœur léger au meilleur de soi
Vert sur vert jusqu’au bout du bout du regard
De grandes flaques de beauté
Une puissante odeur de terre boueuse
Des meutes de papillons se gorgeant de pollen
À nos pieds, entre saules et horizon
Une Loire intrépide et volage
Chemins d’allégresse
S’y rouler pour offrir au corps de quoi festoyer
Chemins de pâmoison
Pour mener l’âme à son pinacle
Vert sur vert
Pour guérir toujours et encore
Du mal mondain
Vert sur vert
Et toute notre enfance de se jeter à cœur perdu dans l’ici-maintenant
*
Une volée de grillons pour emmusiquer la nuit
Plus d’étoiles que le regard peut en contenir
De prairie en prairie, la même infinie douceur
Nous rappelant que le monde ici ou là
Demeure sauvable
Une chauve-souris multipliant voltes et pirouettes
Plus d’étoiles que mon imagination pourrait en ôter des griffes du néant
De jardin en jardin la même bienfaisante profusion
S’asseoir à même la beauté
Observer transi de gratitude
Deux chevaux au pelage caramel
Offrant leur insatiable gaieté
Un jeune héliotrope paresse dos au soleil
Les hirondelles, les ailes en feu, ont fini par s’endormir
Et le coupeur de blé fait de son mieux, tenant à distance nuages à chagrin et lassitude de sa machine
Le jeune héliotrope songe à ses frères vivant en tribu
Les hirondelles pensent à leurs périples à venir, un zeste d’inquiétude au fond du bec
Et le coupeur de blé redouble d’entrain
C’est un jour anordinaire
Mais ne le sont-ils pas tous
Père depuis là où il savoure des rasades d’éternité se fête
La quêteuse de quiétude plonge à cœur ouvert dans les écrits d’Anaïs Nin
Et toi, s’enquiert le jeune héliotrope
Je brode des tapis de songes
Ça suffit à occuper mon temps
Entre peu et trop, l’été se fraie un chemin
Le jeune héliotrope dansote
Les hirondelles dorment à pattes closes
Et le coupeur de blé prend plaisir à vider la terre de ses trop
C’est un jour à marquer d’une pierre blanche, dit la quêteuse de quiétude, les doigts recouverts de jus de myrtille. À quoi jouerait Anaïs Nin si elle s’en venait jusqu’à moi
Père se découvre nonagénaire, lui dont la voix n’était que jouvence et pétulance
Et toi, qu’oses-tu, demande l’héliotrope
Je me dispense de penser
Parce que ça vous est possible
Il suffit d’ouvrir grands les bras à la volupté
Pour nous c’est tout naturel
Nous autres avons perdu gros en nous prétendant plus que la totalité de la création réunie
Quand le temps se fait maussade et que je frise l’asthénie, je me mets à vous plaindre
Laisse-nous à nos insanités et jouis de toi-même
Pas si simple parce que vos actes pèsent lourd
J’ai cessé d’avoir honte car jamais la honte ne change un fourbe ou une crapule en quelqu’un de brave
Le jeune héliotrope se sourit
Les hirondelles cavalcadent de plus belle
Et le coupeur de blé supplie le ciel de rentrer se coucher
C’est un jour comme tous les autres
Truffé de menus miracles et de francs prodiges
C’est le jour où père peut s’honorer d’avoir vécu digne et probe
Assise à la diable sur son transat, elle va d’une émotion l’autre plus qu’elle ne lit
Cherche du regard celui qu’elle aime dru
Tremble de tout son long quand il lui apparaît, parfumé de frais, le regard comme un baume
Observe le botteleur de foin tout en lampant une bière à la gentiane
Rit à gorge déployée
Écoute le bonheur festoyer dedans son ventre
S’apprend à jouer avec le temps, fut-il voué à ne jamais perdre
Brode œillets et campanules sur le drap de lumière
S’emplit des prophéties de la déesse au corps volcanique
Assise de guingois sur son transat, elle jongle avec des miettes d’enfance
Court de mémoire jusque loin dans la mer
Enduit sa peau de pollen et de poussière d’étoiles
Se sait indomptable
Même si elle se plait à dormir à même la chaleur de son amant-aimant
Se lie de tendresse avec l’impalpable
Rejette de l’autre côté de l’horizon miasmes et ignominies mondaines
Ne s’oblige plus qu’à la ferveur et aux fulgurances charnelles
Se sent au large à l’intérieur de sa destinée
Debout qu’il vente ou broussine, elle en impose
Parce que rien d’elle ne ment ou ne feint
Parce qu’elle est un hymne à l’espérance
Que dire qui vaille ce que valent les voltes joyeuses d’un vulcain ou le chant trépidant des hirondelles
Que dire de nous qui ne génère ni accès de jalousie ni mépris
Prendre place parmi le bourdonnement des abeilles
Bercés par une volée de fraicheur
Nous faisons monde avec ce qui est
Et non avec l’idée que nous nous faisons des choses
Humer jusqu’à l’ivresse le pollen des trèfles et des tournesols
Se fondre parmi la clarté cristalline de l’air
Gagner en quiétude malgré la frénésie toute proche
Imbiber peau et nerfs de silence
Parvenir à dire l’infinie simplicité du moment présent
Lorsque tout soi communie avec qui et quoi l’enveloppent et le nourrissent
De toute éternité
À vous qui aimez filer à toute vapeur
Elles ont traversé l’horizon à la vitesse de l’éclair
Et pourtant elles ont laissé une trace indélébile dans nos mémoires
Venues du fond des âges, elles s’étaient donné rendez-vous au-dessus du jardin-prairie
Où nous avons pris goût au non-faire
Inscrite dans chacun de leurs atomes, la folle ardeur du moment premier des univers
Cela qu’un laps de temps, nous pûmes percevoir
Elles ont transpercé la nuit avec un aplomb sidérant
Elles qui ont carte blanche pour naître et mourir à leur entière guise
L’esprit désembrumé
Les yeux prêts à bien des prodiges
Nous attendions le meilleur
Et il nous fut offert
La nuit s’est épaissie
Un vaste fouillis d’étoiles s’est planté au-dessus de nos têtes
Jubilatoire parapluie cosmique
Et plus personne n’eut le cœur à apparaître-disparaître concomitamment
Cœur et corps comblés
Nous sommes rentrés dans nos appartements
Sur le bout de la langue, des songes à foison
Au creux des paumes, la sensation d’avoir étreint le salvateur
Avant de céder au sommeil
Nous retournâmes voir le ciel
Des fois qu’il reste des essaims de poussière à arracher au néant
Se rappeler alors
Que ces étoiles traversèrent notre piètre espace-temps
En nous prenant par les sentiments
En une poignée de secondes, plus d’une passante aura basculé dans l’inanité
Se rappeler surtout
Que nous aurons reçu bien du bonheur
Demain ou plus tard, elles se seront réinventées pour parcourir à nouveau l’univers
Demain ou plus tard, elles reviendront manger dans l’auge de nos regards
Et nous de nous extasier devant tellement plus grand que toute l’humanité réunie
Un bruit de machine. Tracteur ou pelleteuse
Des vêtements colorés en vrac sur le parquet
Le temps pareil à une gouttière percée
Un ciel terne qui semble avoir passé l’été par-dessus bord
La cour archi-vide
Là où jadis je jouais au football ne subsiste qu’un maigre carré d’herbe
D’autres bruits. Mats et confus
La lenteur à son comble
Ailleurs le chaos. L’inespoir. La rancœur
Quoi derrière ce ciel désabusé
Quoi avant que cette cour ne sombre dans la neurasthénie
Quoi pour s’adonner à nouveau à la légèreté
Le caquetage humain. Insipide ou de mauvais goût
L’imagination au ralenti
Où trouver un coin de terre pour semer à profusion
Ici comme englué dans un bain de formol
Le souffle primesautier de l’aimée
Et son rire, pareil au chant du cristal
Ici tout elle rassemblé dans mes paumes
Et le jour de se mettre à battre des ailes au creux de mon cœur
Ici la tendresse pullule
Du soleil à perte de vue
Pierres et hirondelles jubilent
Du soleil dessous la peau
La gratitude pour premier horizon
Dans la cour où je fis mon enfance
Le souffle rauque d’un ballon s’en allant claquer contre le mur de grange
Se laisse encore entendre
Du soleil à même les paumes
Le blé valse avec entrain en attendant les moissonneurs
À ras de mémoire mes périples à vélo l’imagination en bandoulière
La steppe ou la pampa à portée de pédales
Dans la cour embellie par le chant incessant des tourterelles
Le cyprès vieillit en sourdine
À ses pieds du bonheur bourgeonne
Du soleil tout au long de soi
Œillets et orchidées rivalisent d’élégance
Ici il est facile d’avoir tous les âges à la fois
Ici je renoue avec la joie d’être de ce monde
Du soleil caressant délicatement l’herbe humide
La lumière comme tapis de dentelle
Je transperce la bogue du temps pour lire à même l’éternité
Un ange m’inocule audace et intrépidité
De bon matin s’offrir toute la tendresse de la terre pour surmonter sottise et méchanceté
Dans la cour où je me suis tant appris à grandir
Une odeur de chien mouillé et de paille
Grand-mère s’en va lever les œufs
Père ressemble à un seau de poussière mordorée
Dans la cour non loin de midi
Je bois le sourire féérique de ma sœur
Qui joue à la marelle avec mère et le chat bleuté
Du soleil par-dessus la tête
Le lent bruissement humain
Pour ne pas oublier d’où nous venons
Du soleil s’enroule aux objets
Serpent vidant la matière de ses drames
Je goûte par tous les pores de mon âme à la grâce embaumant chaque instant
Las de humer le malheur loin à la ronde
Las de me colleter avec l’anhumanité de tant de mes congénères
Las de composer avec la médiocrité
Plutôt me tourner là où s’ébroue le salut
Plutôt m’acoquiner avec l’espérance
Plutôt rire à tue-tête
Et puis
Semer la honte dans le cœur des crapules
Instiller l’effroi chez les cyniques
Faire taire les manipulateurs
Serein à force d’être simplement soi
Serein malgré les obstacles et la confusion ambiante
Serein pour offrir le meilleur à qui ose se métamorphoser
Plutôt tenter l’impossible
Plutôt cavaler au bras d’un ange
Plutôt s’immerger dans les draps de la volupté
Las par principe
Gai par nécessité
Las du pire s’alliant au pire
Buveur d’espérance parce qu’humain
Août en gris
Le cœur jaune vif
L’espérance moissonnée
Août en berne
Le ciel en a trop lourd sur le dos
Mais je m’en accommode
Débusquant du bleu là où ça me chante
Août reclus dans sa houppelande pelucheuse
Les mains assoiffées
Le désir à fleur de peau
Août comme une brassée de fleurs fanées
La beauté tapie sous la cendre
Le rire échevelé du monde efface plaies et peines
Août en gris
Le corps rutilant
La gratitude à son comble
Août transi
Le ciel épuisé par la médiocrité humaine
Le rasséréner mais jusqu’où en serai-je capable
Août ivre de doute
Les hirondelles le somment de se ressaisir
Les jeunes pommes se languissent de ses ardeurs
Août hors de ses gonds
Soi impassible
Quelque part le soleil s’apprête à déferler
Crie mais crie donc
Que plus personne loin à la ronde ne dorme
Pendant que les petites gens prennent feu
Crie mais crie donc
Pour que ta rage éteigne le malheur
