Descendance - Tome 3 - Olscar Borcan - E-Book

Descendance - Tome 3 E-Book

Olscar Borcan

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Beschreibung

Dans "L'Héritage du Temps," Albot, un jeune homme orphelin, se retrouve plongé dans un destin hors du commun : sauver le monde d'une catastrophe imminente causée par des Neutrinos dévastateurs. Doté d'un mystérieux cristal convoité par des tueurs implacables, il se lance dans une quête dangereuse à la recherche d'anciennes portes de téléportation, disséminées sur Terre et au-delà, afin de préserver l'humanité en effectuant un saut dans le temps pour échapper au désastre. Au cours de son périple, Albot est confronté à des avancées technologiques fascinantes et explore les arcanes de la magie ancienne. Alors que le compte à rebours s'emballe, un amour improbable s'immisce dans cette épopée, bouleversant ses priorités. Malgré ses doutes et sa jeunesse, Albot devra puiser dans son courage pour maîtriser ces nouvelles technologies, dompter les forces mystiques et sauver l'humanité, tout en se protégeant des implacables poursuivants. "L'Héritage du Temps" nous entraîne dans une aventure captivante où la survie de la planète, les énigmes temporelles et les découvertes inédites se mêlent à des émotions inattendues, faisant de cette quête une course effrénée vers l'avenir.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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Sommaire

Prologue

Chapitre 1 Le prénom

Chapitre 2 Le bon temps

Chapitre 3 Amour et trahison

Chapitre 4 Le doute

Chapitre 5 Piratage quantique

Chapitre 6 Le saut temporel

Chapitre 7 L’énigme

Chapitre 8 Synchronisation et révélation

Chapitre 9 Question de confiance

Chapitre 10 Le transfert

Chapitre 11 L’hologramme

Chapitre 12 Rancune et passion

Chapitre 13 Davos

Chapitre 14 Quatre contre deux

Chapitre 15 La révélation

Chapitre 16 Disparition

Chapitre 17 Trahison

Chapitre 18 Majorité

Chapitre 19 La quatrième porte

Chapitre 20 Retour vers le passé

Chapitre 21 Mars

Chapitre 22 Voyage retour

Chapitre 23 Le défi

Chapitre 24 Le sacrifice

PROLOGUE

Eldmanaym était rouge de colère. Il n’arrivait plus à se contrôler, et il se demandait comment il allait bien pouvoir faire pour évacuer toute cette haine en lui. Il avait subi beaucoup trop de pertes, et le Conseil commençait à se poser des questions sur sa capacité à mener à bien cette opération.

Afin d’assouvir sa rage, il avait d’abord pensé à désarticuler la jeune sœur de ce petit morveux que l’on prénommait Albot, mais il s’était vite ravisé, car il lui fallait un appât. Il rêvait de lui ouvrir le crâne et de lui retirer le cristal de son cerveau en le maintenant en vie, puis de démembrer sa sœur devant ses yeux, avant de lui détacher la tête de son corps.

Mais apparemment, c’était trop demander que de rapporter ce satané cristal et d’éliminer ce satané gamin. Il s’était senti obligé de supprimer tous les hommes qui avaient assisté à son humiliation dans cette chambre d’hôpital, car il ne souhaitait pas que les autres conciles se mettent dans l’idée qu’il était affaibli et que des idées de destitution, voire pire, leur viennent à l’esprit.

Il faisait les cent pas dans son bureau et venait de trébucher sur un des trois corps qui jonchaient le sol de cet espace où il avait pris l’habitude de venir pour réfléchir. Il avait dû se contenter de dépecer ces gardes, à défaut du blanc-bec qui lui tenait tête. Le sang des cadavres profitait d’une légère pente du sol pour s’écouler doucement, mais irrémédiablement, en direction de la porte d’entrée. Il ne tarderait pas à passer dessous.

Il savait qu’il lui fallait faire le nécessaire pour se débarrasser de ces pantins désarticulés, mais en même temps, il était hypnotisé par la mare de sang qui s’était formée et le petit ruisseau écarlate qui avançait.

Il finit par se résigner à lancer une demande télépathique pour que ce charnier soit nettoyé. C’est à ce moment précis que le dernier rapport lui apparut sur son ocluosymbiote greffé à son œil droit, indiquant que les pertes étaient de onze hommes, ce qui correspondait aux sept qui avaient été envoyés au domicile de Sad en Égypte, aux trois qui avaient suivi ce même Sad sur ce rivage, et à l’un de ses meilleurs exterminateurs, qui avaient lamentablement échoué, seuls face à cet Albot.

Son unique source de réjouissance fut de savoir que le premier groupe avait réussi à éliminer Sad et sa famille. Mais cela lui était insuffisant, et ces nouveaux échecs étaient la goutte d’eau qui faisait déborder sa patience. Il quitta l’endroit du massacre et se dirigea d’un pas décidé vers une pièce qui se trouvait au niveau inférieur. Sa colère n’avait pas baissé et il était persuadé qu’infliger des souffrances à la petite sœur de cet Albot lui permettrait de la calmer.

Il pénétra dans la pièce et fut surpris par la présence d’un individu au chevet de sa future victime.

— Concile Krejlien ! En voilà une bonne surprise. Que faites-vous ici ?

— Je suis venu voir si cette jeune enfant n’avait besoin de rien.

— Vous savez que je la traite comme si elle était un membre de ma propre famille. Elle est bien soignée et ne manque de rien.

— Disons que les membres de votre famille ont une fâcheuse et mystérieuse tendance à disparaître.

— Que voulez-vous insinuer, cher concile ? Me feriez-vous un procès d’intention au sujet de cette chère petite ?

— Je ne voulais nullement vous manquer de respect, futur Regastral.

Krejlien avait accentué le mot « futur » afin de lui faire bien comprendre qu’il ne l’était pas encore. Il continua :

— Ni aucunement insinuer une quelconque responsabilité dans certaines disparitions, comme celles de votre frère et de votre cousin.

Cette phrase amplifia sa colère, et sans s’en rendre compte, il lança une attaque psychotélémantique, la même avec laquelle il avait démembré les trois gardes quelques heures auparavant.

Le concile savait qu’il courait un risque en le provoquant ouvertement ainsi, et sa femme avait essayé de l’en dissuader. Mais les nouvelles vont vite, et il devait absolument empêcher qu’il fasse comme aux trois gardes avec cette enfant. Le concile s’était équipé d’un nouveau module permettant d’inhiber ce genre d’attaque. Cela n’en était encore qu’au stade expérimental, mais il ne pouvait qu’espérer que cela fonctionnerait, faute de quoi c’était la mort assurée. Eldmanaym fut doublement surpris, d’abord par l’attaque qu’il avait générée du fait de sa perte de contrôle, et ensuite par son manque d’effet sur Krejlien, mais qui le propulsa lui-même contre le mur opposé.

— Comment est-ce possible ?

— Ne vous avisez jamais plus de recommencer, Eldmanaym. La prochaine fois, je vous dépècerai à mon tour.

Eldmanaym savait qu’il venait de commettre une faute grave en attaquant un concile. Il savait que Krejlien n’aurait jamais osé s’opposer à lui s’il avait pu récupérer le cristal.

Tout ce bruit finit par sortir la fillette de son sommeil, elle se mit à pleurer.

— Tu n’as absolument rien à craindre. Suis-moi, mon enfant, tu n’es plus en sécurité ici. Je t’emmène chez moi.

Eldmanaym resta prostré contre le mur, sans pouvoir s’opposer à lui. Mais cet échange avait eu quelque chose de positif. Il savait que le pouvoir de cet Albot pouvait être contré et retourné contre lui. Il devait absolument savoir comment Krejlien avait réussi ce tour.

Mais ce qu’Eldmanaym ignorait, c’était que cette attaque avait anéanti Krejlien, physiquement et psychologiquement, et qu’il avait à peine la force de se tenir debout. Il ne devait seulement rien laisser transparaître, car une nouvelle attaque lui aurait été fatale.

CHAPITRE 1 Le prénom

Cela allait bientôt faire un mois que Mme Foxter avait accouché, à peine arrivée dans ce lieu si particulier, d’une charmante petite fille. Le bébé était en parfaite santé, selon Voïra, car les nanotriaminums de la mère s’étaient immiscés dans le placenta pendant la grossesse, puis dans les cellules du bébé.

— Es-tu vraiment certaine, Voïra, que mon bébé ne risque rien avec ces nanos dans son corps ?

— Votre fille est de rhésus négatif, il n’y a donc aucun risque de rejet.

— Tes paroles sont de nature rassurante, mais je n’arrive quand même pas à me sentir apaisée.

— Bien que mes calculateurs ne soient pas parvenus à prévoir la propagation des nanos à l’intérieur du placenta puis dans ses cellules, j’ai préféré apporter quelques modifications à leur code afin d’éviter d’autres surprises. Je les ai reprogrammés pour qu’ils ne puissent pas se propager dans l’ensemble des cellules les plus sensibles, comme celles du cœur ou du cerveau. J’ai préféré mettre 80 % de celles-ci en sommeil.

— À partir de quel âge administrez-vous normalement les nanos aux enfants ?

— Dans certains cas, à partir de six ans, mais plus généralement vers neuf ans.

— Jamais à la naissance ?

— Non, cela n’est pas conseillé, car les cellules de l’enfant sont en permanente évolution.

— Et tu me dis de ne pas m’inquiéter, Voïra ?

— Je suis factuelle, madame Foxter. Je ne vous ai jamais affirmé que votre enfant était hors de danger ou à l’abri de complications pouvant être induites par ces nanos. J’ai procédé à la mise en place de toutes les sécurités permettant de faire diminuer au maximum ce risque.

— Et je t’en remercie, Voïra, même si le mot « remercier » peut paraître étrange face à une IA.

Mme Foxter restait perplexe au sujet de ces nanos. Elle savait que Voïra avait fait le maximum pour maintenir son enfant en vie pendant toutes ces portations, mais elle n’arrivait pas à étouffer sa peur, qui prenait parfois le dessus. La discussion avec Voïra et ses craintes furent balayées par l’arrivée tonitruante de l’inspecteur Georges Colmart et d’Albot.

— Bon, fini la plaisanterie, madame Foxter. Comment comptez-vous appeler cette petite fille ?

— Je vous ai déjà expliqué, inspecteur, que je n’ai pas vraiment d’idées de prénom pour le moment.

— Pour une fois, je suis d’accord avec vous, inspecteur. Elle a pratiquement un mois et nous continuons de l’appeler « le bébé » ou « la petite ». Il serait peut-être temps de lui donner un prénom.

— Vous avez sûrement raison, mais pour être tout à fait transparente avec vous, je n’y ai jamais réfléchi, car je ne pensais pas que je pourrais un jour avoir un enfant.

— Vous n’avez pas un prénom qui vous vient à l’esprit ? Le prénom de votre mère ou de votre grand-mère, je ne sais pas, moi !

— Non, je suis également orpheline.

— Que pensez-vous de Meliane ? proposa M. Sezanne.

Ce dernier, ainsi que Zahara, la fille de Sad, venaient tout juste de se joindre à eux.

— Je le trouve assez joli, comme prénom.

— Je suis d’accord avec toi, Zahara. Et vous, inspecteur ? Coldi ? Qu’en pensez-vous ?

— Meliane, hum. Cela a une belle consonance. Va pour Meliane.

Albot venait de prendre l’enfant et la portait en l’air, à la façon du Roi Lion.

— Et toi, qu’en dis-tu, de ce prénom ? C’est quand même toi qui devras le porter toute ta vie.

L’enfant souriait et riait aux éclats. Elle passa de bras en bras pour fêter son prénom.

— Je crois qu’elle l’aime bien. Et je crois également qu’elle a fait dans sa culotte pour l’occasion ! Je ne sais pas ce que vous lui donnez à manger, mais il va falloir revoir ses repas. C’est immonde, quand ça redescend.

— Inspecteur, vous êtes décidément incorrigible.

— Qu’est-ce que j’ai dit de mal ?

Tout le monde éclata de rire. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas partagé un aussi bon moment. En effet, après l’euphorie des premiers temps, leur installation et l’absence de repères dans ce nouvel environnement leur avaient été assez difficiles à apprivoiser. Ils étaient restés sur le site de Descendance, car bien que le lieu soit assez sommaire en matière de confort comparé aux luxueux immeubles qui leur avaient été proposés, l’animation et le bruit leur manquaient énormément. Mme Foxter, l’inspecteur et Albot l’avaient également remarqué, mais pour le moment, ils évitaient d’aborder le sujet, car ils ne voyaient pas de solution à proposer pour gérer ce problème dans l’immédiat. Le concile Oérélius avait bien essayé de les convaincre de s’installer ailleurs, mais il avait fini par jeter l’éponge et se résoudre à leur poser des appareils appelés nemnomoleculias que, comme il fallait s’y attendre, tout le monde avait fini par appeler « des nems ». Ces outils leur permettaient de créer, à partir des atomes qui les entouraient, n’importe quel objet ou aliment. Il y avait comme une énorme base de données, dans laquelle ils pouvaient choisir ce qu’ils souhaitaient créer. Et il en allait de même avec les déchets : pas de passage d’éboueurs ici, un équivalent des nems dématérialisait tout détritus que l’on y insérait. Seul bémol : la base de données n’était pas des plus achalandées, et bien qu’assez volumineuse, elle était principalement composée d’éléments existant dans le monde du dessous et de très peu du monde du dessus.

— Je vous trouve de bien bonne humeur, mes amis.

— Capitaine, joignez-vous donc à nous.

— Appelez-moi Aymeric, je pense que mon grade n’est plus trop approprié, ici. Contrairement à d’autres, je n’ai pas envie que mon grade devienne mon prénom. Alors, avez-vous trouvé un nom à cette enfant ?

Un petit moment de gêne suivi d’un court silence s’écoula. L’inspecteur et le capitaine s’étaient frottés verbalement la semaine suivant leur arrivée, comme deux coqs dans un poulailler. Mme Foxter, qui se remettait à peine de son accouchement, avait été obligée de les séparer avant que cela ne dégénère physiquement. À la suite de cet échange, le capitaine avait décidé d’aller vivre dans un appartement à quelques centaines de mètres de Descendance, et la jeune femme qui l’avait accompagné s’était montrée assez réservée et distante avec tout le monde.

— Oui, elle s’appelle Meliane. Mais je suppose que vous n’êtes pas venu pour les politesses.

— C’est un joli prénom. Je ne suis effectivement pas venu pour les politesses : j’aimerais retourner chez moi.

Tout le monde fut consterné par cette demande.

— Je ne vous comprends pas, capitaine… pardon, Aymeric. Pourquoi vouloir retourner là-haut, alors que nous savons tous que les jours y sont comptés.

— Je comprends votre étonnement, madame Foxter. Tout est parfait ici, tout est très beau, mais tout est également très vide. Le monde me manque, ma famille me manque, mes amis me manquent. Je préfère mourir en bonne compagnie plutôt que vivre seul.

— Vous avez tout simplement le mal du pays, Aymeric. Je pense que quand les premiers groupes arriveront, l’absence d’animation disparaîtra rapidement.

— Justement, je n’arrive pas à me faire à l’idée que nous devions laisser derrière nous les trois quarts de la population, tout simplement parce que mon sang affiche un rhésus différent. Je n’arrive pas à me regarder dans la glace le matin sans me dégoûter.

— Oérélius nous en a bien expliqué les raisons. Ce lieu ne permet pas l’installation d’une aussi grande colonie d’individus, nous sommes sur le septième et dernier continent, le plus vaste d’Agartha. Les études qui ont été réalisées démontrent qu’il n’est pas possible d’accueillir plus de monde.

— Eh bien, ils n’ont qu’à se pousser. Ou encore, nous pouvons les pousser.

Nos amis restèrent sans voix au sous-entendu d’Aymeric.

— Ne soyez pas stupide, capitaine, ces gens nous apportent leur aide et leur technologie afin de permettre à la race humaine de survivre, et vous, vous ne trouvez rien de mieux à proposer que de leur déclarer la guerre afin de prendre leur place ?

Albot fulminait. Il était hors de lui et tout le monde commençait à percevoir une sorte d’électricité statique qui se groupait autour de lui. Toute l’assistance était bouche bée.

— Je vais faire comme si je n’avais rien entendu, capitaine. Je vais également et rapidement exaucer votre souhait de retourner là-haut, sans demi-tour possible.

Le capitaine prit conscience à ce moment seulement de l’effet de sa malencontreuse phrase.

— Je suis désolé que vous le preniez comme ça, je me suis peut-être mal fait comprendre, Albot.

— Nous avons parfaitement compris votre point de vue, capitaine. Croyez-vous sincèrement être la seule personne qui ait du mal à se regarder dans le miroir le matin et qui soit écœurée par la situation ? Croyez-vous réellement que nous puissions être aussi égoïstes que cela ? Croyez-vous que notre ancienne vie ne nous manque pas à nous aussi ? Je fais le maximum, avec l’aide de Voïra, pour essayer de trouver une solution permettant d’augmenter le nombre de personnes accueillies. Et si par miracle, nous trouvions une solution acceptable, croyez-vous que je parviendrais à convaincre plusieurs milliards d’individus de me suivre aveuglément vers une destination inconnue ? Pourtant, il y a une chose qui ne m’a jamais effleuré l’esprit : c’est bien celle de mordre la main de celui qui me nourrit.

— Mes paroles ont dépassé ma pensée. Je ressens une grande frustration de ne pas pouvoir venir en aide à plus de personnes.

— C’est le complexe du survivant. Lors d’un grave accident, les survivants ont tendance à ne pas comprendre la raison pour laquelle eux sont toujours vivants, mais aussi à éprouver une certaine responsabilité face à la mort de ceux qui y sont restés, la culpabilité de ne pas avoir réussi à les aider. C’est pour cette raison que des psychologues accompagnent ces personnes, afin qu’elles puissent évacuer ce sentiment de culpabilité. Malheureusement, nous n’avons pas ce genre de profil ici.

Mme Foxter venait d’expliquer ce que chacun ressentait en son for intérieur : un certain mal-être et une sensation de culpabilité. Le capitaine n’avait fait que crever l’abcès de cette profonde blessure. Et maintenant, il leur fallait trouver le moyen de soigner la plaie.

— As-tu une idée, Albot, pour que nous puissions venir en aide à ceux qui ont le mauvais rhésus ?

— Je ne fais que cela, Milana, réfléchir à une solution acceptable. Une solution qui nous permettrait de sauver plus de monde. Mais j’ai beau tourner et retourner le problème dans tous les sens dans mon cerveau, je n’en vois aucune. Et pour le moment, il n’y a que deux portes ouvertes pour évacuer du monde.

— Comment ça, deux portes, Albot ? Tu nous as raconté pour celle qui se trouve en Égypte, mais où se situe donc la seconde ?

— Je n’ai pas voulu vous le dire avant, parce que je n’ai pas pu la voir ou l’essayer par moi-même, mais Oérélius est catégorique sur le sujet. La seconde porte fonctionne parfaitement, et ils l’utilisent très régulièrement pour des besoins sur lesquels il n’a pas souhaité s’étendre. Il m’a juste dit qu’elle se trouvait en France.

— OK, on a deux portes, mais que faisons-nous, maintenant ? Parce que deux portes sont bien insuffisantes pour évacuer autant de monde. Même si cela représente une bonne quantité d’humains, cela restera dans tous les cas insuffisant.

— J’ai les coordonnées d’autres sites, inspecteur, mais s’ils sont aussi difficiles d’accès que celui d’Égypte, détruits comme celui de Notre-Dame ou bien encore disparus comme celui de Versailles… Nous n’aurons jamais le temps de tous les vérifier, et encore moins de les remettre en état de fonctionnement.

— Que proposes-tu, Albot ?

— Je pense qu’il faudrait au moins une porte par continent, voire deux si l’on veut augmenter le nombre de personnes à ramener ici.

— Quelle destination proposes-tu, Albot ?

— Je pense que celle qui se trouve aux États-Unis pourrait constituer un bon compromis. D’abord par sa situation géographique : elle se trouve dans une vaste galerie de plus de six cents kilomètres carrés. Et ensuite, par sa difficulté d’accès : elle s’ouvre dans le parc national de Mammoth Cave, dans l’État du Kentucky.

— Pardon ? Tu plaisantes, j’espère ? Tu te rends compte de ce que cela représente, six cents kilomètres carrés ? Et qu’est-ce qu’ils ont foutu à mettre une putain de porte au fin fond du trou du cul des États-Unis ?

— Je ne force personne à m’accompagner, inspecteur. Une aide ne serait pas de refus, mais vous n’êtes pas obligé de venir.

— Mon garçon, tu n’aurais pas une porte plus cool, dans une ville peinarde, sans insectes, sans grottes et sans tueurs ? Disons à côté d’un hôtel cinq étoiles, au bord de la mer ?

Tout le monde éclata de rire. L’inspecteur avait ce don unique de dédramatiser les choses les plus dramatiques.

— Et nous partons quand ?

— Je dois proposer cette destination à Oérélius et attendre la validation du Conseil. Mais entre-temps, il y a quelque chose que j’aimerais éclaircir et en vérifier la faisabilité.

CHAPITRE 2 Le bon temps

C’était une question qu’Albot se posait depuis un certain temps déjà. Une question qui lui taraudait l’esprit depuis qu’il avait vu la vidéo de l’accident de voiture dans lequel ses parents avaient péri et sa sœur avait été enlevée par les hommes d’un certain Eldmanaym. Il ne comprenait pas comment ils avaient réussi ce tour de passe-passe. Comment étaient-ils parvenus à se trouver au bon endroit et au bon moment ? Il espérait bien obtenir une réponse par Oérélius.

— Bonjour, concile Oérélius.

— Appelez-moi simplement Oérélius. En quoi puis-je vous aider, Albot ? Avez-vous toujours des problèmes d’adaptation, ou bien avez-vous besoin d’autre chose pour vous installer ?

— Non, tout va bien, mentit-il. J’aimerais vous poser une question et je souhaiterais que vous y répondiez le plus simplement et le plus sincèrement possible. Et sans langue de bois.

— Vous me surprenez. Je n’ai jamais utilisé la langue de bois face à vous, j’ai toujours été honnête et franc avec vous, et…

— Monsieur, j’en suis persuadé.

Albot lui exposa son incompréhension au sujet de l’accident.

— Je me doutais bien qu’un jour ou l’autre, je serais dans l’obligation de vous expliquer certaines choses. Mais j’espérais bien ne pas devoir le faire aussi tôt.

— Pourriez-vous le développer, s’il vous plaît ?

— J’ai peur que ce que je m’apprête à vous révéler ne vous fasse prendre un chemin escarpé et dangereux, avec une possibilité de non-retour. Vous avez raison de trouver étranges tous ces événements qui se sont déroulés lors de votre accident de voiture. Comment en serait-il autrement ?

Albot commençait à montrer des signes d’impatience, et Oérélius s’en aperçut.

— Je vais vous expliquer exactement ce que vous avez sûrement déjà deviné.

Albot termina la pensée du concile :

— Voyage dans le temps.

— Oui, c’est exactement ça.

— Comment cela est-il possible ?

— Disons que nous, et depuis peu nos ennemis, avons en commun la capacité de faire un saut dans le temps. Un saut, et un aller simple, également.

— Comment ça ?

— Eh bien, nous pouvons effectuer un saut dans le temps, mais sans possibilité de revenir. Jusqu’à présent, tous ceux qui ont essayé sont morts.

— Morts de quoi, et comment ?

— Morts par dématérialisation. Leurs atomes se sont séparés, ils sont redevenus poussière.

— Et si moi, j’y arrivais ?

— Vous avez sûrement vu des films, comme vous appelez ça là-haut, et entendu nombre de théories sur des univers parallèles… Mais la réalité est moins reluisante. Nous avons autrefois réussi à envoyer des personnes dans le passé, mais cela s’est traduit chaque fois par un échec. Les voyageurs réussissaient à modifier certaines choses et à rester quelques heures en vie, mais n’ont jamais accompli plus, et encore moins un retour. De plus, nous nous interdisons de modifier le cours de votre histoire. Aussi difficile soit-elle parfois, nous vous laissons apprendre de vos erreurs.

— OK, je comprends votre explication. Mais pourquoi me dites-vous que je risque d’emprunter un chemin dangereux et sans retour ?

— La preuve, vous venez de la donner : vous avez dit que vous pourriez le faire. Je vous connais suffisamment maintenant pour deviner ce que vous serez sûrement tenté de réaliser. Quelque chose comme ramener votre jeune sœur, je suppose. Et si par miracle vous parveniez à sauver votre famille et vous-même de cet accident en arrivant avant ce tueur kamikaze, que se passerait-il ensuite ?

— Comment ça ? Je les sauve, et puis voilà !

— Vous condamneriez donc le reste de l’humanité ? Car vous ne pourrez pas être et avoir été. Vous ne pouvez pas vous trouver dans la voiture et être le sauveur, puisque vous n’aurez pas suivi tout votre parcours d’initiation. Vous ne connaîtrez ni vos amis, ni Voïra, ni votre enfant, ni par la même occasion moi-même. Et donc, nous n’aurons jamais cette discussion. Comme vous voyez, il est complexe de faire changer les choses, nous ne sommes pas dans un film. C’est la vraie vie.

Albot avait parfaitement compris l’explication, mais il ne pouvait pas se résoudre à laisser mourir ses parents. Il ne savait plus quoi faire.

— J’ai besoin de réfléchir, Oérélius. Merci pour votre sincérité et vos explications sur le sujet.

— Si je peux faire autre chose pour vous aider…

— J’ai besoin de prendre du recul sur tout ça. Juste une dernière question : avons-nous déjà eu cette discussion auparavant ?

— Je ne peux pas répondre à cette question, Albot. Car si nous avons déjà eu cette discussion auparavant, c’est que vous n’avez pas réussi votre aller-retour dans le temps. Vous avez peut-être réussi un saut, mais qui n’a pas suffi à modifier le cours du temps.

— Ou bien juste ce qu’il faut, ajouta Albot.

Oérélius ne sut pas trop quoi répondre à cette phrase. Il était sceptique : Albot avait une idée derrière la tête et il ne pourrait sûrement pas l’en dissuader.

Albot éprouvait comme une impression de déjà-vu, l’impression qu’il avait déjà été confronté à ce choix cornélien. Devait-il essayer de sauver sa famille au risque d’y rester et de condamner le reste de l’humanité ? Ou bien y avait-il une autre option ?

— Voïra, je suppose que tu as entendu tout ce qui a été dit avec Oérélius. Qu’en penses-tu ?

— Mon analyse me conduit à la même conclusion que lui. Je ne pense pas qu’il soit possible de faire un bond dans le passé et d’en sortir indemne. Dans le meilleur des cas, vous serez atomisé, et dans le pire, vous resterez prisonnier dans une boucle temporelle.

— Mourir, je le comprends facilement, mais pour ce qui est de la boucle ?

— Comme le concile vous l’a si bien expliqué, vous risquez de modifier un élément de ce passé qui vous ramènerait à un point de départ, et ainsi de suite. Vous vivriez dans une boucle temporelle tant que vous continueriez à prendre cette même décision.

— Cela voudrait dire que nous sommes peut-être déjà dans cette boucle et que nous avons peut-être déjà eu cette conversation à plusieurs reprises ? Et qu’à chaque fois, j’ai fait le mauvais choix ?

— Ce n’est pas impossible.

— Et il n’y a aucune possibilité de savoir si je tourne en rond ?

— Je ne vois pas comment.

— Merde ! Comment savoir quoi faire ? Soit je ne fais rien et je poursuis ma route, soit je retourne dans le passé et rebelote. Que préconiserais-tu, Voïra ?

— Je ne peux pas vous préconiser la mort, Albot. Je peux analyser les risques et vous aider à prendre une décision, mais pas décider à votre place.

— Je suis certain que nous avons raté quelque chose, quelque chose d’important qui fera la différence. Ne pourrions-nous pas laisser une sorte de trace temporelle qui nous permettrait de nous repérer dans mes décisions ?

— Mes processeurs quantiques ne trouvent pas de solution à votre requête.

— As-tu gardé l’enregistrement de l’accident que j’ai visionné ?

— Oui, tout ce que vous avez vécu est sauvegardé.

— Pourrais-tu me montrer à nouveau le passage de l’accident ?

— Fermez les yeux, je vous transmets les images. Vous pourrez utiliser toutes les commandes par la pensée.

Voïra lança le visionnage. Albot se repassa donc pour la énième fois ce maudit accident.

— Je ne remarque rien de spécial.

— Peut-être un problème d’angle de vue ?

— Angle de vue ?

— Oui, j’ai la possibilité d’extrapoler et de recréer un environnement afin que vous puissiez avoir un angle de visionnage différent. Cela vous permettra peut-être de voir des choses que vous auriez ratées.

— Mets-moi une vue de l’avant du véhicule.

Albot essaya plusieurs angles de vision, mais cela ne donna toujours rien.

— Je suis certain d’avoir raté un truc.

Il allait abandonner quand une chose le frappa : malgré tous les visionnages qu’il avait effectués, il ne parvenait pas à visualiser clairement le visage de la personne qui avait tenté de l’extraire du véhicule. Il avait vu distinctement le tueur qui avait enlevé sa sœur, et qui était sûrement mort puisque le bond dans le temps avait dû lui être fatal, mais pas de celui qui lui avait sauvé la vie. C’est alors qu’il remarqua le rétroviseur intérieur de la voiture.

— Voïra, pourrais-tu me passer un visionnage à partir uniquement de l’angle du rétroviseur intérieur du véhicule ?

Voïra s’exécuta et le résultat fit se hérisser tous les poils de son corps. Ce qu’il vit le figea sur place, il n’en revenait pas. Ce qu’il avait perçu comme un problème de vitesse, et comme les bonds du véhicule lors de sa chute et pendant qu’il dévalait la pente, empêchant son sauveur de l’évacuer, était tout simplement les différentes versions d’Albot essayant de se sauver lui-même.

— Putain, c’est quoi ce truc ? Combien de versions de moi y a-t-il dans ce miroir ?

— Il y a exactement six versions de vous.

— Cela voudrait dire que j’ai fait six bonds dans le temps, et qu’à chaque fois, rien n’a changé.

— Et d’après mes calculs, la vitesse de la lumière étant de 299 792 458 mètres par seconde, l’indice de réfraction du verre étant de 1,5 et la vitesse des particules sans masse qui…

— S’il te plaît, Voïra, viens-en directement au fait.

— … vous n’aurez plus qu’une seule et unique occasion de refaire ce bond, car il n’est possible de le faire que sept fois avant que vous ne décédiez. Et vous ne pourrez pas vous chevaucher vous-même en termes de temps, vous devez laisser un intervalle de temps minimum entre chaque intervention.

— Je n’ai pas d’autre solution que d’y retourner, alors ?

— J’en ai bien l’impression. Mais je n’arrive pas à trouver une raison à cette boucle temporelle.

— Il y a quelque chose que je dois faire qui me permettra de sortir de cette satanée boucle. Mais je ne vois pas quoi. En résumé, je dois retourner là-bas une dernière fois et faire quelque chose que je n’ai pas encore fait, et trouver moyen de revenir à cette réalité de temps. Je vais expliquer tout cela à Oérélius et aux autres, afin de voir s’ils ont des idées à me proposer.

Albot convoqua tous ses amis ainsi qu’Oérélius afin de leur exposer ce qu’il avait découvert, mais également dans l’espoir qu’ils auraient une idée lui permettant de sortir de ce cauchemar. Après qu’il leur eut exposé les faits, il ne put que constater qu’ils restaient tous muets, pétrifiés par sa découverte.

— Tu nous dis que nous revivons en boucle une partie de notre vie ? Comme dans ce putain de film du Jour sans fin ?

— En es-tu certain, Albot ?

— Tu nous fais un poisson d’avril, mon garçon ?

Hormis Oérélius, qui avait gardé un certain calme apparent, les autres se révélaient complètement désorientés par toute cette histoire. Ils parlaient tous en même temps dans une totale confusion et dans une panique évidente. Il fallait absolument les rassurer, avant que cela ne tourne à l’hystérie collective.

— OK, on se calme, tout le monde. Cela ne sert à rien de s’affoler, on va trouver une solution tous ensemble.

— Comment peux-tu être certain que nous n’avons pas déjà eu cette conversation ?

— À vrai dire, je l’ignore. Mais je ne sais pour quelle raison, j’ai comme une impression de première fois. Pouvons-nous réfléchir ensemble à une solution qui nous permettra de sortir de cette boucle infernale ?

Chacun commença à proposer des idées plus farfelues les unes que les autres, sans une réelle avancée constructive. Albot fit signe à Oérélius de s’écarter, afin de pouvoir échanger avec lui en tête-à-tête.

— Vous paraissez ailleurs, concile ? Pensez-vous à quelque chose ?

— Je suis assez abasourdi par ce que vous venez de dévoiler, et plutôt perplexe sur la raison de cette boucle temporelle. Je ne comprends pas. Pendant que vous parliez entre vous, je me suis connecté à nos unités quantiques afin de tenter d’en savoir plus et de trouver une solution. Et hormis le fait d’y retourner une dernière fois, je ne vois pas ce qui pourrait être modifié lors de votre prochain bond dans le temps qui nous permettrait d’arrêter celle-ci.

— Avez-vous au moins une solution de retour à proposer ?

— J’ai peut-être quelque chose qui puisse vous ramener ici, mais cette solution n’a jamais été testée auparavant : elle demande une telle coordination moléculaire structurelle et de calcul quantique que nous n’avons pas réussi à la faire fonctionner convenablement jusqu’à présent.

— Pensez-vous que j’en serai capable, avec Voïra et le cristal dans mon crâne ?

— Possible. Il faut effectuer des simulations, mais cela ne devrait pas être très long. Un ou deux jours, tout au plus.

— Tenez-moi au courant, je vais essayer de calmer et rassurer mes amis.

Albot et Oérélius regardaient la scène qui se déroulait devant leurs yeux : leurs amis, debout, étaient en train de gesticuler, exprimant tous en même temps leurs idées et leurs craintes. Oérélius prit congé et s’écarta sur la pointe des pieds, laissant Albot gérer la situation. Ce dernier allait devoir se montrer fort persuasif afin de les apaiser.

Mme Foxter avait remarqué la scène entre Albot et Oérélius, et elle devina qu’il était temps de remettre un peu de cohérence dans les échanges.

— Mes amis, restons calmes et essayons de parler à tour de rôle.

— Merci, madame Foxter. Je viens d’échanger avec Oérélius et il a peut-être une idée sur un mode de retour, il a juste besoin d’un petit peu de temps pour confirmer sa théorie. Par contre, il va falloir que nous puissions discuter entre nous calmement, afin de comprendre la raison de cette boucle.

— Si Oérélius et Voïra ne la trouvent pas, ce ne sont pas nos petits cerveaux de moineaux qui risquent d’y parvenir.

— Ne vous sous-évaluez pas, inspecteur. Bien que Voïra soit un puissant ordinateur quantique, elle ne remplacera pas le cerveau humain pour autant. L’imagination n’est pas programmable. De son côté, Oérélius est ici depuis tellement longtemps que toute sa civilisation, aussi avancée soit-elle, ne réussit plus à créer le moindre tableau, la plus petite statue ou encore un simple refrain. Je suis réaliste sur vous tous, et sur les capacités de chacun d’entre nous. Qui commence ?

Chacun s’exprima à tour de rôle, et parfois ensemble, pour développer son idée, mais les propositions restaient utopiques ou surréalistes. La soirée était bien entamée quand ils décidèrent qu’une bonne nuit de sommeil leur remettrait les idées en place.

— On se retrouve vers la fin de matinée pour poursuivre cette discussion. Espérons que la nuit nous aidera à entrevoir une solution.

Ils se retrouvèrent le lendemain comme convenu, les traits tirés et les paupières lourdes.

— On dirait bien que la nuit a été peu propice au repos.

— Comment veux-tu trouver ce satané sommeil avec toute cette putain d’histoire ? Ne me dis pas que tu as dormi comme une marmotte ?

Le capitaine se présenta avec un peu de retard, mais avec les mêmes poches sous les yeux que les autres.

— Apparemment, vous non plus, vous n’avez pas beaucoup dormi, cap… pardon, Aymeric.

— Effectivement, non. J’ai ressassé tout cela dans mon petit crâne de moineau. Et j’ai peut-être un semblant de début d’explication.

L’inspecteur lui avait jeté un regard noir lorsqu’il avait prononcé le mot de « moineau », mais il avait eu la délicatesse, pour une fois, de ne pas relever.

— Accouchez, dit-il seulement, et arrêtez de nous faire languir, capitaine.

— Eh bien, je me suis demandé quel était le point commun entre toutes les boucles, et je pense que c’est Albot qui est la source de la répétition.

— Tout ce cinéma pour accoucher d’une souris !

— Laissez donc Aymeric poursuivre.

— Je pense qu’Albot n’est jamais revenu d’aucun bond. Et donc, pour je ne sais quelle raison, une boucle temporelle s’est créée afin qu’il puisse trouver le moyen de revenir et de reprendre sa mission.

Oérélius entra à ce moment dans la pièce.

— D’après nos simulations, annonça-t-il, il y a une chance que vous puissiez revenir de ce bond dans le temps. Voïra et le cristal réunis pourront apporter le surplus de puissance nécessaire aux calculs quantiques. En revanche, vous serez complètement à plat, en termes d’énergie.

— Ce qui signifie ?

— La quantité d’énergie résiduelle sera si basse que vous vous trouverez à la limite d’une mort cérébrale. Nous pouvons vous fournir un aliment permettant de booster votre métabolisme par un apport de calories, ce qui rechargera votre combinaison, mais restera insuffisant.

— Ne vous inquiétez pas pour ça, je pense savoir comment faire. Ne m’en demandez pas plus, je me débrouillerai une fois sur place.

Tous se regardèrent en se demandant quelle idée Albot pouvait bien avoir derrière la tête pour se montrer aussi sûr de lui.

— Ne perdons plus de temps. Je partirai demain dans la journée. Pouvez-vous, Oérélius, transmettre à Voïra les données nécessaires pour effectuer ce bond ?

— Oui, bien sûr. Mais demain, n’est-ce pas un peu précipité ? Et puis, il ne s’agit ici que d’une simulation, rien ne nous dit que cela fonctionnera. Vous risquez d’y rester cette fois-ci, et de ne plus pouvoir revenir.

— Je trouve aussi, Albot, que vous vous jetez à l’aventure un peu trop vite.

— Je vous demande juste de me faire confiance et de préparer deux caissons, dix minutes après mon départ.

Ils se demandaient bien pour qui étaient ces deux caissons. Mais aucun d’eux ne souhaita entrer dans un échange risquant d’envenimer la situation.

Ils terminèrent leur conversation autour de la faisabilité et du risque de non-retour que courait Albot. Ils essayèrent en vain de le dissuader, tout en sachant parfaitement qu’il n’avait pas d’autre option que de se sauver lui-même de cet accident.