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Les tueurs qui pourchassent notre jeune orphelin approchent dangereusement de leur cible. Leur détermination à éliminer toute personne qui se mettrai au travers de leur chemin et de leur mission est son apogée. Albot pourra compter sur ces compagnons de voyage et de Voïra pour l'aider à ouvrir certaines portes, mais seront-ils tous à la hauteur de la quête qui les attends ? Pour survivre, il apprendra à ces dépends, que ces pouvoirs dormants ont un prix et un sacrifice pour lequel il devra s'affranchir. Il devra également surmonter certaines révélations qui l'obligeront à remettre en cause tout ce qu'il avait appris sur l'évolution humaine et à se poser la question. Est-il est en train de perdre ou bien de récupérer une partie de son humanité ?
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Seitenzahl: 322
Veröffentlichungsjahr: 2019
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PROLOGUE
CHAPITRE I : Intrusion
CHAPITRE II : Effet secondaire
CHAPITRE III : Piégés comme des rats
CHAPITRE IV : Les équilibristes
CHAPITRE V : Rien à perdre
CHAPITRE VI : Bonne pioche
CHAPITRE VII : Les catacombes
CHAPITRE VIII : Le rejet
CHAPITRE IX : Compte à rebours
CHAPITRE X : Évacuation
CHAPITRE XI : L'entre-deux
CHAPITRE XII : Dilemme
CHAPITRE XIII : Rêve ou réalité
CHAPITRE XIV : Évasion
CHAPITRE XV : Colère et guérison
CHAPITRE XVI : Retrouvailles
CHAPITRE XVII : Rhésus
CHAPITRE XVIII : Integération
CHAPITRE XIX : Révélation
CHAPITRE XX : L'appât
CHAPITRE XXI : Représailles
CHAPITRE XXII : Nouveau Monde
CHAPITRE XXIII : Pierre de Shemsh
CHAPITRE XXIV : Deuil
CHAPITRE XXV : Retour à Descendance
La seule chose qui peut rendre un rêve impossible c'est la peur de l'échec... (P. Coelho)
Eldmanaym faisait les cent pas autour d'une table en sustentation où était posée une corbeille de fruits. Il prit un fruit dont l'apparence pouvait faire penser à une pomme terrestre, mais complètement translucide.
Lorsqu'il croqua le fruit, une légère brume en sortit, indiquant le niveau de fraîcheur et de comestibilité de celui-ci.
La seconde bouchée resta en suspension, car ses dents ne l'atteignirent jamais ; un excès de fureur l'envahit, et il projeta le fruit contre un miroir accroché sur le mur d'en face. Le fruit et le verre éclatèrent immédiatement, le tout dans un grand fracas de verre brisé.
Deux petits robots descendirent tranquillement du plafond et se dirigèrent vers l'endroit où avait eu lieu le petit incident, afin de procéder au nettoyage de la pièce.
Il ne comprenait pas les raisons pour lesquelles son équipe mettait autant de temps à récupérer ce foutu cristal. Ce qui aurait dû être une intervention des plus faciles se transformait en une laborieuse mission.
Il avait fait appel aux meilleurs éléments de son armée, et leur avait fourni le meilleur matériel, les meilleures armes et technologies. Et ils étaient incapables de récupérer un malheureux bout de cristal qui était aux mains d'un petit morveux d'adolescent.
Et le pire dans tout ça, c'était qu'il avait perdu plusieurs hommes lors de l'assaut dans cette base souterraine. Et avait failli en perdre un de plus dans ce maudit bois.
Il avait suivi toutes ces interventions via l'implant qu'avaient ses hommes, et il ne comprenait pas comment il en était arrivé à ce chaos.
Une petite toux résonna derrière lui, qui le fit légèrement sursauter. Il était rare qu'une personne ait le courage de rentrer dans une pièce où il était censé se trouver sans en avoir demandé au préalable la permission. Qui avait osé bafouer le protocole ?
Quand il se retourna, ce fut pour voir un simple garde-valet, tout tremblotant, devant lui.
— Désolé de vous importuner, grand concile. J'ai frappé à la porte et il m'a semblé entendre votre autorisation.
— Non, je ne vous ai pas autorisé à entrer. Mais maintenant que vous êtes là, devant moi, que souhaiteriez-vous me dire qui aurait une plus grande importance que votre misérable vie ?
— Je suis confus, grand concile. J'ai pourtant frappé à la porte et il m'a semblé entendre une autorisation d'entrer.
Il finit sa phrase tout en se figeant sur les deux robots qui venaient de terminer leurs besognes et qui reprenaient leur place au plafond.
Il venait de comprendre que l'autorisation qu'il avait cru entendre provenait du bruit de verre cassé.
— Alors, j'attends !? Qu'avez-vous à me dire ?
— Oui, pardon. Nous venons d'avoir un premier retour d'un de nos hommes. Nous avons réussi à localiser le cristal et vous ne devinerez jamais où il se trouve...
— Vous vous doutez bien que je ne suis pas d'humeur à jouer aux devinettes, pauvre imbécile. Je vous conseille fortement de terminer votre phrase au plus vite.
Le garde-valet était rouge écarlate, et se demandait s'il allait pouvoir sortir de cette pièce debout ou vaporisé. Le grand concile avait une réputation d'homme dangereux et arrogant. Certaines histoires à son sujet laissaient entendre qu'il n'avait plus une once d'humanité ; que certaines personnes disparaissaient du jour au lendemain sans laisser la moindre trace.
— Oui, pardon. Apparemment, deux de nos hommes ont retrouvé le jeune garçon et donc le cristal sur le site cible.
Les yeux du grand concile s'éclairèrent, avec un petit sourire que put entrevoir le garde-valet. Il se dit en son for intérieur qu'il allait pouvoir sortir vivant de cette pièce.
— Est-ce que je peux disposer, grand concile ?
Le grand concile fit un signe de la main, comme s'il chassait une mouche imaginaire. Le garde-valet le laissa, sans ajouter le moindre mot, trop heureux de sortir entier de cette pièce.
Le grand concile ne croyait nullement au facteur chance, il ne pouvait que mettre en avant ses judicieux choix.
Il lança une demande téléquantique à l'ordinateur central, afin de pouvoir être informé sur l'évolution de la situation. Cette bonne nouvelle lui donna envie de reprendre un fruit qu'il espérait pouvoir terminer sans autre contrariété.
Les deux hommes qui étaient apparus dans la cour continuaient à pointer leurs armes sur le petit groupe en s'apprêtant à en faire de nouveau usage.
Mme Foxter était agenouillée auprès de Sad, inconscient, pendant que l'inspecteur s'apprêtait à riposter. Albot était tétanisé sous le choc et dans une colère noire. Quant aux autres, ils étaient restés prostrés comme des statues devant le film d'horreur qui se déroulait sous leurs yeux.
Sans bien savoir pourquoi, Albot dirigea sa main droite vers les deux hommes qui se tenaient à une quinzaine de mètres devant lui.
Une force intérieure émanant du plus profond de ses entrailles venait de se réveiller, se mélangeant à une projection sortie tout droit d'une partie de son crâne. Le mélange de ces deux éléments avait traversé une partie de son corps pour sortir invisiblement par la paume de sa main. Cette onde invisible frappa simultanément les deux hommes de plein fouet, les projetant à plus de dix mètres dans la cour. Cette énergie qu'Albot venait de fournir le vida du peu de force qu'il lui restait.
L'inspecteur le rattrapa de justesse avant qu'il ne s'effondre sur le sol.
Toutes les personnes se trouvant dans la cour furent éberluées par ce qui venait de se passer sous leurs yeux.
Trois jours s'étaient écoulés depuis leur retour à Descendance et cette attaque surprise. Albot venait de se réveiller et commençait à reprendre tout doucement ses esprits. Il n'avait aucun souvenir de l'endroit où il pouvait bien se trouver et ne comprenait pas pourquoi il se sentait si faible.
Il remarqua qu'une personne en blouse blanche se trouvait à son chevet.
— Ne bougez pas trop vite, vous êtes en état de choc et très affaibli. Nous vous avons perfusé afin de pouvoir vous alimenter. Souhaitez-vous un peu d'eau ?
— Oui, s'il vous plaît.
Il avait la bouche complètement desséchée. Elle lui tendit un verre d'eau, puis se ravisa pour l'aider à boire.
Elle lui proposa ensuite d'aller chercher ses amis. Il fit signe de la tête afin d'exprimer son accord.
Mme Foxter et l'inspecteur arrivèrent au bout de quelques minutes, suivis de M. Ziegler, le directeur du centre.
Mme Foxter se précipita vers lui pour lui déposer un baiser sur le front.
— Comment vous sentez-vous, Albot ?
— Je dirais que j'ai connu mieux, j'ai juste la force d'ouvrir une paupière après l'autre. Mais où sommes-nous ?
— Vous ne vous souvenez de rien ? À quand remonte votre plus ancien souvenir ?
Il essaya de se remémorer les différents événements qu'il avait vécus depuis l'accident.
— Je me souviens de l'accident, de ma convalescence, de l'hôpital, de la base, de la cabane dans les bois, de ma portation, et ensuite le trou noir.
— Et Voïra, est-elle toujours là ? demanda l'inspecteur.
— Je l'avais complètement oubliée.
— Vous ne l'entendez pas dans votre tête ?
— Dans ma tête ? Pourquoi devrais-je l'entendre dans ma tête ?
— Vous aviez réussi à établir une sorte de communication directement avec elle, sans passer par la combinaison.
— Vous plaisantez.
— Nous-mêmes n'avons plus de contact avec elle depuis ton petit tour de maître Jedi (allusion à Star Wars). Et en parlant de ça, comment as-tu fait pour envoyer valdinguer les deux cow-boys de l'autre côté de la cour ? demanda l'inspecteur.
— Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne sais vraiment pas de quoi vous parlez.
— Nous voilà bien, avec toi amnésique et Sad dans les choux, on n'est pas tiré d'affaire.
Le nom de Sad fit un déclic dans sa tête.
— Comment ça, Sad est dans les choux ?
— J'oubliais que tu avais tout oublié.
Mme Foxter se mit donc à raconter tout ce qui s'était passé depuis sa perte de mémoire, en espérant que cela pourrait l'aider.
— Alors, Sad n'est pas mort ?
— Non, un coup de chance. Ce n'était pas une balle traditionnelle, mais une balle qui avait pour but d'inhiber sa combinaison. Et donc sa protection, précisa l'inspecteur.
— Je pense que le premier tireur avait pour objectif d'inhiber sa combinaison pendant que le second tirait avec des balles réelles, ajouta M. Ziegler.
— La seconde balle est passée seulement à quelques millimètres de son cœur, sans endommager aucun organe vital. Il a eu beaucoup de chance cette fois-ci.
— Il devrait être remis sur pied d'ici quelques jours. Les Femtriaminums devraient l'aider à accélérer le processus de régénération.
— Et les deux tueurs que j'ai apparemment envoyés valdinguer dans la cour, ils sont où ? Ont-ils réussi à s'enfuir ?
Nos amis étaient gênés par la réponse qu'ils devaient fournir, car ils ne savaient pas trop comment Albot allait réagir. Mais ils ne pouvaient pas non plus mentir, au risque qu'il apprenne plus tard la vérité de la bouche de quelqu'un d'autre. L'inspecteur coupa court aux réflexions.
— Et bien, les deux tueurs sont morts.
— Comment ça, morts ? Je ne les ai quand même pas tués ?
— Disons que tu as envoyé du lourd, mon garçon. Ces deux gars devaient bien peser 98 kg chacun, et tu les as fait décoller du sol comme un fétu de paille. Et apparemment, leurs combinaisons n'ont pas résisté à cette anomalie d'attaque. Disons que nous avons un buste et un bas de corps pour les deux personnes. Avec un bon tube de colle, on devrait pouvoir arranger ça.
— Vous ne pouvez pas vous en empêcher, inspecteur, c'est plus fort que vous de plaisanter ainsi sur la mort d'êtres humains.
— Vous oubliez que sans l'intervention d'Albot, ces deux connards nous auraient tout bonnement liquidés sans remords. Et Descendance ne serait plus de ce monde.
— Vous avez peut-être raison, mais ce n'est pas une raison pour tout porter en dérision.
Albot était devenu pâle, il se sentait sale et responsable de la mort de deux personnes. Comment en était-il arrivé là ?
Mme Foxter avait remarqué le changement dans le regard d'Albot. Et elle devait absolument descendre le niveau de responsabilité de ce garçon. Sans quoi, il risquait de partir en dépression.
— Leurs combinaisons se sont mises en mode retour automatique, mais votre attaque a dû perturber l'ordinateur qui n'a pu emporter qu'une partie du corps, précisa Mme Foxter. Votre responsabilité n'est donc pas vraiment établie au sujet de leur mort. Vous n'êtes pas un meurtrier en puissance.
— Ils n'ont que ce qu'ils méritent, ces deux...
L'inspecteur n'eut pas le temps de terminer sa phrase, car Mme Foxter lui lança un coup de poing amical dans le ventre.
— C'est bon, c'est bon. J'ai compris, répondit l'inspecteur en souriant.
— Reposez-vous bien, mon garçon, reprenez des forces. Nous pourrons poursuivre notre discussion plus tard, précisa le directeur.
Nos trois visiteurs remarquèrent qu'Albot commençait à être fatigué, et avant que l'infirmière ne vienne leur demander de le laisser se reposer, ils prirent les devants en le laissant seul avec ses pensées.
— Nous repasserons te voir demain, repose-toi.
Les visiteurs n'avaient pas encore franchi le seuil de la porte qu'Albot plongeait déjà dans un profond sommeil. Mais son cerveau était, quant à lui, dans une grande effervescence.
Une voix venue de nulle part essayait de s'immiscer dans sa tête, lui rappelant quelqu'un de familier, mais dont il n'arrivait pas pour autant à se souvenir.
Une voix qui l'appelait par son prénom. Une voix douce et chaleureuse qui essayait d'entrer en contact avec lui. Était-il en train de devenir fou ?
— Albot, Albot. C'est Voїra, m'entendez-vous ?
Le directeur Ziegler avait demandé à Mme Foxter et au commissaire de le rejoindre dans son bureau afin qu'ils puissent lui faire un débriefing sur tout ce qui s'était passé et sur les différentes options qui pouvaient s'offrir à lui.
Le directeur avait eu des bribes d'informations en écoutant les différents échanges avec Albot, mais il n'arrivait pas à bien comprendre comment recoller les morceaux du puzzle.
Nos amis n'avaient pas eu le temps de faire ce travail d'explication, trop occupés qu'ils étaient au chevet de Sad et d'Albot. Mais il était maintenant grand temps de s'y mettre.
Mme Foxter et le commissaire racontèrent toutes leurs mésaventures en essayant de ne rien oublier, mais en se demandant si M. Ziegler n'allait pas appeler l'asile pour les interner.
Le directeur resta de marbre, ne les interrompant que de temps à autre, pour mieux approfondir certaines explications.
— Alors, si j'ai bien compris, des tueurs venant de je ne sais où vous traquent afin de vous tuer et récupérer un certain objet que vous avez en votre possession. Vous vous êtes téléportés, vous avez discuté avec un ordinateur quantique et vous êtes recherchés par toutes les polices d'Europe pour enlèvement et meurtre.
Et en plus, vous me dites que nous devons évacuer de toute urgence Descendance, car ces fameux tueurs veulent venir ici pour liquider tout le monde.
— Présenté ainsi, c'est sûr que cela ne joue pas en notre faveur. Je suis moi-même athée en termes de choses paranormales, petits hommes gris ou complot. Mais croyez-moi, tout ce que nous venons de vous raconter est la stricte vérité.
— L'inspecteur a raison, nous sommes revenus aussi vite que nous le pouvions afin de vous prévenir du danger que vous courez. Nous ne savons pas trop, pour le moment, comment vous faire évacuer. Mais d'après ce que l'on nous a raconté, nous devons trouver une certaine pièce qui se trouve à Descendance. Albot et son cristal en sont la clé.
— Honnêtement, je suis plus que perplexe par votre histoire. Ce qui me laisse penser que vous n'affabulez pas, c'est la scène à laquelle j'ai pu assister dans la cour. Ces deux tueurs qui sont apparus de je ne sais où, et la réaction de ce jeune garçon à leur encontre.
Des événements qui ne peuvent qu'apporter du crédit à votre histoire.
Le directeur savait plus que quiconque que cette histoire était plus que plausible, car ses vieux démons venaient de le rattraper. Il avait besoin d'avoir une vision plus claire de ces derniers événements, mais surtout de comprendre comment ce cristal avait pu se retrouver dans les mains de cet adolescent.
— Je vous propose d'attendre que ce garçon sorte de l'infirmerie et qu'il retrouve ses esprits et sa mémoire. Car s'il est la clé de notre salut, nous aurons besoin de lui au meilleur de sa forme.
— Cela veut-il dire que vous nous croyez ?
— Oui, sans aucun doute. Votre histoire donne peut-être l'impression de sortir tout droit d'un livre de fiction. Mais malheureusement, je ne peux que vous croire, car je ne vois pas la raison et l'intérêt que vous auriez à inventer une histoire pareille.
Auriez-vous d'autres éléments dont vous souhaiteriez me faire part avant d'en terminer pour aujourd'hui ?
— Oui, M. le directeur. À vrai dire, c'est un peu délicat.
Un événement qui s'est produit dans des circonstances un peu particulières, pendant notre séjour dans cette base, me met mal à l'aise, mais je dois absolument vous le dire.
— Je vous écoute.
— Voilà, je suis enceinte.
Le directeur, qui était resté debout pendant toute la discussion, s'était assis de tout son poids sur la chaise près de son bureau.
— Comment cela, enceinte ? Et par quel miracle ? Et qui est le père ? Et je croyais qu'il vous était impossible d'être enceinte ?
Mme Foxter avait sciemment omis de raconter ce passage lors de son premier débriefing, ne sachant pas trop comment expliquer cette rocambolesque situation.
L'inspecteur, qui était resté de marbre et silencieux jusqu'à présent, proposa de les laisser seuls pour ne pas leur occasionner trop de gêne lors de l'explication.
— Oui, merci, inspecteur. Si cela ne vous dérange pas, laissez-moi seule avec M. Ziegler.
Dès que l'inspecteur eut fermé la porte derrière lui, le directeur se leva d'un seul bond.
— Héléna, c'est quoi cette histoire ? Comment est-ce possible ?
— Écoutez-moi, Hernest, nous nous connaissons depuis fort longtemps et notre courte liaison ne doit pas peser dans votre jugement, avec la gravité de la situation. C'est une partie de l'histoire que je n'ai pas mentionnée, car c'est une partie qui est dérangeante et délicate.
— Prenez votre temps et racontez-moi toute l'histoire, et sans rien oublier ni omettre, cette fois-ci.
Héléna se mit à raconter le passage qui avait été omis pendant une bonne heure, ne pouvant s'empêcher de verser une larme à la fin de son monologue. Le directeur resta bouche bée devant ce qu'il venait d'entendre.
Pas loin de deux semaines s'étaient déjà écoulées depuis son arrivée à Descendance. Albot avait pratiquement récupéré toutes ses facultés physiques et mentales, avec l'aide de Voïra. Il ne souffrait plus d'aucune douleur, il se sentait en pleine forme et mourant de faim.
Il avait également hâte de commencer à découvrir ce lieu et de faire connaissance avec ses occupants.
L'infirmière vint lui apporter des affaires propres et lui fit signe d'aller prendre une douche, car il commençait à sentir le bouc.
Il arrivait à se lever tout seul depuis deux jours et commençait à tourner en rond comme un lion en cage. Il avait besoin de se dégourdir les jambes et d'explorer les lieux de son séjour.
Il avait eu des nouvelles de Sad par l'intermédiaire de l'inspecteur, mais il ressentait le besoin d'aller lui rendre visite en personne.
Sad avait été emmené dans une clinique privée de la ville la plus proche, car sa blessure était trop sérieuse pour être traitée dans cette modeste infirmerie.
Il était en train de se déshabiller, quand une jeune fille fit irruption dans sa chambre.
— Ho, mince. Pardon, je crois que je me suis trompée de chambre !
Albot fut tellement surpris par cette irruption dans sa chambre qu'il ne sut pas quoi répondre. Il prit l'oreiller qui se trouvait sur son lit afin de cacher son anatomie.
— Je pense effectivement que vous vous êtes trompée de chambre.
— Je m'excuse pour cette intrusion, j'ai dû mal interpréter l'indication de l'infirmière.
— Il n'y a pas de mal, ces choses arrivent. Je m'appelle Albot Coldi.
— Moi, c'est Laureal Meeling, mais vous pouvez m'appeler Laurie.
L'infirmière entra à son tour dans la pièce.
— Mais que faites-vous ici, Laurie ?
— Je crois que je me suis trompée de chambre.
— Je vous ai dit au bout du couloir à droite, et là, vous êtes à gauche du couloir. Vous ne savez plus différencier votre gauche et votre droite ? Ma pauvre fille !
L'infirmière avait un sourire en coin qui pouvait insinuer bien des choses.
— Excusez-moi, Madame, je devais avoir la tête ailleurs.
— Maintenant que vous vous êtes rincé les yeux et que votre curiosité est rassasiée, je pense que vous pouvez laisser ce jeune homme aller se doucher.
— Oui, bien sûr. Je pense qu'il en a grand besoin. Je pensais que l'odeur provenait du dehors, mais apparemment, je m'étais trompée. Surtout, n'oubliez pas de lui fournir le savon, dit-elle sur un ton moqueur.
L'infirmière fit un signe avec son index afin qu'elle quitte rapidement la chambre.
Albot était rouge de honte, ne sachant plus où se mettre.
L'infirmière quitta sa chambre, sans oublier de lui adresser un petit message.
— Le savon et le shampoing sont sur l'étagère de gauche, et faites-en bon usage.
Albot leva les yeux au ciel et lança l'oreiller qu'il avait utilisé pour cacher son anatomie contre la porte au moment celle-ci se refermait. Il put entendre un petit ricanement derrière celle-ci, qu'il reproduisit à son tour.
Il est vrai qu'il devait vraiment sentir mauvais, car il ne se rappelait même plus à quand remontait sa dernière douche.
Il entra dans la petite salle de bains où la douche l'attendait ; il reconnut sa trousse de toilette qu'il avait récupérée chez lui avec Gustave, posée sur une petite tablette sous un miroir.
Au moment où il croisa son regard dans le miroir, il s'arrêta net. Quelque chose clochait !
Il s'approcha du miroir et ce qu'il vit lui donna le tournis. La couleur de ses yeux avait changé. Il ne reconnaissait plus sa couleur naturelle qui était marron. Ses yeux étaient devenus vert bleu.
Son premier réflexe fut de s'adresser immédiatement à Voїra.
— Qu'est-ce encore que ce truc ? Voïra ! Pourquoi mes yeux ont-ils changé de couleur ?
La question ne resta pas longtemps sans réponse. Voїra se manifesta directement dans sa tête, comme elle en avait pris l'habitude. Mais de son côté, Albot avait encore un peu de mal à cohabiter avec cette entité virtuelle.
— Que se passe-t-il, M. Albot ?
— Mes yeux, Voїra ! Pourquoi mes yeux ont-ils changé de couleur ?
— Vous avez subi une lourde opération sur vos yeux quand nous étions dans la base. Nous avons dû utiliser un protocole assez complexe et modifier certains de vos gènes qui étaient détruits ou trop détériorés. Sans quoi, vous seriez aveugle, voire pire encore.
S'imaginer aveugle ou mort lui fit vite réfléchir à sa situation, qui n'était pas si désastreuse que cela.
— Tu as raison, Voїra, le changement de couleur n'est qu'un moindre mal comparé à la perte de la vue. Je suis certain qu'aucun aveugle ne refuserait de récupérer la vue contre un changement de couleur de ses yeux.
Pendant que nous y sommes, y a-t-il d'autres changements auxquels je dois m'attendre ?
— Disons que votre profil génétique a été légèrement modifié. Je n'ai pas encore terminé l'analyse complète de votre organisme. J'ai besoin d'un peu plus de temps pour mieux comprendre le métabolisme humain vu de l'intérieur.
— Prends ton temps, Voїra, rien ne presse. Mais préviens-moi immédiatement si tu trouves un changement auquel je devrai faire face.
Hormis ce changement de couleur de mes yeux, il me tarde de comprendre comment j'ai réussi à envoyer valdinguer dans la cour ces deux tueurs. Car je ne trouve aucune raison logique pouvant expliquer que les lois de l'apesanteur puissent être aussi bafouées.
Voїra ne répondit pas au dernier questionnement d'Albot, car elle-même n'arrivait pas à comprendre comment cela avait pu être possible. Rien dans sa programmation ou dans sa base de connaissances ne faisait allusion à ce genre de possibilité. Elle avait beau passer et repasser en revue l'ensemble des événements survenus lors de cet incident, elle n'arrivait pas à identifier la cause.
Albot s'habilla avec les vêtements que l'infirmière lui avait laissés. C'était une sorte d'uniforme avec un blason, une chemise avec cravate et des chaussures lustrées. Lui qui détestait les costumes, il était servi.
Quelqu'un frappa à sa porte.
— Vous êtes présentable, je peux entrer ?
— Oui, pas de souci.
C'était Mme Foxter, avec un manteau dans les mains.
— Je pense que vous allez avoir besoin de cela, car il commence à neiger.
Et une tempête de neige se dirige droit vers nous.
— Où allons-nous ?
— Je vais d'abord vous montrer vos quartiers, et ensuite, je vous emmène vous restaurer.
Je suppose que vous avez faim ?
— Une faim de loup.
— J'aurais plutôt pensé à une faim de bouc.
— Vous n'allez pas également vous y mettre. Pas vous ?
Mme Foxter éclata de rire au moment où l'inspecteur pénétrait à son tour dans la pièce.
— Je peux également en être ?
— Même pas en rêve, inspecteur. Je ne vous connais que trop bien.
Héléna lui fit un clin d'œil en signe d'acquiescement. L'inspecteur éclata de rire à son tour.
— C'est quoi la prochaine étape, Mme Foxter ?
— Je pensais montrer ses quartiers à Albot et lui faire faire une visite guidée de Descendance en finissant par le dîner.
Au fait, Albot, voici votre combinaison. Je vous conseille fortement de toujours la garder sur vous ou à portée de main au cas où nous devrions quitter cet endroit dans la précipitation.
J'ai demandé plusieurs lots correspondant à la version de nos premières combinaisons pour l'ensemble des élèves et enseignants. J'attends la validation de ma requête, car je n'ose imaginer les complications pour cinq cents unités.
— Pourquoi cinq cents ? Ne devrions-nous pas faire évacuer le maximum de personnes le plus vite possible et ne garder que le minimum de personnes sur place ?
— Le bon sens est de votre côté, mais comment convaincre tout le monde de la nécessité et de l'urgence de cet exode ? Le corps enseignant et les élèves ont un esprit plus ouvert depuis votre petite démonstration sur nos tueurs dans la cour. Mais par ce fait, ils désireront avoir un peu plus d'explications.
Pendant que j'y pense, inspecteur, est-ce que nos têtes sont toujours recherchées par Interpol ?
— Oui, c'est une histoire de dingue, et aucun de mes supérieurs n'est disposé à nous couvrir. Ma famille est sur écoute, mon ex-femme a lancé une procédure pour me retirer la garde de mon fils. Mes comptes bancaires ont été bloqués et je n'ai plus aucun papier d'identité.
— Ne vous en faites pas, inspecteur, tout cela va finir par s'arranger.
— J'oubliais que vous aviez le bras long. Mais n'oubliez pas que vous êtes également recherchée, Héléna.
C'est à ce moment-là que Voїra décida de sortir de son silence.
— Puis-je vous apporter mon aide ?
— Comment ça ?
— Comme pour l'aéroport, je peux m'occuper de tous ces petits tracas.
— Ces petits tracas ne représentent peut-être rien pour toi qui vis dans un monde virtuel, mais pour nous qui sommes dans un monde bien réel, ces petits tracas représentent une prison.
Car nous ne pouvons plus circuler comme bon nous semble ou bien tout simplement aller acheter de simples viennoiseries à la boulangerie du coin.
— Calmons-nous, inspecteur. Voїra essaie juste de nous venir en aide. Ce n'est pas de sa faute si nous sommes dans ce bourbier.
— Tu as raison, mon garçon, désolé de m'être ainsi emporté. Mais je suis fou de rage de me retrouver ici sans pouvoir lever le petit doigt. De ne pas pouvoir aller rendre visite à Sad, sous prétexte que l'hôpital est surveillé par la police. Sad est une sorte d'appât pour Interpol et nos poursuivants.
— Vous voulez dire que je ne peux pas aller le voir ?
— Peu de chance, mon garçon. Ils te tomberont dessus et remonteront jusqu'à nous.
— Que proposes-tu, Voїra ?
— Maintenant que je maîtrise les différents langages de programmation et les protocoles de vos ordinateurs néandertaliens, je pense que je pourrai faire tous les papiers d'identité que vous souhaitez ou bien ouvrir n'importe quel compte bancaire et vous affecter la somme d'argent que vous voulez.
L'inspecteur était resté la bouche grande ouverte et complètement médusé par ce qu'il venait d'entendre.
— Et comment comptes-tu t'y prendre ? Aurais-tu des receleurs ou des faussaires dans ta base de connaissances ?
— Non, inspecteur, je peux communiquer avec n'importe lequel de vos ordinateurs administratifs ou financiers, et modifier les informations nécessaires à votre liberté.
— C'est une solution qui va à l'encontre de mes idées et de mes principes. Le piratage ne me plaît pas.
— À moi non plus, inspecteur, mais avons-nous d'autres choix ? Nous ne pouvons pas rester éternellement ici, et nos têtes qui sont mises à prix risquent d'attirer trop de regards sur Descendance. On se donne un jour ou deux de réflexion pour prendre une décision.
Albot ne comprenait pas la réticence que pouvait avoir l'inspecteur à utiliser Voïra. Ils étaient dans un pétrin noir qui ne laissait rien présager de bon. Ils devaient utiliser toutes les armes qu'ils avaient à leur disposition sous peine de perdre le peu d'avance qu'ils avaient sur leurs poursuivants. Son jeune âge l'empêchait de comprendre certaines choses ou d'avoir un regard subjectif permettant d'analyser certaines situations. Mais, il était persuadé que la proposition de Voїra restait la seule solution plausible.
Il fut sorti de sa réflexion par la voix de Mme Foxter qui parvenait jusqu'à lui.
— Albot ? Albot ? Vous êtes avec nous ?
— Oui, oui. Pardon, que disiez-vous ?
L'inspecteur et Mme Foxter échangèrent un regard inquiet. Albot décida de détendre l'atmosphère.
— Ne vous faites pas de films, vous deux. J'étais tout simplement en train de réfléchir à notre situation. Je ne perds pas la tête ! Faites-moi plutôt visiter Descendance.
— Il a raison, Mme Foxter, moi aussi, j'ai hâte de visiter votre petit château. Je suppose que vous vivez en haut de la tour, comme la princesse prisonnière qui attend son prince charmant ?
Mme Foxter leva les yeux au ciel.
— Décidément, inspecteur, vous êtes incorrigible. Je baisse les bras, il n'y a plus rien à espérer de votre part.
Albot et l'inspecteur se regardèrent avec la complicité qu'il se rappelait avoir eue avec son père quand ils plaisantaient sur le dos de sa mère. Mais il ne voulait pas plomber l'atmosphère par des larmes.
Albot monta sur le lit et tira sur un drap qu'il passa autour de son cou pour imiter un preux chevalier.
— Ne vous inquiétez pas, princesse Foxter, chevalier Colmart et chevalier Coldi viennent vous délivrer de vos geôliers.
C'est à ce moment-là que l'infirmière ouvrit la porte et tomba sur cette scène ubuesque.
Elle leva à son tour les yeux au ciel.
— Surtout, ne me dites rien, je ne veux rien savoir.
Et en s'adressant à Mme Foxter :
— Emmenez-le, avant que je change d'avis.
Tous éclatèrent de rire.
— Allons donc vous faire visiter Descendance.
Nos trois amis sortirent du bâtiment où était située l'infirmerie, quand ils furent foudroyés par le vent glacial qui régnait dehors et par les bourrasques de neige qui l'accompagnaient.
— Ouaouh, cela me rappelle des souvenirs qui ne sont pas si lointains que cela.
— Et sans mon pyjama (en parlant de sa combinaison), le froid m'aurait transpercé.
— Ha ! Vous les hommes, toujours aussi fragiles, et toujours en train de vous plaindre.
— La température est de -6° Celsius, avec des vents d'est qui sont de 50 km et...
— Stop, Voїra. Nous ne faisions que discuter de banalités entre nous. Tu n'es pas obligée de nous sortir le bulletin météo de la soirée. Sinon, tu peux toujours postuler sur un canal météo à la télé.
— L'inspecteur a raison, Voїra, c'est déjà difficile de t'avoir dans la tête, si tu interfères en plus à chaque instant dans mes discussions, je crois que je vais péter un câble.
— Mais vous n'êtes pas câblé, Albot !
Tous éclatèrent de rire.
— Pourquoi riez-vous ?
— Non, Voїra, en effet, je ne suis pas câblé. C'est juste une expression humaine qui veut dire que je risque de fortement m'énerver.
— Ce n'est pas que je m'ennuie, mais nous sommes plantés là, dans ce froid, comme des sapins de Noël, et mes boules commencent à s'entrechoquer.
— Inspecteur, c'est vraiment très classe comme image. Mais bon, même si votre langage de titi parisien est toujours aussi désagréable à entendre, j'admets que pour une fois, vous n'avez pas tout à fait tort. Entrons dans ce bâtiment qui se trouve en face de nous, dont l'aile gauche correspond aux dortoirs des garçons.
— Laissez-moi deviner, Mme Foxter, et l'aile droite à celle des filles. L'inspecteur fit un clin d'œil à Albot.
— Inspecteur, vous ne vous arrêtez donc jamais ?
— Il ne faisait qu'avancer une hypothèse qui lui paraissait logique.
— Si, en plus, vous vous acoquinez avec l'inspecteur, il ne s'arrêtera plus.
La neige tombait abondamment dans la cour ; le froid était moins intense que dans la toundra, mais sans sa combinaison, Albot se sentait frigorifié.
— Je vais vous dire un truc à tous les deux : dès que j'arrive au dortoir, j'enfile ma combinaison pyjama et je ne m'en sépare plus jusqu'à la fin de l'hiver.
— Nous sommes presque arrivés, Albot.
Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres de la porte donnant sur le dortoir, quand ils entendirent le pont-levis descendre et la herse se lever.
— Qui peut bien venir à cette heure tardive ?
— Peut-être des nouveaux orphelins ? répondit l'inspecteur.
— Impossible, ajouta Mme Foxter. M. Ziegler m'aurait certainement informée afin que je puisse préparer les documents d'intégration.
— Il a peut-être pris d'autres dispositions suite à votre longue absence ?
— Peut-être ! Je...
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase ; elle entraperçut des gyrophares derrière le pont-levis qui n'était encore qu'à mi-parcours.
— Merde, les flics ! s'exclama l'inspecteur.
— Vite, on accélère le pas. De fortes chances qu'ils soient à notre recherche.
— Vous le croyez, Mme Foxter ?
— J'en mettrai ma main à couper. Je suis même étonnée qu'ils aient attendu si longtemps pour venir nous rendre visite.
Au même moment, deux drones équipés d'une caméra thermique et infrarouge entrèrent dans la cour.
— Putain, ils y mettent le paquet ceux-là, ne put s'empêcher de penser à haute voix l'inspecteur.
— Pas le temps de tergiverser, on monte aux dortoirs avant que ces fouineurs ne nous voient.
La porte du dortoir venait à peine de se refermer derrière eux, que deux cars remplis de gendarmes, accompagnés de quatre voitures, pénétrèrent dans la cour.
Les voitures s'étaient à peine arrêtées qu'en descendirent des hommes cagoulés, équipés de gilets pare-balles et de fusils d'assaut.
— Merde, le GIGN, il ne manquait plus que cela.
— Ne me dites pas que tous ces moyens sont pour nous trouver ?
— Je ne comprends pas le niveau d'ampleur que cela a pu prendre.
— Ils vous considèrent comme des terroristes. Ils ne font qu'appliquer et mettre en place des dispositions pour ce genre de cas.
— Nous faisons quoi ?
— Pour le moment, on attend de voir la suite des événements.
Ils étaient montés dans la chambre de Coldi et regardaient, par la fenêtre, les forces du GIGN se déployer tout autour des bâtiments.
M. Ziegler était venu dans la cour, au-devant du cortège, afin de comprendre tout ce tintamarre.
— Mais pourquoi tout ce bordel ?
— M. Ziegler, je suppose ? Je suis le capitaine Aymeric Ergzine. Et je dirige cette unité d'intervention.
J'ai reçu pour ordre de fouiller chaque recoin de votre petit château.
— Mais de quel droit ? Et pour quelle raison ?
— Nous sommes à la recherche de terroristes, une femme et un homme, qui ont enlevé un adolescent et tué plusieurs personnes. Et tout porte à croire qu'ils sont ici.
— Et sur quoi vous basez-vous pour affirmer cela ?
— Sur ceci.
Le capitaine tendit un téléphone portable avec une vidéo où on pouvait nettement voir toute la scène qui s'était produite dans la cour, deux semaines plus tôt. Y compris quand Albot avait envoyé valdinguer les deux tueurs.
Ziegler ne sut pas quoi répondre ; il ne comprenait pas comment ce capitaine pouvait avoir cette vidéo entre ses mains.
Mais le capitaine poursuivit son petit laïus, pas peu fier de mettre en avant son service.
— De nos jours, on trouve de tout sur le Net. Et un de vos professeurs ou élèves, ou je ne sais comment vous appelez vos orphelins, a posté cette vidéo sur le Net hier. Et nos services sont tombés dessus et après analyse approfondie de la vidéo, nous avons réussi à remonter jusqu'ici.
M. Ziegler fut consterné par ce qu'il venait d'entendre. Il ne pouvait croire qu'un de ses enseignants ou enfants ait pu commettre une telle stupidité. Et il ne comprenait pas comment il allait pouvoir se sortir de ce pétrin.
— Est-ce que vous niez cette vidéo ?
— La vidéo est devant mes yeux, alors comment la nier ? Mais je pense que l'on vous a joué un sale tour. Cela ne peut être qu'une vidéo truquée.
Regardez ces deux gars s'envoler en l'air, je n'ai pas souvenir d'avoir assisté ou participé à ce genre de cirque.
— Vous me décevez et vous êtes en état d'arrestation pour assistance à une organisation terroriste.
— Vous plaisantez, j'espère ?
— Nullement, et je veux que toutes les personnes qui vivent ici soient regroupées quelque part. Vous avez sûrement un endroit où vous vous réunissez ?
— Tout le monde est actuellement en train de dîner.
— Et bien, allons-y, montrez-moi le chemin. Que sept hommes m'accompagnent et que les autres se mettent à la recherche de ces terroristes ; fouillez-moi chaque pièce et recoin. Si vous trouvez d'autres personnes, vous me les amenez. Et si vous tombez sur ces terroristes et qu'ils essaient de s'enfuir, vous avez ordre de tirer à vue.
Nos trois amis, qui regardaient la scène par la fenêtre avec difficulté, à cause de la neige qui tombait abondamment, venaient de prendre conscience de la gravité de la situation.
— Qu'est-ce qu'on fait ? On se rend ? Ou bien on se barre ?
— Ni l'un ni l'autre, inspecteur. Nous devons rester ici jusqu'à ce qu'ils partent. Nous devons réussir à nous cacher le temps que cela se calme. N'oubliez pas que le temps ne joue pas en notre faveur.
Si, par malheur, les coordonnées de Descendance venaient à être décryptées par nos poursuivants, je ne donne pas cher de nos peaux.
— On ne peut pas rester ici, ils ont commencé à fouiller l'aile sud et ouest. Et ils ont posté des flics devant chaque porte, sans compter ces drones à la con qui tournent autour de la cour.
— Nous sommes piégés. Piégés comme des rats.
— Comme des rats, dites-vous !
— Ce n'est qu'une expression, Albot.
— Oui, mais les rats circulent dans les murs. Et ne me dites pas que ce château n'aurait pas des passages secrets, comme tout château qui se respecte.
— Hum... Laissez-moi réfléchir. Honnêtement, je ne vois pas.
— Héléna, faites un effort. Essayez encore.
— Non, cela ne me dit rien.
— Et merde, et en plus, je n'ai même pas d'arme.
— Vous ne comptiez quand même pas tirer sur vos collègues ?
L'inspecteur allait ouvrir la bouche pour répondre, mais il devait admettre qu'elle avait raison. Il aurait été incapable de tirer sur des policiers.