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K.C. Wells

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Beschreibung

Deux  mois après que Mitch Jenkins a vu sa vie s'écrouler quand sa relation de deux ans a connu une fin brutale, la souffrance est toujours présente. La tentative d'un collègue pour le réconforter l'amène dans un « club » secret. Mitch n'est vraiment pas intéressé par les minets qui paradent comme des paons jusqu'à ce qu'il aperçoive un jeune homme à l'arrière de la salle, le nez plongé dans un livre et inconscient de son entourage. Le voilà maintenant intéressé. Nikko Kurokawa veut payer sa dette et sortir du Black Lounge où on le force non seulement à avoir des rapports sexuels, mais où il doit aussi parfois subir des maltraitances pour plaire aux clients. Gagner sa liberté se révèle difficile, surtout lorsqu'il commence à attirer l'intérêt d'une certaine clientèle. La vie devient plus facile à supporter lorsqu'il rencontre Mitch qui n'est pas du tout comme les autres hommes qui fréquentent le club. Et quand il tombe amoureux de cet homme, Nikko suppose qu'il peut tout supporter. Bientôt, se répète-t-il, il pourra sortir de cet endroit sordide et Mitch et lui pourront déterminer s'ils ont un avenir ensemble. Mais aucun d'eux n'a pris en compte ceux qui ne voulaient pas que Nikko parte…

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Veröffentlichungsjahr: 2017

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Dette

 

Par K.C. Wells

 

Deux mois après que Mitch Jenkins a vu sa vie s’écrouler quand sa relation de deux ans a connu une fin brutale, la souffrance est toujours présente. La tentative d’un collègue pour le réconforter l’amène dans un « club » secret. Mitch n’est vraiment pas intéressé par les minets qui paradent comme des paons jusqu’à ce qu’il aperçoive un jeune homme à l’arrière de la salle, le nez plongé dans un livre et inconscient de son entourage.

Le voilà maintenant intéressé.

Nikko Kurokawa veut payer sa dette et sortir du Black Lounge où on le force non seulement à avoir des rapports sexuels, mais où il doit aussi parfois subir des maltraitances pour plaire aux clients. Gagner sa liberté se révèle difficile, surtout lorsqu’il commence à attirer l’intérêt d’une certaine clientèle. La vie devient plus facile à supporter lorsqu’il rencontre Mitch qui n’est pas du tout comme les autres hommes qui fréquentent le club. Et quand il tombe amoureux de cet homme, Nikko suppose qu’il peut tout supporter. Bientôt, se répète-t-il, il pourra sortir de cet endroit sordide et Mitch et lui pourront déterminer s’ils ont un avenir ensemble.

Mais aucun d’eux n’a pris en compte ceux qui ne voulaient pas que Nikko parte…

Table des matières

Résumé

Remerciements

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

XII

XIII

XIV

XV

XVI

XVII

XVIII

XIX

XX

XXI

XXII

XXIII

Biographie

Par K.C. Wells

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Droits d'auteur

Remerciements

 

 

JE TIENS à remercier ma merveilleuse équipe de bêta-lecteurs : Bev, Debra, Jason, Mardee, Michelle et Helena.

Et un merci très spécial à Andrew Q. Gordon pour son aide et ses conseils.

I

 

 

MITCH JENKINS jeta son stylo avec un gémissement.

— Tu sais quoi ? Ils doivent penser que nous sommes des idiots.

Il mit sa tête entre ses mains et ferma les yeux comme si cela pouvait effacer toutes traces des excuses pathétiques de Bronwen Dempsey sur son essai. Pas la moindre chance, c’était toujours là quand il jeta à nouveau un coup d’œil sur son bureau.

Angela Frampton leva la tête de ses corrections et se mit à rire avant de poser son stylo et de s’étirer.

— Que t’ont fait nos chères têtes blondes, maintenant ? Vas-y. Dis-moi. Cela pourrait me faire rire, dit-elle en pointant un doigt vers sa propre pile de devoirs. Tout pour ne pas regarder un autre document qui prouve que mes étudiants n’écoutent pas un mot de ce que je dis. Alors, allez, raconte.

Elle pencha la tête sur le côté puis elle commença à ranger ses stylos.

— J’ai demandé un essai sur Sa Majesté des Mouches à ma classe de dixième, lui dit-il en se penchant en arrière, ses doigts enlacés derrière sa tête. Jusqu’à présent je compte dix, voire douze élèves, qui ont tous utilisé le foutu Profil d’une œuvre pour leur « recherche ».

Il fit des guillemets en l’air avec ses doigts, tout en reniflant.

— Oui, en effet. L’étendue de leur recherche s’est arrêtée à répéter les notes mot pour mot ou à copier-coller des paragraphes entiers trouvés sur Internet. Je parie qu’ils pensaient tous être si intelligents, si originaux. Croyaient-ils que je ne remarquerais rien ? Oh bien sûr, j’oubliais, je suis seulement un professeur d’anglais avec un diplôme d’anglais, idiot et mutique, et qui n’a absolument pas les neurones suffisants pour reconnaître ce qui est fondamentalement le même essai maintes et maintes fois répété, se désespéra-t-il en secouant la tête. Et ce seront les mêmes étudiants qui iront se plaindre chez eux auprès de Maman et Papa que je suis injuste et sévère quand je leur donne un F. Est-ce mal de ma part de m’attendre à ce qu’un essai contienne au moins une pensée originale ?

Il expira, poussant toute la tension hors de son corps dans un long souffle.

— Est-ce que je vais y arriver ?

Angela se leva de sa chaise et vint vers lui. Elle plaça ses mains sur ses épaules et pétrit ses muscles tendus. Puis elle se pencha plus bas et lui parla doucement à l’oreille.

— Il ne reste plus que trois semaines. Et ensuite, tu pourras dire adios à tout cela pour l’été. Allez, je sais que cela a été deux mois difficiles, mais tu y es presque.

Elle enfonça ses pouces dans la chair de chaque côté de la colonne vertébrale et elle malaxa durement.

Mitch grogna et se pencha en avant afin de lui donner plus de place.

— Merde, tu es douée. Tu ferais une masseuse fabuleuse, tu sais, grogna-t-il quand elle creusa plus profondément, ses doigts agiles trouvant les nœuds de tension à la base de son cou et au niveau de ses omoplates.

C’était si bon qu’il poussa un faible gémissement de plaisir. De toute évidence, il était récompensé pour être resté travailler alors que tout le monde était parti pour la soirée. À part eux, la salle des professeurs était déserte. Ce n’était cependant pas la première fois qu’il bénéficiait des doigts magiques de sa collègue. C’était devenu une habitude régulière du vendredi soir.

— Peux-tu ne pas faire ces bruits, Mitch ? rit-elle. Si qui que ce soit passe devant la salle, nous ne pourrons pas lui en vouloir de penser que quelque chose de terriblement sale est en train de se passer ici.

— Qui s’en soucie ? Les élèves sont partis, qui d’autre s’attarderait autour de l’école un vendredi après seize heures ? gloussa-t-il. Oh oui, j’oubliais, les pauvres enseignants qui doivent évaluer leur merde plagiée. Et s’il y a quelqu’un d’assez vicieux pour coller son oreille à la porte et écouter ? Qu’il aille se faire voir. Laissons-le penser ce qu’il veut.

— Tu es un mauvais garçon, dit Angela en riant. Tu veux ruiner ma réputation.

— Chérie, ta réputation ne craint absolument rien, crois-moi.

Ce n’était pas comme s’il s’étalait au sujet de sa sexualité, mais il ne la cachait pas. D’ailleurs, Angela était vraiment son amie. Ils bavardaient souvent pendant leur temps de préparation ou autour d’un café pendant leur pause déjeuner.

— Et un jour, tu rendras un homme très heureux avec ces doigts.

Elle grogna.

— D’accord, cela semblait cochon même pour moi, ricana-t-il. Je pense que nous ferions mieux de laisser tomber.

— Eh bien, monsieur Jenkins, mademoiselle Frampton, Que faites-vous ?

Un soupir théâtral accompagna ces mots.

Pile au bon moment.

— Hé, Aaron, tu es prêt à partir ? demanda Angela en se redressant avant de retirer hâtivement ses mains.

Mitch leva les yeux vers son visage. Il se saisit d’une de ses mains et la tapota.

— Merci, dit-il sincèrement en embrassant les bouts de ses doigts. Ceux-ci sont vraiment merveilleux.

Elle retira sa main, rougissant de la racine de ses cheveux auburn jusqu’au col de son chemisier.

— Oh, chut. Passe un bon week-end, Mitch.

Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et elle hocha légèrement la tête.

— Aaron.

Elle quitta rapidement la salle des professeurs après avoir récupéré son sac à main, les joues encore rouges.

— Je ne comprends pas. Qu’est-ce que tu as que je n’ai pas ? le questionna Aaron Weldon en se laissant tomber sur la chaise en face de Mitch.

Celui-ci haussa les sourcils.

— Pardon ? dit-il en s’étirant, faisant craquer sa colonne vertébrale.

Son collègue tendit la main, la pointant vers la porte fermée.

— Tu obtiens le massage, le fou rire, le « passe un bon week-end, Mitch », imita-t-il. Alors que tout ce que j’ai, c’est un coup d’œil rapide et mon prénom, soupira-t-il avec exagération. Et sais-tu ce qui rend tout ça encore pire ? Elle sait que nous sommes tous les deux gays.

— Bon sang, tu ne dis vraiment que des conneries, rouspéta Mitch, se levant de sa chaise pour enfiler sa veste.

Il était plus que prêt à partir.

— J’ai compris. C’est parce que tu as été blessé par l’amour. Les femmes sont aux petits soins avec un homme au cœur brisé, sourit son collègue d’un air complice.

Les mots avaient à peine franchi ses lèvres qu’il se figeait.

— Oh ! Désolé Mitch, je ne voulais pas…

— Ne te fatigue pas, d’accord ? déclara Mitch avec raideur.

Il ne voulait pas penser à Jerry. Deux mois s’étaient écoulés, mais la douleur était encore fraîche, toujours à vif.

— Je souhaitais te parler avant de partir. Je me demandais si tu voulais sortir ce soir.

Mitch regarda le tas de devoirs. Il devrait passer la majeure partie de son samedi à les noter. Ce spectacle rendit sa décision sacrément plus facile.

— Bien sûr, à quoi penses-tu ? Et ne me réponds pas une rencontre avec quelques gars que tu as trouvés sur Grindr, parce que dans ce cas, je changerai d’avis, répondit-il en rangeant les devoirs dans son sac.

— Qu’est-ce que tu as contre Grindr ? le questionna Aaron en faisant une grimace.

— Pas ici, déclara Mitch précipitamment en entendant le bruit de fermeture d’une porte. On ne sait jamais qui traîne. Nous pourrons en parler dans le train.

Non pas que cela le tente.

— Sortons d’ici, alors, dit son collègue en hochant la tête et en saisissant son sac à dos.

Ils empruntèrent un couloir calme vers la sortie et une des gardiennes les salua d’un geste de la main.

— Passez un bon week-end, les gars, dit-elle gaiement.

— De même pour toi, Bertha, sourit Mitch. Et merci pour les livres que tu as laissés sur mon bureau ce matin. Ils sont toujours les bienvenus.

Il les avait directement déposés dans sa salle de classe sur la table où il laissait les livres de poche que les jeunes pouvaient emprunter.

— Pfft, tu m’as rendu service. Maintenant que l’aîné a fini l’université, il vide sa chambre. Il allait les jeter ! répliqua-t-elle en agitant la main dédaigneusement et en secouant la tête. Les enfants. Ils n’apprécient plus rien. Je me suis dit que tu en aurais l’utilité. Il me dit encore que tu es un des meilleurs professeurs du coin. Et il a eu quelques bons enseignants à Atlanta. Il sait de quoi il parle.

Merde, il était sacrément trop âgé pour rougir à un compliment, mais ses joues chauffèrent indépendamment de sa volonté.

— Ton Tony était un gentil garçon qui aimait apprendre. Les enfants qui aiment ça font de l’enseignement un plaisir.

Il lui adressa un dernier sourire avant qu’Aaron et lui ne partent.

— Profite de ton week-end pour décider ce que tu vas faire de cette chambre vide une fois qu’il sera parti.

— Chéri, c’est déjà décidé, s’écria-t-elle, ça sera mon atelier de couture. Sais-tu depuis combien de temps je rêvais de ça ? sourit-elle. Dès que Tony sera parti, j’installerai mon atelier de couture.

Mitch pouvait encore l’entendre glousser pendant qu’Aaron et lui descendaient les marches de pierre à l’avant du bâtiment. Ils empruntèrent la 77e Rue pour prendre le métro. L’Upper East Side se préparait à l’heure de pointe, le trafic et le bruit enflant déjà. Mitch balança sa veste sur son épaule, profitant de la chaleur du soleil de l’après-midi. Le début du mois de juin était une belle période de l’année à New York et à ce moment précis, la température devait avoisiner les vingt-deux degrés. Parfait en ce qui le concernait.

— Je me souviens de Tony Blasco, fit remarquer Aaron. Un enfant agréable.

— Et pédé comme un phoque, s’esclaffa Mitch en ajustant son sac à dos pour plus de confort. Les sportifs lui ont bien pourri la vie pendant sa deuxième année d’université et il a rejoint le groupe de théâtre.

— Est-ce que tu penses qu’il est gay, simplement parce qu’il a choisi d’être dans les arts ? demanda Aaron en levant les yeux au ciel. Bon sang, parlons d’un gars stéréotypé.

— Non, rit-il, je pense qu’il est gay parce que je l’ai aperçu un week-end à Central Park, pendant sa dernière année. Il était assis sur un banc avec Sammy Williams et ils évitaient tous les deux de se regarder en se tenant la main.

Le souvenir le fit sourire.

— Un jeune amour, n’est-ce pas ?

— Tu penses que sa mère sait qu’il est gay ?

— Ce n’est pas à moi de spéculer, répondit-il en haussant les épaules. Tout ce que je peux faire, c’est espérer qu’elle est un de ces parents qui soutiennent leurs enfants, quelle que soit leur orientation sexuelle. Dieu sait que nous avons beaucoup de l’autre type dans ce pays.

Il rejeta la pulsion familière de rage envers les parents qui pouvaient abandonner leurs enfants simplement parce qu’ils étaient LGBT. Il avait été sacrément chanceux avec sa famille.

— Parle-moi de tes plans pour ce soir.

— Je voudrais t’emmener dans un bar, dit Aaron en descendant dans les entrailles de la Terre avant de traverser le tourniquet conduisant sur le quai du métro. Eh bien, c’est une sorte de club, aussi.

— S’il te plaît, pas encore une autre réunion striptease. C’était très embarrassant la dernière fois.

— Quel était le problème ? demanda Aaron sur un ton indigné.

— Ils étaient censés être des stripteaseurs, hein ? Désolé, mais je ne classe pas l’action de jouer avec l’ourlet de ton tee-shirt sans manche dans la catégorie du striptease, dit-il en se penchant.

Il baissa la voix avant de soupirer.

— Maintenant, il y a des bons clubs de striptease à Atlanta. Tu peux voir l’ensemble du paquet, pas comme dans cette ville puritaine.

— New York puritaine ? toussa l’autre homme. Ben merde, j’ai déjà entendu un certain nombre d’appellations pour la Grosse Pomme, mais certainement pas celle-là. New York est la Mecque des Gays.

Mitch haussa les sourcils.

— Eh bien, ta Mecque des Gays a des idées très strictes sur le sexe.

Leur train entra en gare et ils montèrent rapidement à bord. Aaron trouva deux sièges vides près de la porte et il se laissa tomber sur l’un d’eux. Mitch le rejoignit et posa son sac à dos sur ses genoux.

— Allez, dis-m’en un peu plus sur ce club.

— Il est situé sur la 38e Rue Ouest entre le Huitième et la Neuvième Avenue et il s’appelle le Black Lounge. C’est plus un bar avec restaurant, mais il a trois étages. Le premier étage est plus tranquille avec des canapés en cuir, de la musique douce, tu sais, plus propice pour parler. Et puis il y a le second étage, c’est là où on danse.

— Un restaurant gay ?

Mitch n’aurait pas cru qu’il y avait un tel endroit dans le Garment District, mais il ne mangeait pas très souvent loin de son propre terrain entre la 4e et Perry. Il connaissait la région et elle était fréquentée par une clientèle gay et jeune, l’endroit idéal pour un club.

— Pour être honnête, je ne mange pas souvent au restaurant, expliqua Aaron en haussant les épaules. Je prends juste les escaliers jusqu’au premier ou au deuxième étage. Les deux ont des bars et la musique est pas mal.

— Devons-nous être décontractés, chic, quoi ?

— C’est un endroit chic à coup sûr. Assez classe, répondit Aaron en lui adressant un coup d’œil vif. Alors… tu veux toujours sortir avec moi ce soir ?

Vu son humeur, Mitch aurait accepté n’importe quoi.

— Bien sûr. Je te retrouve là-bas. À quelle heure ?

— Je pensais peut-être vingt et une heures, vingt-deux heures.

Il pouvait faire ça. Il appuya sa tête contre la vitre et il ferma les yeux. Il n’était pas allé dans un club depuis un certain temps. Il avait pris un vrai coup dans les noix quand Jerry était parti. Il avait seulement commencé à sortir quand il s’était fatigué de se masturber.

Il n’avait pas compté que ses propres complexes prennent le pas sur lui.

— Ça va, Mitch ?

Il ouvrit un œil et regarda son collègue.

— Oui, pourquoi me demandes-tu ça ?

— Pourquoi je le demande ? répéta Aaron en le regardant. Vraiment ? Tu as été d’une humeur de chien depuis que… tu sais.

Merde.

— Si mauvaise que ça ?

— Pourquoi crois-tu que je te sorte en ville, ce soir ? renifla Aaron. Je pensais que tu avais vraiment besoin d’une nuit de plaisir. Tu sais, la musique, les gars sexy… on ne sait jamais, tu pourrais avoir de la chance.

Il aurait pu lui dire que cen’était pas sur le point d’arriver, mais il ne voulait pas tout gâcher. Il savait qu’Aaron avait bon cœur. Il considéra son collègue avec affection.

— Merci. J’apprécie. Et je suis désolé d’avoir eu ma tête coincée dans mon cul pendant les deux derniers mois. Je suppose qu’avoir été largué m’a vraiment fichu en l’air.

— Je ne t’ai rien demandé à ce propos, parce que j’ai supposé que tu ne souhaitais pas en parler.

— Eh bien, offre-moi quelques verres ce soir, lui confia Mitch. Et je pourrais me mettre à table.

Non pas qu’il souhaitait en parler, mais Aaron le méritait.

Lorsque le train entra en gare, ils se séparèrent avec la promesse qu’il appellerait s’il changeait d’avis. Il ne croyait pas que ce soit probable. Une nuit d’alcool avec de quoi régaler ses yeux était certainement une amélioration. Il changea de ligne et se dirigea vers la Dixième Rue Ouest. Il avait le temps de manger quelque chose et peut-être même de faire une sieste avant de se doucher et de prendre le train pour la 34e Rue. Ce serait une belle nuit pour marcher sur les quatre pâtés de maisons restants.

Aaron avait raison. Il avait besoin de sortir. Tout pour échapper à la voix lancinante qui lui disait que c’était de sa faute si Jerry l’avait quitté.

 

 

LE BLACK Lounge était vraiment haut de gamme. Mitch jeta un coup d’œil à l’espace bondé et il se sentit minable. Il n’avait jamais vu autant d’hommes bien habillés en un seul endroit. Le bar était une mer d’Hugo Boss, Gucci et Ferragamo. La musique de fond était douce et discrète, et le zinc du bar ressemblait à une longue ligne de cocktails et de verres de vin blanc. Il y avait des petites tables dressées avec deux ou trois chaises et il avait remarqué au moins quatre canapés jusqu’à présent. La pulsation de la dance music provenait du dessus.

— Quand tu disais chic, tu ne plaisantais pas, dit-il doucement en se penchant plus près d’Aaron alors qu’ils patientaient au bar. Je continue à regarder par-dessus mon épaule pour voir si le videur marche sur moi afin de me demander de partir parce que je ne respecte pas leur code vestimentaire.

— Mitch, tu es très bien comme ça. Arrête de t’en faire, caqueta son ami juste un peu trop fort et des têtes se tournèrent vers eux.

Il regarda sa chemise noire, les deux boutons du haut ouverts révélant les poils noirs qui couvraient sa poitrine. Il portait un jean noir qui était resté dans son tiroir pendant des mois, encore avec son étiquette, et il avait ciré ses bottes jusqu’à ce qu’elles brillent. Pas de bijoux à part sa montre lourde, un anneau de pouce en argent et un unique clou diamant dans le lobe de son oreille.

Peut-être qu’une cravate aurait aidé ?

Le barman plaça une bière devant lui et il en avala nerveusement la moitié.

— Je me sens un peu mal habillé, pour être honnête.

— Veux-tu un peu arrêter de stresser ? rit Aaron. Je te le répète : tu es très bien. Alors, termine ceci que je puisse t’en offrir un autre. Peut-être un truc chic, comme un cocktail.

Il fit un clin d’œil et sirota son Manhattan.

— Tu vois ? dit Mitch, en ravalant un gémissement. Même mon choix de boisson ne va pas avec ce lieu.

Il observa les tables et les canapés, son regard passant sur des hommes de toutes formes et tailles. Bon sang, il y avait quelques beaux types, mais aucun d’entre eux n’était mal habillé. Il évalua que le costume d’un de ces hommes devait coûter autant que ce qu’il gagnait en un mois.

Aaron apparaissait complètement détendu comme s’il passait chaque nuit dans ce bar.

En parlant de ça…

— Combien de fois es-tu venu ici ? lui demanda-t-il.

— Oh, je ne suis venu que quelques fois, rougit-il

Il prit une gorgée de son cocktail et regarda au loin comme s’il étudiait son environnement. Mitch continua à le fixer constamment, mais son ami réussit à éviter son regard.

D’accord, ça c’est bizarre.

Il souffla et il reporta son attention sur sa bière, la buvant en observant le décor. Son estimation précédente avait été tout à fait correcte, les hommes dans ce bar étaient magnifiques. Son regard fut attiré en particulier par un grand gars splendide, assis seul et sirotant un cocktail. De temps en temps, l’homme jetait un regard dans sa direction et lui souriait. Mitch essaya avec difficulté de ne pas le regarder, mais, merde, monsieur Grand, Brun et Sexy attirait simplement le regard. Il bougea, attirant l’œil de Mitch sur son entrejambe.

Merde, comment avait-il pu rater ça ?

Il était apparent, même de loin, que l’homme était excité. Le caractère flagrant de son action calculée fut suffisant pour refroidir l’aine de Mitch.

Oh Oh, ne va pas par là.

— Tu as bon goût, murmura Aaron, poussant du coude le bras de son ami. Pourquoi ne vas-tu pas lui dire salut en passant ?

— Parce que ce n’est pas moi, lui rétorqua-t-il dans sa barbe.

Aaron le regarda, sardonique.

— Tu veux bien m’expliquer ça ? Parce que la dernière fois que j’ai regardé, tu étais seul depuis deux mois et il est sacrément magnifique, dit-il en haussant les épaules. Tu ne m’as pas dit que tu ne t’étais pas envoyé en l’air depuis ces deux mois ?

— Écoute, tu es parfaitement heureux d’aller sur Grindr ou Scruff ou autre chose, et aller avec des gars en fonction de leur apparence ou de ce qu’ils disent sur leur profil, mais pas moi, d’accord ? lui dit-il en faisant de son mieux pour respirer calmement.

Il savait tout sur la vie sexuelle d’Aaron. Son collègue n’était pas timide ni en retrait, et quand il avait de la chance, Mitch avait le droit à tous les détails sordides, qu’il le veuille ou non.

Aaron leva les yeux au ciel.

— Bon sang, encore Grindr ? C’est entre adultes consentants, d’accord ?

Mitch but la moitié de son verre avant de se tourner à nouveau vers son ami.

— Je l’ai aussi utilisé, d’accord ? J’ai eu deux super connexions, il y a environ un mois, mais honnêtement, je ne suis pas fait pour le truc d’un soir. Je ne suis pas heureux d’aller chez un gars inconnu, ou qu’il vienne chez moi.

— On dirait que tu as des problèmes, souligna Aaron.

— Tu as raison, j’ai des problèmes !

C’était sorti plus fort qu’il n’en avait l’intention. Ses joues brûlèrent quand il vit des regards se tourner vers lui, mais Aaron ne dit rien.

— J’aime les situations où je sens que j’ai le contrôle, expliqua-t-il après avoir pris une profonde et apaisante inspiration. Les coups d’un soir, tu les appelles comme tu voudras, offrent de trop nombreuses inconnues à mon goût, surtout de nos jours.

— Comment ça ?

— Eh bien, il y a la maladie, pour commencer. Tu ne sais pas quoi que ce soit sur le gars que tu baises ou qui te baise. Puis il y des vrais fous là-bas. En grande partie, je suppose que j’ai peur de ce manque de contrôle.

Puis il vida le reste de sa bière. Il croisa le regard d’Aaron.

— Je n’arrive pas à croire que je te dise tout ça, continua-t-il, mais… j’ai pensé à m’aider d’un site comme Rentmen.com.

Il avait fait plus qu’y penser, mais Aaron n’avait pas besoin de le savoir.

Celui-ci fronça les sourcils.

— Pourquoi eux et pas Grindr ?

— Il semble légitime. Apparemment, tous les gars sont sélectionnés.

Son ami l’observa en silence et puis il posa son cocktail et rapprocha son tabouret.

— D’accord, si tu crois que Rentmen a une bonne réputation, tu as tout faux. Tout le monde peut faire de la publicité sur ce site. Tu ne sais pas toujours ce que tu vas obtenir. L’entreprise fournit juste le site, dit-il, puis il inclina la tête. Et si… ?

Il saisit son Manhattan et but une gorgée, son visage se tordant pendant qu’il avalait. Pour une raison inexplicable, Mitch eut la chair de poule. Il observa Aaron. Celui-ci étudia attentivement son visage et Mitch se demanda ce qui pouvait bien se passer.

Quand il ne put plus supporter le silence, il fit un signe brusque.

— Tout ça me rend fou. Crache le morceau, Aaron, quoi que ce soit.

— Corrige-moi si je me trompe, commença Aaron, s’expliquant lentement. Tu veux baiser, mais tu n’es pas heureux d’amener chez toi un quelconque étranger dont tu ne sais rien. Tu es encore moins ravi d’aller chez lui.

— Cela ne semble simplement pas trop… sûr, admit-il.

Il savait que c’était un complexe, mais il s’avérait difficile de le surmonter. À ce tarif-là, je ne baiserai plus jamais. L’alternative, c’était les rendez-vous normaux, la voie lente et régulière, mais bon sang, il y avait des moments où tout ce dont il avait vraiment besoin, c’était une bonne baise.

— Et si je te parlais d’un club que j’ai rejoint récemment, dit Aaron sans jamais quitter son visage des yeux.

La chair de poule était de retour et elle était de première catégorie.

— Quel genre de club ?

Mitch savait qu’il semblait prudent, mais il ne pouvait pas s’en empêcher.

— Un club secret, dit Aaron en se penchant, sa voix à peine audible. Un club secret qui fournit tout type de gars que tu pourrais imaginer. Les hommes sont examinés. Tu peux passer du temps avec eux dans un environnement contrôlé et sécurisé. Est-ce que cela t’intéresserait ?

— Merde, Aaron, on dirait que tu décris un bordel, ricana-t-il.

— Chut, pas si fort, le réprimanda ce dernier, les yeux écarquillés.

Il regarda ensuite autour d’eux, se mordant la lèvre.

Merde.

— Oh, bon sang, c’est ça, dit Mitch, bouche bée. Tu parles d’un foutu bordel.

— Je parle d’un club où tu peux entrer si tu es membre ou si tu es l’invité d’un membre, l’informa-t-il en se redressant. Et ils vérifient tes antécédents avant de t’accepter comme membre. Ils ne font pas de publicité, c’est juste du bouche-à-oreille. Ils fournissent tout ce que le client désire, et je dis bien tout. Tu payes à l’heure et tu peux regarder avant d’acheter, si tu vois ce que je veux dire. Les gars sont pris en charge, testés, vérifiés, tout ce que tu veux. Lorsque tu deviens membre, tu dois signer un contrat stipulant que tu ne dois pas divulguer de détails sur le club à personne.

— N’est-ce pas ce que tu es en train de faire avec moi ? questionna Mitch en haussant les sourcils.

— Toi, je te fais confiance. Et si je t’invite, tu devras signer le même contrat, d’accord ?

— Tu es sérieux, n’est-ce pas ? demanda-t-il en inspirant profondément.

Aaron hocha la tête.

— Pourquoi ne m’accompagnerais-tu pas pour voir ce que tu en penses ? Et si quelqu’un attire ton attention, il est à toi pour quelques heures, sur mon compte, l’exhorta-t-il, puis il leva les mains. Pas de pression, Mitch. Si cela ne te plaît pas, alors nous partons. Je n’en parlerai plus.

Un léger sourire tordit ses lèvres.

— Mais si tu aperçois quelqu’un qui actionne tous les bons boutons…

— On dirait un cadeau terriblement cher, Aaron.

Il connaissait le tarif que les gars de Rentmen facturaient à l’heure et ce que son ami décrivait ne semblait pas beaucoup moins cher.

— Pourquoi voudrais-tu faire cela pour moi ?

— Écoute, renifla Aaron. Nous avons beau bien nous entendre, je n’en suis pas au point de dépenser le peu d’argent que j’ai pour que tu t’envoies en l’air. Dis-toi plutôt que ce sont des points de bonus que j’ai accumulés. Je n’ai pas la moindre idée de ce qui est arrivé avec Jerry, mais il est évident que tu as traversé un merdier. Tu en as besoin.

Il se redressa sur son siège et vida son verre.

Mitch réfléchit rapidement. Regarder ne ferait pas de mal. Il pourrait voir ce qu’était ce club et prendre une décision basée sur son intuition. Et bien sûr, il y avait toujours la possibilité de s’envoyer en l’air. Dieu sait qu’il en avait assez de baiser son poing.

— D’accord, faisons-le, dit-il rapidement. Où est cet endroit ? demanda-t-il en attrapant sa veste sur le tabouret à côté de lui avant de se lever.

Aaron leva simplement son regard vers le plafond avant de le regarder dans les yeux.

Il est en haut ?

II

 

 

— TU PLAISANTES.

Mitch s’étonna du culot de celui qui avait créé le club. Ce n’était certainement pas le premier endroit auquel il aurait pensé s’il avait dû se pencher sur la localisation d’un bordel. Pas étonnant que les propriétaires souhaitent que cela reste un secret.

Aaron secoua la tête.

— Jusqu’à présent, personne ne soupçonne son existence au niveau de la rue et ils aimeraient que cela continue ainsi.

Il les fit sortir du bar et ils retournèrent à l’escalier qu’ils avaient emprunté pour arriver. Au deuxième étage, la piste de danse était occupée par des corps mâles à diverses étapes de déshabillage, le plus petit vêtement restant étant un short étriqué. Aaron les contourna et se dirigea vers l’arrière du club où un homme au cou épais entièrement vêtu de noir, le type même du gorille, se tenait assis sur un tabouret, observant ostensiblement les cabrioles sur la piste de danse. Derrière lui, on pouvait voir un couloir étroit aux murs noirs. Il reporta son regard sur eux au moment où ils s’approchèrent. Il hocha la tête, saluant Aaron.

— Monsieur Weldon.

Il considéra Mitch, ses yeux noirs sans aucune trace d’émotion, avant de se retourner vers Aaron.

— Vous avez votre carte de membre ?

Celui-ci acquiesça.

— Voici mon invité, déclara-t-il ensuite, sa main dans le dos de Mitch. Je peux répondre de lui.

— J’en suis heureux, mais je dois toujours voir sa carte d’identité avant qu’il puisse accéder au club observa-t-il sèchement avec un regard déconcertant.

Mitch comprit l’allusion et il lui remit son permis de conduire. Le videur l’examina attentivement avant de le lui rendre.

— Des remplira les formulaires là-bas, indiqua-t-il d’un signe de la tête. Vous pouvez passer.

— Oh, je ne suis venu ici que quelques fois, imita-t-il en suivant son ami dans le couloir sombre. Oui, c’est clair. Depuis quand le videur d’un club sexuel connaît-il ton nom ? Cela me gêne de te dire ça, mais tu t’es vraiment grillé.

Aaron marmonna dans sa barbe sur le fait que c’était la dernière fois qu’il lui faisait une faveur, mais il se tut quand ils atteignirent une porte avec un autre videur appuyé contre le mur. Le garde à la silhouette lourde se redressa en les apercevant et il examina la carte qu’Aaron leva.

— Pièce d’identité, dit-il brusquement après avoir dévisagé Mitch.

Mitch attendit pendant que le garde lisait son permis de conduire. Puis l’homme tendit la main pour attraper un support à papiers avec stylo accroché au mur.

— Vous devez signer ceci avant que je puisse vous laisser entrer. Vous pourrez récupérer votre pièce d’identité à la sortie.

Mitch hocha la tête. Sur le support que lui tendait l’homme, il y avait un accord de confidentialité qui expliquait qu’il devait accepter les règles. Il le lut et il signa le formulaire. De toute évidence, la sécurité était primordiale. Il rendit le papier et attendit que le garde le vérifie.

— Très bien, monsieur Jenkins. Vous comprenez les règles ?

— Je ne dois pas révéler l’existence du club à qui que ce soit, confirma celui-ci.

Le gorille hocha la tête.

— Cela inclut son emplacement et quoi que ce soit ou qui que ce soit que vous puissiez voir pendant que vous serez à l’étage. Nos membres apprécient que leur vie demeure privée, comme vous pouvez l’imaginer. Pas de photos, pas d’enregistrement. Nous nous réservons le droit d’examiner votre téléphone avant votre départ.

— C’est entendu.

— Ceci est un accès pour ce soir, dit-il en lui tendant une carte avec Mitch Jenkins écrit dessus. Ça indique que vous avez été mis au courant des règles et que vous avez signé l’accord. Une fois que vous serez à l’intérieur, quelqu’un vous fera visiter les lieux. Si vous souhaitez revenir, vous devrez adhérer. Les options vous seront proposées à ce moment-là. Vous comprenez que si vous rompez cet accord, le club engagera une action en justice contre vous, lui expliqua-t-il en le regardant sans ciller.

— Qu’est-ce que fera exactement le club si… ? commença-t-il, ayant effectivement réfléchi à cela.

— Ne demande pas, le coupa Aaron. Sérieusement. Ne joue pas à l’idiot.

Les yeux du garde flashèrent et sa mâchoire se tendit. Mitch le remercia poliment et l’homme frappa à la porte qui s’ouvrit pour eux. Il suivit son ami dans un long couloir en direction d’un autre homme de sécurité. Celui-ci se tenait devant un escalier.

— Je comprends ce que tu voulais dire en parlant d’un environnement sécurisé, murmura-t-il alors qu’ils marchaient dans le couloir. Il est probablement plus facile d’entrer à Fort Knox.

— Mais c’est une bonne chose, n’est-ce pas ? lui retourna Aaron en lui jetant un coup d’œil de côté. Ces gars-là ne veulent pas que quelqu’un arrive ici par hasard. Si un des danseurs vient et essaie de voir ce qui se passe par là, il y a peu de chances qu’il puisse passer trois gardiens de sécurité.

Il marquait un point.

— Aaron, réfléchis un peu, dit-il très doucement. C’est un club secret, bon sang. Ils ne pourraient pas me poursuivre sans attirer l’attention sur eux, ce qu’ils ne veulent pas. Donc, si je romps les règles, ils ne pourront rien faire.

Aaron s’arrêta net avant qu’ils aient atteint l’escalier.

— Écoute, j’ai signé le même formulaire que toi, d’accord ? C’est juste un moyen technique d’intimidation de base, hein ? Fais-moi confiance sur ce point. Ne joue pas avec ces gars-là, dit-il en le fixant d’un regard dur.

— D’accord, d’accord, dit Mitch, cédant pour le moment et essayant d’amadouer son ami. Je me conduirai bien, c’est bon ?

— Tu ferais mieux, murmura Aaron.

Ils montèrent l’escalier et ils arrivèrent en haut devant une porte d’un noir uni. Aaron frappa et attendit.

L’homme qui leur ouvrit était élégamment vêtu d’un costume. Il sourit à Aaron et fit un pas de côté pour les laisser entrer.

— Bonsoir, messieurs.

Mitch prit un moment pour observer son environnement. Ils se trouvaient dans une zone de réception. Elle était uniquement meublée d’un petit bureau avec un écran et un clavier, et trois fauteuils en cuir épais devant lui. Une musique de piano flottait dans l’air. Les murs étaient simplement recouverts d’une profonde couleur rouge coordonnée à la moquette épaisse et à la porte entièrement peinte à gauche du bureau. Cela donnait une première impression de classe.

Le gars en costume prit leurs cartes et il se dirigea vers le bureau. Il tapa sur le clavier en scrutant l’écran, puis il leva la tête pour fixer Mitch.

— Êtes-vous ici pour vous renseigner ? demanda-t-il, son sourire toujours en place.

Mitch ouvrit la bouche pour parler, mais Aaron le fit en premier.

— Je l’ai amené pour qu’il jette un coup d’œil au club, Seb, dit-il en se léchant les lèvres. Et s’il souhaite passer un peu de temps ici, il peut le faire sur mon compte, n’est-ce pas ?

Il regarda Seb qui approuva.

— Je ne resterai pas ce soir, continua-t-il en se frottant la nuque. Mais je vais attendre de savoir ce que mon ami décide de faire.

Mitch n’avait jamais vu Aaron agir aussi nerveusement et il n’aimait pas ça. Merde, que se passait-il pour qu’il soit si nerveux ?

— Si vous devenez membre, vous devrez subir notre examen de santé, bien sûr avant d’aller plus loin, dit Seb en regardant son écran. Avez-vous des problèmes de santé en ce moment que nous devrions connaître ?

C’était encore une nouveauté et il pouvait comprendre pourquoi ils étaient inquiets pour la santé de leurs membres.

— J’ai récemment passé mon examen médical bisannuel chez mon médecin, répondit-il à Seb. Je me fais aussi tester tous les six mois et mon dernier test date de deux mois. Je suis négatif, aucune MST. Si j’avais su que je venais ici, je vous aurais apporté mon dossier, ajouta-t-il d’un air ironique en haussant les sourcils.

— Je comprends, répondit Seb tranquillement. Nous aurons besoin de le voir cependant. Une formalité, bien sûr, mais nous devons nous couvrir, vous comprenez. Que pouvez-vous nous laisser comme garantie que vous reviendrez avec les papiers nécessaires dans les deux jours au maximum ? Une carte bancaire ? Votre permis de conduire ?

Il lui adressa un sourire aux lèvres minces. Merde, il était sérieux.

— Un de vos collaborateurs a déjà mon permis de conduire, déclara lentement Mitch. Est-ce ça ira ?

Je suppose qu’ils couvrent seulement leurs propres fesses, mais bon sang…

— Excellent, rayonna Seb. Maintenant, pour ce soir, si vous choisissez de retenir les services d’un de nos collaborateurs, sans preuve de votre état de santé, voici les actes qui sont permis.

Il remit une feuille de papier et Mitch regarda le contenu. C’était une très courte liste : baisers, sexe oral avec préservatif, anulingus avec digue dentaire, sexe anal avec…

— Le club a adopté une politique de sexe sécurité très stricte, aussi vous devrez vous conformer à ces activités jusqu’à ce que nous ayons vos documents.

— Et quand vous avez cela, y a-t-il une liste différente ?

Seb hocha la tête.

— Et qu’y a-t-il sur cette liste ? voulut savoir Mitch.

— Tout, dit-il simplement en croisant son regard.

Merde.

L’homme sortit de derrière son bureau et il se dirigea vers la porte rouge. Il l’ouvrit et se tourna vers eux, sans que son sourire ne bouge d’un iota.

— Bienvenu dans le club privé du Black Lounge, monsieur Jenkins.

Mitch n’avait aucune idée de ce à quoi il devait s’attendre, il prit donc une profonde inspiration et il suivit Aaron dans l’inconnu.

La porte se referma derrière eux et il se retrouva dans un salon spacieux meublé de divans bas en cuir rouge, tous avec des assises profondes. Certains de ces canapés étaient occupés, mais il essaya de ne pas regarder les clients qui étaient occupés à parler tranquillement, à embrasser et caresser leurs « compagnons » pour la soirée. La vue d’un gars énorme comme un ours installé sur un canapé avec un minet nu sur ses genoux était particulièrement fascinante. Le jeune homme caressait la barbe de l’ours et sa poitrine nue poilue et les deux hommes souriaient, apparemment très contents.

Mitch se pencha sur son ami et baissa la voix.

— Aaron, comment vont-ils savoir si je fais quelque chose qui n’est pas sur la liste ? Je veux dire comment sauront-ils que je n’utilise pas les doigtiers qu’ils fournissent. Non pas que je pense à ne pas les utiliser, tu comprends, se hâta-t-il d’ajouter.

— Oh, ils sauront, rétorqua Aaron en lui lançant un regard sombre. Il y a des caméras partout, dont certaines que tu ne serais même pas capable de repérer.

Il lui fallut un bon moment pour réaliser que son ami ne plaisantait pas. Il observa la salle en essayant d’éviter de poser son regard sur les canapés. Il n’y avait pas de fenêtres extérieures, juste des lourds et longs rideaux noirs. Des lampes étaient posées sur des tables basses, dégageant une lueur chaude. Mitch trouva troublant de ne pas apercevoir une seule caméra. Soit elles n’existaient pas, soit elles étaient bien cachées.

Il vit une autre porte rouge entrouverte à une extrémité du salon, et à travers elle, il entendit les sons sans équivoque, quoiqu’assourdis, de baise. Mais une grande baie vitrée, prenant la totalité du mur à l’exception d’une porte sur son côté, dominait l’autre extrémité de la pièce.

Aaron le conduisit vers cette baie et il pointa un doigt vers celle-ci.

— Fais ton choix.

Mitch regarda à travers le verre une autre pièce de peut-être six mètres de largeur et tout aussi profonde. Elle était remplie d’hommes. Des grands, petits, minces, musclés, certains nus, d’autres habillés, caucasiens, noirs, Asiatiques, un club pour tous les goûts. La pièce ressemblait à un somptueux appartement studio. Un lit King size était installé contre un mur et deux gars se roulaient dans les draps, jetant de temps en temps un regard vers la baie vitrée. Les jeunes hommes posaient directement devant celle-ci avec des regards provocateurs. Un autre était assis dans un grand fauteuil, nu, les jambes écartées sur les accoudoirs tandis qu’il caressait son sexe en érection, son regard posé sur la vitre.

Pour lui, cela ressemblait à une salle pleine de paons, se lissant et se pomponnant, tout en essayant d’attirer l’attention. Des paons dans une jolie cage.

— Ils ne peuvent pas nous voir, chuchota Aaron à côté de lui.

— Cela ne semble pas les empêcher de défiler, renifla Mitch.

— J’aurais pensé que ça faisait partie de leur tâche, tu sais, rit-il en le poussant. Se vendre à qui est ici à regarder. Ils ont tous l’air bien, hein ?

Il ne pouvait pas nier cela. Il y avait une quinzaine de gars dans la pièce, voire plus, et tous ceux qu’il pouvait voir paraissaient en bonne santé et heureux. Bien sûr un sourire pouvait être forcé, mais aucun d’eux ne semblait pas disposé à être là.

Alors, pourquoi aucun d’eux ne m’attire ?

— Alors ? dit Aaron en le poussant à nouveau. Lequel t’interpelle ? Tu dois l’admettre, il y a quelques beaux hommes là-dedans.

Il hocha la tête en souriant en direction d’un jeune homme, debout près de la baie. Il caressait le bas de sa poitrine et ses abdominaux bien définis, là où un sexe épais pointait sur ceux-ci. À cet instant, le jeune gars se retourna et il se pencha. Les joues de ses fesses s’écartèrent révélant une intimité luisante rose, bien lubrifiée. Il agita son cul, sa verge raide branlante.

— Sensationnel. Il est impatient, sourit Aaron.

Ce n’était pas le mot que Mitch avait à l’esprit. Il préférait allumeur et ça ne l’excitait pas. Aucun d’eux ne l’excitait.

— Ceci est une erreur, dit-il calmement. Merci de m’avoir amené ici, mais honnêtement, ce n’est pas pour moi. Et il n’y a pas un seul gars qui m’attire.

Son regard balaya la pièce, passant sur les visages souriants, boudeurs et…

Il se figea.

— Lui.

Comment avait-il pu le rater ?

— Lequel ? demanda son ami en suivant la direction de son regard. Lequel ?

Au fond de la pièce, il y avait une petite table et deux fauteuils face à face. Un jeune homme avec de longs cheveux noirs attachés en une seule tresse dans son dos était assis dans l’un deux. Il avait l’apparence d’un japonais, avec des petites lunettes rondes perchées sur son nez. Physiquement, il était mince, pas très grand, de ce qu’il pouvait voir. Contrairement aux autres, il portait un jean et une chemise blanche.

Il était en train de lire, ses jambes repliées sous lui, perdu dans son propre monde, et c’était ce qui avait attiré l’attention de Mitch.

— Mitch ? questionna Aaron en pinçant son bras.

— Hé ! grogna celui-ci en frottant l’endroit près de son coude. Pourquoi as-tu fait ça ?

— Tu planais complètement, répondit-il en levant ses sourcils. Bien ? Je répète, lequel ?

— Celui avec le livre.

Il y avait quelque chose de si délicieusement incongru chez lui que cela l’intriguait.

— Vraiment ?

Il se força à détourner les yeux pour opposer un regard ferme à son ami.

— Tu m’as dit de faire mon choix, alors je le choisis.

Il ne pouvait pas expliquer la façon dont son corps réagissait au jeune homme. Son cœur martelait et sa bouche était sèche.

— C’est Nikko. Il est nouveau ici.

Mitch se tourna vers celui qui venait de parler. Un homme aux cheveux bruns vêtu d’un costume noir et chemise assortie lui souriait.

— Mon nom est Randy. Je suis ici pour vous donner toutes les informations dont vous avez besoin. Nikko nous a rejoints récemment, expliqua-t-il en le désignant de la tête. Voulez-vous le rencontrer et, si oui, pour combien de temps ?

Son cœur encore galopant, Mitch regarda le jeune homme qui était inconscient de son entourage.

— Une heure ?

— Et c’est mon signal pour partir, rit Aaron à côté de lui en tapotant le bras de son ami. Profite, avec ma bénédiction. Tu me raconteras ça lundi.

— Merci, lui dit-il en lui adressant un sourire chaleureux. Et quant à lundi ? Oh, oh, je ne dirai rien, dit-il, son sourire se transformant en grimace.

— Rabat-joie, s’exclama son ami en reniflant. Et tu n’as pas à me remercier, je te l’ai déjà dit. Salut.

Il lui sourit, se dirigea vers la porte et lui adressa un dernier signe de la main avant de disparaître.

Mitch reporta son attention sur Randy qui le regardait avec un soupçon d’amusement.

— Je suis désolé, je suis nouveau à tout cela, expliqua-t-il en se raclant la gorge.

— Alors Nikko et vous avez quelque chose en commun, dit son interlocuteur, son sourire s’élargissant. Avez-vous votre carte ?

Mitch la tendit et Randy la scruta.

— D’accord, c’est bon. Si vous voulez bien m’accompagner, s’il vous plaît ?

Il guida Mitch et ils passèrent la porte au fond du salon. Ils se retrouvèrent dans un long couloir avec des portes de chaque côté. Randy l’escorta jusqu’à la porte numéro sept et il l’ouvrit. La pièce était petite, mais ce qui lui manquait en taille était compensé par l’ameublement. Dans le coin on trouvait un paravent peint de motifs chinois et un lavabo avec une serviette épaisse suspendue sur une barre à côté. La majeure partie de l’espace était occupé par un lit paré de draps blancs, un édredon gris doux, des oreillers et des coussins. Un grand fauteuil profond avec des coussins faisait face au lit. Il n’y avait pas de fenêtres. Un grand miroir faisait office de tête de lit et à côté de lui se trouvait un petit meuble à deux tiroirs.

— Vous trouverez des préservatifs et des paquets de lubrifiant dans le petit meuble, déclara Randy. Vous êtes au courant de la politique du club sur les rapports protégés.

Mitch hocha la tête. Il n’avait aucun problème avec cela. Il n’avait jamais eu de relations sexuelles sans préservatif de sa vie.

— Il y a aussi des jouets, si vous en avez besoin. Si vous souhaitez quelque chose de particulier, il suffit de demander. Nous pouvons répondre aux clients qui sont dans le SM, mais ils prévoient en général leurs besoins à l’avance. Seriez-vous intéressé par cela ce soir ?

Il était sûr que son visage était rouge vif.

— Euh, pas pour moi, je vous remercie.

— Alors je me retire et je vous envoie Nikko, dit-il en lui adressant un signe de tête poli, puis il sortit de la pièce.

Mitch enleva sa veste tout en observant les lieux. Il la posa sur le fauteuil et il examina les photos sur le mur. La chambre n’était vraiment pas comme il l’avait imaginée. Il avait eu quelque chose de beaucoup plus austère à l’esprit. Il jeta un coup d’œil derrière le paravent pour voir des toilettes cachées avec goût de la vue.

Ils pensent vraiment à tout.

Il scruta les murs et les recoins pour trouver tout signe d’une caméra. Rien. Mais rien que pour l’aspect sécuritaire, il savait qu’il devait y en avoir une quelque part.

Merde, ils sont bons.

Il revint vers le lit et il sauta dessus pour tester son élasticité.

— Allons-nous l’utiliser comme un trampoline ? demanda une voix douce.

Il tourna vivement la tête vers la porte qui se refermait doucement. Nikko se tenait là, ses mains croisées devant lui, ses yeux bruns foncés concentrés sur lui, sa tresse invisible et son expression impassible.

— Peut-être pas, toussa-t-il en se levant.

Il fit quelques pas vers le jeune homme, la main tendue, son ventre se crispant. Intérieurement, il maudit son incertitude. Ce n’était pas comme s’il n’avait jamais rencontré des gars, mais après deux ans d’une relation suivie, il n’avait vraiment plus l’habitude. Et c’était certainement une nouvelle expérience.

Nikko prit sa main presque timidement et la serra, ses doigts froids au toucher.

— Je suis Nikko.

La poignée de main terminée, il recroisa ses mains et recula pour se maintenir à distance de Mitch. Ce qui fit reculer celui-ci aussi.

— Est-ce votre vrai nom ou tout simplement celui que vous utilisez ici ? voulut-il savoir.

Lorsque Nikko haussa les sourcils, Mitch sentit qu’une chaleur envahissait sa poitrine et son cou.

— Je suis désolé. C’est ma première fois dans un… dans un de ces endroits.

Nikko resta immobile pendant un instant, la tension évidente dans sa position. Quand il sourit, cela n’atteignit pas ses yeux.

— Alors nous avons quelque chose en commun. Et pour répondre à votre question, Nikko est mon vrai nom. Puis-je connaître le vôtre ?

Ses yeux étaient captivants, d’un riche brun foncé, encadrés de longs cils noir de suie, dans un visage pâle, lisse.

— Je suis Mitch.

Il avait sur le bout de la langue de dire enchanté de te rencontrer, mais les mots semblaient mal choisis étant donné les circonstances.

Je ne pense pas qu’il existe des règles d’étiquette pour saluer un prostitué dans un bordel.

Non pas que Nikko puisse s’apparenter aux idées préconçues qu’il avait sur à quoi une pute ressemblait. Le jeune homme était beau, peut-être un mètre soixante-cinq, soixante-dix maximum. Il semblait tout petit à côté de son mètre quatre-vingt. Ses doigts croisés étaient minces, ses mains délicates. Il lui rappelait une des figurines éthérées de sa mère dans son vaisselier chinois, chez eux. Ils partageaient la même fragilité.

— Est-ce que vous vous sentez mal à l’aise aussi ? demanda le jeune prostitué en mordant sa lèvre inférieure et rougissant. Vous êtes mon premier… client.

Ses paroles remuèrent quelque chose dans la poitrine de Mitch, un désir absurde de prendre Nikko dans ses bras pour le protéger. Cet élan le prit par surprise. Peut-être était-ce sa silhouette légère, sa fragilité qui appelait ce besoin. Quoi qu’il en soit, une pointe de chaleur se diffusa à travers son corps.

— Viens ici, dit-il en faisant un signe à Nikko.

Celui-ci se dirigea lentement vers lui, le regard fixé sur son visage. Il s’arrêta à un mètre en face de lui et il leva le menton, sans tout à fait soutenir le regard de Mitch. Les mouvements rapides de la poitrine du jeune homme, son souffle haletant, trahissaient la nervosité qu’il cachait.

Mitch tendit le bras pour prendre le visage de Nikko dans sa paume, sa grande main exagérant la taille du petit jeune homme.

— Quel âge as-tu ? demanda-t-il doucement pensant qu’il devait avoir à peine l’âge légal.

— J’ai… j’ai vingt-deux ans, déclara celui-ci d’une voix basse et presque cassée. Je sais de quoi j’ai l’air, Mitch, mais je suis assez vieux pour travailler ici. C’est peut-être ma première fois avec un client, mais je ne suis pas puceau.

— Je n’ai jamais pensé, même une seconde, qu’un puceau travaillerait ici, admit Mitch avant de pencher la tête. Tu peux venir plus près, tu sais. Je ne vais pas te faire de mal.

— Je suis désolé. C’est simplement que je ne m’attendais à ce qu’un client soit comme vous êtes, dit le jeune prostitué en déglutissant et en clignant des yeux.

— Comment pensais-tu que je serais ? demanda Mitch en avançant d’un pas et en gardant une voix basse et apaisante.

Nikko lui rappelait un poulain avec lequel il avait passé du temps quand il était enfant dans la ferme de son oncle. Le jeune homme lui donnait l’impression d’être sur le point de s’enfuir à chaque seconde.

— Je ne pensais pas être traité avec tant de… respect, dit-il après avoir pris une profonde inspiration.

Maintenant Mitch le voulait.

— Viens plus près, dit-il câlin.

Lorsque Nikko hésita, Mitch lui sourit chaleureusement.

— Nikko, je te l’ai dit. Je ne te blesserai pas. Je ne suis pas comme ça.

— Je vous crois, dit le jeune homme après l’avoir regardé en silence.

Il respira lentement et il franchit le dernier pas pour se retrouver près de lui.

Mitch ne put résister. Il baissa la tête et prit la bouche de Nikko dans un doux baiser. Celui-ci resta un peu plus longtemps immobile avant de mettre ses bras minces autour de ceux de son client et de répondre, ouvrant ses lèvres.

Lorsque Mitch rompit le baiser, le jeune homme le regarda avec des yeux brillants.

— Je te remercie.

— Pour quoi ?

— Pour être doux, répondit-il en souriant véritablement cette fois, sa respiration un peu haletante. Tu… tu rends cela plus facile que ce que j’avais imaginé, Mitch.

Sa première réaction fut une vague de plaisir, jusqu’à ce qu’une pensée le harcèle. Il fit une pause, ses mains sur les épaules de Nikko.

— Es-tu ici parce que tu le veux ?

Quelque chose au sujet du choix des mots de Nikko le gênait.

— J’ai choisi d’être ici, dit Nikko en le regardant. N’aie aucun doute là-dessus.

Il n’y avait aucune trace de déception dans sa voix ou son expression. Il tendit ses deux mains et il prit le visage de Mitch en coupe.

— Tu m’embrasses encore une fois ? demanda-t-il, sa pomme d’Adam tressautant.

— Demandes-tu ça parce que tu veux être embrassé ou parce que tu sens ce que c’est ce que tu dois demander ?

— Tu es… perceptif, dit le jeune prostitué en baissant les mains, les yeux écarquillés

— Je me sers de mes yeux, c’est tout, répondit-il en haussant les épaules. Si tu préfères, nous pouvons nous asseoir sur le lit pendant un certain temps et discuter, peut-être. Ça va, ça ne me dérange pas.

Il attendit que Nikko fasse le mouvement suivant. Le jeune homme était assez ombrageux sans qu’il empire les choses.

— Alors je voudrais que tu m’embrasses parce que… dit-il, sa respiration devenant encore plus haletante.

Il caressa la joue de Mitch, un contact léger et pour la première fois, il le regarda vraiment dans les yeux.

— … parce que je te désire aussi, conclut-il.

— Voilà qui est mieux, sourit Mitch.

Il caressa la joue de Nikko, frottant ses doigts sur ses pommettes.

— Parce que je veux t’embrasser.

Le jeune homme ferma les yeux, ses lèvres entrouvertes, en attente.

Merde, il est beau.

III

 

 

IL FUT surpris de voir que ses doigts tremblaient quand il prit le visage de Nikko entre ses mains. Bon sang, calme-toi. Il agissait comme un adolescent. Merde, qu’est-ce qui pouvait le rendre si nerveux ?

Il grogna presque à cette pensée. Comme si avoir des relations sexuelles avec un prostitué était un événement quotidien…

— Est-ce bien de ma part de te dire que je suis aussi nerveux ? murmura Nikko en ouvrant les yeux.

Mitch calma ses mains tremblantes et il regarda le visage levé du jeune prostitué.

— Le son de ta respiration me le dit tout aussi bien, sourit-il.

Il fixa avec appréhension la bouche de Nikko, ses lèvres roses, brillantes là où il les avait léchées.

Rien n’était comme il l’avait prévu. Il rejeta cette dernière pensée, Nikko ne ressemblait en rien à ce qu’il s’était attendu. Il était déstabilisé et il n’aimait pas ça. C’était un tout nouveau territoire pour lui et il était incertain de ce qu’il fallait faire.

— Je me suis senti bien quand tu m’as embrassé, déclara le jeune homme en mordant sa lèvre inférieure pleine.

Cela suffit pour qu’il recommence, non pas qu’il ait besoin d’une excuse. Il aimait embrasser. Il baissa la tête et il prit la bouche de l’autre homme, aimant la façon dont il l’ouvrait pour lui. Il approfondit le baiser, sa verge se raidissant dans son jean quand Nikko se serra contre lui et gémit. Des frissons traversaient le corps du jeune prostitué et Mitch glissa ses bras autour de lui, l’attirant plus près. Celui-ci boucla ses bras autour de son cou.

— Mitch, murmura-t-il. Je… Je te sens.