Écologie et Santé Humaine - Gracias Martial Samba - E-Book

Écologie et Santé Humaine E-Book

Gracias Martial Samba

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Beschreibung

Il est regrettable que l’Afrique sub-saharienne ignore la corrélation entre écologie et santé ou simplement l’exigence écologique comme une dimension intrinsèque de la vie et de la santé. En d’autres termes, l’homme africain n’a pas encore renforcé son imaginaire écologique, alors qu’il peut, individuellement et collectivement, faire l’expérience du lien entre sa santé et son milieu, donc entre sa santé et ses actions sur son milieu de vie. En tout cas, contre toute forme de fatalisme, l’Abbé Gracias Martial Samba propose un nouveau paradigme propice à une éducation verte, une politique verte, une économie verte, une pastorale verte et une médiatisation verte.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1985 à Linzolo, l’abbé Gracias Martial Samba est prêtre de l’Archidiocèse de Brazzaville, République du Congo. Après un Master en Théologie morale de l’Université Catholique du Congo (R.D.C), l’abbé Gracias est ordonné diacre en 2017, puis prêtre en 2018. Actuellement, il est vicaire à la paroisse Saint Paul de MADIBOU, à Brazzaville.

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Gracias Martial Samba

Écologie et Santé Humaine

Plaidoyer pour un mode de vie

éco-responsable

Essai

© Lys Bleu Éditions – Gracias Martial Samba

ISBN : 979-10-377-0738-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Épigraphe

« Si une saine attention à la sauvegarde de la création est nécessaire, pour la pureté de l’air, de l’eau, et de la nourriture, combien plus devons-nous garder la pureté de ce que nous avons de plus précieux : nos cœurs et nos relations. Cette écologie humaine nous aidera à respirer l’air pur qui vient des belles choses, de l’amour vrai, de la sainteté ».

Pape François

Remerciements

Mes remerciements on ne peut plus inexprimables vont à l’adresse de tous ceux et celles qui m’ont aidé à l’élaboration de cette œuvre.

Bénis soient-ils !

Sigles et abréviations

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

21 COP : 21ème Conférence des Parties

CO2 : Carbone

J.-C. : Jésus-Christ

UNESCO : United Nations Educational Scientific and Cultural Organization

Rm : Romains

RDC : République Démocratique du Congo

Ppm : Parties par million

CNS : Conférence Nationale Souveraine

ONU : Organisation des Nations Unies

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

Lett. ency. : Lettre encyclique

Lett. apost. : Lettre apostolique

ONG : Organisation Non Gouvernementale

GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

O3 : Ozone

SAO : Substance appauvrissant la couche d’ozone

PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement

OMM : Organisation Météorologique Mondiale

UV : Ultraviolet

Fe : Fer

CFC : Chlorofluorocarbures

TF1 : Télé France 1

DAS : Débit d’Absorption Spécifique

Lc : Luc

Jb : Job

LXX : Septante

Jn : Jean

Ex : Exode

Dt : Deutéronome

Lv : Lévitique

Gn : Genèse

OGM : Organisme Génétiquement Modifié

O2 : Oxygène

RAC : Réseau Action Climat

GES : Gaz à effet de serre

REMP : Radiation Eltctro Magnétique Pulsée

POP : Produits Organiques Persistants

PAN : Nitrates de Peroxy-acétyle

COV : Composés Organiques Volatiles

Pb : Plomb

RUV : Rayonnements Ultraviolets

C6H6 : Benzène

PM10 : Particules

NO2 : Dioxyde d’azote

CO : Monoxyde de carbone

oC : Degré Celsius

ERE : Éducation Relative à l’Environnement

SO2 : Dioxyde de Soufre

NO2 : Acide nitreux

H2O : Eau

CH4 : Méthane

NOx:Oxydes d’azote

HCF : Hydrofluoro-carbures

V : Verset

o. c. : Opus cité

n° : Numéro

dir. : Directeur

Éd. : Édition

LS : Encyclique Laudato si »

Ib. : Ibidem

RAT : Revue Africaine de Théologie

p. : Page

Préface

Sr Marguerite Tiberghien déclare : « Ce n’est pas parce que le royaume céleste nous attend après la mort qu’il faut laisser les enfants de Dieu vivre une vie minable de misère, d’humiliation, de souffrances. » (Cf. Jacques SEGUELA et Sœur Marguerite, Sœur courage : la rencontre inattendue d’un fils de pub et d’une fille de Dieu, Paris, Presses de la Renaissance, 2006, p. 90.) S’inscrivant dans cette dynamique, l’Abbé Gracias Martial Samba, se souciant du mieux-être intégral de ses contemporains, s’intéresse par cette étude à la question écologique, notamment l’évaluation de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, et par conséquent l’influence de l’environnement sur la santé humaine.

Sa réflexion aidera à comprendre avec plus d’objectivité les causes essentielles de la dégradation de la nature. Dans cette quête, l’inculpé c’est l’homme (la femme y comprise). Cependant, sa vision n’est pas seulement alarmiste de façon béate et défaitiste. Il croit surtout en la capacité de l’homme d’atténuer les dégâts écologiques dont il est la cause principale, et essaye de suggérer des démarches à la mesure du réalisable en comptant – éventuellement – sur la mobilisation de toutes les bonnes volontés, aux niveaux individuel et communautaire.

Dans un discours académiquement bien élaboré, persuasif, limpide et convainquant, l’auteur suit une approche scientifique, éthique et scripturaire de la question des rapports circulaires entre Dieu-Homme-Environnement pour de fins de santé préventive, car « mieux vaut prévenir que guérir », afin de léguer à la postérité des coutumes, des habitudes ou des comportements écologiquement positifs, comme le précise le titre de cet essai : Écologie et santé humaine, « plaidoyer pour un mode de vie éco-responsable au Congo, en Afrique et dans le monde».

Notre jeune clerc se montre ici sensible d’abord au milieu qui lui est géographiquement proche, avant d’étendre sa vision-remède à un cadre plus éloigné. Sa démarche pédagogique, pastorale et prophétique – un tantinet ordinaire – corrobore l’exhortation habituelle de l’actuel archevêque de Brazzaville, Mgr Anatole Milandou, à l’endroit de ses ouailles : « Aimez vos milieux de vie, et faites-en des paradis ! ».

L’une des richesses que présente ce livre, c’est l’élucidation d’une kyrielle de concepts et de phénomènes aidant à cerner les différents contours de la crise écologique suivant le triptyque causes, conséquences et approches de solutions. Même si ce plaidoyer n’est pas une panacée, il sera néanmoins un outil d’éveil et d’instruction fondamental pour un engagement écologique plus consciencieux et responsable.

« Il faut considérer également la pollution produite par les déchets, y compris les ordures dangereuses présentes dans différents milieux. Des centaines de millions de tonnes de déchets sont produites chaque année, dont beaucoup ne sont pas biodégradables : des déchets domestiques et commerciaux, des déchets de démolition, des déchets cliniques, électroniques et industriels, des déchets hautement toxiques et radioactifs. La terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir. À plusieurs endroits de la planète, les personnes âgées ont la nostalgie des paysages d’autrefois, qui aujourd’hui se voient inondés d’ordures. Aussi bien les déchets industriels que les produits chimiques utilisés dans les villes et dans l’agriculture peuvent provoquer un effet de bio-accumulation dans les organismes des populations voisines, ce qui arrive même quand le taux de présence d’un élément toxique en un lieu est bas. Bien des fois, on prend des mesures seulement quand des effets irréversibles pour la santé des personnes se sont déjà produits », écrit le Pape François. Ce livre fait large écho au message du Pape François dans son encyclique écologique inclusive, Laudato‘Si(n° 21) ; mais ici, de façon plus contextualisée avec la prise en compte de certaines réalités et initiatives endogènes comme la valorisation de la date du 6 novembre, journée nationale de l’arbre au Congo et la pérennisation des mesures d’assainissement communautaire.

Par ailleurs, l’auteur formule quelques interrogations qui font vraiment réfléchir : « Pourquoi la transition vers les énergies renouvelables pose-t-elle problème alors que leur potentiel technique suffirait à couvrir plus de dix fois les besoins de l’humanité ? » ; « pourquoi la population excédentaire n’est-elle pas employée à protéger et à restaurer les écosystèmes dans le sens d’une économie soutenable ? ».

En paraphrasant le philosophe Giskar Kevin Dessinga, doit-on parler de l’émergence de « la fin des certitudes ? » (Cf. concept évoqué dans Éloge de la dissidence, Paris, L’Harmattan, page 89.) En tout cas, contre toute forme de fatalisme, l’Abbé Gracias Martial Samba propose pour la sauvegarde de la planète bleue un nouveau paradigme propice à une éducation verte, une politique verte, une économie verte, une pastorale verte et une médiatisation verte.

Aubin Banzouzi

Séminariste, Professeur certifié de Lycée, Écrivain et Chroniqueur culturel

Introduction générale

Aujourd’hui, il ne se passe pas une journée que la télévision, la radio et les autres médias ne nous donnent des informations sur le changement climatique et la crise de l’environnement. Et pourtant, notre époque, plus qu’aucune autre, semble se présenter comme celle qui a le plus connu un progrès de la conscience morale de l’humanité en matière écologique. Aussi, les diverses conférences interétatiques organisées ici et là, ainsi que les campagnes de sensibilisation sur la crise écologique sont-elles autant des faits qui soulignent ce progrès de la conscience morale de l’humanité sur la question.

Cependant, ce progrès ne se fait pas sentir sur le terrain. Car, dans son rapport avec la nature, l’homme se montre de plus en plus dangereux et féroce plus qu’aucun autre être. Il y a de quoi s’interroger sur sa conscience morale sur la question, d’autant que la racine de ce qu’on appelle aujourd’hui crise écologique est indubitablement humaine. Et, cette crise qui jadis était banalisée de tous ou presque, est devenue préoccupante pour l’humanité. Dans ses multiples déploiements, elle n’épargne aucun pays du monde. C’est ce que semble démontrer ici L. Ferry en ces termes : « Pour la première fois, sans doute, dans l’histoire de l’humanité, les problèmes posés par la dévastation de la terre sont devenus globaux »1. Ceci d’autant que le CO2 rejeté dans l’atmosphère par tel pays développé peut inévitablement avoir un impact climatique sur tel autre pays, qu’il soit ou non développé. C’est pourquoi le problème des changements climatiques, par exemple, ne saurait être résolu par aucun pays sans l’apport des autres pays. Et c’est dans cette dynamique de coopération interétatique que la problématique du changement climatique avait été au centre des pourparlers lors de la COP 21, en France.

Dans ce contexte, les pays moins développés, par manque de moyens techniques, politiques et économiques efficaces pour assainir leur environnement dégradé et endiguer les causes de cette dégradation, sont dans une condition de « sous-développés écologiques », vu qu’ils sont aussi souvent des poubelles à déchets des nations riches. S’il devait en être ainsi, on pourrait penser que la santé de ces populations sera gravement affectée et ne s’améliorera pas, car la destruction progressive de la couche d’ozone et l’effet de serre qu’elle provoque ont atteint désormais des dimensions critiques par suite du développement constant des industries, souvent polluantes, de grandes concentrations urbaines et de la consommation d’énergie. Les déchets industriels, les gaz produits par la combustion des carburants fossiles, la déforestation incontrôlée, l’usage de certains types de désherbants, de produits réfrigérants et de combustible de propulsion, tout cela nuit à l’atmosphère et à l’environnement. Il en résulte de multiples altérations météorologiques et atmosphériques dont les effets portent atteinte à la santé jusqu’à l’immersion possible, dans l’avenir, des terres basses2. Ces altérations environnementales ainsi que leur impact négatif sur la santé de l’homme traduisent un certain mode de vie. Il y a, pour ainsi dire, une corrélation entre les changements environnementaux et les problèmes de santé humaine. Voilà pourquoi, en parlant de la crise écologique, l’allusion doit être faite à la fois à la crise du milieu naturel et à celle du milieu humain. Le concept de l’éco-santé est celui qui explique au mieux cette corrélation.

En effet, l’éco-santé est une sorte d’apologie de la médecine hippocratique telle que celui que tout le monde considère comme le maître de cette médecine, Hippocrate, en décrit la démarche dans son traité Des airs, des eaux, des lieux, introduit au IVe siècle avant J.-C.3. Il s’agit de tenir compte des incidences du milieu physique et géographique, ainsi que des habitudes de vie sur la santé humaine4. Dès lors, on ne peut plus parler de la santé humaine sans envisager conjointement l’impact de différents facteurs sur la santé humaine individuelle et collective. Si l’éco-santé est une notion qui souligne cette nécessité de penser la santé en rapport avec le milieu où elle doit se développer, on ne peut s’empêcher de dire qu’outre le fait qu’ils sont des dépôts ou des poubelles des déchets toxiques des pays riches, les pays dits « sous-développés écologiques », parmi lesquels ceux de l’Afrique noire, sont à considérer comme le berceau de diverses catégories d’épidémies. Ce sont des maladies dues, non seulement à la mauvaise alimentation, aux mauvaises conditions de logement et de travail, aux nuisances sonores, mais aussi au mauvais état de l’environnement. Pour ne parler que des maladies dues au mauvais état de l’environnement, nous pouvons citer : le paludisme, la fièvre typhoïde, le choléra, les infections respiratoires tant chroniques qu’aiguës, et certains types de cancer.

Il est regrettable que l’Afrique sub-saharienne ignore la corrélation entre écologie et santé ou simplement l’exigence écologique comme une dimension intrinsèque de la vie et de la santé. En d’autres termes, l’homme africain n’a pas encore renforcé son imaginaire écologique, alors qu’il peut, individuellement et collectivement, faire l’expérience du lien entre sa santé et son milieu, donc entre sa santé et ses actions sur son milieu de vie.

Ainsi, prise sous la forme d’une inscription écologique de la santé publique touchant la question de l’être individuel et collectif, la situation que nous venons de décrire soulève un certain nombre de questions dont la pertinence n’est plus à démontrer : qu’est-ce que l’écologie et quelles sont les raisons de sa crise ? Pourquoi la dégradation de l’environnement a-t-elle un impact aussi important sur l’humain ? Existe-t-il des solutions pour prévenir les problèmes environnementaux ? Quelle place occupe aujourd’hui la problématique écologique dans l’appréhension des problèmes de la santé et en quoi une politique de santé publique pourrait-elle constituer un lieu de premier plan pour appréhender la préoccupation écologique considérée comme une chance pour l’éthique, pour l’autonomie individuelle et collective ? Pourquoi les pays pauvres, notamment ceux de l’Afrique sub-saharienne, n’ont-ils pas encore pris conscience de la corrélation entre santé et environnement ? Quelle éducation écologique et sanitaire promouvoir pour éclairer la conscience non seulement individuelle, mais encore collective sur l’urgence qui s’impose de concilier santé et environnement ? Comment susciter des comportements écologiques, c’est-à-dire ceux compatibles avec le développement durable, la survie de l’espèce et la sauvegarde de l’environnement ? Répondre à ces questions, c’est non seulement évaluer la crise écologique, mais aussi la situer au cœur même de la société contemporaine comme une préoccupation dont les risques sanitaires sont énormes.

À l’issue de cette étude, j’entends déterminer si les motivations qui sous-tendent la politique de la santé publique, l’éthique environnementale et la perspective théologique de l’écologie suffisent à susciter aux Africains ce qu’il est convenu d’appeler un « éco-comportement », c’est-à-dire un mode de vie conforme au développement durable, à la survie de l’espèce et à la sauvegarde de l’environnement. Autrement, je proposerai quelques stratégies de promotion écologique pour réenchanter le rêve écologique au sud du Sahara, en vue d’une adoption d’un style de vie éco-responsable.

Ce livre est une réflexion sur les enjeux du rapport écologie/santé humaine (éco-santé). Réfléchir sur un tel rapport peut nous permettre de postuler ce qui suit : si, en détruisant la nature, l’homme se détruit lui-même, donc il n’existe de destruction humaine liée à l’environnement qui ne puisse affecter notre santé. D’où l’absolue nécessité de trouver des mesures qui permettraient de préserver l’environnement en vue du bien-être humain.

L’intérêt est d’informer, et peut-être de rappeler que certaines maladies auxquelles sont confrontés les hommes relèvent de l’état de notre environnement. Par conséquent, il convient de faire sentir l’urgence d’un changement de style de vie vis-à-vis de l’environnement, en partant de quelques cas pertinents de maladies dues à la crise écologique, afin de pouvoir sauvegarder notre santé. Car, il n’existe pas un bien qui soit plus grand que la santé. C’est ainsi qu’elle n’a pas de prix. Autrement dit, c’est à partir de la question sanitaire que nous voulons envisager une éthique écologique.

Pour plus d’efficacité et de scientificité, ce présent ouvrage obéit à la méthode analytique. En nous fondant sur cette démarche, la feuille de route de notre étude comportera trois chapitres.

Le premier chapitre analysera la question écologique et les raisons de sa crise. C’est une réflexion sur les concepts autour desquels se construit la science écologique. Ainsi, deux points vont constituer la toile de cette première partie. Le premier point, qui va traiter de cette notion de l’écologie de manière presque générale, se fondera sur une approche conceptuelle. Dans cette approche, nous essayerons de comprendre tour à tour les concepts de « Terre », « d’Environnement » et celui « d’Ecologie ». Cependant, afin de saisir l’enjeu écologique comme démarche scientifique, nous établirons un rapport entre « Ecologie » et « Environnement ». Car, celui-ci se présente comme la principale préoccupation de l’approche écologique. Quant au deuxième point de ce chapitre, il sera surtout consacré aux différents facteurs qui sont souvent taxés d’appartenir au réseau de destructeurs de notre « Maison commune ».

Dans le deuxième chapitre, nous tenterons de montrer les risques que comporte la crise de l’environnement pour l’homme. Il s’agira d’établir le lien entre l’environnement et la santé, lien exprimé par le concept dialectique d’éco-santé, qui met en relief la nécessité de penser la santé en relation avec le milieu où elle doit se développer. Ce chapitre sera traité suivant deux pistes : en premier lieu, nous essayerons d’expliquer les différentes expressions qui vont fonder ce chapitre, comme la « crise écologique », « l’éco-santé », la « santé », la « santé environnementale ». En ce qui concerne la deuxième piste, il s’agira de mener une étude systématique des problèmes environnementaux tels l’eau, l’air, le changement climatique, ainsi que leurs répercussions sur la santé humaine lorsque, par exemple, ces domaines sont altérés.

Dans le troisième et dernier chapitre, il sera question de proposer des perspectives éthiques, politiques et théologiques au regard de la question écologique, en vue d’une intériorisation de l’exigence écologique en Afrique. Cependant, pour conduire le peuple africain, surtout les jeunes, à une prise de conscience écologique et à un comportement écologiquement responsable, nous proposerons quelques stratégies pour promouvoir l’écologie dans les deux Congo, en l’Afrique et ailleurs.

Chapitre premier

De la question écologique

I.0. Introduction

Lorsqu’on se fixe pour tâche de réfléchir autour de la problématique écologique, la question cruciale qui nous tient le plus à cœur est celle du rapport entre l’homme et la nature, celle de leur interaction. Si l’homme peut être considéré comme un être toujours mobile et occupant temporaire d’un espace qui lui offre et garantit les conditions minimales d’existence et de survie5, cet espace c’est justement la nature. Autrement dit, l’homme est un être cosmique dont la vie ne se déploie que grâce à la générosité de son environnement. Il y puise les moyens primaires de subsistance, les exploite et s’en sert pour son bien. Par rapport à la nature, l’homme se trouve primitivement en état de redevance. La nature agit sur l’homme et lui sur la nature. Ils interagissent. C’est donc dans ce contexte d’interaction existentielle que la vie humaine se déploie.

Or, la relation de l’homme à la nature est marquée par un anthropocentrisme qui réduit la nature au rang de simple objet d’exploitation sans valeur ni finalité intrinsèque. En effet, en agissant sur la nature, l’homme dompte ses forces négatives, l’exploite, la transforme conformément à ses besoins et la façonne à sa guise. C’est ainsi que l’homme, grâce à la raison et à l’essor de la science et de la technique qui en résultent, se rend « maître et possesseur de la nature » et la subordonne à la satisfaction de ses besoins. Et puis, devenue périphérique vis-à-vis de l’homme, la nature ne concourt plus qu’au bien de ce dernier et perd toute sa valeur en soi. Mais, l’action de l’homme sur la nature n’est pas sans conséquence pour elle et pour lui-même. La qualité de la vie humaine est donc fonction de la qualité de sa relation avec la nature. La conception d’une nature hostile à l’homme a poussé ce dernier à se doter progressivement d’une puissance destructive acquise à la faveur de l’essor techno-scientifique.

Heureusement, ce tableau figuratif du rapport d’agressivité entre l’homme et la nature trouve progressivement un écho favorable auprès des savants, experts et leaders politiques qui s’efforcent de concilier développement durable, protection de l’environnement et préservation des écosystèmes et de la biodiversité. C’est dans ce contexte qu’est née l’écologie6. Qu’est-ce donc que l’écologie et d’où vient sa crise ?

Dans ce premier chapitre, consacré à la problématique de l’écologie, nous allons aborder la question de l’écologie, fût-ce à l’état d’esquisse ou d’amorce, avant d’évoquer avec insistance les causes qui engendrent la crise écologique.

I.1. Qu’est-ce que l’écologie ?

I.1.1. Approche conceptuelle

En vue d’une bonne appréhension de la question écologique, il nous convient de commencer par définir certains concepts autour desquels cette question se construit, notamment les concepts de Terre, d’environnement et d’écologie, avant d’évoquer les facteurs qui sont accusés d’être à l’origine de la crise écologique.

I.1.1.1. La Terre, notre planète

Il faut dire que « Depuis les origines, la planète Terre se comporte comme un système interactif complexe. Les conditions qui ont permis l’apparition de l’Homme résultent d’un équilibre précaire entre les océans, l’atmosphère, l’énergie solaire et la biosphère. Équilibre dynamique et non statique, caractérisé par des échanges permanents soumis eux-mêmes aux variations des paramètres cosmiques. C’est dans le rayonnement solaire que la Terre puise l’énergie nécessaire aux transformations thermodynamiques et chimiques qui prennent naissance à sa surface »7. À travers cette acception, G. Mégie définit l’originalité et le caractère unique de la Terre. En effet, la Terre est « la seule planète du système solaire constituée à la fois d’une biosphère, c’est-à-dire d’êtres vivants, d’océans et de continents »8.

La Terre comporte quatre enveloppes externes : la lithosphère est d’une épaisseur moyenne de 100 km ; l’hydrosphère est d’une épaisseur moyenne de 3 800 m. Elle est formée essentiellement de l’eau liquide des océans (+ de 97 %), des glaciers des calottes polaires, de l’eau de l’atmosphère, du sol, des fleuves et des nappes phréatiques, etc. ; l’atmosphère qui est subdivisée depuis le sol en troposphère, stratosphère, mésosphère et thermosphère qui est la couche la plus élevée ; et la biosphère, ensemble d’êtres vivants qui occupent une mince pellicule à l’interface entre lithosphère et atmosphère.

Selon C. Chassard, la biosphère est organisée en écosystèmes. En effet, « Dans un milieu donné, dit-elle, les êtres vivants sont interdépendants entre eux, et ils sont organisés en écosystèmes qui présentent, malgré leurs diversités un plan commun d’organisation, en particulier sur le plan trophique »9. Par contre, elle considère un écosystème comme constitué par l’association de deux composantes en constante interaction l’une avec l’autre : un environnement physico-chimique, abiotique, spécifique dénommé biotope, associé à une communauté vivante caractéristique de ce dernier, la biocénose. Bref, un écosystème est l’association du biotope et de la biocénose. Un lac, par exemple, est un écosystème10.

I.1.1.2. Environnement

Étymologiquement, le concept environnement provient du verbe « environner » qui signifie « action d’entourer ». Ce verbe est lui-même un dénominatif de « environ », qui veut dire « alentours ». Le mot environnement est polysémique, c’est-à-dire qu’il a plusieurs sens différents. Ayant le sens de base de ce qui entoure, il peut prendre le sens de cadre de vie, de voisinage, d’ambiance, ou encore de contexte.

Partant de sa définition, nous pouvons comprendre l’environnement comme « l’ensemble des éléments (biotiques ou abiotiques) qui entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins, ou encore comme l’ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur les organismes vivants et les activités humaines »11. Mais au sens d’environnement naturel qui entoure l’homme, ce terme est plus récent et s’est développé dans la seconde moitié du XXe siècle. Il convient, dans ce sens, de noter que la notion d’environnement naturel, souvent désignée par le seul mot « environnement », a beaucoup évolué au cours des derniers siècles et tout particulièrement des dernières décennies. L’environnement est compris comme l’ensemble des composants naturels de la planète Terre, comme l’air, l’eau, l’atmosphère, les roches, les végétaux, les animaux, et l’ensemble des phénomènes et interactions qui s’y déploient, c’est-à-dire tout ce qui entoure l’Homme et ses activités, bien que cette position centrale de l’Homme soit précisément un objet de controverse dans le champ de l’écologie.

Contrairement à la notion de nature qui désigne les éléments naturels, biotiques et abiotiques, considérés seuls, la notion d’environnement s’intéresse à cette même nature au regard des activités humaines, et aux interactions entre l’homme et la nature. La notion d’environnement englobe aujourd’hui l’étude des milieux naturels, les impacts de l’homme sur l’environnement et les actions engagées pour les réduire12.

Par ailleurs, l’environnement a acquis une valeur de bien commun, et a été compris comme étant aussi le support de vie nécessaire à toutes les autres espèces que l’Homme. En tant que patrimoine à exploiter de façon raisonnable pour pouvoir le léguer aux générations futures, il est le support de nombreux enjeux esthétiques, écologiques, économiques et socio-culturels, ainsi que spéculatifs (comme puits de carbone par exemple) et éthiques.

L’environnement c’est ce qui nous entoure, ce qui constitue le voisinage. C’est l’ensemble des éléments naturels et artificiels qui entourent un individu humain, animal ou végétal. D’où la distinction entre l’environnement primaire appelé biosphère et l’environnement secondaire qu’on appelle technosphère. Le premier est constitué par l’air, l’eau, les gaz, les minéraux, les plantes, les animaux ; le second se définit par les systèmes érigés et produits par l’activité humaine, tels que les systèmes de l’habitat, des machines, de l’industrie, de la communication, de l’informatique, etc.13.

Selon le Pape François, l’environnement désigne en particulier une relation, celle qui existe entre la nature et la société qui l’habite. Voilà pourquoi il semble impossible de concevoir la nature comme séparée de nous ou comme un simple cadre de notre vie14. C’est, en effet, dans cette optique qu’un endroit pollué exige une analyse du fonctionnement de la société, de son économie, de son comportement, de ses manières de comprendre la réalité.

Au XXIe siècle, protéger l’environnement de toute pollution est devenu un enjeu majeur, en même temps que s’imposait l’idée de sa dégradation à la fois globale et locale, à cause des activités humaines polluantes.

Au regard de l’importance que revêt l’environnement par rapport au bien-être humain, l’ONU rappelle dans son rapport GEO-4 que, non seulement sa dégradation compromet le développement et menace les progrès futurs en matière de développement, mais elle menace également tous les aspects du bien-être humain. Dans le cadre de la santé publique, le même rapport de l’ONU démontre que la dégradation de l’environnement a provoqué des problèmes de santé humaine, comprenant certains types de cancers, des maladies à transmission vectorielle, des carences nutritionnelles et des affections respiratoires 15comme nous le verrons dans la seconde partie de cette étude.

Si l’environnement est « l’ensemble de toutes les influences (facteurs écologiques) directes et indirectes exercées sur l’être vivant et sur ses relations avec le reste des éléments de la nature »16, que peut-on donc dire de l’écologie ? Environnement et écologie ne se confondent-ils pas ? Après un bref aperçu du concept écologie, nous tenterons d’établir un rapport entre ces deux termes afin de découvrir la place qu’occupe la notion d’environnement dans la démarche écologique.

I.1.1.3. Écologie

Le concept « écologie » (du grec oikos, « maison », « habitat » et logos, « science ») désigne, étymologiquement, la science de l’habitat ou économie de la nature. Introduit en 1866 par le biologiste, pro darwiniste allemand, E. Haeckel (1834-1919), le concept