El Kahira - Yasmina Khadra - E-Book

El Kahira E-Book

Yasmina Khadra

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Beschreibung

Avec El Kahira, cellule de la mort, Mohammed Moulessehoul (Yasmina Khadra) a construit son héros un nationaliste condamné à mort aux premières heures de la révolution algérienne – à partir de plusieurs témoignages recueillis auprès d’anciens locataires des cellules CAM (condamnés à mort). Il pénètre l’univers morbide des geôles coloniales et le sadisme des gardiens. Dans cet enfer, les condamnés apprennent à résister à la guillotine non pour y échapper mais pour y aller en restant homme. Kateb Yacine, dans sa préface à l’un des témoignages de Abdelhamid Benzine, la montagne et la plaine : « Ces écrits aussi courts que simples, ont toute la force du vécu. Ils éclatent comme des coups de feu et ils vont droit au but. Ils font revivre en un éclair ces hommes et ces femmes sans lesquels l’Algérie ne serait pas venue au monde, les obscurs militants toujours sortis de la nuit noire et qui passent d’une nuit à l’autre : les mille et une nuits de la révolution ». Khadra a réussi a restitué le langage morbide de ces gardiens qui ne jurent que par la guillotine.

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Veröffentlichungsjahr: 2021

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DUMÊMEAUTEUR

Houria (Enal, 1984)

Amen ! (Enal, 1984)

LaFilledupont (Enal, 1985)

Del’autrecôtédelaville (l’Harmattan, 1988)

LeprivilègeduPhénix(Enal, 1989, Chihab2002)

MohammedMoulessehoulapublié, soussonpseudonyme — YasminaKhadra — Ledingueaubistouri (Alger, 1990 ; Flammarion, 1999) ; LaFoire (Alger, 1993) ; Morituri (1997) ; DoubleBlanc (1997) ; L’Automnedeschimères (1998) auxÉditionsBaleine ; etLesAgneauxduSeigneur (1998) ; Àquoirêventlesloups (1999) ; L’Écrivain (2001) ; L’Imposturedesmots (2002) ; LesHirondellesdeKaboul (2002) auxÉditionsJulliard.

ELKAHIRA

CelluledelaMort

Mohammed Moulessehoul

ELKAHIRA

CelluledelaMort

roman

CHIHAB ÉDITIONS

LacollectionRefletestdirigéeparRachidMokhtari

© ChihabÉditions, 2002.

ISBN : 978-9961-63-491-2

Dépôtlégal : 1734/2002

Présentation

Lecouperetdesmots

Rareestletémoignagecarcérald’ancienscondam­nésàmortalgériensdeSerakadjioudeLambèsequiconserve, danslaconstructiond’unetramenarrative, l’épaisseurhumaine, tragiqueethéroïque, deceuxqui, prisonniers, attendentlamortsouslecouperetdelaguillotine.

Cettehorriblemécaniquedelamortest, danscetémoignageromancé, leprincipalactantdulangagedesgardes-chiourmes, aussisanguinairesqueles « émirs » desGIAdesromansdeYas­minaKhadra, quienfontleurhéroïne, presqueleurmaîtressecâline, celleparlaquelleilstirentfiertéetautoritéauprèsdeceuxquinejurentqueparl’Algérieauxpremièresannéesdelaguerredelibération.

L’auteur, MohammedMoulessehoul, sebasantsurdesfaitsprécis, triésdestémoignagesd’anciensdétenuspolitiques, asuthématisersonrécitparledescriptifdescellules, larecompositiondesproposdegardiensaussihorribles, familiarisantlapâturedelaguillotineaucérémonialdelamiseàmort.

Toutelapsychéducondamné, danslecondi­tion­nementopérant (ausenspavlovienduterme) esttendueverscettecoupeusedetêtespensantes. Ellesepermetmêmeunehistoiredansl’humanitédesinventionsdiaboliques. Ellefutadoptéeen1789parleDr. JosephGuillotinquiproposaquetout « criminel » fûtexécutéparcetteméthode.

D’emblée, cettemachinedel’étêtementcon­-trasteavecl’idéaldeliberté, celuidesAlgériensalorsenluttepourleurindépendance. Ellesenourrissaitdecou, elleenmultipliait, commeen1789, souslaRévolutionfrançaise, dutempsoùelleavaitremplacélesexécutionsàlahacheetauxbûchers : « Plusonexécutaitdes « rebelles « etpluslesmaquisengrouillaient ».

Pluslecouperetdelaguillotineclaquait, pluslesgardiensdeBarberousse, ceuxquiontcaressélamiseàmortdeFernandYvetonetdeAhmedZabana, necessentdes’ennourrir, d’entirerpuissanceetgloire :

« AprèstoutcontinuaGustave (ungardien), uneaussibelletêtepournourrirlaguillotinemesoulageunpeu ».

« J’adorevoirlaVeuvebienservie… Moi, sij’étaisPrésidentj’offriraisàlaVeuvetouslespetitsArabes. Commeça, dansvingtans, laVeuveseraobligéedeseremarier, etonn’entendraplusparlerdel’Arabe. »

Allusionironiqueàunedébaucheporno­gra­phiqued’unemiseàmortprogrammée.

« LaVeuve ! » quellebellemétaphorequecelle-cipourdésignercellequiattenddanslacourdelaprisonsesprétendants, nombreux. Ettouslesrêvesdelibertéviennentbutersouslecouperet. Ilsuffitdetirersurlacordepourquel’immensitédesrêvesd’amour, pourquelesyeuxdel’aiméevainquentlalameducouperet.

« LaVeuve » SelonletémoignagedeAliZamoum1, condamnésàmortàtroisreprises, cettemétaphorelugubreappartientaulangagedesprisonniersdedroitcommunquin’étaientpasconcernésparl’infernalemécanique. Lesgardiensdespremièresfournéesenfaisaientleurglorioleenadoptantlalanguedesbagnardsqui, peuàpeu, allaientrallierlacausedel’indépendancedevantl’admirationdeceuxquiétaientamenéspourdesidéauxautrementnoblesdelacausenationale.

Onpasseainsidel’appareilmécaniqueàcette symbolisationconnotéed’inassouvissementssexuelspourretomberdanslaréalitéducarnage. Sadiqueestlaréférencequ’enfontlesgardiensàl’adresseduprisonnierenrouteverslacellule, avantmêmequ’iln’affrontelemondecarcéral :

« JeteverraitraînerverslaVeuveensanglotant, ensuitejeverraitatêteroulerdanslepanieretj’enserairavi… Tuesdansunfourgoncellulairequit’emmènedroitchezlebourreau. Iltecouperalecoldelachemiseavecunciseauàpeinedésinfecté, lebourreau, puisiltecoucherasurlabasculeàchariotetlecouperettombera… Tajolietêteiradoucementseblottirdanslepanier ; tesgrandsyeuxneverrontpluslecielnilaterre ».

Lesmotsdelarésistancequ’opposelecon­damnétranchentavecceuxdesgardiensquin’ontdefamiliaritéqu’avecleur « merveilleuseguil­lo­tine » :

« Jenesuispasencoremortetjusqu’aucla­que­mentdelaguillotine, jecontinueraidemebat­tre… l’exécutiondeZabananem’apaseffrayé ».

Legreffierluiordonnadesetenirtranquilleenluiexpliquant :

« OnnevaquandmêmepasoffrirunetêteratatinéeàDameguillotine ».

Spectateurdecesrépartiessarcastiques, lecondamnés’abandonneàsonsortdansunesortederésistancesilencieuse, intériorisée. Legardien :

— Vousavezraisonmonsieur ; onnevapasoffrirunetêteamochéeàDameGuillotine.

— Unebelletêtereconnutlenainenjap­pant.

— Tuparles ! renchéritlegardien. NousauronslabénédictionabsoluedeDameGuillotinepourpareIlleablation ».

Cesproposdelabiologiedumacabredonttirentjouissancecesgardiensdelamortsont, ici, restituésdansleurvéracitéhistoriqueetrévèlent ­l’ambiancemorbideàlaquelleétaientconfrontésdèslespremiersjoursdeleurincarcérationlespremierscondamnésàmortdelarévolutionalgérienne.

Danscemondedesanguinairesapparaîtlenain, Zane, deLesAgneauxduseigneur, per­sonnageparlequelYasminaKhadraassurelajonctionentrelemondedugénocidecolonialetceluidesmassacresterroristes :

« Lenainsefrottaitlesmains, malin. Ilavait, danssesgestesdelutin, toutel’horreurdesrécitsdiaboliques. Ilavaitentenduparlerdelacellulenuméro13, delafameuseElKahira (LeCaire). Onl’avaitsurnomméeainsipourl’apprivoiserElleneportaitpaschance, lanuméro13 »

ElKahiraestledernierhôteldesvivants ; aprèslui, ladernièredemeure.

« Commeilmanquedeconfort, leséner­gumènesdetonespèceyvoientunesalled’attenteavantl’ultimeassaut. Delà, hop, danslesbrasdelaVeuve. Commed’untremplin… etcrac ! Onn’aplussatêtesurlesépaules »

LemêmeZane, deretourd’unmassacred’unefamilledeGhachimat, sefrottelesmainsetricanedeplaisirssadiques. Dèslors, cettemécaniquedelamortdevientimmatérielleetpénètrel’ima­ginaireducondamné, metauxaguetstoussessens, éveille, commeunedernièrerémission, sesattachesetsonamour, prendl’imaged’une « femmeminable » opposéeàcellequ’ilaime, dontlevisagegranditdanslecield’oùtombelecouperet :

« Unefemme… Cettefemmeétaitàdesmil­liersdekilomètres, pourtantKhaledladistinguait ­nettement. Elleleregardait. Sarobenoireserépandaitsurlesol, allaitens’écartanttrèsloinentrelechampetl’ombrebleuedel’arbre. Khaledsesurpritàrépéter : c’estlaVeuve… LaVeuve… Khaledrefusaitdelatête, refusaitdesmains, refusaitdetoutsoncorps. Ilessayaitdes’enfuir, denepasécouterlaVeuve, maisquelquechosed’insurmontableleclouaitsurplace…

Acetinstantfatal, Khalednevitpaslamécanique. Legardienluiajustalatêteet, cen’étaitpluslecouperetquiluifitmalmaiscepaysderocaille, farouche, commeleregarddesabien-aiméequiluitenditlamain… Ilyallaenhomme. CommeZabana ».

ELKAHIRACELLULEDELAMORT