Émaux et Camées - Théophile Gautier - E-Book

Émaux et Camées E-Book

Théophile Gautier

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Beschreibung

Publié en 1852, 'Émaux et Camées' de Théophile Gautier est un recueil de poèmes lyriques et esthétiques qui célèbre la beauté de l'art et de la nature. Les vers de Gautier sont caractérisés par leur élégance et leur finesse, s'inspirant de la peinture pour créer des images riches et colorées. L'œuvre reflète le mouvement romantique français, mettant en avant l'importance de la sensibilité et de l'imagination. Théophile Gautier, poète et critique d'art, a été un fervent défenseur du mouvement romantique en France. Sa passion pour la beauté et l'esthétique transparaît dans 'Émaux et Camées', où il explore différents thèmes tels que l'amour, l'art et la mélancolie. Son style précis et ses descriptions évocatrices font de ce recueil un chef-d'œuvre de la poésie française. Je recommande vivement 'Émaux et Camées' à tous les amateurs de poésie et d'art. Les lecteurs seront enchantés par la beauté des vers de Gautier et transportés dans un monde où la sensibilité et la créativité règnent en maîtres.

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Théophile Gautier

Émaux et Camées

 
EAN 8596547436546
DigiCat, 2022 Contact: [email protected]

Table des matières

La première de couverture
Page de titre
Texte

PRÉFACE

Pendant les guerres de l'empire,

Gœthe, au bruit du canon brutal,

Fit le Divan occidental,

Fraîche oasis où l'art respire.

Pour Nisami quittant Shakspeare,

Il se parfuma de çantal,

Et sur un mètre oriental

Nota le chant qu'Hudhud soupire.

Comme Gœthe sur son divan

A Weimar s'isolait des choses

Et d'Hafiz effeuillait les roses,

Sans prendre garde à l'ouragan

Qui fouettait mes vitres fermées,

Moi, j'ai fait Émaux et Camées.

AFFINITÉS SECRÈTES

MADRIGAL PANTHÉISTE

Dans le fronton d'un temple antique,

Deux blocs de marbre ont, trois mille ans

Sur le fond bleu du ciel attique,

Juxtaposé leurs rêves blancs;

Dans la même nacre figées,

Larmes des flots pleurant Vénus,

Deux perles au gouffre plongées

Se sont dit des mots inconnus;

Au frais Généralife écloses,

Sous le jet d'eau toujours en pleurs,

Du temps de Boabdil, deux roses

Ensemble ont fait jaser leurs fleurs;

Sur les coupoles de Venise

Deux ramiers blancs aux pieds rosés,

Au nid où l'amour s'éternise,

Un soir de mai se sont posés.

Marbre, perle, rose, colombe,

Tout se dissout, tout se détruit;

La perle fond, le marbre tombe,

La fleur se fane et l'oiseau fuit.

En se quittant, chaque parcelle

S'en va dans le creuset profond

Grossir la pâte universelle

Faite des formes que Dieu fond.

Par de lentes métamorphoses,

Les marbres blancs en blanches chairs,

Les fleurs roses en lèvres roses

Se refont dans des corps divers.

Les ramiers de nouveau roucoulent

Au cœur de deux jeunes amants,

Et les perles en dents se moulent

Pour l'écrin des rires charmants.

De là naissent ces sympathies

Aux impérieuses douceurs,

Par qui les âmes averties

Partout se reconnaissent sœurs.

Docile à l'appel d'un arome,

D'un rayon ou d'une couleur,

L'atome vole vers l'atome

Comme l'abeille vers la fleur.

L'on se souvient des rêveries

Sur le fronton ou dans la mer,

Des conversations fleuries

Près de la fontaine au flot clair,

Des baisers et des frissons d'ailes

Sur les dômes aux boules d'or,

Et les molécules fidèles

Se cherchent et s'aiment encor.

L'amour oublié se réveille,

Le passé vaguement renaît,

La fleur sur la bouche vermeille

Se respire et se reconnaît.

Dans la nacre où le rire brille

La perle revoit sa blancheur;

Sur une peau de jeune fille,

Le marbre ému sent sa fraîcheur.

Le ramier trouve une voix douce,

Écho de son gémissement,

Toute résistance s'émousse,

Et l'inconnu devient l'amant.

Vous devant qui je brûle et tremble

Quel flot, quel fronton, quel rosier,

Quel dôme nous connut ensemble,

Perle ou marbre, fleur ou ramier?

LE POÈME

DE LA FEMME

marbre de paros

Un jour, au doux rêveur qui l'aime,

En train de montrer ses trésors,

Elle voulut lire un poème,

Le poème de son beau corps.

D'abord, superbe et triomphante

Elle vint en grand apparat,

Traînant avec des airs d'infante

Un flot de velours nacarat:

Telle qu'au rebord de sa loge

Elle brille aux Italiens,

Écoutant passer son éloge

Dans les chants des musiciens

Ensuite, en sa verve d'artiste,

Laissant tomber l'épais velours,

Dans un nuage de batiste

Elle ébaucha ses fiers contours.

Glissant de l'épaule à la hanche,

La chemise aux plis nonchalants,

Comme une tourterelle blanche

Vint s'abattre sur ses pieds blancs.

Pour Apelle ou pour Cléomène,

Elle semblait, marbre de chair,

En Vénus Anadyomène

Poser nue au bord de la mer.

De grosses perles de Venise

Roulaient au lieu de gouttes d'eau,

Grains laiteux qu'un rayon irise,

Sur le frais satin de sa peau.

Oh! quelles ravissantes choses

Dans sa divine nudité,

Avec les strophes de ses poses,

Chantait cet hymne de beauté!

Comme les flots baisant le sable

Sous la lune aux tremblants rayons,

Sa grâce était intarissable

En molles ondulations.

Mais bientôt, lasse d'art antique,

De Phidias et de Vénus,

Dans une autre stance plastique

Elle groupe ses charmes nus.

Sur un tapis de Cachemire,

C'est la sultane du sérail,

Riant au miroir qui l'admire

Avec un rire de corail;

La Géorgienne indolente,

Avec son souple narguilhé,

Étalant sa hanche opulente,

Un pied sous l'autre replié,

Et comme l'odalisque d'Ingres,

De ses reins cambrant les rondeurs,

En dépit des vertus malingres,

En dépit des maigres pudeurs!

Paresseuse odalisque, arrière!

Voici le tableau dans son jour,

Le diamant dans sa lumière;

Voici la beauté dans l'amour!

Sa tête penche et se renverse;

Haletante, dressant les seins,

Aux bras du rêve qui la berce,

Elle tombe sur ses coussins.

Ses paupières battent des ailes

Sur leurs globes d'argent bruni,

Et l'on voit monter ses prunelles

Dans la nacre de l'infini.

D'un linceul de point d'Angleterre

Que l'on recouvre sa beauté:

L'extase l'a prise à la terre;

Elle est morte de volupté!

Que les violettes de Parme,

Au lieu des tristes fleurs des morts

Où chaque perle est une larme,

Pleurent en bouquets sur son corps!

Et que mollement on la pose

Sur son lit, tombeau blanc et doux,

Où le poète, à la nuit close,

Ira prier à deux genoux.

ETUDE DE MAINS

I

imperia

Chez un sculpteur, moulée en plâtre,

J'ai vu l'autre jour une main

D'Aspasie ou de Cléopâtre,

Pur fragment d'un chef-d'œuvre humain;

Sous le baiser neigeux saisie

Comme un lis par l'aube argenté,

Comme une blanche poésie

S'épanouissait sa beauté,

Dans l'éclat de sa pâleur mate

Elle étalait sur le velours

Son élégance délicate

Et ses doigts fins aux anneaux lourds.

Une cambrure florentine,

Avec un bel air de fierté,

Faisait, en ligne serpentine,

Onduler son pouce écarté.

A-t-elle joué dans les boucles

Des cheveux lustrés de don Juan,

Ou sur son caftan d'escarboucles

Peigné la barbe du sultan,

Et tenu, courtisane ou reine,

Entre ses doigts si bien sculptés,

Le sceptre de la souveraine

Ou le sceptre des voluptés?

Elle a dû, nerveuse et mignonne,

Souvent s'appuyer sur le col

Et sur la croupe de lionne

De sa chimère prise au vol.

Impériales fantaisies,

Amour des somptuosités;

Voluptueuses frénésies,

Rêves d'impossibilités,

Romans extravagants, poèmes

De haschisch et de vin du Rhin,

Courses folles dans les bohèmes

Sur le dos des coursiers sans frein;

On voit tout cela dans les lignes

De cette paume, livre blanc

Où Vénus a tracé des signes

Que l'amour ne lit qu'en tremblant.