Enseigner autrement - Daniel Labadie - E-Book

Enseigner autrement E-Book

Daniel Labadie

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Beschreibung

Ce livre est écrit dans le but d’établir une stratégie d’apprentissage fondée sur le triangle pédagogique, afin de permettre aux jeunes d’apprendre, d’acquérir des connaissances et de développer une expérience de vie enrichissante en groupe.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Daniel Labadie a exercé en tant qu'enseignant dans des établissements tels que le collège, le lycée et le LEP. Il a également occupé le rôle de formateur en master 2 en sciences de l'éducation.

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Daniel Labadie

Enseigner autrement

Essai

© Lys Bleu Éditions – Daniel Labadie

ISBN : 979-10-422-0148-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Revisitons l’enseignement,

mais surtout la façon d’enseigner !

Il est de bon ton de dire que tout un chacun va devoir changer plusieurs fois de métier dans sa vie professionnelle. Il est même affirmé que les métiers de demain ne sont pas encore connus ! Quels défis pour l’avenir des personnes qui peuplent ce monde et qu’en est-il de nos enfants qui doivent être préparés à ça ! Doit-on continuer à les former à coup de cours magistraux, assimilés par certains, soit bien implantés dans le système, soit doués, pour reproduire sagement ce qui a été inculqué… Je pense fondamentalement que non et l’ouvrage que j’avais écrit il y a dix ans a pris du sens lors de la pandémie et je pense qu’il amène des réponses à ces questions !

Lors de cette pandémie qui ne sera pas unique selon certains, les élèves se sont retrouvés chez leurs parents et les enseignants également bloqués chez eux ! Que faire ? J’ai eu immédiatement la réponse en pensant aux devoirs maison que je faisais faire jadis à mes élèves et qu’ils corrigeaient eux-mêmes grâce à un corrigé témoin que je leur distribuais… Cela aurait pu être mis en place facilement. Les élèves auraient pu apprendre, s’évaluer formativement aussi et le système n’aurait pas été bloqué ! J’ai donc décidé de reprendre ce livre afin de présenter d’autres méthodes d’apprentissage.

Dans cet ouvrage, il est évoqué que d’autres possibles soient envisageables dans la formation de nos petits qui seront ainsi armés pour affronter les défis posés aujourd’hui !

L’apprentissage doit être la construction d’un savoir et d’un savoir-faire. Cette construction doit être personnelle et l’école à tous les niveaux doit permettre ce fait. C’est la personne qui doit aller trouver son savoir à construire et cette démarche lui permettra de s’adapter ensuite aux modifications que lui réservera la vie. Chacun doit pouvoir construire ces savoirs ou savoir-faire à son rythme, sans évaluation normative bien entendu, mais avec une autoévaluation formative conduite par l’enseignant repère, source véritable d’apprentissage.

J’avais écrit il y a dix ans environ un livre dans ce sens. Ce livre édité à compte d’auteur ne pouvait avoir que des lecteurs de mon entourage bien que novateur sur l’ensemble avec des idées en rapport avec ce qui a été évoqué plus haut. Comme le disaient les directeurs d’établissement dans lesquels il a enseigné, Daniel avait bien trop d’avance sur ses collègues… Le temps est peut-être venu de se replonger dans ces réflexions et les actions mises en œuvre pour amener l’apprenant à construire ses savoirs. Je vais reprendre le flambeau pour allumer une autre vision de l’école !

J’ai pu mesurer que c’est bien l’évaluation normative qui est un frein pour l’apprentissage et que le résultat de cette évaluation ne préfigure nullement la maîtrise des acquisitions bien au contraire si le dessein de l’apprenant est simplement d’obtenir une bonne note. Un échange récent avec un père dont le fils, noté brillamment, s’est rendu compte que ses savoirs n’étaient en fait pas acquis ! Marc dont son fils est considéré comme très brillant a eu la surprise de constater que s’il avait eu d’excellentes notes au contrôle sur les surfaces, il était complètement perdu plus tard pour réaliser un travail sur les volumes. Notion de sens dans les apprentissages ou tout simplement prise en compte de ce qui est appris ? De toute façon l’enseignant doit se poser des questions et sûrement les bonnes sur les démarches d’apprentissage. Par contre cette évaluation normative est un frein pour bien des élèves, source de stress, obstacle majeur pour certains ne connaissant pas les codes bien secrets de l’école !

Place donc aux réflexions et actions menées par Daniel il y a dix ans et qualifiées d’antistress par les élèves et leurs parents !

Il semble évident que la sérénité est indispensable pour apprendre et je m’en suis rendu compte dans ma reconstruction après un grave accident de la route, m’ayant demandé de retrouver non seulement la parole, mais aussi l’usage de la lecture et de l’écriture. Pourtant, j’étais le seul à me lancer ces défis. Autour de moi les gens étaient déjà satisfaits de me voir être simplement en vie (le livre « mes vies » retrace cet épisode). Imaginons la pression mise sur des enfants déjà en difficulté par le milieu dont ils sont issus, empêchés également par le manque de moyens pratiques nécessaires à un apprentissage dans les normes. Ces difficultés s’ajoutant voire se multipliant, pas étonnant que la seule issue possible soit de reproduire les modèles vécus dans la toute petite enfance, biens éloignés de ceux préconisés par la norme reconnue depuis des centaines d’années dans la construction de connaissances et de compétences. Certes les actions que j’ai menées sont sûrement à améliorer et à travailler avec nos apprenants, mais je pense qu’elles sont la possibilité de ne pas laisser un pourcentage important de jeunes au bord du chemin, mais aussi de permettre à l’humain de demain de s’adapter à un monde en continuel bouleversement pour y trouver la place dans laquelle il pourra non seulement vivre, mais aussi s’épanouir !

Avant-Propos

Les élèves sont-ils les bienvenus dans nos écoles, nos collèges et nos lycées ?

Pour la plupart, oui. Mais pourtant que d’exclus, de laissés pour compte ! Sans parler de ceux, nombreux, qui partent le matin la boule au ventre.

Peut-on apprendre dans l’insécurité ?

La sélection doit-elle prendre le pas sur l’apprentissage ?

Autant de questions qui sont à mes yeux incontournables pour enseigner aujourd’hui.

Professeur en collège, lycée et LEP durant une trentaine d’années, formateur d’enseignants en école, collège, lycée, LEP et enseignement supérieur pendant vingt ans, j’ai été amené à revisiter mes pratiques. J’ai éprouvé alors le désir de communiquer mes ressentis et les résultats de mes apprentissages aux autres.

Ce livre qui est à la fois témoignages, analyses et prospectives s’adresse en priorité aux enseignants et à leurs élèves, mais peut aussi intéresser les parents. Aux enseignants comme piste de réflexion ou d’action, même si de nombreuses notions évoquées ici ne sont pas des nouveautés pour eux. Aux élèves, car ils sont pour moi le centre du système éducatif et qu’ils seront demain les principaux acteurs de notre pays. Aux parents enfin, car ils ont été élèves et seront amenés à comprendre et à accepter des pratiques innovantes, voire déroutantes. J’ai fait le choix de décrire et d’analyser lors des premiers chapitres les pratiques pédagogiques utilisées dans les écoles, collèges et lycées. Les exemples et témoignages venant de mes pratiques viendront ensuite pour illustrer les théories explicitées.

Certains termes, disons un certain jargon, risquent de dérouter le lecteur. J’ai voulu utiliser ces termes, car ils me paraissent utiles pour comprendre les changements possibles. J’invite donc les lecteurs à se référer au dernier chapitre qui peut donner un éclairage à ce vocabulaire. Pour les références bibliographiques, les moteurs de recherche pourront être d’un grand secours !

Mais commençons par quelques interrogations. L’école saura-t-elle mieux que les autres institutions tenir compte de l’évolution de la société ? Les enseignants sont-ils condamnés à regretter le passé ? Quelle est la place véritablement laissée à l’élève ? Quelles sont les missions de l’école aujourd’hui ?

Autour de ces questions se trouvent, me semble-t-il, les axes de l’école de demain. Demain étant sûrement aujourd’hui !

Chapitre I

Histoire d’une vie d’élève

Cet essai aurait pu s’appeler : « Histoire d’un prof qui n’aimait pas l’école ». Autant que je me souvienne, je me suis beaucoup ennuyé à l’école, et il me semble que j’ai surtout compris comment être reçu aux examens et aux concours. Comme beaucoup d’entre nous peut-être, je pense que ce que j’ai vraiment appris, je l’ai appris hors de l’école. Que de temps perdu, d’énergie gaspillée ! N’y a-t-il pas d’autres entrées possibles dans le système scolaire ? Je me sens un peu provocant, car l’école doit être bien entendu à l’origine de mes apprentissages. Mon itinéraire effraiera ou rassurera selon les cas certains jeunes ou parents. Si je n’avais pas de problèmes de compréhension à l’école primaire, je me souviens avoir beaucoup dessiné ou joué en classe pour tuer le temps. Cela a eu comme conséquence d’être mal vu par certains enseignants. En CM2, je ne comptais plus les punitions, les coups de règle sur les doigts, ou le temps passé à genoux sur ladite règle ! À tel point que j’ai dû passer l’examen d’entrée en 6e comme les élèves en difficulté après un renvoi pour « grosse bêtise ». J’ai ainsi « gagné » mon orientation dans un CEG. En 6e, je me souviens avoir été premier de la classe, mais il est vrai que j’aimais le changement et que l’adaptation ne me posait pas de problème. Avec le recul, ce que m’a plus apporté le passage en CEG est sûrement la découverte du travail manuel. J’ai en effet appris à travailler le bois avec un ancien ébéniste. D’ailleurs souvenirs et savoir-faire sont toujours présents et ont alimenté mes compétences en « bricolage ». Ce mot est pour moi très noble et non seulement adapté à des tâches manuelles. Ce sera une force également dans mes activités d’enseignant et de formateur. Je pense que les démarches pédagogiques mises en place lors de mes nombreuses années d’enseignement et même les stages imaginés dans ma vie de formateur ont été grandement étayés par ce côté créateur que je pense lié à mes envies d’oser prendre des initiatives qui ne sont pas dans une logique conforme aux habitudes et aux normes établies…

Ces années collège seront perturbées en 4e par un renvoi de nouveau et la découverte de l’injustice. En effet, pour la même faute, certains de mes camarades ont été renvoyés définitivement alors que j’ai seulement écopé d’un renvoi de huit jours. Mon classement de premier cette année-là devait sûrement expliquer cette décision injuste à mes yeux, mais qui ne m’a pas pour autant réconcilié avec l’école ! En fin de troisième, l’orientation étant à l’époque l’affaire exclusive des enseignants, mes aptitudes pour les mathématiques et en dessin d’art m’ont conduit vers l’enseignement technique. Je n’avais en effet étudié qu’une langue en CEG et pour les orienteurs, dessin d’art et dessin industriel devaient être identiques ou du moins compatibles ! Un monde à part et hostile m’attendait. La réplique en miniature de l’usine et de ses côtés négatifs. Je ne veux pas ici dévaloriser les études techniques et je crois avoir dit du bien du côté pratique du CEG. Par la suite, je crois avoir à peu près tout réalisé de mes mains chez moi. Mais il y a un monde entre l’ingéniosité et la fabrication industrielle. Les séances d’atelier n’étaient pas de mon goût. Tant pour les travaux effectués que pour l’encadrement des enseignants, anciens ouvriers qui cherchaient à reproduire ce qu’ils avaient vécu… Pour échapper à ce futur, la seule solution était de m’investir davantage dans mes études et de choisir la voie royale dans ce type d’établissement : Bac mathématique et technique, classe préparatoire et entrée dans la prestigieuse École Nationale des Arts et Métiers. De ce passage en Lycée Technique, je me souviens avoir surtout appris à réussir le Bac et le Concours d’entrée à l’École. En particulier, les années de classe préparatoire m’ont appris à travailler vite, à faire des choix, à relativiser, à définir des priorités et ma vie en a été complètement transformée. Mais peut-être n’ont-elles fait que développer des compétences déjà en construction. Le système scolaire était à cette époque – mais a-t-il vraiment changé – un implacable outil de sélection et d’orientation. L’année 1968 a été pour moi l’année charnière entre le monde scolaire et celui d’élève ingénieur. Que dire de ces quatre années d’études à l’ENSAM ? Une fois entré dans l’école, il m’a suffi de travailler un minimum afin d’obtenir un diplôme solide à la fin de ma scolarité. Je n’ai pas aimé le conditionnement organisé par les anciens élèves pour établir et maintenir une « caste ». Le système était d’ailleurs splendidement orchestré au sein même de l’école par l’intermédiaire de « traditions ». Depuis, les traditions et autres bizutages des grandes écoles et en particulier des Arts et Métiers ont été dénoncés dans les médias et c’est une bonne chose… Ce conditionnement bien mené était destiné à couler dans un moule des personnes ayant certes un bon QI, mais aussi une personnalité peu affirmée ! Déjà mon choix était fait, je ne serais pas l’agent d’un système. Je ne voulais pas être la courroie de transmission du patronat vers les employés. Je voulais garder ma liberté de penser et d’agir. L’année 1968 avait laissé des traces et je suis toujours dans son sillage… Je décidais donc après l’obtention de mon diplôme de faire une croix sur ce parcours, de refuser les multiples offres d’emploi (public et privé d’ailleurs), de ne pas faire partie des anciens élèves de cette école à tendance sectaire, et de me tourner vers un métier qui me semblait encore empreint de liberté : l’enseignement. Cette liberté était sûrement imaginée, mais je crois avoir su la saisir durant mes années d’activité. Mon diplôme me donnait l’équivalence d’une licence de mathématiques, de physique et chimie et d’une maîtrise de technologie. Mon goût pour les mathématiques me conduisit tout naturellement à accepter un poste en 1972 dans un lycée privé proche de mon domicile et d’enseigner cette discipline. Ce choix fut très mal compris par mon entourage qui voyait dans mon diplôme une « élévation » sociale. Que dire aussi de mon salaire de maître auxiliaire tout juste égal au tiers des offres proposées comme ingénieur ! Mais je sentais au fond de moi que je pourrais mieux organiser ma vie et cela se vérifia pleinement !

Chapitre II

La découverte du métier d’enseignant

Le hasard, mais est-ce vraiment le hasard, avait voulu que celui qui n’aimait pas l’école devienne un agent de ce système. Mais sommes-nous condamnés à rester des agents ? N’avons-nous pas dans notre vie la possibilité de sortir du rôle d’agent exécutant pour entrer dans celui d’acteur et pourquoi pas d’auteur ?

Durant les neuf premières années d’enseignement, presque exclusivement en série C, je fus un enseignant plutôt élitiste avec tout de même la volonté de donner du sens à la matière que j’enseignais. Ma formation était un atout pour cela. Nous venions d’entrer dans l’ère des maths modernes et de ses dérives ! Bien entendu c’était intéressant, voire agréable pour les matheux, mais quel décalage avec la réalité, que de ravages pour l’apprentissage de cette matière ! Je crois que des générations entières ont été marquées et en ont souffert. Mon côté pratique et la formation que j’avais reçue m’ont permis de rester en lien avec la réalité tout en défiant par ailleurs les contraintes des inspecteurs. Déjà la volonté d’être acteur ? Ma volonté était aussi de faire participer au maximum les élèves, ce qui allait être demandé plus tard aux enseignants et j’avais la réputation d’être un « bon » prof. C’est-à-dire que les « bons » élèves avaient de bonnes notes au Bac et les « mauvais » devaient se sentir responsables de leurs difficultés. Avec le recul, je constate que j’assumais en fait parfaitement le rôle de sélection qu’attendait de moi le système auprès d’un public déjà fortement trié.

Chapitre III

Vers un autre métier